Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 20
Thor
J'avoue que je me suis conduit comme un enfoiré avec Joëlle, mais je ne m'étais pas amusé à ce point depuis plusieurs années, même si c'était à ses dépens. Elle était tellement nulle lors de l'entraînement de boxe que ça en était très divertissant.
Habituellement, je ne tolère pas les adeptes aussi mauvais et j'ai dû faire une exception pour elle. Je crois pourtant qu'avec un peu de rigueur, elle deviendra douée. J'aimerais la façonner à ma manière, c'est-à-dire à l'image d'une grande boxeuse. Je sais qu'elle a du potentiel, car elle et moi, nous avons le même esprit combatif. Ce sera difficile d'y parvenir, surtout puisqu'elle me déconcentre à un point tel que j'en oublie les autres boxeurs. J'ai de la difficulté à effacer le souvenir de sa peau humide dû à l'effort physique ainsi que ses pommettes rougies. Difficile de résister à un tableau aussi sexy car, de mon point de vue, cette femme en sueur au corps parfait représente une véritable tentation.
Après avoir fermé le club, je monte au studio et constate que Joëlle s'est déjà assoupie. Je l'ai peut-être un peu trop poussée hors de ses retranchements, mais au moins, elle dort maintenant à poings fermés. J'ai remarqué qu'elle avait souvent un sommeil agité. J'ignore ce qui peuple ses rêves, mais ils semblent peu plaisants.
Je retire mes vêtements, sauf mon caleçon, et me couche dans mon grand lit. Alors que je dépose ma tête sur l'oreiller, ma voisine s'agite dans son sommeil. Cette fois-ci, elle se débat comme si elle luttait contre un ennemi imaginaire. J'attends quelques minutes, puis décide d'intervenir avant qu'elle ne tombe en bas du canapé. Plus que j'approche d'elle, et plus de réalise que son cauchemar l'affecte. Son beau visage est étiré par la souffrance et des larmes s'échappent de ses longs cils noirs.
Je me penche et l'appelle par son vrai prénom, cette fois-ci, cependant elle ne m'entend pas, égarée dans un songe lointain. Je pose la main sur son épaule afin de la secouer doucement, mais elle réagit aussitôt que je la frôle et ses doigts emprisonnent les mains pour les éloigner d'elle.
— Non, souffle-t-elle en ouvrant ses yeux.
Les derniers vestiges de son songe disparaissent tandis qu'elle reprend conscience. Elle me lâche comme si je l'avais brulée et cligne des paupières, revenant à elle.
— Thor ? C'est toi ? questionne-t-elle en me reconnaissant enfin.
— Qui d'autre ? rétorqué-je.
En réalité, je suis curieux de savoir à quoi elle rêvait.
— Je pensais que tu étais...quelqu'un d'autre, répond-elle.
— Qui ? insisté-je.
— C'est sans importance, assure-t-elle.
— Sans importance ? répété-je.
— Oui, puisqu'il ne fait plus partie de ma vie.
— Je n'en suis pas si sûr, puisqu'il hante encore tes nuits.
J'ignore pourquoi, mais l'idée qu'elle rêve à quelqu'un d'autre que moi m'irrite. J'aurais préféré qu'elle s'égare plutôt sur cette sensation intense lorsque nos lèvres se sont jointes ou de la rencontre de nos deux corps nus. J'avoue que moi, j'en ai par la suite rêvé.
La jeune femme hausse les épaules, signe qu'elle ne désire pas développer davantage. Je comprends toutefois qu'elle ne veuille pas s'épancher sur son cauchemar puisque j'en fais également. Lors de mon séjour en prison, qui était loin d'être des vacances, je dormais peu car je craignais qu'on m'attaque. Cette inquiétude est restée. Je me réveille souvent en sursaut, croyant que quelqu'un tente de s'en prendre à moi, tout juste avant de réaliser que ce n'était qu'un rêve.
Je commence à saisir certains éléments et je suis maintenant certain que quelqu'un lui a fait du mal. Un homme, et si ma mémoire est bonne, un certain Dom. C'est le nom qui lui a échappé il y a quelques jours. Quelle était sa relation avec lui ? Est-ce un membre de sa famille ? Ce n'est pas impossible. Ça expliquerait la raison de sa présence ici.
— Maintenant, j'aimerais bien dormir, grogné-je d'une voix bourrue.
— Pourrais-tu...euh...rester avec moi ? me demande-t-elle d'une voix gênée.
Pendant un instant, je crois avoir mal compris. Elle veut que je dorme avec elle ?
— Je croyais que tu me détestais, l'asticoté-je.
Je devrais me la fermer et accepter, mais j'aime beaucoup trop la pousser à bout.
— Ce n'est pas toi que je déteste, dit-elle en poussant un long soupir. C'est le rôle de l'homme macho, rustre et insensible que tu t'évertues à personnifier.
— Pourquoi crois-tu que c'est un rôle ?
— Parce que tu n'agis pas ainsi avec Maisie. Tu la respectes, elle.
— Bien sûr, c'est la meuf de mon pote.
— Et alors ? Elle m'a dit que tu étais sympa lorsqu'on apprenait à te connaître. Pourtant, tu sembles déterminé à empêcher toute relation amicale entre nous.
En effet, mais je ne veux pas d'elle pour amie. Cependant, je la veux, toute entière. Je ne peux plus le nier.
— C'est parce que tu t'es imposée dans ma vie, lui réponds-je. Tu es sortie de nulle part et tu t'es incrustée chez moi, parmi ma famille, mes amis et dans mon école de boxe.
Et, surtout, dans ma tête.
Je n'ose pas lui avouer que j'ai été attiré par elle dès l'instant où je l'ai aperçue.
— Je n'ai pas fait exprès, s'insurge-t-elle. Je voulais partir, mais Gabin m'en a empêchée. Il voulait absolument que je travaille à la brasserie.
— Je sais. Au début, j'étais méfiant et je pensais que tu étais peut-être de ceux qui voulaient du tort aux Midnight Demons, mais lorsque j'ai compris tu n'avais pas de mauvaises intentions à notre égard et que tu détenais du caractère, j'ai décidé de poursuivre notre bisbille.
Elle me fixe silencieusement et j'ai l'impression qu'elle cherche à me décrypter. Malheureusement pour elle, je suis plus complexe que je ne le parais.
— En réalité, ça te plaît, comprend-elle. Tu apprécies la confrontation, le sentiment de puissance et l'exultation que te procure la victoire. Tu aimes, notamment, me rabaisser.
On peut dire qu'elle m'a bien cerné. Elle m'impressionne. Après tout, ça ne fait que quelques jours qu'elle me connait tandis que la plupart de mes amis ignorent réellement qui je suis après avoir passé des années à me côtoyer.
— Te contrarier, plutôt, la corrigé-je.
— Tu t'acharnes sur moi jusqu'à ce que je craque, m'accuse-t-elle.
— Peut-être que ça m'excite, avoué-je en me penchant lentement vers elle.
Elle écarquille ses yeux, probablement surprise par ma réponse...et par mon mouvement engageant.
— Peut-être qu'apercevoir tes adorables joues s'empourprer de colère, ton petit nez se plisser d'indignation et tes lèvres se pincer d'agacement me prouve à quel point tu réagis bien à mes provocations...et m'incite à continuer.
Bouche bée, elle me fixe en se demandant probablement si je plaisante ou non. J'avoue que mon intention n'était pas de lui dévoiler mon attirance pour elle, mais notre conversation est le bon moment. Au moins, elle saura à quoi s'en tenir si je lui saute dessus un de ces quatre.
— C'est pour cette raison que tu m'as embrassée lors la petite fête à votre QG ? interroge-t-elle. Je t'attire lorsque je suis furieuse.
Elle m'attire tout le temps, mais inutile de l'en informer. Je hoche donc la tête.
— L'intensité de ces moments est particulière, lui expliqué-je. Je suis incapable de me contrôler. L'adrénaline afflue en moi et m'empêche de réfléchir aux conséquences de mes actes. Un peu comme lorsque je boxais. Sauf que j'ai trouvé un moyen encore plus plaisant d'extérioriser ce plaisir ardent et tu es la seule qui puisse parvenir à me faire ressentir cette sensation.
— Donc, tu te sers de moi pour ressentir cette fébrilité qui te rappelle celle de la boxe.
— Non, tu ne comprends pas. C'est toi qui provoques cet enfièvrement chez moi...et ça me plait.
— Si je récapitule, tu aimes me provoquer, me rabaisser et me contrarier jusqu'à ce que ça fasse des étincelles entre nous et que nous nous percutions comme deux boxeurs en manque.
Sa réponse me fait rire. Plus j'apprends à la connaître, plus je réalise que nous avons des caractères similaires...à quelques petites différences près.
— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, dit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine, sur laquelle je louche.
Impossible de regarder ailleurs, surtout lorsqu'elle ne porte pas de soutien-gorge comme en cet instant.
— Mes yeux sont ici, fait-elle en claquant des doigts à quelques centimètres de mon visage.
— C'est de la psychologie inversée, m'expliqué-je.
— Pardon ?
Oups ! Peut-être qu'elle pense que je parle de ses seins.
— Je t'ai dit que tu étais faible pour t'inciter à te dépasser. Et ça a fonctionné. Tu avais de la difficulté à te tenir debout tellement tu étais éreintée de ta journée de travail et tu es parvenue à suivre des athlètes bien entraînés. D'accord, tu étais plutôt mauvaise, mais je sais distinguer un bon boxeur grâce à sa volonté, ce que tu possèdes assurément. Voilà pourquoi tu excelleras.
— Tu...tu veux toujours m'entraîner après le désastre de ce soir ? s'étonne-t-elle.
— Bien sûr, je suis persévérant. Cependant, je n'apprécie pas discuter en pleine nuit, alors nous ferions mieux de dormir avant que cette discussion ne se termine en autre chose...
Elle rosit légèrement et je devine que je la mets mal à l'aise alors, afin de mettre fin à son trouble, je m'allonge à ses côtés. Le canapé est plus petit que mon lit, mais suffisamment grand pour pouvoir bouger sans avoir le coude de l'autre sur le nez. J'aurais bien aimé sentir à nouveau son petit corps chaud contre le mien, mais ce n'est pas le moment pour ça. Je ne veux pas l'effrayer, surtout après son cauchemar dans lequel on l'a, sans aucun doute, malmenée. Je veux lui prouver que je ne suis pas comme l'enfoiré qui l'a brutalisée.
— Bonne nuit, me dit-elle.
— Bonne nuit.
C'est la première fois que je dors avec une fille. Lors de mes années de débauche, je les baisais, puis partais aussitôt la séance charnelle terminée. J'étais fermé aux sentiments. Seule la boxe m'importait. Je voulais faire couler du sang, gagner les combats et jouir de la victoire et du sexe.
Les temps ont bien changé. Maintenant, tout ce qui m'importe, c'est d'avoir une vie stable, où je puisse mélanger travail et passion ... et importuner une petite insolente sexy et attirante.
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