Je n'avais aucune idée de ce que je faisais, ou plutôt de ce que j'étais supposé faire. Ça fait longtemps que je ne suis pas aller à un rencard, des mois même depuis que j'ai pensé à en faire un. Regardez moi maintenant.

Après ce qui s'est passé, j'avais tiré un trait sur tout ce qui avait un rapport aux garçons ou ce qui datait dans mon esprit. Mais c'était finis maintenant. J'étais prête. Le suis-je ?

Trop tard pour revenir en arrière maintenant. Le vent tirait sur mes cheveux juste au moment où la voiture de Jacob apparaissait dans la rue sombre. Je baissais les yeux sur mes chaussures et respirais l'air glacé. Il s'arrêta et me sourit à travers la vitre de la voiture, et je laissais échapper un souffle.

Je suis prête.

"- Alors, où allons-nous ?"

Jacob passa une main dans ses cheveux, l'autre sur le volant. " Il y a un super restaurant à quelques rues de là. J'espère que tu aimes l'italien." Il m'a donné un sourire ironique et a regardé de nouveau vers la route.

"- J'aime l'italien."

Nous nous sommes arrêtés à un petit endroit confortable. De grosses lettres en métal étaient accrochées au sommet de l'entrée. Lorenzo's Bistr. J'étais sûr que ça signifiait bistrot, mais quelque part en chemin, le 'o' et le 't' devaient être tombé. Des bougies avaient été placées sur chaque table, donnant au restaurant une lueur chaude et jaunâtre. Jacob m'a ouvert la porte, et je me suis tendu quand sa main est tombée sur le bas de mon dos. Détends-toi.

Il m'a guidé jusqu'à l'entrée, et j'étais très consciente de sa main persistante. L'hôtesse nous a conduit à une table à l'intérieur après quelques secondes.

"- Je sais que cet endroit n'est pas grand chose, mais..." Dit-il, tirant la chaise tandis que je m'asseyais.

"- Tu plaisante ? C'est génial." Je préférais ça plutôt que certains restaurants haut de gamme où tout le monde vous regarde et vous donne l'impression d'être pas bien habillé.

Jacob enroula la manche de sa chemise et sourit. " Le restaurant est en fait un parent proche de mon père." Lorenzo.

"- Lorenzo est un nom italien, n'est-ce pas ?" Lui demandais-je. Il acquiesça. " Tu es italien ?" Demandais-je à nouveau, mes sourcils s'haussant de curiosité et de surprise.

"- Moitié italien." Corrigea-t-il. " Ma mère est américaine, et avant que tu ne me le dises, non je ne parle pas italien." Il feint la honte sur son visage, et je rigolais.

"- Vraiment ? Pas même un mot ?"

"- Et bien, je connais les basiques, je pense. Mon père a essayé de me faire apprendre pendant des années, mais je suppose qu'il n'a jamais réussi à le faire." Si je ne le regarderais pas directement, j'aurais peut-être manqué le minuscule tempête qui se produisait dans son esprit, la moindre hésitation dans sa voix.

Je pouvais sentir ce qui allait arriver, mais la curiosité a eu raison de moi. " Pourquoi ?"

Il fit une pause pour un moment puis continua. " Il est mort il y a quelques années."

Mon visage rougit et je baissais les yeux. " Je suis vraiment désolé."

"- C'est bon, j'étais enfant quand il est mort et nous n'étions pas proches, mais ça a frappé mes sœurs plus fort, elles ont tous les meilleurs souvenirs de lui." Je pouvais clairement entendre la jalousie derrière ses mots. Aussi bon que Jacob boxait, il ne semblait pas très bien masquer ce qu'il ressentait.

Dans une tentative de changer de sujet, je lui demandais: " Combien de sœurs as-tu ?"

"- Trois, en fait."

"- Pas de frère ?"

"- Pas de frère."

J'ai ri. " Alors, comment c'était ?"

"- Tu veux dire être le seul garçon de la famille ?" J'ai hoché la tête. " Oh c'était affreux. Elles me forçaient à jouer aux poupées avec elles et jetaient toutes mes petites voitures à la poubelle."

J'ai ri alors que la serveuse nous a remis le menu. Finalement, je pouvais sentir la tension dans mon corps s'évanouir.

Une heure plus tard, je mangeais la dernière bouchée de mes lasagne étonnamment bonnes, Jacob devant moi me racontait une histoire sur ses amis et lui et comment ils ont entré dans l'école à trois heures du matin. Ça se passait tellement mieux que ce à quoi je m'attendais. Il était doux, et gentil. Je ne pouvais pas voir pourquoi Nick le détestait autant. Nick avait juste une indifférence froide envers tout le monde, mais avec Jacob, c'était différent. C'était quelque chose de personnel. Peut-être qu'un jour je pourrais demander à Jacob de quoi il s'agit.

"- Et bien, nous avons jeté du papier toilette dans le bureau du principal, ouvert le tiroir où il garde tout les téléphones des élèves et nous les avons laissé dans un casier pour les redistribuer le lendemain." Il fit une pause d'une seconde, se rappelant un moment avec ses amis. " Seulement, il y avait un flic là-bas, il a vu la voiture garée dehors et est entré. Nous avons couru comme des fous."

"- Je n'arrive pas à croire que vous ayez fait ça." Répondis-je avec émerveillement. Est-ce que j'oserais jamais faire des trucs comme ça ? " Vous vous êtes fait attraper ?"

Il sourit de travers. " C'est la meilleure partie. Nous avons tous les trois réussis à s'échapper, mais il nous poursuivait encore. Nous avons couru quoi, quinze pâtés de maisons jusqu'à qu'on le perd enfin. Il y avait un bruit sourd venant de derrière la rue. Nous l'avons suivit et nous nous sommes retrouvés à l'entrée d'un lieu souterrain."

"- Tu veux parler de l'endroit où se passe la boxe souterraine ?"

"- Ouais. D'une certaine manière nous sommes entrés par la porte arrière, et sur le ring il y avait un garçon, de notre âge à cette époque, de 13 ans, qui se battait pour sa vie. Il se prenait des coups par un gars plus vieux. Il saignait de partout, mais il ne s'est pas écroulé. Bon sang, j'ai cru qu'il était Rocky."

Ma bouche s'est légèrement entrouverte. Un enfant ? Ils se sont assis là et ont regardé un garçon de 13 ans se faire tabasser par un mec ? Qui ferait une chose pareil ? Quelque chose dans mon expression fit s'interrompre Jacob. "Ouais, je sais. Ce n'était pas..Ecoute, c'est comme ça que ça s'est passé. Le garçon voulait se battre contre lui. Ce n'est pas comme si c'était contre sa volonté ou autre."

"- Pourtant, c'est affreux, Jacob. Et s'il avait eu besoin d'aller à l'hôpital ? Je ne peux pas imaginer quelqu'un trahir le secret du souterrain pour appeler une ambulance." Lui dis-je. Il me regardait comme un adulte regarderait une naïve petite fille qui dirait que la lune la suit.

"- Sam, il y a des gars là-bas pour rafistoler les combattants. Et si quelqu'un était trop grièvement blessé, ils appelaient une ambulance, juste sans raconter la véritable histoire sur la façon dont les blessures se sont faites."

Je n'étais pas convaincu, et je ne voulais pas vraiment continué d'entendre l'histoire, mais j'hochais la tête et il continua. "Il s'avérait que le garçon allait à la même école que moi. Nous sommes devenu amis peu de temps après. Il m'a aidé à entré dans cet endroit, m'a dit où je pouvais m'entraîner. Et c'est là que j'ai commencé à faire ça, j'imagine."

J'ai mordu l'intérieur de ma lèvre, confuse. " Mais, pourquoi ? Pourquoi tu as soudainement décidé d'entrer dans tout ça ? Est-ce que tu aimes faire ça ?"

Il hésita pendant un moment. Puis il parla. "Après que mon père soit mort, ma mère ne l'a pas très bien encaissé. Elle a eu du mal à naviguer entre ses quatre enfants et son travail à temps pleins comme serveuse et gagner assez d'argents pour tous nous nourrir. " Je pouvais sentir où cela nous menait, et mon estomac se serra un peu. " Mes sœurs ont toutes essayé d'aider, mais j'étais le plus petit. Je me sentais assez inutile, et j'étais juste un enfant, essayant d'aider. Le garçon que je connaissais, il m'avait dit qu'il y avait énormément d'argents à gagner pour les combattants. J'ai essayé. J'ai pratiqué. J'étais plutôt bon, donc je me suis engagé. Et je suis là maintenant." 

Aussitôt qu'il eut finit, je pris une inspiration. Que devais-je dire ? Qu'est-ce que tu devais répondre à ça ? Oh, c'est bon je suppose que tu as aidé ta famille, oui. Ouais..non. Vu que je ne trouvais rien d'autre à dire, ce qui sortit était: " Le garçon, comment s'appelait-il ?"

Il croisa les bras devant son torse. Serra la mâchoire et la desserra pendant une fraction de seconde. "Nick..il s'appelle Nick."

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