Deuxième partie : Ils sont encrés
Vous savez, dès notre plus jeune âge, on nous rappelle, nous les personnes noires, arabes ou asiatiques que nous sommes différents des autres.
Je ne peux vous parler que du point de vue des noirs, mais j'imagine que les arabes, les asiatiques et toutes les autres minorités doivent subir tout autant. Je ne peux même pas parler au nom de tous les noirs du monde, car chaque expérience est différente. Mais je ferai de mon mieux pour que vous voyez où est le problème et surtout, comment le résoudre.
Dès la maternelle, la peau noire est comparée à de la terre, de la matière fécale. Quand on dit a un enfant noir qu'il est « marron caca », sa confiance qu'il n'avait même pas encore developer est touchée. Elle est encore plus enfouie. Et cette sensation d'exclusion n'ait en lui. Ce petit enfant, il va grandir avec ça, avec cette idée que, si on lui dit tous les jours que sa couleur de peau, c'est de la terre, que ses cheveux sont sales car ils ne sont pas lisses ou que ses lèvres sont grosses comme celle de Taz, il va finir par croire à ces méchancetés.
La phrase « les enfants disent toujours la vérité » n'est pas en ordre dans ce cas. Aucun enfant, aussi innocent qu'il soit, doit dire des choses pareilles, ni en entendre.
Et pourtant c'est ce que des tonnes et des tonnes d'enfants noirs ont vécu et vivent toujours.
Dire que vous aimez leurs cheveux, qu'ils sont mignons et adorables est bien, mais ce n'est pas à cet enfant qui a grandi qu'il faut le dire, c'est à celle dont les tresses sont tirées en permanence, celui qu'on désigne comme méchant parce qu'il est pas blanc, c'est à l'enfant qui entend ça à l'école qu'il faut le dire.
Car le cercle vicieux commence ici.
Bien trop d'adultes ont fermé les yeux, croyant que de simples excuses allaient suffire. Beaucoup d'enfants ne savent toujours pas, même en grandissant, que ces choses peuvent briser un enfant. Et beaucoup de parents ne savent même pas que leurs enfants ont dit ça.
En primaire, le problème évolue. Les insultes restent les mêmes, mais les solutions ne le sont plus. Un enfant noir, ayant grandi avec l'idée que le seul moment où tu es vu à ta juste valeur, c'est chez toi, ne va pas être à l'aise à l'école. Il ne va pas aimer qu'on rit de son prénom, qu'on rit de ses cheveux crépus, qu'on les touche, qu'on commente sur chacun de ses faits et gestes.
Vous allez me dire : mais si ces enfants qui insultent n'ont jamais vu de noirs, c'est carrément normal qu'ils touchent et commentent.
Et oui. Je suis d'accord avec ça. C'est là que vient le problème de représentation des noirs (arabes et asiatiques aussi n'oubliez pas que les noirs ne sont pas les seuls à subir ça) à la télévision.
Ce problème là est intergénérationnel. Sur ce soit dans les séries pour ados, dans les dessins animés, dans les films à gros budget, les noirs ont mis du temps à apparaître.
Pas parce qu'ils voulaient pas mais parce qu'on leur empêchait.
Si on cite des séries plus anciennes comme Les Frères Scott ou 90210, vous souvenez-vous avoir vu un personnage récurrent noir ? Pas moi. Dans les Looney Tunes, le peu d'humains représentés sont ils noirs ? Pas que je sache. J'en ai pas vu ou alors trop peu pour que ça me marque.
Dans les nouveaux dessins animés et certains anciens avec lesquels ont a grandi (je pense aux Totally Spies ou Jimmy Neutron même), il y a une inclusion de personnes non-blanches. Et Netflix, niveau représentation, fait du bon travail.
Mais ça n'empêche pas le fait que des millions d'ados noirs aujourd'hui n'ont eu aucun modèle noir à la télévision avant qu'ils voient Beyoncé, Rihanna ou Missy Elliott.
Et dans les films anciens, des noirs, ils n'en avaient tout simplement pas. La plupart de ces films cultes ont été tournés pendant la ségrégation raciale aux USA et la colonisation de l'Afrique en France, ce qui faisait que la communauté noire était tout bonnement écartée des projecteurs.
Et c'est là que le cercle vicieux s'agrandit.
Au collège, tout a tendance à s'aggraver. Les enfants blancs ou qui ont fait des commentaires désobligeants aux enfants noirs ont pu apprendre que insulter son prochain car il est foncé et pas eux, c'était pas bien et que jamais ils ne devaient recommencer.
Ça n'empêche pas certains de ces enfants d'oublier cette leçon comme on oublie sa pizza dans le four.
C'est impensable et pourtant ça arrive.
C'est souvent là que le harcèlement de tout type commence, pour tous les enfants sans exception. Et c'est surtout là qu'on en souffre le plus.
Comme d'habitude, je ne vous parlerai du harcèlement moral raciste, car je ne peux pas me permettre de parler au nom des autres harcèlements.
Ce harcèlement commence par les mêmes commentaires que en primaire. A force, on s'y habitue et on s'y fait. Ils sont butés, bah nous aussi. On les laissera pas nous abattre avec un « marron caca » ou un « va te laver t'es couvert de terre ».
Mais à ce déversement de comparaisons et insultes ridicules, se rajoutent les préjugés des classes supérieures, plus informés que les 6e sur les noirs.
On commence à nous frapper et nous dire qu'on devrait avoir l'habitude avec l'esclavage.
On commence à nous faire de bruits de singes.
On nous traite de sale noir comme si les douches n'étaient réservées qu'aux blancs.
Et encore, je n'ai pas tout dit.
Le collège est déjà dur à vivre en général. Mais rajoutez à un enfant déjà blessé en train de cicatriser de la primaire des stéréotypes et des préjugés.
Mélangez le tout, vous avez un enfant noir qui va se renfermer, se renforcer mais surtout se créer une carapace, une personnalité, pour ne plus subir.
Cet enfant noir, quand on lui demandera de faire une danse de la pluie, se renfermera.
Cet enfant noir, quand on tentera de lui dire qu'il n'a aucune valeur car ses ancêtres esclaves n'en avaient pas non plus, ne fera rien.
Cet enfant noir préférera subir que se défendre.
Et le jour où il écoute ce qu'on lui dit sur le harcèlement et qu'il va parler à un adulte, le résultat est net : rien.
Rien ne se passe. La CPE pourrait considérer que se faire insulter n'est rien parce que tu as osé te défendre et leur répondre. Elle pourrait considérer que comme cet enfant noir n'est pas physiquement blessé, l'avis des agresseurs prônera toujours.
Sauf que la CPE ne sait pas ce qu'il se passe à l'extérieur du collège.
La sortie du collège est un traumatisme pour certains. C'est à ces moments là que certains peuvent se faire attaquer, se faire lyncher, au point de ne plus jamais vouloir venir en cours.
Tout ça parce qu'un enfant a décidé ou a entendu qu'être noir, c'était avoir une pancarte « bouc émissaire » sur le front et une cible dans le dos.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro