Wooyoung était en chemin pour rentrer à son appartement. Il était passé par des petites rues dès qu'il avait quitté le Bureau Central, où il n'y avait personne afin de pouvoir donner des nouvelles à ses amis via le talkie-walkie qu'il avait retrouvé dans l'ancienne base.

En fouillant dans son sac quelques jours auparavant, il avait trouvé des piles. Il n'avait d'abord pas vu à quoi cela pouvait lui servir, mais lorsqu'il avait retrouvé ce talkie déchargé il était content de les avoir. Au moins, il avait la certitude que ses amis avaient bien reçu les données et qu'il n'avait pas mis en danger sa vie pour rien.

Quelques semaines plus tôt, il était convaincu qu'il rentrerait chez lui aussitôt qu'il aurait réussi à transmettre les données du gouvernement, mais au fur et à mesure des jours, il avait trouvé une nouvelle raison de rester ici. Une chose qui l'intriguait tout autant voire bien plus que les secrets de l'Etat... ou devrions-nous dire quelqu'un ?

Il avait été déterminé à trouver pourquoi San se comportait de cette façon, entre-autre de par ces soudaines larmes que seules les anomalies étaient censées ressentir. Et désormais il les avait ces réponses. Mais Wooyoung n'était pas du genre à abandonner. Lorsqu'il avait une idée en tête, il allait jusqu'au bout. Et ça même si sa vie était en danger, comme actuellement en restant près d'un mois dans un endroit où à chaque seconde on pouvait lui tomber dessus.

C'était décidé, Wooyoung allait tout dire à San. Aujourd'hui. Mais bien sûr, il ne pouvait pas arriver devant lui et lui dire "fait une plus grosse crise, comme ça tu deviendras une anomalie". Ça ne marchait pas comme ça, et même s'il avait réussi à garder San de son côté jusque là, rien n'était dit qu'il ne le dénoncera pas après avoir appris la vérité. Mais Wooyoung était prêt à prendre ce risque si cela signifiait que San devenait libre de lui même.

Vivre sans connaître la joie ou l'amour, qu'il soit fraternel, amical, amoureux ou d'une autre nature, Wooyoung ne pourrait pas l'envisager. Et San le captivait bien trop, donc maintenant qu'il voyait qu'il y avait une chance pour qu'il puisse pleinement connaître la vie, il était prêt à l'aider.

Lorsqu'il entra dans l'appartement, il fut surpris de ne pas voir le blond. Il savait que ce dernier était lui aussi en jour de repos, mais il avait pris l'habitude de le prévenir lorsqu'il partait.

Wooyoung s'assit donc sur le canapé en attendant qu'il rentre. Le plan qu'il avait en tête, il l'avait trouvé dès qu'il avait lu ce journal de bord des chercheurs sur le cas de cette personne qui avait subit les mêmes "problèmes" que San. Et il était aussi stressé qu'excité à l'aide de le mettre en pratique. Il ne savait pas comment ça allait se finir, mais il y avait deux options : soit ça fonctionnait, soit il était mort. Et Wooyoung espérait réellement que la deuxième option ne pointe pas le bout de son nez.

Après une quarantaine de minutes passées à somnoler sur le canapé, Wooyoung entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Il leva la tête et vit San, transpirant et essoufflé.

- Où est-ce que tu étais ? Demanda Wooyoung lorsqu'il vit le blond, se déplaçant jusque la cuisine ouverte pour prendre un verre d'eau.

- Je suis sorti courir avec Yunho, mais t'étais pas à l'appart quand je suis parti. Et toi, où est ce que tu étais ?

- Sorti marcher un peu tant qu'il n'y avait pas grand monde.

San hocha simplement la tête puis il quitta le salon en disant à Wooyoung qu'il allait prendre sa douche.

Allez Wooyoung. Dès qu'il sort tu lui dis, se dit-il à lui-même pour se motiver.

Il avait déjà attendu presque une heure que San revienne, mais il eût l'impression que la douche de San prit le double du temps. Sans doute à cause de l'angoisse qui montait. Il voulut crier "enfin !" lorsqu'il entendu la porte de la salle de bain s'ouvrir. Mais lorsqu'il vit le blond en peignoir, il lui laissa un peu plus de temps pour s'habiller.

Ce fut finalement après trente minutes que Wooyoung leva son postérieur du canapé pour se diriger vers la chambre de San. Une fois devant la porte, il toqua puis l'ouvrit en entendant l'accord de San.

- San, j'ai besoin de te parler.

Lorsqu'il entra dans la pièce, Wooyoung vit San allongé sur son lit avec un livre à la main.

- Qu'est-ce que tu lis ?

En entendant sa question, San leva le livre un peu plus et Wooyoung reconnu la couverture de ce livre, qu'il voyait souvent avec San. Le fameux livre sur les émotions. 

- Mon livre sur les émotions. Il y a quelques témoignages d'époques sur les anciennes populations, un peu comme les anomalies aujourd'hui. Mais à défaut de demander à une anomalie je me suis dis que je pouvais peut-être me renseigner sur ce que j'ai.

- En fait je crois avoir trouvé ce que tu as, avoua Wooyoung, captant à mille pourcents l'attention de San.

- C'est vrai ? Dit-il en fermant son livre et en se levant, se plaçant juste devant le noiraud.

Wooyoung avait réussi à attraper son attention et il était déjà un peu plus soulagé. Maintenant, c'était l'heure des choses sérieuses.

- Oui, je pense. Confirma-t-il.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Pour qu'on ait des réponses j'ai besoin que tu te remettes dans cet était. Où tu ne te sens pas toi même.

- Je peux pas le contrôler Wooyoung. Ce n'est pas volontaire.

Tout aurait été beaucoup plus simple si San avait été capable de le contrôler et de refaire subir un dysfonctionnement à son cœur, mais s'y étant attendu, Wooyoung avait un plan B. Un plan beaucoup plus risqué.

- J'ai une idée... Mais pour ça je dois être sûr que tout ça reste entre nous. Personne de la Brigade ou du Bureau Central ne doit savoir.

- Je suis d'accord, je dirais rien.

- Bien. Donne-moi ta main.

Wooyoung regarda San dans les yeux, puis il vit le blond lui tendre la main. Il savait que San ne connaissait rien du plan qu'il avait en tête. Il observa la main de San, prit son poignet et replongea son regard dans le sien.

- Je veux que tu me dises précisément ce que tu sens, ok ?

- D'accord.

Le noiraud vit le regard de San redescendre sur sa main. Il ne la quitta pas des yeux, curieux de ce que Wooyoung s'apprêtait à faire. Juste après, ce dernier approcha la main de San contre son corps, plus précisément vers le torse du blond. Lorsque la main de San fut en contact avec son torse, San releva sa tête et regarda Wooyoung.

- Qu'est-ce que tu sens, là.

San sembla regarder l'autre avec interrogation, mais même s'il ne comprenait pas vraiment il lui répondit.

- Je sais pas, rien du tout.

Wooyoung hocha la tête, puis les deux garçons regardèrent à nouveau leurs mains. Wooyoung ne bougea pas pendant quelques secondes, l'anxiété commençant à grimper, mais il se décida à bouger la main de San pour l'amener vers son propre corps.

- Et maintenant, qu'est-ce que tu sens ? Demanda Wooyoung en regardant à nouveau San alors qu'il plaçait sa main désormais sur son corps à lui, plus précisément sur la peau cachant son organe vital battant.

San ne comprit tout d'abord pas à quoi cela servait, mais à la seconde ou sa main entra en contact avec le tissu fin du t-shirt de Wooyoung, il resta bouche bée.

Le torse de Wooyoung bougeait.

Il se soulevait. Quelque chose battait en lui...

Un cœur battant, un vrai.

Brutalement, il sentit un frisson électrique le traverser dans tout son corps. Il sentait quelque chose imploser en lui et ne pu retenir un cri de douleur.

- A-Aagrh ! W-W-W-ooy-you-young  ! Qu'e-est ce qu-que-

Le blond n'arriva pas à finir sa phrase. C'était comme si sa voix était enfermée dans ce bazar qui se déroulait dans son propre corps. Des larmes envahirent rapidement son visage, beaucoup de larmes, tellement de larmes qu'il finit par tomber au sol, incapable de se relever, de bouger hormis gémir de douleur.

Wooyoung écarquilla les yeux à la seconde où il entendit San hurler. Jamais il ne l'avait entendu crier aussi fort, ni crier du tout. Lorsqu'il le vit tomber au sol, il n'arriva plus à réagir.

Q-Qu'est-ce que j'ai fais ?

L'inquiétude le prit immédiatement tout comme l'incompréhension. San était presque allongé au sol, ses mains contre son torse tandis que ses yeux étaient fermés à fait. La souffrance semblait avoir prit le contrôle de son corps, mais Wooyoung ne savait pas ce qui avait pu le faire réagir aussi fort.

- W-W-Woo ça f-fai-ait m-m-m-mal !

Lorsque San parvint à ouvrir les yeux pendant une infime seconde, il plongea son regard dans celui de Wooyoung qui comprit immédiatement la situation.

San ressentait toute l'intensité des émotions. Il découvrait pleinement les sentiments qu'il n'avait jusque là jamais ressentis.

Prenant enfin conscience de l'importance du moment que San était en train de vivre, Wooyoung se baissa à son niveau et s'assit au sol. Il prit ensuite le blond dans ses bras fermement et maintint sa tête au niveau de son cœur pour qu'il puisse entendre chaque battement, chaque coup de son organe vital qui lui montrait qu'il était là pour lui.

Wooyoung se sentait à la fois coupable et fier d'avoir éveillé cela chez-lui. Il avait réussi à déclencher cette bombe en lui qui lui bloquait sa vie, mais le voir hurler ainsi lui faisait presque regretter sa décision.

Les yeux de Wooyoung s'humidifièrent en voyant le jeune homme se pleindre sans qu'il ne puisse l'aider. Pour la première fois de sa vie, San sentait quelque chose sans aucun blocage, sans aucune barrière. Wooyoung ne disait rien, caressant doucement son corps. Il voulait laisser San se concentrer sur tout ce qu'il ressentait.

Cependant, Wooyoung ressentait une émotion plus fort que les autres en voyant le plus vieux pleurer dans ses bras. Parmi la crainte, l'angoisse, la culpabilité, un sentiment plus fort que les autres se démarqua. Un sentiment d'affection intense, d'attachement. Un sentiment bien trop fort pour que ce ne soit que de la préoccupation. Il comprit enfin pourquoi depuis quelques jours son cœur réagissait différemment à ses côtés, pourquoi il sentait ses joues se réchauffer sans raison précise.

- Chut... je suis là. Je ne te quitte pas, concentre-toi sur les battements de mon cœur, lui murmura-t-il à l'oreille.

La douleur que ressentait San ne se calma pas. Intérieurement, un tourbillon d'émotions embrasait chaque fibre de son être, faisant jaillir un feu d'artifice émotionnel vibrant au rythme de son cœur déchaîné. Il sentait son corps dérailler beaucoup plus fort que les précédentes crises qu'il avait eues. Ces légers dysfonctionnements n'avaient rien à voir à côté de ce qu'il ressentait en ce moment même.

San sentait ses larmes couler le long de ses joues. C'était comme si tous ses fardeaux et malheurs jaillissaient enfin après avoir été resté enfermé dans son corps pendant plus de deux décennies. Mais ce sentiment, bien que douloureux, lui donnait une impression de libération intense. Jamais il n'avait ressenti ce bien fou.

San ne le savait pas, mais les larmes qui coulaient n'étaient pas seulement des larmes de tristesses. Aujourd'hui, il venait d'apprendre ce qu'était la joie.

Le corps du blond tremblait violemment, menaçant de céder sous le poids de la terreur qui l'envahissait. Une sensation d'oppression enserra sa gorge, lui coupant le souffle et l'empêchant de parler, lui permettant que d'exprimer sa douleur.

Une autre sensation prenait son corps. Une sensation bien plus douce que les autres, se perdant dans toutes les autres qui le faisaient paniquer. Il arrivait à sentir chaque caresse, chaque touché le long de son dos, créant une frénésie indéfinissable, une chaleur se répendant dans tout son corps et qui le rassurait peu à peu.

San ressentait la tristesse, la joie, la peur, l'amour, tout en même temps, lâchant une explosion de sensations dans son tout son être.

Pendant plus de cinq minutes Wooyoung maintint San contre lui, ne cessant sous aucun prétexte les caresses et les murmures pour le rassurer. Même s'il pensait ne servir à rien au départ, il entendit les cris de San se calmer peu à peu, ne laissant que ses sanglots se manifester et sa respiration s'entre-couper.

Lorsque le blond se calma enfin, Wooyoung put sentir qu'il était à bout de forces ce qu'il pouvait comprendre. Ça avait dû être un choc pour lui de sentir toutes ces nouvelles choses. Mais Wooyoung serait là à l'avenir. Désormais, il ne le quittait plus et il l'aiderait à apprendre la vraie vie.

- Hé, San, murmura Wooyoung en le secouant légèrement.

San entre-ouvrit les yeux pour le regarder, n'arrivant même pas à se redresser.

- Vas te reposer. Tu es à bout de force.

- A-Alors reste avec moi. Je v-veux l'entendre, répondit-il en pointant le cœur de Wooyoung.

Le noiraud hocha la tête en souriant, portant San jusque son lit qui était juste derrière eux. Il s'allongea juste à côté de lui, et ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il vit San essayer de se placer contre lui. Il l'aida en se rapprochant et laissa ainsi le blond coller son oreille à son cœur qui battait.

Rapidement, il senti la respiration de San reprendre son rythme normal. Il ne le quitta pas du regard, et lorsqu'il fut assuré qu'il était endormi il laissa ses doigts divaguer dans ses mèches blondes. Il l'observa avec tendresse, les tensions s'envolant doucement de son visage. Même s'il était endormi, il voulait lui apporter du réconfort plus que jamais.

L'évènement qui venait de se passer lui avait permis de prendre conscience de plusieurs choses, la principale étant ce qu'il sentait de plus fort intérieurement à ce moment là. Wooyoung venait de le comprendre, il était en train de tomber amoureux de lui.

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ʟᴏᴀᴅɪɴɢ...

Gros évènements dans ce chapitre, j'espère que vous l'avez apprécié !

On arrive à voir un peu mieux comment la suite va se passer mais préparez-vous (je ne dirai rien de plus ;) )