Chapitre XV : Un après

Écoutez cette playlist jusqu'à la fin : 

These songs honestly just have a sad vibe : 

https://youtu.be/8Ai_GZN-ULQ

"

Miwa a ouvert les yeux. Elle était dans une salle, d'une blancheur éclatante. C'était si lumineux qu'elle ne voyait rien d'autre que du blanc. Elle savait qu'elle était morte. Tout ce qu'elle espérait, c'était voir Muta dans cette salle. Elle avait demandé au dragon de l'amener à ses côtés, alors pourquoi ne pouvait-elle le voir nulle part ?

Elle avançait dans la salle sans savoir où elle allait, jusqu'à voir quelque chose. Le piano. C'était son piano. Elle s'est assise sur l'assise et elle a regardé les touches. Elle ne savait pas faire de piano. Alors qu'elle ne savait pas quoi faire, elle entendit une voix derrière elle.

"Miwa..."

Quand elle se retourna, elle fut accueillie par le visage de Muta. Elle se leva rapidement et prit le garçon dans ses bras. Elle était si heureuse de le revoir, enfin.

"J'ai cru que je ne te reverrai jamais... Tu m'as manqué Muta.

- Tu m'as manqué aussi Miwa..."

Ils finissent par se lâcher alors qu'ils se regardent en souriant puis Muta s'assied devant le piano et invite Miwa à le rejoindre. Les deux se tiennent assis devant le piano puis Muta dépose ses mains sur le clavier.

"Et si on finissait de jouer cette musique ?"

Miwa sourit en réponse. Le garçon aux cheveux noirs commença à jouer une musique sur le piano, cependant, Miwa semblait perdue. Elle l'arrête avant la fin de la musique, étant totalement déboussolée.

"Ce n'est pas la musique que j'avais en tête...

- Je sais."

La réponse de Muta à sa question avait le don de la mettre dans le doute d'autant plus. Pourquoi ? Pourquoi créer une autre musique alors qu'il y a tout simplement la musique que le sort avait créé pour Miwa ? Elle pensait que ce serait cette musique qu'il jouerait.

"C'était cette musique que je voulais jouer, avant que je me sente mal et que je meurs...

- Mais alors..."

Miwa avait compris. Le problème, ce n'était pas la musique. Le problème c'est qu'ils n'auraient jamais eu la même musique sans se consulter, sans en parler et en débattre.

"En vrai, tu n'es pas mon âme sœur Muta... Pas vrai ?"

Il y a un long silence et il décide de mieux se placer sur l'assise pour lui faire face. Il prit le visage de Miwa entre ses grandes mains, caressant sa peau avec son pouce. Il remit une mèche bleu derrière son oreille puis il se pencha au-dessus d'elle, et il la regarda dans les yeux, sans fermer l'écart entre eux.

"Tu as raison. On n'était pas des âmes sœurs..."

Miwa sentait son cœur se briser. Elle repensait au sol de Poudlard jonché de cadavres. Elle repensa à Lynn, la dague plantée dans sa poitrine alors qu'elle était mourante, dans les bras de sa vraie âme sœur. Avait-elle fait tout ça pour rien ? Avait-elle agit si égoïstement, en étant tant dans l'illusion ? Miwa se le demandait. Elle se sentait plus mal qu'elle n'aurait dû se sentir bien. C'était si douloureux que son cœur se déchirait dans sa poitrine, elle pouvait en être sûr.

"Miwa. Que tu sois mon âme sœur ou non, je t'aime. Pourquoi s'accrocher à des mots, alors qu'au final, ce qui compte, c'est nos sentiments ?"

Le regard bleuté de la femme se relève pour se plonger dans celui de Muta alors que les larmes coulent jusqu'aux mains de l'homme sur ses joues. Elle n'avait jamais réfléchi à ça : Elle ne s'était jamais demandé si Muta et elle étaient vraiment des âmes sœurs, pour elle, ça coulait de source. Face à la vérité, c'était douloureux, pourtant, Muta l'aimait.

"Je t'aime tellement que j'aurais aimé que tu sois mon âme sœur."

Les mots touchaient la femme en face de lui. Muta avait toujours voulu le bonheur de Miwa, même si son bonheur devait se trouver avec quelqu'un d'autre, même s'il devait être triste. Alors, quand il voit les yeux de Miwa passer de la tristesse à l'amour à ses simples mots, il s'est rendu compte que lui demander d'être heureuse sans lui, c'était un simple geste égoïste. Oui, il avait été égoïste de lui demander d'être heureuse sans lui alors qu'elle souffrait de son absence.

"Muta, est-ce qu'on restera toujours ensemble maintenant ?

- Oui, je te le promets."

Elle fut rassurée. C'est tout ce dont elle avait besoin. Elle déposa sa tête contre le creux du cou de son amant, entre son cou et son épaule, et elle ferma les yeux. Elle savait qu'elle pouvait rester comme ça pour toujours maintenant. Muta déposa un tendre baiser sur son front, alors que la femme qu'il aime se trouve contre lui, s'endormant paisiblement.

C'était le début de la fin de leur histoire, une fin qui durera pour l'éternité maintenant.

"

Quelques jours après cette terrible nuit, les choses commencent à évoluer, et à s'arranger.

La première chose qui a été arrangée et qui a été mise en vigueur c'est à propos du directeur. Il a bien évidemment été remplacé, suite à la mort de l'ancien. Le nouveau chef d'établissement n'est d'autre que Utahime Iori, qui est encore à la tête des Serdaigles. Elle a supervisé l'école jusqu'à la fin de l'année, et a continué d'enseigner en tant que chef de la grande école de magie ensuite.

Cependant, la fin de l'année n'a pas été formidable pour ceux encore en vie... Tout n'était qu'un supplice, alors que simplement marcher dans les couloirs pouvaient rappeler les événements de la nuit. Quand Yuuta descendait les escaliers pour rejoindre l'entrée de l'école, il pouvait encore se rappeler de tous les cadavres au sol, et de Shoko, qui était recroquevillée contre ce coin entre les deux escaliers. Quand Megumi se réveillait chaque matin et qu'il sortait des dortoirs, voir l'espace vide où était le piano lui rappelait Miwa et Muta. Le simple fait de voir Chloé lui rappelait aussi son impuissance, et il l'aidait donc chaque jour à se rappeler ou apprendre ce qu'elle a oublié. Pour Emilie, c'était le simple fait de regarder qui lui était insupportable. Elle avait perdu son œil gauche, alors bien évidemment, tout avait changé pour elle. Quand elle se regardait dans le miroir, avec ou sans son cache-œil, elle ne savait plus quoi penser d'elle.

Cependant, ce qui était sûrement le plus difficile, c'était pour Satoru. La salle commune des Serpentards sans voir le gros chat blanc du nom de Sapphire assis sur un canapé, ce n'était plus pareil. Se réveiller le matin et sortir du dortoir sans jamais voir celle qu'il aimait sortir du sien, ou même encore manger le midi et le soir avec toujours cette place vide à côté de lui depuis cette nuit-là, tout lui rappelait elle. Ce vide, il était aussi grand que celui dans son cœur. Lynn n'était plus là, et il voyait son départ partout.

Le lendemain matin de l'accident, Satoru changea les draps du lit de Lynn, et il partit enterrer de lui-même le chat de cette dernière qui était encore là. Après avoir fait ça, il s'allongea dans son lit, qui sentait encore son odeur. Pendant une semaine, il décida de dormir dans le lit de la femme qu'il aimait, et les filles de son dortoir ne lui reprochait pas cela. Elles le laissaient même seul dans la chambre, en dormant ailleurs. Au bout d'une semaine, il quitta la chambre de Lynn et son lit, car tout le monde lui disait que cela lui faisait plus de mal qu'autre chose. C'est alors sous le conseil d'Emilie et Megumi qu'il retourne dans son propre lit, et depuis ce jour, il a dû mal à trouver le sommeil.

Finalement, c'est après une semaine, une nuit après que Satoru ait regagné son lit, que l'enterrement de Lynn eut lieu. Même durant cet enterrement, personne n'arrivait à y croire. Personne n'arrivait à croire que Lynn Mayer soit morte, et Satoru n'arrivait toujours pas à y croire aussi, même s'il avait tenu sa dépouille dans ses bras. C'est lors du moment de recueillement, quand tout le monde s'approchait un à un du cercueil ouvert, que les personnes réalisaient. À l'enterrement de Lynn, il n'y avait que quelques personnes : Il y avait ses amis, et il y avait les professeurs mais il n'y avait personne d'autre. Aucune famille.

Petit à petit, tout le monde avait fini par se recueillir sur la dépouille de Lynn, mais Satoru n'osait pas. Il ne voulait pas y croire. C'est Yuuta et Megumi qui le forcèrent à marcher jusqu'au cercueil, et quand il voit Lynn, allongée là, dans le cercueil, il fonda en larmes. Ses lèvres bleus, son ton pâle, la froideur de sa peau... Tout montrait qu'elle était bien partie. Cet homme qu'elle avait aimé pleurait au-dessus de son corps et laissait ses larmes tomber sur son visage fermé. Après un long moment à pleurer, il fouilla dans ses poches et il en sortit quelque chose.

C'était une boîte rouge, et quand il l'ouvrit, il en sortit un collier. C'était un magnifique collier, avec un saphir en son centre. Il voulait lui mettre, alors, sans même demander s'il pouvait, il attacha le collier autour du cou de la brune. Ce collier lui revenait de droit. Tout le monde le regardait faire sans rien dire. Tout le monde savait qu'il l'aimait, et qu'elle l'aimait. Ils étaient faits pour être ensemble, pourtant, elle l'avait quitté trop tôt.

Suite à cet enterrement, le groupe d'amis a regardé le cercueil être enterré puis ils sont partis ensemble. Ils eurent une discussion, que ce soit pour se demander si tel ou tel allait bien, ou pour demander à Satoru d'où sortait ce collier.

"C'était un collier que je lui avais acheté pour son anniversaire le mois prochain. Il lui revenait, même si elle n'a pas pu le voir..."

Il y a eu un grand silence après ça. Plus personne n'osait parler, et ils changèrent de discussion pour ne plus faire de mal à Satoru.

"Vous avez vu ? Mai a finalement réussi."

Megumi tendit un journal qu'il avait dans les mains. C'était la Gazette du Sorcier, et le premier article était concernant Miwa Kasumi, la sorcière. Dans cet article, la vie de la femme était racontée, ainsi que pourquoi ce sort a vu le jour, et le but de celui-ci. Suite à ça, les commentaires haineux à l'égard de Miwa se sont stoppés, petit à petit, et la compréhension à l'égard de cette dernière devient plus importante dans le monde de la magie. Tout le monde arrivait maintenant à comprendre la jeune femme. Comme Mai l'avait voulu, elle a réussi à rétablir la vérité.

Après ça, les semaines puis les mois sont passés, et la fin de l'année, et donc de la scolarité des héros arrivent bientôt à terme. Tout le monde avait du mal à croire qu'ils ont survécu à tout ça et avaient fini leurs années d'études, surtout que ce n'était pas le cas pour tout le monde. Megumi s'est levé de son lit comme à son habitude, et il s'est préparé, avant d'aller voir Chloé. Cette dernière a commencé à retrouver ses marques, même si elle ne se rappelait pas de plusieurs choses.

"Chloé, tu es prête ?"

La brune tourne sa tête vers l'homme qui lui parle et elle hoche la tête en souriant. Elle se lève du canapé avant d'aller à ses côtés et ils quittent tous les deux la salle commune des Serdaigles. Côte à côte, ils marchent, puis au bout d'un moment, Megumi s'arrête.

"Chloé."

Cette dernière se retourna à la mention de son nom, sans savoir pourquoi il semblait si sérieux. Elle se rapproche de lui alors qu'il semble vouloir lui donner quelque chose. De derrière sa cape, il retira un journal et il lui tendit.

"J'ai écris ça depuis l'accident. J'ai essayé d'écrire tout ce qu'on a vécu, pour que tu t'en rappelles, pour que tu saches..."

Hésitante, elle prit le journal. Elle s'assit sur un banc, et commença à lire l'écriture élégante de Megumi sur les feuilles blanches.

Le journal semblait sans émotions, il était écrit objectivement, racontant ce qu'avait entrepris Chloé. Il raconte comment Chloé cherchait des informations sur Miwa à la bibliothèque la première fois où il l'a rencontrée. Il y avait écrit dans le journal comment elle a attrapé Satoru par le col quand il a annoncé que Lynn avait été attaquée. Elle tournait les pages, et Chloé avait une impression particulière alors qu'elle lisait.

Quand elle arrive aux pages parlant du moment où Megumi et elle était à Londres, le point de vue n'était plus objectif. Quand elle lit ses pages, Chloé a l'impression que Megumi laisse échapper plus d'émotions dans son écrit. Puis vient le moment où il décrit la façon dont Chloé s'est levée, pour dire à Miwa que si elle devait perdre un bras ou mourir face aux mangemorts, elle le ferait si c'est pour la protéger. Ce qui a écrit touche profondément Chloé.

« À cet instant, quand tu t'es levée, j'ai eu l'impression de voir quelqu'un d'autre. Tu avais tellement grandi, et tu es devenue tellement forte en passant par ses événements. J'ai eu l'impression de voir une déesse. Cette aura autour de toi était forte, tu étais devenue forte. Je t'ai admiré ce jour-là, et depuis ce moment-là, je t'ai toujours regardé différemment. »

La douceur des mots écrits sur le papier la poussait à continuer sa lecture, de plus en plus épris par les mots. Elle avait beau ne se rappeler de rien, quand elle lisait ce que lui avait écrit Megumi, elle pouvait sentir son cœur battre plus fort.

« Puis Miwa t'as demandé de fredonner ta musique... Tu as dû l'entendre avant que Miwa ne meurs, pas vrai ? C'est cette mélodie que tu as fredonné, et je l'ai fait avec toi, car on avait la même musique. Depuis le début, on était des âmes sœurs. Quand je l'ai su à la première note en commun que tu as chanté, j'étais heureux. Je n'aurais jamais pu rêver d'une meilleure âme sœur que toi Chloé. »

La Serdaigle sentait son cœur battre à tout rompre, tellement qu'elle avait peur qu'il puisse l'entendre, alors qu'il était assis à côté d'elle sur le banc. Sa respiration se faisait plus lente pour se calmer, alors que ses joues devenaient roses à force de lire. Tout était si adorable, et si romantique, qu'elle n'arrivait pas à se dire qu'elle aurait pu oublier tout ça. Après un moment, elle arriva à la dernière page.

« Quand tu t'es jeté sur moi pour me protéger et que tu as pris le sort à ma place, j'ai senti comme une part de moi-même que je perdais. J'avais peur que tu m'oublies. Je n'ai jamais voulu vraiment m'accrocher à toi, car j'avais peur de te faire du mal à un moment ou à un autre, car j'ai toujours causé du mal autour de moi. Même ça, tu ne le savais pas avant, car je t'ai tout caché. Pourtant... »

Sans même perdre une seconde de plus, Chloé ferma le livre, et se tourna vers le garçon aux cheveux bleus foncés à ses côtés. Elle ne savait pas par où commencer, mais après avoir lu ce livre, c'est comme si elle se souvenait de quelque chose qu'il n'y avait pas d'écrit.

"Je voulais te dire quelque chose après tous ses événements, pas vrai ?"

Megumi fut surpris, et il hocha la tête timidement en rougissant légèrement. Il ne sait pas comment elle a pu s'en souvenir, mais il sentait que c'était peut-être un bon signe. Peut-être qu'elle n'avait pas tout oublié, au final ? Il l'espérait.

"Et donc ? Tu te rappelles ce que tu voulais me dire ?

- À vrai dire, non... Mais je pense savoir ce que je voulais te dire."

Il fut légèrement surpris. Est-ce qu'elle avait réussi à comprendre qui elle était après avoir lu ce livre ? C'est ce que pensait Megumi. Il pensait que c'était grâce à ça qu'elle a pu deviner ce qu'elle voulait lui dire, sans certitude pour autant. Cependant, il cherche à vider son esprit, cherchant à ne plus penser à rien, pour pouvoir l'écouter, elle, et personne d'autre.

"Quand je vois comment tu t'occupes de moi depuis que j'ai perdu ma mémoire, puis après avoir lu le livre... Je me dis « Wow, la Chloé d'avant devait avoir de la chance de se sentir si aimée. », puis je réalise que je suis toujours cette Chloé, même si je ne me souviens pas vraiment de tout... Je pense que ce que je voulais te dire, c'est que je t'aime, mais..."

Elle prit une pause dans sa phrase, et elle reprit en ayant une légère poudre rosée sur ses joues alors qu'elle regardait ailleurs.

"Même si je n'arrive pas à me souvenir d'avant, j'aimerai pouvoir réapprendre à t'aimer, car j'ai l'impression que c'est ce que je voudrais. Alors... Est-ce que j'ai le droit de t'aimer ?"

La question était posée de façon si timide et maladroitement. Pourtant, ça avait le don de faire sourire Megumi. Ce n'était pas le premier combat qu'il allait mener, alors s'il devait en surmonter un nouveau pour aider celle qui est devant lui, bien évidemment qu'il le ferait. Cependant, il voulait être sûr qu'elle l'aimerait pour la personne qu'il est.

"Est-ce que tu es prête à m'écouter te raconter ma vie et qui je suis vraiment ? Je ne sais pas si tu m'aimerais encore suite à ça...

- Et alors ? Ça ne tente rien d'essayer. Je veux pouvoir apprendre à connaître ce Megumi que je ne connais pas."

Elle prit sa main doucement dans la sienne et il sourit tristement avant de l'enlacer. Il la serra dans ses bras, oubliant tous ses soucis.

"Très bien. Je te dirai tout de moi alors à partir de maintenant. Je veux commencer par te dire quelque chose d'important que je voulais te dire aussi."

Elle hocha la tête pour lui dire qu'il pouvait tout lui dire.

"Je t'aime Chloé."

La Serdaigle sourit légèrement alors qu'elle rend le câlin à celui qui la tient contre lui. Elle était heureuse, car même si elle avait oublié sa vie d'avant, elle se sentait aimée, et c'est sûrement le plus important. À partir de maintenant, elle aurait les grandes épaules de son amant pour pleurer dessus, et elle aurait ses bras pour la tenir contre lui comme maintenant. Elle n'avait aucun doute sur le fait qu'elle l'aimerait, tôt ou tard, car elle pouvait le sentir dans sa poitrine. Les battements de son cœur ne lui mentaient pas. Elle approcha son visage de celui de l'homme avant de lui voler un baiser, fugace et rapide, mais pourtant doux. Cela a laissé l'homme dans le dépourvu alors qu'il ne s'y attendait pas, et cela fait rire Chloé.

"Je voulais juste voir ce que ça faisait.

- Et alors ?"

Elle fit un grand sourire, alors qu'elle se blottit de nouveau contre lui.

"J'aime bien car c'est toi.

- Tant mieux alors."

Il passa une main dans ses cheveux, et il caressa lentement et longuement ses cheveux frisés jusqu'à son dos, sans prêter attention au temps qui défile. Ils avaient besoin de ce temps à eux maintenant, car c'était enfin le plaisir de vivre qui revenait après tout ce drame.

C'était comme cela que l'histoire de Megumi et Chloé débuta et ne fit que commencer.

Yuuta et Emilie sont restées proches après tous les événements, même si les deux avaient changé.

Yuuta avait décidé de devenir plus fort, et il enterra sa timidité pour cela. Il changea un petit peu de physique, devenant plus musclé bien évidemment grâce aux entraînements qu'il faisait, et il a décidé de changer de coiffure. Au lieu de sa frange qui lui donnait un côté enfantin, il plaqua ses cheveux légèrement en arrière pour qu'ils retombent sur le côté, lui donnant un visage plus froid et sérieux. Ce visage regagnait cependant son sourire quand il voyait ses amis, comme Toge, Megumi ou Emilie.

Emilie, de son côté, était devenue extrêmement froide. Elle ne supportait plus ce qu'elle était devenue. Quand elle se regardait dans le miroir, elle ne voyait plus la même Emilie qu'avant. Avant, elle aimait se faire mignonne, être adorable, pourtant maintenant, elle avait décidé quelque chose. Elle avait décidé de dire adieu à tout ce qui est mignon. Comment quelqu'un avec un œil en moins pourrait être mignon ? C'est ce qu'elle se disait. Puis elle se devait de devenir forte à son tour, et elle décida de reprendre un style vestimentaire similaire à Lynn, en hommage à sa meilleure amie décédée.

Toutes les jupes d'Emilie ont été jetées à la poubelle, et elle ne portait plus que des pantalons droits noirs avec des chemises, dans un style très classe. Elle avait hésité longtemps, pourtant, un matin, elle pris un ciseau, et elle coupa ses cheveux. Ses longs cheveux bouclés châtains clairs, qui faisaient trop féminin à son goût et trop petite fille, elle leur dit adieu aussi. Elle s'était fait un carré, arrivant un peu au-dessus de ses épaules. Avec ses bouclettes, son cache œil et son nouveau style vestimentaire, elle se retrouvait un peu plus.

Elle commence à travailler les sorts, et elle devient rapidement douée comme pour les potions. Les personnes qui ne la connaissaient pas avaient peur d'elle, car elle semblait effrayante, mais ses amis savaient qu'elle restait adorable au fond d'elle. Yuuta agissait toujours comme un petit chiot à ses côtés, et elle appréciait ça.

Ce matin, quelques jours avant la fin de l'année, Emilie et Yuuta se sont retrouvés dans les couloirs comme d'habitude.

"Emilie !"

Yuuta courra rapidement, de bon cœur, jusqu'à son amie et celle qui est aussi son âme sœur. Il avait les yeux qui brillaient, comme à chaque fois qu'il lui parlait. Même si Emilie ne comprenait pas comment il pouvait la regarder comme ça, cela la faisait sentir bien.

"Tu veux faire quelque chose de particulier aujourd'hui ?"

Emilie lui propose, et Yuuta sourit en hochant la tête. Il prit rapidement la main de la brune, et il commença à courir vers une direction, la traînant derrière lui. Il ne lui demanda même pas son avis. Ils arrivent après un moment à courir au niveau des sous-sol, là où la salle commune des Poufsouffles se trouve. Les cours allaient bientôt commencer, alors il n'y avait personne. Les deux entrent dans la salle, puis Yuuta guide Emilie jusqu'à son dortoir avec un sourire aux lèvres.

Une fois dans la chambre, Emilie ne savait pas vraiment ce que voulait Yuuta, puis elle se sentit tomber contre un lit après que le garçon l'ait poussé.

"Repose toi. Tu as l'air épuisé."

Il l'avait emmené jusqu'ici car il avait vu ses cernes. En réalité, il en avait tout autant lui aussi. Emilie riait justement à ce propos.

"C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Tu devrais te reposer aussi Yuuta."

Il gonfle un peu les joues comme un enfant, et il se fait une place dans le lit, aux côtés d'Emilie. Ils étaient proches, mais pourtant, ça ne gênait aucun des deux. Finalement, Yuuta passe ses bras autour de la tête d'Emilie alors qu'il la blottit contre lui.

"Avant, tu avais peur de faire certaines choses seule...

- Toi aussi, je te rappelle."

Elle profite de l'instant, trouvant ce moment agréable, en oubliant presque qu'elle ne s'aime plus. Elle hésite légèrement, mais elle passe ses mains derrière sa tête, et elle détache son cache œil. Elle n'ouvrait pas son œil bien sûr, mais Yuuta savait que c'était un pas en avant qu'elle faisait, rien que de retirer son cache œil.

"Pourquoi tu ne t'aimes plus ?

- Car je suis devenue horrible.

- Moi, je te trouve belle."

Il répond instinctivement et directement aux mots de la femme, et il la lâcha légèrement pour prendre un peu d'écart pour pouvoir la regarder, et il sourit timidement en rougissant, la regardant avec amour. Il finit par s'approcher et il embrasse la paupière fermée de son œil crevé.

"Tu es devenue forte grâce à tout ça, et si tu te trouves horrible, alors je ferais en sorte de te trouver assez belle pour nous deux.

- Yuuta... Pourquoi ?"

Yuuta était l'homme le plus doux qu'Emilie connaissait. Elle ne pouvait pas connaître quelqu'un de plus gentil que lui. Gentil, mais pourtant si fort. Elle savait qu'il pourrait très bien la protéger, mais elle ne voulait pas être quelqu'un de faible. Elle était devenue forte car elle ne voulait plus voir personne mourir. Elle se disait chaque nuit : « Et si j'avais été plus forte, est-ce que j'aurais pu arrêter le Serpentard avant qu'il plante Lynn ? Elle serait encore en vie, et Satoru serait heureux. », et à cette pensée, elle ne pouvait plus dormir. Ça l'empêchait totalement de fermer l'œil de la nuit. Elle n'arrivait pas à se dire qu'elle pouvait être heureuse alors qu'elle n'a pas pu sauver Lynn.

"Car je t'aime. Tu es la personne la plus chère pour moi."

Elle ne pouvait pas accepter les sentiments de Yuuta, même si elle l'aimait aussi. Cela la faisait sentir si mal. Elle se disait : « Ça aurait pu être Lynn et Satoru si c'est moi qui avait pris sa place. »

"Je peux pas être heureuse Yuuta...

- Elle n'est pas morte par ta faute."

Les mots font relever la tête de la brune. Elle était surprise. Elle ne pensait pas qu'il avait deviné pourquoi elle se refusait tout ce bonheur.

"On est tous un peu responsables de sa mort, mais elle ne voudrait pas que tu te prives de ton bonheur pour elle..."

Les larmes coulent des yeux d'Emilie. Elle avait du mal à se dire cela, mais pourtant, ça lui faisait du bien de l'entendre. C'est comme si on lui donnait la permission d'être heureuse après tout ça.

"Est-ce que tu veux bien attendre quelques jours que je te donne ma réponse...?"

Yuuta sourit et il dépose un léger bisou sur son front en réponse.

"Bien évidemment que j'attendrais ! Je peux attendre des semaines, des mois ou des années s'il faut."

Il avait repris son côté chiot, pour enlever l'air maussade du visage d'Emilie en la faisant rire. Bien évidemment qu'il avait réussi, elle ne pouvait jamais s'empêcher de rire en voyant l'air mignon de Yuuta.

" Merci...

- C'est normal."

Même si Yuuta avait déjà perdu Rika, il avait appris à aimer de nouveau, et il était devenu plus fort pour une raison. Il s'était entraîné pour une très bonne raison qui lui paraissait évidente : Il refusait de perdre de nouveau la personne qu'il aime, alors il allait la protéger, même s'il voyait très bien qu'Emilie pouvait se protéger elle-même...

C'est ainsi que leur histoire commença.

Cependant, pour Satoru, son histoire était déjà finie depuis un moment maintenant.

Aujourd'hui, c'était le dernier jour à Poudlard pour tout le monde. Durant les mois qui sont passés après l'accident, Satoru n'a pas vraiment assisté au cours, mais personne ne pouvait lui en vouloir. Après tout, personne n'avait vraiment subi ce qu'il avait subi. C'était peut-être pour ça qu'il se sentait « incompris » et qu'il ne se confiait à personne.

Le train arriva, et c'était l'heure d'embarquer pour tous les élèves. Tout le monde donnait leurs valises à quelqu'un du personnel qui les chargeait dans une salle spécialement pour les bagages, mais Satoru refusa d'en donner un. Déjà, il avait énormément de bagages par rapport aux autres. Mais la vérité, c'est qu'il n'y avait pas que ses affaires. Il avait pris soin de ranger les affaires de Lynn aussi, et il les avait emmenées. La valise dont il ne voulait pas se séparer était celle de Lynn. Il monta seul dans le train, et s'isola dans un coin de celui-ci, assis sur un fauteuil dans une des petites salles spéciales.

Il faisait le vide dans sa tête, étant au silence. Il regarda la valise sur le fauteuil à côté de lui, et il décida de l'ouvrir pour y récupérer quelque chose qu'il avait trouvé dans la chambre de Lynn. À vrai dire, il avait été surpris de trouver ça dans sa chambre.

Même elle pouvait tenir un journal intime...

Il sourit légèrement à ses pensées, et il ouvrit le petit journal intime. Il lisa calmement pendant tout le voyage, appréciant de pouvoir enfin « entendre » des phrases faites par elle. En réalité, il ne faisait que lire, mais il imaginait dans sa tête sa voix dont il se souvenait encore très clairement, lire chaque mot. Parfois, il s'arrêtait, se demandant certaines choses.

Comment aurait-elle dit ce mot ?

Il laissa sa tête se poser contre la vitre du train alors qu'il garda ses yeux rivés sur sa lecture. Quand il arrivait aux pages des jours où il s'était passé quelque chose avec lui, elle parlait de lui en l'insultant, la plupart du temps, sauf une fois. Cela datait d'il y a bientôt deux ans maintenant, la première fois où il a rencontré Lynn mais qu'il a oublié à cause de Suguru. Lire ce qui s'était enfin passée lui faisait du bien, car il pouvait enfin savoir à quel point ils se connaissaient.

« Samedi 12 Septembre 2020,

Aujourd'hui, Satoru se sentait mal. Il me disait qu'il trouvait que Suguru avait changé, et il s'est mis à pleurer sur mon épaule. Je me sentais hyper mal pour lui. On est samedi, alors bien évidemment, comme d'habitude, les Serpentards ont décidé de faire une fête... Satoru avait bu j'ai l'impression, et il tient mal l'alcool... Je l'ai aidé à marcher jusqu'à sa chambre, et je l'ai allongé sur son lit, mais il m'a empêché de partir... J'aurais peut-être dû partir et pas succomber ? On a passé la nuit ensemble, mais le lendemain matin, il n'était déjà plus dans le lit, et quand je suis allée lui parler quand je l'ai vu, il semblait plus me connaître. Il regrette la nuit d'hier ? Je me sens mal maintenant... »

Satoru ne se rappelait de rien de cette « nuit », pas avant ce jour. Il se rappelle le matin, quand il s'est réveillé. Lynn était encore endormie contre lui. Elle le tenait contre elle, et bien évidemment que même s'il ne se souvenait pas de qui elle était, il savait qu'ils n'avaient pas seulement dormi cette nuit-là. Gêné de ne plus se rappeler d'elle, il s'est enfui. Il se disait que ce n'était qu'un coup d'un soir. C'est peut-être pour ça qu'il avait oublié Lynn, même si ce moment de sa mémoire n'a pas été altérée.

Au final, son souhait de se réveiller le matin à ses côtés, il l'avait déjà exaucé, et maintenant il s'en rappelait. Peut-être est-ce parce qu'il venait de lire le journal, mais il se rappelait de tout maintenant. Le toucher de Lynn sur sa peau, ses baisers, ou encore la façon dont elle disait son prénom alors qu'elle le tenait contre elle... Il se sentait d'autant plus mal d'avoir oublié tout ce qu'ils avaient partagé à deux. Finalement, il venait de comprendre que Lynn l'avait utilisé au début quand ils se sont parlé de nouveau car elle était blessée. Cependant, il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit blessée à ce point.

« Mardi 27 Octobre 2020,

J'ai toujours pas eu mes règles. Je devrais m'inquiéter ? Je suis peut-être juste un peu en stress à cause des examens qui arrivent avant Noël... J'irai voir l'infirmière à la fin de la semaine pour savoir s'il n'y a rien de grave... Je ne l'ai fait qu'avec Satoru. Si j'étais enceinte, ce serait le père... Si c'est comme ça, je devrais peut-être avorter ? »

« Jeudi 9 Décembre 2021,

Je suis enceinte depuis bientôt 4 mois. Mon ventre n'est pas très rond... C'est peut-être mieux comme ça, non ? Même si Satoru ne semble pas se souvenir de moi, comme ça, je pourrais le cacher à mes amies aussi. Je vais continuer de le cacher en dessous de ma jupe évasée, de ma chemise et de ma cape. Je me demande encore parfois pourquoi je n'ai pas avorté, mais je me suis sentie si mal à l'idée de tuer mon enfant... J'ai demandé à l'infirmière si elle pouvait déjà savoir si l'enfant ne serait pas malade comme moi, alors elle a fait ce qu'elle m'a dit être un « caryotype ». Elle n'a vu aucune mutation responsable de ma maladie, alors le bébé est sain... Je crois que c'est pour ça que j'ai voulu le garder, même si je ne vais pas le garder ici avec moi... »

« Dimanche 19 Mai 2020,

C'est une petite fille. J'ai accouché à l'infirmerie, et j'ai pris une semaine de repos, en prétextant être malade... Je suis contente d'avoir accouché avant la rentrée en 7ème année, comme ça, je vais pouvoir me concentrer sur mes études pour la dernière année. Je vais me reposer pendant les grandes vacances, je vais peut-être au moins la voir faire ses premiers pas peut-être ? Je sais qu'après, à la rentrée, je devrais la confier à mon amie moldue... C'est le mieux pour Selena. Elle pourra vivre une vie normale... Peut-être qu'après mes études, je pourrais vivre de nouveau avec elle ? Non, il vaut mieux que je disparaisse de sa vie... Je ne sais pas quand je vais mourir de cette putain de maladie, et je veux pas la faire souffrir. »

Le choc était brutal, et la descente en Enfer était violente. Satoru venait d'apprendre tout ce qu'avait dû vivre Lynn, tout ce par quoi elle a dû passer sans lui, car il ne se rappelait plus d'elle à cause de Suguru. Il n'imagine même pas la douleur qu'elle a dû supporter quand il lui a parlé de nouveau après la rentrée. Il se mit à pleurer, il ne pouvait pas supporter l'idée d'avoir abandonné la personne qu'il aime sans l'avoir voulu, alors qu'elle avait besoin de lui. Il devait se reprendre, il restait une dernière page qu'il devait lire, même s'il n'était qu'à la moitié du journal. Il prit une grande inspiration, et il commença la lecture de la dernière page, qui datait de l'année 2022.

« Mercredi 6 Octobre 2022,

Hier soir, Satoru est apparu à la bibliothèque pour me sauver de Suguru. J'ai mis de côté le fait que je le connaissais. Je ne voulais pas laisser paraître une seule chose qui pourrait lui faire comprendre que je le connaissais. Il m'a fait tellement souffrir... Je l'aimais tellement... Est-ce que c'est car je lui ai dis que je l'aimais cette nuit qu'il a pris peur et qu'il a fuit le lendemain ? Non, sûrement pas... Il m'avait dit qu'il m'aimait aussi puis... Il me regarde comme s'il ne me connaissait pas maintenant. Au fond de moi, je suis énervée, mais je ne peux pas le détester... »

Il voit une petite cassette qui est incrustée et cachée dans le reste des pages du journal. Cela explique pourquoi il n'y a que la moitié du journal d'écrit. Satoru finit par fermer le journal intime de Lynn. Il avait fini de lire ces mots qui l'ont dévastés, et il savait qu'il devrait regarder la cassette une fois chez lui. Il venait d'apprendre tellement de choses... Mais maintenant, il savait ce qu'il devait faire, plus que jamais. Il devait retrouver sa fille, du nom de Selena. C'était le souhait de Lynn. Elle lui avait dit de vivre pour elles, alors c'est ce qu'il allait faire.

Sur la cassette vidéo qu'il visionna une fois chez lui, il a pu voir Selena faire ses premiers pas en étant aidée par sa mère, ou la voir se faire nourrir par Lynn. C'était les dernières images qu'il avait de Lynn, comme les premières de sa fille.

Des années passèrent suite à ça. Satoru avait fini l'école depuis maintenant cinq ans. Malgré toutes ses recherches, il n'a jamais pu trouver Selena. Il ne connaît pas le nom de l'amie moldue de Lynn, même en se renseignant auprès d'Emilie, et il ne savait pas quel nom de famille avait Selena. Il n'avait rien trouvé au nom de Mayer, ni au nom de Gojo, même s'il imaginait mal Lynn lui donner son nom, après l'horreur qu'il lui avait fait vivre d'élever une petite fille seule.

Il avait fini par se faire une idée qu'il ne l'a verrait jamais. Satoru est devenu professeur à l'école de Poudlard. Pourquoi ? Car Lynn lui disait qu'il serait formidable en professeur. En dehors de l'école, il a écrit un livre, qu'il avait commencé déjà durant les mois qui lui restaient à l'école après la mort de Lynn, et il l'a publié il y a un an maintenant. Ce livre raconte la vie de Lynn, tout en parlant de la magie, et tout ce qui va avec. Mais qui allait croire que c'était une histoire vraie vu que c'était écrit nulle part ? C'est peut-être pour ça que le Ministère de la Magie ne lui a rien dit.

C'est le début des vacances d'hiver, et Noël arrive bientôt. Il a décidé de partir de l'école pour les vacances. C'est dans la neige, que l'homme, aux cheveux toujours blancs et aux yeux d'un bleu encore magnifique, avance. Il passe un petit portail, et il entre dans un cimetière. Il marche le long des tombes, deux bouquets de fleurs bleus dans les bras. Il arrive finalement devant les tombes qu'il cherchait.

"Bonjour Elliot. Bonjour Lynn."

Comme à chaque fois qu'il pouvait, il venait apporter des fleurs sur la tombe du petit frère de sa bien aimée et elle-même. Il resta un moment, sous la neige qui tombait au sol, regardant la tombe de Lynn. Un petit moment après, une voix derrière lui l'appelle. Il se retourne pour voir ses anciens amis qui marchent vers lui, des fleurs à la main aussi.

"Satoru, j'ai lu le livre que tu as publié ! Je suis sûr que Lynn serait heureuse de voir tout ce que tu as fait pour elle..."

Emilie sourit à l'homme. Elle n'avait pas grandi, ni vraiment changé. Elle avait emménagé avec Yuuta à Londres, mais ils n'ont jamais voulu se marier. Pour ce qui est de Megumi et Chloé, les deux se sont mariés ensemble. Chloé attend même un petit garçon, alors que son ventre est déjà bien rond.

"Tu n'as toujours pas pu retrouver Selena ?"

Megumi fronce les sourcils et Satoru répond d'un signe de tête pour dire non. Tout le monde lui apporta son soutien, sachant très bien qu'il finira par la retrouver, tôt ou tard.

"Désolé, je vais devoir vous laisser, j'ai la librairie à ouvrir...

- C'est ton genre de truc ça, maintenant ?"

Chloé plaisante et Satoru rit légèrement. Il finit par quitter le cimetière en faisant un signe de main aux autres, qui viennent se recueillir sur les deux tombes à leur tour.

Il marche de nouveau dans les rues enneigées, jusqu'à arriver à la petite librairie qu'il tient en dehors de son temps à l'école. Il ouvre la devanture, et il passe derrière le comptoir après avoir enlevé la neige de dans ses cheveux et de sur son manteau qu'il posa sur le porte-manteau. Il était assez tôt dans la matinée, et sous ce froid, il ne s'attendait pas à avoir du monde, pourtant, il voit une famille entrée. Il voit que le mari et leur petite fille semble partir directement dans les rayons, mais la femme, se tourne vers lui et elle s'approche du comptoir.

"Je peux vous aider ?

- Vous êtes bien Satoru Gojo ? J'aurais bien aimé vous poser quelques questions sur votre livre..."

Il hoche la tête pour dire qu'elle peut poser les questions qu'elle souhaite. La femme avait des cheveux coupés au carré, avec une paire de grandes lunettes noires. Ses cheveux étaient bruns, et ses yeux étaient de la même couleur.

"Je m'appelle Emma, j'ai lu votre livre il y a peu, et je voulais savoir quelque chose... L'héroïne de l'histoire, Lynn... Elle est vraiment morte, pas vrai ? Je veux dire... En réalité. Cette histoire raconte la vôtre et la sienne, alors elle est vraie, pas vrai ?"

Satoru était plutôt choqué du fait que la lectrice en face de lui avait vu juste. Il s'était toujours dit qu'il ne mentirait pas si quelqu'un avait trouvé la vérité sur son histoire.

"Oui. C'est une histoire vraie... Lynn est vraiment morte.

- Vous l'aimez, pas vrai ? Il est écrit nulle part dans le livre que vous l'aimez, mais ça me paraît tellement évident..."

Il baisse la tête. Il savait la réponse, mais cela faisait tellement mal de le dire à chaque fois, car son amour ne peut plus être réciproque maintenant qu'elle n'est plus là.

"Oui. Je l'aimais... Et je l'aime toujours."

Emma, la lectrice, sourit. Un sourire triste, et pourtant à la fois heureux. Elle fait signe à son mari de la rejoindre, et il revient donc avec leur petite fille.

"Mathieu, je pense que c'est le moment..."

Le mari regarde Emma puis Satoru et il sourit. La femme regarde de nouveau Satoru qui semble perdu et elle lui sourit aussi.

"Lynn vous a toujours aimé. Ça lui a brisé le cœur de nous confier Selena, en sachant qu'elle ne pourrait plus jamais la revoir ni vous la présenter..."

Il comprit. La femme devant lui n'était pas qu'une simple lectrice. C'était l'amie moldue de celle qu'il aime. Il se précipita en dehors de son comptoir, pour pouvoir faire vraiment face au couple, et pour pouvoir vraiment voir la petite fille qu'il ne voyait pas, car trop petite.

Il sent sa gorge se nouer. Il s'accroupit pour être à la même taille que l'enfant qui ne tenait plus la main de l'homme aux cheveux bruns. L'enfant vient directement voir l'homme aux cheveux blancs d'un air curieux, et elle laisse apparaître un grand sourire sur son visage.

"Vous avez les mêmes yeux que moi !"

Quand il regardait l'enfant devant lui, il voyait Lynn. Elle lui ressemblait tellement... De longs cheveux bruns lisses, avec un grand sourire, des yeux de la même forme que ceux de sa mère, et pourtant de la même couleur que son père. Satoru tendit une main vers la petite fille en souriant et elle posa sa minuscule main dans celle de l'homme qu'elle ne savait pas encore comme son père, même si elle savait que Emma et Mathieu n'étaient pas ses parents. Emma pose justement ses mains sur les épaules de la petite fille et lui sourit pour la rassurer.

Satoru sentait l'émotion le gagner, mais il refusait de pleurer devant sa fille pour ne pas l'inquiéter. Il sourit légèrement avant de lui poser la question qu'il se posait tant.

"Tu t'appelles comment ma belle ?"

La petite brune d'à peine six ans sourit de toutes ses dents avant de dire son nom.

"Je m'appelle Selena Mayer Gojo ! Emma m'a toujours dit que Mayer était le nom de ma mère, et Gojo le nom de mon père, alors je porte fièrement leurs deux noms !"

Elle semblait toute contente en disant le nom de sa mère et de son père, et en entendant son nom, Satoru sourit inconsciemment.

Finalement, même si tu l'as éloigné de moi, tu ne pouvais pas ne pas lui donner mon nom Lynn... Je prendrais soin d'elle maintenant, je te le promets.

Durant cette scène touchante de retrouvailles, Satoru était persuadé d'avoir senti une présence derrière lui, cependant, quand il s'est retourné, il n'y avait personne. Il ne dit rien pendant un moment avant de sourire en regardant le vide puis il reporte son regard vers la petite fille devant lui, sachant très bien ce qu'était cette présence derrière lui qui venait de partir.

En fin de compte, elle ne l'avait jamais laissée.

The Spell — Fin