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Chapitre 2

     24 juin 2034. 06h59.
     J'ai encore fini par m'endormir. Encore une fois, je ne pensais pas m'endormir, je pensais ne jamais dormir, mais le sommeil m'a rattrapé. Maintenant, le soleil entre facilement dans la chambre.
     Tous les soirs, sauf les trois premiers, je ne pensais pas dormir, à continuer de pleurer, dès que la nuit arrivait. Et tous les matins je me réveille, l'oreiller trempé de larmes.
     Je rêve. Oui. Je rêve d'elle. Mais je ne me souviens de rien. Si ce n'est de quelques particules. Ses sourires. Mais je ne sais pas si c'est des rêves ou des souvenirs.
     J'observe le plafond, blanc, monotone, uni. Et pourtant, je vois des images se former.
     Je finis par me lever, je ne peux pas simplement rester comme ça. Je tire les rideaux, et le soleil pénètre dans la chambre. Il ébloui mes yeux, encore humides de larmes. J'ouvre la fenêtre avec difficulté et m'avance sur le balcon. Je m'adosse à la barrière, et mon regard se perd au loin, sans vraiment se porter sur un élément du paysage.
     Je vois les mêmes montagnes, le même étang, le même soleil, le même ciel. Et pourtant elle n'est pas là. Ma tête se tourne à gauche, mais je ne vois pas Amara.
     Les larmes montent. J'éclate en sanglots. Mes jambes tremblent. Elles ne peuvent plus me porter. Je commence à tomber, m'accrochant à une barre pour adoucir ma chute. Je me retrouve en boule, contre la barrière. Seule. Seule dans cette auberge. Mes larmes sont mes seules camarades. Aucun bruit humain ne vient troubler cette solitude.
     Mes pleurs viennent s'écraser au sol, formant une petite flaque, de plus en plus grande.
     Et je la revoie. Toute la scène. Toute la fin de la journée. Je me revoie, portant Amara comme une princesse. Je me voie de l'extérieur, alors que c'est impossible. Mais je le vois. Je vois sa tête retomber en arrière, n'ayant pas la force de la retenir.
     J'entendais les coups de feu, j'entendais les explosions. Peu après avoir quitté le Puy Saint-Mary, j'ai commencé à entendre tous ces sons. J'ai vite compris que notre armée était arrivée en renfort, ou plutôt pour combattre l'armée de la Dernière Division, qui était aussi arrivée. Les miens m'avaient alors permis une retraite sécurisée.
     Je n'avais plus la force de courir, alors je me contentais de marcher, Amara dans mes bras. Elle respirait, je sentais sa poitrine se soulever, son corps bouger à un rythme régulier.
     Au bout d'un certain temps, l'hélicoptère était arrivé. Je n'avais pas compté les minutes de marche, je savais juste que j'étais à bout de souffle, mais qu'il fallait que je continue. Je n'étais pas arrivée au sud de la ville, au point de rendez-vous, mais on nous avait rapatriées. Le pilote n'était pas le même qu'à l'aller, mais je n'avais pas d'autre choix que de lui faire confiance.
     Dès l'instant où j'étais montée dans l'hélicoptère, après avoir attaché Amara, j'avais ressenti cette puissante douleur à la hanche. Une autre douleur, un peu moins fulgurante au dos. L'adrénaline était redescendue. J'avais fait mon maximum pour Amara, mon corps pouvait prendre le temps d'exprimer sa douleur.
     Cependant je n'avais rien dit, je ne voulais pas qu'Amara l'entende et s'inquiète. Elle semblait dormir, mais elle respirait toujours. Son sang coulait toujours autant, et le pilote m'avait donné les instructions pour empêcher au mieux l'hémorragie. J'avais alors osé demandé à Amara, ce qui me trottait dans la tête depuis le matin.
     Quelle était la cause de sa larme. Elle avait ouvert les yeux, et m'avait fait des signes. Elle m'avait répondu en langage des signes.
     Son frère est naît sourd, alors elle avait appris cette langue dès ses quatre ans. Tandis que moi, je ne connaissais que quelques mots que j'avais appris au lycée, après avoir vu A Silent Voice, afin d'avoir une manière de m'exprimer, lorsque je n'y arrivais pas avec la voix. J'ai interprété tout ça sur une peur. Elle avait peur que je la quitte, d'une manière ou d'une autre, séparée par la mort.
     Je n'avais pas saisis beaucoup de mots, mais j'avais compris "Je t'aime".
     Je lui avais pris la main, et lui avais chuchoté qu'elle n'allait pas mourir ce jour-là. Elle allait survivre, elle ne me quitterai pas d'aussitôt. J'ai dit tous ces mots, en y croyant. J'y croyais du plus profond que je le pouvais. Mon cœur me criait qu'elle resterait avec moi. Tout mon être croyait ces mots.
     Je n'avais plus rien dit, et le pilote s'était aventuré à briser le silence. Il nous l'avait alors expliqué.
     La guerre avait débuté.
     Déjà beaucoup de batailles avaient débuté au même instant. J'ai pu le voir depuis l'hélicoptère. Des villes entières en feu. Des explosions de partout. L'hélicoptère nous a emmenés au grand hôpital le plus proche, craignant une attaque aérienne.
     Amara a survécu jusqu'à l'hôpital. Elle fut prise en charge immédiatement, et on m'a fait patienté, sans nouvelle. Elle était dans une simple chambre, je la pensais hors de danger. J'attendais devant sa chambre les bonnes nouvelles. Mais après quelques heures, la porte s'est ouverte violemment, on l'a sorti en vitesse, pour l'emmener en réanimation.
     Pourquoi ne l'avaient-ils pas emmené plus tôt ? Ils n'avaient pas de place ? La guerre avait déjà trop fait de blessé ? C'est ce qu'ils m'ont dit lorsque j'attendais devant la nouvelle salle. Son cas était moins grave que ceux en réanimation, jusqu'à ce qu'il ne s'aggrave. Ils n'ont pas su l'y emmener à temps. Ils ont mal évalué le danger. Ils ont mal évalué ses blessures.
     Ils sont venus me chercher, et j'ai compris à leurs expressions. Je me suis précipitée à son chevet, j'ai saisis sa main et je l'ai serré. Je lui ai répété "Je suis là". Je le lui ai répété. Encore et encore. Je ne sais combien de fois. Puis je l'ai entendu. J'ai entendu le biiip. Celui que personne ne veut entendre. Celui annonçant son décès.
     Elle était morte.
     Elle était morte le 30 avril 2034, à 01h27.
     Je me suis effondrée, j'étais incapable de bouger. Incapable de parler. Je ne faisais que pleurer.
     Le pilote, qui était encore là, a signalé qu'il semblait m'avoir vu blessée. On m'a alors saisis, et on m'a installé dans un lit d'hôpital. Dans la même chambre que celle où Amara était, une heure auparavant. Puis ils sont partis.
     Je suis restée seule, pendant de nombreuses heures. J'ai pleuré, pleuré, et encore pleuré. L'oreiller, et même le matelas était trempé.
     Les médecins sont revenus, après le levé de soleil. Ils m'ont examiné, et ont décrété que j'avais une fracture de la hanche. Ils m'ont pris pour une folle pour avoir continué de marcher avec une telle blessure. Ils n'ont pas voulu m'écouter lorsque je leur ai dit que j'avais ressentie la douleur qu'après être montée dans l'hélicoptère.
     Ils m'ont pris en charge. Ils m'ont opéré, et ils ont été étonnés lorsque qu'ils ont remarqué à quelle vitesse je guérissais. Ce n'était pas habituel pour eux, ça l'était pour moi. enfin, seul mon corps guérissait au fil des jours. Je marchais comme avant après seulement une semaine, avec quelques difficultés et douleur, certes, mais mon corps se portait très bien. Mon esprit restait meurtris, vide. Ma famille est venue me voir, mais j'ai refusé leur visite. Je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état.
     Après deux semaines, je suis sortie de l'hôpital. J'ai passé une nuit chez mes parents, comme je n'ai aucun domicile fixe. J'ai toujours été logée à différents endroit, entre chaque mission. Mais après cette nuit, j'ai demandé à retourner dans cette auberge. Je ne connaissais ni le nom, ni le lieu. Mais je me suis débrouillée pour contacter mes supérieurs, et j'ai obtenu le nom, et toutes les informations nécessaires.
     Le lendemain, j'étais de retour dans la même chambre. Amara n'y étais pas.
     J'y suis encore, sans Amara. Je m'endors chaque soir en pleurs, me pensant incapable de dormir. Je me lève chaque matin, espérant m'être réveillée d'un cauchemar, souhaitant la revoir, en regardant le balcon voisin.
     Mais il n'en fut jamais le cas. J'observe ce même paysage chaque matin, puis j'éclate en sanglots. Je rentre dans la chambre, me rallonge sur mon lit. Restant immobile pendant des heures. Ne mangeant qu'un dixième de la part que l'on m'apporte. C'est devenu mon quotidien. Je ne comprends toujours pas comment mon corps peut encore contenir de l'eau, après toutes les larmes versée.
     Quand j'y pense, c'est la première fois que je me torture autant l'esprit avec ces scènes du passé. Je suppose que je fais enfin un pas en avant.
     En y pensant plus longtemps, Amara n'aurait jamais voulu que je me morfonde autant. Après tout, je savais très bien les risques de mon métier, autant pour elle que pour moi. Je ne peux pas rester aussi longtemps en arrêt maladie. Il va bien falloir que je reprenne du service. Comment une guerrière aussi puissante peut-elle se laisser détruire par une mort ?
     Je souffle un bon coup et me lève.
     Mes jambes tremblent, mes larmes coulent sans que je ne m'en rende compte. OK, je l'admet, c'est bien plus facile à dire qu'à faire.
     Mais je ne peux pas abandonner aussi facilement, Amara n'aimait pas une femme aussi pitoyable.
     Je rentre dans la chambre, face à mon armoire, et l'ouvre. Il faut que je me trouve des habits.
     Tiens ? C'est la première fois que je réfléchis à la manière dont je m'habille. Décidément, je ne cesse de m'étonner aujourd'hui. Comment puis-je me rendre compte de faits aussi évidents que ceux-ci, seulement maintenant ?
     Il faut vraiment que j'arrête de réfléchir autant, ce n'est plus habituel. Et quelque chose commence à cogner très fort dans ma tête.
     Je m'habille, me coiffe rapidement, et m'assois sur mon lit. Ces maux de tête répétés sont de trop. Moi qui voulait faire un effort, aller balader dehors. Avec un risque de m'évanouir, ce n'est pas le bon plan. Je m'allonge sur mon lit. Observe le plafond.
     Je reste immobile, pour une certaine durée, je ne compte pas les heures, ni les minutes ou les secondes. J'écoute. Le chant des cigales, les bruits de l'auberge. Il semblerait qu'il y ait de nouveaux locataires.
     Quelqu'un toque à la porte. Je me redresse, regarde l'heure. 12h30.
     Et merde ! Sans m'en rendre compte, j'ai refait la même chose que les autres jours. Au moins, aujourd'hui je m'en rends compte. Je suppose que c'est un progrès.
     Je me décide alors à parler. Certainement pour la première fois depuis un long moment.
     - Entrez.
     La porte s'ouvre et un homme entre, un plateau à la main. Ses cheveux sont grisonnants, son visage ridé. Il est assez âgé, mais paraît très gentil.
     - Bonjour, je t'apporte le repas.
     Il va le poser sur la table de la chambre, et se retourne vers moi. Il semble alors avoir une réaction, en voyant mes cheveux coiffés, et ma tenue un minimum soigné.
     - Et bien, ça a l'air d'aller un peu mieux.
     Je m'efforce de sourire.
     - Je suppose que oui.
     Je crois que c'est le propriétaire de l'auberge. Il semblerait qu'on ait discuté pendant mon séjour. Ou plutôt qu'il m'a parlé plusieurs fois.
     Il commence à se diriger vers la porte, puis se tourne de nouveau vers moi. Il pointe du doigt une sorte de sonnette, à coté de ma porte.
     - N'hésites pas à m'appeler si tu as besoin de quelque chose, ou simplement si tu veux discuter ou passer le temps avec moi. Un vieillard comme moi ne sait pas comment occuper ses journées. Et je connais quelques jeux de cartes sympas.
     Il m'adresse un sourire. Sincère. Je me sens obligée de lui sourire aussi, même si ça me prends beaucoup d'énergie. Il en semble soulagé. Puis en repensant à ses mots, je crois qu'il me les dit chaque jour en sortant.
     - Je crois que ta famille va passer te rendre visite cet après-midi.
     Puis il ferme la porte, me laissant dans la solitude. Je décide de me lever de mon lit, et je vais m'asseoir au bureau, devant mon assiette. L'appétit ne me ronge pas l'estomac, mais je parvient quand même à avaler la moitié de mon repas.
     Je décale alors le plateau sur la bibliothèque, pour libérer le bureau. J'y pose alors mes coudes, joint mes mains et appuie ma tête dessus. Je ferme les yeux, et prends de grandes respirations.
     J'ouvre rapidement les yeux, je ne me laisserais pas rattrapée par le temps comme ce matin.
     Mon regard se pose alors sur le coin de la table.
     Les deux carnets sont là, ils n'ont pas bougés.
     Je les prends et les pose devant moi. De l'extérieur, ce sont les mêmes. Mais à l'intérieur, la personne qui y a écrit en dernier est différente.
     Je saisis celui de gauche, et l'ouvre à la dernière page.
     "je t'aime"
     Ces simples mots que j'avais imprimé sur le papier, qui m'avait valu le baiser d'Amara. Qui avaient tant de valeurs, tant d'importance.
     J'avais l'impression qu'ils s'étaient envolés avec sa destinatrice, mais ils sont toujours là, emprisonnés. Quelques larmes coulent, venant s'écraser sur mes genoux.
     Chaque souvenir m'arrache des pleurs. Comment est-ce possible ? Comment ne puis-je pas être capable de me relever ? J'avais l'habitude de me tenir debout, même après la plus dure des chutes. Et pourtant j'en suis incapable. Je ne suis qu'une femme trop sensible. Une femme qui s'effondre dès qu'on s'attaque à ses émotions.
     Je me dépêche de refermer ce carnet, et saisis l'autre.
     "Vivre pour survivre ou survivre pour vivre ?"
     J'avais presque oublié cette question philosophique. J'ai du mal à croire que c'est le dernier message écrit qu'elle m'ait laissé.
     Je commence à chercher une feuille et un stylo, pour répondre à cette question. Je ne compte pas remplir quatre feuilles, mais il faudrait quand même une sorte de brouillon. Ce n'est pas le genre de réponse que l'on donne en deux secondes.
     Puis je me rappelle que je vais avoir une visite de ma famille, je ne vais pas pouvoir y consacrer mon après-midi alors autant ne pas le commencer, pour ne pas avoir à m'arrêter en plein milieu.
     J'arrête ma recherche, prends le plateau de mon repas, et ouvre la porte de ma chambre. Il faut bien que je sorte un peu, ce serait cool de ne pas laisser le propriétaire tout faire.
     Je finis par franchir le pas de la porte, que je referme. J'ai laissé la clé à l'intérieur, mais je ne vais pas m'absenter longtemps, et puis je doute que quiconque va rentrer dans cette chambre.
     J'avance à pas lent dans le couloir, je ne l'ai vu que lors de mon arrivée, c'est un peu étrange. Je me sens comme une inconnue en ces lieux. Je finis par arriver dans le salon, puis j'atteins la cuisine. Par chance, je trouve un employé, qui m'indique où poser le plateau. Il a l'air étonné de me voir, je pense que c'est parce qu'il ne m'avait jamais vu. Mais après réflexion, ce ne doit pas être habituel que des locataires viennent rendre leur plateau.
     Quoiqu'il en soit, je ressors de la cuisine et retourne dans le salon.
     - Tiens Lilith ! Que fais-tu ici ?
     Je me retourne et vois le propriétaire qui me sourit.
     - Et bien, je suis venue rendre le plateau du repas, je suppose que j'avais besoin de marcher un peu...
     - Bonne idée.
     Il y a alors un silence, je ne me sens pas de retourner immédiatement à ma chambre, mais le propriétaire n'a pas grand chose à dire. Il finit tout de même par briser le silence.
     - Ta famille devrait arriver d'ici moins d'une demi-heure, que dis-tu de faire un jeu en attendant ?
     J'hoche la tête et vais m'asseoir sur un fauteuil, face à une table. L'homme fait demi-tour vers une autre salle, et revient deux secondes plus tard, avec deux jeux de cinquante-quatre cartes en mains.
     - Que dis-tu d'un rami ? C'est un peu vieux mais c'est un classique. Et c'est sympathique, non ?
     J'hoche de nouveau la tête.
     - Et bien, tu n'es pas très bavarde toi !
     - Désolée...
     - Ne t'excuse pas, ce n'est pas un défaut.
     Je me sens quand même un peu mal, j'ai pourtant l'habitude de tenir les conversations, pourquoi j'ai du mal à prononcer un seul mot ? Le silence s'installe pendant qu'il mélange et distribue les cartes.
     Je prends mon jeu et le trie. Puis je me risque enfin à dire quelque chose, ce n'est sûrement pas la meilleure chose que je pouvais demander, mais tant pis.
     - Excusez-moi, vous vous appelez comment déjà ? Je suis désolée si vous m'aviez déjà dit votre nom...
     Il semble rire un peu puis me répond, avec ce même ton chaleureux.
     - Tu devrais arrêter de t'excuser à chaque fois que tu parles, et tu n'as absolument pas besoin de me vouvoyer. Enfin, je m'appelle Henry.
     Je le remercie d'un signe de tête, puis nous commençons à jouer.
     Pendant les parties, il engage plusieurs fois la conversation. Il me pose différentes questions, comme mon âge, mon métier. Il cherche à m'empêcher de m'enfermer sur moi-même, et il y arrive. Je finis par lui répondre, avec des mots. Des phrases. Je ne me contente plus de hochements de tête.
     Je lui pose même moi-même des questions.
     Il ne m'a pas proposé un jeu pour passer le temps, il m'en a proposé pour m'empêcher de retourner dans ma chambre, pour m'empêcher de rester seule avec ma tristesse.
     Après de nombreuses parties, ma famille arrive. Elle rentre dans l'auberge et me vois.
     Et je les vois. Mes parents, mon frère et ma sœur. Ils sont venus tous les quatre. Et ils sont tous les quatre étonnés de me voir, hors de la chambre. La dernière fois que mes parents sont venus, c'était il y a environ deux semaines, et j'étais restée allongée sur mon lit, à ne pas dire un mot.
     Je quitte Henry, et rejoins ma chambre avec le reste de ma famille. Au final, ma chambre est restée inoccupée pendant plus de temps que prévu. Je m'installe sur ma chaise et leur propose de s'asseoir sur mon lit.
     Ma sœur sort alors quelques mangas de son sac. Elle me connaît bien, elle sait quels sont ceux dont j'attendais la suite. Je les prends et les pose sur la bibliothèque. Mon frère me tend un livre. Il n'a jamais été du genre à m'offrir quoi que ce soit, mais il devait quand même savoir que j'aime lire.
     Mes parents m'ont apporté mon matériel de dessin, ou plutôt une partie, et deux de mes peluches. Ils devaient difficilement en ramener plus, sinon ils l'auraient fait, ils savent bien à quel point j'adore mes peluches. L'une d'elle date de mes dix ans, l'autre de me quatorze. Je me souviens de l'âge et de la situation dans laquelle je les ais eu.
     Je les remercie tous, nous passons un peu de temps à discuter, puis ils quittent ma chambre. Ils sont quand même dans l'auberge, ils ont réussi à réserver deux chambres pour la nuit. Il n'y en avait pas plus de libre, alors mon frère et ma sœur vont devoir dormir ensemble. Ce n'est pas une grande auberge.
     Je me retrouve de nouveau seule, mais ce sentiment de solitude m'a un peu quitté. La visite de ma famille, le rami avec Henry. Je ne sais pas par quelle sortilège, mais tout ça m'a bien aidé.
     Il est déjà presque dix-neuf heures, je reste allongée sur mon lit pendant un bon moment, puis Henry vient m'informer que le repas est prêt, et pour la première fois, je sors le prendre dans le salon, avec les autres locataires.
     Logiquement, je ne suis qu'à la table de ma famille, mais je me sens bizarre d'être dans la même pièce que d'autres personnes. Je ne les regarde pas une seule fois de tout le repas.
     Puis vers vingt-et-une heure, tout le monde rejoint sa chambre. Je me prépare, puis je vais directement dormir.
     L'absence d'Amara me pèse. Je sais que dans tous les cas, elle ne serait pas dans la même chambre que moi, et encore... Enfin, avoir conscience de ce vide qu'elle a laissé, ça fait couler d'autres larmes.

     Le lendemain matin, mes parents, mon frère et ma sœur réussissent à me sortir de l'auberge, et à m'emmener en randonnée dans les montagnes. Celles que je me contentais de regarder, depuis le balcon, jusqu'à présent.
     Puis en début d'après-midi, ils prennent la voiture pour rentrer. Ils me proposent de rentrer avec eux, mais je refuse immédiatement. Et ils n'en sont pas surpris.
Je ne fais rien d'autre de la journée.

     Puis le jour d'après arrive. Je me réveille de nouveau tôt, il est 07h04. Et comme ma famille est venue pendant le week-end, je sais qu'on est un lundi, le lundi 26 juin.
     Je réalise qu'il faut que je recommence à prendre compte du jour que l'on est. Qu'il faut que je recommence à surveiller les heures. Je ne peux pas me laisser emporté par le temps, comme les deux derniers mois.
     Et je pense qu'une montre sera mieux qu'un téléphone. Seulement, mes parents ne m'en ont pas apporté, et ce n'est pas ce que je vais trouver facilement. Déjà, je peux être rassurée d'avoir de l'argent, ma famille m'en a laissé suffisamment.
     Sans perdre de temps, je me résigne à sortir seule hors de l'auberge. J'avoue, ça m'effraie un peu... Quelle ironie n'est-ce pas ? J'étais celle qui sauvait le monde, ou du moins les habitants du pays pour lequel je travaille. Et maintenant, croiser le moindre être vivant me met mal à l'aise.
Je finis tout de même par m'habiller, me coiffer, et je sors de ma chambre, la fermant à clé. Je rejoint alors le bureau d'Henry et engage la conversation.
     - Excuse-moi, où est-ce que je pourrais trouver un magasin, pour acheter une montre ? Je sais que c'est vintage, mais ça doit quand même exister.
     Henry relève la tête de son journal et me regarde avec étonnement.
     - Tu veux sortir ? Enfin, je crains que le village le plus proche, produisant ce que tu désires, ne se trouve qu'à vingt kilomètres d'ici. Mais je peux éventuellement t'y conduire, il faut juste que je vérifie qu'aucun client n'est supposé arriver.
     - Ce ne sera pas nécessaire merci. Tu pourrais m'indiquer la direction ?
     - Mais tu vas mettre au moins quatre heures à y arriver en marchant !
     - Pas si je cours.
     Je lui fais un clin d'œil, il soupire de désespoir mais finis par m'expliquer le chemin.
     - Fais attention à toi. Enfin, j'imagine que tu es assez forte pour te défendre.
     Je le remercie et pars immédiatement. Je commence par courir lentement, je ne sais pas si mon corps est encore assez habitué. J'atteins rapidement un vitesse stable et satisfaisante.
     Il faut aussi que je m'achète des écouteurs, j'aurais bien aimé courir avec de la musique.

     J'arrive enfin au village, après deux heures de course. Mon corps se fatiguait assez vite, j'ai dû prendre plusieurs pauses. Mais j'y suis enfin.
     Ce village n'est pas très grand, mais assez pour que je ne saches pas où aller. Je repère l'endroit par lequel je suis arrivé, puis je m'aventure dans les ruelles.
     Après quelques minutes, je croise une bande de jeunes, ils sont probablement au lycée.
     - Excusez-moi, vous savez où je peux trouver un magasin de montres.
     Ils se regardent entre eux, puis celui qui semble être le "chef" se tourne vers moi et siffle.
     - T'es mignonne toi !
     Sans attendre, mon poing part de lui-même et vient s'enfoncer dans son ventre. Malheureusement pour lui, il était à portée de mon coup, et je n'ai pas perdu mes capacités. Mon attaque le projette au sol, avec violence.
     - Ça t'apprendra à mal traiter les femmes.
     Il se relève immédiatement et toute sa bande s'en va en courant. Je ne peux pas croire que ce genre de comportement est toujours d'actualité...
     Enfin, je suppose que je vais devoir trouver mon chemin seule.
     J'arrive enfin à destination. Avec l'argent de mes parents, je m'achète une belle montre, puis m'achètes une paire d'écouteurs sans fils. Ils ne sont plus très chers de nos jours, contrairement aux montres qui pour certaines sont de collection.
     Je me dirige alors vers la sortie de la ville, pour retourner à l'auberge, il est presque midi, au plus vite je serais rentrée, au plus vite je pourrais manger.
     Et mince, la bande de tout à l'heure semble m'attendre à la sortie, certains ont des battes, et ils sont plus nombreux que d'habitude. Heureusement, je n'ai pas de sac pour me gêner, mon porte monnaie est dans ma poche, tout comme mon téléphone. Il est temps de tester mes anciennes capacités. Voir à quel point je les ai perdues.
     - Donne-nous ton argent, et ton téléphone si tu en as un.
     Je refoule mon rire, il vaudrait mieux éviter de trop les provoquer, ils sont quand même un peu plus de dix, et je ne suis pas armée.
     - Parce que vous osez essayer de me voler ? Juste pour savoir, vous savez vous battre, ou vous n'êtes armés que pour m'impressionner ?
     Le chef sort alors un couteau suisse, d'autres le font aussi. OK, ce village craint. À quel moment on agresse une personne de la sorte ? Enfin, je n'ai pas le choix, si je veux rentrer manger.
     Je pars en courant vers le groupe, certains font des tentatives d'attaque intéressantes, mais rien de très glorieux. Ils sont tous pathétiques.
     Mais au moins, à présent je sais que mes capacités ne m'ont pas quittées un seul instant.

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