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22.2


• Interlude I •






Pris de cours et d'assaut par ces quelques petits mots, Niki s'était aussitôt retourné vers celui qui avait daigné lui parler. Le sorcier était mitigé entre laisser son cœur battre de joie face à la présence qui s'offrait à lui, ou au contraire, cesser tous les battements de celui qui s'adressait à lui. Niki n'avait pas tout vu mais il reconnut aussitôt ces grands yeux qui l'avaient épiés ainsi que ces oreilles pointues et griffes acérées qui l'avaient attaquées, et désormais, gardé prisonnier.

— Toi ! Qu'est ce que je fous là ? Et pourquoi tu m'as enfermé ici ?

— Ce sont les ordres de Monsieur.

Niki pouffa aussitôt que ses oreilles eurent reçu ces derniers mots.

— Ah oui ? Ramène le moi ton Monsieur qu'on rigole.

Un sourire aux lèvres malgré sa prison de barreaux, Niki pointa du doigt son interlocuteur.

Et ce fut au tour de la créature aux oreilles pointues et aux griffes acérées de se marrer :

— Ce sont les ordres de Monsieur, de Monsieur Jay, il veut que tu restes enfermé.

Niki crut entendre son coeur exploser. L'impression que son sang brûlait dans ses veines, que chaque gouttelette qui nourrissait son palpitant le menaçait d'éclater sur le champ.

Jay l'avait enfermé ? L'Oracle, celui qui l'avait invité, avait ordonné à ses subordonnés de le laisser pourrir entre quatre murs gelés.

— Ce n'est pas éternel. Tu finiras bien par sortir un jour ou l'autre, mais avant ça Monsieur doit s'assurer que tu ne lui veux aucun mal, que tu es bien toi.

— Qui veux-tu que je sois si je ne suis pas moi ?

Le gnome, c'est ainsi que Niki avait décidé de le surnommer. Le gnome ne l'éclairait pas le moins du monde.

Jay désirait s'assurer que Niki était bien ... Niki. Et que Niki (s'il s'agissait bien de lui) ne déciderait pas soudainement de mettre fin au jour de ce grand sorcier. Mais la question était, même si Niki le voulait, était-il vraiment capable d'éteindre le feu qui animait la vie de Jay ? Il en doutait.

La créature s'était approché, posant son derrière sur une chaise de l'autre côté des barreaux qui les séparait avant de s'adresser au sorcier :

— Soit simplement coopératif et le temps ici passera plus vite.

Niki soupira, l'air vaincu. À quoi bon lutter désormais ? Il était loin de chez lui, trop proche d'un individu qui le guettait et attendait le moindre faux pas pour l'attaquer. Niki devait faire ce qu'on lui disait, il devait se calmer et coopérer, patienter jusqu'à l'arrivée de Jay.

— Comment tu t'appelles ?

—Niki, Nishimura Niki

— Quel âge as-tu ?

— 20 ans

— D'où viens-tu ?

Niki avait la drôle de sensation que chacun des mots prononcés par la bête qui le gardait enfermée devenait de plus en plus lointain, que tout n'était qu'un écho de ce qu'il avait déjà écouté. Il était épuisé, les heures filaient et les questions se répétaient en boucle. Toujours les mêmes questions. Toujours ce même gnome qui ne semblait pas fatigué de le questionner sur son nom ou sa nationalité. Toujours ce même gnome qui revenait au petit matin pour s'en aller une fois le ciel tapis de lumière doré.

Comment tu t'appelles ? Quel âge as-tu ? D'où viens-tu ?

Il était Nishimura Niki, âgé de 20 ans et venait tout droit de l'Assemblée. Était-ce ce que les gnomes, ce que Jay voulaient entendre ? Il ne mentait pas pourtant. Niki répétait ces mêmes informations le concernant et cela des jours durant, toujours enfermé dans cette cellule terne et amer seulement réchauffée par la vigueur de son pouvoir, qui lui aussi s'épuisait au fil des journées à parler bêtement, par ces nuits où, rongé par la solitude et l'inquiétude il ne pouvait empêcher son esprit de divaguer vers ses amis, vers son ancienne vie.

Est-ce qu'ils avaient vu qu'il était parti ? Hee Seung était-il en colère ? Allaient-ils lui pardonner ?

Puis, Niki ne saurait dire depuis combien de temps il était enfermé. Il ne comptait presque plus sur les quelques grains de patience qui se promenaient dans son esprit. Petits grains qui, si ça continuait, ne tarderaient pas à se faire substituer par le sombre brouillard de la folie.

C'était allongé à même le sol que Niki laissa son cerveau se faire envahir par tous ces parasites qu'étaient ses pensées les plus lointaines. Il comptait les roches qui l'entouraient, et quand il finissait; il y ajouta le nombre de barreaux qui le gardait emprisonné, puis quand la météo coopérait, les coups de tonnerre s'ajoutaient à l'équation rythmée par son ennui.

Cependant, Niki n'avait pas prévu de compter le nombre de pas qui s'approchait de lui. On était encore venu l'embêter, le questionner à propos de banalités qu'il ne cessait de répéter. Il ne prit même pas la peine de se relever, assis dans un coin de sa cellule. Il expira par le nez, et fit rouler son bol d'eau qui s'échappa entre les barreaux.

— Je suis toujours Nishimura Niki, j'ai toujours 20 ans et je viens toujours de l'Assemblée.

— Je sais.

À cette voix, il ne lui fallut qu'un battement de cœur pour relever les yeux. Une pointe de malice engloutie par des décibels qui frôlaient les Enfers.

Toujours au sol, il avait seulement vu son bol se faire arrêter par des chaussures de cuir qui brillait autant que le collier à son cou.

Niki se releva aussitôt, époussetant ses vêtements de la poussière qui l'accompagnait depuis son arrivée. Depuis que lui, cet homme qui se tenait devant lui avait pris la décision de l'enfermer.

— Sortez-moi de là, lui ordonna Niki, j'ai fait tout ce que vous m'avez demandé et me garder prisonnier ne figurait pas sur le papier !

Jay se contenta de l'observer, laissant ses yeux s'échouer sur chaque détail que Niki présentait, de ses jambes élancées à chacun de ses grains de beauté., Jay aurait été aveugle s'il n'avait pas remarqué les flammèches qui dansaient dans les yeux de son invité. Il était bien le Niki qu'on lui avait décrit.

Alors, sous les pupilles brûlantes de Niki, l'Oracle enfonça ses doigts au fond de la poche de son long manteau. Il en sortit une clé à l'aspect cuivré, presque rouillée. Sous l'ordre des doigts de Jay, l'objet se mit à voler, bercé par une brise aux étincelles colorées, s'infiltrant entre les barreaux pour finalement se déposer dans la paume de Niki qui soupira de soulagement une fois l'objet enfoncé dans la serrure.

Mais Jay s'était déjà retourné, et bien qu'il n'ait pas parlé, Niki fut certain qu'il devait le suivre loin de ce taudis qui l'avait hébergé.

Ses yeux mirent un certain temps à s'adapter aux chauds rayons dorés venus les saluer. Niki n'en était pas dérangé, reconnaissant de pouvoir sentir à nouveau cette sensation sur sa peau refroidie.

Au loin, Jay marchait toujours sans se retourner. Niki le suivait, délaissant la petite maisonnée qui recouvrait sa tête des nombreuses averses et tempêtes qui s'étaient abattues sur le manoir de Jay. Son regard se perdait, tantôt entre les buissons que les gnomes s'acharnaient à tailler, puis plus tard sur l'intérieur du palais tout décoré de doré.

Un mobilier raffiné, et des escaliers presque aussi grands que ceux de l'Assemblée, sur lesquels le manteau de Jay trainait au fur et à mesure que ses pas s'appropriaient chaque marche qu'il montait. Niki se sentit si petit à côté, si égaré dans un décor qu'il ne méritait pas.

Son cœur se serra, pris au piège dans sa cage thoracique, condamné à suivre un inconnu au passé griffonné de péchés et d'absurdités. Pourtant Jay ne fit rien, rien de mal. Ils entrèrent dans un des nombreux salons que le manoir devait héberger. Et Niki se sentait étourdi, à nouveau prisonnier, mais cette fois dans le regard de Jay qui le sondait, assis sur un canapé. Sa raison qui lui hurlait de faire attention, ses sens qui étaient en ébullition, complètement captivé ou peut-être effrayé par le moindre geste que Jay faisait.

— Je t'écoute

— Pourquoi moi ?

Les mots volèrent d'entre ses lèvres, Niki espérait simplement que Jay n'avait pas entendu les tremblements qui régnaient dans sa voix.

— Parce que tu es le plus fort.

La bouche du sorcier s'ouvrit mais aucun mot n'en sortait. Le compliment que Jay lui offrait avait plus le don d'étouffer son coeur.

— Tu en doutes ? le questionna Jay.

— Il y a Jake et Zoey... Et Sunoo alors ?

— Le feu dévore la terre.

— Mais l'eau éteint le feu.

Jay ne put empêcher de sourire à la réponse de Niki. Il avait encore tant à apprendre sur leur monde, sur les gens qui l'entouraient.

— Mais l'eau est faible Niki, l'informa Jay, l'eau donnerait sa vie pour la terre.

Niki ne saurait expliquer pourquoi son cœur s'affolait, pourquoi il avait l'impression de le sentir battre jusqu'au bout de ses doigts. C'était à peine s'il parvenait à respirer, ses poumons envahis par l'aura de Jay. Pourtant, il se tenait toujours aussi droit, regardait Jay avec ces mêmes flammèches coincées au fond des orbes.

— Pourquoi suis-je là ?

— Pour prévenir Hee Seung que je suis arrivé.

Niki se mordit la langue et les flammes dans ses yeux se transformèrent en véritable incendie.

— Alors pourquoi ne pas lui avoir dit ? s'offusqua Niki.

Un rire s'échappa des lèvres de Jay alors qu'il s'allongeait négligemment sur le canapé, chopant au passage un verre où un liquide ambré y dansait.

Parler de Hee Seung fit disparaître ce sérieux qui trônait sur son visage, il y vivait désormais un sourire insolent, une lueur malicieuse que Niki eut du mal à décrypter.

— Je veux jouer moi aussi, continua Jay, me délecter de chaque réaction que je peux lui provoquer.

Niki se fit emporter par chacun des mots que l'Oracle énonça. Il était fasciné par cette mâchoire que les Cieux devaient avoir eux-mêmes taillés dans l'or le plus cher qu'ils aient trouvé.

Jay fit référence à la cérémonie qui arrivait, à son envie d'accélérer les choses, que Hee Seung accélère les choses pour qu'il puisse enfin le rencontrer.

— Tu sais Niki, Hee Seung finira forcément par m'écouter, crois-moi cette cérémonie ne va pas tarder. On est proche lui et moi, à notre manière.

— Il ne m'a jamais dit que vous étiez proches.

— Hee Seung ne se vante jamais.

L'esprit de Jay fut bercé par le liquide transparent qui dansait contre les parois de son verre en argent. Il réfléchissait, la tête rejetée en arrière contre l'accoudoir qui tentait de la soutenir. Niki saisissait le moindre mouvement de l'Oracle, il le dévorait du regard tout simplement, affamé de découvrir chaque détail qu'il pouvait lui faire parvenir.

— Dit moi Niki, comment s'appelle-t- il ?

En total contradiction avec les battements de son cœur qui résonnaient dans ses doigts, Niki rit. Un rire sans joie. Il s'y attendait à cette question là, à vrai dire, l'Oracle n'était là rien que pour ça. Rien que pour lui. Alors, même s'il avait hésité à parler, même si au fond de lui il ne voulait pas tout révéler, sa langue avait parlé à sa place malgré ses pensées qui déviaient sur un Hee Seung qui lui en voudrait. Peu importe comment, Jay l'aurait bien connu le prénom, le visage, l'identité de celui qu'il recherchait.

— Jungwon, il s'appelle Yang Jungwon.

De là, Jay ne cessa de répéter avec douceur le prénom du concerné, comme si, à travers ces simples mots, son prénom, il pouvait briser l'être tout entier qu'était le jeune sorcier. Il s'arrêtait pour apporter son verre à ses lèvres rosées, pour savourer une à une chaque goutte s'infiltrant dans sa gorge pour faire monter et descendre la masculinité qui décorait son cou.

Niki, malgré les jours qui étaient passés, fut tout autant perturbé par la fée qui l'avait accueilli et ramené ici. Il avait donc demandé à Jay, pourquoi, comment pouvait-il côtoyer ses créatures qu'il ne devait pas approcher et cela depuis une éternité. Pourtant, la seule réponse qu'il pu dénicher de la part de Jay ne fut pas celle qu'il attendait. En réalité, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Il était tout de même étonné d'apprendre que malgré le lien néfaste qui les reliait, eux, sorciers, aux créatures ailées, ces dernières avaient en leur possession le bien le plus précieux de Jay.

— Vous m'avez convoqué simplement pour provoquer Hee Seung ? Niki ricana, je n'y crois pas. C'est ridicule ce que vous faites ! De l'abus de pouvoir !

Irrité, sa voix se mit à trembler, un doux paradoxe avec son sourire loin d'illustrer une quelconque source de joie qui habillait ses lèvres rosées.

Jay de son côté, était passé par un panel d'émotions, pourtant celle qui tordait son visage en ce moment était loin d'être celle que Niki préférait. Sa langue repoussait sa joue, ses sourcils s'étaient arqués et la mélodie de son rire faisait vibrer les murs qui les entouraient.

Sans pouvoir rien contrôler, l'esprit de Niki se transforma en un torrent qui le noya sous la panique mais il luttait contre la colère qui l'aidait à prendre des goulées d'air. Pourtant l'oxygène lui manquait. Jay l'étranglait. Nonchalamment assis sur son canapé, il avait lâché son verre qui ne s'était pas éclaté par terre, au contraire, il flottait à quelques pauvres millimètres du sol tapissé de moquette. Il avait abandonné son breuvage pour s'abandonner à distance au cou du sorcier qui était maintenant agenouillé, complètement asphyxié par le pouvoir de Jay qui le maltraitait.

— De l'abus de pouvoir ? C'est un jeu entre lui et moi, un jeu auquel je n'ai jamais prêté attention, mais disons que j'ai enfin décidé de m'amuser. Je l'ai laissé faire toutes ces années mais il est temps de changer, de renverser les rôles qu'il nous a imposés. Je ne t'en veux pas Niki, tu as simplement coulé sous les mensonges et illusions à mon sujet. Il t'apprend ce qui l'arrange. Il me hait parce que son cerveau est parasité par les débilités qu'on lui a enseigné. Tu sais, j'accepte d'être le méchant si c'est que ton maître désire, mais garde en tête que les situations changent quand les point de vues s'inversent.

Enfin libéré, ses paumes s'aggripèrent au tapis ornant le sol, il le serrait entre ses doigts. Niki toussait, assoiffé d'oxygène.

— Selon vous c'est lui le méchant, mais à cette heure-ci ce n'est pas lui qui m'a enfermé et étranglé.

Jay se leva, puis à pas lents résonnant dans le salon où restait désormais secret leur altercation ensorcelée, il s'approcha, accroupi face à un Niki à la mine légèrement cyanosée qui tentait de rejoindre les tons rosés. Puis Jay avait souri, un sourire qui cette fois brillait presque de gentillesse et d'honnêteté. L'Oracle avait laissé une main se perdre dans les mèches de Niki avant de parler :

— Je pensais que j'étais un vrai petit con, mais c'était bien avant de t'avoir rencontré.

En un claquement de doigt, la verrerie qui flottait revint se loger dans la paume de Jay avant qu'il n'en avale le contenu d'une traite. Toujours sous le regard de Niki qui, un rictus aux lèvres ne put s'empêcher de trouver cet homme aussi bizarre que spectaculaire. Il appréciait presque son insolence qui lui collait la peau et ses monologues dont il ne saisissait pas tous les mots.

***

Il y avait un détail que Niki avait omis de conter. Le détail qui l'avait convaincu de rester aux côtés de Jay, rien n'aurait pu l'empêcher de fuguer de son manoir. Bien qu'il se serait sûrement fait attraper par les gnomes qui surveillaient le portail ou encore ceux qui nettoyaient le palais, rien ne lui coûtait d'essayer. Mais Niki ne l'avait pas fait, il était resté sagement aux côtés de Jay, en apprenant un peu plus à son sujet puisque le très cher Oracle lui avait rendu un service qu'il avait depuis longtemps abandonné.

D'ailleurs, Jay l'avait prévenu des représailles, des sentiments qui le rongeraient et du vide qui l'envahirait une fois ce souhait exaucé, mais Niki n'en avait que faire, il le voulait, il le désirait plus que tout. Retourner à sa vie d'avant, sa vie avant de se faire enchainer par le monde magique et ses sorciers.

Alors, Jay l'avait accompagné de l'autre côté du tunnel qui menait au monde réel, et rien que pour cela il ne put que rester à ses côtés, attendant bien gentiment le début de la cérémonie que Hee Seung devait organiser.

Niki avait revu ce bâtiment qu'il côtoyait auparavant. Tout lui manquait ; les grillages qui l'entouraient, la cour où quelques bancs étaient posés. Il fut presque ému en revoyant son préféré, celui sur lequel il s'asseyait avec ses amis avant de rejoindre son cours de volley. Jay l'avait amené devant son ancien lycée.

Rien n'avait changé, rien du tout. Les lycéens rejoignaient les portes d'entrée tandis que d'autres, ayant déjà fini, rejoignaient leur arrêt de bus ou pour les plus chanceux, leur voiture garée sur le parking.

— Ils ne peuvent pas nous voir, expliqua Jay, remarquant Niki soucieux d'un garçon qui l'avait presque bousculé.

Rien n'avait changé. Peut-être à part la porte du gymnase, sa couleur ébène avait été totalement remplacée par des centaines de photos qui la recouvrait de photos. Celles de Niki. Au pied, y reposait des bouquets par dizaine, certains venaient à peine d'être déposés tandis que d'autres devaient être ici depuis quelques semaines déjà.

Repose en paix. On ne t'oubliera jamais. Tu nous manques tellement.

C'est ce qu'il lisait sur les mots entre les pétales de roses.

Niki sentit son coeur se serrer, enchaîné par un sentiment qui entailla sa gorge et humidifiait ses yeux. On l'avait déclaré mort. Sans vie. Décédé dans l'incendie qu'il avait lui-même commis.

Pourtant, malgré le brouillard de chagrin qui nourrissait ses larmes et obscurcissait son esprit, le rayon de soleil qu'était son coeur illumina ses orbes et étira ses lèvres ; ils avaient pensé à lui, il ne l'avait pas oublié et Niki ne pouvait que les remercier en s'échappant de la brume qui l'aveuglait.

Il était resté devant le gymnase rénové, regardant les élèves, ses amis pour certains et simples connaissances pour d'autres, ainsi que ses professeurs, entrer et sortir du bâtiment qu'il était certain d'encore connaître par cœur. Jay était resté à ses côtés, son éternel verre à la main, ne parlant que quand le plus jeune le lui demandait. Ce dernier se retourna, traversant la cour, avant de franchir le portail, se remémorant ses moments passés devant à attendre que ses anciens copains ne s'en aillent pour qu'il puisse lui aussi rejoindre ses parents qui habitaient juste devant.

Jay le suivit sans un mot, il lui emboitait le pas, la gorge humidifiée par son breuvage qui le faisait rêver.

À nouveau, rien n'avait changé, la maison était toujours d'un blanc parfait, les escalier à l'entrée parfaitement nettoyés et le jardin toujours tondu et bien taillé.

La porte était ouverte, alors, doucement comme s'ils pouvaient l'entendre, Niki s'y faufila, suivi de près par Jay qui ne s'était pas gêné pour ouvrir en grand la porte et pénétrer, les mains dans ses poches et le regard las, dans la maison de ses parents.

Niki redécouvrait chaque détail des meubles et de la tapisserie, c'était comme s'il n'était jamais parti. Cette même odeur de chez soi, ce sentiment d'être enfin rentré après avoir passé des semaines chez autrui. Il était si bien ici, humant le parfum de sa mère, frôlant du bout du doigt l'écharpe de son papa.

Jay était toujours au rez-de-chaussée, pendant que Niki, lui, montait les marches pour se rendre dans sa chambre. Il fut surpris de constater que plus rien ne restait, aucune photo de famille n'habillait les murs et les couloirs, que ses cadeaux ne trônaient plus fièrement sur les étagères et que ses livres favoris avaient disparu de la bibliothèque de famille. Le pire, fut en entrant dans sa chambre, le néant se dessinait sous ses orbes.

Plus aucune trace de lui ne vivait ici.

Eux-mêmes sorciers devaient se douter d'où il se trouvait ? Que Niki n'avait pas péri dans les flammes du lycée et qu'au contraire, de ses doigts fins il parvenait à les contrôler.

Affolé, il dévala les marches à toute allure, cherchant réponse chez Jay.

Pourtant, en descendant, il les vit, ses parents.

Ils riaient, ce doux son que Niki n'avait pas pu oublier. Leurs sourires s'ancraient à nouveau dans ses yeux embués. Ils vivaient sans lui. Ils semblaient plus heureux que jamais.

Stoïque au milieu du salon, Niki se vidait de toute émotion, et plus encore quand, sans prévenir, un chiot apparu de sous le canapé avant de filer s'accrocher au pantalon de sa mère qui l'avait aussitôt attrapé et câliné.

— Jay, l'appela Niki, maman déteste les chiens.

Elle les détestait, elle refusait chaque demande de Niki pour en adopter, alors pourquoi, pourquoi maintenant qu'il n'était plus là elle en serrait un dans ses bras ?

— Jay, continua Niki, pourquoi ils sont comme ça ?

Niki ne comprenait pas, il ne comprenait plus rien. C'était bien eux, il en était certain, ceux qui l'avaient chéris et élevés. Cette maison était la sienne, ces parents étaient les siens alors, pourquoi il ne restait plus rien de lui ?

— Jay, trembla Niki, pourquoi... Pourquoi, pourquoi vivent- ils comme si je n'avais jamais existé ?

— Parce que c'est ce qui est en train de se passer.

Un couteau en plein cœur aurait été moins douloureux. Se faire remplacer faisait mal, se faire oublier était d'une intensité que Niki abhorrait.

— Donc pour eux, je, enfin... le lycéen décédé est...

— Un parfait inconnu.

Son cœur battait malgré le néant qui le rongeait. L'air entrait dans ses poumons, il avait un goût amer, un goût de vide et d'inutilité, tout ce que Niki était.

Ses parents l'avaient oublié, et la réponse lui avait été donnée par Jay. Il l'avait pourtant prévenu qu'il regretterait, mais Niki s'était entêté à les voir à nouveau.

Un sorcier né d'au moins un parent sorcier, Niki avait eu la chance d'être le fruit de deux humains ayant des dons de sorcellerie enflammés. Ils vivaient heureux, loin du monde magique. C'était un souhait des parents de se tenir éloignés du paysage fantastique qu'était l'autre côté du tunnel des sorciers. Les deux tourtereaux vivaient mal le fait d'appartenir à cette catégorie, de se qualifier d'êtres surnaturels qui animaient les contes et effrayaient les enfants. Alors, ils avaient pris la lourde décision de tout abandonner, de se détacher de ce monde en renonçant à leur pouvoir capable de réchauffer les cœurs les plus gelés de l'humanité. Cependant, le petit Niki était né, un jeune enfant, un jeune sorcier qui rattachait les Nishimura au monde qu'ils voulaient abandonner. Ils aimaient leur fils, plus que tout, mais il était le dernier point d'ancrage qui soutenait le navire de leur détresse. Il était le dernier détail qui ravivait le souvenir de l'existence d'un monde de magie et de secrets. Alors le départ de Niki vers l'Assemblée permit aux parents de tout effacer, de complètement oublier la véritable nature qui avait grandi en eux, leur pouvoir avait quitté leurs cellules, leur savoir s'était évaporé de leurs pensées. Et l'existence de leur enfant sorcier s'était complètement effacée.

Une main sur l'épaule, Jay poussa Niki vers la sortie. Il s'était laissé faire, à quoi bon rester ? À quoi bon regarder deux êtres qui l'avaient rayé de leur vie. C'était comme si plus rien en lui ne fonctionnait, que son sang ne voyageait plus dans ses veines et que son âme s'était envolée.

Ses parents l'avaient oublié et le pire, c'est qu'ils le voulaient. Mais pouvait-il vraiment leur en vouloir ? A peine un an qu'il baignait dans l'océan qu'était leur sorcellerie que la difficulté de ce monde avait déjà gravé son esprit ; des règles à en perdre la tête, des privilégiés aux contraintes qui leur coûtaient la vie et des secrets qui les faisaient tous couler.

Qu'est ce qu'il allait faire maintenant ? Vivre sans parents. C'était bizarre, ça faisait mal à son palpitant. Horriblement mal.

Pourtant, il avait promis à Jay qu'il resterait après cela. Et même si l'envie lui grignotait les os, Niki ne partirait pas. Alors, déambulant vers le monde magique, Jay émit à voix haute l'unique but de sa vie.

— Maintenant on va attendre que Hee Seung se réveille, qu'il comprenne qui je suis, qui il est et qu'on ne peut rien me voler.



******

Hello !
On se retrouve enfin pour la deuxième (et dernière) partie de l'Interlude de Niki ! J'espère qu'il vous a plu et que vous êtes pressés de retrouver le HeeWon dans le prochain chapitre x)

Vous avez enfin pu voir Jay après touuuuut ce temps, alors, la première impression ?

Je vous remercie d'avoir attendu et lu ce chapitre, je vous dit à bientôt pour la suite !

Bisouuus

• Adiaaa •

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