L'accord de San pour passer le reste de la journée avec Wooyoung et ses amis avait marqué la fin de l'interrogatoire qu'ils menaient sur le blond jusque là. Yeosang s'était ensuite dépêché d'emmener Seonghwa jusque son lit pour que celui-ci puisse se reposer convenablement, puis après s'être occupé de son petit ami il était retourné dans le salon.

Lorsqu'il vit que San ne faisait que discuter avec Wooyoung, il s'était introduit dans leur discussion pour lui murmurer un "tu permets", puis avait tiré le blond par la main jusque son bureau où il le fit s'asseoir sur la chaise à côté de lui.

San avait ainsi passé tout le reste de la matinée avec Yeosang, celui-ci passionné par le bijou de technologie qui résidait en lui. Wooyoung, qui avait remarqué que son meilleur avait piqué son colocataire, passait jeter un œil sur Seonghwa de temps en temps. Il dormait paisiblement et ça le rassurait.

Le midi, ils avaient mangé tous ensemble. Wooyoung se sentait vraiment bien, il retrouvait sa deuxième famille et ne cessait de rire à gorge déployée. San ne l'avait pas quitté du regard durant tout le repas. Il découvrait un tout nouveau Wooyoung, un Wooyoung qui ne se cachait pas, qui se laissait vivre dans cet environnement qu'était le sien. Entendre le son mélodieux de son rire pour la première fois faisait sentir une chaleur dans le corps de San, la même qu'il sentait lorsque Wooyoung lui racontait chaque soirs des moments de sa vie, cette chaleur qui s'était intensifiée la veille sous cet arbre en pleine nuit lorsque leurs lèvres s'étaient rejointes.

Des papillons, Wooyoung avait dit. Ces papillons, San les adorait.

L'après-midi, San avait pu jouer avec Jongho et Woooyoung sur la console du plus jeune. Il leur avait expliqué qu'il jouait souvent lorsqu'il était encore au centre d'éducation car l'établissement en possédait une. Mais depuis qu'il avait rejoint la Brigade il n'y avait plus joué du tout.

Wooyoung avait ainsi découvert une âme de champion, un esprit de compétition assoiffé en San qui ne voulait que gagner et battre ses adversaires. Il était content d'avoir emmené le blond ici avec lui, car même si ses amis s'étaient montrés dur à son égard au départ, ils avaient rapidement changés d'avis et il voyait que ça changeait San aussi. Il découvrait sa vie à lui et quelque part ça le rendait fier.

En début de soirée, lorsqu'il se rendit compte qu'il avait encore tous ses cartons à faire, Wooyoung avait décidé de rentrer avec le blond. Ainsi, il pouvait passer une dernière nuit à l'appartement avec San, juste tous les deux, avant de retrouver son véritable chez-lui le lendemain.

Le chemin du retour s'était fait une fois de plus dans le calme. Si Wooyoung ne parlait pas, c'est parce qu'il était partagé entre deux émotions opposées. D'un côté, il sentait encore la joie de cette journée. Elle lui avait fait vraiment beaucoup de bien, et il était pressé de retrouver ses amis pour de bon. Mais de l'autre, il ne savait pas comment il allait vivre ses journées sans San à ses côtés.

Pendant plusieurs semaines ils avaient vécus ensemble, et Wooyoung s'était habitué à sa présence. Il s'était attaché à lui, mais il ne voulait pas finir sur une mauvaise note. Ils n'avaient pas eu de vraie discussion depuis la veille et Wooyoung savait qu'ils devaient parler. Et ce soir était parfait. Mais il ne se sentait pas prêt.

Lorsqu'il était entré dans sa chambre, Wooyoung s'était directement mit à ranger ses affaires. Il avait entendu San aller à la douche un peu plus tôt, et maintenant qu'il faisait du rangement il en profitait pour ne plus y penser.

Les jours précédents, San venait dans sa chambre à vingt-et-une heures précisément. Il ne dépassait jamais cette heure, et arrivait même parfois avant. Mais aujourd'hui, alors que Wooyoung fixait son réveil, les minutes se rapprochaient mais aucun signe du blond.

A vingt heures cinquante-neuf, Wooyoung fixa la porte de la chambre de San qui était juste en face, la sienne étant grande ouverte, dans l'espoir de voir le corps du jeune homme s'y glisser. Mais la minute passa et San ne se montra pas.

Wooyoung reprit son rangement en faisant mine que cela ne le touchait pas, mais en réalité la déception le prenait bel et bien. Il ne savait pas si San lui en voulait, s'il ne voulait juste pas le voir ou si c'était autre chose qui le prenait. Il continua de faire ses cartons mais c'était peine perdue, il n'avait que San en tête. Il devait aller lui parler. Il s'en allait demain et il se sentait incapable de devoir le laisser sans avoir reparlé des évènements de la veille.

Wooyoung souffla un bon coup, il sorti de sa chambre pour aller toquer à celle du blond. Son cœur battait fort, il commençait à avoir chaud et la peur grimpait elle aussi. Et si San refusait de lui parler ?

Avant qu'il puisse avoir des réponses à ses questions, il toqua à la porte.

- S-San... est-ce que je peux renter ?

A peine deux secondes plus tard, San lui ouvrit la porte comme s'il l'attendait, et son souffle se coupa dès qu'il le vit face à lui. Lorsqu'il le regardait ce n'était pas vraiment pour s'étaler sur son physique, mais il ne pouvait pas ne pas avouer que San était vraiment beau. Chaque millimètre de son visage était d'une perfection absolue, et se l'avouer ne fit que battre son cœur un peu plus vite encore.

Le blond s'écarta pour le laisser rentrer, ce qu'il fit, puis ferma la porte derrière Wooyoung. San le vit jouer avec ses doigts ce qui est une chose qu'il avait remarquée lorsqu'il était anxieux. Il prit donc la parole en premier.

- Je savais pas si t'étais d'humeur pour parler ce soir, alors j'ai hésité à venir te voir...

- Non je comprends, répondit Wooyoung en le regardant. T'avais l'air de bien te sentir ce matin, remarqua-t-il ensuite pour ne pas aborder le sujet fatidique tout de suite.

- Au début j'avais un peu peur, mais je crois qu'ils sont rapidement passés à autre chose.

- Oui, surtout Yeosang. Il avait l'air comme un gosse en te voyant, ça faisait longtemps que je l'avais pas vu comme ça, confirma le plus jeune en souriant, se remémorant le comportement de son meilleur ami.

Un court silence prit place et Wooyoung sut que c'était à lui de parler.

- San je suis désolé.

- Désolé ? Pourquoi ?

- Je suis désolé pour ne pas avoir décidé de venir te parler avant, pour ne pas avoir fait le premier pas. C'est comme...

Pendant quelques secondes Wooyoung regarda le sol, incapable de le regarder dans les yeux.

- Comme si j'attendais que tu fasses un pas. Alors que c'est vraiment idiot, parce que je vois bien que tu as l'air perdu, et c'est totalement normal. Je suis...

Il redressa son regard dans le sien pour finir sa phrase. Il voulait que San sache que tout ce qu'il disait était sincère.

- Excuse-moi d'être le moins courageux de nous deux.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'es pas moins courageux Wooyoung, tu as simplement besoin de temps. Alors je ne comprends peut-être pas tout ce que je ressens depuis hier, ni comment tu te sens de ton côté, mais je peux comprends ça.

San se rapprocha de Wooyoung qui lui sourit faiblement. Il commençait à se détendre, c'était quelque chose qui le fascinait chez San. Cette vitesse à laquelle il se sentait mieux en sa présence.

- J'aurai peut-être pu faire quelque chose moi aussi, venir te parler avant au lieu de nous laisser nous perdre dans nos pensées.

- Non San, tu n'as absolument rien à te reprocher. Tu pouvais pas savoir, tu n'y connais rien.

- Pas savoir quoi ?

- Ce que ça fait de tomber amoureux...

Il l'avait dit. Cette phrase qu'il venait de dire lui donna à la fois un sentiment de soulagement et le sentiment de voir la discussion avancer.

- Qu'est-ce que ça fait de tomber amoureux ?

- C'est compliqué... très compliqué.

- Alors décris-le moi. Ne te prends pas la tête, dis moi simplement ce que toi tu sens quand t'es amoureux.

Wooyoung senti tout son intérieur fondre en entendant les mots du blond. Il ne se rendait pas compte d'à quel point ses mots le touchaient.

- Être amoureux c'est sentir ton corps s'embraser, parfois sans raison précise lorsque tu vois la personne que t'aime. Tu sens ton cœur accélérer au point où tu te demandes si il ne va pas lâcher à cause de la vitesse. C'est sentir ton corps frissonner à chaque contact, c'est ne pas avoir peur de montrer toutes tes émotions, de mettre tout ton esprit à nu. C'est donner une signification à chaque contact, chaque regard, chaque sourire avec cette personne. En fait, c'est lorsque tu sens que ton lien avec elle est unique, et qu'elle a une place que personne ne peut égaler dans ton cœur.

Lorsqu'il eut terminé de parler, Wooyoung vit San amener sa main à son cœur pour le sentir battre, chose que San faisait régulièrement. Et ce dernier ne put retenir son étonnement lorsqu'il senti la vitesse frénétique à laquelle son cœur battait.

- Ouah, Wooyoung, ton cœur bat super vite.

- Toi, qu'est-ce que tu ressens en ce moment ?

Wooyoung voulait désespérément faire quelque chose. Mais si San n'était pas sur la même longueur d'onde, il ne pouvait pas s'y risquer.

- Les papillons, je les sens encore.

Le noiraud se rapprocha un peu plus puis posa ses mains contre les épaules de San, ils étaient désormais assez proches pour sentir le souffle de l'autre contre leur peau.

- Et là, est-ce que tu les sens toujours ?

- Encore plus fort.

Wooyoung, écoutant attentivement les mots de San, approcha son visage du sien jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un millimètre entre leurs lèvres. Cependant, il ne clôt pas l'espace entre eux, attendant un signe de la part de San pour approuver ça.

- Et... et maintenant ? Murmura-t-il.

Wooyoung s'était attendu à une réponse, mais il eût mieux que ça puisque San scella leurs lèvres à peine deux secondes après avoir senti son visage se rapprocher.

Alors que Wooyoung instaura le premier mouvement entre leurs lèvres, la main de San qui n'était pas sur le cœur du plus jeune se posa contre sa mâchoire, frôlant sa joue. Leurs paupières closes leur permettaient de pleinement se concentrer sur ce qu'ils ressentaient, sur la flamme qui se propageait lentement dans tout leur être.

En sentant le cœur de Wooyoung battre contre sa main, San jura ressentir le sien battre aussi. Il savait que cela ne serait jamais possible, mais sentir celui du plus jeune lui donnait l'impression d'avoir un cœur battant lui aussi. Il se trouvait encore plus proche de lui.

Le baiser était d'une allure plutôt lente. Ils voulaient tous les deux profiter de cet instant car, l'un comme l'autre, ils s'étaient demandé toute la journée s'ils recommenceraient un jour ou non. Leurs souffles se mêlèrent, et l'intensité de leur étreinte augmenta progressivement. Leur baiser devint plus profond, plus passionné, comme s'ils se découvraient mutuellement et qu'ils tombaient un peu plus dans chaque recoin de cette nouvelle connexion.

Une des mains de Wooyoung lâcha l'épaule du blond pour venir se placer à l'arrière de son crâne, tirant légèrement les mèches entre ses doigts au rythme de leur baiser. Lorsqu'ils sentirent leur respiration manquer, ils se décollaient quelques secondes à peine avant de replonger sur les lippes de l'autre, incapables de se décoller de l'autre tant ils trouvaient la sensation addictive.

Mais à un moment où un autre il fallait bien qu'ils se séparent. Alors ils se détachèrent de concert pour se regarder ensuite. Les joues de San étaient rougies, et Wooyoung trouvait ça absolument adorable.

- Tu embrasses beaucoup trop bien pour ne jamais avoir embrassé personne. T'es certain que t'as jamais embrassé quelqu'un avant moi ?

Le blond hocha négativement la tête, puis après n'avoir laissé que le son de leurs souffles résonner il ajouta :

- Est-ce que c'est mal de vouloir recommencer ?

- Pas à ce que je sache.

Ils se regardèrent dans le blanc des yeux, mais ils étaient incapables de résister à cette tension qui était réapparue. D'un commun accord ils raccrochèrent leurs croissants de chair ensemble.

Aucun d'eux ne voulait arrêter, mais Wooyoung savait qu'il devait y mettre fin avant que ce ne soit encore plus dur se détacher. Il mit cette fois-ci fin plus rapidement au baiser, laissant San dans l'incompréhension.

- Je pars de bonne heure demain, il faut que je dorme...

- Reste ici pour la nuit, lui demanda San en glissant sa main dans la sienne.

Wooyoung murmura un d'accord avant de partir se changer. Il revint peu après, rejoignant San qui s'était glissé sous la couette. Une fois installé, San le regarda avant de lui pointer son cœur du doigt.

- Je peux ?

Le noiraud hocha la tête, pensant que San allait placer sa main comme à son habitude. Mais à la place il se rapprocha et posa son oreille contre son organe vital, posant sa tête contre son corps. Wooyoung, d'abord surpris, posa ensuite sa main sur ses cheveux et les caressa tranquillement.

- Excuse-moi de partir comme ça. J'espère que tu ne m'en veux pas trop.

- Non, je comprends. C'est a famille, tu viens de là bas. J'ai vu à quel point tu étais différent avec eux, à quel point tu te libérais. Je t'avais jamais vu sourire comme ça.

- Tu es sûr que ça va aller de ton côté ?

- Je pense que ça va me manquer de ne pas avoir de personne avec qui parler toute la nuit, ou de sentir battre ton cœur, mais tu m'as beaucoup appris. Merci pour tout ça, pour me laisser vivre réellement.

- San, tu peux me regarder deux secondes s'il te plaît ?

Le nommé fit ce que lui demanda Wooyoung, plongeant son regard dans le sien.

- Est-ce que je peux te voir sourire ?

- Seulement si tu me souris aussi.

Les lèvres de Wooyoung s'étirèrent naturellement en entendant la réponse que San venait de lui dire. Celui-ci sourit en retour, ses yeux s'étirant au même son que ses lèvres.

Wooyoung voulait penser le moins au fait que le lendemain il ne le verrait plus. Il repensa à tous les moments qu'ils avaient passés, à tous les récits qu'il lui avait racontés sur sa vie, à toutes les fois où San avait refusé de laisser sa main quitter son cœur.

Wooyoung se rapprocha du visage de San et vint l'embrasser au coin de la lèvre, à la frontière de son sourire, avant d'embrasser la fossette du même côté. Il se recula ensuite, admira quelques secondes le sourire sur son visage.

- Bonne nuit Sannie, murmura Wooyoung en éteignant la lumière.

Il sentit San se blottir à nouveau contre lui. Le sentir aussi proche l'apaisait, lui permettant de s'endormir plus rapidement qu'il ne le cru.

San s'était lui aussi laissé envahir par le sommeil, enserrant San en espérant le retrouver le lendemain matin.

Mais le lendemain, lorsque les rayons du soleil commencèrent à illuminer sa chambre, la seule chose qu'il trouva dans son lit était la fraîcheur du matelas, et un bout de papier posé sur son bureau signé Wooyoung.

ʟᴏᴀᴅɪɴɢ...

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