Ailean suivit Logan dans les longs couloirs du pensionnat. Le jeune homme ne disait rien et cela ne rassura pas la jeune fille qui n'arrêtait pas de s'imaginer toutes sortes de choses depuis la dernière apparition d'Alfred. Elle se demanda alors s'il restait toujours à l'observer jour et nuit ou si elle devait l'appeler pour qu'il apparaisse. Ailean ignorait toutes les formalités avec les choses naturelles. Quoi de plus normal, songea-t-elle ensuite mais elle sentait au fond d'elle qu'Alfred la rassurait quelque peu, sans pouvoir se l'expliquer.

Cette dernière pensa à Alfred lorsque Logan entra dans la bibliothèque et s'y enfonça. Elle le suivit jusqu'à ce qu'elle vit Nate, debout devant une table sur laquelle était posé de vieux et fins ouvrages, des archives, présuma-t-elle en s'approchant. En effet, la couleur du papier était jaunâtre et son touché fragile. De vieux portraits trainaient un peu partout sur la table.

- Alors, pourquoi tu nous a appelé ? Posa Logan en prenant un livre qui laissa une fine couche de poussière sur ses doigts.

- Pour ça, répondit le blond.

Nate leur montra le portrait qu'il tenait en main, plusieurs jeunes gens y étaient représentés. La légende louait les talents du peintre à représenter la vérité pure de la réalité qu'il avait devant lui. Ailean se rapprocha et lu les prénoms inscrits à la suite de cette légende. Elle haussa les sourcils surprise et étonnée. Alfred s'y trouvait, elle le reconnu, posté à côté d'un certain Isaac Vardar, son jeune frère, lui-même à côté de Jérémy Bright qui se trouvait entre lui et un prénommé Russel Shiring. Devant eux se trouvaient Elizabeth Prince, William Palmooth, son cousin, ainsi que Claude Reyes. Ailean pu enfin mettre un visage sur cette Elizabeth et fut forcée de constater que c'était une beauté. Nul n'avait un visage si bien dessiné avec de fines lèvres, des yeux scintillants et des cheveux blonds, tirant vers le roux, si bien coiffés. Ils étaient tous très beaux, bien habillées, les hommes en uniformes de soldats et les filles en robe du soir. Sans doute s'en allaient-ils à une soirée avant le départ de l'armée de lendemain. Ailean fut peinée de se l'imaginer et fut rappeler à la réalité par Logan.

- C'est incroyable...

La jeune fille fronça les sourcils, à voir leur mine, elle avait loupé quelque chose.

- « Russel Shiring », lu à nouveau Nate, Shiring, comme toi ?

- C'est possible, répondit-elle en haussant les épaules. Je ne connais pas bien ma famille, alors de là à remonter jusqu'en 1813...

- Il y a une tonne d'archives ici, peut-être que si nous...

Et alors qu'il allait faire une suggestion, Nate fut interrompu par un bruit derrière une étagère. Les trois jeunes gens se regardèrent avant de se diriger vers la source. Ailean ne fut qu'à moitié surprise d'y découvrir Jack et Erwan remettre un livre qu'ils avaient fait tombé. A voir leur mine, ils étaient cachés depuis un bon moment et Nate les fusilla du regard, n'aimant visiblement pas être observer à son insu.

- Pouvez-vous nous dire ce que vous faites là exactement vous deux ? Leur posa Ailean en croisant ses bras.

- Rien du tout, mentit Erwan en se relevant, obligeant Jack à faire de même.

- On vous a vu avec Nathaniël, et on se demandait ce que vous fichiez avec cet imbécile, sourit Jack avant de croiser le regard froid du blond et perdit aussitôt son sourire.

Nate leva les yeux au ciel, souffla et s'apprêta à sortir de la bibliothèque lorsqu'Ailean l'arrêta au niveau de la porte.

- Il faut que je t'avoue quelque chose, commença-t-elle, c'est plutôt énorme...

- Quoi donc ?

- Pas ici, rétorqua-t-elle gentiment. Rejoins-moi, demain soir à la fontaine. Disons vers minuit.

- Minuit hein ? Répéta Nate se moquant légèrement d'elle. Choix judicieux.

Ailean soupira et se mit à se demander si dire la vérité à propos d'Alfred à son descendant était une bonne idée. Peut-être devrait-elle demander son avis au concerné-même.

La soirée était déjà bien entamée lorsque la jeune fille regagna sa chambre avec Erwan. Ce dernier, et ce durant tout le trajet jusqu'à leur couloir, n'avait cessé de question Ailean sur son attirance pour les deux garçons. Elle avait réussi à esquiver le sujet en le lançant sur les activités sportives du pensionnat qui approchaient en vue de la Noël. La jeune fille n'avait aucune envie de débattre sur quel garçon elle préférait, elle avait autre chose à penser, bien que cela soit un sujet auquel il faudra bien qu'il s'y réponde. Seulement, ce qui devait être un mal pour un bien, s'avéra être l'inverse puisque le jeune passionné qu'Erwan était, continua à lui en parler jusqu'au petit déjeuner.

- Pitié, Erwan, si je t'entends encore parler d'une course dans les bois, je te fais avaler ta petite cuillère, le menaça Seona en amenant une framboise à sa bouche tout en le fusillant du regard.

- Tu devras m'attacher pour ça !

- Aucuns problèmes, rétorqua-t-elle en lui lançant un clin d'œil qui conclut la discussion.

Ailean remercia intérieurement Seona et pu terminer son petit déjeuner à repenser à tout ce qu'elle avait appris de nouveau : à Russel Shiring, Alfred, Claude et à son énigme principale, la belle Elizabeth Prince. Elle n'eut pas trop le temps de s'y attarder puisque l'approche des fêtes ne semblait pas empêcher les cours d'avoir lieux. Et, lorsqu'elle vit que cela allait être madame Geen leur professeur du jour, elle sut qu'elle devrait être attentive si elle ne voulait pas être sanctionnée.

La directrice et professeur fit promener ses élèves dans tout le château afin d'y admirer les divers et variés tableaux. Cela n'intéressa pas grand monde. Jack et Erwan s'amusèrent plus à se moquer des œuvres tandis que Logan, écouteurs dans les oreilles, semblait absent. Seulement, en entrant dans une pièce qui s'avéra être un ancien bureau abandonné et dont les murs regorgeaient de portraits, Ailean s'y sentit tout de suite intéressée, comme attirée par eux. Elle s'approcha donc et les observa un à un, essayant de reconnaître un visage. Logan semblait avoir eu la même idée puisqu'il l'interpella discrètement. L'homme qui lui montra avait les traits durs et tirés, ses cheveux gris et son costume richement ornés lui donnaient un air sévère et important. En le fixant, Ailean eu presque l'impression qu'il la jugeait.

- Excusez-moi, madame Geen, que pouvez-vous nous dire sur cet homme ? Posa alors Ailean désireuse d'en savoir plus.

- Il s'agit là de Lord Robert Palmooth, répondit la directrice quelque peu surprise d'entendre un intérêt pour son château. Il fut le directeur et responsable financier du pensionnat au début du XIXème.

- Vivait-il ici ?

- Non.

- Avait-il de la famille vivant ici ? Précisa Ailean.

- Une nièce, en effet, répondit madame Geen avant de regarder Ailean. Une jeune fille qui, si je crois ce que je sais, vous ressemblait étrangement.

- C'est un compliment dans ce cas ? Suggéra Erwan.

La femme leva les yeux au ciel et ils n'eurent aucunes réponses. La visite continua et Ailean fut forcée de constater que ce qu'elle trouvait ennuyant au départ dans ce pensionnat commençait à lui plaire. Elle écouta avec attention l'histoire de ce dernier et lorsqu'ils traversèrent un énième couloir avec des tableaux, la jeune fille s'écarta du grouper pour observer un portrait de famille.

- La famille Bright, lui souffla une voix derrière elle.

Ailean tourna la tête vers cette voix qui ne la surprenait plus désormais. Elle fut agréablement surprise de trouver Alfred à ses côtés, droit et fidèle à lui-même. Ce dernier ne quitta pas le tableau du regard et lui désigna un jeune homme.

- Jérémy Bright, fit Ailean en le reconnaissant.

- Ce fut mon meilleur ami et mon plus fidèle camarade de régiment, avoua Alfred dont la nostalgie dans la voix se faisait sentir. Je l'enviais, lui et sa famille parfaite.

- Qui lui est-il arrivé ?

- Mort. Tout simplement, répondit Alfred en se mettant à marcher dans le couloir vide de monde.

Alfred la regarda et plissa des yeux quelques instants.

- Dites-le-lui, dit-il subitement. Dites-lui mais juste qui je suis. Ne rajoutez aucun détail quant à ma mort ni ma...relation avec Elizabeth.

- Comment savez-vous que j'a...

- Il y a des choses, mademoiselle Shiring, qu'il vaut mieux ignorer.

Ailean ouvrit à nouveau la bouche pour parler mais il disparut avant qu'elle n'en ai eu le temps. Ce fantôme avait le don de la rendre perplexe et stoïque le temps d'un instant.

- A ! l'appela Mysie du fond du couloir. Mais qu'est-ce-que tu fais encore, viens !

La concerné regarda une dernière fois le tableau avant de courir rejoindre son amie. Elle ne remarqua pas le visage de Jérémy tourner dans sa direction avant de se figer à nouveau en peinture.

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Chapitre plus long mais conséquent!

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