Jubia vit sa soeur lui faire un bref signe de main. Elle le prit comme un signal, et s'enfonça dans l'eau pour rejoindre les deux amoureux ( qui étaient incontestablement amoureux vu ce qu'elle venait de voir ).

"- Yo ! Je suis Natsu ! " se présenta le jeune homme.

"- Jubia est Jubia " répondit-elle en inclinant la tête. " Jubia est ravie de rencontrer Natsu-san. "

Il rit devant la timidité de la jeune fille.

"- Alors, qu'est ce qui t'amène, Jubia ? "

"- Jubia veut découvrir le monde ! "

"- Luce m'avait dit la même chose quand on s'est rencontrés... " soupira rêveusement Natsu.

Il posa son menton sur sa main.

"- J'avais dit... " Pourquoi tu es dans l'eau ? " "

"- Et j'avais répondu " Parce que je suis une sirène, idiot d'humain ! " ", continua Lucy avec un petit rire.

"- Tu avais froncé les sourcils d'une manière adorable... "

"- Et tu m'avais fait ce sourire si arrogant que j'adore... "

Ils se collèrent l'un à l'autre.

"- Je t'avais alors demandé si les sirènes étaient toutes aussi bizarres que toi... "

Leurs regards se plongèrent profondément dans celui de l'autre, et leurs joues rougirent.

"- Tu étais tellement belle/beau... "

Jubia toussota. Devant leur manque de réaction, elle finit par s'éclipser discrètement. Elle avait l'impression de les épier en restant les écouter. Est ce que l'amour rendait toujours si impudique ?

Désœuvrée, elle se rendit vers le bateau qu'elle avait apercu en premier lieu. Il s'était éloigné peu à peu de la rive, et de là-bas provenait un son étrange. De la musique. Jubia s'approcha jusqu'à pouvoir effleurer la coque du bout des doigts, et leva la tête dans l'espoir d'apercevoir ce qui de passait sur le pont. Dessus, on entendait des claquements réguliers et des voix qui chantaient. Des voix masculines. Elles parlaient du bonheur d'être en mer et de la liberté d'un marin. Des choses que Jubia avait du mal à saisir, mais qui la ravissaient au plus haut point.

Liberté. Bonheur. Marin.

Tant de choses à découvrir !

Puis elle distingua quelques voix.

"- Cul sec, capitaine !
- Faites attention, mon prince, ne buvez pas trop ! "

Un jeune homme aux cheveux noirs s'appuya sur la rambarde pour finir sa chope de bière. Jubia en déduit que c'était à lui que les autres s'adressaient. Mais que pouvait bien être cette boisson ?

Elle tenta tant bien que mal de voir le visage du garçon, mais il lui tournait le dos. Elle allait abandonner, quand - pour son malheur ou son bonheur - il se retourna. Et la vit.

"- Qu'est ce que... ? "

Jubia plongea dans l'eau et s'enfuit, inconsciente du fait que la surprise avait déséquilibré le prince et qu'il était tombé à l'eau. Elle se mit en sécurité derrière un rocher.

Son coeur battait à tout rompre. Elle avait eu la peur de sa vie ! Non pas que le jeune homme ait eu un visage désagréable - bien au contraire - mais elle avait été vue !

Au bout de quelques instants ou elle tenta de reprendre ses esprits, elle remonta a la surface. Le garçon avait disparu. Elle soupira, sans trop savoir elle-même si c'était de soulagement ou de dépit, avant d'entendre les cris de panique des marins :

"- Il ne remonte pas ! Il ne remonte pas ! "

"- Le prince ne sait pas nageeeer ! " hurla une voix stridente.

Il ne fallut pas longtemps a la petite bleue pour comprendre de la situation. Sans hésiter, elle plongea à la rescousse du bel inconnu.

Sa nageoire caudale fendit la mer, plus rapide que n'importe quel autre poisson du monde. Ses doux cheveux d'un bleu profond flottaient autour d'elle, imprimant ses mouvements d'une grâce qui lui était propre. Jamais en cet instant on eut vu spectacle plus fascinant que cette petite sirène nageant au secours de celui qui pouvait causer sa perte.

Elle l'attira à elle, le serrant contre sa poitrine, et remonta bien vite là ou il pourrait prendre de l'air. Mais le prince avait les poumons emplis d'eau de mer et avait cessé de respirer. En désespoir de cause, elle le tira sur la rive et appuya sur son torse. De l'eau sortit en petits jets de la bouche du garçon inconscient, produisant un léger gargouillis qui effraya la sirène. Elle devait se dépêcher de vider cette eau ou il mourrait.

Son visage était paisible comme celui d'un mort, la bouche entrouverte, les yeux clos.

Un ange, songea Jubia. Un ange noir descendu des cieux.

Un léger picotement lui parcourut le bras lorsqu'elle effleura son visage parfait, et elle recula bien vite. Son coeur battait de facon erratique, la température de ses joues augmenta en flèche. Elle se trouva à presser les poings contre sa poitrine pour ne pas s'évanouir.

L'ange ne se réveillait pas. Elle hésita à lui faire du bouche à bouche et, bien qu'elle en eut envie, elle prit une grande inspiration et chanta de sa voix tremblante.

La voix des sirènes avait des propriétés curatives. Si certaines l'utilisaient pour attirer les marins, qui se complaisaient dans le bien-être qu'apportait l'enchantement, laplupart ne chantaient pas ou très peu. La magie puissante qui de dégageait de leur chant les effrayait.

La petite sirène se pencha vers l'oreille du jeune homme inconscient. Sa voix était un doux murmure à la mélodie envoutante.

"- Je veux te confier un secret, maintenant...
Nos coeurs sont unis
Pour le rêve vers lequel nous marchons, saisissons-le sans parler... "

Sa voix prit plus d'assurance et elle recula, continuant :

"- Les sentiments n'atteignent pas les blessures cachées au fond de ma poitrine
Sans regarder en arrière vers ces pas tremblants
Demain, nous commencerons avec un seul pas... "

Elle saisit ses mains, la peau bronzée du garçon en contraste complet avec la blancheur de ses longs doigts de porcelaine.

"- Je veux te confier un secret, maintenant...
Ça ira, si tu tiens bien mes mains
Nous recommencerons à partir d'ici
Dans ce futur, tu peux souhaiter ce que tu veux. "

Les paupières closes du garçon frémirent. Jubia voulut s'écarter, mais il maintint ses mains en l'empêchant de s'enfuir.

Elle était coincée.

Ses pupilles d'un gris orage s'ouvrirent peu à peu. Ses mains se crispèrent sur les poignets blancs de la sirène, et il cligna des yeux frénétiquement quand la jeune fille plongea sur lui pour l'embrasser.

Le premier baiser de la sirène était important, mais sa sécurité et celle de sa soeur étaient en jeu. Elle n'avait aucun autre moyen de détourner son attention de sa queue de poisson qui battait l'air frénétiquement. Et puis, ce n'était pas si désagréable, au final.

Le jeune homme resta sans réaction quelques instants avant de répondre au baiser. Le coeur de Jubia bondit de joie, un sentiment chaleureux s'épanouit dans sa poitrine. Elle en oublia presque la raison de son geste.

D'un coup, elle se dégagea et plongea dans l'eau.

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Il tendit vainement la main pour rattraper la jeune fille aux beaux yeux bleus. Trop tard. La belle inconnue avait disparut. Qui était elle ? Pourquoi l'avait elle embrassé ? Pourquoi s'était-elle enfuie ?

Le prince, dans toute sa confusion, n'avait que deux certitudes sur cette jeune fille : premièrement, elle venait de lui sauver la vie. Et deuxièmement, elle avait la plus belle voix qu'il eut jamais entendu.

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Jubia rejoint bien vite sa soeur et son amant, le coeur encore battant de la sensation des lèvres de l'inconnu.

"- Lucy-nee-Lucy-nee-Lucy-nee ! " hurla-elle, battant des bras.

Elle ne savait pas si elle était enthousiaste ou horrifiée. La blonde s'écarta des bras du garçon aux cheveux roses et plongea à la rencontre de sa soeur, paniquée.

"- Quoi-quoi-quoi-quoi ? "

"- Jubia a... Là-bas, elle a... "

"- Qu'est ce qu'il y a ? " cria Lucy, de plus en plus paniquée.

"- Jubia a embrassé un humain ! " babilla Jubia, au bord de l'évanouissement.

Un long silence plana. Puis Natsu leva un sourcil.

"- Eh ben, ta soeur est une rapide, Luce. "

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Peu de temps après, le pêcheur les conduisit à une crique. Il expliqua à la petite bleue qu'il s'agissait là de son domaine privé et qu'ils n'allaient pas y être dérangés. Ce à quoi la blonde ajouta fièrement :

"- Et oui, mon chéri n'est pas juste beau, drôle et intell... Et beau ! Il a aussi un domaine ! "

Jubia pouffa de rire, et le garçon grogna.

"- Je t'ai entendu, Luce. Crois moi, un mot de plus et je m'éloigne de la rive. "

Lucy fit une moue de chaton en manque de croquettes.

"- Tu ne laisserais pas ta fiancé adorée toute seule, quand même ? "

"- Il va bien falloir ", rit-il, " Parce que sois sûre que je ne dormirais pas ailleurs que dans mon lit cette nuit ! "

Jubia sourit en voyant les deux tourtereaux se lancer des piques. Ces deux là étaient une source de distraction intarissable.

Les voir lui rappela ce jeune homme qu'elle avait sauvé plus tôt, et elle contraint son esprit à ne pas s'imaginer à la place de ce couple. Lui et ses beaux yeux gris remplis d'amour lui tenant les mains, et se penchant peu à peu pour échanger avec elle un baiser enflammé... Elle cligna des yeux en revenant à la réalité, toute rouge. Lorsqu'elle vit la scène devant elle, qui ne sortait au final pas tant de son imagination, elle se cacha les visage dans les mains.

"- Trouvez-vous une chambre ! " gémit-elle.