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3


Il a fallu à Jungwon un bon temps d'adaptation avant de comprendre la gravité des propos de Sunoo à son égard. C'est ainsi que Hee Seung l'avait appelé. Sunoo donc, avait fui la pièce à peine son annonce dévoilée au reste de la maison. Jungwon pouvait presque encore entendre les pas lents et nonchalants du blond quittant le hall comme si de rien était, sous les yeux étrangement neutres des autres garçons, comme si ce genre de nouvelles ne leur hérissait pas le moindre petit poil.

Sauf Hee Seung qui avait été le seul à réagir.

Toutefois, ce n'étaient pas les paroles de Sunoo qui avaient poussé le noiraud à dialoguer d'un timbre de voix un peu trop fort pour persuader quiconque qu'il était calme.

Hee Seung n'en avait que faire de Jungwon, il préférait gronder Niki et le cendré qui s'étaient une nouvelle fois chamaillés. Ces derniers n'avaient pas bronché, gardant la tête baissée tout le long du discours où affluaient les décibels.

Le châtain lui, s'était relevé aussi, restant tout de même un peu plus en retrait, n'étant pas convié à la discussion assourdissante qu'échangeaient les trois autres garçons, ou plutôt que Hee Seung échangeait seul.

Seul, puisqu'à part lui, personne ne parlait. Les respirations saccadées de Niki et du garçon aux cheveux de cendre étaient les seules réponses que leurs corps leur permettaient de donner. Puis, dès l'instant où la silhouette athlétique du maître de maison eut quitté la pièce, les deux fauteurs de troubles s'étaient lancé un regard noir. Une œillade qui faisait vibrer la foudre et rugir les flammes.

Toutefois, ils n'échangèrent pas un mot de plus et quittèrent le grand hall, laissant Jungwon désormais seul, le châtain s'étant enfui à l'extérieur, contrairement aux deux autres déjà en haut de l'escalier.

— On fait quoi maintenant ?

— Daniel ! le gronda Jungwon dans un murmure, qu'est ce que tu fais encore là ? Imagine s'ils te voient ! On ne les co-

— T'es bête ou quoi ? J'étais collé à toi devant la porte et ils ne m'ont pas vu ! Allez, viens, on va visiter !

Jungwon n'eut même pas le temps d'en placer une ou d'être surpris que Daniel avait déjà filé, courant à toute allure et passant au travers des murs de la demeure.

Honnêtement, Jungwon ne voulait pas faire le tour des pièces, rester dans le hall lui convenait mieux. Pourquoi pas s'asseoir sur l'un des fauteuils ébènes et attendre patiemment le retour des hommes en noir pour qu'ils l'emmènent ailleurs ? Chez lui serait le mieux, loin de ces fous serait préférable.

Toutefois, ayant un minimum de jugeote, il ne pouvait pas laisser son ami à l'aspect de brume se balader seul entre les murs. Que se passerait-il si l'un des garçons le croisait ? La catastrophe. Alors Jungwon le suivit, difficilement, puisque contrairement au fantôme, il n'était pas capable de traverser les murs. En plus, le brunet se devait de faire le moins de bruit possible, ne voulant pas se faire remarquer.

***

Ils avaient déjà fait le tour du rez-de-chaussée, à une pièce près qu'ils s'apprêtaient à parcourir. C'était grand, certes, mais aucune salle ne se démarquait. Ils avaient croisé, sans exagérer, une dizaine de bureaux et de salons. Les seules différences, aussi minimes soient-elles, étaient la couleur des meubles ou encore la qualité du cuir et du bois.

— Il n'a pas beaucoup d'imagination ce Lee Hee Seung, se moqua le fantôme.

— Daniel, on ne devrait pas rester là, cherchons plutôt comment s'enfuir.

Le concerné, sautillant dans chaque couloir, s'était arrêté pour regarder l'humain du coin de l'œil. Jungwon avait lâché la mèche de cheveux qu'il triturait, mais il n'en fit pas de même avec le regard du fantôme qu'il voulait convaincre de s'en aller.

Daniel avait cédé. Mais il n'avait pas fui vers la porte d'entrée. Il avait emprunté un nouveau mur ébène.

— Il est insupportable.

— Qui ça ?

Le son de cette voix avait clos ses paupières. Peut-être que s'il les rouvrait, ce serait Daniel qu'il verrait. Jungwon aurait eu l'air bête de se mordre les lèvres, punition des mots qui s'y étaient échappés et mis dans ce pétrin.

Pourtant, lorsqu'une de ses paupières se déplia, l'autre encore trop effrayée pour daigner bouger, il vit son ami fantôme dans un coin de la pièce, raide comme un poteau et une main cachant sa bouche. C'était un rire qu'il étouffait ?

— Qui êtes-vous ? osa Jungwon.

À ces mots, ses épaules se redressèrent. Ses yeux grands ouverts surmontés de sourcils arqués, prenaient le temps d'analyser la nouvelle inconnue qui l'avait repérée.

— C'est toi qui es chez moi. Heureusement que je sais qui tu es.

— Vous ne savez pas qui je suis, se défendit-il.

La jeune femme lui tourna le dos en balayant ses longues mèches blondes. Son rire fendit l'air que Jungwon avait de plus en plus de mal à respirer.

— Yang Jungwon, le petit nouveau du vent, seulement ses yeux bleus vinrent trouver ceux arrondis du concerné, je me trompe ?

Décidément, cette histoire n'allait pas le lâcher, tout le monde était au courant de ses affaires dans cet immense château. Comment le savait-elle ? Et puis combien étaient-ils ici ?

Il aurait aimé poser ses questions, mais l'envie de s'allier à la blonde aux yeux qui feraient jalouser l'océan ne l'avait pas encore envahi.

Jungwon ne lui répondit simplement pas, il tentait d'imiter l'attitude de sa vis-à-vis qui agissait comme si Jungwon n'avait pas encore atterri ici, sirotant sa boisson, appuyée sur le plan de travail.

Il hésita à s'en aller, chercha secours dans les yeux de Daniel qui ne le regardait pas. Jungwon inspira un peu trop d'air qu'il expira aussitôt, heureusement que la blonde ne le voyait pas, Jungwon aurait arrêté de respirer si c'était le cas.

Alors, Daniel en profita pour laisser courir ses doigts de brume sur la gazinière et la table à manger de verre. Il aurait pu s'y allonger que tout l'espace n'aurait pas été occupé. Toutefois, les chaises avaient l'air plus confortables, et Daniel ne s'était pas gêné pour toutes les toucher. Il évitait volontairement les plans de travail, bien que la blonde ne le voyait pas, il ne l'approchait pas.

Pourtant, Jungwon, lui, était bien visible, son reflet se noyait dans l'océan qu'abritaient ses pupilles.

— Et toi alors ? Tu ne m'as pas répondu, qui es-tu ?

— Tu te mets à me tutoyer ?

— C'est toi qui as commencé.

L'inconnue avala la dernière gorgée de sa boisson avant de poser son verre dans l'évier. Jungwon suivait chacun des gestes, ses mains s'appuyaient sur le meuble derrière elle, et un sourire grandissait au coin de ses lèvres.

— Zoey.

— Et les autres ?

C'était risqué comme question, il le savait, mais sa curiosité avait dépassé la barrière de ses lèvres.

— Tu leur demanderas directement.

Un clin d'œil avait suivi ses mots, et Jungwon, bien qu'il se doutait ne pas recevoir de réponses à ses questions tout de suite, ne put empêcher sa langue de claquer contre son palais.

— Ne le prends pas mal, ils seront ravis de te répondre, plaisanta la jeune fille qui lui montrait toutes ses dents.

— On va dire que je te crois.

— Pourquoi t'es autant sur la défensive ?

Jungwon pouffa face aux sourcils froncés de Zoey, c'était une question rhétorique qu'elle lui posait là ?

— Peut-être parce que l'improbable s'est passé dans mon jardin, que vous m'avez enlevé et déposé ici sans me demander une seule fois mon avis ?

— Tu aurais accepté ?

— Bien sûr que non ! s'indigna Jungwon.

— Ceci explique donc cela.

Le brunet s'était retourné, il ne voulait plus poser ses yeux sur la mine de porcelaine de Zoey. En plus, Daniel s'était volatilisé, sa manie de passer de l'autre côté quand Jungwon avait besoin de lui le fit marmonner.

— Écoutes Jungwon, on n'est pas là pour t'embêter, mais tant que tu ne nous croiras pas, on ne pourra rien pour toi.

Il baissa la tête, on le grondait, mais au fond avait-il vraiment tort de se méfier ?

Une étrange masse vint prendre possession de sa gorge, il renifla, et la main de Zoey se posa sur son épaule. Et depuis le début de leur discussion, ce sourire qu'elle offrait était sans aucun doute le plus honnête qu'elle lui avait donné.

La porte de la cuisine s'ouvrit, et, Jungwon et Zoey se retournèrent comme un seul homme.

— T'as fini de tout retourner ? se moqua la blonde.

Niki les avait rejoints.

— Jungwon ! Je t'ai cherché partout !

— Il faisait juste la connaissance de la reine de cette demeure.

— Elle est où ? Je ne la vois pas ?

Niki regardait de tous les côtés, ses mèches s'en affolaient sur son crâne. Jungwon dut pincer ses lèvres pour retenir un sourire, tandis que Niki cherchait sous la table et même dans les placards.

Zoey s'en était agrippée la poitrine, empêchant son cœur de se briser davantage, et ça avait doucement ému Jungwon de voir Niki serrer la blonde dans ses bras.

Il n'était pas celui qu'il avait rencontré sur le perron quelques heures plus tôt. Celui qui aurait pu flanquer un poing dans la mine du cendré n'était pas le même qui enlaçait Zoey à cet instant.

Mais le câlin fut de courte durée puisque Niki se rappela la raison de son apparition dans la cuisine.

Il emporta le brunet avec lui, le tirant par le poignet et filant à toute allure hors de la pièce. Ils traversèrent en moins de deux le grand hall ébène pour finalement enjamber deux à deux les marches des escaliers.

Décidément, Jungwon ne pourrait plus monter ou descendre des marches correctement, comme si tout le monde s'était mis d'accord pour lui faire survoler les escaliers !

— Je vais te montrer ta chambre !

— Ma chambre ?

Jungwon se faisait toujours emporter par les grandes enjambées du noiraud, se faufilant tous les deux dans les larges couloirs aux papiers peints charbonneux, leurs pieds s'enfonçaient dans les tapis grisâtres qui chatouillaient leurs semelles.

D'un coup, Niki s'arrêta et entra dans ce que Jungwon devinait être sa chambre. Elle n'avait absolument rien à voir avec celle enfantine qu'il avait laissé chez ses parents.

Fini le petit matelas aux draps bleus et bonjour le lit à baldaquin à la couverture grise et parfaitement tirée, en plein milieu de la pièce.

Ses vêtements tenaient amplement dans sa petite penderie, ici, il pouvait ranger le double de toutes ses affaires dans l'armoire un peu plus loin.

Mais de quelles affaires parlait-il ? Il n'avait rien apporté, ni tenue, ni gel douche, pas même une pauvre chaussette.

— Jake et moi on s'est permis de refaire ta garde-robe.

— Refaire ma garde robe ?

Niki ouvrit la porte coulissante, laissant Jungwon découvrir une tonne de jeans, de t-shirt et une montagne de pantalons et de pulls.

Tout ça était vraiment pour lui ? Pourquoi tout ça devait-il être pour lui ?

— La porte au fond c'est ta salle de bain et dans le meuble à droite tu pourras trouver des livres et la télécommande de la télé, je ne sais pas trop ce que tu préfères alors j'ai mis de tout !

Les yeux de Jungwon brillaient.

De joie ? Non.

D'angoisse.

Les larmes venaient se réfugier dans ses prunelles, Niki avait ouvert un peu plus grand les siennes.

Pourquoi Jungwon était-il ici ? Pourquoi Niki était si gentil avec lui ? Pourquoi ? Il avait besoin de réponses.

— Jungwon ! Pourquoi tu pleures ?

— Qu'est-ce que je fais ici ?

Sa voix tremblante et son air déprimé piquèrent le cœur de Niki qui se rappelait à son tour son arrivée ici. Pour lui, tout s'était passé de la même manière. Accueilli par Hee Seung, rassuré par Jake et Zoey après s'être fait sonder par Sunoo. Il connaissait le tourbillon de sentiments dans lequel l'esprit de Jungwon se faisait emporter, la tristesse d'être arraché de son foyer, la panique de se faire aborder par les plus grands, la joie et le réconfort des autres et la réalisation que tout venait juste de commencer.

— T'es ici pour qu'on t'aide, commença le jeune garçon, on est tous passé par là, Sunoo, Zoey, Sunghoon, Jake et moi.

Le ton amer qu'avait pris sa voix lorsque le troisième prénom s'était échappé de ses lèvres rosées laissa Jungwon deviner que ledit Sunghoon ne pouvait être personne d'autre que le cendré. Le châtain était donc ce Jake.

— M'aider ?

— Oui, Hee Seung va t'aider.

La simple évocation de son prénom lui avait donné la chair de poule. Jungwon ne voulait pas le moins du monde se retrouver face à Hee Seung, il ne voulait plus se sentir aussi petit, aussi impuissant face à un autre.

— Il va t'aider comme il nous a tous aidés, continua Niki, il va t'aider à te gérer.

— Me gérer ?

Un rictus se colla aux lèvres du plus jeune.

— Tu n'as pas encore compris hein ?

Les larmes de Jungwon n'avaient pas coulé et celles qui s'étaient immiscées au coin de ses yeux s'étaient dissipées. Son cœur tambourinait, pompait plus son sang qui affluait dans ses veines gonflées sous la détresse.

Jungwon n'avait rien compris, mais voulait-il vraiment comprendre ?

Il le devait s'il voulait continuer.

— Gérer tes pouvoirs Jungwon, tes pouvoirs de sorcier.




**********

JUNGWON APPRENTI SORCIER ERA
Vous vous y attendiez ? On m'a parlé de vampires et de loups garous mais pas de sorciers donc j'ai bien réussi mon coup ? x))

Vous en pensez quoi de Zoey ? Ça se lis Zoé au cas où je trouvais juste le « y » stylé après vous faites comme vous voulez x))

Voilaaa je crois que c'est tout -.- On est qu'au chapitre trois donc désolé s'il se passe pas grand chose mais ça arrive promis ! Après vous pouvez déjà deviner quelques trucs hein, y'a des petits indices :p

D'ailleurs je mets grave du temps à écrire un seul chapitre, je vous jure mon cerveau fume mais ça me plait toujours autant PAS DE PANIQUE

Je parle trop.

Je vais vous laisser là dessus ! Je vous fais de gros bisouuus et à mercredi <33

• Adiaaa

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