Les semaines qui suivirent, Jade et Nicolas se virent en cachette. Parfois sur le toit, d'autres chez eux, rarement dans les bars, mais souvent dans les restaurants hors de la ville. Les autres se doutaient peut-être de quelque chose, mais qu'est-ce qu'ils en avaient à foutre. C'était eux, ensemble. Pas le monde pour eux.

« Jade, je ne crois pas que ce soit une bonne idée. C'est l'heure de la pause et n'importe qui pourrait venir ici.

- Je sais, mais j'en ai pour deux minutes.

- Oui, Pika.

- Bon, Nick. J'ai trouvé un terrain pour ma maison, le seul problème, c'est que j'ai besoin de quelqu'un pour m'héberger quand je n'aurai plus mon appartement, c'est-à-dire, dans quelques jours. Je n'ai plus d'appartement et ma maison n'est pas construite...

- Va directement au but, Jade.

- Est-ce que tu accepterais de m'héberger quelques mois? Je sais qu'Adam n'habite plus chez toi et je suis prête à prendre le canapé et Micah ne prend pas beaucoup de place.

- Oui.

- Quoi?

- Oui, tu peux emménager.

- Non, attend, pas comme ça. Pas emménager comme... un couple.

- Oui, j'accepte de t'héberger mais tu devras payer ta part, c'est ce que tu veux entendre?

- Oui, s'il te plait?

- Oui, Jade, je pourrai t'héberger quelques mois et tu prendras le canapé et Micah prendra l'autre chambre, à condition que tu paies ta part.

- Je paierai ma part.

- Tu sais très bien que ça ne se passera pas comme ça, Jade Benson.

- Mais personne n'est forcé de le savoir. Merci Nicolas. »

Jade se blottis contre Nicolas et posa sa tête contre son torse. Nicolas enlaça la taille de Jade en souriant et posa un faible baiser sur sa tête.

« Retournons, au travail, maintenant.

- Tu as un évènement cet après-midi, non?

- Oui, et il ne m'emballe pas.

- Pourquoi?

- Je n'aime pas les gens qui sont célèbre sans travailler pour. Ils sont juste nés et ils n'ont rien fait d'autre.

- Je vois.

- Je ne dirai pas de noms.

- Je sais tout de même de qui tu parles, puisque c'est moi qui fais les horaires.

- S'il te plait, je ne veux plus ces personnes.

- D'accord. »

Jade sourit et redescendit à son bureau, suivie de Nicolas. Elle s'assied et regarda Nicolas en fronçant les sourcils.

« Quelque chose à me dire?

- Oui, depuis quand sommes nous officiellement ensemble?

- Quelques semaines... enfin, deux mois et quatre jours?

- Tu comptes?

- Oui...

- C'est mignon.

- Pourquoi veux-tu savoir?

- Parce que je crois plutôt que ça fait six mois... puisque ça fait huit mois qu'on se connait.

- Pourquoi?

- Jade, on est ensemble depuis beaucoup plus longtemps qu'on pense.

- Ah merde... alors on part plus à Bali?

- Non, on y va toujours, juste... on en est bientôt à un an, tu te rends compte?

- Wow...

- C'est rapide... et pour le voyage, j'ai demandé les congés à Conrad.

- Accordé?

- Oui, il n'avait pas le choix et il était heureux que Livia puisse finalement avoir un peu de travail.

- Parfait alors.

- Nous partons dans deux jours. C'est-à-dire ce Vendredi. Veux-tu aller manger ce soir?

- Oui, avec plaisir.

- J'ai trouvé un super restau sur internet, on ira là-bas.

- Je termine à quinze heures.

- Moi aussi, alors je passe te chercher tout à l'heure. »

Nicolas embrassa Jade et sortit du bureau sans se douter que les murs vitrés avaient des yeux qui s'appelaient Livia. Cette dernière s'empressa de retourner à son bureau et d'enterrer cet évènement dans sa mémoire. Si Jade n'avait rien dit, personne ne devait savoir.

Vers dix-huit heures, Jade et Nicolas étaient finalement seuls, au restaurant trouvé par Nicolas. Ils étaient assis et mangeaient leurs entrées. Jade avait une main sur la table et Nicolas avait posé la sienne sur la base de son verre.

« Comment Micah réagira quand tu lui annoncera que tu ne le verras pas pour une semaine?

- Il sera... probablement dévasté mais mes parents ont accepté de le prendre pour la semaine.

- Alors c'est parfait?

- Oui. Il sera triste de ne pas avoir maman, mais heureux d'aller chez papi.

- Il est adorable cet enfant.

- Je sais, il tient de sa mère. Puisque je suis merveilleuse.

- Clairement pas. Tu es horrible.

- Je sais, je ne sais pas cuisiner.

- Stop.

- Pourquoi?

- Je viens de voir mon ex.

- Laquelle?

- Jade, pas le moment.

- Oh! La pute du mariage.

- Ne l'appelle pas comme ça, seigneur.

- Non, Jade.

- Pas drôle.

- Elle est avec son époux?

- Oui, et ses enfants.

- Combien.

- Deux garçons.

- Pas de chance.

- Pourquoi?

- Deux problèmes.

- Jade!

- Je rigole, je rigole. Regarde-moi Nick.

- Non... Je veux voir si elle vieillit bien.

- Nicolas... »

Jade posa sa main sur celle de Nicolas et le força à la regarder, elle. Nicolas tourna la tête et mordit sa lèvre. Jade caressa sa paume et enlaça leurs doigts.

« Elle ne sait pas ce qu'elle a perdu. Maintenant, c'est moi qui t'ai, laisse la vieillir et avoir les enfants qu'elle veut. Elle t'a trahis, elle t'a blessé et maintenant, elle est ailleurs, laisse-la où elle est, Nicolas, parce que si tu la ramène, tu auras encore plus mal. N'essaie pas de lui trouver des défauts qu'elle n'a pas et concentre toi sur vos bons moments. Je suis là, Nicolas et s'il te plait ne fait pas ta peine d'amour d'Adolescence devant moi.

- Nicolas? »

L'ex de Nicolas l'avait rejoint et lui faisait la bise. Jade se tut et les regarda. Nicolas se força un sourire et lui serra la main. Jade retira sa main de celle de Nicolas et la posa sur ses genoux.

« Bonjour Karen...

- Tu as... prit du muscle.

- Oui... Comment vas-tu?

- Bien, bien. Je suis avec mon mari et mes deux fils, juste là.

- Ah oui? Déjà deux fils?

- Le plus vieux a sept ans et l'autre a quatre ans.

- Félicitations.

- Merci. Et toi, que deviens-tu?

- Oh je... je travaille.

- Et niveau amour...

- Je... »

Nicolas regarda Jade comme pour obtenir une approbation. Jade hocha légèrement la tête.

« Je suis avec ma femme.

- Oh! Tu...

- Fiancé. Juste fiancé.

- Félicitations! Vous attendez un petit?

- Non, j'ai adopté le sien.

- Grand cœur que tu as, Nick. Je vais vous laisser, c'était bien de te revoir. »

Elle partit rejoindre sa petite famille alors que Jade leva la tête vers Nicolas.

« Fiancée?

- Oui? Je suis désolé...

- Ce n'est rien. Pourquoi est-ce qu'elle croit que je suis enceinte? Je suis grosse?

- Non, tu ne l'es pas. C'est juste qu'elle est comme ça.

- Je ne l'aime pas. Elle m'a ignoré comme si j'étais de la merde.

- Jade, je t'en prie...

- D'accord, je laisse tomber.

- Merci.

- Je n'ai plus faim, à vrai dire.

- Tu en es sure?

- Oui. Je ne veux pas passer la soirée avec toi qui la regarde.

- Ne serais-ce pas de la jalousie que je décode dans ta voix, petite?

- Non...

- Mensonge.

- Arrête...

- Dis-le.

- Oui, d'accord, je suis jalouse.

- Mignonne, allez on part.

- Sans payer?

- Mais non... »

Nicolas posa quarante dollars sur la table et prit la main de Jade. Il l'emmena dans un parc. Ils marchèrent dans se parc en se tenant la main, l'un contre l'autre, dans le bonheur total.

« Quand seras-tu prête à l'annoncer?

- Je ne sais pas... probablement après Bali?

- Pas avant?

- Non, et je pensais prendre congé le reste de la semaine... aller régler quelques trucs demain et ne pas revenir.

- Bonne idée.

- Je passerai du temps avec Micah avant de partir.

- Je t'accompagnerai mon ange.

- Mon ange?

- Trop tôt?

- Non, surprenant.

- Pourquoi?

- Tu n'aimes pas le cliché.

- Je crois qu'après deux mois et quatre jours, on ait le droit de se donner de petits surnoms.

- Tu crois? »

Jade sourit en coin et regardant Nicolas qui était toujours face à elle.

« Et si je décidais que je ne voulais pas que tu me donnes un surnom?

- Alors je cesserais de t'embrasser.

- Et si je ne voulais plus tenir ta main?

- Alors je t'abandonnerais ici, toute seule, pendant la nuit. »

Nicolas et Jade rirent. Jade mit sa tête sur l'épaule de Nicolas et déposa un léger baiser dans son cou. Elle essayait de cacher son anxiété face à leur relation. Elle avait peur de perdre son meilleur ami si jamais ça ne fonctionnait pas entre eux. Jamais elle ne se pardonnerait d'avoir laissé son meilleur ami lui glisser entre les doigts. Jamais elle n'accepterait cet échec, s'il avait lieu. Elle était réaliste. Elle savait qu'ils ne feraient pas leur vie ensemble. Personne ne trouvait « le bon » à notre époque. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'ils rentrèrent chez eux et qu'ils allèrent dormir, l'un seul et l'autre avec son fils, impatient de se revoir le lendemain, en tant que famille ou non.