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Chapitre 1 : Nouveaux territoires (Partie 2)

L'aube pointait à peine lorsque le convoi des North Skulls s'engagea dans les rues encore endormies de Washington D.C. Ethan, en tête du groupe, guidait ses frères vers leur nouvelle base d'opérations. Le vrombissement sourd de leurs motos résonnait entre les immeubles, comme un présage de l'orage qui allait bientôt s'abattre sur la ville.

Ils s'arrêtèrent devant un imposant manoir victorien à la périphérie de la ville. La demeure, avec ses tourelles et ses fenêtres en ogive, semblait tout droit sortie d'un roman gothique. Drake avait bien choisi leur repaire : assez isolé pour être discret, mais suffisamment proche du centre-ville pour rester au cœur de l'action.

"Bienvenue chez vous, les gars," annonça Drake en descendant de sa moto. Il fit un geste théâtral vers la bâtisse. "Notre nouveau château."

Ethan siffla d'admiration. "Pas mal, le vieux. Tu l'as gagné au poker ou tu as fait chanter le propriétaire ?"

Drake eut un rire rauque. "Un peu des deux, peut-être. Allez, entrez voir."

Le groupe pénétra dans le manoir, leurs pas résonnant sur le parquet ancien. L'intérieur était un mélange surprenant d'ancien et de moderne. Des meubles d'époque côtoyaient des équipements high-tech, créant une ambiance unique.

"C'est pas Versailles, mais ça fera l'affaire," commenta Alex en se laissant tomber dans un fauteuil en cuir.

Drake les rassembla dans ce qui semblait être un ancien salon transformé en salle de réunion. "Écoutez bien," commença-t-il, son ton devenant sérieux. "Ce manoir sera notre QG, mais vous cinq," il pointa Ethan et les autres, "vous allez loger dans un appart près de l'université. On ne peut pas se permettre d'attirer trop l'attention."

Ethan hocha la tête, comprenant la logique. "Où est cet appart ?"

Drake sortit un trousseau de clés de sa poche et le lança à Ethan. "À deux pâtés de maisons de Georgetown. C'est pas le grand luxe, mais ça fera l'affaire pour maintenir votre 'couverture'."

Jasper grogna. "Super, on passe du manoir hanté à la coloc' étudiante. Ça promet."

"Plains-toi encore et tu dormiras dans le garage," rétorqua Drake avec un sourire en coin.

Le reste de la matinée fut consacré à l'installation et à la mise en place de leur plan d'action. Ethan et ses quatre compagnons partirent peu après pour découvrir leur nouveau chez-eux près de l'université.

L'appartement était effectivement loin du luxe du manoir, mais il avait un certain charme. Cinq chambres, un salon-cuisine ouvert, et une vue décente sur le quartier. Les murs, d'un blanc défraîchi, criaient pour recevoir une couche de peinture fraîche.

"Bon," lança Ethan en posant son sac, "qui dort où ?"

Ce qui suivit fut un chaos organisé de choix de chambres, de déballage d'affaires, et de discussions animées sur la décoration. Malgré leurs chamailleries, il y avait une excitation palpable dans l'air. C'était un nouveau départ, une nouvelle aventure.

Alors que le soleil commençait à décliner, Ethan proposa une virée en ville pour repérer les lieux. "On devrait aller jeter un œil au campus, histoire de ne pas avoir l'air complètement paumés demain."

Les autres acquiescèrent, et bientôt, ils se retrouvèrent à arpenter les rues de Georgetown. Le quartier était un mélange fascinant d'histoire et de modernité. Des bâtiments coloniaux en brique rouge côtoyaient des boutiques branchées et des cafés à la mode.

"C'est... différent," marmonna Ryan, visiblement mal à l'aise face à tant d'opulence.

Ethan lui donna une tape dans le dos. "T'inquiète pas, frangin. Dans quelques semaines, on sera comme des poissons dans l'eau."

Ils tournèrent au coin d'une rue et se retrouvèrent face aux grilles imposantes de l'université de Georgetown. Le campus s'étendait devant eux, vaste et intimidant avec ses bâtiments majestueux et ses pelouses impeccables.

"Putain," souffla Alex. "On dirait Poudlard version américaine."

Jasper ricana. "Tu parles. J'ai l'impression qu'on va se faire jeter dès qu'on mettra un pied là-dedans."

Ethan observait silencieusement le va-et-vient des étudiants. Certains avaient l'air aussi perdus qu'eux, probablement des nouveaux. D'autres se déplaçaient avec une assurance née de l'habitude et du privilège.

"On va devoir jouer finement," murmura-t-il, plus pour lui-même que pour les autres. "Observer, apprendre, s'adapter."

Soudain, un groupe d'étudiants passa près d'eux, les regardant avec un mélange de curiosité et de méfiance. Ethan réalisa qu'avec leurs jeans usés, leurs vestes en cuir et leurs tatouages visibles, ils détonnaient complètement dans le paysage.

"Les gars," dit-il en se tournant vers ses compagnons, "je crois qu'il va falloir faire un peu de shopping."

Le reste de la soirée fut consacré à une mission d'infiltration d'un nouveau genre : transformer cinq bikers en étudiants modèles. Ils passèrent d'une boutique à l'autre, essayant de trouver un juste milieu entre leur style habituel et ce qui passerait inaperçu sur le campus. Bien sûr, passer totalement inaperçus était un défi de taille avec leurs corps recouverts de tatouages ; ils ne pourraient pas cacher ceux sur leurs mains et, pour certains, sur leur cou.

"Je me sens comme un imposteur," grommela Ryder en essayant un pull-over.

Ethan, qui venait de troquer sa veste en cuir contre une chemise plus classique, haussa les épaules. "C'est le but, non ? On est des imposteurs."

Malgré les grognements et les plaintes, chacun finit par trouver de quoi se fondre un minimum dans la masse. Chemises, pantalons chinos, chaussures en cuir plus élégantes... Le changement était radical.

"Drake va faire une attaque quand il nous verra," ricana Alex en se regardant dans le miroir.

La nuit était bien avancée quand ils rentrèrent à leur appartement, chargés de sacs et épuisés. Mais leur journée n'était pas tout à fait terminée. À peine avaient-ils franchi le seuil qu'Ethan sentit que quelque chose n'allait pas.

"Les gars," murmura-t-il, tous ses sens en alerte, "on n'est pas seuls."

Comme un seul homme, le groupe se mit en position défensive. Des années passées ensemble dans le gang avaient affiné leurs réflexes et leur coordination.

Une silhouette émergea de l'ombre du salon. Grand, musclé, un bandana noir sur la tête : c'était Snake, un membre respecté d'un gang rival.

"Tiens, tiens," lança Snake avec un sourire mauvais. "Les North Skulls qui jouent les étudiants. C'est mignon."

Ethan fit un pas en avant, son corps tendu comme un ressort. "Qu'est-ce que tu fous là, Snake ?"

"Oh, je passais dans le coin," répondit nonchalamment Snake. "Je voulais juste vous souhaiter la bienvenue dans notre ville."

"Ta ville ?" intervint Jasper, les poings serrés. "Depuis quand ?"

Snake eut un rire sans joie. "Depuis toujours, mon gars. Et ce n'est pas une bande de petits nouveaux qui va changer ça."

La tension dans la pièce était palpable. Ethan savait que la situation pouvait dégénérer à tout moment. Il devait agir, vite.

"Écoute, Snake," commença-t-il d'une voix calme mais ferme, "on n'est pas là pour marcher sur vos plates-bandes. On a notre propre agenda."

"Ah ouais ?" Snake s'approcha, menaçant. "Et c'est quoi, votre agenda ? Jouer les intellos ?"

C'est à ce moment-là que la situation bascula. Snake fit un mouvement brusque, comme pour sortir une arme. Ethan réagit instantanément. En un éclair, il était sur Snake, le plaquant contre le mur avec une force surprenante.

Le visage d'Ethan changea, ses yeux verts habituellement perçants devenant soudain froids et durs comme de la glace. C'était comme si un interrupteur avait été actionné, libérant une violence contenue.

"Écoute-moi bien," siffla Ethan, sa voix à peine plus qu'un murmure menaçant. "Tu vas sortir d'ici, et tu vas dire à tes petits copains que les North Skulls sont en ville. On n'est pas là pour jouer. Et si l'un d'entre vous se met en travers de notre chemin..."

Il n'eut pas besoin de finir sa phrase. La menace était claire dans ses yeux, dans la tension de son corps. Snake, malgré sa carrure imposante, sembla soudain beaucoup moins sûr de lui.

"Ok, ok," marmonna Snake, levant les mains en signe de reddition. "J'ai compris le message."

Mais Ethan n'en avait pas fini. En un éclair, son poing droit s'écrasa sur le visage de Snake avec une force dévastatrice. Le craquement qui suivit indiqua clairement que le nez de l'intrus venait de se briser.

Snake chancela, mais Ethan ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits. Il enchaîna les coups, une lueur sauvage dans les yeux. Ses poings s'abattaient sans relâche sur Snake, visant le visage, les côtes, le plexus.

"Tu n'as pas intérêt à remettre les pieds ici," rugit Ethan entre deux coups. "La prochaine fois, je te tue !"

Snake, maintenant au sol, tentait vainement de se protéger des assauts furieux d'Ethan. Le sang coulait de son nez et de sa bouche, éclaboussant le sol de l'appartement.

Alex fut le premier à réagir. Il s'élança et attrapa Ethan par derrière, tentant de le tirer en arrière. "Ethan, stop ! Tu vas le tuer avant qu'il n'ait pu passer le message si tu continues comme ça !"

Mais Ethan semblait possédé, se débattant contre la prise de son ami pour continuer à frapper Snake. Jasper et Ryan se joignirent à Alex, unissant leurs forces pour maîtriser leur chef de meute déchaîné.

"Ça suffit, frangin !" cria Jasper, parvenant enfin à saisir les bras d'Ethan. "Il a eu son compte !"

Il fallut toute la force des trois hommes pour finalement arracher Ethan à sa proie. Ryder, qui était resté en retrait, s'approcha de Snake et le releva sans ménagement.

"Dégage d'ici," ordonna-t-il d'une voix glaciale. "Et passe le message : la prochaine fois, on ne retiendra pas Ethan."

Snake, le visage tuméfié et ensanglanté, cracha un mélange de sang et de salive sur le sol. Il lança un regard haineux à Ethan, toujours maintenu par ses compagnons, avant de tituber vers la porte.

"Vous allez le regretter," marmonna-t-il d'une voix étouffée par ses blessures. "Ce n'est pas fini."

Dès que la porte se referma derrière Snake, les autres relâchèrent Ethan. Celui-ci, le souffle court et les poings encore serrés, semblait lentement reprendre ses esprits. Il regarda ses mains couvertes du sang de Snake, puis leva les yeux vers ses frères.

"Désolé les gars," dit-il, sa voix encore rauque de colère. "J'ai peut-être un peu perdu le contrôle."

Alex laissa échapper un petit rire. "Un peu ? Mec, t'étais encore une fois en mode berserk total !"

Jasper secoua la tête, un mélange d'admiration et d'inquiétude dans le regard. "Rappelle-moi de ne jamais te mettre en rogne, Cole. Tu fais toujours autant flipper."

Ethan passa une main dans ses cheveux, réalisant soudain l'ampleur de ce qui venait de se passer. "Merde. Drake va nous tuer quand il apprendra ça."

"Pas si on nettoie tout ça et qu'on garde nos bouches fermées," intervint Ryder, toujours pragmatique. Il désigna les taches de sang sur le sol. "Allez, au boulot. Il faut faire disparaître toute trace avant demain."

Les cinq hommes se mirent au travail, nettoyant l'appartement en silence. L'adrénaline retombait, laissant place à une tension palpable. Ils savaient tous que cette altercation n'était que le début. La guerre était officiellement déclarée.

Plus tard dans la nuit, alors que les autres dormaient, Ethan était assis sur le balcon, fumant une cigarette en contemplant la ville. Le vent frais de la nuit ébouriffait ses cheveux noirs, et ses yeux verts, encore brillants d'une lueur dangereuse, scrutaient l'horizon.

Dans l'une des maisons cossues non loin du campus, une petite soirée battait son plein. La crème des étudiants de l'université s'y était rassemblée, profitant du dernier jour de liberté avant la reprise des cours.

Lily Harper, un verre de champagne à la main, observait distraitement les convives depuis un coin du salon. La musique douce et les rires feutrés créaient une ambiance feutrée, typique de ces rassemblements de la haute société estudiantine.

"Lily ! Tu ne devineras jamais ce que je viens d'apprendre !"

Sarah, les joues légèrement rosies par l'alcool, se fraya un chemin jusqu'à son amie. Ses yeux brillaient d'excitation, comme chaque fois qu'elle avait un potin croustillant à partager.

Lily sourit, amusée par l'enthousiasme de Sarah. "Qu'est-ce qui peut bien t'exciter autant ?"

Sarah jeta un regard autour d'elle avant de se pencher vers Lily, baissant la voix comme si elle s'apprêtait à révéler un secret d'État. "Madison a vu une bande de motards rôder autour du campus cet après-midi."

"Des motards ?" répéta Lily, surprise. "Ici, à Georgetown ?"

Sarah hocha vigoureusement la tête. "Pas des motards ordinaires. Des jeunes, tatoués, l'air vraiment dangereux selon elle. Ils observaient le campus comme s'ils préparaient quelque chose."

Lily sentit un frisson parcourir son dos. L'image de ces mystérieux motards contrastait tellement avec l'atmosphère feutrée et privilégiée qui les entourait qu'elle avait du mal à l'imaginer.

"Tu penses qu'ils pourraient être... dangereux ?" demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.

Sarah haussa les épaules, un sourire malicieux aux lèvres. "Qui sait ? Peut-être qu'ils sont juste curieux. Ou peut-être qu'ils préparent quelque chose. C'est excitant, non ?"

Lily ne put s'empêcher de sourire devant l'enthousiasme de son amie. Une part d'elle-même, celle qui étouffait sous le poids des attentes et de la routine, ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de curiosité.

"De quoi vous parlez, les filles ?"

La voix grave de Jake les fit sursauter toutes les deux. Il s'approcha, deux verres à la main, son visage habituellement souriant assombri par un froncement de sourcils.

"Oh, rien d'important," commença Lily, mais Sarah la coupa.

"Des motards ont été vus près du campus aujourd'hui !" s'exclama-t-elle, incapable de contenir son excitation.

Le visage de Jake se durcit instantanément. "Des motards ? Ici ?" Il posa une main possessive sur la taille de Lily. "C'est la dernière chose dont on a besoin. Ces types-là n'apportent que des ennuis."

Lily se raidit imperceptiblement sous le contact de Jake. "Ne t'inquiète pas, Jake. Je suis sûre que ce n'est rien."

"Rien ?" répéta Jake, incrédule. "Des motards qui rôdent autour de Georgetown, ce n'est pas rien. Promets-moi que tu resteras loin d'eux si jamais tu les croises, d'accord ?"

Lily acquiesça, plus pour apaiser Jake que par réelle conviction. Alors que la conversation dérivait vers des sujets plus légers, elle ne put s'empêcher de laisser son esprit vagabonder. Qui étaient ces mystérieux nouveaux arrivants ? Que voulaient-ils ?

Plus tard dans la soirée, Lily s'éclipsa sur le balcon, cherchant un peu de calme et d'air frais. Elle observa la ville endormie, ses pensées tourbillonnant dans sa tête. Pour la première fois depuis longtemps, elle sentit une étincelle d'excitation brûler en elle.

Quelque chose lui disait que la routine bien huilée de Georgetown était sur le point d'être bouleversée. Et malgré la voix de la raison qui lui conseillait la prudence, une part d'elle-même attendait ce changement avec impatience.

Son regard se perdit dans la nuit, s'arrêtant brièvement sur un balcon lointain où elle crut apercevoir une silhouette solitaire. Pour une fraction de seconde, elle eut l'impression que leurs regards se croisaient à travers la distance. Puis le moment passa, la laissant avec une étrange sensation de vertige et d'anticipation.

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