18. The escape is still my mantra
Ils voulaient m'empêcher de quitter le bateau hein ? Eh bien il n'allait pas tarder à savoir qu'il en fallait plus pour me contrôler. Une horde de scientifique n'étais pas parvenu à me garder sous contrôle, ce n'était pas six demi-dieux qui allaient réussir.
J'attendis ainsi patiemment que la nuit ne tombe pour me glisser hors de ma cabine. J'hésitais un instant à aller sur le pont mais Nico y était probablement déjà, sans compter le ou les demi-dieux qui devaient monter la garde pendant la nuit.
Je décidai donc de me rabattre sur l'écurie. Je ne m'arrêtais qu'un seul instant pour contempler l'imposante statue d'Athéna qui s'y trouvait, le prix qu'elle nous avait couté parfaitement gravé à mon esprit.
Je posais trois de mes doigts contre mon cœur avant de les éloigner, dans un acte désespéré de repousser au maximum la malchance pour Percy et Annabeth qui étaient littéralement en train de traverser l'enfer en ce moment même.
Je me glissai finalement de l'autre côté de la statue afin d'atteindre l'ouverture de l'écurie. Peut-être pouvais-je appeler BlackJack par télépathie. Percy avait ce don parce qu'il était fils de Poséidon mais je n'étais pas non plus en reste pour ce qui était des ascendances magiques.
J'ouvrais ainsi la porte de verre, ne tardant pas à me faire balayer par le vent froid de la nuit. Je fermai alors les yeux et prenais une longue inspiration, tentant de me concentrer du mieux que je pouvais.
Néanmoins la tâche s'avéra bien plus ardue lorsqu'une voix des plus insupportables dit alors malicieusement :
- Tu comptes te laisser tomber dans le vide pour nous quitter ?
Je ne pus retenir un sursaut bruyant de surprise et me retournai d'un bond pour découvrir que Léo me faisait face, une assiette de tacos à la main. Je retenais à peine un long sifflement d'agacement envers le demi-dieu, le fusillant du regard.
- Je comptais user de ma magie pour vous quitter. persifflais-je. Qu'est-ce que tu fiche ici ?
- Je comptais t'apporter à manger parce que je me disais que tu devais avoir faim. Puis je t'ai vue partir de ta cabine et... je t'ai peut-être suivi parce que je me demandais ce que tu allais faire.
Je poussais exclamation faussement offusquée les poings sur les hanches.
- Donc tu m'espionnes maintenant !
- Eh ! Tu as raté la partie où je disais que je t'apportais à manger ! Même Nico semble être d'accord avec nous, tu seras bien plus en sécurité avec nous.
- Mais on s'en fiche de ma sécurité ! M'écriais-je en agitant les bras. C'est la votre qui compte ! Et je la met en péril avec mon odeur !
- C'est là que tu te trompes depuis le début, dit Léo en esquissant un pas vers moi. On ne s'en fiche pas de toi.
Je sentis alors la partie inférieure de ma lèvre se mettre à trembler. Je n'allais quand même pas me mettre à pleurer si ?
- Je sais que quelque chose d'horrible t'es arrivée Eïleen. assena-t-il alors. Quelque chose qui te pousse à penser que tu ne mérites plus rien. Que tu ne devrais plus laisser personne approcher. Mais je crois que je suis bien placé pour savoir ce que ça fait de se sentir coupable des pires horreurs non ?
Mes jambes me lâchèrent à peu près une seconde avant que mes larmes me trahissent. Je me recroquevillai alors sur moi-même, accroupie auprès du sol.
- Tu comprends pas Léo. Ils sont morts. Les personnes auxquelles je tenais le plus. Ils sont morts à cause de moi. J'en ai abandonné une dans une réalité cauchemardesque et j'ai mené l'autre à la mort. Comment tu veux que je parvienne à ne pas culpabiliser après ça ?
Les doigts de Léo se posèrent alors avec lenteur sur ma nuque, exactement comme je l'avais fait la nuit précédente.
- Une sage personne m'a dit pas plus tard que hier soir que ça ne servait à rien de culpabiliser lorsqu'on avait pas le choix. Lorsqu'on a juste essayé de faire du mieux qu'on pouvait.
- C'est pas exactement ce que j'ai dit. croassais-je, ma voix étouffée par mes genoux.
- Il n'empêche que tu ne t'es pas dit que je méritais tous les malheurs du monde malgré ce que j'ai fais non ? Tu ne laisserais pas non plus Nico simplement partir seul de nouveau.
Je ne répondis rien, et le silence fut suffisant pour lui donner raison.
- Je te déteste Léo Valdez. murmurais-je alors dans un souffle.
- Si ça te fais plaisir. éluda ce dernier. Je serais ravie de me faire détester si c'est pour toi.
Je ne pus retenir un mince sourire et enfin je redressais la tête vers lui.
- Je te déteste vraiment. répétais-je en posant ma main sur son bras. Je te déteste Léo Valdez, mon précieux ami.
Ce fut à son tour d'esquisser un grand sourire, me serrant alors un peu plus contre lui. Je me laissais finalement retomber lourdement contre le sol, refermant l'ouverture de l'écurie avant de m'allonger dessus.
- Tu as gagné pour l'instant. dis-je simplement, n'ayant même pas besoin de le regarder pour savoir qu'une expression victorieuse s'affichait sur son visage.
Il s'allongea cependant à son tour sur la grande vitre, à l'opposée de moi, ne permettant qu'à nos deux têtes et nos épaules de se trouver côte à côte.
- Est-ce qu'on est arrivé au stade de notre relation où je peux te poser une question personnelle mais qui me concerne ? demanda-t-il alors.
Je fronçais des sourcils avec incompréhension et tournais mon visage vers le sien, ne comprenant pas où il voulait en venir.
- Ma mère. dit-il alors. Quand on était à Rome avec Frank tu as parlé de ma mère. Comment tu sais.
- Oh.
Oh.
J'hésitais de longs moments. Longs moments durant lesquels Léo Valdez me fit l'honneur de la boucler, visiblement ma réponse lui tenait trop à cœur pour qu'il puisse ajouter quoi que ce soit d'autre. J'avais lu le premier tome des Héros de l'Olympe, je savais à quel point ce sujet lui tenait à cœur, je ne pouvais pas ainsi le tenir dans le flou. Et puis ce n'est pas comme s'il ne savait pas encore que je venais d'un autre monde, je n'avais pas grand chose à perdre.
- Bon Léo, dis-je finalement, je te préviens ce que je vais te dire va casser ta tête.
- Je suis prêt à prendre le risque.
Je roulai des yeux face à son expression arrogante. Je restai cependant silencieuse encore quelques instants, réfléchissant sérieusement aux mots que j'allais employer pour l'embrouiller le moins possible.
- Tu crois à la théorie du multivers ?
- Celle selon laquelle il y aurait une infinité de réalité ? Léo esquissa un léger sourire. Comment tu veux que j'y crois pas alors que t'es une preuve direct de son existence.
- Bien. approuvais-je. Alors garde en tête que si on part du principe que cette théorie est vraie il y a un nous différents dans chacune de ces réalités. Il y a une infinité de version de nous, des versions dont on a juste pas conscience. Moi, je suis née dans cette réalité, mais Circée et Eris m'ont transporté dans une autre. Une autre où les demi-dieux n'existent pas. Une autre où la version de chacun d'entre vous n'existe pas vraiment. Vous n'y êtes que des personnages de romans.
- Alors on est dans un livre ?! s'exclama Léo. On a pas de libre arbitre ?!
- T'écoute pas quand je parle ou quoi Valdez ?! On est pas dans un livre non, je viens juste d'une réalité où ce monde est un livre, ça n'a rien à voir. Un livre dans lequel moi je n'existe pas.
- Mais alors il y a une autre réalité où tu n'existes pas non plus tout court ?
Je haussais des épaules.
- J'imagine que oui, il doit bien y avoir une réalité où je suis tout aussi fictionnelle que vous. De même que dans la réalité où Circée et Eris m'ont caché il doit y avoir une autre moi quelque part qui est celle issue de cette réalité.
Le visage de Léo afficha à peu près une bonne dizaine d'expression différente tant mes paroles semblaient lui apporter de refléxions. Et comme la journée précédente, son nez pris encore feu, m'arrachant un léger rire. Je le pinçais de nouveau affectueusement pour éteindre la petite flamme.
- Pardon mais là Eïleen... tu te rends pas compte. J'ai un bon million de question à te poser.
- C'est pas faute de t'avoir prévenu. ricanais-je.
- Déjà, est-ce que ça veut dire que t'as eu accès à mon esprit ? Parce que si c'est le cas c'est hyper gênant.
J'esquissais une légère grimace avant mordre ma lèvre nerveusement. Cela sembla suffire au demi-dieu qui poussa alors un long cri plein de gêne.
- C'était pas si catastrophique non plus. Et puis j'ai juste lu ton aventure avec Léo et Piper. Je n'ai pas pu savoir ce qu'il se passait pas la suite.
- Donc tu ne peux pas magiquement prédire l'avenir.
Je secouais la tête l'air soudain bien plus grave, combien aurais-je aimé avoir pu lire la saga entière. Combien aurais-je aimé empêché Percy et Annabeth de sombrer dans le Tartare, empêché Nico de s'y être aventuré sans personne. Léo ne semblait lui pas le moins perturbé du monde, il fourmillait encore de question.
- Et elle s'appelle comment la saga dans laquelle on est ?
- Les Héros de l'Olympe.
- J'aime bien, ça sonne bien.
Il décrocha un peu en murmurant ce nom plusieurs fois avec un sourire satisfait.
- Et qui, je sais c'est débile, mais qui est le personnage préféré ? ne tarda-t-il pas à reprendre.
- C'est trop tôt à dire, personne n'a jamais encore vue Hazel ou Frank par exemple.
Je me tus un instant, hésitant à poursuivre parce que je savais que ça allait gonfler l'ego déjà bien trop grand du demi-dieu. Et puis je me rappelai justement de ce que j'avais lu, de la raison de ce que j'allais lui dire. Peut-être avait-il bien besoin d'entendre ça après tout.
- Mais les gens t'ont aimé. Beaucoup. Ils te comprennent bien plus que tu ne pourrais le croire Léo.
Son sourire se transforma alors, en un sourire bien plus honnête, un sourire qui me poussait à croire que j'avais eu raison de lui confier cela.
- Je n'aurais pas pensé que de parfaits inconnus puissent m'aimer... Mais comment tu sais tout ça ? ajouta-t-il la curiosité toujours insatiable. Pour ton truc de réalité infinie je veux dire.
Mon sourire à moi redoubla, parce que ça c'était vraiment la partie la plus intéressante de mon histoire.
- Tu ne vas pas me croire, mais j'ai justement fait quelques recherches ces derniers mois. Et c'est auprès des mortels que j'ai trouvé mes réponses.
Léo m'adressa un "hein ?!" d'incompréhension, ce qui ne me donna qu'un peu plus envie de tout lui raconter.
- On sous-estime trop les mortels. dis-je ainsi. Mais ils ne sont pas non plus en reste pour ce qui est pouvoir et spiritualité. C'est eux qui ont étudier la théorie du multivers, et ils l'ont supplantée avec celle du saut quantique pour parvenir à changer eux même de réalité.
- Tu plaisante ?!
- Je te jure que non ! Ils appellent ça le shifting. Ça consiste à éveiller sa conscience du toi dans la réalité choisie. C'est encore différent de ce que je fais parce qu'avec ma magie c'est mon corps entier que je parviens à déplacer de réalité en réalité.
- Mais c'est quand même sacrément fort !
- Je ne te le fais pas dire !
La curiosité de Léo était définitivement intarissable. Il me posa des questions jusqu'au petit matin, et ce fut marmonnant et somnolant à moitié que je finissais par lui répondre. Je m'endormais ainsi pour la seconde fois auprès de Léo Valdez, devinant déjà que, de nouveau, je pouvais dormir tranquille sans que les cauchemars ne viennent me hanter.
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