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VIII - A Formidable Opportunity

19th of April – 23rd of July 1999

Chronology
2nd of May 1998 : Battle of Hogwart

Durant le dîner, l'article maudit fut l'unique sujet de conversation. Hermione était soucieuse, les Weasley indignés et Harry aurait bien aimé qu'on parle d'autre chose. Ron était outré qu'on mette en doute leur aventure et le rôle de Harry dans la défaite de Voldemort. Il proposait des vengeances plus improbables les unes que les autres quand George l'interrompit pour lui demander :

— Dis, Ron, et si on faisait des plumes qui n'écrivent que des injures et qui signent systématiquement Rita Skeeter, plus bête et méchante, tu meurs !

Il y eut un moment de silence ébahi, alors que tous les convives prenaient le temps de savourer ce miracle. Pour la première fois depuis la disparition de son jumeau, George proposait un nouveau produit pour les farces et attrapes.

— Super idée ! s'enthousiasma finalement Ron. Ouais, génial !

— Il suffira de reprendre les plumes à réplique cinglante et de modifier un peu le sortilège, réfléchit George.

— Et on l'appellera Plume vipérine, compléta Ron. À glisser dans le plumier de vos camarades.

— On s'y met dès demain.

Les Weasley couvèrent leur miraculé d'un regard amusé et soulagé à la fois. Harry songea que si Rita savait qu'elle avait fait une bonne action ce jour-là, elle se sentirait déshonorée.

*

Dès le lendemain midi, Hermione était de retour au Terrier.

— Nous avons eu une petite réunion, Kingsley et moi. J'ai envisagé avec lui les différentes manières de convaincre les représentants des guildes de le soutenir. Nous en avons conclu que le plus efficace serait de se montrer dans les lieux publics et de s'intéresser à la vie des sorciers. C'est comme ça que Fudge a obtenu son poste.

— Et Shacklebolt veut faire pareil ? s'étonna Harry.

— Promettre le changement ne sera pas un argument de campagne suffisant, soupira Hermione. Ça fait peur aux gens. Dis-toi que Kingsley n'aime pas davantage que toi l'idée de serrer des mains.

La formulation de la phrase éveilla la méfiance de Harry.

— Comment ça, que moi ?

— Tu iras avec lui.

— Ah non, jamais de la vie, dit Harry le plus fermement possible.

— Tu ne vas pas laisser tomber Kingsley ! s'indigna Ginny.

— Pas question que j'aille faire le guignol et me pavaner dans les rues, assura Harry buté.

Il songea que s'il faisait ça, Rogue le traiterait de nouveau d'orgueilleux... juste avant de se souvenir que Rogue était mort. Un instant désarçonné, il perdit le fil de la discussion. Lorsqu'il se raccrocha à ce qui se disait, Ginny semblait toujours plaider pour qu'il se donne en spectacle. Encore sous le choc de ses pensées, il la rabroua :

— Et depuis quand tu t'intéresses à la politique, toi ?

— Tout le monde n'est pas aussi bouché que toi, lui rétorqua-t-elle aussi sec.

— Allons, mes enfants, intervint Molly alarmée.

Il y eut un silence gêné. Finalement Harry murmura :

— Désolé, Ginny.

— Harry, lui assura Hermione, on comprend très bien ce que tu ressens. Cela ne plaît à personne. Mais il faut en passer par là, c'est tout.

*

Le lendemain, Harry, crispé et embarrassé à la fois, déambulait sur le Chemin de Traverse en compagnie de Kingsley Shacklebolt. Le candidat semblait plus à l'aise que lui, mais pas davantage ravi de la situation.

Ils avaient commencé par prendre une Bièraubeurre au Chaudron Baveur. Ensuite, ils avaient lentement remonté la rue en faisant diverses emplettes : brillant à chaudron, poudre d'armoise, Miam'hibou, peigne à balai, rouleaux de parchemin, un livre sur les dragons, un chapeau pour Kingsley, une petite lampe ancienne, ainsi que des pétards du Dr Flibuste. Ils avaient également admiré les chouettes postales et gratouillé le ventre des boursoufs. Après ça, ils étaient allés manger une glace, saluer les gobelins à Gringotts, avaient pris un thé ou un sandwich dans différents cafés, discuté avec des journalistes dans les locaux de La Gazette du Sorcier — heureusement Rita Skeeter n'était pas là —, rendu visite au vieil Ollivander et s'étaient fait offrir les premières Plumes vipérines par Ron aux Sorciers Facétieux.

Ce faisant, ils avaient serré d'innombrables mains et admis qu'il y avait beaucoup de choses à améliorer au ministère. Ils avaient tapoté la tête des enfants et Harry avait réalisé avec stupéfaction que certaines mères avaient l'aberrante conviction que son contact prémunissait contre le mauvais œil. Il se demanda ce qu'en pensait la rationnelle Hermione qui s'était mêlée à la foule pour évaluer leur prestation. À sa grande répugnance, il fut également obligé de signer des autographes. Il s'en acquitta de mauvaise grâce, faisant d'informes gribouillis sur les divers supports qu'on lui tendait. Pendant que Harry jouait les utilités et recevait des félicitations pour ses hauts faits, Kingsley répondait aux questions concernant son programme politique.

Quand ils revinrent enfin au Terrier, Harry s'effondra sur le canapé, épuisé.

— Tu as été très bien Harry, le complimenta Hermione. Essaie juste d'être un peu plus souriant demain à Pré-au-Lard.

— Je hais Rita Skeeter ! rétorqua farouchement Harry. Sans cette saleté d'article...

— Au moins, il nous a donné l'idée de contre-attaquer. Nous étions trop confiants, je pense, tempéra Hermione.

— N'oubliez pas de lui envoyer un mot de remerciement quand vous serez élu, Kingsley, suggéra Ginny sardonique.

— Merci beaucoup, Harry, dit Shacklebolt. Tu es sûre qu'il doit venir demain ? demanda-t-il à Hermione. Il en a déjà beaucoup fait.

— Ne vous en faites pas, il aura récupéré d'ici là, répondit Hermione sans pitié.

— Tu es pire que Rita, gémit Harry. Est-ce que je serais encore obligé de signer des autographes ?

— T'as qu'à mettre Rita Skeeter, lui conseilla Ginny impitoyable.

*

Après Pré-au-Lard, on visita Ste-Mangouste. Harry en était arrivé à compter les jours qui le séparaient de son retour à Poudlard. Il n'aurait jamais cru qu'une semaine pût être aussi longue. Chaque matin, Hermione débarquait avec toute la presse sorcière. Harry refusa tout net d'éplucher les journaux, hormis Balai Magazine et — mais très discrètement — Sorcier Viril. Il n'écoutait que distraitement les commentaires de son amie. Ensuite, elle lui exposait le programme de la journée.

Lui qui avait espéré avoir du temps à partager avec Ginny, il la voyait encore moins qu'à Poudlard, passant ses rares moments de loisir avec Teddy dans les bras. Harry avait même envisagé de se glisser dans la chambre de sa dulcinée une fois tout le monde au lit. Il aurait bien aimé un petit câlin, en tout bien tout honneur bien entendu, car il n'avait pas follement envie de séduire la jeune fille avec ses parents de l'autre côté de la cloison. Mais il craignit que Ginny ne se méprenne sur ses intentions et le mette dehors avant qu'il ne s'explique, sans compter qu'il redoutait la réaction de Mrs Weasley si elle l'apprenait. Bref, il renonça à ce réconfort. Heureusement, prise de pitié, Ginny lui tenait fréquemment la main durant les rares moments où il était au Terrier, ignorant le regard un peu moqueur de ses frères.

Le réveillon du Nouvel An fut un cauchemar. De longue date, il avait été prévu de faire une grande réception dans l'atrium du ministère, à laquelle seraient conviés tous ceux qui s'étaient distingués pendant la guerre, qu'il s'agisse des combattants de Poudlard ou de ceux — fonctionnaires ou simples sorciers — qui s'étaient rebellés contre l'ancien système en aidant ceux qui en avaient besoin. Une décoration était prévue pour chacun d'eux. Harry devait s'y rendre avec les Weasley pour se voir remettre un Ordre de Merlin de première classe. Dans ces conditions déjà, il n'avait pas envie d'y aller.

Mais on imagina pire encore. Le programme et le protocole furent modifiés à la dernière minute : Harry dut se tenir au côté du ministre et agrafer lui-même les médailles sur les robes des héros. Il croisa le directeur de Poudlard et ses professeurs, entrevit rapidement Neville et ses autres amis sans avoir l'occasion de leur parler en privé. Il échangea un sourire triste avec les Weasley quand ils défilèrent pour recevoir leur ordre et la médaille posthume de Fred. Pendant que l'assemblée s'empiffrait au somptueux buffet, son propre estomac criait famine, car il était trop occupé à serrer des mains et à se faire présenter d'illustres inconnus pour aller piocher dans les petits fours.

Vers minuit, il en était à songer avec nostalgie aux réveillons solitaires qu'il avait passés dans son placard chez les Dursley.

*

Heureusement, même les pires moments ont une fin et Harry retourna à Poudlard avec soulagement. Évidemment, l'intérêt des élèves pour sa personne, qui avait commencé à s'amenuiser au mois de décembre, connut un regain d'activité. Tout en maudissant Rita et les bonnes idées d'Hermione, Harry filait dans les couloirs, l'œil rivé sur sa destination, feignant de ne pas entendre les chuchotements. À la fin de la première matinée de cours, alors que Harry se pressait de retrouver Ginny dans la Grande Salle pour le déjeuner, Hagrid le rattrapa dans le hall d'entrée.

— Harry ! Un hibou vient d'arriver pour toi.

Harry regarda l'animal et reconnut le grand-duc d'Andromeda. Soudain inquiet, il s'empressa de récupérer le message. Elle l'informait que Teddy avait passé une très mauvaise nuit, se réveillant toutes les demi-heures en pleurs. Manifestement, il ne se remettait pas du départ de son parrain. Harry pouvait-il lui faire parvenir un vêtement imprégné de son odeur ?

Harry n'hésita pas. Il déboutonna sa robe d'uniforme, ôta le tee-shirt qu'il portait en dessous — ignorant les regards intrigués des élèves qui passaient à proximité — et l'enveloppa dans le parchemin qu'il venait de recevoir. Il fit tenir le tout à grand coup de sorts de ficelage et confia le paquet au messager.

Le lendemain, le grand-duc revint apportant des nouvelles rassurantes. Teddy ne s'était réveillé que trois fois la nuit précédente et ne quittait plus son nouveau doudou. Il appréciait beaucoup le Vif d'or animé qui se promenait dessus et suivait le dessin des yeux quand il n'était pas en train de mordiller le tissu.

Soulagé, Harry allait en faire part à Ginny quand son amie, qui s'était jetée sur La Gazette du Sorcier, s'écria :

— Harry, on a gagné !

— Gagné quoi ?

— Enfin, Harry, tu as oublié que la nomination du ministre a eu lieu hier après-midi ?

— Kingsley a été élu ?

— Ouiiii ! De justesse, mais il a réussi !

Harry savoura sa joie en lisant l'article de journal, puis la lettre triomphante qu'Hermione lui avait envoyée. Elle le félicitait et lui assurait que grâce à lui un nouveau monde sorcier allait naître. Harry espéra qu'on ne compterait pas trop sur lui pour initier les changements. Il ne se sentait vraiment pas l'âme d'un politique.

Alors qu'il se rendait à son premier cours avec Ginny, il lui résuma le message d'Andromeda à propos de son filleul. Quand il précisa que le bébé adorait le motif mouvant du vêtement, la jeune fille fronça les sourcils :

— Tu lui as envoyé le tee-shirt que je t'ai offert pour Noël ?

— Oui, je le portais hier.

— Eh bien, ça fait plaisir ! Je te fais un cadeau et il sert maintenant de bavoir à Teddy.

Elle partit brusquement, le laissant en arrière dans couloir.

— T'inquiète ! le rassura Dean qui était juste derrière lui. Avec les filles, on ne fait jamais rien de bien.

Heureusement, il y eut un entraînement de Quidditch le soir même. Ginny oublia tous ses griefs quand elle fit une démonstration des capacités de son nouveau balai aux membres de l'équipe. Ces derniers, remarqua Harry, étaient partagés entre émerveillement et jalousie. En mettant pied à terre, la jeune fille sauta au cou de Harry, exaltée par son vol et emplie de reconnaissance envers celui qui avait rendu possible un tel enivrement.

*

Quelques jours plus tard, Harry descendit à la cuisine pour dire un petit bonjour à Kreattur. Il eut la surprise de le trouver avec un ordre de Merlin — troisième classe — sur la poitrine. Winky était également décorée. Il réalisa avec retard que seuls des sorciers avaient été présents au ministère.

— Quand avez-vous reçu votre médaille ? demanda Harry.

— Le chef des sorciers est venu la donner deux jours avant la fin de l'année, dit fièrement Kreattur.

Harry comprit que Kingsley aurait mis sa nomination en péril s'il avait invité des créatures magiques à Londres pour les honorer avec les sorciers. Cela laissa un goût amer au Survivant. Il félicita chaleureusement les elfes et serra la main à chacun d'eux, avec plus de cœur qu'il ne l'avait fait le soir du réveillon. Puis il alla écrire à Hermione.

 Je sais que c'est injuste, convint-elle dans sa réponse, mais nous ne pouvions faire autrement. Rappelle-toi que ce n'est pas par goût du pouvoir que Kingsley se donne autant de mal pour rester en place, mais dans l'espoir d'améliorer leur statut futur.

Il a vraiment fait son possible pour féliciter tous les participants de la bataille de Poudlard malgré l'étroite marge de manœuvre dont il dispose. Le 30 décembre, il a décoré les elfes de Poudlard dans la Grande Salle et il est allé dans la Forêt interdite pour remercier officiellement les centaures. Il s'est incliné devant Bane qui en a paru satisfait.

Dis-toi que c'est à la mesure de ces restrictions que nous évaluons ce qui nous reste à faire et que personne, à part nous, ne fera. Quand je vois le chemin encore à parcourir, j'en ai le vertige !

Harry ne s'était pas senti très réconforté par ce message.

*

De temps en temps, Harry et Ginny arrivaient à trouver un moment de libre entre leurs différentes obligations et à échapper à l'attention de leurs camarades et de Rusard. Ils se réfugiaient dans une salle que Harry avait découverte en cherchant un passage qui n'existait plus depuis l'été précédent. Elle était très discrète — sa porte était dissimulée sous une tapisserie — et correspondait à leur besoin : elle était dotée d'une petite fenêtre qui leur permettait d'avoir un peu de lumière et d'un mobilier composé d'espèces de poufs sur lesquels ils se blottissaient l'un contre l'autre assez confortablement.

Loin des regards ils s'y embrassaient beaucoup et parlaient un peu. Un jour qu'ils avaient réussi à s'isoler peu après les vacances de Noël, Harry demanda :

— Cela t'a servi de connaître des passages secrets grâce à tes frères, l'année dernière ?

— Et comment ! J'ai échappé plusieurs fois à Rusard et aux Carrow quand je transportais des tracts interdits avec Luna.

— Moi qui te croyais en sécurité ici, fit remarquer Harry d'une voix désenchantée.

— Mes parents aussi. En septembre, j'aurais bien aimé rester avec eux, car j'avais peur de ne plus jamais les revoir si je partais. Mais ils voulaient me mettre en lieu sûr, alors ils ont été intraitables. Les pauvres, ils ont dû se faire un sang d'encre quand ils ont découvert que Rogue avait été nommé directeur et que deux Mangemorts étaient devenus professeurs.

— Les Carrow t'ont fait du mal ?

— Pas trop. Je n'ai pas eu de Doloris, si c'est ça qui t'inquiète. J'ai eu des claques et des coups de pied, mais Madame Pomfresh m'a arrangé ça en un coup de baguette. C'est Neville qui a le plus pris.

— Et Rogue, comment était-il ?

— Avec le recul, c'est vrai qu'il n'était pas si terrible. On ne le croisait pas tellement, vu qu'il n'enseignait plus. Le plus dur, c'est les règlements qu'il a laissés passer. On se croyait revenus au temps d'Ombrage : tous les clubs ont été dissous, les profs étaient surveillés. Il suffisait de se plaindre des règles ou de montrer de la solidarité envers une personne en disgrâce pour se ramasser une retenue ou une punition. C'était pire que les colles avec Rogue : j'ai dû me promener toute une journée avec un écriteau sur lequel il était marqué Traître à son sang. Neville a eu ses oreilles allongées comme celle d'un âne pendant deux jours, Luna a été frappée d'un sort de Mutisme une semaine... tu vois le genre.

— Je suis désolé, lui dit Harry bouleversé. J'ignorais que cela avait été aussi dur.

— Dans un sens, je préférais ça. Au moins, j'avais l'impression de participer, d'être en phase avec ma famille. Beaucoup d'élèves en début d'année se fichaient bien de savoir qui était à la tête du ministère, mais ils ont vite compris ce que cela voulait dire d'avoir les Mangemorts au pouvoir. Alors il y a eu un incroyable rapprochement, discret, mais bien réel. Neville, Luna et moi, on a reçu des mots d'encouragement de plein de personnes qu'on ne connaissait pas spécialement. Un jour, Owen Harper a même menti pour me couvrir.

Harry en fut surpris. Harper était de leur année chez les Serpentards. Comme il était attrapeur, Harry avait tendance à le considérer avant tout comme un adversaire et il ne l'aurait jamais imaginé lutter discrètement contre les Mangemorts.

— Au moins, quand tes parents t'ont gardée avec eux après les vacances de Pâques, on ne pouvait plus te faire de mal.

— Ouais et je me suis retrouvée coincée entre maman angoissée et Tante Muriel absolument insupportable. J'ai failli devenir folle. Je n'avais plus rien d'autre à faire dans la journée que de m'inquiéter pour toi et ma famille. Quand on nous a avertis que Poudlard se révoltait, j'étais sur le point de faire une fugue et d'aller me réfugier chez les jumeaux.

Un silence passa, comme toujours quand on évoquait l'entité autrefois nommée « les jumeaux ».

— J'ai trouvé que George allait mieux, dit doucement Harry pour la réconforter.

— Oui, un peu. Mais c'est encore très dur. Ron en parle à Hermione : d'après lui, il arrive souvent que George se retourne brusquement comme s'il cherchait Fred pour s'adresser à lui. Des fois, il arrête au milieu d'une phrase, mais il n'y a plus personne pour la finir pour lui. À ces moments-là, Ron se sent impuissant.

— Il fait déjà beaucoup en passant toutes ses journées avec lui, s'exclama Harry.

— Oui, c'est pour cela que c'est difficile à supporter, même s'il fait comme si tout allait bien.

— Et pour toi ? demanda Harry.

— Quand je suis à l'école, ça va. À Noël, par contre, ça a été dur. Mais c'est comme ça. On a quand même de la chance, d'autres familles ont été complètement décimées.

Ils se regardèrent, échangeant leur peine pour ceux qui étaient définitivement partis et le bonheur qu'ils éprouvaient malgré tout à s'être finalement retrouvés.

*

Le procès de Greyback eut lieu au mois de février. Harry s'était étonné de le voir repoussé si longtemps — les plus actifs Mangemorts avaient été jugés depuis un bon moment — et Hermione lui avait expliqué que cette affaire était délicate pour Kingsley :

Les comptes rendus d'audience vont montrer un loup-garou dans toute son horreur : Greyback est cynique, violent, agressif et haineux à l'égard des sorciers. Ceux qui sont opposés à l'intégration des garous vont pouvoir s'en donner à cœur joie. Comme Kingsley est connu pour ses positions pro-garous, il ne fallait pas que ce procès se tienne avant qu'il soit confirmé dans ses fonctions. C'est pour cela qu'il s'est arrangé pour le faire repousser.

Harry avait lu ses mots avec malaise. Et quand les journaux rapportèrent les audiences en cours, il constata avec tristesse qu'Hermione et Kingsley n'avaient pas été trop prudents. Greyback donna l'image d'une monstrueuse caricature de criminel. Il ne regrettait rien, justifiant même ses actes :

Nous n'avons pas honte de ce que nous sommes. Nous sommes plus libres que vous. Nous ne voulons pas de votre petite vie étriquée. Tout loup-garou digne de ce nom doit pouvoir courir à sa guise sous la lune et suivre son instinct de prédateur. Vous pouvez me condamner, les autres me vengeront et continueront à faire croître notre peuple. Un jour, c'est vous qui vivrez dans l'ombre ! Et nous nous souviendrons de tout ce que vous nous avez fait subir !

Il n'en fallait pas plus pour déclencher dans le pays une psychose anti-garou. Les éditoriaux et le courrier des lecteurs témoignaient des mêmes demandes : répression accrue contre les loups-garous, voire un emprisonnement préventif.

Qu'attend le ministère pour nous prémunir contre ces monstres ? pouvait-on lire. Comment nous promener dans les lieux sorciers en sachant que nos enfants peuvent croiser ces ignobles créatures sous leur déguisement humain.

— Ils sont stupides, s'agaça Harry en rendant son journal à Ginny. Ce n'est pas quand les garous sorciers se promènent dans nos rues qu'ils sont dangereux...

Hermione était écœurée :

Nous pouvons toujours annuler les lois qui limitent les métiers auxquels peuvent prétendre les garous, écrivit-elle à Harry, personne ne les engagera pour autant. Nous pouvons signer des décrets imposant de les traiter comme les autres, personne ne les appliquera. Il va nous falloir des années pour effacer la peur et la méfiance que ce fou dangereux a encore renforcées. Et dire qu'il ose affirmer faire tout cela pour le bien des siens !!!

Même sans avoir Hermione en face de lui, Harry pouvait sentir toute la rage impuissante qu'elle avait mise dans ces trois points d'exclamation. Lui-même ne parvint pas à se réjouir quand Greyback fut condamné à l'emprisonnement à Azkaban à perpétuité. Seule Ginny réussit à dégager un point positif :

— Ces salauds de Mangemorts ne vont pas souvent dormir les nuits de pleine lune, avec un voisin de cellule comme lui, remarqua-t-elle. J'espère juste qu'il arrivera à en boulotter quelques-uns.

*

Harry avait eu maintes occasions de se féliciter du cadeau qu'il avait choisi pour sa petite amie. Outre la joie que cela procurait à la jeune fille, le Foudre de guerre magnifiait son jeu. Ils écrasèrent sans aucune peine les Serdaigles au match suivant. Quand Ginny fonçait à pleine vitesse vers les buts, virevoltant pour éviter les cognards, le malheureux gardien en était pétrifié. Le Foudre de guerre avait une magnifique capacité de changement de cap ce qui rendait l'angle de tir de sa cavalière impossible à prévoir. Elle faisait mouche à chaque lancer.

— C'est un avantage déloyal et de tels balais devraient être interdits dans la compétition ! s'insurgea le capitaine de l'équipe perdante les dents serrées, une fois le match terminé.

Harry dût admettre que ce n'était pas complètement faux et détourna le regard.

— Quand Malefoy a acheté aux Serpentards leurs Nimbus 2001, il y a six ans, ils se sont quand même fait battre par Gryffondor, rétorqua Ginny. Si je maîtrise mon balai, c'est parce que je suis bonne, c'est tout. Alors pas la peine d'aller chercher plus loin !

La poursuiveuse ayant la réputation d'avoir le Chauve-Furie facile, personne n'osa la contredire.

*

En mars, la supérieure d'Hermione, Hestia Jones, avait demandé à la jeune femme de présenter un mémoire au sujet des elfes de maison devant les chefs de département et le ministre en vue de faire passer une série de décrets qui amélioreraient leur statut. Ayant toujours très à cœur de sensibiliser Harry à la politique malgré le peu d'intérêt qu'il y portait, Hermione lui avait écrit avant les vacances de Pâques pour lui expliquer dans le détail les préconisations qu'elle comptait soumettre.

Elle avait un peu mis d'eau dans son hydromel depuis les temps héroïques de la création de la S.A.L.E. Ses divers entretiens avec des elfes l'avaient convaincue que la liberté n'était pas souhaitée par la plupart d'entre eux, malheureusement conditionnés par leur éducation et les préjugés qui en découlent. Hermione avait appris à privilégier l'efficacité et avait compris qu'il lui fallait présenter progressivement une telle révolution dans le monde sorcier.

Elle proposait donc dans un premier temps d'améliorer les conditions de vie des elfes en servitude. Il serait désormais interdit à leurs maîtres de les battre, de les maltraiter sous quelque forme que ce soit, de les priver de nourriture et de séparer les petits de leurs parents. Les propriétaires seraient par ailleurs tenus responsables des séquelles causées par les autopunitions que les elfes s'infligeraient. En fonction de la gravité des abus, les sorciers risquaient des peines d'amendes et, dans les cas de maltraitances les plus graves ou de récidive, perdraient leur droit de propriété sur leur victime et toute sa famille.

D'autre part, les elfes désirant leur liberté pourraient adresser une demande au département des Créatures magiques qui étudierait la possibilité de les racheter. Des encouragements financiers seraient en outre prévus pour les maîtres libérant leur elfe ou lui versant des gages pour son travail.

Harry sentait la fébrilité d'Hermione s'accentuer dans ses courriers, au fur et à mesure que la date de sa présentation approchait. Ce serait la première proposition de loi moderne qui serait votée sous l'administration Shacklebolt. Toutes les modifications juridiques qui avaient été précédemment effectuées s'étaient contentées d'abroger les règlements les plus scandaleux mis en vigueur sous le régime de Voldemort et de Fudge.

*

Pour les vacances de Pâques, Harry retrouva avec joie Le Terrier et Teddy. Il reprit l'habitude de consacrer ses après-midi à l'enfant qui approchait de son premier anniversaire. Il tenait debout à présent et il devait être surveillé de près, car il attrapait tout ce qui passait à portée de ses petites menottes.

Cet emploi du temps lui laissait toutes ses matinées avec Ginny, sans autre compagnie car Mrs Weasley continuait à s'occuper de ses diverses bonnes œuvres. Ils exploitèrent cette tranquillité pour donner à leur relation amoureuse un aspect plus intime. Harry se sentait un peu embarrassé quand il se retrouvait en présence des parents de la jeune fille. Il ne savait pas ce qu'ils en penseraient et, pour tout dire, il était gêné à l'idée même qu'ils y pensent. Il essaya donc de se tenir à distance de Ginny lorsqu'ils étaient à proximité, de peur de se trahir.

Quand, à la suite de ces matinées câlines, il s'occupait de Teddy avec l'aide de la jeune fille, il se surprenait à rêver d'une vie familiale et se promit de demander à Ginny de venir vivre avec lui, dès leur sortie de Poudlard. Il ferait arranger le Square Grimmaurd et ils s'y retrouveraient ainsi chaque soir...

Cette fois-ci, les vacances passèrent trop vite et c'est à regret qu'ils remontèrent dans le Poudlard Express.

*

Juste après les vacances de Pâques, Hermione exposa enfin son projet lors du Conseil des chefs de département. Ceux-ci lui posèrent des questions précises, preuve qu'ils considéraient ses propositions avec sérieux. L'amie de Harry savait que toutes ses préconisations ne seraient pas reprises, malgré les limites qu'elle s'était déjà imposées en amont, mais elle espérait néanmoins que le premier pas serait décisif. Sans doute pour tester l'opinion, Kingsley avait permis à la presse d'assister à la séance.

Harry avait attendu l'arrivée de La Gazette du Sorcier avec beaucoup d'intérêt le matin qui avait suivi la présentation d'Hermione. Ce fut épaule contre épaule que Ginny et lui la déchiffrèrent. Le chroniqueur avait été séduit par la jeune fonctionnaire, sinon par les propositions. Il évoquait la silhouette menue couronnée d'une chevelure indomptée, la voix chaude et passionnée, le réquisitoire vif, sensible et touchant.

Par contre, il trouvait qu'Hermione, sans doute emportée par son bon cœur allait beaucoup trop loin. Certes, nous ne sommes pas des sauvages et il est normal de veiller à ce que les elfes ne soient pas soumis à des traitements cruels. Mais de là à considérer leurs maîtres comme responsables des punitions qu'ils se donnent eux-mêmes ! Comment empêcher ces créatures de suivre leur nature ? Leur permettre de réclamer leur liberté était méconnaître à quel point nos petits amis se sentent perdus sans directive claire. C'est leur rendre un bien mauvais service que de les pousser à demander une indépendance dont ils ne sauront que faire et les exposer à rejeter la protection accordée par leurs maîtres légitimes. Le journaliste craignait que leur crédulité naturelle ne soit exploitée par des personnes mal intentionnées.

— C'est très facile d'éviter les punitions qu'ils se donnent, grogna Harry. Il suffit de leur ordonner de ne pas se faire de mal ! Et Dobby se débrouillait très bien sans directive claire !

— Tu as remarqué comment il parle d'Hermione ? demanda Ginny.

— Tu crois que Ron va nous faire une scène de jalousie, s'enquit Harry amusé.

— Ce n'est pas drôle ! Il la présente comme jolie et bien intentionnée. Comment veux-tu la prendre au sérieux, après ?

— On peut être jolie et intelligente.

— Quand on parle de la passion des femmes, c'est toujours pour l'opposer à la raison des mecs, estima Ginny. Alors qu'il suffit de vous regarder, toi et Hermione, pour voir à quel point c'est idiot comme préjugé !

Sentant qu'on s'éloignait du destin des elfes pour une discussion beaucoup plus dangereuse, Harry lui abandonna La Gazette du Sorcier et se concentra sur son petit-déjeuner.

Dans ses courriers suivants, Hermione commenta longuement les différents articles de presse consacrés à sa prestation. Elle était de l'avis de Ginny. On l'avait présentée comme une personne de bonne volonté, plus généreuse que compétente, ce qui décrédibilisait son projet auprès du public. J'aurais aimé au moins secouer l'opinion et la faire réfléchir sur la condition des elfes. Mais on continue de parler de leur nature soumise comme si c'était inscrit dans leurs gènes et moi je suis juste une naturaliste au grand cœur.

Trois semaines plus tard, les décrets Sur le traitement des elfes de maison furent signés. Ils consacraient la pénalisation des mauvais traitements infligés aux elfes, mais n'allaient pas jusqu'à sanctionner des autopunitions. Ils leur donnaient également le droit de se marier librement et imposaient de ne pas séparer les conjoints et les familles. Un bureau de placement avait été créé pour encadrer l'emploi rétribué des elfes libres et pour les mettre en contact avec les sorciers ayant besoin de leurs services. Enfin, des mesures fiscales avaient été adoptées en faveur de tous ceux qui leur verseraient des gages, qu'ils soient propriétaires ou simples employeurs.

Visiblement, Kingsley avait jugé que ses concitoyens n'étaient pas assez mûrs pour qu'il puisse se permettre de reprendre toutes les propositions qu'Hermione avait faites. Celle-ci tenta de positiver. Je suis consciente qu'il se passera du temps avant que les elfes osent dénoncer leurs maîtres pour mauvais traitement. Mais que la loi annonce clairement le caractère délictuel de tels agissements est très important dans l'évolution des mentalités. C'est un tournant historique pour les elfes.

*

Le dernier match de Quidditch de l'année, celui qui allait décider du vainqueur de la Coupe des Quatre maisons, eut lieu peu après. Il opposa Gryffondor à Poufsouffle. La maison d'Helga s'était montrée très bonne durant la saison et avait battu sans peine les autres équipes, mais Harry resta serein. Il pensait n'avoir rien à craindre de l'attrapeur adverse qui n'était pas exceptionnel, même s'il avait une technique très correcte. Certes, on n'est jamais à l'abri d'un impondérable — Détraqueurs en promenade, gardien de but crétin, etc. —, mais la chance semblait avoir tourné et Harry décida de croire à sa bonne étoile. Par ailleurs, le balai de Ginny était un atout de taille et sa propriétaire également.

Ce fut plus ardu que prévu. À défaut d'attrapeur hors norme ou de balai de course, leurs adversaires opposèrent une excellente tactique et un jeu d'équipe solide. Il était pratiquement impossible de récupérer le souaffle une fois qu'il était en leur possession, tant leurs enchaînements de passes étaient bien construits. De plus, les batteurs avaient pris Ginny pour cible et elle passait son temps à éviter des cognards sans pouvoir intervenir.

Après qu'ils eurent encaissé cinq buts, Harry demanda un arrêt de jeu et passa un savon à ses joueurs :

— Mais qu'est-ce que vous fichez ? On croirait que vous n'êtes jamais monté sur des balais ! Ritchie et Tom, oubliez les poursuiveurs et concentrez-vous sur leurs batteurs pour les empêcher de marquer Ginny. Je ne veux plus qu'ils touchent un cognard, sauf en pleine tête. Alyson et Demelza, prenez chacune un poursuiveur et marquez-le à la culotte jusqu'à la fin du match. Ne vous occupez pas du reste, cela devrait suffire pour les empêcher de faire tourner le souaffle entre eux. Ginny, tu joues comme si tu avais un balai familial ! Bouge-toi un peu, récupère la balle et fous-la dans leurs buts ! Tu es nulle aujourd'hui !

Ginny lui lança un regard incendiaire et redécolla, sans attendre l'ordre de son capitaine. Harry ne s'en offusqua pas. Il fit signe aux autres de la suivre en souriant dans sa barbe : il avait réussi à la rendre folle de rage, leurs adversaires allaient déguster !

Le jeu changea du tout au tout. Les batteurs de Poufsouffle, bombardés par leurs homologues, n'eurent plus le loisir de s'occuper de Ginny. Les poursuiveurs adverses, mieux marqués, firent des fautes que Ginny exploita pour récupérer la balle. Ensuite, nul ne pouvait l'arrêter : ni les cognards perdus ni les joueurs ne fonçant sur elle, rien n'entravait sa course. Devant les trois anneaux, elle se livrait à des acrobaties aériennes pour déboussoler le gardien et les joueurs en défense, feintaient et, quand le souaffle sortait de ses mains, c'était dix points de plus pour Gryffondor.

L'ambiance devint électrique dans les tribunes. Des exclamations de joie, des halètements d'horreur ponctuaient les coups d'éclat et les prises de risque de la poursuiveuse. Même les Poufsouffles ne pouvaient rester de marbre : ils criaient et retenaient leur souffle aussi fort que les autres devant les exploits de la plus jeune des Weasley.

Harry faillit en laisser passer le Vif d'or. Les yeux fixés sur sa petite amie, il avait complètement oublié ses propres responsabilités et ce n'est qu'en voyant du coin de l'œil l'autre attrapeur partir précipitamment en chasse qu'il se souvint qu'il avait un rôle à jouer. Un instant, il crut qu'il n'y arriverait pas : son adversaire avait de l'avance et se rapprochait dangereusement du Vif. Mais moins expérimenté que Harry, il anticipa mal un changement de cap de la boule dorée et ne fit que l'effleurer. Harry, qui se trouvait derrière lui, mais mieux placé, la cueillit sans peine. Ils avaient gagné 420 points à 50.

La tribune de Gryffondor explosa. Harry vola vers Ginny. Mains jointes dressées victorieusement vers le ciel, entourés des autres membres de l'équipe, ils firent un tour d'honneur au-dessus du public. Quand la professeure McGonagall, emplie de fierté, vint leur remettre la Coupe, Harry chevaleresque et reconnaissant s'effaça pour laisser sa poursuiveuse vedette s'emparer du trophée et le brandir au-dessus de sa tête. Jamais elle ne lui avait paru aussi belle.

Ce fut la liesse tout le reste de la journée dans la salle commune de Gryffondor. Des Bièraubeurres apparurent comme par miracle et tout le monde oublia devoirs et révisions. On parla de Quidditch, de Foudre de guerre et de Quidditch. Ginny fut tellement sollicitée que Harry ne put échanger deux mots avec elle de tout l'après-midi. Il la regarda évoluer, gracieuse, épanouie, à la fois heureux pour elle et un peu jaloux aussi quand ses condisciples masculins lui tapaient dans le dos pour la féliciter ou lui adressaient leurs compliments sucrés.

*

Le lendemain fut plus studieux. Les élèves se souvinrent qu'ils étaient dans une école et les livres firent une timide réapparition. Harry et Ginny étaient en train de faire le plan de leur devoir de potions quand la professeure McGonagall, l'air mystérieux, vint chercher la jeune fille. Au bout d'une demi-heure, Harry décida d'aller à la rencontre de son amie. Il se rendit au bureau de sa responsable de maison et attendit à proximité.

Dix minutes plus tard, la porte s'ouvrit sur Ginny, la mine radieuse, qui était en train de saluer une femme qui sembla familière à Harry. La jeune fille vint vers lui et l'entraîna quelques couloirs plus loin.

— Oh, Harry, dit-elle enfin, tu as vu qui c'était !

— Je ne l'ai pas reconnue, avoua Harry.

— C'était Gwenog Jones des Harpies de Holyhead ! Elle voulait me rencontrer, lui apprit Ginny d'une voix émerveillée en sautillant sur place.

— Sérieux ? demanda Harry ébahi.

— Oui, Slughorn l'a invitée pour le match hier. Elle me propose un poste de poursuiveuse dans son équipe. Je serais remplaçante pour commencer, bien sûr, mais...

Harry leva la main pour l'interrompre :

— Tu n'as pas accepté ! s'affola-t-il.

— J'ai dit que j'allais réfléchir, mais je ne vois aucune raison de refuser, répliqua-t-elle, son sourire se fanant lentement.

— Mais enfin, Ginny...

Suite à leur rapprochement intervenu pendant les vacances, Harry avait pris pour acquis que Ginny accepterait de s'installer avec lui quand ils quitteraient l'école.

— On ne se verra plus ! s'écria-t-il en plein désarroi.

— Et pourquoi ça ?

— Mais parce que tu devras vivre à Holyhead et tu joueras tes matchs le dimanche.

— Mais toi aussi tu travailleras. Tu croyais que j'allais rester à la maison comme ma mère ?

— Mais non ! Je pensais que tu serais en apprentissage, comme moi, et qu'on se retrouverait le soir et le week-end.

— On trouvera bien des moments.

— Mais je veux davantage ! s'insurgea Harry. Pourquoi ne pas choisir une activité qui te permettrait de vivre à Londres ? Je croyais que tu voulais être médicomage.

— Je t'ai déjà dit que je n'avais pas le niveau en botanique ! s'agaça Ginny.

— Infirmière, alors.

— Je n'ai aucune envie d'être infirmière !

— Et Auror, cela ne t'intéresse plus ?

— Pour n'être là-bas que la petite copine du Survivant ? Merci bien !

— Et pourquoi pas...

— Écoute Harry ! On vient de me faire une proposition inespérée. C'est la chance de ma vie. Je ne vais pas la laisser passer, même pour toi.

Harry était atterré.

— Tu veux rompre ?

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tout ce que je veux, c'est vivre un peu de mon côté. Je n'ai pas envie de passer directement de chez ma mère à chez toi. Je sais que tu aimerais qu'on s'installe ensemble, mais cela peut attendre un peu, non ?

— Je m'occuperai du linge et de la cuisine, si c'est ça qui t'inquiète, s'engagea Harry.

— Mais ça n'a rien à voir ! J'ai besoin d'air, d'espace, de rencontrer des gens, de vivre des expériences...

— Y compris dans ta vie amoureuse ? demanda froidement Harry glacé par cette Ginny qu'il ne connaissait pas.

— Arrête de tout ramener à toi ! Tu le fais exprès ou quoi ?

— J'essaie de comprendre, c'est tout ! cria Harry exaspéré par cet échange qui lui échappait complètement.

— Je veux faire quelque chose que j'ai gagné par moi-même. Je me suis entraînée toute seule pendant des années, contre l'avis de tous. C'est ma passion, mon talent, ma décision. Je sais que ce n'est pas une carrière aussi honorable que Ste-Mangouste ou le ministère, mais je m'en fous. Je veux juste vivre pour de bon, voler de mes propres ailes.

Ginny avait maintenant les larmes aux yeux.

— Tu ne comprends pas que j'ai besoin de me libérer, reprit-elle. Tu préférerais que je parte en Égypte ou en Roumanie ? Que je ne parle plus à mes parents pendant trois ans ? Que je m'enfuie de l'école ou de la maison ?

Harry la regarda avec des yeux ronds. Il n'avait jamais remarqué à quel point le passage à l'âge adulte des frères Weasley s'était fait de façon brutale.

— Tu ne penses qu'à toi au lieu de te réjouir pour moi, continuait Ginny. Et ça, c'est bien la preuve que je dois le faire.

Elle essuya rageusement ses larmes et conclut sur un ton de défi :

— Et si tu ne peux pas le comprendre, tant pis pour toi !

Harry la contempla douloureusement, craignant de ne pas pouvoir parler tellement l'émotion lui serrait la gorge. Il commença maladroitement :

— Je n'ai pas voulu t'interdire...

— Tu ne peux rien m'interdire de toute façon ! hurla Ginny les yeux étincelants.

Harry déglutit. Il sentait intuitivement que ce qu'il allait dire augurerait de la suite de leur relation et que son interlocutrice interpréterait ses propos à charge contre lui. Il articula lentement :

— Si tu es décidée, je n'ai rien à dire.

Elle le regarda longuement le visage sans expression avant de répondre d'une voix sans timbre :

— Je suppose que c'est tout ce que je peux attendre de toi...

Elle lui tourna le dos et repartit vers leur salle commune.

*

Quand Harry rejoignit la tour de Gryffondor, elle grattait férocement un parchemin. Elle ne leva pas la tête lorsqu'il reprit sa place et ils rédigèrent leur devoir de potions sans se concerter. Comme d'habitude néanmoins, ils s'assirent côte à côte dans la Grande Salle pour le dîner, mais participèrent à des conversations différentes. Alors qu'ils se levaient, Dean glissa à Harry :

— Tu t'es engueulé avec Ginny ?

— Occupe-toi de tes affaires, le rembarra sèchement Harry.

Plus tard, il remarqua que Dean n'était pas le seul à s'interroger. Il avait l'impression que beaucoup de groupes d'élèves chuchotaient en regardant dans sa direction. Je ne pourrais donc jamais rien faire sans que tout le monde en parle ? se demanda-t-il avec colère. Dans un éclair de rare lucidité, il se dit que c'était peut-être une des raisons qui poussait Ginny à vouloir prendre du champ. Accablé, il fixa longuement sans le voir le livre qu'il était en train d'étudier.

Chat avec J.K. Rowling, 30 juillet 2007

o Hermione a eu un rôle important dans l'amélioration des conditions de vie des elfes de maison et de leurs semblables.

o Kingsley est resté ministre de la Magie

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