Chapitre quarante-quatrième
Le lendemain, Conrad ordonna à Jade de rentrer chez elle dès midi. Il savait et voyait sa fatigue mêlée à l'angoisse. Elle n'était pas productive et avait tellement d'avance qu'elle aurait pu prendre une semaine de congé sans que le travail ne s'accumule. Elle avait tellement travaillé les deux derniers mois qu'il songeait à la forcer à une semaine de congé.
« Conrad je dois rester au travail..
- Non, vous allez vous reposer chez vous avec votre fils.
- Conrad, je ne peux pas.
- Arrêtez sinon je vous force à prendre congé la semaine prochaine.
- Monsieur...
- Jade, n'argumentez pas. Rentrez maintenant ou je vous fais sortir.
- Je vous revois demain matin, monsieur.
- À demain. »
Jade sortit de l'immeuble et entra dans sa voiture. Elle roula jusqu'à chez elle où elle remercia Adam et donna une collation à Micah.
« Maman, pourquoi est-ce que Adam à dit que j'allais passer la soirée avec lui?
- Parce que je sors ce soir. C'est une soirée d'adulte et tu dois rester à la maison avec Adam.
- C'est pour quoi?
- L'anniversaire de mon patron.
- Tu pourras me border?
- Je rentrerai trop tard, mon ange...
- Mais je ne pourrai pas dormir...
- Tu pourras mon chéri...
- Promis?
- Promis. Maintenant tu vas aller faire une sieste.
- Normalement, Adam m'emmène au parc...
- Alors allons au parc, mon cœur. »
Micah se précipita sur ses chaussures et les enfila pendant que Jade sortait sa veste. Elle lui enfila et le prit sur sa hanche.
« Je veux marcher. »
Jade posa son fils au sol et prit sa main. Ils allèrent quelques heures au parc. Micah se fit un ami et Jade parla avec la mère du petit garçon et elles échangèrent leurs numéros afin que les garçons puissent se revoir le weekend suivant.
« Micah est autiste, alors s'il fait une crise, il faudra m'appeler.
- Ne t'inquiète pas, Jordan a un petit cousin autiste, il sait quoi faire.
- Asperger?
- Non, seulement autiste.
- C'est dur, parfois.
- Tu l'as eu jeune, n'est-ce pas?
- Oui, très...
- Je ne te juge pas, j'ai moi-même eu un enfant alors que j'avais quatorze ans.
- Quatorze?
- Il était l'homme de ma vie. Pour moi ce serait Kristen et Andrew pour toujours.
- Quel âge avait-il?
- Vingt ans.
- C'était...
- J'étais consentante.
- Que lui est-il arrivé?
- Nous nous sommes mariés.
- Félicitations.
- Il m'a trompé pendant trois ans avec ma sœur.
- Oh, je suis désolée...
- Ce n'est rien. J'étais jeune. Maintenant j'ai un mari formidable. Patrick est exceptionnel.
- J'en suis ravie.
- Et toi, ta vie amoureuse?
- Rien. C'est nul depuis la naissance de Micah. Quelques fréquentations mais jamais plus.
- Je vois... »
Jade regarda sa montre et salua sa nouvelle amie avant de prendre Micah et de rentrer à l'appartement. Elle se prépara longuement et quand Adam arriva elle lui confia Micah en attendant Nicolas. Il arriva, vêtu d'un costard noir avec son mouchoir assorti.
« Tu es... Wow Jade...
- Je te le rends Nicolas. »
Jade lui fit la bise et Nicolas l'emmena à sa voiture. Ils prirent place et se dirigèrent vers leur lieu de travail. Ni l'un ni l'autre ne se doutait de ce que pensait l'autre, de ce qu'il avait envie de faire au plus profond que lui. Tout les deux s'étaient mis à faire l'autruche, au bonheur de l'une mais pas de l'autre. Sans s'en rendre compte, Nicolas s'était oublié pour faire plaisir à Jade.
« Ton costard te vas à merveille.
- Merci.
- Que crois-tu qu'il y aura à manger ou à boire?
- Probablement des trucs de riches. Caviar, calmar, homard, bla bla bla. Champagne porto de 1976. Des tas de trucs que je ne peux pas me payer.
- Probablement. L'an dernier il y avait du vin maison et de la bière de micro-brasserie inconnue du Québec. Des trucs bizarres comme ça que personne n'achète sauf eux.
- C'est normal, ils sont marginaux, face à nous, les petits esclaves.
- Les petits esclaves?
- Que fais-tu de tes journées?
- Je travaille pour Conrad.
- Voilà, tu es devenue une esclave. Une esclave rémunérée, mais une esclave quand même.
- Je vois. Ta théorie fait du sens.
- Je sais. J'y ai pensé avec Adam quand nous avions vingt ans. Soûls comme des chiens, en colère contre l'humanité. Nous sommes tous de petits esclaves qui devons entrer dans un moule. Nous travaillons pour rendre les autres heureux.
- Sous ta carapace de dur, il y a un tendre petit Nicolas. Sous cette carapace de tendre il y a un Nicolas frustré.
- Il n'est pas frustré, il en a marre.
- Je vois.
- Non tu ne vois pas alors cesse de dire de la merde.
- Je me tais.
- Oui tais-toi. »
Jade sourit en coin. Elle savait que Nicolas allait s'excuser dans les prochaines minutes. S'il ne le faisait pas, il allait poser sa grande main sur la petite cuisse de Jade et la regardé avec un air désolé. Il faisait toujours ça quand il se sentait mal. Parfois, c'était seulement parce qu'il avait parlé un peu trop fort. Quelques minutes passèrent et comme elle avait prédit, Nicolas posa sa main sur sa cuisse et la regarda.
« Je suis désolé.
- Je sais, ce n'est pas grave. Continuons dans le silence, c'est apaisant. »
Nicolas hocha la tête et ils continuèrent leur chemin dans le silence. Une fois au bureau, Nicolas alla ouvrir la portière de Jade. Il l'emmena à l'intérieur et sans saluer personne, ils se mêlèrent aux autres invités et se mirent à danser. Comme dans les films, ils se sentirent seuls au monde. Seulement eux deux contre la terre entière. Jade posa doucement sa tête sur l'épaule de Nicolas, qui la serra un peu plus fort. La soirée avança et quelques discours furent prononcés. À un moment, Nicolas, qui avait bu quelques coupes de champagne, se sentit confiant et prit la main de Jade. Cette dernière enlaça leurs doigts sans vraiment s'en rendre compte. Nicolas se pencha doucement à son oreille et murmura doucement : « Je dois te parler, sur le toit... »
Jade le regarda bizarrement et hocha la tête. Ils montèrent tout les deux le long escalier et arrivèrent sur le toit.
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