Chapitre 62 : Les Portes Du Valhalla
Ecrasé par un poids bien trop lourd à porter sur ses épaules, qui lui semblaient soudain bien frêle. Bâtard, soldat et guerrier, tous ses combats n'étaient que trop mince à contrario de celui qu'il était en train de mener. Son cœur battait de chagrin à chaque pulsation de sang dans ses veines. Son esprit était brouillé, embrumé et peinait à comprendre ou réaliser. Il avait perdu une femme qu'il aimait, et même des enfants. Mais la douleur qui le traversait en cet instant n'était guère comparable. Etait-ce égoïste ? Il l'ignorait. Il ne savait que certaines choses, que ses armes étaient restées au campement, que ses pas se posaient sur l'herbe humide du futur champ de bataille, que son souffle était glacé lorsqu'il touchait l'extérieur mais qu'à l'intérieur de son corps, il faisait tout aussi froid. Sihtric était partit démuni et reviendrait avec le cadavre de sa sœur bien aimée. "Le corps de la Skjaldmö, peut être porté jusqu'à votre camp par l'un de vos soldats, mais il devra être désarmé. Aucun mal ne lui sera fait." Tels avaient été les mots, tant redouté, du messager d'Anlaf. Car cela avait été dans un grand silence que tous avaient craint le moment où la mort de Daegan aurait été pleinement confirmée. Durant ce temps, Björn et Lagertha s'étaient réfugiés dans les bras de leur grand-père, et ils avaient attendu. Tout cela avec l'espoir que leur mère revienne de la colline. Or, cela n'avait pas été le cas. Et lorsque le messager d'Anlaf s'en était allé, malgré le volontariat d'Uhtred et de Finan, ce fut Sihtric qui s'imposa. Il désirait aller chercher sa petite sœur. La prendre dans ses bras. La ramener auprès des siens. Les fileuses avaient écrit cet instant depuis longtemps. C'était lui, et nul autre qui devait marcher jusqu'au cadavre de la première Femme Au Bouclier Saxonne.
Malgré que le ciel semblait avoir pour mission de l'écraser sous ses épais nuages de tristesse, ce fut le dos, le menton levé et le regard digne que Sihtric traversa le campement ennemi. Tous s'étaient écartés sur son chemin, et avaient vu en lui ce que Daegan avait montré à son arrivée. La même fierté. La même absence de peur. L'un comme l'autre avait imposé le respect par son passage. Même lorsque le dernier guerrier loup recula d'un pas pour lui laisser libre chemin, dévoilant ainsi le corps sans vie de sa jeune sœur, le guerrier n'avait pas fléchit le genou. Bien que ce qu'il voyait n'était qu'horreur et souffrance pour son regard, il s'était montré fort. Baignant dans son propre sang encore frais, la fille d'Uhtred avait les paupières bien ouverte, mais le regard vide en direction du ciel. Dent-De-Loup embrochait encore sa chair. Et Anlaf se tenait là, et ne disait mot. Aucune parole ne furent échangées entre eux.
Sihtric se contenta de s'accroupir et passer ses doigts sur les yeux de Daegan pour lui fermer, à tout jamais, le regard. Le bleu de ses yeux avait perdu de son intensité et s'était grisé. C'était un spectacle qu'il ne pouvait infliger à son neveu et à sa nièce. Sans être trop brusque, comme par peur de blesser davantage le cadavre de sa sœur, le guerrier la bascula légèrement sur le coté. Il put constater que Dent-De-Loup avait été enfoncée avec tant d'hardiesse, que la pointe de la lame ressortait de l'autre coté du corps de la femme. L'homme cacha son déglutit et empoigna le pommeau du fer. Lentement, ne voulant guère montrer ses tremblements, il retira l'épée de la chair, et plongea la lame tachée de sang frais dans son propre fourreau vide. Prenant une inspiration, il laissa le cadavre retrouver sa position initiale. Se relevant, Sihtric fit deux pas et ramassa le bouclier brisé de Daegan. Il l'accrocha à son dos, puis revint auprès de sa sœur. Délicatement, comme si elle était faite du plus fragile des verres, le guerrier prit la fille d'Uhtred dans le creux de ses bras. Et sans un mot ou un regard à l'ennemi, repartit auprès de son campement. On pouvait lui tirer une flèche dans le dos, abattre une hache sur son crâne, ou l'embrocher d'un poignard, Sihtric n'en avait cure. Car il portait le cadavre de la personne qu'il avait aimé plus que tout.
* * *
Descendant difficilement la colline qui lui permettrait de rejoindre son campement où l'armée d'Uhtred patientait dans le deuil, Sihtric sentit sa dignité s'envoler lorsqu'il aperçu les premières tentes. Ses lèvres se mirent à trembler. Son nez à le piquer. Ses yeux à s'embuer. Et sa force le lâcher. L'homme s'appropriait tous les efforts du monde pour rester fort, pour ne point courber l'échine sous le chagrin mais en vain. Au bas de la butte, ses jambes devinrent molles et l'abandonnèrent. Sihtric s'écroula à genoux dans la boue, et se mit à baigner de chaude larmes le visage blême de Daegan. Il pleurait sans s'arrêter. Des spasmes lui secouaient les épaules avec une maussade énergie.
" Ma petite sœur, ma chère petite sœur, gémit-il de peine."
D'une main tremblante il caressait les cheveux blanc de sa cadette et se mit à serrer son corps flasque contre lui. Il la serra avec force comme pour se fondre avec elle. Lui aussi aurait aimé mourir à cet instant et ne plus ressentir l'horrible douleur qui le tiraillait. C'était un mal sourd, sans entailles ni sang, mais pourtant bien présent et même bien plus douloureux. On lui mutilait le cœur à chacun de ses pleurs.
Des ombres l'entourèrent alors, cachant le peu de lumière que le soleil apportait en ce jour gris. S'agenouillant à ses cotés, il n'eut guère à lever le regard pour savoir que c'était là Uhtred et Finan. Quant aux mains plus jeune qui se posèrent sur le visage de Daegan, il n'était guère difficile à deviner que c'était là Björn et Lagertha.
" Ce ne peut être elle, ce ne peut être ma fille, dit le seigneur de Bebbanburg en se laissant tomber assit pour cacher ses larmes dans ses mains.
- Comment ce jour a t-il put arriver ? Comment avons-nous put laisser faire cela ? continua l'irlandais en se redressant pour faire quelques pas tandis que ses yeux se mouillaient de chagrin."
Les deux enfants (désormais orphelins) de Daegan et Aldhelm ne purent dire un seul mot. Les pleurs parlaient à leur place. Ils avaient perdu, en l'espace d'une seule saison, leurs parents. Tous deux étaient morts si vite. Ils étaient désormais seuls et livrés à eux-mêmes. Plus personne ne fredonnerait de douce mélodie pour les endormir. Plus personne ne leur ébourifferait les cheveux. Plus personne ne pourrait être appelé "père" et "mère" de leur bouche. Ils avaient pourtant encore tant de choses à partager avec leurs parents. Tant de choses à dire et à découvrir. Tant de questions. Jamais ils ne verraient la fierté dans les yeux de leur mère et de leur père pour avoir accomplit quelque chose. Tout cela était un temps révolu. Cependant, la tristesse était la principale pensée qui les accablait en cet instant. Tels deux fort jeunes enfants, les jumeaux partirent se blottir contre leur grand-père tandis que leur oncle, Sihtric, continuait de baigner de larmes le corps de Daegan.
Celui-ci n'avait plus la force de se lever. Plus la force de porter sa cadette. Plus la force de rester digne. Plus la force de cacher son chagrin. Il était meurtrit. Pourtant il savait que la bataille grondait. Mais la bataille pouvait lui marcher sur le corps, il s'en moquait. La dernière de son sang entier était morte. Il avait accepté que sa propre sœur marche à sa perte. Il ne l'avait pas retenu. Il n'avait rien fait et s'était contenté d'écouter ses sornettes sur le repos qu'elle désirait tant. Pourquoi donc avait-il été si aveugle ? Il aurait dût mener une offensive, il aurait combattre. Mais non. Il s'était contenté de la regarder s'éloigner de lui, comme un mirage.
Un chant s'éleva alors dans le campement. Un chant emplit à la fois de tristesse et d'espoir. Un chant fredonné par les Femmes Aux Boucliers. Sous les yeux de Sihtric, ces dernières posèrent leurs mains sur le corps de leur cheffe et retirèrent le cadavre des bras du guerrier. Il ne s'y opposa guère, car il savait que lui n'aurait pas la force de continuer. Il remercia, sans mot dire, ces dignes femmes pour prendre soin de sa sœur. Chacune d'elles attrapèrent une partie différente du corps de la Skjaldmö et la levèrent au dessus de leurs têtes. Elles marchèrent d'un pas commun et honorèrent Daegan de leur chant alors qu'elles faisaient défiler, dans une lente marche, la silhouette sans vie de la sœur de Sihtric.
" Je sais que le deuil est long, que la douleur est vive et cela ne me plait guère à vous le dire, seigneur Uhtred, mais la bataille approche. J'aurais grandement souhaité que nous profitions de sa présence encore de nombreuses heures, ou de nombreux jours, mais il est temps. Nous devons offrir des funérailles à Daegan, dit Freydis en s'accroupissant devant le guerrier."
Serrant ses petits enfants contre lui, Uhtred inspira de nombreuses fois pour trouver le courage de parler et de songer au futur. La jeune femme avait raison. La bataille s'approchait, et garder le cadavre de Daegan plus longtemps ne rendrait son passage dans l'après que plus long. Après ce lourd sacrifice, elle avait droit au repos. Et il priait pour que n'importe quel Dieu l'accueil dans son royaume et qu'elle ne soit pas puni dans les flammes ou la glace.
" Ma fille m'a...Elle m'a dit un jour avant une bataille, ou un autre quelconque combat, je ne sais plus trop, bafouilla le frère de Ragnar. Qu'elle souhaitait être brulée avec une croix Chrétienne et un marteau de Thor, elle voulait laisser les Dieux choisirent l'endroit où elle reposerait, car elle ne pouvait choisir entre les différente croyances de ses proches. C'est là tout ce qu'elle m'avait dit. Elle aura un buché, mais je veux qu'elle soit honorée comme une Reine.
- En Irlande, lorsque les Rois ou les Reines meurent, nous déposons leurs corps sur des barques et lorsqu'ils sont élancés sur les eaux, nous lançons des flèches enflammées pour brûler leurs corps, dit Finan en reniflant.
- Nous ferons donc ainsi, approuva Uhtred.
- Elle doit être brûlée avec son cheval, dit Sihtric qui était toujours assit au sol. En tant que frère de sang, une mèche de mes cheveux doit l'accompagner dans son voyage, ainsi que l'un de mes bracelets d'argent.
- Nous sommes venu sur une barque assez grande pour que le corps d'une femme et celui d'un cheval puissent reposer. Nous vous l'offrons, seigneur Uhtred. Dame Daegan a toujours été un grand exemple et une bonne personne, c'est le moins que mes hommes et moi-même puissions faire, déclara un petit seigneur Northumbrien qui avait toujours soutenu Uhtred et sa famille."
* * *
En ce début d'hiver, nulle fleur ne poussait dans les environs. Le cœur lourd, Lagertha déposait des fougères, des pommes de pins, ou des branches aux belles pointes ou truffées d'épines de sapin. Elle avait, dans les mains, une délicatesse presque affolante tandis qu'elle offrait à sa mère une barque décorée assez dignement pour honorer la vie que celle-ci avait menée. Les nuages étaient bas, gris et triste. A chaque instant ils menaçaient de leur pluie, mais n'en firent rien. Le froid en revanche était aigre, et il semblait être devenu tranchant depuis la mort de Daegan.
Ajoutant quelques dernières feuilles autour des longues boucles blanche de celle qui l'avait mise au monde, la jeune fille jeta un regard au teint blême et cadavérique de la guerrière. Même ainsi elle avait une beauté que nul ne pouvait lui retirer. Valhalla, Paradis, Enfer ou Niflheim, qu'importe où sa mère se trouvait, Lagertha s'était décidée à proclamer une promesse.
" Où que tu sois, mère, je te rejoindrai, nous serons réunis. Toi, père, moi, et Björn si il le souhaite. Mais avant de rendre mon dernier souffle, je te ferai honneur, j'en fais la promesse, avait-elle dit avant de déposer un baiser sur le front glacé de Daegan."
Se redressant, la sœur de Björn contempla la barque qui mènerait l'une de ses parentes dans l'un des royaumes de l'après. Leofric, le grand et robuste cheval blanc aux épais sabots velu et à l'œil blessé, reposait à la pointe de l'embarcation. Lui aussi avait eu droit à de nombreuses décorations tandis que sa crinière avait été tressée avec soin. Puis, au milieu, entourée de mousse verte et humide, de belles branches, de pommes de pins, de fougères et de feuilles mortes se trouvait la veuve d'Aldhelm. Ses longs cheveux blanc qui avaient baignés dans son propre sang avaient été lavés afin qu'elle n'emporte guère une telle chose dans son voyage. Sa chevelure avait été soigneusement répartit le long de son corps tandis qu'une couronne faites de brindilles (qui avait donc un bien triste aspect) reposait sur son crâne. Sa nouvelle armure la décorait, bien qu'elle avait été astiquée autour de la plaie pour la rendre à nouveau brillante. Ses deux mains blafarde tenaient en leur centre Dent-De-Loup, alors que son bouclier brisé avait été déposé sur ses jambes. Les yeux clos, Daegan avait l'air plus que paisible. Prenant une inspiration, Lagertha quitta le bord de la barque et regagna le rivage du fleuve.
" C'est très beau, tu lui as fait honneur, complimenta Finan en entourant les épaules de la jeune fille de son grand bras."
Seuls les proches de la guerrière assistaient à ses funérailles. Bien que les soldats pouvaient boire une chope d'ale en son honneur, ou prier pour son âme si ils le désiraient. Certains le firent, d'autres profitèrent de l'occasion pour consommer un peu d'alcool. Cependant, aucun d'eux n'eut en tête d'insulter la réputation de la Femme Au Bouclier.
Freydis s'approcha du batelet, s'agenouillant devant, elle baissa la tête un instant en signe de respect avant de jeter un peu de terre sur les fougères et la mousse fraiche qui entouraient le corps de Daegan.
" Cette terre vient de ton foyer, elle te rappellera ta vie ici lorsque tu en auras besoin, et appellera tes proches à toi. Tu n'aimais pas le titre de Reine. Alors va ! Ma sœur au bouclier, fais bon voyage."
Se redressant, la sœur de Leif le forgeron de Loidis se recula de quelques pas pour laisser place à la prochaine personne désireuse de se recueillir. Ce fut Sihtric qui avança. Faiblement, il posa ses pieds à bord de la barque et tomba à genoux à coté de sa cadette. Prenant une dague à son ceinturon, il coupa l'une des mèches sombre de ses cheveux et la tressa dans la chevelure blanche de sa sœur. Avant de procéder au même rituel mais dans le sens inverse.
" A jamais nous sommes liés, où que tu sois, je sentirai ton âme et tu sentiras la mienne, dit-il en tressant la mèche blanche de Daegan dans ses propres cheveux noirs. Je t'aime ma sœur, puisse l'après te rendre plus heureuse que ta vie sur cette terre. Puisses-tu trouver la paix que tu désirais tant."
De ses pouces, il caressa les joues froide de la femme, avant de déposer un chaleureux baiser emplit protection sur le front glacé de sa sœur. Sihtric ne parvenait à réaliser que c'était à Daegan qu'il faisait ses adieux. A cette petite fille assez courageuse pour se déguiser en garçon et survivre, tout comme pour tuer l'ennemi et évoluer avec un lourd secret avant de quitter ce secret pour une bataille où sa place était la récompense. Pleine d'ambition, d'envie de changement. Elle avait eut de grands espoirs dés sa jeunesse et avait tout accomplit, et même fait davantage. Daegan avait changé l'histoire. Mais cela, les écrits ne le raconteraient sans doute jamais. Se relevant difficilement, Sihtric quitta le petit bateau pour regagner la terre. Ses yeux n'abandonnèrent guère sa cadette tandis que Finan s'approchait à son tour.
L'irlandais enjamba avec aisance le bois pour poser ses pieds sur le pont du batelet. S'approchant du corps de son amie la plus chère, il s'accroupit à son coté et se mit à sourire.
" Cela me rappelle notre première rencontre, sauf que l'air été moins froid et que j'avais moins mal au cul. Mais toi, tu n'as pas changée. Tu étais déjà courageuse lorsque je t'ai connu et tu l'as prouvée une fois de plus aujourd'hui. Tu étais une amie, une sœur, une sotte parfois, mais tu as surtout toujours été la plus brave d'entre nous. Pour un vieux bougre d'irlandais comme moi, c'est un honneur de pouvoir raconter que j'ai connu Daegan fille d'Uhtred, la première Femme Au Bouclier Saxonne et la plus féroce des guerrières. Osferth nous a quitté bien trop tôt, mais je suis persuadé qu'il aurait beaucoup aimé te faire ses adieux et avoir une part de lui dans ton dernier voyage."
Déliant la croix Chrétienne qui pendait au fourreau de son épée, Finan la déposa du coté gauche de son amie. Cela aurait put être une croix ordinaire, mais ce n'était guère le cas. Car elle appartenait jadis à Osferth. Lorsque ce dernier avait trouvé la mort, l'irlandais (dans son deuil) l'avait prise en souvenir du jeune homme ainsi que pour se rappeler chaque jour qu'il n'avait guère put le sauver. Mais en cet instant, il décida de laisser partir cette peine avec Daegan. Parce qu'il savait que tous deux étaient meilleurs amis et n'allaient jamais l'un sans l'autre. Ainsi, Osferth pouvait faire partie du voyage comme si il se trouvait encore parmi eux.
" Tu resteras toujours l'enfant de la plage, Daegan, murmura Finan avant d'embrasser l'une des joues de la femme."
Après s'être frotté le visage par la fatigue, le deuil et le ravalement de ses larmes, l'homme quitta à son tour la barque. Osbert fut le suivant à s'avancer. Il ne monta guère à bord car il ne se sentait pas méritant d'un tel honneur. Il connaissait trop peu sa sœur pour lui offrir une dernière embrassade.
" Je veillerai sur notre père, et Bebbanburg perdurera pour les siècles à venir. Je te promets que tous connaitront le nom de Daegan. Tes combats ne tomberont pas dans l'oubli. Tu seras honoré, je m'en fais la mission. Je regrette de n'avoir guère put te connaître davantage. Mais je continue à te voir à travers Björn et Lagertha, ainsi qu'à travers notre père, mais aussi Sihtric et Finan. En réalité, je vois une part de toi en chacun de nous tous. Ton impact n'a pas été faible. En ce jour, nous te pleurons certes, mais nous te clamons plus que tout."
Courbant le dos, Osbert conclut ses mots et se retira pour laisser place à Pyrlig. Ce dernier nomma une prière tout en faisant signe de croix envers la barque. Mener des funérailles pour une enfant qu'il avait vu grandir était un grand châtiment pour lui, mais il se le devait, en tant que prêtre mais aussi en tant qu'ami.
" Tu étais une bonne personne, Daegan, Dieu fera le bon choix. Ou les Dieux cela va de soit. La guerre est terminée, tu peux aller en paix. Sur ces eaux, ton âme sera apaisée et notre chagrin s'envolera tandis que tu partiras vers les Cieux et le Paradis. Ou le Valhalla évidemment, rit nerveusement le religieux. Sache que tu vivras encore sur terre tant que nos cœurs battront. Je me fais la promesse de faire une grande messe pour toi ainsi que pour le seigneur Aldhelm. Que vos âmes se retrouvent et s'aiment au delà de ces terres. Sois en paix, mon enfant. Amen."
Se signant, Pyrlig joignit ses deux mains devant lui et se recula. Ce fut alors que, le teint grave et les traits tirés par ses larmes, Uhtred s'approcha de la barque, l'enjamba et s'agenouilla au coté de sa fille. Sa fille ainée, pas de son sang certes, mais une enfant envoyée des Dieux. Elle avait toujours été sa destinée. Depuis son arrivée à Winchester la toute première fois, lorsqu'il avait passé les portes au coté de Brida et qu'il avait rencontré le farouche Leofric, le seigneur de Bebbanburg avait été désigné pour être le père de cette voleuse des rues. Les fileuses l'avaient toujours écrit ainsi.
" Tu n'écouteras donc jamais ton cabochard de père, rit le guerrier avant que son sourire ne se fonde dans des larmes. Tu aurais dû me laisser pendre ta place...Tu aurais dû...Mon enfant, ma fille, ma toute petite fille. C'est maintenant que je vois que je n'ai guère vu le temps passer. Jamais je n'aurais dû te laisser t'éloigner de moi durant douze années. Les choses auraient sans doute été différente. Je sais que je ne peux guère changer le passé, et que ces dernières semaines ta souffrance était trop insupportable pour te laisser croire encore en la paix sur nos terres. Je ne peux rivaliser contre la destinée que les Dieux ont forgés pour toi, mais je sais que deux personnes liés par le destin se retrouveront toujours. Alors je prie les Dieux pour que notre destinée soit liée. Pardonnes mes larmes, mais dire adieu à un enfant n'est jamais aisée et je sais que tu le comprends. Ce qui allège ma peine, c'est de savoir que cela a été ton choix et que tu peux enfin te reposer...Tu le peux enfin...ma fille...Je t'aimerai sur cette terre jusqu'à mon dernier souffle et t'aimerai encore dans l'après. Tu es mon enfant, et rien ne pourra défaire cela, même si tu reposes au Paradis auprès de Leofric, Osferth et Aldhelm. Je connais mon amour pour toi, et jamais il ne trouvera fin, je boirai pour toi le jour où le Valhalla m'ouvrira ses portes et je clamerai ton nom et tes combats. Tu ne seras jamais oubliée des grands guerriers, clama t-il en retirant son propre marteau de Thor pour le poser du coté droit de la femme, un pendentif qui l'accompagnait depuis des dizaine et des dizaine d'années mais qu'il avait décidé de léguer en ce jour."
Fermant ses paupières, Uhtred déposa délicatement un baiser sur le front de sa fille. Un front auparavant chaud et plein de vie, qui désormais était froid, blême et terne. Durant de longues minutes il garda ses lèvres scellées à la peau gelée de son enfant. Son premier enfant. La petite mendiante trop enthousiaste pour la guerre, la protégée de Leofric, la petite fille qui se faisait appeler garçon. Elle lui avait tourmenté de nombreuses fois l'esprit, emplit son cœur parfois de colère mais souvent d'amour. Ils s'étaient éloignés, s'étaient retrouvés pour s'éloigner à nouveau. Tous deux avaient apprit ensemble, puis ils avaient suivit un différent chemin. Un chemin que la destinée avait décidé de relier, pour que cet instant précis arrive. Ouvrant les paupières de nouveau, Uhtred passa sa main dans les cheveux blanc de Daegan. Ils étaient toujours aussi beau, même si ils n'étaient plus noir comme jadis. Il caressa la couronne de brindilles qui lui décorait le front et songea qu'elle aurait grandement mérité une véritable couronne, faite d'or et d'argent. Son regard passa une dernière fois sur l'entière silhouette de l'ainée de sa descendance. Sa fille avait si fière allure dans sa nouvelle et belle armure. Elle aurait pu guider un millier d'hommes, tous l'auraient suivit sans hésiter. Car tous s'étaient inclinés à son sacrifice. Le guerrier n'aurait jamais songer voir cela un jour. Une femme faire plier les genoux à toute une armée. Il se mit à sourire en songeant à tout ce que Daegan avait accomplit et au repos mérité qu'elle prenait. Aucun regret ne l'avait gagné lorsqu'elle était allée se sacrifier pour ses enfants. Tout au contraire, elle souriait, riait, était fière et digne. C'était là le dernier visage qu'il garderait en mémoire de son enfant. Et c'était un beau visage. Cependant, malgré le fait qu'Uhtred trouvait un certain apaisement dans son lourd deuil qui le chagrinait plus que toute autre chose, il se mit à froncer les sourcils.
Là, reposant entre les mains de Daegan se trouvait Dent-De-Loup. L'épée de sa fille, certes, mais qui, d'après les dires de Sihtric, avait été la lame qui avait transpercée le cœur de la femme. Le fer avait été souillé de son sang, et le coup porté par l'ennemi. Et bien que lavée, l'arme gardait le souvenir de la mort de sa porteuse. Uhtred ne laisserait guère son enfant faire le voyage dans les royaumes de l'après avec l'épée qui l'avait tuée. Glissant ses doigts entre les paumes de la sœur de Sihtric, le guerrier retira Dent-De-Loup de sa possession. Avant, d'empoigner le pommeau de Souffle-De-Serpent qu'il déposa à la place de la précédente lame.
" Que cette épée qui m'a servit durant toute une vie de guerrier te guide jusqu'à la paix, ma fille, dit-il en glissant Dent-De-Loup dans son propre fourreau."
Dans un dernier acte d'amour, Uhtred déposa un ultime baiser sur la chevelure blanche de la femme. D'entre les nuages s'écartant faiblement, un rayon de soleil gagna alors, et avec surprise, la pierre d'ambre qui trônait au sommet du pommeau de Souffle-De-Serpent. La gemme en devint éclatante entre les mains blême et froide de Daegan. La couleur oranger qui s'en décrochait vint apporter, une dernière fois, quelques chaudes couleurs au visage inerte de la fille du seigneur de Bebbanburg.
" Oui, Souffle-De-Serpent te guidera jusqu'au royaume qui t'es destiné, qu'il soit Chrétien ou Païen, conclut le guerrier avec soulagement et le soleil disparu à nouveau dans le temps maussade."
Se redressant sur des deux jambes, l'homme posa une énième fois ses yeux sur sa fille, puis s'en détourna pour quitter la barque. Björn s'avança à son tour, il avait les poings serrés et ne prit pas la peine de monter sur l'embarcation. Sa gorge était sèche, mais il avait une chose à dire.
" Je te vengerai mère ! Puisque Anlaf a prit ma mère, alors je prendrai la vie d'une personne de son sang, je le jure devant tous les Dieux !"
Tels furent ses derniers mots. Rebroussant chemin, le garçon gagna le coté de Sihtric et ne dit plus aucune parole. Ses yeux restaient fixés sur le corps de sa mère. Il voulait se rappeler son visage et ne jamais l'oublier. Quant à Lagertha, elle serrait la grande main de Finan pour y trouver un peu de réconfort. Les adieux avaient été proclamés. Une croix Chrétienne reposait à sa gauche, un marteau de Thor à sa droite, Souffle-De-Serpent entre ses mains et son bouclier brisé sur ses jambes, Daegan allait pouvoir entreprendre son voyage dans l'après.
Freydis se tourna auprès d'Uhtred afin d'avoir l'accord de commencer la dernière cérémonie. Le guerrier prit une grande inspiration, se rappelant sa première rencontre avec sa fille. Lorsqu'elle l'avait bousculé dans les couloirs du palais de Winchester. Il se remémora le soir lorsqu'il lui avait demandé si elle voulait bien être son enfant. Et l'instant où il avait découvert que celui qu'il appelait fils, était en réalité une fille. Chaque souvenirs marquant partagé avec son enfant lui revinrent comme une fraiche brise. Le cœur gonflé de tristesse, le seigneur de Bebbanburg hocha finalement la tête en direction de la jeune femme. Cette dernière ordonna alors aux dix Femmes Au Boucliers qui les accompagnaient de s'armer de leurs arcs. Tandis qu'Uhtred, Sihtric ainsi que Finan s'approchèrent de la barque et la poussèrent de toutes leurs forces pour la décoller de la rive et que le mouvement du fleuve prenne la relève. Lentement, mais surement, bougeant au rythme des eaux, l'embarcation où reposait Daegan s'éloignait dans le paysage. Sous les ordres de Freydis, dix premières flèches enflammées furent lancées pour être plantées dans le bois du batelet. Pyrlig nomma une dernière prière et se signa. Les trois guerriers, les bottes toujours dans l'eau du bord du fleuve ne bougèrent pas et ne quittèrent pas des yeux la femme. Dix nouvelles flèches prirent leur envolée. Grâce à la fougère, aux feuilles mortes et aux brindilles déposées par Lagertha, la barque se mit bien vite à s'enflammer. Et pour une dernière fois, dix traits aux pointes de feu tracèrent leur chemin jusqu'aux bois du batelet. Nulles autres ne seraient nécessaires.
Les flammes consumaient avec chaleur et bonheur le corps de Daegan. Cette dernière qui semblait sourire à travers la fumée et son sommeil inerte, quittait la terre pour entamer un dernier voyage et trouver la paix qu'elle désirait. Pour la petite voleuse des rues, la guerre était terminée. Après maintes péripéties, après avoir imposée le respect et avoir ouvert une autre possibilité aux femmes, après avoir connu deuils et amours, la guerrière se retirait et s'en allait à l'éternel repos. Peut-être que si elle n'avait guère bousculée Uhtred dans le palais de Winchester lorsqu'elle était enfant, sa vie aurait été différente. Sans doute aurait-elle été morte de froid et de faim. Mais les fileuses avaient décidés de lui accorder un fabuleux et grand destin. Tout un dessein avait été prévu pour la sœur de Sihtric. Rien n'avait été laissé au hasard. Mais avait-elle mérité sa place au Paradis ou au Valhalla ?
C'était là la question que se posait Uhtred sur la rive. Il regardait la barque s'éloigner lentement, et le corps de son enfant brûler. Or, ses yeux furent alors happés par les coteaux opposés du fleuve, une silhouette se détacha d'entre les arbres. Grand, bourru, l'armure salis, il n'y avait nul doute c'était là Leofric. Le guerrier tombé au combat jadis, était apparu lorsque le batelet enflammé était passé devant lui. Le seigneur de Bebbanburg ne fut guère surpris de voir l'âme de son vieil ami rendre un dernier hommage à l'enfant qu'il voulait autrefois adopté. Or, Uhtred ne s'attendait guère à voir apparaître Iseult sur la bordure. La guérisseuse baissa la tête avec respect au passage de l'embarcation devant elle. Puis la silhouette d'Halig se détacha des troncs. Maladroitement, il posa un genou au sol. Steapa et Clapa furent les suivant, les deux grand chênes levèrent leurs armes au ciel pour clamer la bravoure de la défunte. Erik et Haesten apparurent à leur tour, souriant et baissant la tête face à la barque qui flottait. La crinière rousse grandement reconnaissable d'Eadith s'avança de l'ombre des arbres, saluant le corps de Daegan. Harald le forgeron de Winchester, injustement tué par Ivar le Jeune, se montra à son tour, il avait le visage fière car c'était lui qui avait forgé la lame de cette grande guerrière. Il fut suivit de Sigtryggr qui courba l'échine devant le bateau enflammé (qui flambait de plus en plus.)
Uhtred peinait à en croire ses yeux, et en jetant un bref regard à ses proches, il comprit qu'il était le seul à voir toutes ces âmes venu rendre un dernier hommage à Daegan. Il dû retenir ses larmes lorsque la familière silhouette de Gisela s'extirpa de l'ombre de la forêt pour saluer une dernière fois son enfant. Le guerrier put l'admirer de nouveau et songer qu'elle était toujours aussi belle que lorsqu'ils s'étaient connus. Thyra et Beocca, main dans la main, s'approchèrent alors. Le religieux signa en direction de la barque et sourit tout comme son épouse. Ils semblaient heureux et en paix après s'être retrouvés dans l'après. Voir le jeune visage d'Osferth apparaître n'était pas une grande surprise. Le jeune homme regarda en direction du corps de sa meilleure amie et posa une main sur son cœur avant de fermer les yeux et sourire tout en inspirant une bouffée d'air. Le reconnaissable visage au tatouage de Ragnar Le Jeune se dessina alors sur le coteau, Brida était à son coté. Tous deux posèrent un genou à terre en signe d'honneur et laissèrent leur visage apaisé se tourner auprès de Daegan. Ce fut alors que trois personnes délaissèrent l'ombre de la forêt pour s'approcher du fleuve. Dame Aelswith, Edward et Aethelflaed. Une quatrième arriva ensuite, le pas plus lent mais il était bien là, Alfred. La famille royale de la maison de Wessex. Ils observèrent la barque brûler et se courbèrent devant son passage. Uhtred sourit en songeant que sa fille avait même réussi à faire plier l'échine au sang noble. Quant à la dernière personne venue honorer Daegan, ce ne fut pas sur la rive qu'elle apparue mais sur la barque en flamme. L'âme d'Aldhelm marchait à travers le feu pour aller se reposer auprès de son épouse. Sans craindre la chaleur, il s'allongea au coté de sa femme, et posa l'une de ses mains sur les siennes. Le couple s'était retrouvé. De croyance Chrétienne, Aldhelm avait ainsi ouvert le Paradis à Daegan. Uhtred hocha la tête de satisfaction en pensant au fait que sa fille retrouverait aussi Leofric et Osferth avec qui elle pourrait partager son éternité.
Une grande vague vint alors frapper la coque de la barque. Et si pour les proches endeuillés de la sœur de Sihtric, ce n'était qu'une bourrasque d'eau, pour le seigneur de Bebbanburg, ce fut un tout autre spectacle. Car c'était là les fantômes des chevaux Ubba et Iseult qui venaient pousser le batelet de leur ancienne cavalière, tandis qu'un hurlement de loup remplaça le bruit de la vague s'écrasant sur le bois. Uhtred laissa ses yeux se mouiller de larmes face à tant de respect et d'amour qu'avait put inspirer sa fille à autrui. Elle avait marquée plus d'un esprit. Et même si les royaumes où ils reposeraient étaient différents, jamais il n'oublierait son enfant. Une douce et chaude brise souffla alors emportant avec elle toutes les silhouettes des âmes venu rendre hommage à Daegan. La barque eut alors un craquement et le feu la consuma entièrement. Le dernier voyage de la fille du seigneur de Bebbanburg commençait désormais.
" Elle a disparu comme un mirage, soupira Finan.
- Non, pas tout à fait, je sens encore sa présence, elle ne nous abandonnera pas dans cette dernière bataille, même si son corps est brûlé, dit Sihtric avec assurance.
- Vous avez raison, j'ai l'impression que son courage court dans mon sang, approuva Freydis.
- Alors allons montrer à l'ennemi qui est vraiment maître de cette bataille, affirma l'irlandais en frappant dans ses mains."
Après un dernier regard sur la barque funéraire dont il ne restait plus que des flammes flottant sur le fleuve, tous décidèrent de s'en retourner au campement. Le combat approchait à grand pas, et pouvait se déclarer d'un instant à l'autre. Le cœur lourd, Uhtred s'apprêtait à suivre ses compagnons, or il cessa soudainement ses pas et reporta ses pupilles auprès de l'eau. Fronçant les sourcils et plissant les yeux, le guerrier remarqua une dernière silhouette. Une âme solitaire qui fit plié le feu de l'embarcation à son approche du coteau voisin. C'était un jeune homme, plus âgé que Björn et Lagertha mais moins que Aethelstan. Ses cheveux brun étaient nattés, une fine pilosité marquait son visage tandis qu'il ne portait nulle armure. Intrigué par ce garçon qu'il n'avait jamais vu auparavant, Uhtred trempa de nouveau ses bottes dans l'eau pour se rapprocher et l'observer davantage. Il nota un regard bleu et perçant qui lui était familier. C'était là celui de Daegan. Or, le visage était plus sauvage et plus marqué que les fins traits de sa défunte fille. Le seigneur de Bebbanburg se remémora alors une histoire, ou plutôt, un fardeau qu'avait porté la sœur de Sihtric durant des années.
" Hvitserk, souffla t-il entre ses lèvres."
Il en était certain, c'était là le bâtard avec lequel Ivar le Jeune avait engrossé la femme lors de la prise de Winchester par Sigtryggr. Le nourrisson mort avant sa naissance, qui pourtant était là en jeune homme. Les Dieux lui avaient-ils accordés le dessein d'une vie au Valhalla ou au Paradis après l'horrible acte que le Danois avait commis envers Daegan ? Uhtred ne le savait guère, et sans doute ne saurait-il jamais. Cependant, cette vision le troubla.
" Uhtred ? appela la voix reconnaissable de Finan."
S'étant aperçu que son ami s'était arrêté pour s'en retourner au bord de la rive, l'irlandais avait rebroussé chemin pour aller le retrouver.
" J'arrive Finan, je voulais simplement contempler une dernière fois le souvenir de Daegan, menti le guerrier.
- Je sais que c'est dur, mais nous savons qu'elle est en paix.
- Auprès de Leofric, c'est ce qu'elle a toujours voulu. Retrouver l'homme qui aurait dû être son père. Je suis heureux pour elle, mais son rire manquera aux murs du Valhalla.
- Ainsi que sur terre. Une terre qu'il nous faut défendre. Le sacrifice de Daegan pour ses enfants doit nous montrer la voie de la bravoure. Nous devons suivre son exemple.
- Nous aurions toujours dû suivre son exemple.
- Je doute que toutes les situations auraient été bonnes si nous avions fait ainsi."
Le deux amis ne purent s'empêcher de pouffer durant un court instant.
" Daegan ne voudrait pas qu'on la pleure, elle voudrait que nous remportions cette bataille et c'est ce que nous allons faire. Pour elle, et pour l'Angleterre. Cela a toujours été notre destinée. C'était ainsi que les choses devaient se dérouler, allons botter le cul d'Anlaf, clama le guerrier."
* * *
" Je ne suis pas votre capitaine, mais je peux tout au moins me prévaloir d'avoir mené de nombreuses batailles. J'ai commandé un certain nombres d'entre vous. Aujourd'hui, je me présente ici en simple soldat. Pourtant une fois sur le champ de bataille, je vous demande de me laisser être de nouveau votre guide. Notre position en contre-bas nous desserre, mais les bois sur la colline à gauche nous donnerons un avantage que l'ennemi négligera. Nous pouvons les vaincre en restant unis, déclara Uhtred."
Positionné d'un coté du champ de bataille, le guerrier avait proclamé ces mots avec sagesse et assurance. Il inspirait à ne point apeurer ses soldats et à les garder ensemble, combattant comme une seule main menant l'épée victorieuse. Nul ne s'opposa au seigneur de Bebbanburg ce jour là. Sa réputation le précédait. Tous connaissaient ses exploits, y comprit ceux qui venaient de fort loin et qui, jamais, n'avait vu l'homme.
L'armée formait de parfaite lignes dans le temps encore grisâtre, maussade et brumeux. L'après-midi s'entamait lourdement mais le soleil ne se montrait point. Les Dieux avaient décidés de laisser les Hommes agirent de leur propre chef et ne point intervenir.
Si parmi les combattants Uhtred avait connaissance de la présence du dernier fils d'Edward, il ignorait cependant que ses petits enfants s'étaient joint à la bataille et cela malgré ses interdictions. Après les funérailles de leur mère, les jumeaux avaient été sommés de rester au campement pendant la durée de l'affront et de fuir si la victoire ne se montrait point. Or, ils avaient désobéis et s'étaient munis d'armes, de boucliers, d'armures et de cottes de mailles trop grande pour eux, ainsi que de casques pour ne point être reconnu par leur proche. Björn et Lagertha étaient bien décidés à venger la mort de Daegan en tuant Anlaf ou l'un des membres de son sang. Une vengeance pour un sacrifice. Tel avait été le choix des enfants, qui ignoraient qu'ils désobéissaient autant que leur mère à leur âge.
" Je ne connais pas de meilleur moyen de dessoûler, grogna la voix de Finan non loin d'eux.
- Tu parles de l'odeur de sueur ? demanda Sihtric.
- Et si notre puanteur les avait fait fuir ?
- Possible... répondit le frère de Daegan grandement dubitatif.
- Qui vient de me toucher le cul ? s'exclama l'irlandais."
Dans le silence, cette soudaine remarque fit rire grand nombres de soldats. Il était vrai que les rangs étaient particulièrement serrés. Une lance ou une dague mal placée, et cela pouvait provoquer la mort soudaine du camarade voisin. Baissant davantage leurs casques pour ne point être vu, Björn et Lagertha se jetèrent un regard. Ils n'avaient guère remarqués (lorsqu'ils avaient prit place dans l'armée) de leur proximité avec leurs oncles. Et pour eux, il était hors de question qu'ils soient chassés de ce combat.
" Nous aurions dû nous mettre au premier rang, grogna le garçon.
- Si nous avions fait cela, notre taille plus petite nous aurait fait remarquer, et grand-père nous aurait fait attacher au campement, répliqua la jeune fille.
- C'est toi qui est plus petite que les autres.
- Tu n'as pas encore la taille de oncle Sihtric, cesses de te prendre pour un homme.
- Il est certain que tu survivras, l'ennemi ne te verra même pas tellement tu es petite.
- Mère n'était pas la plus grande non plus !
- Mais mère ne prenait pas une hache trop lourde pour elle lorsqu'elle combattait.
- Pardonnes-moi de ne point être passé à la forge pour me faire fondre du fer et avoir une épée digne de cette bataille. Et puis, oncle Finan a toujours dit que la hache était la meilleure arme pour un premier combat. C'est lourd, mais aisément maniable. Alors que toi, tu as certes une épée, mais tu as aussi un arc et tu ne sais pas tirer.
- Oncle Obsert m'a entrainé.
- Moi aussi, et dois-je te rappeler que tu as manqué chaque cible alors que je les ai toutes touchées ? "
Grognant entre ses dents, Björn écrasa le pied de sa jumelle avec le talon de sa semelle. Cette dernière poussa un gémissement étouffé avant de donner un coup de coude dans les cotes du garçon. Celui-ci répliqua en tirant un mèche de cheveux de sa sœur. Lagertha, ne proclamant guère son dernier mot voulu enfoncer son doigt dans le nez de son frère, or les regards que les soldats autour d'eux leur jetèrent mirent fin à leur ridicule dispute et ils reprirent une attitude droite et solennel.
" Lorsque cette bataille sera terminée, je prendrai ma vengeance, murmura la jeune fille.
- Tu pourras toujours essay..."
Björn ne termina guère ses mots, car de soudain rugissements sauvage se mirent à raisonner derrière la petite colline qui cachait le campement de Anlaf et ses alliés. Ces bruits inquiétant imposèrent un silence des plus complet dans l'armée d'Uhtred. Tout soldat se dressait pour observer l'ennemi arriver, mais ils n'eurent pas longtemps besoin de gesticuler pour regarder l'horizon. Car bientôt les rivaux se présentèrent par centaine. Ils étaient si nombreux qu'il était impossible de les compter ou d'estimer un nombre. Plusieurs Saxons se mirent à se signer, à prier et à perdre de leur splendeur. Devant la grandeur de l'ennemi et l'inquiétude qu'ils inspiraient en frappant leur bouclier et en montrant leurs dents pourris, certains se mirent à trembler de frayeur malgré eux, à vomir d'angoisse ou même à ne plus avoir de pouvoir sur leur vessie et laisser leur pisse colorer l'herbe du champ de bataille.
" Uhtred, comment faire face ? interpella la voix inquiétée du jeune Edmund qui s'était avancé jusqu'au guerrier.
- Vous voyez les sacs là ? demanda ce dernier sans avoir le moindre tremblement dans le timbre et en montrant une charrette laissée derrière les soldats Saxons. Distribuez les en première ligne."
Les yeux attentifs de Björn et Lagertha observèrent le fils d'Edward prendre les sacs montrés par leur grand-père et courir à travers les allées pour en distribuer le plus possible aux hommes des premiers rangs. Il était suintant et blême de peur, car craignait que l'ennemi n'attaque avant qu'il n'ait fini son ouvrage.
" Je n'ai pas peur, si nous mourrons, nous rejoindrons père et mère, dit Lagertha.
- Oui, nous sommes du sang de Bebbanburg, nous ne plierons pas devant ces gueux, approuva Björn.
- Mais ne mourrons pas avant d'avoir vengé mère.
- Et père ? Allons-nous tuer Aethelstan ?
- Non, j'ai entendu la vérité, Aethelstan a été manipulé par un envoyé d'Anlaf. Je l'ai vu au campement lorsque nous étions captifs de ce chien. Je saurai le reconnaître, même aveugle.
- Dans ce cas, je vengerai mère, et tu vengeras père.
- Cela me va.
- Nous nous retrouverons sur cette terre ou dans l'après, ma sœur.
- Nous nous retrouverons sur cette terre ou dans l'après, mon frère."
Les deux enfants ne se jetèrent pas un regard, trop happés par les beuglements incessant de l'ennemi faisant face. Des Danois, des Gallois et d'autres peuples dont Aethelstan avait tourné le dos, ou tenté de faire souffrir. Un châtiment bien rude pour la faute d'un seul homme. Si le silence avait été complet, sans doute les oreilles des Saxons auraient entendu leur propre cœur battre de frayeur. Les gorges se serraient. Les bouches devenaient aride. Les armures cliquetaient sous les tremblements de leurs porteurs. Beaucoup étaient effrayés par la menace de l'armée qui faisait face. Car cette dernière, bien plus grande, ne montrait ni peur, ni angoisse. Ils se contentaient de hurler en sortant leur langue et en tordant leurs traits comme si la victoire était déjà leur. Uhtred n'était pas aveugle à la peur de ses soldats. Lui-même aurait put ressentir de la crainte, mais la connaissance de ses nombreuses batailles remportées et le sentiment du deuil de Daegan prenaient bien trop de place dans son être. De plus, il était le chef de ces hommes, aussi ne devait-il guère plier l'échine et montrer faiblesse.
"Ne levez vos boucliers qui si c'est nécessaire, détendez-vous, restez calme, ne les laissez pas voir votre inquiétude, dit-il tandis qu'il passait dans les rangs en tapotant parfois les épaules de quelques soldats pour les rassurer.
- Uhtred ! Le voila ! interpella Finan en pointant la droite de l'horizon."
Le guerrier tourna son regard pour constater la venue d'Aethelstan et de son armée. Le Roi se tenait en première ligne et se montrait droit et digne, quoi que quelque peu surpris de voir que le seigneur de Bebbanburg se tenait d'ores et déjà là avec une pleine légion emplit de centaine d'hommes. Björn et Lagertha tournèrent leurs regards auprès de leur frère ainé, bien qu'ils ne savaient plus très bien si il l'était encore ou non. Ils ignoraient quelle sorte de relation leur mère et le premier fils d'Edward entretenait avant la mort de celle-ci. Lui avait-elle pardonnée la mort d'Aldhelm ? Ou bien l'avait-elle maudit jusqu'à sa fin ? Et bien que les jumeaux savaient que Aethelstan avait été victime d'une terrible manipulation, ils ne pouvaient s'empêcher d'éprouver quelque peu de colère envers le jeune homme. Après tout, c'était sa voix qui avait donnée l'ordre de l'exécution de leur père, et non celle d'Ingilmundr. Cependant, les enfants baissèrent rapidement la tête lorsque leur grand-père passa proche d'eux. Fixant le sol, ils ne bougèrent pas et cramponnèrent leurs doigts à leurs armes et leurs boucliers. Tandis qu'Uhtred n'avait pas jeté un œil sur eux et s'était contenté de s'approcher d'Edmund qui avait vidé tous les sacs de la charrette pour les placer en première ligne, comme demandé plus tôt.
" C'est fait ? questionna le guerrier.
- Oui.
- Allez vous positionner au loin.
- Entendu, conclut le jeune Prince en courant pour se réfugier derrière l'armée."
Satisfait, le seigneur de Bebbanburg reprit sa place initiale dans les rangs de son armée et jeta un regard auprès d'Aethestan. Ce dernier le regardait déjà. Les deux hommes s'offrirent un hochement de tête des plus respectueux et reportèrent leur attention devant eux.
Quant aux soldats du premier rang, ils glissèrent leurs mains gantées dans les sacs (qui étaient cachés derrière leurs boucliers) apportés par Edmund durant l'instant précédent. Discrètement, ils en tirèrent des petits bouts en fer avec des piques tranchante comme la plus affutée des lames. Ces choses étaient initialement prévues pour blesser les animaux durant la chasse, mais aujourd'hui, elles serviraient à piéger l'ennemi.
" Mur de boucliers ! hurla t-on parmi les rangs de ce dernier."
Sur le sol de Brunanburh, les assaillants menés par les guerriers loup en tête levèrent leurs boucliers et formèrent un mur parfaitement exécuté. Aucune flèche n'aurait put traverser le bois de ces écus. Même le meilleur archer n'aurait guère put viser juste.
" On est prêt les nigauds ? beugla Uhtred."
Des cris de courage et sans peur lui répondirent. Bien que cela n'était que façade, puisque la plupart étaient étranglés d'angoisse.
" Ils se sont à peu prêt tous confessés, affirma Pyrlig en portant la main sur la croix qui pendait à son cou."
Ce dernier reçu le haussement de sourcil de Sihtric. Lui, pour sûr, ne s'était guère confessé auprès du prêtre. Reportant son attention devant lui, il laissa ses doigts caresser la mèche blanche de Daegan qu'il avait tressé dans ses cheveux noirs.
" Elle aurait adorée cette bataille, dit Finan qui se trouvait à sa gauche.
- Pour sûr, et elle nous bottera le cul dans l'après si on ne la remporte pas."
Les deux amis se jetèrent un regard en pouffant. Evoquer le souvenir de la femme était réconfortant avant cette bataille qui pourrait sans doute être leur dernière. Ils n'étaient plus tout jeune, et le nombre ennemi surpassait le leur. Cependant ils gardaient foi, et sentaient leur cœur calme et étreint d'une étrange chaleur emplit de courage. Pour les croyances de Sihtric, c'était là le signe que sa sœur était auprès d'eux.
" Quand je dirai "un pas" vous resterez en formation et reculerez d'un pas. Quand nous aurons la ligne des arbres face à nous, le moment sera venu ! ordonna Uhtred"
Quelque peu dubitatif malgré sa bonne volonté, l'irlandais s'approcha du guerrier et lui glissa quelques mots qui lui taraudaient l'esprit.
" Tu crois que ça va marcher ?"
Il ne reçu en réponse qu'un simple haussement de sourcils soucieux de la part de son plus vieil ami.
" Si ça tourne court, on ne sera plus là pour s'en soucier, dit Sihtric.
- Lors d'une précédente bataille, Daegan m'avait suggérée cette idée mais nous avions trouvés une meilleure solution, aujourd'hui l'ancien plan de Daegan est notre seule chance, prononça Uhtred en tirant Dent-De-Loup de son fourreau et d'offrir un dernier souffle d'espoir à ses hommes. Faites moi confiance ! Suivez les ordres !"
A travers les nuages, le soleil peinait lentement à percer pour offrir quelques rayons sur cette bataille qui prenait son envol. Aethelstan ordonna à ses troupes de former un mur de boucliers. Un ordre auquel le seigneur de Bebbanburg fit écho. L'armée qui forgerait la future Angleterre était en formation. Nul pas en arrière était possible désormais. Au troisième rangs, Björn et Lagertha avaient levés leurs écus et s'étaient positionnés comme leurs parents leurs avaient jadis montrés. Or, en ce jour ils n'étaient plus dans l'immersion de leur imagination pour s'offrir à un jeu, mais bien dans une réelle bataille.
" Un pas ! Maintenant ! hurla Uhtred."
D'un mouvement commun et parfaitement coordonné, les Saxons reculèrent tous d'un grand pas. Les jumeaux durent se forcer à suivre le rythme militaire afin de ne point être découvert ou écrasé par leurs alliés. Bien que même si leurs casques tombaient et que leurs visages étaient dévoilés, leur grand-père ne pourrait plus rien pour eux. Car le combat était déjà en place et commençait malgré le manque d'effusion de sang. Un manque qui serait bien vite comblé.
" Un pas ! ordonna de nouveau le guerrier."
La chose fut entendu, et réitérée. Leur manœuvre surprit grandement les ennemis qui ne hurlaient plus et les regardaient avec la plus grande des curiosité.
" Un pas, maintenant !"
Une voix de Danois émergea de l'armée opposée. Ils étaient prêt à attaquer. Si les Saxons ne venaient guère à eux, alors ils iraient les massacrer sur leur propre terrain. Cela ne les effrayait pas, tout au contraire. Ils avaient soif de sang.
" Je rends grâce à Dieu que je sers avec une conscience pure, car ce n'est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné ! Mais un esprit de force ! D'amour ! Et de prudence ! clama Pyrlig pour donner plus de foi aux Chrétiens présent.
- Amen, souffla Finan en jetant un regard au ciel."
Comme des tremblements de terre, les Danois en première ligne avancèrent d'un rythme commun et lourd. Ils frappaient la terre de leurs pieds comme si ils étaient désireux de créer de profonde crevasses au sein de l'herbe.
Les sourcils froncés, les dents serrées, Lagertha n'avait pas quitté les guerriers loup des yeux jusqu'à présent. Ce ne fut que lorsque son frère, caché derrière son bouclier, dégobilla qu'elle quitta l'ennemi du regard.
" Ne me regardes pas ainsi, grogna Björn en essuyant vaguement sa bouche.
- Je ne te juges pas mon frère, moi-même je me suis pissée dessus il y a à peine quelques minutes. Père et mère ne nous ont jamais préparés à cela. Ils nous laissaient jouer avec des bouts de bois, mais jamais ils ne nous ont entrainés pour la bataille.
- Ils espéraient nous tenir loin de tout cela, ils pensaient que la paix perdurerait et que jamais nous n'aurions à nous battre. Grand bien pour nous, oncle Osbert nous a quelque peu entrainé.
- Mais est-ce assez pour survivre à cette bataille ?
- Ne pensons pas à notre peur, mais à la vengeance que nous devons mener. Pour père et pour mère.
- Oui, pour père et pour mère. Mais je te sommes de rester en vie, Björn.
- Toi aussi, Lagertha."
Discrètement, les jumeaux se rapprochèrent de l'un et de l'autre pour que leurs épaules se touchent, car aucunes de leurs mains n'étaient libre. Chacun savait qu'il aimait l'autre, et aucun d'eux ne voulait que la mort les trouve. Mais si telle était leur destinée alors ils n'avaient pas d'autres choix.
" Un pas ! hurla de nouveau Uhtred tentant de se faire entendre malgré le raffut que les assaillants provoquaient par leur lourd pas."
Un aboiement de douleur écorcha alors la gorge de l'un des adversaires. Celui-ci gémit avec une fulgurante douleur avant de tomber au sol et de se faire écraser par plusieurs de ses camarades. Cet ennemi n'avait guère regardé où ses pas se posaient et l'un de ses pieds avaient été la victime de l'un des pièges utilisés pour la chasse et semé par le premier rang de l'armée d'Uhtred. Nombreux d'autres tombèrent dans l'embuscade fort bien réfléchit et exécutée. Leurs semelles étaient violemment empalées par le fer qui leur transperçait les pieds, puis ils tombaient servant ainsi de passerelles à leurs alliés, tandis que leur corps continuait d'être atrocement mutilé par les pièges. Ils en moururent de douleur. Cela ne manqua guère de faire rire les Saxons, grandement fière d'avoir trompé les Danois.
Or, les rires ne durèrent que peu, car bientôt, une pluie de flèches venant du ciel s'avançait dangereusement dans leur direction. Le seigneur de Bebbanburg ordonna de se couvrir des boucliers et les plus vifs furent sauvés des traits, quant aux autres ils en furent transpercés. Lagertha reçue une giclée de sang au visage alors qu'elle s'était agenouillée pour supporter le poids de son écu et davantage se protéger. Mais les morts tombaient autour d'elle. Björn, n'avait pas bougé et avait tenu fermement son bouclier de ses deux mains, cependant il avait fermé les yeux par instinct.
" Chargé ! beugla t-on chez l'ennemi."
Ceux qui n'avaient pas été prit par les pièges de chasse s'étaient alors jetés, écus en avant, sur l'armée adverse. Emplit d'une colère d'avoir été humilier et réduit en nombre inférieur par l'ingénieux stratagème des Saxons. Le premier choc entre les deux camps fut le plus brusque. La force était telle que nombreux Chrétiens manquèrent leurs appuies et se trouvèrent à être poussés de quelques pas en arrière. Lagertha, qui s'était relevée avait été prise dans le mouvement, l'éloignant de Björn et lui faisant tomber son casque de fer. Or, elle planta ses talons dans la terre et se força à ne point être davantage rejetée en arrière.
Déconcerté que sa sœur ne soit plus à ses cotés, le garçon jeta des regards aux alentours et se trouva rudement bousculé. Perdant son bouclier, et tombant sur le dos, il eut bon réflexe de se recroqueviller sur lui-même pour ne point être piétiné durant le temps de sa réflexion. Car il savait que jamais il ne pourrait se remettre sur ses deux pieds, les vagues des rangs de l'armée était trop violent pour lui permettre de retrouver un équilibre. Ainsi, il rapprocha ses jambes de son buste et porta ses mains autour de lui pour s'offrir une armure supplémentaire. Grand bien pour lui, mais malheureusement pour les Saxons, ces derniers mourraient et les corps s'empilaient, lui donnant une nouvelle protection. Ce fut ainsi, entre les nombreuses jambes des soldats, qu'il aperçu le père Pyrlig tomber au sol et être recouvert de cadavres. Malgré lui, il ne put s'empêcher de hurler le nom du religieux, avant qu'une semelle ne s'appuie lourdement sur son ventre lui arrachant un gémissement de douleur.
" Deux pas en arrière, et puis un autre ! A mon commandement ! tonna Uhtred."
Björn savait qu'il ne devait guère rester allongé sur le sol. Les soldats allaient reculer et il serait violemment piétiné jusqu'à ce que mort s'en suive. Son instinct de survie prenant le dessus, il se retourna sur le ventre et se mit à ramper dans la boue pour trouver le moyen de s'extirper en dehors de l'armée afin de replonger dans la bataille sans encombre.
" Deux pas en arrière, maintenant ! rugit Finan."
Des pieds lui écrasèrent la cheville droite alors que les rangs reculaient d'un premier pas. Le garçon ne se laissa guère déconcentré par la douleur et continua de se trainer dans la boue pour survivre. Le second pas que les soldats exécutèrent lui bloquèrent l'espoir de fuir. Car nombreuses étaient les bottes appuyées sur son dos. Lui coupant la respiration, Björn perdit son casque dévoilant ses boucles ébènes au grand jour. Ouvrant la bouche, il tentait de prendre une bouffée d'air mais sans succès. Il se sentait écrasé, prisonnier et impuissant. Il n'avait pas le moindre moyen de pousser les pas qui le bloquaient à terre, ni celui de se défaire de la situation. Gesticulant comme il le pouvait pour prouver qu'il n'était pas un cadavre, le fils de Daegan espérait que les soldats le remarquent et retirent leur poids de son dos, mais sans succès. Ils étaient bien trop préoccupés par l'ennemi qui faisait face, que par un garçon battant des bras et des jambes dans la terre.
" Par tous les Dieux, que fais-tu là ? tonna une voix."
Björn sentit une forte poigne lui attraper le col de son armure trop grande pour lui. Les Saxons furent bousculés tandis que son corps retrouvait la joie de respirer et ses jambes le plat du sol. Tenant fermement son bouclier, son grand-père le tenait contre lui et s'efforçait de les protéger tous les deux.
" On ne bouge plus ! ordonna Uhtred en gardant le garçon abrité.
- On tient ! aboya Sihtric aux soldats.
- Maintenez la ligne, maintenez la ligne ! ajouta Finan."
Tous les Saxons plantèrent leurs talons dans le sol, et leurs boucliers devant eux. Ils prenaient toutes leurs forces pour garder cette ligne, tout en abattant leurs armes sur l'ennemi qui s'acharnait sur eux comme de véritable bêtes. Le peu de soleil qui baignait, jusqu'à présent, le combat de ses rayons se trouva prisonnier de nuages épais et grisâtre qui n'annonçaient rien de bon. Les rangs de l'armée du seigneur de Bebbanburg se fragilisaient dangereusement. Maintenir une ligne parfaite n'était pas mince affaire. La fatigue les gagna dés les premières minutes. Björn, agrippé à la cotte de maille de son grand-père, sentait du sang lui gicler au visage. Il était affolé et démuni au milieu de cette bataille. Certes il s'attendait à sa rudesse, mais jamais il n'aurait imaginé cela.
" On ne tiendra pas ! dit Uhtred.
- Je vais me renverser si on continue de céder du terrain, répondit Finan.
- Aller, reculez ! ordonna le guerrier.
- On y est presque, Uhtred, on y arrive !"
Attiré par un grand mouvement sur sa droite, Björn y jeta un regard et s'aperçu que des guerriers loup tentaient de s'approcher du Roi en forçant le passage avec violence.
" Grand-père, ils veulent atteindre Aethelstan ! alerta le garçon.
- On continue ! hurla le père de Daegan après avoir prit note de ce que son petit fils lui disait."
Entre les nombreux boucliers qui lui barraient la vue sur l'horizon mais qui le protégeaient, le fils d'Aldhelm aperçu Anlaf plus en haut de la colline, il était au coté d'une femme. Une femme que le garçon avait de nombreuses fois vu proche du chef des guerriers loup. Si ils n'étaient pas du même sang, sans doute avaient-ils grande affection pour l'un et l'autre. Ses doigts effleurèrent alors le fourreau de l'épée qu'il avait prit à la forge avant la bataille. Les sons du combat cessèrent, et seuls le bruit des battements de son cœur résonnèrent dans ses oreilles. Il avait peur, il était effrayé et aurait volontiers couru loin du champ de bataille. Mais le corps de sa mère revenant sans vie dans les bras de son oncle Sihtric lui heurta l'esprit. Il ne fuirait pas. Pas aujourd'hui. Si la mort devait le prendre alors elle le prendrait. Que ce soit durant ce combat ou dans un autre contexte, qu'importe, il ne pouvait être lâche. Abandonnant la cotte de maille de son grand-père, Björn s'accroupit et profita de sa taille plus petite pour se faufiler au loin. Il allait réclamer vengeance. Un proche baignant dans le sang, pour un proche baignant dans le sang.
" Aethelstan ! Il faut tenir ! beugla Uhtred en voyant l'armée du Roi s'affaiblir.
- Encore combien de temps ? interrogea l'irlandais qui ne sentait plus ses bras.
- On y est presque.
- Ils brisent la ligne d'Aethelstan ! alerta Sihtric.
- On ne peut plus tenir, ajouta Finan."
Affolé, Uhtred lança des regards autour de lui pour jauger la situation. Cette dernière n'était guère favorable pour les Saxons, il devait le reconnaître. Les cadavres étaient nombreux et les rangs affaiblit. Ce ne fut guère la seule chose que le guerrier notifia cependant.
" Björn, où est-il ? Où est Björn ?
- Je ne l'ai pas vu tomber ! assura le frère de Daegan."
Malheureusement pour les guerriers, l'heure n'était guère à la recherche du garçon, mais à la défense. Si le fils d'Aldhelm avait trouvé la mort, alors ils le découvriraient lors de la fin du combat, pas avant. Or, cela ne manqua guère de leur nouer l'estomac.
Björn n'était guère loin. Il avait, avec plus de facilité grâce aux nombreux morts, réussi à s'extirper des rangs de l'armée. Son arc dans la main droite, le garçon avait gagné la forêt et courait à s'en couper le souffle pour contourner le champ de bataille et atteindre la colline. Ses poumons le brulaient, tant il se forçait à la rapidité. Il jeta brièvement un regard sur les camps qui s'entrechoquaient et cela n'avait rien de beau à voir. Le sang peignait l'herbe verte de sa couleur écarlate, les corps reposaient en tout coin et les cris étaient effroyable à entendre avec le recul. C'était comparable à une véritable torture. Sa botte glissa alors qu'il avait déjà débuté la montée de la colline. Chutant, il roula sur plusieurs pas pour retomber plus bas. Un craquement résonna dans ses oreilles, or nul douleur ne gagna son corps. D'un bond, Björn put se relever sans encombre et constata avec effroi que son carquois et ses flèches s'étaient brisés. Seule l'une d'elles était intacte. Une seule et unique flèche, c'était tout ce qu'il lui restait. S'accroupissant pour la ramasser, son plan de se percher à un arbre et de tirer une pluie de traits jusqu'à atteindre la femme proche d'Anlaf tombait grandement dans l'oubli. Il n'était pas bon à l'arc. Et il ne pourrait guère combattre la proche du chef des guerriers loup à l'épée. Car cette dernière ainsi que Anlaf étaient entourés de soldats. Seul, il ne tiendrait pas même une minute entière en vie. La crainte de ne guère pouvoir venger sa mère le prit et se transforma en colère. Fronçant les sourcils, Björn prit la dernière flèche dans sa main et se remit à courir pour gravir la colline.
Il avait mit tant d'envie dans sa course, que le garçon parvint à son but l'instant qui suivit. Un tronc d'arbre le séparait d'Anlaf et de la femme. Sa cible. Bandant son arc, sa respiration se fit difficile. Le garçon allait commettre un acte des plus imprudent qui lui couterait sans doute la vie, et sans assurance que sa vengeance soit menée à terme. Prenant un grande inspiration. Laissant les odeurs de la forêt mouillée lui caresser les narines, Björn sortit de sa cachette et se montra à pleine vue de l'ennemi. Le mouvement qu'il avait créé par sa venue, attira les regards du chef des guerriers loup et de ses camarades.
" Le Roi est-il si désespéré pour envoyer un enfant me tuer ? ricana Anlaf."
Les traits froncés, le garçon ne sourcilla pas et pointa son arc auprès de l'adversaire. Il priait tous les noms des Dieux pour que son trait ne manque guère sa cible.
" Oh, mais je connais ce regard, mais oui comment ai-je pu oublier ton visage. Tu es le fils de la Skjaldmö ! N'as-tu pas apprécié notre hospitalité, petite vermine ?
- Mon nom est...Mon nom est.."
Le fils de Daegan ne parvenait à terminer ses mots. Il était tétanisé par la peur. Sa gorge le serrait, son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Ses mains étaient moites et glissaient sur la prise de son arc.
" Si tous les Saxons sont comme toi, nous n'avons rien à craindre, se moqua Anlaf."
Malgré toutes ses tentatives, le garçon ne parvenait à s'apaiser. Ses jambes s'entrechoquaient et il aurait aimé fuir le plus vite possible. Mais il était trop tard. Une chaleur l'enroula comme une accolade des plus familière. Dans ses souvenirs, un parfum lui revint. Un parfum qu'il aimait et avec lequel il avait grandit. Le parfum de son père. Cette odeur si particulière de cuir, de terre et d'humidité. Une odeur réconfortante tandis qu'il avait la sensation que des doigts s'enroulaient autour des siens pour l'aider à guider son arc. Il le sentait. Son père était à ses cotés. Prenant une inspiration, il se détendit et fronça de nouveau ses traits.
" Je suis Björn Côtes-De-Fer, fils du seigneur Aldhelm et de la Skjaldmö Daegan ! Je suis ici pour venger la mort de ma mère.
- Penses-tu réellement m'effrayer, petite vermine ?"
Sans réfléchir, Björn tendit la corde de son arc, dirigea sa pointe avec son seul instinct et lâcha sa flèche. Celle-ci siffla dans l'air avant d'aller se loger dans la gorge de la femme proche d'Anlaf, dont il ignorait le nom mais qui avait été sa cible depuis le début. Le visage du chef des guerriers loup se décomposa alors qu'il s'empressa de poser une hache entre les mains de la mourante. Cette dernière se mit à cracher du sang par giclés avant que son regard ne se trouve vide de tout. Quant à Björn, il ne put s'empêcher de sourire car c'était là, la première fois qu'il parvenait à tirer correctement.
" Tu as manqué ta cible, petite vermine et je vais te le faire payer en te dépeçant, rugit Anlaf.
- C'était elle ma cible, un proche pour un proche, répliqua le garçon.
- Attrapez le ! Ramenez le moi, je m'occuperai de son cas dés que j'aurai la peau de ce Roi Chrétien."
Lâchant son arc, Björn tourna les talons et se mit à courir à vive allure dans la forêt. Dans le creux de ses oreilles, il pouvait entendre les lourds pas de ses chasseurs le poursuivre. Il s'enfonçait entre les arbres sans savoir où il allait. Sautant par dessus des racines, se projetant de rocher en rocher pour gagner du temps. Il ne parvenait cependant guère à gagner du terrain sur ses ennemis. Son adrénaline retombant doucement, il se sentait devenir plus faible et fatigué. Bientôt, il se ferait attraper, pour sûr. Car même sans se retourner, le garçon pouvait savoir que les guerriers loup étaient proche. Leurs armures claquaient de plus en fort dans ses oreilles. C'était là la mélodie d'un véritable cauchemar.
" A terre Björn ! hurla t-on."
Sans se poser davantage de question, le fils d'Aldhelm se jeta dans la boue de tout son long avant que le sifflement de traits rugissent au dessus de sa tête. Le souffle paniqué, il se retourna pour constater avec soulagement que ses chasseurs étaient morts.
" Je doute qu'Uhtred sache que tu es dans la bataille."
Reportant ses yeux devant lui, Björn dû lever la tête pour rencontrer la silhouette de son oncle Obsert qui était juché sur un cheval. Plus apaisé d'être à nouveau en bonne compagnie, le garçon se remit sur ses deux jambes, qu'il sentait affaiblit par sa précédente peur et ses péripéties.
" J'ai vengé la mort de ma mère, j'ai tué un proche d'Anlaf, et je ne pouvais rester au campement et attendre la fin du combat. Je suis le fils de deux grands guerriers, cela aurait été une honte. Grand-père s'est aperçu de ma présence, et pourra me punir tout un siècle si il le souhaite, j'ai accomplit ma principale tâche et j'en suis fière.
- Te voilà donc guerrier à ton tour mon neveu, prends ma main et chevauches avec moi, nous allons gagner cette bataille. Pour ta mère et ton père. Il faut nous hâter, les Femmes Aux Boucliers sont déjà bien loin devant et prêtes à prendre l'ennemi à revers. Uhtred et son armée ont réussi à briser leurs lignes.
- Lagertha est parmi eux, je dois la retrouver !
- Ta sœur est dans l'armée ? Ne perdons pas de temps dans ce cas."
Alors que les Femmes Aux Boucliers se joignaient à la bataille pour prendre l'ennemi à revers avec grand succès. Lagertha essuyait le sang qui perlait aux coins de ses lèvres. Elle en était maculée de la tête au pied, mais tout celui qui la décorait n'était guère le sien. Sa lame avait tant tranchée de chair qu'elle ne parvenait même plus à apercevoir l'horizon correctement, et n'était pas même certaine de ne guère avoir tué un allier par encontre. Ses membres tremblaient par l'adrénaline courant dans ses veines autant que le dégout. La jeune fille aurait aimé régurgiter plus d'une fois, mais un instant d'inattention pouvait lui retirer la vie. Alors elle plongeait la pointe de sa lame, la faisait siffler, entendait cris et gargouillis et poursuivait son chemin. Elle ne réfléchissait même plus, et ne comptait pas les bouts de sa peau tailladée qui la parsemaient. C'était un cauchemar, un véritable cauchemar qui ne semblait guère prendre fin. Grand bien pour elle, Lagertha n'était pas au plus sérieux de la bataille, au contraire. Se sachant moins douée que de nombreux soldats, elle était restée quelque peu en retrait, ce qui lui permettait de voir l'ennemi s'approcher et anticiper les attaques, comme son oncle Osbert lui avait montré.
Cependant, toute sécurité avait une fin. Au loin, parmi le plus battant du combat, la jeune fille aperçu le visage du traitre. Celui qui se nommait Ingilmundr et qui avait chuchoté des paroles de venins au creux de l'oreille d'Aethelstan. C'était par sa faute que son père avait été pendu comme un vaurien. Son sang ne fit qu'un tour. Sa colère grimpa en flèche alors qu'elle comprit qu'elle ne survivrait pas à la bataille si elle s'en aventurait au cœur.
" Retraite ! Retraite ! hurlait-on de nombreux cotés."
Les yeux de la fille de Daegan observèrent un instant le champ de bataille et réalisa que bien des adversaires se retiraient. Tels que les Ecossais. Elle en ignorait la raison, mais jugea cela comme un signe qu'il lui fallait s'aventurer plus loin. La gorge serrée, les membres douloureux et engourdis, Lagertha s'empara d'un bouclier qui baignait dans la boue et le liquide écarlate. Serrant sa hache, elle prit une inspiration, porta son écu devant elle et se mit à courir à travers le champ de bataille. Comme un loup enragé se jetant à la poursuite d'une proie, la jeune fille ne s'arrêtait guère. Ignorant les attaques à son encontre, ou les esquivant de justesse, elle se voyait se rapprocher d'Ingilmundr. Ce dernier combattait le Roi avec férocité, et ce dernier peinait à se défendre car déjà bien fatigué par ses péchés et la bataille.
Telle la foudre venant frapper la terre, Lagertha fonça sur le traitre, le poussa lourdement de son bouclier, et se dressa entre le premier fils d'Edward et son ancien conseillé. Les sourcils froncés, la jeune fille espérait emmener le mauvais bougre dans la mort avec elle. C'était décidé, elle sacrifierait sa vie pour sauver l'honneur de son père.
" Lagertha ! Ecartes toi !
- Non, Aethelstan, je sais que tu as de nombreuses raisons d'en vouloir à ce chien, mais je me dois de te prendre le privilège de le tuer. Je dois venger mon père.
- Tu seras aisée à tuer, cracha Ingilmundr."
Ce dernier abattu son épée sur la jeune fille. Elle para le coup de sa hache et repoussa l'ennemi. Le Roi, quant à lui, malgré sa bonne volonté fut emporté par le mouvement de la bataille et éloigné du duel qui se mettait en place. Bien qu'il combattu pour rejoindre Lagertha et l'écarter des griffes de son ancien conseillé. L'enfant de Daegan était trop jeune pour défier un guerrier, elle y perdrait la vie.
Faisant tourner son bras, la sœur de Björn, projeta son arme vers la jambe droite de son adversaire. Or, celui-ci para avec grande facilité et répondit par un violent coup de bouclier. Entièrement surprise par un tel acte si rapide, la jeune fille bascula sur son dos et en perdit sa hache. Le sourire diabolique aux lèvres, Ingilmundr lança sa lame avec force sur Lagertha. Cette dernière se protégea rapidement à l'aide de son bouclier. Il réitéra son geste avec une telle violence, que l'enfant de Daegan sentait le résonnement des coups dans ses bras et son dos.
" Ton père était un vaurien, et sa mort a été pathétique tout comme sa vie. Il a épousé une putain, et tu es la fille d'une putain ! rugit le traitre entre ses dents."
Ce n'était que les insultes envers ses parents qui forçait la jeune fille à résister. Sinon, elle aurait abandonnée depuis longtemps. Prenant dans ses dernières sources d'énergie, Lagertha donna un vif coup de pied dans le genou de son adversaire. Ce dernier recula et poussa un gémissement de douleur alors que son épée vola. D'un bond, la sœur de Björn se releva et ses yeux tentèrent de retrouver la lame que Ingilmundr venait de perdre, car elle n'avait pas grand espoir de retrouver sa hache dans tout le raffut de ce combat. Cependant, elle n'eut guère le temps de trouver le fer, que le traitre revenait déjà à la charge. Il avait entre les mains une lance qu'il venait de dérober à l'un de ses allier. Dans un grand mouvement, l'homme abattu l'arme sur Lagertha. A nouveau, elle se protégea de son écu, mais trop faible pour résister à la violence du coup, retomba au sol les bras pleinement écartés. Par prudence, l'ancien conseillé d'Aethelstan posa sa botte sur le bouclier de la jeune fille, la privant de cette défense. Puis, les yeux injectés de sang par sa colère, leva sa lance en direction du ciel et l'abattu.
La sœur de Björn avait fermée les yeux sur l'instant mais ne ressentit aucune douleur du coup qu'elle venait de recevoir. Les bruits de la bataille étaient toujours aussi dense, et frappaient le sol comme un tremblement de terre. Ouvrant les paupières, Lagertha écarquilla les yeux en constatant que ce n'était pas son corps que la lame avait transpercée.
" Grand-père ! hurla t-elle à plein poumon."
Uhtred s'était interposé pour faire barrage et protéger sa petite fille. Il avait reçu cette attaque à sa place et cela lui avait pénétré la chair avec hardiesse. Ingilmundr en souriait et aurait même pu en crier de joie. Sa lance avait fendue la peau du redoutable guerrier. Allongée sur le sol, le cœur palpitant par l'horreur que ses yeux lui offrait, Lagertha tira de toutes ses forces pour dégager le bouclier de la semelle du traitre. Le bois de l'écu craqua dans un sifflement effroyable. Une longue fissure se dessina pleinement avant de céder. Le bouclier était brisé et offrait une arme de fortune. N'étant plus prisonnière de la botte de l'ancien conseillé d'Aethelstan, la fille de Daegan se releva contourna son ennemi (qui était bien trop occupé à jubiler de son coup divin), et sans prendre le temps de réfléchir, donna un grand coup de son bouclier dans la gorge d'Ingilmundr. Ce dernier régurgita alors une pleine flopée de sang avant de tomber en arrière et de gesticuler, de convulser, dans des gargouillis hideux.
Lagertha ne lui prêta guère plus d'attention et se retourna auprès d'Uhtred. Celui-ci, perturbé par sa chair sanguinolente du coup de la lance qui lui avait pénétrée l'estomac, ne parvenait à reprendre ses esprits. Impuissant, sous les yeux de sa petite fille, il était maculé de nombreuses attaques de lames, ou même de flèches venant se loger dans son armure.
A genoux, le père de Daegan planta Dent-De-Loup dans la terre et s'en aida pour se relever. Il aperçu au loin Pyrlig. Le prêtre était vivant, bien que blessé. Ne tenant guère plus sur ses jambes, le guerrier se laissa de nouveau tomber et observa la bataille alors qu'il ressentait chacune de ses respirations qui lui tailladaient le corps. Nombres d'ennemis avaient battu en retraite. Les Saxons avaient prit l'avantage et Aethelstan faisait déjà ses premiers prisonniers. Les Femmes Aux Boucliers arpentaient le champ de bataille comme de véritable Valkyries et réduisaient les ennemis comme des flammes consumaient le papier. La victoire était assurément leur. Soulagé, sachant sa dernière bataille venue, mais surtout prit par la fatigue de la souffrance Uhtred se laissa tomber en avant. L'épée de sa défunte fille lui glissa des mains et se mit hors de sa portée. Malgré la douleur, le guerrier tendit sa main avec espoir pour attraper le pommeau que Daegan avait si souvent tenu. Il voulait que les portes du Valhalla s'ouvrent à lui en portant Dent-De-Loup fièrement. Serrant les dents de supplice, le seigneur de Bebbanburg étira jusqu'à ses doigts pour réussir à prendre le fer. Sans succès.
Les rayons du soleil apparurent de nouveau, aveuglant Uhtred durant un court instant, car une ombre le couvrit rapidement. Relevant ses yeux humide et son visage blessé et maculé de sang, le guerrier plissa les sourcils en reconnaissant une silhouette s'approcher de lui. Pieds nus, une robe du plus pur des blancs sur les épaules et des boucles noires lui tombant le long des reins, Daegan lui apparu. Souriante, elle prit Dent-De-Loup et la mit dans la main de son père.
" Ma fille, parvint-il difficilement à prononcer.
- Grand-père ?"
L'apparition de Daegan devint flou et disparu. Les traits de la sœur de Sihtric prirent ceux de Lagertha. La jeune fille avait le regard emplit d'inquiétude, et sa main tenait le pommeau de Dent-De-Loup et la main de son grand-père. Uhtred comprit que la vision de sa fille n'avait été que le fruit de son imagination, car c'était là Lagertha qui lui avait porté l'épée dans la creux de la paume.
" Lagertha, merci, souffla le seigneur de Bebbanburg avant de clore ses paupières."
La bataille avait prit un nouveau tournant. Le plus grand des calmes s'était abattu sur le combat. L'ennemi avait fuit, le reste était massacré. La future Angleterre était victorieuse. Or, cela n'apaisait pas le cœur de Lagertha qui se laissa tomber de fatigue au coté d'Uhtred. Même le visage dans la boue, elle pouvait sentir l'odeur familière du guerrier.
* * *
" Uhtred ! appela Sihtric."
Le frère de Daegan regardait tout autour de lui et ne voyait nul signe de son seigneur et ami de presque toujours. Il avait vaillamment combattu en ayant pour seule pensée le souvenir de sa sœur. Cette bataille, il l'avait mené pour elle. Pour l'honorer.
" Lagertha ! criait Björn non loin de son oncle."
Le garçon s'était mêlé à la bataille avec Obsert et avait gardé les rênes du cheval du dernier né d'Uhtred afin de se battre en hauteur. Jamais auparavant il n'avait bataillé sur un destrier, mais il avait aimé cela, ainsi que l'avantage que cela lui offrait. Cependant, lorsque la poussière du combat était retombée, Björn s'était mit à craindre de ne guère voir sa jumelle courir auprès de lui. Ainsi, au coté de Sihtric, tout deux s'étaient mit à chercher le seigneur de Bebbanburg et sa petite fille. Finan avait rejoint leur coté, sa forte voix portait davantage sur l'horizon et couvrait l'entièreté du champ de bataille.
" Uhtred ! Lagertha ! beugla t-il."
Les trois compagnons se mirent à ratisser chaque parcelle de l'herbe souillée de sang. Ils ne cherchaient plus des survivants, mais des corps. Et se mirent à observer chaque visage blême aux yeux vitreux qu'ils croisèrent. Aucun ne ressemblait aux proches qu'ils cherchaient sans relâche malgré l'épuisement.
" Finan ! Björn ! interpella alors Sihtric."
Le frère de Daegan se mit à courir dans une direction précise, sautant par dessus les cadavres, écrasant des boucliers et des épées brisées, il se jeta à genoux auprès d'un guerrier à terre et d'une jeune fille blottit contre lui. L'irlandais et le garçon le rejoignirent a grand pas pour constater avec effroi que c'était bien là Uhtred et Lagertha. Le cœur alourdit de chagrin, Björn prit sa jumelle dans ses bras et lui caressa les cheveux avec une tendresse qu'il ne se connaissait pas.
" Père est vengé, dit-elle alors dans un murmure à peine audible.
- Elle est vivante ! Elle est en vie ! s'exclama le garçon avec soulagement.
- Uhtred l'est aussi, assura Sihtric.
- Mais il est gravement blessé, observa Finan.
- On les ramène à Bebbanburg."
A quelques pas d'eux, Aethelstan observait le massacre qu'avait été la bataille. Les deux camps avaient perdu nombre de soldats. Jamais de sa vie il n'avait vu pareille bataille. Il songea que les Enfer devaient sans doute ressembler à cela.
" Sire, interpella t-on."
Fronçant les sourcils, le Roi se retourna auprès de son interlocuteur et fut confus d'y rencontrer le visage de son jeune frère, Edmund. Ce dernier était dans un état pitoyable mais point blessé.
" Oui ? dit Aethelstan en invitant le garçon à poursuivre.
- Je vois que vous avez demandé à vos hommes de trouver dame Daegan.
- En effet, il me faut lui faire mes excuses, mais je ne la vois guère, de même que le seigneur Uhtred. J'ignore où ils sont.
- Le Seigneur Uhtred a été retrouvé par ses hommes, il est gravement blessé mais il sera ramené dans sa forteresse.
- Dans ce cas, Daegan ne doit pas être loin, je vais...
- Il est trop tard, coupa Edmund.
- Que dites-vous ?
- Anlaf détenait les enfants de dame Daegan, il a réclamé son sacrifice en échange de la liberté de ses enfants. Elle a respecté ses volontés. Elle est partit par delà la colline, jusqu'au campement Danois. Ses enfants sont revenus en vie et en sécurité, mais elle...
- Etes-vous en train de me dire que ma mère est morte ? questionna Aethelstan qui sentit sa gorge se serrer et son estomac se nouer.
- Le seigneur Sihtric a été autorisé à ramener le corps de dame Daegan. Ses funérailles ont prit place avant la bataille. Je suis désolé, sire.
- Alors...Ma mère est morte, je suis arrivé trop tard...Il y avait des choses que je devais lui dire. Je devais me repentir du mal que je lui avais fait et l'on m'a dérobé cela. Je...Ma mère est morte..
- Sachez qu'avant de prendre le chemin de son sacrifice, elle m'a demandé de vous délivrer un message. Elle m'a dit de vous dire qu'elle était en paix avec vous, parce qu'elle connaissait les ravages d'un amour faux. Que vous étiez son fils, qu'elle vous aimait et que vous ne deviez guère vous blâmer."
La gorge douloureuse par le chagrin. Aethelstan, incapable de parler, hocha la tête en signe de remerciement auprès de son jeune frère. Edmund se retira et laissa le Roi dans sa peine. Ce dernier sentit deux larmes rouler le long de ses joues glacées par le froid tandis qu'il baissait le regard sur son poignet. Il y vit le bracelet d'argent que Daegan lui avait donné lors de sa première bataille à Eoferwic. Elle l'avait reçu du grand guerrier Ragnar lorsqu'elle était enfant. C'était là tout ce qui lui restait d'elle. Ce bracelet ainsi que ses souvenirs.
" Pardonnes-moi, mère, pardonnes-moi, gémit-il dans des pleurs en se laissant tomber à genoux sur le sol."
* * *
Au sein de la forteresse de Bebbanburg, les prières, bien que silencieuses, étaient des plus bruyantes. Dans la grande salle qui, auparavant, resplendissait de joie, de cris et de festins, était en ce jour des plus calme. Assiégeant la longue table, nombreux étaient les prieurs. Pyrlig, qui se remettait lentement de sa terrible blessure reçue durant la bataille et qui l'empêchait de pouvoir marcher ou se tenir debout, récitait dans des murmures des chapitres de la Bible tandis que Eadgifu l'accompagnait. En bout de la tablée, Aethelstan gardait les yeux fermés et implorait le Dieu Chrétien pour lui accorder une dernière faveur et se faire pardonner de ces péchés. Edmund était à son coté et ne disait mot. Il connaissait des prières, bien sûr, mais il était plus enclin à l'angoisse qu'à la foi. En face du jeune Prince, Osbert était de même. Mais il ne voulait guère implorer les Dieux, car au fond de lui, il songeait que la destinée avait encore un espoir à offrir. Sihtric et Finan, quant à eux, avaient vidés plus d'une chope d'ale et se muaient dans la patience. Ils étaient entourés de Björn et Lagertha. Cette dernière s'était remise de sa vive fatigue ressentit à la fin du combat. Tandis que les Femmes Aux Boucliers survivantes étaient rentrées dans leurs foyers. Freydis avait décidé de gagner la forteresse de Northumbrie pour porter soutien au père de celle qui lui avait tout apprit. Son jeune frère, Leif, l'y avait rejoint car bien trop heureux de savoir son ainée en vie.
Ainsi, dans ce silence de marbre, tous attendaient de connaître le sort d'Uhtred de Bebbanburg. Le guerrier avait été soigné par le médecin du Roi lui-même. Sans doute pour expier ses fautes. Or, cela donnait de la joie au cœur de savoir que c'était un homme de belle réputation qui connaissait son ouvrage, qui avait pansé les plaies du père de Daegan. Mais bien que ses mains experte avaient fait de son mieux, il avait malgré tout préconisé de prier pour le seigneur des lieux.
Passant ses mains sur son visage par la fatigue, Aethelstan avait récité sa dernière prière connue de son esprit. Et il était prêt à toutes les reformuler de nouveau. Cependant, ses yeux se posèrent sur les enfants de Daegan. Les jumeaux n'avaient dit mot, et avaient le visage marqué par le combat qu'ils avaient vécu. Leur premier combat. Baissant ses pupilles sur son bracelet d'argent, le Roi approcha une bougie à la flamme flamboyante avant de retirer le bijou honorifique de son avant-bras. Ne montrant nul signe d'hésitation, il porta le bracelet au feu et attendit. De longue minutes passèrent et certains se questionnèrent sur l'objet de cette action. Lorsque Aethelstan jugea le fer assez chaud, il se mit à forcer de chaque coté du bijou et le brisa en deux. Puis, sans un mot, se leva de son siège pour s'approcher des jumeaux.
" Björn, Lagertha, interpella t-il. Je sais que j'ai beaucoup à expier de mes fautes. Je n'ai pas été un grand frère comme je l'aurais dû. Je n'ai pas été un grand frère du tout en réalité. J'espère que vous trouverez le courage de me pardonner un jour. Car malgré nos querelles, votre mère était la mienne. Elle était la personne la plus précieuse que j'avais au monde, mais l'aveuglement me l'a retiré. Vous ne méritiez pas d'être orphelins à un si jeune âge, et bien que cela ne comblera jamais la perte de vos parents, je puis vous assurer que quoi que vous ayez besoin, je vous l'obtiendrai. Jusqu'à la fin de mes jours, je serai votre serviteur et non votre Roi. En attendant, je pense que ceci vous revient. Ce bracelet d'argent a été donné à votre mère après la victoire de sa première bataille, il lui venait du guerrier Ragnar le Jeune. Elle m'en a fait cadeau lorsque j'ai été plongé dans mon premier combat. Vous avez vécu le votre dernièrement. Alors chacun de vous mérites un morceau de ce bracelet qui montre votre bravoure."
Tendant les deux paumes ouverte et détentrice des deux morceaux du bijou honorifique qu'il venait de briser, Aethelstan invita les enfants à s'en emparer. Björn fut le premier à le prendre. Lagertha eut quelques secondes de réflexion avant d'enfermer ses doigts autour du fer.
" Tu as été dupé, dit-elle. Nous t'en voulons beaucoup, mais notre cœur trouvera le chemin de te pardonner.
- Cela dépendra du pesant d'or que nous offrira, continua Björn dans un rictus."
Un léger sourire sur les lèvres, montrant son soulagement, Aethelstan courba la tête à l'attention des jumeaux. Mais alors qu'il s'apprêtait à reprendre sa place initiale, le grincement de la porte de la chambre d'Uhtred résonna dans l'endroit. Tous les regards se tournèrent d'un commun mouvement. Le guerrier se tenait là, dans l'encadrement, et s'appuyait avec difficulté contre la porte. Son visage était blafard et truffé de blessures alors que le contour de ses yeux se violaçait dangereusement. Son allure était des plus inquiétante. Avec empressement, Eadgifu s'approcha du seigneur de Bebbanburg pour lui offrir son appui. Or, celui-ci n'en prit guère compte immédiatement car une crainte lui brûlait la gorge.
" Mon fils a t-il survécu ? Et mes petits enfants ? questionna t-il.
- Oui, nous sommes tous sauf ! répondit Osbert avec enthousiasme en engloutissant la distance qui le séparait de son père."
Le visage d'Uhtred s'apaisa alors qu'il porta ses doigts tremblant à la joue de son dernier né. Il était heureux de savoir que son sang perdurerait. Sentant ses jambes le tenir difficilement, il se laissa guider par Eadgifu jusqu'à l'un des nombreux sièges qui prenaient place autour de la table. Ce fut un soulagement lorsqu'il s'assit. Ses muscles étaient fatigués, ses blessures le taraudaient de douleur et la faiblesse lui martyrisait le corps.
" Bebbanburg est nôtre à nouveau, poursuivit le cadet des enfants du guerrier avec grande joie et le timbre emplit d'espoir. Nous la ferons rebâtirent toute en pierre.
- L'avenir nous ouvre les bras, restez avec nous Uhtred, ajouta la veuve d'Edward.
- Qu'en est-il de l'ennemi ? s'enquit le père de Daegan d'une voix rauque.
- Nous avons vaincu, rassura Finan.
- Les héritiers de cinq Rois ont laissés la vie sur le champ de bataille, cela fait cinq Rois qui jamais ne régneront, dit Aethelstan.
- Sept Rois devront mourir, la prophétie ne disait pas vrai, lança l'irlandais en se sentant libéré.
- Avec Edward de Wessex, cela fait six, souligna le guerrier. Serais-je le septième ?"
Quelques uns se jetèrent des regards emplit de crainte. Ils avaient grande inquiétude qu'Uhtred n'ait de la raison dans ses paroles. Car il n'avait pas encore prêté allégeance au souverain du Wessex, ce qui faisait de lui l'indépendant seigneur de Northumbrie. Ou le Roi de Northumbrie.
" J'ai demandé à ce que ta victoire soit relatée dans la Chronique, Uhtred.
- Je ne souhaites pas laisser mon nom dans l'histoire, Aethelstan. Je veux juste être honoré au festin des guerriers comme un homme qui aura respecté son serment."
Laissant un triste soupire lui échapper, le fils d'Edward se leva de son siège, contourna la tablée et s'agenouilla au coté du seigneur de Bebbanburg.
" Uhtred, tu n'as pas seulement prit fait et cause pour moi. Tu as œuvré pour mon bien, tu as suppléé à mes manques et tu m'as pardonné, quand j'étais impardonnable, dit le Roi la voix brisé de chagrin."
Tremblant, le guerrier porta sa main à la joue du jeune homme et la caressa avec tendresse comme s'il n'était encore qu'un enfant.
" L'espoir subsiste pour l'Angleterre, elle naitra peut-être quand le moment sera venu, affirma Aethelstan.
- J'ai dis que si tu faisais la preuve de ta légitimité en tant que Roi, je mettrais la Northumbrie sous ta coupe. Beaucoup d'hommes se sont battu et sont morts en se donnant le nom d'Anglais. Daegan elle-même désirait œuvrer et mourir pour cela. Afin d'honorer ces hommes, d'honorer ma fille, l'Angleterre doit être faite. Mais je poses une condition. Je demandes que tu fasses le vœu de ne jamais te marier. Tu n'auras pas d'héritier, ainsi ton frère Edmund sera ton successeur incontesté.
- Merci, Uhtred."
Ce dernier, difficilement mais en refusant toute aide s'approchant, se leva de son siège pour s'agenouiller à son tour face à Aethelstan. Il y reconnu le feu brillant d'espoir qu'il avait lorsqu'il était plus jeune. Le guerrier savait qu'il ne se trompait guère. Prenant une inspiration, les deux hommes lièrent leurs mains sans grande cérémonie, seulement une forte amitié et une éternelle reconnaissance.
" Le vœu que tu demandes, sur l'honneur de Daegan, ma mère, je jure de m'y tenir, affirma le premier né d'Edward.
- Alors nous nous soumettons à ton autorité. Ce qui fait de toi, le souverain du Wessex, de la Mercie, de l'Estanglie et de la Northumbrie.
- Et ce royaume porte le nom d'Angleterre."
Il y eut comme un grand souffle de paix qui chassa les cœurs lourd de l'endroit. Le combat de plusieurs vies s'achevait sous le toit de la forteresse de Bebbanburg. Grâce aux mots de son seigneur qui avait fait de Alfred, de Edward et de Aethelstan, les Rois qu'ils étaient, ou avaient été. Ainsi, le rêve d'Alfred le Grand prenait pleinement vie.
" Longue vie au Roi ! clama Pyrlig."
Les mots du religieux firent écho dans la bouche de toute personne présente dans la grande salle, avant qu'ils ne se courbent devant leur nouveau souverain. Une nouvelle ère commençait. Une vie emplit de mystère mais avant tout d'espoir naissait en ce jour.
" Longue vie au Roi d'Angleterre, dit Uhtred dans un fière sourire."
Se redressant, le guerrier émit un gémissement de douleur. Eadgifu se mit alors d'un bond sur ses deux pieds afin d'inviter l'homme à retourner se reposer. Car bien que son serment avait été prononcé, nul ne désirait voir la mort de leur ami. Or, le seigneur de Bebbanburg n'était pas dupe. Posant son regard sur tous les visages soucieux qui l'entouraient, il s'arrêta un court instant sur ceux de ses petits enfants qui n'avaient dit mot. Uhtred aimait les regarder, car les jumeaux avaient autant les traits de leur père, que ceux de leur mère. Il voyait en eux Daegan et cela lui réchauffait le cœur.
" Ne soyez pas triste, dit-il dans un souffle amusé. Il était écrit que je tomberais au combat.
- Non, non ! Tu ne vas pas mourir, s'opposa Finan. C'est moi qui dois partir avant, et je suis encore là, donc..."
L'irlandais avait les tripes noués à l'idée de perdre cet ami qu'il avait rencontré sur ce bateau d'esclave. Cet homme qui lui avait redonné un nom, une importance, une liberté et une vie. Il devait tout à Uhtred. Chaque souffle qu'il prenait était grâce à lui. Cependant, ses mots s'interrompirent lorsqu'il remarqua que le guerrier ne l'écoutait plus.
Des cris, des rires, des chopes qui s'entrechoquaient, de la musique, voilà ce qu'entendait le guerrier. Mais le bruit s'évapora. Il songea que la fatigue le reprenait et que, comme la vision de Daegan sur le champ de bataille, ces sons n'étaient que le fruit de son imagination.
" J'ai toujours eu foi en ma destinée, assura t-il à Finan en lui offrant un réconfortant sourire alors que Sihtric posait une main sur l'épaule de l'irlandais."
Contournant la table, Björn et Lagertha s'approchèrent de leur grand-père. Ce dernier les regarda et les attira contre lui pour les enlacer. Les enfants s'accrochèrent à sa chemise comme si l'homme était un rocher au bord d'un précipice. Ils aimaient Uhtred, même si ils ne l'avaient guère vu durant de nombreuses années.
" Je suis persuadé que vous ferez de grandes choses, vous êtes les enfants d'une Danoise et d'un Saxon, des enfants de l'Angleterre."
Des chants et de la musique résonnèrent de nouveau dans les oreilles d'Uhtred. Les rires étaient plus fort, les cris plus enjoués et l'odeur d'une délicieuse ale lui chatouilla les narines. Confus, les sourcils froncés, il se détourna de ses proches et s'approcha de la porte fermée de sa chambre. De par ses doigts faible, il l'ouvrit. Une puissante lumière baigna son visage et le réchauffa tandis qu'il le vit. Il était beau, immense, majestueux et emplit de joie. Le Valhalla. Un sourire naquit de lui-même sur le visage du seigneur de Bebbanburg alors qu'il contemplait cet endroit dont il entendait parler depuis toujours. Les Dieux l'invitaient dans leur Royaume. Et parmi la grande table, où tout un festin résidait, se trouvait nombre de visages familiers.
Sentant sa gorge se serrer de joie, Uhtred put revoir le visage de celui qui était devenu son père. Ragnar le Valeureux. De celle qui avait toujours eu son amour. La farouche Brida. Du grand et courageux colosse. Clapa. Et de celui qui s'était montré digne de festoyer à cette table lors de ses dernières minutes de vie. Haesten le malicieux. Ils étaient là, riant à gorge déployée. Heureux. Le guerrier ne doutait guère que d'autres de ses proches étaient parmi cette attablée. En plissant les yeux, il pouvait voir le tatouage de Ragnar Le jeune qui frappait sa chope d'Ale avec Erik. Sigtryggr avait un bras autour des épaules de son jeune frère, Rognvaldr et parlait vivement. Quant à leur frère commun, Ivar Le Jeune, il errait dans le Niflheim et ne manquait guère aux cœurs. Uhtred laissait ses yeux courir partout, il observait avec minutie dans l'espoir d'apercevoir quelques boucles noires ou blanches, se promener dans le royaume sacré. Mais il n'en était rien. Daegan avait rejoint le Paradis, au coté d'Aldhelm, Leofric et Osferth. Il sourit en songeant qu'elle le méritait grandement. Et lui était hésitant.
Son regard se détourna du Valhalla pour se reporter sur ses proches qui étaient sur terre et qui le regardaient. Eux, ne voyaient pas le merveilleux endroit qui éclatait au visage du guerrier. Eux, ne voyaient que leur ami mourant. Ses pupilles s'arrêtèrent un instant sur Osbert. Oui, il règnerait avec sagesse sur la forteresse qu'il avait reprit des mains des traitres de sa famille. Son dernier né était digne d'en hériter. Uhtred, si il devait partir, partirait le cœur en paix.
Perçant les rires et les chants, il y eut d'abord un son de course effrénée. Des semelles frappaient les allées pavés du sol du Valhalla avec grande avidité. Uhtred, faible, se trouva brusquement bousculé. Il vacilla en reportant son attention sur le Royaume des Dieux. Il n'avait plus les appuies d'un guerrier. Le coureur n'était pas bien grand et sa silhouette était maigrichonne. Il n'avait que des guenilles sur le dos, elles étaient sales et poussiéreuses, au moins autant que son visage. Ainsi, qu'une tête qui était recouverte de millier de boucles ébènes, toutes venaient lui chatouiller les oreilles. Il ne faisait pas bien peur et s'éloigna du seigneur de Bebbanburg en continuant de frapper le sol de ses semelles.
" Daegan, dit-il dans un murmure à peine audible tant les larmes menaçaient de couler."
Il n'osait y croire. Ce ne pouvait être qu'une simple vision imaginative comme sur le champ de bataille. Son esprit s'embrumait, se remuait et était confus, mais cela ne pouvait être vrai. Ses yeux s'embuèrent malgré tout. Il dut cligner des paupières pour ne point laisser les pleurs le gagner. Or, ce court instant où son regard s'était fermé suffit pour qu'apparaisse devant lui, pieds nus, dans une robe blanche dont les épaules étaient couvertes de boucles noires, ce visage souriant et familier.
" Daegan, répéta Uhtred en tendant la main auprès des traits reconnaissable de sa fille.
- Je suis là père, je suis là, répondit-elle en prenant les doigts de son père dans ses mains.
- Mon enfant, ma fille, tu ne peux être là, tu es un mirage. Tu dois te reposer auprès de Leofric, auprès d'Osferth, auprès du Dieu Chrétien auquel tu croyais tant lorsque tu étais enfant. Et puis Aldhelm, tu l'aimais si fort...
- Je me repose, père, au Valhalla comme les Dieux l'ont décidés. Aldhelm est là aussi, il a renoncé à ses croyances Chrétienne pour me retrouver.
- Leofric...
- Leofric était important pour moi, je l'aimes toujours autant. Mais ce n'est pas lui mon véritable père. C'est toi, cela l'a toujours été. Depuis le jour où nous nous sommes rencontrés dans les allées du palais de Winchester. Tu es devenu mon père. Les Dieux ont fait de nous une famille. C'est à toi que je dois tout.
- Mon enfant, s'étrangla Uhtred dans quelques larmes en embrassant les chaude mains de Daegan.
- Merci d'avoir sauvé Lagertha sur le champ de bataille, merci de lui avoir offert une vie à vivre. Désormais, tu peux te reposer père. Bebbanburg perdurera. Les Dieux veillent sur elle. Nos proches sont protégés, tu peux te reposer, tu peux être en paix."
Uhtred plongea dans les bras de Daegan. Respirant la douce odeur de ses cheveux bouclés, le guerrier aperçu par dessus l'épaule de sa fille, le jeune homme qu'il avait vu sur la rive lors des funérailles de son enfant. Hvitserk, il en était certain. Nul ne le lui avait dit, et nul n'en aurait le besoin. Il savait que c'était lui. Fermant les yeux et serrant la femme dans ses bras avec amour. Il abandonna sa vie sur terre et accueillit les bras que lui tendait le Valhalla.
" Levons nos chopes au seigneur de Bebbanburg, au grand guerrier Uhtred ! clama la voix d'Aldhelm."
Des cris et des frappes sur la grande table résonnèrent alors que Uhtred retrouvait ses force et troqua sa chemise contre son armure. Ses cheveux gris redevinrent brun. Sa jeunesse le rattrapa, tandis que Ragnar le Valeureux lui tendait un bock d'ale sous les acclamations des plus grands guerriers qui reposaient en ce lieu sacré dont il avait toujours rêvé. Mais même les rêves n'avaient put montrer le grand sentiment de joie que cela lui procura d'être parmi des noms légendaire.
"Skål ! clama la voix de Daegan en levant sa chope.
- Skål ! résonna à son tour la voix d'Uhtred."
Tous les guerriers se levèrent des bancs de la grande table du festin, et haussèrent leur bock d'ale en faisant écho à ce mot aussi ancien était-il. Le seigneur de Bebbanburg croisa le regard apaisé de Brida qui riait aux éclats. Cela faisait tant d'années qu'il ne l'avait guère vu ainsi. Son destin accomplit, Uhtred se sentit fière et passa un bras autour des épaules de Daegan pour déposer un baiser sur le haut de son crâne. Dans la musique, les chants et la joie, père et fille se sourirent. Ils avaient parcouru un long chemin, mais deux âmes liées par la destinée se retrouvaient toujours.
* * *
Après les glorieuses funérailles d'Uhtred de Bebbanburg. La forteresse, avec l'appuie du Roi d'Angleterre, fut reconstruite de pierres et solidifiées pour que le temps ne l'emporte guère. Osbert, héritier, en devint le seigneur et régna avec justesse, main dans la main avec Aethelstan. Le Prince Edmund repartit à Winchester pour apprendre de l'expérience de son frère ainé, quant à sa mère, dame Eadgifu, elle préféra se retirer dans un couvent où elle pouvait couler d'heureux jours emplit de paix. Finan, l'irlandais, ne se remaria guère et ne combattu plus une seule fois, il se contenta de vivre des joies de l'amitié et de l'ale tout en conseillant Osbert à ses début de seigneur, et il fut celui qui confia les écrits de Daegan à Björn et Lagertha. Les jumeaux dévorèrent les pages et découvrirent la véritable vie de leur mère. Ils furent amusés de constater, qu'au commencement, leur père était un véritable trou de cul. Nombre de fois, ils se demandèrent comment leurs parents, leur grand-père, leurs oncles, et tous ceux qui étaient cités dans le récit, avaient put vivre tant d'aventures, de batailles, de conflits en l'espace d'une simple vie. Les enfants chérirent l'ouvrage de leur mère et décidèrent qu'il devait demeurer à Bebbanburg. Sihtric honora sa promesse faite à sa jeune sœur et veilla sur son neveu et sa nièce. Il leur apprit tout ce qu'il savait et agit tel un père avec eux. Ils lui rendirent ses souvenirs de jeunesse mais lui rappelèrent qu'il se faisait vieillard.
Et le moment venu, les jumeaux qui ne s'étaient guère quitté depuis la fin de la bataille de Brunanburh et qui, jamais, n'avaient été aussi proche, décidèrent de prendre des chemins différents. Lagertha prit la mer au coté du frère cadet de Feydis, Leif. Ensemble, menant fièrement leur drakkar, ils découvrirent une multitude de nouvelles terres et apprirent des choses des peuples qu'ils ne connaissaient guère. Ils finirent par s'installer sur les terres que Aldhelm avait acheté peu avant sa mort. Un domaine en suède répondant au nom d'Uppsala. Ils en firent des terres de paix pour tout peuple venu chercher un lieu pour vivre. Certains l'appelèrent "la terre verte", car nul sang n'avait taché le sol de ces lieux. Après des années ensemble à vivre d'amitié, Lagertha et Leif décidèrent de se marier. Ils eurent trois fils. L'un ne nomma Uhtred, le second Osferth et le dernier Leofric. Jusqu'à leur mort, ils vécurent une vie de paix et d'abondance, sans jamais retourner en Angleterre.
Björn, quant à lui fit vivre le nom que son grand-père lui avait donné "Cotes-De-Fer". Il mena de multiples batailles pour le Roi d'Angleterre. Puis après de longues années de service, décida de lever sa propre armée faite d'hommes et de femmes, et d'aller quérir quelques richesses sur d'autres terres. Au départ avide de trésors, il se trouva finalement à libérer des peuples de leur tortionnaire, à offrir la paix là où cela était nécessaire. Par certain, il fut même appelé Roi. Mais ce ne fut que le nom "Björn Cotes-de-Fer" qui resta dans l'histoire. Prenant gout à la justice, le garçon devenu homme, traqua les camps d'esclaves ainsi que les navires et rendit la liberté à tous ceux qu'il put. L'amour qu'il trouva fut avec une esclave de Norvège. Ensemble ils n'eurent qu'une fille qu'ils nommèrent Lagertha en souvenir de la jumelle du fils de Daegan, (qu'il ne revit jamais de son existence sur terre). A la mort d'Osbert, les enfants de ce dernier encore trop jeune, Björn fut nommé héritier. Aussi, repartit-il sur les terres Anglaise. Il régna de longues années sans jamais que le malheur ne le touche. Sa fille Lagertha, qui n'appréciait guère l'Angleterre, décida de partir en Norvège où sa réputation de guerrière ne se discuta guère. On la soupçonna même d'être une Valkyrie. Lorsque Björn se sentit vieillir, il laissa le règne de Bebbanburg aux enfants d'Osbert. En espérant que la forteresse prospérerait.
2023
Ses semelles frappant le sol propre et entretenu de la célèbre forteresse de Bamburgh, auparavant appelé "Bebbanburg", le visiteur observait ces murs remplit d'histoire et de mystères. Ses parents et ses grands-parents, lui avaient maintes fois relatés l'histoire de ce lieu. S'y trouver était des plus excitant et une boule de joie se formait dans son estomac. Il pouvait ressentir la puissance des combats qui avaient prit part dans ces lieux. Il marchait là où ils avaient marchés, il voyait ce qu'ils avaient put voir. L'histoire sur ce lieu n'avait jamais été exact, mais il y avait nombre de spéculations. Or, le visiteur savait. Admirant l'un des vitraux, il passa une main dans ses boucles ébènes tandis que son bracelet d'argent claqua contre le cadran de sa montre. Le visiteur secoua le poignet pour ne point casser sa petite horloge. Il n'y faisait plus attention depuis longtemps, mais au centre de ce bijou viking figurait une brisure qui avait été ressoudée des centaines d'années plus tôt. Ses grands-parents disaient que ce bracelet se passait de génération en génération. Le visiteur n'en avait jamais été certain et songeait même que c'était là de la fantaisie, jusqu'à ce qu'il ne pénètre dans la forteresse de Bamburgh. Avançant d'un pas plus hâtif pour retrouver le groupe de touristes avec lequel le visiteur avait pénétré dans le lieu, il s'arrêta soudainement lorsqu'en passant devant ce qui était jadis la chambre des seigneurs de ces lieux, il entendit des rires, de la musique, des chants et des chopes qui s'entrechoquaient. Le visiteur crut au départ que cela n'était qu'un projecteur sonore d'ambiance, mais en observant autour de lui, il remarqua que seules ses oreilles entendaient ces sons.
" Skål ! rugit alors une voix."
Le visiteur sursauta et son bracelet glissa de son poignet malgré lui. Soufflant pour calmer les palpitations de son cœur, il se baissa pour ramasser le bijou viking et, pour la première fois, remarqua que des mots étaient gravés sur le fer. Plissant les yeux, il se concentra et remarqua que c'était là de l'anglais. Le visiteur n'était pas anglais, mais Canadien. Enfin Québécois de la ville de Québec. Sa langue maternelle était le français. Il pouffa en réalisant que ce qu'il tentait de lire était à l'envers. Retournant le bracelet, il fronça les sourcils et lu.
" Destiny is all."
FIN
Note : Aucun historien n'a retrouvé les écrits de Daegan. Il se raconte que l'ouvrage serait quelque part, caché dans la forteresse de Bamburgh (Bebbanburg). On ne peut donc aucunement affirmer ou démentir si Uhtred et Daegan ont réellement existés.*
Note de l'autrice : Le visiteur de l'année 2023 n'a pas de genre définit, mais son origine Canadienne est un clin d'œil à l'auteur des "Chroniques Saxonnes", les livres dont est tirée la série "The Last Kingdom". Monsieur Bernard Cornwell ( Merci )
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Adorant faire des bandes annonces, je ne pouvais pas finir cette histoire sans faire une vidéo retraçant l'histoire de Daegan ! J'espère que vous parviendrez à retrouver mes écrits à travers ces images.
Casting :
Saison 1 [00:00-01:17] : Daegan est interprétée par Elliot Henderson-Boyle avec son rôle du jeune Lancelot Du Lac dans le film Le Roi Arthur 2004
Saison 2 [01:18-02:20] : Daegan est interprétée par Timothée Chalamet avec son rôle de Henri V dans le film The King
Saison 3 [02:24-03:22] : Daegan est interprétée par Jessica Green avec son rôle de Talon dans la série The Outpost
Saison 4 [03:23-04:19] : Daegan est interprétée par Jessica Green avec son rôle de Talon dans la série The Outpost
Saison 5 [04:21-05:29] : Daegan est interprétée par Jessica Green avec son rôle de Talon dans la série The Outpost
SEVEN KINGS MUST DIE : [05:30 - 09:06] : Daegan est interprétée par Katheryn Winnick avec son rôle de Lagertha dans la série Vikings
Jeune Lagertha [05:37] est interprétée par Maisie Williams avec son rôle de Arya Stark dans Game Of Thrones, puis toujours par la même actrice lors de son apparition récurrente, et Lagertha âgée [08:47] est interprétée par Hayat Kamille avec son rôle de Mariam dans la série Vikings Valhalla
Jeune Björn [05:38] est interprété par Leo Hart avec son rôle du jeune Jacaerys Velaryon dans la série House Of The Dragon, puis par Kit Harrington avec son rôle de Jon Snow dans la série Game Of Thrones et enfin Björn âgé [08:50] est interprété par Alexander Ludwig avec son rôle de Björn Côtes-De-Fer dans la série Vikings.
Freydis est interprétée par Frida Gustavsson avec son rôle de Freydis dans la série Vikings Valhalla
Leif est interprété par Sam Corlett avec son rôle de Leif dans la série Vikings Valhalla
https://youtu.be/0RShMBRm-wY
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Remerciements
En trois ans d'écriture, il y a tant à dire et pourtant je ne trouve pas les mots.
Merci d'avoir prit part l'aventure de Daegan, d'avoir patienté durant mes longues pauses dans ce récit. D'avoir soutenu cette histoire par des lectures, des commentaires, des votes. Mais qu'importe, même si personne n'avait lu mes écrits, j'en aurais été toute aussi fière.
Daegan a été à mes cotés durant tellement d'années que j'ai la sensation de quitter une vieille amie aujourd'hui. Elle était là lorsque les épreuves de la vie m'ont fait la guerre. Elle était mon soutien et mon échappatoire. Alors je la remercie autant que je vous remercie.
J'éprouve aussi une grande gratitude pour Bernard Cornwell, auteur des livres qui ont donnés vie à la série "The Last Kingdom". Merci à toute l'équipe de cette série pour m'avoir transportée avec eux dans cette époque de l'histoire et dans les aventures d'Uhtred Fils d'Uhtred. Je ne pensais pas qu'un jour je m'attacherais autant à une série et ses personnages. Tout comme Daegan, ils ont été ma petite lumière lors des moments sombre.
Je sais que je n'ai pas la meilleure écriture, je ne suis pas la plus douée en orthographe (oups) et les fautes emplissent mon récit. Mais si mon histoire vous a transportée, alors voilà la meilleure des récompenses.
Je vous dit encore merci et vous le dirai jusqu'à la fin.
Merci d'avoir été de si bienveillant lecteurs, je ne peux vous souhaiter que le meilleur.
Aujourd'hui, notre aventure se termine mais nos souvenirs demeurent.
Merci infiniment !
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* La note des historiens n'est pas véridique c'est un simple ajout de ma part à ce récit.
Je me courbe devant vous, et vous remercie chaleureusement d'avoir suivit cette histoire.
Puisse votre destinée être remplit d'aventure, de joie, de peine, de colère mais surtout de vie.
Anya
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