Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Niveau 4


L'avion entame la descente, les hublots se teintent et la lumière se tamise. Coupée de l'océan, je ne sais plus où regarder, alors je ferme les yeux et laisse les légers vrombissements des réacteurs m'emporter. Je n'arrive pas à croire que tout ceci soit réel. Ma première virée à plus de dix milles mètres d'altitude est un véritable supplice.

La gorge serrée, le ventre noué, mon âme se vide. L'appareil ralentit progressivement. Un cliquetis retentit et des frottements résonnent contre l'air. Les roues émergent et nous atterrissons sans la moindre secousse.

— Voilà ! Nous y sommes, tu peux ouvrir les yeux. J'ai tellement hâte de voir ta tête quand on quittera l'appareil. J'espère bien décrocher un sourire, parce que je t'assure que tu n'as jamais rien vu de tel. Le dépaysement sera total.

Je détache ma ceinture et pose mes mains sur mes jambes tremblantes. Je peux rester plantée là à pleurer sur mon malheureux sort ou faire preuve d'un peu de bravoure pour une fois. Et si je courais ? En remontant l'allée lumineuse qui mène à la porte, je sortirai de l'avion. Une fois dehors, je croiserai bien les employés de l'aérodrome, des transporteurs et même d'autres voyageurs avec un peu de chance. Ils ne peuvent pas tous être de mèche avec The Virginity Game. Si j'atteins la zone de transit...

— Mademoiselle, me feriez-vous l'immense honneur de m'accompagner ? propose Wint, en me tendant la main, légèrement incliné.

D'autres projets en tête, je l'ignore et me lève seule. C'est mon unique chance. Je le dépasse. Si je dois m'enfuir, c'est maintenant ou jamais. Mais, au-delà de mon manque flagrant de témérité, mon absence évidente de rapidité posera forcément problème. Car je doute que Wint soit incapable de me rattraper. Et admettons que je parvienne à atteindre quelqu'un, si l'aérodrome ne se trouve pas désert, le mettrai-je en danger en lui demandant de l'aide ?

Wint attrape mon poignet et coupe mon avancée, ainsi que la concrétisation du moindre projet. Il m'attire en arrière et je recule d'un pas. Sa bouche à la hauteur de mon oreille, il murmure, en faisant la mou :

— Tu ne pouvais pas tout simplement prendre ma main ?

Ses lèvres effleurent mon cou et mon cœur cesse de battre perdu dans des abîmes funestes.

— Pourquoi laisses-tu de futiles idées de fuite polluer ta si jolie petite tête ? Nous savons tous les deux que tu n'es pas assez courageuse pour tenter quoi que ce soit.

Il me tourne face à lui et j'esquive son regard. Son front percute le mien et sa main englobe ma nuque.

— Jade, ne te bat pas contre moi. Je ne suis pas ton ennemi, tu n'as rien à gagner à m'affronter. Laisse-moi plutôt te guider.

Ses lèvres remontent jusqu'à mon lobe qu'il mordille. Des picotements me parcourent et dévalent mes membres raidis tels des milliers de vers grouillant sur ma peau. Je me dégoûte. Je n'aime absolument pas ce que je ressens quand il agit ainsi, mais impossible de me contrôler et de rester de marbre. À chaque fois que quelqu'un me touche, peu importe qui, peu importe où, ou combien de temps, c'est le même refrain.

— Tu es tellement sensible, si fragile. J'adore te voir frémir ainsi. Tu vois, ton corps lui a bien compris que résister ne servait à rien. Lâche prise.

Ses doigts glissent le long de mon bras et une nouvelle pluie de frissons me dévorent. Ma mâchoire se contracte tant qu'elle le broierait s'il se trouvait entre mes dents. Il n'a pas le droit de jouer avec mon corps comme s'il lui appartenait. Il veut que je m'abandonne à lui. Hors de question. Je relève la tête et les iris plantés dans les siens, le défie de continuer. Que peut-il me faire si je refuse de le suivre ?

Mes craintes ne se basent sur aucune preuve. Il ne me tuera pas, sinon je serais déjà morte et en réfléchissant un peu plus, un cadavre sur les bras et le jeu serait en danger. Bien que ce ne soit probablement pas suffisant pour l'arrêter, cela nuirait fortement à sa réputation pour quelques années. Enfin, si l'on retrouve le corps et que le lien est établi. De plus, la mort s'avère-t-elle la pire des menaces ? Il existe de nombreuses manières de faire plier quelqu'un à sa volonté.

Je flanche de nouveau et m'ordonne de me calmer, quand Wint s'empare de mes mains et les serre.

— Ma belle Jade, tu réfléchis beaucoup trop. Tu n'as rien à craindre, tu es en sécurité avec moi. Tu peux me faire confiance. Tu sais, ce n'est pas si facile de trouver des candidates qui respectent tous les critères du jeu, plaisante-t-il. Donc rien ne peut t'arriver. Au moins jusqu'à l'initiation.

Je déglutis. Une initiation, mais c'est quoi ce truc encore ? Bordel, où suis-je tombée... Je dois agir au plus vite. Je m'écarte le plus possible de lui. Toutefois, il me retient avec fermeté.

— Allons, allons, as-tu seulement écouté un mot de ce que je viens de te dire ? Tu veux t'enfuir et pour aller où ? Imagine que tu te perdes ou pire que tu te fasses mal. Tu risques seulement de te mettre en danger et de manquer le début des festivités.

De mon cauchemar, plutôt. Le plus terrifiant de toute ma misérable vie. Mais, évidemment, tout est question de point de vue.

Un grondement sourd attire mon attention. La porte s'abaisse et Wint m'entraîne hors de l'avion. Mes yeux clignent sous la puissance du soleil, je manque de rater une marche, mais mon sauveur s'assure que je garde l'équilibre.

— Heureusement que je suis là ! Si on veut que tu arrives saine et sauve, on a intérêt à ne plus se quitter jusqu'à ce que tu rejoignes les autres ! s'exclame-t-il d'un air jovial qui congèle mes globules rouges.

Et ce, malgré les rayons du soleil, placés haut dans le ciel, qui chauffent ma peau, bien trop pâle pour la saison. Habituée à la lumière, je réalise que nous nous trouvons sur le plus haut et le plus long des toits d'une immense propriété à l'architecture enchevêtrée et inextricable. Une dizaine d'autres toit-terrasses arborés se dévoilent à des hauteurs différentes avec au centre une magnifique coupole de verre qui les surplombe.

Autour du réseau labyrinthique de bâtiments interconnectés par des passerelles en bois et des couloirs vitrés s'esquissent une petite forêt luxuriante, une plage de sable fin et une mer d'opale. Un petit bout de paradis perverti par ce jeu immonde et perdu au milieu de nulle part. Autant dire que j'ai bien fait de ne pas courir, je me serais ridiculisée. Car l'aérodrome n'est pas juste vide, il n'existe tout simplement pas. Je ne suis donc pas prête de demander de l'aide, ni de m'échapper de cette île et ce constat m'anéantit.

Je me retourne vers l'appareil. L'envie de me réfugier à l'intérieur me saisit. Si seulement piloter était aussi simple que de conduire une voiture.

— Une merveille ce jet, n'est-ce pas ? Je peux comprendre ton intérêt. Un si petit appareil, capable de couvrir de si grandes distances. Il n'est même pas encore sur le marché. La France s'est vraiment surpassée avec ce modèle, tu as vu à quel point il est stable et équilibré. Et ce silence. Si on parle, impossible d'entendre le mécanisme s'activer. Autre prouesse, il est très facile à prendre en main. C'est comme conduire une voiture, mais sans signalisation. La liberté totale.

Tous mes sens me hurlent de sauter dans l'avion. De frapper cet homme d'un coup net et précis et de partir le plus loin possible de cette île. Seulement, je ne fais que l'écouter en silence, incapable de me lancer.

— Quand je pense qu'il y a cinquante ans, seuls les hélicoptères pouvaient atterrir sur des toits. Aujourd'hui, ce sont des pièces de collection. D'ailleurs, la prochaine fois, je te montrerai le sol panoramique. C'est incroyable comme dirait ton suédois. On se croirait dans un aquarium aérien et la vue est à couper le souffle, surtout quand on survole des archipels ou des glaciers...

Wint s'interrompt et se retourne vers moi. Il passe la main dans ses cheveux et déclare d'un sourire immense :

— Désolé, j'ai tendance à me laisser emporter quand il s'agit d'aviation.

Je revois l'homme de la veille, celui baigné de lumière, celui qui a baissé ma garde en un regard pour mieux ruiner ma vie. Wint semble hésiter un instant, puis reprend avec douceur :

— Écoute, je sais que toute cette situation est très déstabilisante. Tu avais une vie normale, presque ennuyeuse, sans méchanceté. Mais soyons honnête, ta vie n'a jamais été trépidante. Je sais aussi que tu as du mal à accorder ta confiance. Je le comprends parfaitement. Et il est clair que ce n'est pas la meilleure façon de faire tomber une fille sous son charme.

C'est bien beau d'en avoir conscience, mais cela ne change rien à ma situation. Je ne me sens pas mieux et franchement, s'il comprenait vraiment, jamais il ne m'aurait kidnappée.

— Pourtant crois-moi, je ne te veux aucun mal. Je ne suis là que pour ton plaisir. Je n'ai aucune intention de te blesser. Au contraire, je ferai tout pour te protéger. Je suis ton seul allié dans ce jeu. Je veux t'aider, Jade. Et aussi... bon, je l'admets, j'ai vraiment envie de révéler la déesse qui sommeille en toi. Je veux te faire atteindre ce paroxysme, ce summum du plaisir. Qu'est-ce que j'ai envie de voir jouir.

C'est lorsqu'on se voit confronté à des situations inattendues que l'on se surprend, comme maintenant. Le soleil a fini par carboniser mon cerveau. Eh oui, l'alcool, ça s'enflamme !

— Eh bien, Wint, je trouve au contraire que tu es doué, même surdoué. Aucun doute, tu sais parler aux femmes et le kidnapping ? Tu as trouvé la solution aux problèmes de tous les hommes qui n'arrivent pas à conclure ! Je veux dire, tu m'enlèves, me glisse quelques mots réconfortants et hop, je finis dans ton lit, parce que, putain, tu es tellement sexy que je n'ai qu'une envie, que tu me sautes. Je veux hurler ton nom pendant que tu me baises et recommencer chaque jour jusqu'à la fin des temps.

Et voilà, je l'ai dit. Il ne s'attendait pas à cette réaction, moi non plus. Et mon discours n'a absolument pas l'effet escompté. Je crois même que la situation a empiré au vu de son sourire carnassier. Pourquoi l'ai-je ouverte ? D'habitude, je me tais.

— J'entends enfin ta si belle voix et en plus, à défaut d'un sourire, j'apprends que tu me trouves sexy ?

Avec son air faux de chiot attendrissant, Wint caresse ma joue et son pouce descend sur mes lèvres. J'aimerais qu'il prenne feu, sentir l'odeur de sa chair carbonisée et entendre ses cris de douleur. Mais même ainsi, ce ne serait pas assez pour qu'il ressente la souffrance me déchirant en ce moment.

— Allez, ne fais pas cette tête, c'était pour rire. Je sais bien que je le suis et comme tu t'en doutes, j'ai de nombreux autres atouts. C'est pour ça que personne ne me résiste, homme ou femme d'ailleurs.

Son discours m'écoeure, toutefois je ne rebondis pas sur ses paroles. Je décide de faire ce que je fais de mieux, je l'ignore et ne prononce plus un mot. Au moins, il ne pourra pas les retourner contre moi.

— Tu sais que tu vas devoir me reparler, ma belle ?

Dans tes rêves. Son rire explose de mille feux. Je n'arrive même pas à l'agacer.

— De toute façon, maintenant que tu es ici, tu n'as plus le choix. Il n'y a aucune issue et tu finiras bien par t'y résoudre. Ça prendra le temps que ça prendra, mais tu joueras et je serai celui qui te fera perdre la tête. Car, même s'il est vrai que je t'ai kidnappée, je suis le seul capable de t'aider et je sais aussi que j'attire. Tu es comme les autres avant toi. Et comme elles, tu profiteras bien vite de ce jeu et de ce que j'ai à t'offrir. Parce que, ma belle Jade, je suis le remède miracle de tous les maux et tout simplement le meilleur coup de l'univers.

Cet homme est un être imbuvable. Pourtant, tomber dans ses bras serait d'une facilité déconcertante et tout prendrait fin. Il suffirait de fermer les yeux et plus de jeu, plus d'anormalité. Tout le monde le dit, coucher avec un homme n'a rien de difficile ou d'extraordinaire. La première fois fait un peu mal, mais la fille n'a pas grand chose à faire. Et si je couchais avec lui dès maintenant, je ne participerai même pas. Pour autant, impossible de m'y résilier.

Car, bien que je sois faible, je suis aussi patiente. Tellement patiente que je suis encore vierge. Bref, si je n'attends pas trop et ne perds pas de vue mon objectif : ne pas me laisser séduire et m'évader avant qu'il ne soit trop tard, je peux le faire. Ils ne possèdent rien pour me retenir ici et m'obliger à participer. C'est seulement mon esprit qui me joue des tours. Je n'ai pas besoin de protection et sûrement pas venant de lui. Il existe forcément un moyen d'échapper à The Virginity Game et je le trouverai.

— Allez, mettons-nous en route !

Nous descendons de la piste d'atterrissage par des escaliers fondus dans le mur de béton. A mon plus grand regret, nous n'empruntons pas la passerelle, percée par un immense arbre de plusieurs mètres, reliant notre toit au suivant. Wint poursuit jusqu'à la dernière marche et se jette dans le vide. Sauf qu'il ne tombe pas.

— C'est juste du verre, déclare-t-il, en sautant à pied joint. Tu vois, solide et robuste, exactement comme moi. Rien à craindre en somme.

Mon cœur redémarre lentement. Ce n'est pas juste du verre. C'est de l'art. Moi qui n'avais aucune envie de m'enfoncer dans les entrailles de cette villa, impossible maintenant de détacher mon regard de l'avancée complètement transparente, du sol au plafond.

Un claquement résonne et Wint entre par la baie vitrée invisible dans une pièce baignée de lumière.

— Jade, avance, s'il te plaît. Ne m'oblige pas à venir te chercher. Parce que je le ferais.

Je m'aventure sur ce nouveau terrain et, malgré les menaces de Wint, ne peut m'empêcher de contempler la vue plongeante sur la cour intérieure. Mes iris se perdent entre les lianes, qui pendent des nombreuses branches et frôlent l'herbe verte, entourant le massif tronc. En contrebas, un bassin en forme de cercle et à l'eau turquoise, surmonté de nénuphars, empêche de l'atteindre directement. Toutefois, la traversée ne se trouve pas impossible. Parfois, il suffit de se mouiller un peu et...

Une force me tire en arrière et je manque de trébucher. Encore.

— Dernière chance. Tu me suis ou je te jure que je porte et ce ne sera pas comme une princesse. Tu auras tout le temps d'explorer plus tard, je t'accompagnerai même avec grand plaisir. Il y a plein de petits recoins à découvrir et d'anecdotes sympa à apprendre. Mais ce n'est pas encore le moment. Donc, viens, je ne veux pas être le dernier, déjà qu'on a dû faire un détour...

Wint me tire à travers le salon recouvert par un parquet brillant où les canapés, fauteuils et tables basses s'entassent à différentes hauteurs au milieu de bouquets multicolores. Nous passons devant un bar en pierre derrière lequel trônent des machines à café, dont l'habitacle transparent se remplit de grains plus ou moins sombres, et de montagnes de tasses. Le comptoir déborde de plateaux à étages avec toute sorte de mini-gâteaux. Mon ventre se creuse et je mords l'intérieur de mes joues. Voilà qu'il devient aussi impatient que mon ravisseur. Bien décidé à ne plus perdre de temps.

Nous descendons de nouveaux escaliers et débouchons sur un étroit couloir en brique rouge, faiblement éclairé par des lampes plafonniers en cuivre. Cette fois-ci, Wint n'a pas besoin de m'obliger à le suivre, je tiens son rythme sans rechigner. Nous arrivons dans un petit hall d'entrée et je découvre une colossale pièce aux airs de salle de réception.

Les portes coulissantes au style japonais, rabattues sur les côtés, dévoilent une grande baie vitrée qui donne vue sur l'eau translucide, étincelant sous les rayons du soleil. Le champagne pétille dans tous les verres et les conversations chantent par-dessus les notes classiques. Des mets provenant du monde entier reposent sur de gigantesques buffets positionnés en U. Tout à l'air exquis et à l'odeur enivrante des fontaines de chocolat entourées de fruits plus ou moins exotiques, mon ventre gargouille, incapable de se retenir plus longtemps. Wint ne manque pas de le remarquer et esquisse un sourire amusé. J'interdis à mon estomac d'émettre un son de plus.

— Avant de te laisser combler ta faim, je dois te donner la première règle du jeu.

Légèrement décalés sur le côté, hors de vue des autres filles, il prend mon visage entre ses mains et capte toute mon attention. Je n'ai jamais regardé quelqu'un dans les yeux aussi longtemps. Les pointes de gris et blanc qui se perdent dans ce bleu profond me rappellent la lune. Une lune froide et sombre, aussi effrayante et trompeuse que la plus noire des nuits.

— Dorénavant, tu t'appelles January et tu as interdiction de révéler ton identité, est-ce clair ?

Mes muscles se tendent face à la dureté de son ton. January, voilà qu'il veut que je porte le nom de mon mois de naissance et qu'en plus je cache mon identité !

Malgré mon scepticisme face à cette obligation et cet interdit, je hoche la tête, bien que sans grande conviction. Pourquoi obéirai-je ? Si on apprend mon identité et mon enlèvement, je pourrais sûrement m'échapper de cette île. On viendrait me sauver ou du moins on tenterait, enfin, je l'espère. Après tout, si je pousse la réflexion, c'est la cinquième saison du jeu et je ne suis pas la première fille enlevée, peut-être même que tous les pions le sont. Pourtant, personne n'a jamais été au courant de cette pratique, pas une seule rumeur ne circule.

Mes entrailles s'entortillent. Et si les autorités se trouvaient de mèche ? Elles n'ont jamais rien entrepris pour mettre fin au jeu, ce sont plutôt les manifestations qu'elles ont achevées. Respire, écoute, analyse, agit. Ces quatre mots sont l'ancre me rattachant à la vie. Calme-toi. Je ne suis pas obligée de leur obéir.

— January, je n'ai jamais été aussi sérieux. Si tu brises cette règle, tu seras punie et crois-moi tu n'en as pas envie, ajoute-t-il.

Face à ma mine toujours dubitative, il se rapproche de moi et ses mots me font blêmir.

— Sache que si tu oses nous désobéir, tu ne seras pas la seule à en pâtir, m'avertit-il, sans lâcher mon regard. En appelant à l'aide, tu mets en danger tous les êtres qui te sont chers. Tu ne voudrais pas qu'il arrive quelque chose à ta famille adorée pour que l'on te force à coopérer. Imagine que ta petite sœur meurt dans un malencontreux accident de voiture ou qu'une balle perdue se plante dans le cœur de ton papa.

Mes poings se serrent. Sont-ils capables de les atteindre ? Je plonge au plus profond de ces pupilles aussi viles que dangereuses et comprends la véracité de chaque mot. La moindre erreur, la moindre résistance et je ne serai pas la seule à souffrir. Moi qui comptait garder le silence encore un moment, impossible de me taire plus longtemps. De quel droit ose-t-il menacer ma famille ?

— Toutes tes belles paroles ne sont donc que du vent. Tu n'es pas là pour m'aider. Tu n'as jamais été là pour mon bien. Tu répètes que tu ne me veux pas de mal, que tu me protègeras. Quelles foutaises ! Tu en es incapable...

— Je suis totalement capable de te protéger, me coupe-t-il. Mais comment veux-tu que je protège ta famille depuis le jeu ? Je ne suis pas tout-puissant non plus. Mais je peux te l'assurer, je ne suis pas ton ennemi, je suis de ton côté. Pourquoi ne le comprends-tu pas ?

— De mon côté ? Tu me kidnappes, tu me menaces, tu... Ça ne sert à rien de discuter avec toi. Tu ne saisiras jamais.

Ma voix tremblante l'amuse, je le sens et cela me met hors de moi.

— C'est toi qui ne saisit pas. Ce n'est pourtant pas bien compliqué, raille-t-il. Je t'explique ce que tu risques si tu brises les règles, rien de plus. Il y a toujours des règles dans la vie, que ce soit dans la société, au travail ou dans The Virginity Game. Tu t'y es toujours pliée alors pourquoi refuserais-tu de les suivre ici ?

— Ce n'est pourtant pas bien compliqué. Je ne suivrai pas les règles d'un jeu qui n'en respecte aucune. Et si tu continues à me menacer, si tu ne me relâches pas, je vous poursuivrai en justice.

Le rire de Wint se déchaîne et un boulon pète. Je m'apprête à l'incendier comme jamais je ne l'ai fait jusqu'à aujourd'hui, quand l'homme d'une soixantaine d'années, croisé dans le jet privé, apparaît. Il tend à Wint un dossier qu'il s'empresse d'agiter devant moi.

— Tu vois ceci ? C'est tout ce dont tu as besoin pour ouvrir les yeux sur la réalité que tu refuses de regarder en face.

La nuque raide, je fixe le dossier. Wint me le donne et je l'ouvre. Mes pupilles se perdent entre les pages et mes jambes lâchent. Affaissée contre la commode en bois, mes forces me quittent et les feuilles s'éparpillent par terre. Ne pleure pas, respire.

L'entendre de sa bouche est une chose, le voir de mes yeux, une autre. L'équipe de The Virginity Game possède des photos de chaque membre de ma famille. Leur adresse, leur métier, leurs hobbies, aucun détail ne manque. Ils ne sont pas en sécurité.

— Je t'aiderai au mieux, je te le promets. Tu me vois comme le grand villain, la réincarnation du diable, alors que je suis ton seul allié. Tu peux déverser toute ta colère sur moi, me haïr de tout ton coeur, les faits ne changeront pas. Tu es sur cette île, tu participes à The Virginity Game et tu n'as pas le choix.

Mes dents se serrent. C'est trop tard. Je suis bel et bien prisonnière de ces monstres et personne ne pourra me sortir de cette situation sans en payer le prix. Maintenant, je comprends pourquoi le jeu dure depuis quatre ans et pourquoi personne n'a jamais pu l'arrêter.

— Ce serait dommage de risquer la vie de ta famille pour des juges et des inspecteurs corrompus, non ? me demande-t-il, en s'agenouillant.

Il soulève mon menton d'un doigt. Les larmes menacent de quitter mes yeux et toute ma concentration sert à les retenir.

— Tant que tu joues, tant que tu respectes les règles, il ne leur arrivera rien. Je t'en fais la promesse et je tiens toujours parole.

Son regard rassurant mêlé à sa voix douce me donne envie de le croire. Néanmoins, je ne dois pas me laisser avoir, ses mots n'ont aucune valeur. Rien ne me garantit que si j'obéis, ils ne s'attaqueront pas à ceux que j'aime. Seulement, si je ne le fais pas ? Je ne veux même pas y penser.

— Rappelle-toi, tu t'appelles January et tu as interdiction de révéler ton identité.

Je hoche la tête et m'évite ainsi des heures de tourments et de désespoir. Je me convaincs qu'en acceptant de participer et de me plier à leurs règles, ma famille sera sauve.

— Je t'en conjure, ne brise jamais cette règle, insiste Winter, en m'embrassant sur le front.

Il se retire et jette un dernier regard en arrière plein d'affection et de peine qui me révulse. L'homme, resté en retrait, s'avance et rassemble les feuilles dans la pochette cartonnée, puis part à sa suite, me laissant seule. Libre. Je sèche les perles naissantes au coin de mes yeux. Relève-toi. Respire. Écoute. Analyse. Agit.

Ce dossier change la donne. Si je m'enfuis, je ne risque pas seulement ma vie, or je ne mettrai jamais ma famille en danger pour protéger mon intimité. Je dois donc trouver une autre solution. Car, malgré tout, impossible d'abandonner ma virginité dès maintenant. L'égoïste peureuse et dérangée en est tout bonnement incapable. Et la première étape s'avère la récolte d'informations.

Prenant sur moi, j'entre dans la salle, le dos droit et la tête haute. Je peux le faire. Toutes les filles me dévisagent et je me sens mal. Mes épaules s'affaissent, je suffoque. Je donnerais beaucoup pour une simple bouffée d'air et l'idée de faire demi-tour me tente, mais où irais-je ? Me cacher dans un couloir, sauter d'une passerelle, me perdre pour mieux être retrouvée ? J'inspire profondément, ce ne sont que des regards. Ils n'ont jamais tué personne. Jusqu'à preuve du contraire.

Une des filles vient à ma rencontre, un grand sourire aux lèvres. Que la torture reprenne.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro