Direct to the heart-TOME 2-Chapitre 15
Judicaëlle
Je n'aime pas le mystère que laisse planer Gabin pendant notre trajet jusqu'à l'arrière de la maison. Nous nous arrêtons devant un petit garage et le chef des bikers ouvre la porte, me faisant signe d'entrer.
— Voilà ! me dit-il avec bonne humeur.
Je reste bouche bée.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Ça, ma grande, c'est ton nouveau moyen de transport.
Je dévisage la moto noire qui me fait face. J'espère que c'est une blague.
— Il est hors de question que je conduise ce truc, lui assuré-je.
— Je l'ai choisie plus basse que les nôtres, m'informe Gabin. Tes pieds toucheront par terre.
— Je ne sais même pas conduire, ajouté-je.
— J'ai un pote biker qui donne des cours. Il pourra t'apprendre.
— Parles-tu de Lewis ? demande Thor. Celui qui drague tout ce qui bouge ?
Gabin lève les yeux au ciel.
— Il est sérieux de temps en temps, se justifie-t-il.
— Pas quand un joli petit cul se trouve à quelques centimètres de lui.
Un joli petit cul ? J'ignore si je devrais me sentir flattée ou offusquée. Il a donc maté mes fesses pour parler ainsi de moi...
— Je vais lui dire de se tenir à carreau, annonce Gabin, puisque tu...
— Si jamais tu termines cette phrase, je te jure que tu vas le regretter, le menace Thor.
Pourtant, Gabin semble s'amuser comme un fou par leur petite joute. Thor...reste Thor. Toujours aussi sérieux même lorsqu'il blague. D'ailleurs, j'ignore si sa menace était vraie. À la place de Gabin, je ferais attention à mes miches. Le Dieu du tonnerre semble assez susceptible. J'en ai moi-même été témoin...
— C'est parfait, alors ! s'exclame le patron des Midnight Demons. Tu verras, Judicaëlle. Conduire une moto est un jeu d'enfant.
Je ne réponds rien, car je risquerais de l'insulter. Que veut-il que je fasse avec cet engin ? Je ne peux rien transporter. Ce mec n'est pas stupide ; il sait que je ne quitterai pas la ville à moto. C'est ce que j'appelle « s'arranger avec brio » pour garder un employé.
Pourtant, tandis que j'y songe, si jamais mon enfoiré d'ex-petit copain me retrouve, je pourrai peut-être mieux le semer sur deux roues, si jamais je parviens à apprendre à manœuvrer cette chose.
Nous prenons congé et retournons au club de boxe. Thor est impatient de rentrer et je l'entends pousser un soupir de soulagement lorsqu'il pénètre dans l'entrepôt. S'attendait-il à ce que Jonas y mette le feu ? Celui-ci se tient debout devant le ring et parle avec une femme habillée d'un petit short en coton gris et d'un soutif de sport. Elle est presqu'aussi grande que lui et a des airs de mannequin.
Pourquoi la gent féminine de ce club est-elle aussi sexy ? Où Thor recrute-t-il ses abonnés ? Via un magazine de mode ? Même les hommes, qui ont des corps virils et musclés, semblent s'entraîner depuis des lustres.
— Jonas ! aboie Thor. Je t'avais demandé de surveiller le club, pas les meufs.
La meuf en question pince les lèvres et tourne les talons, apparemment insultée.
— Ce n'est pas de ma faute si elles bavent toutes devant mon corps de rêve, mec, répond ce dernier, provoquant mon amusement.
Jonas est le genre d'homme avenant, drôle et mignon. Le mec parfait, quoi ! Pourtant, il ne m'intéresse pas du tout. C'est plutôt le genre d'ami avec qui je prendrais plaisir à lui raconter ma vie, faire une virée ou même aller au resto. Mais sans plus. Il a beau être super sexy, je n'ai pas ce petit serrement à la poitrine lorsque je le vois, ni les battements de cœurs qui deviennent irréguliers lorsqu'il s'approche de moi. Rien. Nothing. Nada. Juste une affection n'allant pas plus loin que l'amitié.
Thor croise ses bras, pas du tout déridé.
— Relaxe, mon pote, lui dit Jonas. Je lui ai parlée à peine deux minutes. Tout s'est bien déroulé durant ton absence, tout le monde a respecté les règles et personne n'a déclenché de feu. Et vous, avez-vous rencontré le futur biker ?
— Oui, il est adorable, réponds-je, encore charmée par le magnifique bébé.
— Et comment Gabin a-t-il réagi lorsqu'il a appris ce qui est arrivé hier ?
— Il a décidé de renforcir la sécurité.
— Je me doutais bien qu'il prendrait cette décision.
Je m'éloigne d'eux, quelque peu blasée. Ils parlent uniquement de leur satané club house, pourtant, personne n'a l'air de s'être inquiété pour moi. J'ai failli mourir d'hypothermie et le seul sujet qui revient est leur maudit alcool.
Furieuse par leur manque d'égard pour moi, je les laisse blablater et me dirige vers la cuisinette, dont l'allure me plaît bien. On remarque clairement le style des armoires Ikea, mais c'est au goût du jour et la touche de masculinité attribuée par les panneaux couleur anthracite et le comptoir foncé lui concède une touche mystérieuse, un peu comme son propriétaire. Thor aurait-il des talents de designer ? Je l'imagine mal demander des conseils à d'autres sur la déco. En fait, je ne l'imagine pas du tout demander un conseil sur quoi que ce soit. Il semble évoluer de lui-même, dans son propre monde.
Je me prépare un sandwich sur le petit îlot au centre de la cuisine, puis m'assois sur un tabouret de bar pour le déguster. Je range par la suite, ne laissant rien traîner. Au moins, il ne pourra pas dire que je ne me ramasse pas.
Une fois l'endroit propre, je décide de faire un peu de lavage. J'ai découvert une buanderie dans le vestiaire et je suppose que je pourrais l'utiliser. Je retourne donc au studio. Le club s'est vidé ; il ne reste qu'une dizaine de boxeurs, la plupart en train de s'échauffer en prévision d'une séance de sparring.
Je place mes vêtements sales dans un panier, puis descends en prenant soin de ne pas déranger le groupe. Le vestiaire est désert, mais une odeur de transpiration plane dans la grande pièce. J'ouvre les portes dissimulées derrière les casiers et dépose le tout dans le lave-linge.
Voilà ! Je pourrais aller explorer le quartier en attendant. Après tout, ce ne doit pas être dangereux en journée...
Lorsque je me retourne, je sursaute en remarquant un jeune homme près d'une douche. Il me fixe comme s'il venait de gagner le Jackpot. La buanderie étant située dans le vestiaire des hommes, j'espérais que personne ne m'y surprendrait pendant ce temps.
— Euh...désolée de ma présence, je voulais seulement faire mon lavage, balbutié-je, mal à l'aise.
L'homme, d'apparence plus âgée que moi, est seulement vêtu de son short. Sa serviette se trouve derrière son cou et il semble prêt à prendre sa douche.
— Ce n'est rien, répond-il en fixant son regard sur moi. Tu peux te joindre à moi, si tu veux.
— J'ai des choses à faire, dis-je en espérant qu'il laisse tomber.
Il est beaucoup plus grand que moi et assez bâti, mais moins que Thor. Son visage émacié laisse toutefois deviner qu'il n'a pas un mode de vie aussi sain que son mentor.
— Allez, ma belle, insiste-t-il, j'ai travaillé fort ce matin et j'ai envie de me...relâcher un peu.
Je grimace de dégoût. Si ce type espère que je vais me déshabiller avec lui, il rêve en couleur. Le sexe, c'est terminé pour quelques temps. J'ai assez subi de perversion pour un bon moment.
Le type s'est rapproché pendant que je cogitais et je sursaute en réalisant qu'il se trouve désormais à moins d'un mètre de moi. Je recule, mais il avance, me coinçant contre un casier.
— Tu ne le regretteras pas, ajoute-t-il d'une voix rauque de désir.
— Non, je...
— Elle a dit non, rugit une voix qui me fait sursauter. Tu ne comprends pas la langue française ou quoi ?
Thor se trouve dans l'entrée des vestiaires et semble de très mauvaise humeur, pour faire changement.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ? me lance-t-il.
— Mon lavage.
— Et qui t'en as donné l'autorisation ?
J'en reste baba. Depuis quand me faut-il son autorisation pour laver mes vêtements ?
— Euh...j'ai vu la petite buanderie, alors je me suis dit que je pourrais l'utiliser.
— Ce n'est pas parce que tu habites ici que tu peux te permettre d'user tout ce qui m'appartient, me sermonne-t-il.
Un autre rappel que je ne suis pas la bienvenue. Je commence à en avoir ras-le-bol. Je crois qu'aussitôt que j'aurai ma première rémunération, je dégagerai d'ici.
— Et toi, ajoute Thor en se retournant vers le jeune homme, si tu essaies à nouveau de forcer une fille, tu seras rayé de mon club de boxe. Est-ce clair ?
— Oui, coach, répond-il en baissant les yeux
— Bien, répond celui-ci.
Il me pousse ensuite sans ménagement vers la sortie.
— Je t'avais prévenue de ne pas te mêler aux boxeurs, me rabroue-t-il une fois à l'extérieur.
Le mur séparant le vestiaire du club nous cache de la vue des autres.
— En plus, tu n'es même pas capable de refuser des avances, me reproche-t-il.
— Ce n'est pas vrai, je lui ai dit non, me défends-je.
— Tu as seulement bégayé un « non » incertain. Ce genre de mec peut croire que tu es seulement gênée. Tu dois être ferme et catégorique sinon il va penser que tu veux qu'il te prenne contre le mur de la douche.
Je déglutis devant son langage cru. Provenant de Thor, ces mots deviennent presque...excitants et j'ignore pour quelle raison. Pourtant, il est en train de me faire la morale !
— Je suis capable de refuser une avance, m'obstiné-je. Je n'accepte pas de coucher avec n'importe qui.
— Ah ouais ? Alors, prouve-le, me provoque-t-il en s'avançant vers moi avec un regard de prédateur.
Mais à quoi joue-t-il ? Que veut-il me prouver, exactement ?
Il ne penche vers moi et son visage se retrouve à quelques centimètres du mien. Je me fige. Il prend un air enjôleur. Sa lèvre s'étire et un sourire presque tendre éclaire son visage habituellement si sévère. Ses yeux foncés brillent d'un éclat déterminé et me fixent avec convoitise. Je sais que ce n'est pas réel, qu'il le fait exprès pour me provoquer, toutefois mon corps ne semble pas comprendre. Mes joues s'échauffent, mon cœur s'accélère, mes jambes deviennent molles et j'essaie de garder contenance tandis que ses lèvres frôlent les miennes. Elles suivent la courbe de ma mâchoire et viennent mordiller mon oreille. J'ai l'impression que mon corps entre en ébullition.
Qu'est-ce qui me prend ? Suis-je une fille facile comme il le prétend ? Pourtant, je me croyais immunisée contre les mecs. Surtout après ce que Dominique m'a fait. Pourquoi tout mon être réagit-il comme s'il était attiré par cet homme ?
— Vas-y, repousse-moi, exige Thor en collant son bassin contre moi, à moins que tu ne sois une petite fille faible et sans caractère ?
Au lieu de provoquer ma fureur, il m'émoustille. Son timbre de voix rauque doit suffire à faire mouiller ses amantes. Je suis en train de me liquéfier sur place et une chaleur intense se propage entre mes cuisses. Je voudrais lui démontrer qu'il ne m'attire pas, mais je me mentirais à moi-même. Son tempérament intense ne me laisse pas de marbre, malheureusement.
— Tu es faible, Joëlle. Tu n'as pas l'étoffe d'une boxeuse, conclut-il en se reculant. Ni d'une bikeuse.
Sur cette insulte, il me tourne le dos et retourne auprès de ses protégés, qui l'attendent au centre du ring. Je reste immobile, encore ébranlée par cette petite confrontation. Il me croit faible ? Alors, je vais lui prouver le contraire.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro