Callum
Il était onze heures et demie et nous venions d'arriver chez mes parents. J'adorais venir ici, même après la mort de mon père. Leur maison, au nord de la réserve naturelle de Burlington, était une énorme baraque en pierre. Les volets étaient tous en bois et à l'intérieur, les poutres apparentes et le linteau de cheminée en chêne donnais une ambiance cosy et chaleureuse, comme dans les chalets de montagne. Une vaste glycine habillait tout le côté gauche de la maison et je savais que derrière la maison, tout le mur extérieur était couvert de vigne italienne.
Sur le siège passager, Léona essayait en vain de cacher son stress. De ce que j'avais compris, elle avait peur de ne pas plaire. J'avais au moins réussis à la rassurer sur le fait qu'elle soit humaine, vu que la femme de mon frère en était une.
Alors que je n'avais enfilé que mon jean – tee-shirt – cuir – bottes habituel, Léona s'était habillée d'une robe prune fluide et longue jusqu'à ses chevilles, seulement cintré au niveau de sa poitrine en un joli décolleté qui me donnait juste envie de plonger ma tête dedans. Par-dessus elle portait une veste en jean artistiquement usée et avait des converses basses noires. Sa tenue était simple mais je la trouvais magnifique. Ses cheveux libres bouclaient délicieusement autours de son visage, me provoquant, tandis que je luttais pour ne pas les fourrager de mes mains et embrasser leur propriétaire à en perdre mon souffle.
_ Arrête de t'inquiéter, ma belle, la rassurais-je. Reste toi-même et ils vont t'adorer, je te le promets.
_ Je te crois Callum. Je fais ce que je peux.
_ Regarde moi.
Elle tourna la tête vers moi, son regard se plantant dans le mien. Je lui caressais la joue de la pulpe de mon pouce et cédant à la tentation, je l'attirais dans un baiser lent, tendre, que je terminais en mordillant doucement sa lèvre inférieur.
_ Ça va mieux ? La questionnais-je ensuite.
_ Hein ? ...De quoi ?
Je m'esclaffais.
_ Rien, chérie. Aller, on y va.
Je pris le gâteau glacé sur les genoux de Léona et verrouillais ma voiture après elle. Sautant les trois marches du porche, j'entrais sans m'annoncer. Le salon était vide alors je pris la main de Léona et me dirigeais vers la cuisine.
_ Bonjour m'man.
_ Bonjour mon chéri, dit-elle en enfournant un gigantesque plat de pomme de terre au four.
Je la serrais dans mes bras et embrassais sa joue. Puis elle se tourna vers Léona.
_ Bonjour ma chérie. Léona, c'est ça ? J'avais tellement hâte de te rencontrer ! Mon dieu, tu es si jolie...
Léona rougit furieusement puis sourit comme si un poids s'était envolé de ses épaules. C'était un de ses sourires chaleureux qui ne manquait pas de me désarmer.
_ Je suis également ravie de vous rencontrer. Après tout, c'est grâce à vous que Callum est devenue quelqu'un d'aussi formidable.
_ Oh, mon mari y est aussi pour quelque chose ! répliqua ma mère en riant. Callum, mets le dessert au congélateur et va remplacer ton frère devant le barbecue veux-tu ?
_ Ok. Mais ne garde pas Léona que pour toi hein ! Johanne veut surement la rencontrer aussi.
J'embrassais la joue de ma mère et le front de ma belle. Elle avait l'air détendue, ce qui me rassura. Je sortis derrière la maison et allait dire bonjour à ma belle-sœur.
_ Callum ! Comment vas-tu ? S'exclama-t-elle avec humeur, sa petite dernière, Solène, dix mois, sur ses genoux.
_ ça va nickel, Johanne. File moi ta petite princesse ! Réclamais-je en prenant Solène pour la câliner.
Jason, l'ainé de mon frère et Johanne galopa vers moi.
_ Tonton Cal !! s'écria-t-il.
J'eu à peine le temps de reposer sa sœur qu'il me sauta au cou.
_ Hey mon bonhomme ! Mais dit donc, me dis pas que t'as encore grandis depuis la semaine dernière ! Tu veux ressembler à une montagne ou quoi ?
_ Mais non Tonton, c'est pas possible une montagne. J'ai que sept ans... Mais papa a dit que je suis grand pour mon âge ! Et je suis le plus grand dans ma classe alors pour les photos je suis toujours debout derrière !
Jason avait les yeux brillant de fierté. Ce môme était vraiment super : enjoué et déterminé, il était relativement facile à vivre. Je le posais afin de me rendre vers le barbecue, ou mon grand frère terminait de griller les derniers morceaux de viande.
_ Salut mon vieux, dit-il quand je m'approchais.
_ Lachlan, le saluais-je en entourant son épaule de mon bras. Je viens te filer un coup de main.
_ Maman t'a renvoyé afin de garder ta copine rien que pour elle un moment, c'est ça ?
Je soupirais. Lachlan était du genre perspicace.
_ C'est dingue à ce point que j'ai une copine ?
_ Non, mais c'est assez surprenant que tu en parles. Encore plus que tu nous la présentes.
_ C'est la première femme à me donner envie de le faire, marmonnais-je dans ma barbe.
_ Comment tu l'as rencontré ? Si c'est aussi sérieux que ça en a l'air, tu ne l'as surement pas ramassé en boite de nuit ou dans un bar.
_ Elle est venue à mon salon pour se faire tatouer. Après que les hommes de mains de son père l'aient embêté au salon, je l'ai ramené chez elle et on a découvert son appart dévasté par les mecs qui étaient passés plus tôt. Depuis je l'héberge. J'ai appris à la connaître... et cette fille est carrément géniale ! Sans parler de ses pâtisseries qui pourraient rivaliser avec la cuisine de maman...
_ Eh bien, eh bien ! Je suis sincèrement heureux pour toi, frangin. Tu lui as dit que tu l'aimes ?
_ Hein ?? Mais de... de quoi tu parles ? Bafouillais-je, surpris.
_ Mon frère, ne joue pas au plus idiot. Tu oublis à qui tu parles ?
_ Putain, tu me fais chier à tout savoir Lake, bougonnais-je en fronçant les sourcils.
_ Alors ?
_ Non. Je n'ai pas encore trouvé le bon moment vu que je m'en suis rendu compte que hier ! Je voulais surtout te demander comment faire pour que son père lui fiche la paix. Elle a reçu un bon paquet de fric de ses grands-parents et son connard de père veut avoir la main mise dessus. Pour lui cet argent n'appartient pas à Léona et doit lui revenir.
_ Merde ! Quel chien ! S'écria Lachlan, ahuri. Faire ça à sa propre gamine... Il ne peut rien faire, de toute façon. Si sur le testament il y a le nom de ta copine, il lui appartient, point. Dis-lui de porter plainte pour harcèlement déjà. Si le harcèlement récidive, il y aura des preuves et on pourra mettre le holà. S'il poursuit encore, on pourrait même le mettre en tôle. Ça ne me pose aucun problème d'être son avocat si ça va aussi loin.
_ Hey les frangins !! Le plus beau est enfin arrivé !
Mon petit frère venait d'arriver en fanfare, comme à son habitude. Je remerciais Lachlan et allait serrer Cian dans mes bras.
_ Elle est canon ta copine Callum, murmura-t-il, affable. Elle a aussi l'air super sympa.
_ Je confirme, elle est sympa. Mais elle est à moi alors ne t'avises pas de lui faire du plat même pour t'amuser Bluesky ! Persiflais-je en affichant un sourire mi-figue mi-raisin.
_ Allons Calamity Jane ! Je ne ferais jamais ça...
_ Ouais c'est ça. Et arrête de m'appeler comme ça, petit morpion !
_ Quand t'arrêteras de m'appeler Bluesky, trésor ! S'exclama Cian en allant dire bonjour à Lachlan.
Je ris sous cape et retournais à la maison. Léona me manquais un peu et j'étais curieux de savoir de quoi elle parlait avec ma mère. Quand j'entrais dans la cuisine, elle aidait ma mère à préparer une salade composée. Ma mère m'aperçut mais pas Léona, qui était dos à moi. M'approchant furtivement, je la pris par la taille et posait mon menton sur son épaule. Elle sursauta et pesta d'office contre moi, souriante malgré tout. Ma mère l'avait mise assez à l'aise pour que Léona me gronde comme elle l'aurait fait dans l'intimité de mon appartement et, dire que cela me plaisait était un pur euphémisme.
_ Léona ma chérie, va poser la salade et le pain dehors, j'arrive avec les sauces, dit ma mère avec entrain.
_ Très bien.
Léona se mit sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur mon nez puis sortit de la cuisine. Je souriais encore comme un idiot même après qu'elle ait disparu.
_ Tu as bien choisis mon fils, me susurra ma mère en caressant ma joue de sa main. Elle t'aime aussi tu sais ?
_ Hum, on n'a pas encore eu cette discussion elle et moi. J'ai moi-même mis du temps à mettre un mot sur ce que je ressentais, alors...
_ Gros beta ! Tu as intérêt à l'avoir cette discussion. Je la veux autant que toi dans la famille et presto !
J'éclatais de rire.
_ Dites donc, j'espère que vous ne manigancez rien, ma très adorable mère...
Son regard pétilla de malice.
_ Mon chéri tu n'en sauras rien ! Maintenant, aide-moi et porte ces bouteilles s'il te plaît.
_ Oui chef !
Léona n'était pas encore assise ; elle discutait joyeusement avec Johanne tout en câlinant ma nièce. Ma mère appela – non, cria tout le monde et nous nous attablèrent, Lachlan à la place de mon père en bout de table. A sa droite se trouvait ma mère puis entre elle et Cian, Solène jouait dans sa chaise haute. A sa gauche il y avait Jason, Johanne et Léona. Je m'asseyais à l'autre bout de la table.
En tant que chef de notre famille ainsi que par politesse, ma mère fut servie en première. Ensuite, d'un furtif mouvement de la tête, elle nous invita à faire de même. Les conversations reprirent et j'en profitais pour questionner Léona :
_ Ça va ?
_ Oui très bien, me répondit-elle discrètement avec un sourire qui atteignait son regard lumineux. Je crois que j'adore ta famille.
_ Et moi, c'est toi que j'adore, lui chuchotais-je tout aussi discrètement.
Ses pommettes rosirent de contentement, pour mon plus grand plaisir.
Nous partîmes à la suite de mon grand frère, vers dix-huit heures trente, après que ma mère nous ait remis quelques restes dans des lunches box. Le trajet du retour fut étonnement silencieux. Je ne percevais aucune animosité, au contraire : Léona semblait être sur un petit nuage. Elle semblait dans ses pensées et je l'entendais même pouffer subrepticement, le regard vers l'extérieur.
A peine rentré, je fourrais la nourriture dans le frigo et fit couler un bain pour Léona. Je voulais que la joie qu'elle avait ressentie au contact de ma famille perdure le plus longtemps possible. J'avais la certitude qu'elle avait besoin de ça. Le bain prêt, je m'avançais vers Léona qui s'était installée au salon. Je lui pris les mains afin de la lever et la dirigeais vers la salle de bain ou je la déshabillais.
_ Oh, c'était pour moi le bain ? Seigneur, Callum tu es parfait. Merci.
_ De rien chérie. On a passé une super journée alors autant faire durer le plaisir, murmurais-je avant de l'embrasser langoureusement.
Nue, je l'aidais à grimper dans la baignoire pleine de mousse et actionnais le robinet de la douche. Léona, qui avait fermé les yeux en se délectant dans l'eau chaude, fixa son regard sur moi, curieuse. Je clignais d'un œil, amusé, et me dévêtis sans la moindre gêne. J'avais une douche et une baignoire. Léona et moi nous connaissions intimement, alors pourquoi jouer les prude et attendre qu'elle finisse alors que je finirais de me laver bien avant qu'elle?
Je me glissais sous l'eau et soupirais d'aise. Dire que durant toute ma vie je pensais être heureux... aujourd'hui je savais vraiment ce que ça signifiait. Mais le père de Léona serait une épine dans mon pied s'il continuait ses représailles envers sa fille. Ça la ferait souffrir et il était hors de question que ça arrive.
Après m'être frotté pour briller comme un sou neuf, j'éteignais l'eau et sortis de la douche. Je me séchais et après avoir déposé un baiser sur le front de Léona, j'allais me prendre un short dans mon armoire. Je n'avais pas vraiment faim mais histoire que je tienne vraiment jusqu'à demain, je sorti ce qu'il subsistait du gâteau de Léona. Je lui coupais une part et pris le reste. Une boule de glace dans chaque assiette et je déposais le tout sur la table basse. J'allumais la tv sur une chaîne quelconque et retournais dans la salle de bain.
_ Ma belle, tu veux bien sortir ? Tu vas finir par ressembler à un pruneau tout fripé, me moquais-je.
_ Mmm... mais c'est tellement bon.
_ Je t'ai préparé quelque chose de meilleur, répliquais-je en prenant sa serviette.
Léona se leva et je l'enroulais dedans. Je la séchais minutieusement et nous sortîmes. Dans ses fringues je pris son shorty Pokémon (je le vénérais) et un débardeur à bretelle que je l'aidais à enfiler. Je trouvais ça apaisant de partager une telle intimité. J'embrassais ses lèvres et l'emmenais au salon ou nous dégustâmes notre dessert.
Vers vingt-deux heures, nous nous couchâmes, Léona au creux de mes bras. La proximité de son corps souple et chaud déclenchait en moi une sensation inqualifiable, maintenant que je connaissais mes sentiments pour elle. Je repensais à ma famille, si unis, si aimante. Le genre de chose que Léona ne connaissait pas dans la sienne. Le genre de famille auquel elle aspirait désespérément.
Je m'endormis avec la ferme intention de protéger Léona ainsi que son bonheur avec moi.
Quitte à démembrer son connard de père pour y parvenir .
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