𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 2 : 𝐄𝐧 𝐜𝐚𝐠𝐞
Le lendemain matin, je fus réveillé par une odeur de pain grillé.
Je me relevai aussitôt, presque précipitamment.
Adler, les jambes croisées, se retournait vivement vers moi. Il tenait en main une grande baguette de pain qu'il faisait griller.
Il retira le pain des flammes et le cassa en deux. La chaleur ne semblait pas le déranger. Ses mains n'étaient même pas rouges...
- Tiens. Tu es réveillée ?
J'hochai de la tête tandis que mes yeux étaient rivés sur le pain.
S'il y a bien une chose que j'aimais plus que tout, c'était le pain grillé.
Mon ventre gronda. Je posai mes mains aussitôt sur celui-ci. Je sentais mes joues chauffer et ma gène grandir.
Adler souria et me tendis l'autre moitié.
- Manges.
Alors que j'allais le prendre, je m'arrêtai aussitôt.
Comment avait-il eu ce pain ? Il était risqué pour Adler de vadrouiller seul en pleine ville. Avec ses ailes, il était loin de passer inaperçu et les passants allaient vite se rendre compte qu'aucun maître n'était avec lui.
Moi, j'étais discrète. Il me suffisait de porter une longue cape et de faire attention pour que mes sabots ne raisonnent pas sur la pierre.
Adler comprit bien vite ce qui me perturbait.
- Hé, relaxe. J'ai fait attention. On n'est pas suivie. Je pense qu'avec ce blizzard, ils ont fini par nous perdre de vue. De plus, les traces de nos pas ont été dissipées par la neige.
Je me résignai à prendre le pain. Hochant rapidement de la tête pour le remercier et l'engloutie.
Le brun s'asseya à l'autre bout de la cabane.
- La tempête s'est enfin arrêtée. Malgré le froid, je vais pouvoir voler. Et vu que tu es aussi légère qu'une plume, on va pouvoir échapper aux gardes une bonne fois pour toutes. Je volerai vers le sud et là-bas... Et bien, on verra bien ce qui nous attend. Pas vrais ?
Je le fixai d'un air peu rassurée.
Aller dans un royaume dont nous ignorons tout était risquer.
Nous avons vécu dans une ferme reculée de tous. Nous ne connaissions rien du monde. Nous ne connaissions rien de notre propre royaume.
Adler se leva et prit en main un petit couteau qu'il avait sans doute dû voler.
- Ne t'inquiète pas. Tous se passera bien. En attendant, je te donne ça. Comme ça, tu pourras te défendre, toi aussi.
Il posa l'arme dans ma main. Je la scrutai des yeux. Dubitatif. Puis finie par la mettre dans la poche de ma vielle robe marron.
- Partons. Trouvons un endroit reculé à l'orée de la ville.
Tandis que je secouais mes vêtements, Adler éteignit le feu.
Je remis rapidement ma capuche sur ma tête et nous sortons de la maison.
Il devait être à peine 6h00 du matin et il faisait encore assez sombre pour qu'Adler passe inaperçu.
Nous marchons pendant une dizaine de minutes et je me perdais dans mes pensées.
Souvent, je me demandais ce que cela faisait de vivre en étant entièrement homme.
Parfois, je me demandais quel genre de vie avait les nobles. Le roi, qui était à la tête du royaume de Jouvence. Un château splendide, luxueux, remplie de métaux précieux, de mets raffinés.
J'aurais aimé vivre ainsi...
À force de marcher, passant de village en village, j'avais appris à écouter les conversations des humains.
Ceux-ci étaient très bavards et parlaient souvent de récoltes, des moissons.
Une fois, j'avais entendu deux jeunes adolescentes. Elles semblaient être mieux vêtues que la plupart des autres citoyens.
L'une d'elles ventait les mérites d'un prince. Un homme dont la beauté était à couper le souffle.
Apparemment, il possédait des cheveux rouge aussi vif que le feu et des yeux bleu, aussi vaste que l'océan. C'était un homme bon, sincère et au grand cœur.
Je me surpris à penser que si cet homme avait un grand cœur, alors il pourrait peut-être nous rendre notre liberté.
Adler m'avait rapidement remis les pieds sur terre.
"Les humains aiment posséder les autres. Ils sont égoïstes et désireux. Vaniteux. Pour rien au monde, ils nous rendront notre liberté. "
M'avait il dit froidement.
Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser naïvement qu'un jour, ils accepteraient de nous rendre notre liberté.
Je fis sortie de mes songes lorsqu'Adler s'arrêta brusquement.
Je me cognai contre son dos et me décalai pour voir ce qui n'allait pas.
Son corps tout entier était crispé. Ses yeux dorés étaient écarquillés et il semblait près à attaquer.
Il renifla l'air quelques secondes.
J'en fis de même, et je me rendis compte du problème.
Les gardes nous avaient retrouvés.
- Reste près de moi. Me chuchota d'un ton ferme mon ami.
Je sortis aussitôt mon petit couteau. Le serrant dans mes frêles mains.
Mon corps tremblait et mon instinct me hurlait de fuir. J'entendais mon cœur résonner dans mon corps. Ne cessant de battre.
Je savais très bien pourquoi mon corps réagissait si violemment. Ce n'était pas à cause des soldats. C'était bien plus que cela.
Malgré l'ordre d'Adler, je peinais à rester à ses côtés. J'étais un herbivore. Une proie. Et mon corps me hurlait de fuir. Courir. Vite et loin. Le plus loin possible de cet endroit.
Inconsciemment, je me mis à pleurer à chaudes larmes et je failli faire tomber mon couteau.
Je me résignai à le remettre dans ma poche. Sachant pertinemment qu'il ne pourrait me servir. J'étais bien trop paniqué pour faire quoi que ce soit avec...
Le temps me paraissait s'écouler si lentement, que je ne pus me retenir. Je fis un pas en arrière, allant pour m'élancer vers le nord.
Mais je n'eût même pas le temps de commencer à courir que mon pire cauchemar surgit dans le noir. Se ruant vers moi avec rage.
Un visage terrifiant, de grandes mains griffues et de grand croc blanc allant se planter dans ma jugulaire.
Le brun m'agrippa le bras et me tira violemment en arrière. Je tombai à la renverse et roulai sur un mètre.
Malgré la violence de ma chute et mes genoux égratinés, je désirais plus que tout me relever. Tenter de prendre à nouveau la fuite. Mais une dizaine de soldats en uniforme bleu foncé me firent face. Leur épée était levée en ma direction.
- Pas un geste !
Je me retournai vers Adler.
Il était en train de se battre avec celui qui avait tenté de me tuer.
Un hybride mi-homme mi-loup.
Je croisai le regard de l'homme, et mon corps tout entier frissonna. Ses yeux n'étaient pas ceux d'un être humain. C'étaient ceux d'une bête féroce. Près à tout déchiquetés sur son passage. Il n'avait plus une seule once d'humanité dans les yeux.
En à peine quelques secondes, je me retrouvie plaqué au sol, menottée aux jambes, aux bras et au cou alors que je me débattait de toute mes forces.
- Bordel, elle est coriace... Cesse de gigoter ! Hurlait un des soldats tandis que je lui mis un coup de sabot dans la jambe.
Adler était parvenu à vaincre rapidement l'homme loup et il accourait déjà vers moi, l'air enragé.
- Idril !
Soudainement, l'homme loup lui sauta au cou, plantant ses crocs dans son cou.
Je tenta vainement d'hurler.
La dernière chose que je vis, avant d'être assommée par les soldats, se fût Adler crier mon nom, se débattant contre les hommes.
{...}
Lorsque je repris connaissance, c'était comme revenir à la nage après une longue traversée, épuisée, et j'écoutais en silence.
Je me sentais apathique, sans énergie, et la douleur irradiant dans ma tête.
J'entendais des cliquetis, des chaînes qui s'entrechoquaient, des grognements, des jappements, des pleurs, des supplices. Bientôt, une odeur de sang me parvient au nez. Mêlées à une odeur aigre de transpiration.
Je fronçai les sourcils. Refusant d'ouvrir les yeux.
J'étais allongé à même le sol. Les roues en bois d'une charrette semblait bougé, tiré par des chevaux. Je n'eût aucun mal à deviner que j'avais été capturé par les soldats.
J'ouvris subitement les yeux lorsque je me souvenu d'Adler, luttant contre les soldats, se battant contre un hybride avec le cou en sang.
J'attrapai avec rapidité les barreaux de ma cage et secouais énergiquement. Tentant d'attirer l'attention malgré tout le vacarme que faisaient les autres hybrides.
Si seulement j'étais capable de crier, peut être m'aurait on écouter...
Les autres hybrides ne semblaient m'accorder aucune importance, si ce ne sont certains carnivores. Ils me dévoraient du regard et bavaient rien qu'a la vue de mes frêles bras blancs...
Je tremblai rien quand croisant leurs grands yeux terrifiants.
Les hybrides avaient une part d'humanité. Ils étaient censés savoir contrôler leur désir. Mais pour ce qui est des carnivores qui me faisaient face, ce n'était pas le cas.
Leur humanité semblait avoir disparu. Il ne restait en eux que leur côté animal.
Mes mains lâchèrent lentement les barreaux de ma cage et bientôt, je me recroquevilla sur moi-même, pleurant silencieusement.
Adler n'était pas là. Il n'était pas dans cette espèce de grande charrette.
Le temps passa lentement et bientôt, je fus arrivé à destination.
Enchainé, on me traîna dans une gigantesque maison en bois.
On installa les herbivores dû côté gauche de la pièce. Les laissant enchainé. À droite, on installa les carnivores. Les gardes les laissèrent bien évidemment en cage.
C'est alors qu'un homme imposant, vêtue de l'uniforme bleu qui caractérisait ces gens qui traquaient les hybrides, s'avança devant nous.
L'homme était muscler et me dominait à cause de sa grandeur. Imposant, intimidant, il m'inspirait la peur. Ses yeux gris froid et cruel ne pouvait que me confirmer ma crainte.
À chaque fois qu'il s'avançait vers l'un d'entre nous, il nous demandait notre prénom et notre maître. Ensuite, il faisait un choix.
Soit nous étions restitué à nos anciens propriétaires, soit nous étions revendu sur le marcher.
Ce fut alors mon tour.
Je resta aussi droite qu'un I. Coupant ma respiration, gonflant mes poumons d'air et gardant tant bien que mal la tête droite. Les yeux fixés sur l'une des cages des carnivores.
L'homme me scruta du regard. Me regardant d'un air hautain.
Il ne prononça que deux mots. Deux insignifiants mots qui me suffire à perdre le peu de courage que j'avais en ma possession.
- Une chèvre...
Sa voix était remplie d'arrogance. Elle me rappela bien vite que je n'était rien. Juste une simple hybride.
Je me mordis la lèvre inférieure. Me retenant de trembler et de pleurer. Aucun doute que j'allais être redonné à mon ancien maître, et s'il ne voulait plus de moi, alors je serais abattu sans aucune hésitation. Et le peu de fourrure blanche qui parcourait mon corps serai revendu.
- Son maître viendra la chercher. Ordonna simplement l'homme.
Alors qu'il allait passer à la personne qui était à mes côtés, une voix se fit entendre. Faible. Presque inaudible. Mais froide et remplie de sérieux.
Les soldats arrêtèrent de rire. Les herbivores arrêtèrent de trembler pendant un instant, et les carnivores arrêtèrent de se débattre.
Cette voix... Je la reconnaissait entre mille.
L'homme imposant se retourna vers la voix. Je pus voir au loin une silhouette familière, enchaîné dans une grande cage. Il était recouvert de sang et son aile droite était presque déchirée.
- Que dis-tu ? Fit l'homme en se rapprochant de l'hybride.
Celui-ci leva la tête. Laissant voir ses yeux dorés.
- Elle est muette. Dit il simplement.
Soudainement, le calme.
Plus personne n'osait bouger ni même respirer.
Tous les regards étaient rivés sur moi.
Ne sachant quoi faire, je me contentais de fixer Adler. Perdue.
L'homme ria. Se rapprocha un peu plus de mon ami.
- Te rends-tu compte, de ce que tu dis ? Sale bête.
- Et pourtant, c'est la vérité. Renchéris Adler. Elle se prénomme Idril. Et elle est muette.
À chaque mouvement, ses chaînes bougaient et réalisaient un cliquetis métallique.
L'homme avança jusqu'à coller sa tête près des barreaux de la cage du brun.
- Répètes, pour voir.
Arrogant, Adler ne se fit pas prier. Il cracha au sol du sang et fixa d'un air déterminer l'homme. Sa voix se fût alors bien plus forte. Assez pour que tout le monde l'entendent.
- C'est une Silencieuse.
Je le fixai avec curiosité et choque.
Une Silencieuse ? Jamais il ne m'avait appelé ainsi. J'ignorais ce que signifiait ce mot.
L'homme bleu ce retourna.
Je croisa ses terrifiantes pupilles grises. Il était enragé.
Je me mis à trembler, prête à m'agenouiller au sol.
- Une hybride Silencieuse, voyez vous ça, chère compatriote ! Es-tu sûre de ce que tu avances ?
- Certain. Vous pourrez la revendre à de riches nobles. Croyez-moi, vous allez en tirer un bon prix.
Sur ses mots, Adler posa ses yeux sur moi et faiblement, il souria. D'un sourire franc et sincère qu'il arborait si rarement...
Pas besoin de mot pour exprimé notre tristesse. Un simple regard suffisait.
Ses yeux remplie de tendresse m'adressait un message.
Adieu. Prend soin de toi.
Et c'est ainsi, que je compris que nos chemins allaient être séparé...
꧁2 000 𝐦𝐨𝐭𝐬꧂
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