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Chapitre 53 : Bebbanburg- PART I-

Saison 5 - Episode 9 

Dans la nuit englobant la cour extérieur d'Eoferwic, sous les lumières des torches, les lames s'aiguisaient, les soldats préparaient leurs cottes de mailles, les carquois de flèches se remplissaient, et les plastrons se renforçaient. Sur les remparts, les soldats Saxons ne bougeaient guère. Statués. Ils avaient reçus les ordres de ne laisser personne passer, et ils respecteraient les propos de leur Roi.

" On se dépêche ! Que l'on soit prêt au levé du soleil ! beuglait Finan qui traversait la grande place de la cité."

D'un habile coup de main il chassa une lance qui avait manquée de l'embrocher. Cette dernière était tenu par un jeune soldat Mercien, quelque peu maladroit.

"Hé! On ne me tue pas, merci, surtout la veille du départ, ironisa l'irlandais avant de poursuivre son chemin."

Il avait hâte de partir pour Bebbanburg. Leur échec d'il y avait quelques années, lui avait toujours laissé un gout amère dans la bouche. Un gout qu'il désirait chasser plus que tout. Il voulait conquérir cette forteresse pour Uhtred, pour Beocca, pour Osferth et surtout pour vengeance. Car il n'oubliait pas qu'Aethelelm était entre ces murs et qu'il était l'auteur de la mort du petit moine. Avec entrain, ses pas le menèrent auprès d'un feu où se trouvaient déjà Uhtred, Aldhelm ainsi que Daegan.

" On sait si le Roi fait mine de se raviser, Aldhelm ? s'enquit t-il.

- Il a refusé de voir tous ses conseillés.

- Je doute qu'il oserait faire couler du sang Saxon.

- Va dire ça aux défunts sages de Mercie, dit le guerrier avant de tourner les talons et de déclarer, Finan, toi et Sihtric prenez le commandement des préparations des soldats, quant aux autres allés vous reposer, nous aurons besoin de bonnes lames demain, on part au levé du soleil."

Les deux hommes et la femme acquiescèrent. Finan se retira à son tour du feu, et Daegan lança qu'elle allait s'assurer qu'Aethelstan se porte bien. Le jeune homme n'avait pas montré son visage depuis le mariage et s'était caché dans la petite demeure où dormait les hommes d'Uhtred. Aldhelm hocha la tête et entreprit d'aller s'allonger quelques heures pour que ses muscles ne soient point endoloris pour la bataille. 

Poussant la porte avec lenteur, la femme pénétra dans la cahute. Aethelstan était là, dans son armure, assit au bord du lit de la fille d'Uhtred. 

"Je savais que tu viendrais, dit-il.

- Bien sûr que j'allais venir."

Doucement, elle prit place au coté du garçon qui tenait entre ses mains un chapelet. Bien qu'il ne semblait guère réellement prier. Avec bienveillance, Daegan passa ses doigts dans la chevelure d'Aethelstan. 

"Je ne suis plus un enfant, Daegan, souffla t-il.

- Pardonnes-moi, les anciennes habitudes reviennent vite. Comment te sens-tu ? Regrettes-tu de t'être opposé à ton père ? 

- Non, j'ai suivis mon cœur et ma conscience. Je sais que mon choix est bon, mais je redoute de devoir combattre mon père à la bataille. 

- Je suis certaine qu'il fera en sorte de ne point te combattre, tu l'as entendu aussi bien que moi, tu es son héritier désormais.

- Dame Eadgifu attend un enfant, l'hériter peut-être remplacé. 

- Non, tu seras son héritier, je le sais. Ton père a toujours été un grand mystère pour moi, malgré la relation que nous avons entretenue. Mais lorsqu'il avait ton âge, ou peut-être un peu plus vieux, et que je suis tombée amoureuse de lui, je connaissais son cœur. C'était un jeune homme fougueux, qui s'était opposé lui aussi à son père, le Grand Roi Alfred. Tu ressembles au Edward de cet âge là. Et je sais qu'il le voit, autant que moi je le vois. 

- J'espère que tu as raison, car je ne souhaites point le combattre. Et puis si nous parvenons à une alliance, comment est-ce Bebbanburg ? 

- J'avoue que je l'ignore. Je ne l'ai jamais vu. Mais mon père m'en a fait moult fois le portrait. Je sais que c'est un endroit qui te plaira, si tu souhaites y passer quelques temps ou bien nous rendre visite. Je serai toujours là pour t'accueillir, quoi qu'il arrive.

- Tu as toujours été là, Daegan. Je me souviens encore de notre véritable rencontre, lorsque tu me lisais les Chroniques de mon grand-père, Alfred. Où sont-elles à présent ?

- Dans un lieu sûr, elles sont gardées pas une amie dont j'ai toute confiance. 

- Et si nous allons prendre Bebbanburg, pour qui combattrons-nous réellement ? Uhtred ? mon père ? L'héritage du Roi Alfred ?  

- Qu'est-ce qui t'animes au fond de toi sur le champ de bataille ? 

- La justice, je veux rendre Dieu fière, je veux te rendre fière. 

- Alors bats-toi pour ces choses là, même si je serai toujours fière de toi, qu'importe le chemin que tu emprunteras. C'est grâce à toi que j'ai surmonté la perte de mon enfant. Ton innocence et ta bravoure m'ont fait tenir. Si je suis encore ici, en ce jour, c'est grâce à toi, Aethelstan.

- Merci m...Daegan.

- Maintenant reposes-toi, enlèves cette armure et dors. Tu peux prendre mon lit, et tu ne seras pas déranger par Finan ou Sihtric, ils ont des instructions à suivre. Et la joie de batailler court bien trop dans leurs veines pour qu'ils puissent trouver le sommeil. 

- Tu ne vas pas dormir ? 

- Non, j'ai plus important à faire avant la bataille."

Délicatement, Daegan déposa un baiser sur le front du jeune homme et se leva pour partir. Lorsqu'elle ferma la porte de la petite demeure, elle l'entendait défaire son armure. Nul doute qu'il tomberait dans le sommeil d'ici quelques minutes. Le malheureux semblait épuisé. 

*  *  *

Un bras sous son crâne pour le surélever, Aldhelm peinait à trouver le sommeil. Débarrassé de son pourpoint et simplement vêtu d'une chemise et de son pantalon, l'homme se torturait l'esprit. Il craignait le levé du soleil, bien que le feu de la bataille le brûlait déjà. Pour la première fois il avait suivit ses convictions à lui, et non celles d'un supérieur. Il était le Général des armées Mercienne. Il aurait la responsabilité de mener nombre d'hommes, mais ce n'était guère cela qui l'effrayait le plus. Prit dans ses pensées, il n'entendit qu'au dernier instant le grincement de la porte de son foyer. (Lui aussi résidait dans un petit foyer qui ne pouvait contenir qu'un simple lit, une table et une chaise. Rien de plus.) Dans un sursaut, et par bon réflexe, il attrapa son épée qu'il avait déposé à son coté, la tirant vivement de son fourreau avant de pointer le bout sur l'intrus qui venait de pénétrer sous son toit. 

" Je ne doutais pas que tu allais accueillir ta femme ainsi, ricana t-on.

- Daegan, soupira t-il de soulagement. Que fais-tu là ? Tu devrais te reposer. 

- Es-tu fatigué ? 

- Non, pas le moins du monde, je n'ai de cesse de penser. Toi aussi ? 

- Non, maintenant que Aethelstan est apaisé, je le suis aussi. 

- Tu es bonne avec lui, c'est un garçon chanceux. 

- Et moi une femme chanceuse, dit Daegan en tirant sur les lacets de son pourpoint de cuir."

Elle le dénoua sans encombre, le laissant tomber au sol avant de retirer ses grandes bottes et son pantalon. Aldhelm la regardait, sans mot dire, bien qu'il sentait ses joues lui chauffer la peau. 

" Je te le demande à nouveau, es-tu fatigué, Aldhelm ? 

- Je pourrais rester éveillé durant encore des jours."

Le sourire gagnant ses lèvres, Daegan prit une inspiration et retira sa chemise (seul vêtement qu'elle avait encore), avec soin elle défit sa tresse, laissant ses longues boucles lui faire l'habit qu'elle n'avait plus. Son visage, éclairé par la lumière de la lune, lui donnait l'aspect d'un ange. C'était là ce que songeait Aldhelm qui avait redressé son buste pour contempler sa femme qui s'était découverte. De ses pieds nus, la fille d'Uhtred s'avança jusqu'à son époux pour prendre place sur son lit. Déposant son corps à califourchon auprès de l'homme. Elle se mit à dessiner, du bout de ses doigts, chaque trait du visage du Général Mercien. Il était beau. 

" Ne meurs pas demain, supplia t-il.

- Toi non plus."

D'un grand mouvement, Aldhelm retira sa chemise découvrant ainsi son buste. Daegan continua son exploration de ses doigts en les passant sur le cou de son époux, ses épaules, son torse. Rien ne lui échappait. L'homme aussi posa ses mains sur le corps de son épouse. Il commença par le bas de son dos et remonta jusqu'à ses joues, non sans se prendre dans les filets de son imposante chevelure ébène. 

" Tu es belle, Daegan."

Elle sourit en plongeant son regard dans les yeux de l'ancien conseillé d'Edward. Avec la plus grande des douceurs, ils lièrent leurs lèvres dans un baiser des plus doux et passionné. Ils avaient trouvés leur amour. Ils étaient plus éprit l'un de l'autre qu'ils ne se l'imaginaient. Cette embrassade venait clore les longs mois de mensonges, de non espérance, et de croyances idiotes. Car, c'était lors de la fête du Mois du Sang de Rumcofa, lorsqu'Aldhelm avait complimenté Daegan sur sa beauté, que leur amour avait commencé. Mais ils avaient mit nombres de mois à le comprendre. Les Dieux s'étaient quelque peu joués d'eux. 

Dans la fièvre de leur baiser, l'homme attrapa le corps de son épouse, et la fit basculer afin de la surplomber de son corps. Leurs lèvres se décollèrent, et ils rirent en voyant qu'une mèche noire de la femme s'était coincée dans l'une des poutres bois qui composaient la petite demeure. Le dos contre le couchage du Général Mercien, ce dernier au dessus d'elle, la sœur de Sihtric ne put comparer cette situation à celle que lui avait fait subir Ivar. Tout n'était que tendresse avec Aldhelm, et bien qu'elle ressentait encore de la crainte quant à l'acte qui allait suivre, car elle ne souhaitait souffrir et saigner autant que la dernière fois, elle savait que cette fois c'était elle qui l'avait choisit. 

" Tu as peur ? s'enquit l'ancien conseillé d'Edward en voyant le trouble de sa compagne.

-  Un peu, la dernière fois que cela s'est produit c'était comme si un millier d'épées me traversaient le corps. 

- Nous ne sommes pas obligés de continuer, nous pouvons attendre encore. 

- Nous ignorons si nous serons encore en vie demain. 

- Mais cela ne doit pas être un prétexte pour précipiter notre mariage. Je veux que tu sois à ton aise, et non prisonnière de ce moment. C'est un instant précieux qui se partage à deux. 

- Et comment a été ta première expérience ? 

- Avec une femme que j'aimais jadis, mais nous étions jeune et elle a décidé de marier un autre. Alors je me suis engagé auprès de la cour Mercienne, mais je sais aujourd'hui qu'elle n'était pas la femme dont je rêvais. 

- Aldhelm, je te fais confiance, souffla Daegan en posant ses mains sur les joues de son époux. Je veux te connaître, charnellement. Je ne veux pas mourir demain sans avoir partagé cet instant avec toi, si tu le souhaites aussi.

- Je le souhaites. Mais si tu as mal, si tu n'es plus à ton aise, si tu veux tout arrêter, dis le moi. Nous arrêterons. De plus, t'avoir ainsi prêt de moi fait également partit de cet instant précieux, qui restera à jamais gravé dans mes souvenirs. 

- Je te le dirai, promis.

- J'irai le plus doucement qu'il faudra, je ne te brusquerai guère. 

- Nous avons jusqu'au levé du soleil, ironisa la femme."

Aldhelm eut un rictus avant de contempler à nouveau les traits de son épouse. Elle était la plus belle femme que la Mercie, le Wessex et tous les autres royaumes pouvaient porter. Il se flagellait de ne guère l'avoir remarqué plus tôt.

" Je t'aime, Daegan. 

- Je t'aime Aldhelm."

Ainsi, sous la lune qui précédait la bataille. Daegan et Aldhelm s'adonnèrent à leur nuit de mariage. Il n'y eut ni sang, ni douleur, ni mal être. L'homme avait prit toute la douceur nécessaire pour que sa compagne soit la plus confortable. Et elle put enfin connaître les plaisirs de l'amour et de la chair, sans frayeur, sans honte ni déshonneur. En cette nuit, Daegan et Aldhelm n'avaient fait plus qu'un. Le souvenir d'Ivar était désormais entièrement effacé. Le Danois errerait dans le Niflheim sans même que l'on se souvienne de lui sur la terre. 

*  *  *

Au levé du soleil, Daegan était d'ores et déjà parfaitement réveillée. Elle n'avait tressée que les cheveux sur son crâne, comme certaine Danoise se plaisait à faire, afin que ses mèches ne la dérange guère durant le combat. Son pourpoint était serré, Dent-De-Loup scintillait à son ceinturon, ses bottes étaient ficelées. La bataille entre Saxons étaient imminente. Or, dans la petite demeure où elle avait passé la nuit au coté de son époux, la femme n'avait pas peur. 

" Tu es prêtes ? s'enquit Aldhelm qui glissait une dague à sa taille. 

- Je le suis, et toi ? 

- Je le suis."

Les deux nouvellement unis s'approchèrent l'un de l'autre et se serrèrent dans les bras. Ils profitèrent de ces quelques minutes de calme pour s'enivrer du souvenir et du parfum de l'autre. Peut-être était-ce leur dernier instant ensemble. L'homme posa une main sur la joue de la fille d'Uhtred et lui caressa la peau du bout de son pouce. 

" Si il m'arrivait malheur, dans cette bataille ou dans une autre, sache que j'ai un domaine en Mercie et qu'il t'appartient aussi désormais. Si tu souhaites te réfugier quelque part, loin du Wessex. 

- Ne dis pas ces mots, nous allons vivre et nous irons ensemble à ce domaine. J'ai foi en nous. Nous avons vécu de trop nombreuses batailles pour perdre celle-ci. 

- L'armée Saxonne est nombreuse, nous le savons tous les deux.

- Certes, et si il le faut j'irai planter moi-même ma lame dans le cœur d'Edward. Ainsi me libérerai-je de ma tutelle, et déformerai ses troupes. 

- Est-ce réellement ton plan ? Tuer le Roi ? 

- Seulement si cela est nécessaire, et je n'en éprouverai aucun plaisir. Mais Bebbanburg doit être reprit, mon père le mérite. Ma famille doit y siéger. Et Osferth doit être vengé. Mais ne crains rien, j'ai bien d'autres idées avant d'en arriver à cette stratégie."

Malgré lui, Aldhelm laissa échapper un rire. Daegan le regarda en haussant un sourcil. Elle ne comprenait guère ce changement si subite de comportement.

" La vengeance te va fort bien, j'espère ne jamais te contrarier."

Ce fut la sœur de Sihtric qui pouffa cette fois-ci, avant de porter son regard sur son époux. Elle était heureuse à ses cotés, alors même que la bataille frappait au loin et s'approchait dangereusement. 

" Je dois aller m'assurer que l'armée Mercienne est en place, dit Aldhelm.

- Et je vais aller retrouver mon père."

Ils s'échangèrent un dernier baiser, s'enlacèrent une ultime fois, profitant de ce contact physique plus qu'aucun autre. Et l'homme sortit de la cahute. Daegan prit une inspiration en posant ses mains sur ses hanches et porta un instant son regard sur le lit. Elle se mit à comprendre pourquoi son père aimait tant courtiser les dames, et pourquoi son frère, Sihtric, avait tant d'enfants. Les agréables sensations qu'elle avait ressentit durant la nuit l'accompagneraient longtemps dans ses souvenirs. Posant une mains sur son ventre, elle songea à son enfant mort dans le sang. A la nuit où elle s'était réveillée en sueur et dans un sursaut alors que son lit était taché d'un rouge sombre. La nuit, où elle souffrait tant et craignait tant que sa grossesse ne soit démasquée qu'elle avait dû cacher sa douleur et demander à un soldat d'aller quérir Sihtric. 

"Dites-lui de me rejoindre dans la forêt, derrière le deuxième chêne qui va vers l'Ouest."

Le soldat n'avait guère réprimé les ordres et s'en était allé chercher le bâtard de Kjartan. Tandis que Daegan s'était hâtée pour atteindre le deuxième chêne. Or, le mal que lui procurait son ventre était si intense et le sang si coulant, qu'elle ne parvint pas même au premier chêne. Son frère avait mit peu de temps à la trouver. Elle se souvint encore des coups d'œil inquiet qu'il lançait autour d'eux, alors qu'il la prenait dans ses bras pour l'emmener dans un endroit plus discret. Sihtric ne comprenait pas, malgré tout les enfant qu'il avait eut, il ne comprenait pas que celui de sa sœur veuille venir au monde si tôt. Il n'avait jamais vu une femme enfantée, et ne savait comment s'y prendre, mais sous les supplications de Daegan qui souffrait à en vomir, l'homme avait prit les choses en mains, et avait laissé son instinct le guider. La fille d'Uhtred, malgré le martyre qui l'habitait, n'avait guère put hurler une seule fois, afin de ne réveiller personne. Ainsi, une brindille entre les dents, elle avait serrée la mâchoire jusqu'à briser le bois, mais n'avait pas crier. Cela, jusqu'à ce que Sihtric ne tienne entre ses mains un nouveau-né si petit, si maigre que s'en était guère normal. De même que la couleur blême et bleuté de son minuscule corps. Le frère s'était empressé de le donner à sa sœur qui le réclamait contre elle. Daegan avait enveloppé l'enfant, aux membres flasques, dans la peau de bête qu'elle avait auprès d'elle. 

" Il ne pleure pas, il ne bouge pas, il est trop petit, Daegan, avait-dit Sihtric.

- Non, il faut juste attendre encore un peu, il va vivre, je le sais !"

La femme avait attendu des heures que l'enfant pleure. Elle l'avait mouillé de ses larmes tandis que son frère l'avait attiré dans ses bras. Au fond d'elle, la fille d'Uhtred savait que le nouveau-né était mort, mais elle ne voulait pas y croire. Elle voulait encore quelques heures d'espoir. Au petit matin, avant que le soleil ne se lève et que tout Rumcofa ne s'éveille, Sihtric et Daegan avaient mit l'enfant en terre. Ensemble, dans les bras de l'un et de l'autre et tous deux ensanglantés par la terrible naissance précoce, avaient regagnés leurs foyers.

Debout devant le couchage d'Aldhelm, Daegan savait que ce souvenir devait être revécu pour être chassé. Car jamais, malgré les années, elle n'était parvenu à oublier son enfant mort. Certes, il avait été l'œuvre d'Ivar le Jeune, mais il n'était qu'un enfant. Un enfant auquel la femme aurait put se raccrocher. 

" Au revoir, Hvitserk, nous nous reverrons lorsque je quitterai cette terre pour te rejoindre et te voir grandir, souffla t-elle."

Même si il n'avait vécu, le nouveau-né avait été nommé. Et désormais, la sœur de Sihtric pouvait le laisser partir. Elle était en paix. 

Passant ses mains sur son visage, Daegan inspira une grande bouffée d'air, et se décida à sortir pour retrouver son père. Or, à peine avait-elle ouvert la porte de la petite demeure où Aldhelm vivait temporairement, qu'elle se retrouva face à Finan et Sihtric. Tous deux étaient lâchement appuyés sur des tonneaux et semblaient l'attendre. Cependant, le sourire en coin de l'irlandais n'enchantait guère la fille d'Uhtred qui se demandait la raison de leur présence.

" J'avais raison, le seigneur Aldhelm et ta tendre sœur n'ont pas passés la nuit à se reposer, tu me dois mes dix pièces, Sihtric.

- Vous aviez pariés sur cela ? De plus, toi, mon propre frère, tu as parié ! s'indigna la femme en croisant les bras sur sa poitrine.

- Nous n'avions guère de quoi nous occuper, répliqua Sihtric. Et puis vous êtes tout juste mariés, c'était un pari facile, mais je n'ai guère désiré parier que tu passerais la nuit avec ton époux car tu es ma sœur. 

- Dans ce cas, je veux la moitié du butin de votre pari ! 

- Pourquoi donc Daegan, tu n'étais pas dans le marché, répliqua Finan.

- J'étais le marché ! C'est grâce à moi que tu as gagné dix pièces l'irlandais, alors tu m'en dois cinq. Et estimes toi heureux que je ne te vole pas ta bourse entière, dois-je te rappeler que j'étais une voleuse lorsque j'étais enfant ?  

- Fort bien, cinq pièces pour la dame du Général des armées Mercienne."

Finan reçu un grand coup de poing dans son épaule de la part de Daegan, lorsque celle-ci avait récupérée son dû qu'elle avait glissée dans la petite bourse qui pendait à son ceinturon. 

L'instant qui suivit, l'irlandais, le bâtard de Kjartan et sa sœur, emboitaient le pas à Uhtred. L'armée Mercienne était prête au départ, Aldhelm s'en était assuré, et de nombreux chevaux avaient été sellés et préparés pour les guerriers. Dont Leofric, qui avait peiné à se laisser faire par d'autres mains que celles de sa cavalière. Or, il avait finit par capituler, et désormais il trônait fièrement au milieu des montures des guerriers de réputation et des personnes de haut rang. Son blanc reflétait la lueur du soleil, et le rendait plus majestueux que jamais. Tandis que ses épais sabot velu, lui donnait fière allure. Tout semblait se dérouler comme Uhtred l'avait prédit la veille. Tout, hormis le fait que plus aucun soldat Saxon ne se trouvait dans l'entourage, de même qu'Edward.

" Le Wessex a baissé les armes, dit Sihtric.

- Les hommes d'Edward ne défendent plus les portes, ajouta Finan.

- Je doute que cela soit un bon présage, conclut Daegan."

Cette dernière, en se dirigeant auprès de sa monture, croisa le sourire bienveillant de dame Aelswith. Elle chevaucherait avec eux, contre son fils. C'était bien là la chose la plus étrange que même les Dieux n'auraient put deviner. Cependant, la fille d'Uhtred commençait à comprendre la veuve d'Alfred, et bien qu'elles se soient rapprochées lors du siège de Winchester par Sigtryggr, elle en découvrait davantage chaque jour. Mais elle admirait le courage dont la mère d'Aethelflaed faisait preuve pour protéger la descendance de celle-ci. C'était une femme bonne qui avait toujours pensée à sa famille, et qui avait sacrifiée bien des choses. Parfois, sa foi Chrétienne la trompait quelque peu, mais ce n'était pas une mauvaise personne. Aussi, Daegan lui rendit-elle un sourire plus que franc, de même à l'attention d'Eadith (qui chevaucherait au coté de dame Aelswith), avant de se jucher sur sa monture. La sœur de Sihtric croisa le regard d'Aldhelm, tous deux se firent signe de la tête qu'ils étaient prêts, quoi qu'il advienne. Or, elle ne chevaucherait pas à ses cotés. De par le souhait d'Uhtred, ce serait à l'égal de son père que Daegan avancerait. Tous deux mèneraient leur troupe jusqu'à Bebbanburg, et feraient plier Edward si la chose était nécessaire. 

" En route, ouvrez les portes ! ordonna le frère de Ragnar."

Il y eut un claquement de fer, puis le crissement des gons et le son irritant du bois qui frottait sur la terre et la poussière. Et les deux imposantes portes d'Eoferwic s'ouvrirent devant eux. D'un coup de talon, Uhtred et Daegan avancèrent les premiers. Ils passèrent sous l'ombre des remparts de pierres froide, pour sortir de l'enceinte de la ville. Et leurs cœurs brûlant d'espoir s'estompa soudain. Fièrement disposés devant les remparts de la cité, Edward et sa grande armée. Jamais ils ne pourraient traverser un tel nombre sans tous être massacrés. Même le plus vaillant des guerriers le savait. Leur fougue de la bataille, ne devint que vain souvenir. 

Trônant sur son cheval, Edward, l'air assuré et presque menaçant, fit quelques pas pour s'approcher d'Uhtred et de sa petite armée Mercienne. Le Roi les défia du regard, plantant ses iris dans tous les yeux les plus proche. Il était effrayant. Daegan et son père échangèrent un coup d'œil emplit d'inquiétude. Ils étaient en train de mener leurs hommes à la mort. Tout ce qu'ils avaient connus, tout ce qu'ils avaient construit, et toute l'ambition n'étaient plus que vague souvenir. Edward se détourna alors d'eux, pour se mettre face à ses propres soldats qui n'attendaient plus que les ordres pour attaquer. Et la bataille était imminente. Les cœurs commencèrent à battre de frayeur ou d'adrénaline. Les bottes s'enfoncèrent dans le sol, tandis que les Merciens s'apprêtaient à attraper leur bouclier pour en former un mur.

" A Bebbanburg alors Uhtred ? clama le Roi."

La tension retomba comme si une tempête avait chassée toute inquiétude dans une bourrasque de vent. Edward avait changé son avis, il allait combattre pour Bebbanburg. Bientôt, la forteresse d'Uhtred serait de nouveau à lui. Mais alors qu'il s'apprêtait à crier sa joie et à ordonner à ce que tous prennent le chemin pour la Northumbrie, Aldhelm vint à son coté pour lui glisser quelques mots.

" L'honneur doit revenir au Roi, dit-il afin qu'il n'y ait guère de querelles."

Le guerrier ne s'opposa pas, bien que cela lui brûlait la gorge de donner ses directives et de mener la troupe jusqu'à sa forteresse qui lui revenait de droit.

" Si tels sont vos ordres, déclara le père de Daegan."

Uhtred ainsi que sa fille et le Général de l'armée Mercienne, s'approchèrent afin d'être au coté du Roi. Leurs proches guerriers les suivaient de près, de mêmes que les hommes de Mercie.

- J'aurais besoin que vous teniez pour moi la frontière en Northumbrie, déclara Edward."

Dans un sourire qu'il ne put dissimuler, le frère de Ragnar approuva d'un signe de tête avant de se tourner auprès de l'armée Saxonne.

"Nous allons intercepter et vaincre le Roi d'Ecosse, nous briserons son alliance avec le seigneur Aethelelm et nous nous ferons rendre la fille d'Aethelflaed. Les terres de Northumbrie seront nôtre, car son peuple est nôtre !"

Tirant Dent-De-Loup d'un vif mouvement de main pour la pointer vers le ciel, Daegan fut la première à pousser un cri encourageant et victorieux. Les soldats et ses compagnons la suivirent dans la seconde. 

" A Bebbanburg ! hurla Finan sans dissimuler sa joie."

Ainsi tous quittèrent Eoferwic. Ils avaient crée une alliance de Saxons et de Merciens pour reprendre une terre de Northumbrie. Ils étaient unis. Plus unis qu'au temps d'Alfred. Le soleil se levait enfin pleinement, reflétant sur les armures des soldats tandis que leur chemin vers la guerre commençait. Sous le regard de la fillette d'Eoferwic, Freydis, qui les regardait s'éloigner, c'était certain désormais certain, Bebbanburg serait à eux.

*  *  *

Dans les plaines verdoyante qui annonçaient un fabuleux été s'approchant, une imposante armée avançait. Telle une rivière noire dans le creux des grandes herbes et des forêts, Edward menait ses troupes. Chevauchant à l'avant, seul, sans cavalier pour tenir sa compagnie il se laissait souvent prendre dans ses pensées. Or, les mots et les quelques rires incessants derrière lui le perturbaient sans cesse. Car même si ils allaient au devant d'une grande bataille, certain continuait d'apprécier la joie d'une vie. Même si celle-ci pouvait se terminer dans moins de quelques semaines. Daegan faisait partie de ceux-ci. Elle était fière d'aller reprendre la forteresse de Bebbanburg au coté de son père, et de son jeune frère (même si il ne combattrait guère sur le champ de bataille) ainsi que son ainé de sang. Ce dernier avait par ailleurs été commandé par Uhtred de s'en aller plus avant pour s'assurer qu'aucun piège, aucun ennemi ou incident ne se trouvaient sur leur chemin. Et bien qu'il soit partit seul, Sihtric s'en revenait au coté d'un autre cavalier. 

"Regardez qui j'ai trouvé sur la route, dit-il."

Le sourire de l'épouse d'Aldhelm grandit davantage en reconnaissant les traits du jeune Danois qu'elle avait élevée, tout comme Aethelstan. Elle avait eu bien du mouvement dans sa vie ces derniers temps, or elle n'avait oublier le jeune Danois, et espérait toujours qu'il se portait bien.

" Cynlaef, tu es en retard, se moqua Uhtred.

- C'est que mon voyage a été épique ! Il faut que je vous raconte ! Pour commencer, je me suis perdu aux abords de...

- Non ! Là c'est pas le moment Cynlaef, coupa sans animosité Finan en mettant un brin de blé entre ses dents.

- Tu nous raconteras tes aventures sur le chemin, pour le moment dis nous seulement qu'elles sont les nouvelles, lança Daegan.

- Il confirme ce que les éclaireurs ont vu il y a deux nuits, Constantin a fait préparer un bateau dans le port de Dynbaer, parla Sihtric. 

- Un seul bateau n'amènera pas une armée, répliqua Edward d'un ton fière. 

- Une avant-garde, peut-être, dont Constantin ferait partie, prononça le guerrier. 

- Constantin est un grand Roi, il ne rejoindrait pas une forteresse par la mer ainsi qu'un marchand. 

- Et si il transportait un présent ? Pout les noces peut-être ? hasarda le bâtard de Kjartan.

- Non, ce qu'il veut c'est montrer sa force, il mènera fièrement une armée imposante, assura le Roi.

- Je suis d'accord, je doute fort qu'il arrive par la mer, approuva Aldhelm. Il a l'esprit stratégique, il connaît la versatilité des flots.

- On s'en tient donc au plan, avec un peu de chance, il aura unis son armée que dans quelques semaines, en route ! conclut Uhtred."

L'armée reprit son rythme de marche dans les plaines. Les tranchants en deux parties égales, se frayant un chemin parmi les herbes et les champs. Emprunter une route marchande, ou une route principale, n'était guère judicieux. Talonnant Leofric, Daegan s'empressa d'aller à la hauteur du jeune Cynlaef dont elle voulait entendre toutes les aventures. Il était si passionné par son récit, que sa façon de raconter avec enthousiasme amusa plus d'un guerrier. Pas une seule fois il ne se rendit compte des petits sourires (moqueurs mais amicales) qui étaient lancés contre lui. Cela permis à la femme de se divertir pour le reste du chemin. 

Ce ne fut qu'à la fin de l'après-midi que le Roi décida de faire halte et de dresser le campement. Ils étaient assez proche de Bebbanburg pour que ce dernier soit permanent. De leur position, des éclaireurs pouvaient aller et venir pour annoncer les nouvelles, et l'armée avait tout le loisir de se reposer tout en se préparant à la bataille. Les tentes furent donc dressées, les victuailles descendu des chariots pour être stockées, les chevaux abreuvés et de nombreux cavaliers eurent un soupire de soulagement en quittant le dos de leur monture. Certains n'étaient guère habitués à chevaucher durant autant de jours, en particulier dame Aelswith que l'âge commençait à rattraper. Celle-ci reçu une main bienveillante de son fils, Edward, pour mettre pied à terre. Et il se voyait que la veuve appréciait de gagner le sol. 

" Vous resterez ici, il y a là une ligne que vous ne devez pas franchir, prévint le Roi.

- Oh ! Edward ! Pas de cela, ma vie est sans importance. Que rien ne menace votre descendance, c'est tout ce qui compte."

Tournant sa langue dans bouche, Edward approuva d'un signe de tête avant que sa mère ainsi que lui ne rejoignent le coté d'Uhtred et Daegan qui bavardaient avec Eadith. Cette dernière avait également reçue de l'aide pour descendre de sa monture (sa robe étant peu confortable pour une chevauchée) or ce ne fut pas celle d'un homme mais bien celle de la sœur de Sihtric. Ce geste, peu commun, n'avait guère manqué de faire rire les deux femmes. 

" Est-ce loin Bebbanburg ? questionna Eadith.

- Droit devant, à moins de deux lieues, répondit Uhtred. Mais nous pousserons plus avant, à l'aube direction l'ouest dans les bois. On contourne la forteresse de loin, et on se poste en embuscade sur la route au dessus.

- Je suis assez peu au fait des coutumes militaires, mais une chose me trouble, la nouvelle ne va t-elle pas se répandre qu'une imposante armée se déploie tout près ? interrogea Aelswith. 

- Il arrive un moment où l'on ne peut plus se cacher, alors il nous faut prier Dieu d'être avec nous, déclara le Roi.

- Vous n'aurez pas l'imprudence, j'imagine, de vous aventurer sur le champ de bataille ? demanda le guerrier en portant son attention sur Eadith et en faisant référence au siège de Winchester où elle s'était retrouvée dans la mêlée de la bataille malgré elle.

- Si les blessés ont besoins de mon aide peut-être que je...

- La réponse est non, nous savons bien que ce n'est pas notre rôle. Il est des choses que les hommes doivent affronter seuls. Celle-ci en fait partie, dit la veuve d'Alfred."

Interloquée, Daegan croisa les bras sur sa poitrine en haussant les sourcils. Dame Aelswith, en croisant son regard, se mit à bafouiller quelques paroles qui n'avaient guère de sens afin de rattraper ses mots. Elle clama que cela ne concernait guère la fille d'Uhtred car celle-ci baignait dans la bataille depuis son enfance, et qu'elle était à moitié Danoise, mais ses excuses étaient quelques peu veines. Cependant, la sœur de Sihtric ne prit guère cela mal, car elle savait désormais que la mère d'Edward n'avait pas mauvais fond. 

" J'aimerais d'ailleurs vous demander une chose, Daegan, dit le Roi.

- Je vous écoutes, sire. 

- Mon armée est séparée en plusieurs légions, j'aimerais que vous en preniez une sous votre commandement pour les entrainer davantage. J'y ai placé Aethelstan ainsi que le jeune Danois que vous appréciez."

La femme en écarquilla les yeux. Elle ne parvenait à croire que son ancien amant lui donne le commandement d'une légion. Ce n'était que pour un entrainement, certes, mais cela restait une grande avancée. Jamais, auparavant, l'on aurait confié un groupe d'hommes à une femme. 

" Merci, sire, je ferai en sorte de renforcer leur aplomb pour la bataille. 

- Voila qui me réjouis, je pourrai ainsi libérer le seigneur Aldhelm de cette tâche afin que nous approfondissions notre plan avec vous seigneur Uhtred, ainsi que vos hommes."

A l'entente de ces mots, ses dents croquèrent sa langue avec tant d'ardeur que la sœur de Sihtric sentit le gout métallique du sang emplir sa bouche. Elle comprenait qu'Edward ne lui faisait guère honneur, mais qu'il cherchait simplement un volontaire (qu'importe qui il soit) afin de libérer Aldhelm de cette tâche pour que seuls les hommes s'entretiennent entre eux. Les poings serrés, la femme tourna les talons et se dirigea auprès de la légion que l'on venait de lui donner. Au passage, elle saisit un bout de bois qui ne servait qu'aux entrainements. La colère parcourait son corps. C'était insultant et humiliant. Quand donc accepterait-on une présence féminine dans la stratégie militaire ? Même les Danois le faisaient. Elle se souvint lors du siège de Winchester lorsqu'elle avait aidée Sigtryggr à façonner sa défense et ses idées. Elle avait été respecté chez les Danois, on la prenait pour Chef. Cependant, les Saxons ne semblaient guère en être encore à ce niveau. 

Abandonnant ses hommes du regard pendant un instant, (tandis que ceux-ci effectuaient un enchainement de défenses) Aldhelm sourit en voyant Daegan arriver dans sa direction. Or, son air se fit plus grave en voyant les traits froncés de son épouse, ainsi que le bout de bois qu'elle tenait fermement dans sa main droite. 

" Tout va bien ? s'enquit-il. 

- Edward me donne le commandement de la légion que tu entraines.

- N'est-ce pas une bonne nouvelle que le Roi remarque tes talents de guerrière ? 

- Il veut que tu le rejoigne dans sa tente pour affiner le plan avec mon père."

Il n'y eut guère de mot à prononcer, le Général Mercien comprit la raison pour laquelle Daegan venait le relever de ses fonctions militaires.

" Je suis désolé, je t'assure qu'un jour un Roi verra ta valeur.

- Sans doute lorsque je serai morte, siffla le femme entre ses dents. On me pleurera comme une grande guerrière alors que l'on ne m'aura jamais accepté de mon vivant. A Eoferwic, j'ai vu une petite fille Danoise, elle m'a appelé Skjaldmö, c'est le terme Danois pour dire Femme Au Bouclier. Mais je suis loin d'en être une.

- Tu l'es, le Roi peine à le voir mais tous les soldats ici le savent. Ils connaissent Daegan fille d'Uhtred. Ils te respectent. Penses à ton père qui a peiné à se faire une place auprès d'Alfred, mais il y est parvenu. Dieu, ou les Dieux, attendent le bon moment pour te donner l'opportunité de devenir guerrière aux yeux du Roi. 

- J'espère grandement que tu as raison. 

- J'ai assez conseillé de Roi pour le savoir. Je te laisses donc ma légion, ne les traites pas trop mal, je n'aimerais guère les retrouver ensanglanté à mon retour.

- Nous verrons si ils sont prêt à écouter une femme.

- Une Ksjaldöm, tu veux dire ? 

- Skjaldmö, corrigea Daegan."

Les deux nouveaux époux s'embrassèrent brièvement avant que leur chemin ne les sépare. La fille d'Uhtred regarda, durant un instant, Aldhelm s'éloigner avant de porter son attention sur sa petite troupe. Leur défense était assez bonne, leurs appuis semblaient solide, or cela pouvait parfois porter préjudice lors d'une attaque. Portant les doigts à sa bouche, elle émit un sifflement aigu et bruyant qui attirant l'attention de ses hommes.

" Pour ceux qui ne savent pas mon nom, je suis Daegan fille du seigneur Uhtred, j'ai été envoyée par le Roi pour reprendre votre entrainement à la place du seigneur Aldhelm. Je vois au visage de certains d'entres-vous que vous songez que ma place n'est pas sur le champ de bataille. Or, je combats depuis l'âge de huit ans. J'ai plus d'expérience que beaucoup ici. Alors s'il vous venait à l'idée de discuter mes ordres, mes dires, je me ferais une joie de vous faire mordre la terre fraiche. N'ayez pas de regards ou de gestes ingrats envers moi, et vous ne combattrez pas avec une main en moins. Si vous ne me croyez guère, demandez donc au Danois Sigefrid le nom de la fille qui lui a coupée la main ! Certains de vous n'étaient même pas nés lorsque c'est arrivé. Cependant, je ne suis pas mauvaise, je suis là pour vous partager mon savoir et faire en sorte que vous protégiez votre Roi, que vous preniez cette terre de Northumbrie qui est nôtre et que vous surviviez jusqu'à la fin de la bataille. Un grand Roi que j'ai connu a dit un jour, que lorsque nous nous battions, nous nous battions d'un même cœur. Il n'y a plus de place pour la rivalité, ou les querelles, regardez autour de vous. Nous sommes tous frères et sœurs d'armes. Alors êtes-vous prêt à suivre mes ordres pour votre entrainement ?"

Il y eut un silence. Un silence qui fit questionner Daegan sur son discours. Dés le départ elle avait eut le désir de se faire respecter. Sans doute à cause de sa colère ressentit pour Edward, ses mots avaient-ils été un peu trop fort, trop brusque. Peut-être que les soldats ne voyaient en elle qu'une femme essayant de jouer au Chef. Or, ses songes s'estompèrent lorsque sa légion tonna son approbation. Ces hommes, aussi peu nombreux étaient-ils, étaient prêts à la suivre. Du moins juste pour cette fois. Le sourire gagnant ses lèvres, la fierté lui gonflant le cœur, la fille d'Uhtred les invita à prendre un bouclier afin de travailler le combat à travers le mur. L'entrainement dura longtemps, plus longtemps que les autres légions. Daegan proposa différente nouvelle façon de batailler et de reculer. Elle apprit beaucoup à sa légion. Si bien, que lorsque le soleil se couchait, ils étaient les derniers soldats à encore s'entrainer. Cependant, cela ne les gênait guère, tout au contraire, ils étaient curieux. Aethelstan et Cynalef qui étaient parmi eux, s'étaient aussi laissés emporter par les directives et l'aplomb que mettait la femme pour former au mieux ses hommes. Elle s'impliqua plus qu'aucun autre gradé, ce qui était rare. Les soldats ne se sentirent guère comme de futurs cadavres que l'on envoyaient dans une guerre, mais davantage comme des âmes bien traitées. Et cela n'échappa guère aux yeux d'Uhtred qui s'était assit sur un tonneau et regardait sa fille avec fierté. 

*  *  *

Au lendemain matin, aux abords du campement, Daegan et son père avaient les yeux rivés sur l'horizon. Au loin, l'on pouvait apercevoir le haut des tours de Bebbanburg. La femme ne l'avait guère remarquée jusqu'à ce que son père ne vienne la réveiller aux aurores pour lui montrer la chose. La veille il y avait eut trop de nuages pour contempler la forteresse. Ceux-ci s'étant dissipés, ils pouvaient désormais l'admirer.

" Elle parait si proche, et pourtant si lointaine, dit-elle.

- Elle sera bientôt à nous, et un jour à toi. 

- Veux-tu dires à l'un de mes fils ? 

- Non, à toi. Daegan de Bebbanburg, la dame qui protège la forteresse de Northumbrie contre les attaques. La dame qui siège à la place d'un homme. 

- Mais cela doit revenir à l'un de tes descendant masculin, pas à moi.

- Tu es mon ainée, et je t'ai vu hier entrainer ta légion. Tu sais t'y prendre avec des soldats. Alors Bebbanburg te reviendra, telle est la décision de son seigneur. 

- Merci père, c'est un honneur, mais je suis persuadée que tu y régneras de longues années. Les Dieux te montrent la voie, plus rien ne pourra nous arrêter désormais."

Père et fille se prirent la main sans cesser de regarder les tours de la forteresse qui pointaient vers le ciel. C'était l'un des plus beau spectacle qui leur avait été donné de voir. Aussi bien pour Uhtred qui voyait son héritage si longuement attendu et qui lui avait coûté beaucoup lors de sa première tentative à la reprendre, que Daegan qui voyait Bebbanburg pour la première fois. Même si elle n'était qu'une ombre lointaine dans le paysage.

" Hé! interpella t-on."

Tournant leur regard, tous deux virent Finan s'approcher d'eux. Il avait l'air enthousiaste, car lui aussi avait attendu Bebbanburg depuis longtemps. Il en rêvait depuis leur défaite, et davantage depuis qu'il savait que Aethelelm se trouvait à l'intérieur.

" Et si on y allait, non ? On largue les poids morts, on saute sur nos chevaux, on galope jusqu'aux portes rien que tous les quatre, et on corrige ton cousin ! 

- Galoper jusqu'aux portes, oui, ça me rappellerait un souvenir de jeunesse, dit le guerrier d'un ton nostalgique avant de se reprendre. Qui sait si cela ne vaudrait pas mieux, plutôt que de conduire tous ces hommes à leur perte."

Les trois compagnons tournèrent le dos à la forteresse et se mirent à avancer parmi les soldats qui poursuivaient entrainements et préparations. 

" Arrête ! répliqua Finan. Ils sont heureux d'être là, et même, ils n'attendaient que cela. Ils raconteront cette histoire jusque dans leurs vieux jours. Bebbanburg ! J'ai combattu pour la gagner !"

Ils rirent de l'enthousiasme de l'irlandais alors qu'ils prenaient le chemin qui menait à la tente du Roi Edward. Sihtric se trouvait à l'entrée et semblait impatient de leur venu. Il bougeait la jambe nerveusement, et serrait et desserrait ses poings.

" Seigneur, appela t-il. J'ai une très mauvaise nouvelle, notre projet d'embuscade n'a plus lieu d'être. Constantin a déjà rejoint la forteresse."

Un lourd poids s'abattu sur leurs épaules tandis qu'ils pénétrèrent dans la tente où Edward faisait les cents pas, entouré d'Aldhelm, d'Aethelstan, Cynlaed et Pyrlig. La nouvelle avait été massacrante pour tous. 

" Mes espions disent qu'il est venu par la mer, siffla le Roi agacé. 

- C'est ma faute, j'avais exclus cette idée, se blâma Aldhelm.

- Ce n'est pas votre faute, rétorqua Uhtred en défendant l'époux de sa fille. Il nous fallait décider ou juger, et nous avons mal jugé. 

- Combien d'homme dans ce bateau ? 

- A priori une simple avant-garde, sire, répondit Sihtric.

- Ainsi qu'Uhtred l'avait prédit, soupira le Général des armées Mercienne tandis que sa femme posa sa main sur son bras pour ne point qu'il se blâme davantage.

- Il ne faut pas le voir comme un signe, nous allons trouver un autre plan ! 

- C'est le signe qu'il faut attaquer avant que sa grande armée n'arrive, Uhtred ! 

- Non, sire !

- Nos cibles se trouvent toutes en un même lieu, en assiégeant la forteresse maintenant, nous piégeons Aethelelm et Constantin.

- Aelfwynn est à l'intérieur, rappela Aldhelm. La pauvre sera mariée de force et menacée.

- Oui, ils tenteront de se servir d'elle, bien sûr, mais il y a plus important..

- Croyez-vous qu'Aethelelm se radoucira une fois acculé ? Si nous avions interceptés Constantin nous aurions put négocier, mais nous n'avons plus rien à lui opposer. 

- Nous avons des centaines d'hommes. Bebbanburg est certes bien défendue, cependant nous vaincrons par le nombre ! 

- Sa propre fille a été victime d'un de ses complots. Nous ne pouvons pas risquer la vie d'Aelfwynn dans le chao qui s'abattra sur Bebbanburg. 

- Je suis d'accord avec mon époux, dit Daegan, Aethelelm est dans la folie et ses actions sont imprévisibles. Qui sait ce qu'il adviendra de la descendance d'Aethelflaed. 

- Il y a une autre solution, intervint Uhtred. Je pars avec quelques hommes courageux, il faudra attendre de nos nouvelles. Nous allons sortirent Aelfwynn de la forteresse et ensuite vous attaquerez.

- Vous comptez entrer ? demanda Edward les yeux brillants et inquiets.

- Par la herse à l'arrière ? questionna Sihtric. 

- Non, il existe une voie d'accès à la forteresse, qu'à la rigueur quelques hommes, pas plus, peuvent emprunter. Je l'avais toujours jugé trop périlleuse, mais si nous sommes peu nombreux c'est peut-être possible.

- Et que ce passera t-il si jamais vous avez affaire à la garde de Bebbanburg ?"

Le guerrier ne répondit guère à cette question et semblait réfléchir à son plan, tout en parlant. Il n'était pas certain de toutes les pièces du puzzle, mais il en avait une idée. 

" Pyrlig, interpella t-il en se tournant vers le prêtre. Vous sentez-vous la force d'en être ? 

- Vous sentez-vous la force de m'en empêcher ? 

- Mon seigneur, je me porte volontaire quelque soit le danger, je serai à la hauteur ! déclara Cynlaef désirant bien faire.

- Cinq est un nombre qui nous a toujours réussi par le passé, rétorqua Finan.

- Nous serons quatre, Daegan ne viendra pas, répliqua le guerrier."

La femme ouvrit la bouche pour contester, cependant, son père reprenait déjà ses mots en retournant son attention sur le Roi.

" Dites à vos hommes d'attendre, sire, différez l'attaque jusqu'à ce que je me manifeste.

- C'est bien vague, quel est le plan ? 

- Si il fonctionne, nous reviendrons avec Aelfwynn.

- Et dans le cas contraire ? 

- Ceci aura été notre ultime discussion."

Uhtred, Sihtric, Finan et Pyrlig tournèrent les talons pour retrouver l'extérieur et se préparer sur le champ au départ. Daegan s'empressa de leur emboiter le pas, elle ne comprenait guère pourquoi son père l'écartait de la sorte. 

" Pourquoi refuses-tu ma venue, père ? demanda t-elle en hâtant la marche pour arriver à son coté.

- C'est trop risqué.

- J'ai connu plus risqué, et tu le sais ! 

- Tu es une jeune mariée, ton époux a besoin de toi, et les troupes d'Edward aussi. Et je ne veux pas que tu abandonnes Aethelstan et Cynlaef. 

- Mais si il vous arrivait malheur ! Si vous aviez besoin d'une autre lame ? Père ! Laisses-moi venir avec toi, je t'en pries ! 

- Non, s'opposa fermement le guerrier en arrêtant brusquement ses pas. Je veux que tu restes ici, que tu conseilles Edward, que tu vives. Car si je meurs, c'est à toi de reprendre Bebbanburg. Je t'ai appris tout ce que je savais en tant que guerrier et en tant que père. Je n'ai plus rien a t'apporter, Daegan. Mais toi, tu as tout à offrir au monde. Restes ici, ne nous suis pas comme tu as l'habitude de le faire. 

- Si l'un de vous quatre meurt, je ne saurais survivre à une telle douleur ! Pas après Osferth ! 

- Si nous mourrons, nous nous retrouverons, petite sœur, affirma Sihtric. 

- Tu passeras simplement plus de temps sur terre que nous, dit Finan. Et tu auras tout intérêt à boire en notre nom, et de nombreux tonneaux d'ale ! 

- Ne plaisantes pas l'irlandais, je suis sérieuse, je ne veux pas perdre l'un de vous. Vous partez le cœur vaillant, laissant derrière vous des proches qui vous regretteront. 

- Daegan, apaisa Uhtred en prenant les mains de sa fille, nous veillerons les uns sur les autres et ferons en sorte de revenir en vie. Je te le promet. Je sais que tu as peur, mais tout ira bien. On se retrouvera je te le promet."

La femme se contenta d'hocher la tête. Elle n'avait pas le cœur à prononcer d'autres mots, sa gorge était déjà bien trop serrée d'angoisse. Une angoisse qui lui offrait une étouffante chaleur, tandis qu'elle avait l'impression d'être emprisonnée entre deux boucliers qui lui brisaient les os. 

" On part au nord, on rejoint l'abbaye suivante, on va demander de l'aide à une vieille connaissance, dit Uhtred en se juchant sur son cheval.

- Et si jamais on ne l'obtient pas ? interrogea Sihtric. 

- Dans ce cas, il faudra que Finan trouve une idée. 

- Quoi ? questionna l'irlandais d'un air penaud."

Les trois guerriers ainsi que le père Pyrlig, talonnèrent alors leurs chevaux. Sans un regard en arrière, ils s'en allaient parcourir la terre et courir, peut-être, à leur perte. Daegan les regardait s'éloigner sans bouger de sa position. Cependant, l'angoisse qu'elle ressentait plus tôt se transforma en une fulgurante douleur dans la poitrine. Comme si des dagues aux lames rêches lui transperçaient le buste à courte allure. Lui tailladant la chair des seins à l'estomac. Elle eut si mal qu'elle tomba à genoux dans l'herbe, ne se retenant que d'une main puisque de l'autre elle tentait d'apaiser ses souffrances en ses massant le ventre. Elle dégobilla alors. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux, tandis que son front se fit transpirant. La douleur dans son estomac se calma mais sa poitrine restait douloureuse. A nouveau, son estomac se vida. C'était pour sûr un message des Dieux. Quelque chose n'allait pas, Daegan songea qu'elle aurait dû retenir son père, son frère et ses compagnons. Ou bien les poursuivre à cheval, mais elle avait si mal qu'elle ne pouvait pas même se hisser sur une monture. 

" Daegan, qu'est-ce que tu as ? interrogea t-on."

D'un mouvement de sa manche, elle essuya sa bouche avant de se tourner auprès de son interlocuteur. C'était là Cynlaef accompagné d'Aethelstan. Les deux jeunes hommes, inquiets, de voir la fille d'Uhtred de la sorte, s'accroupirent à ses cotés. 

" Je crois que les Dieux, Chrétien ou Danois je l'ignore, tentent de me faire comprendre que nous courrons à notre perte. Je n'ai jamais connu une telle douleur. Elle était si vive et imprévisible. Et je la ressens encore. 

- En quoi pouvons-nous t'être utile ? questionna le Danois.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, allez donc à vos tâches.

- Daegan, tu t'occupais de nous lorsque nous étions enfants, laisses nous t'aider."

Soupirant la femme capitula. La douleur était encore si présente que ses forces s'amenuisaient étrangement. Elle ignorait quel sorte de présage était-ce là, mais cela n'annonçait rien de bon. La sœur de Sihtric repensa aux corbeaux tombés du ciel que son père et elle avaient aperçu peu après la mort d'Iseult, sa jument. Etait-ce cette même sorte de signe qu'on lui envoyait là ? 

" Je veux bien que vous m'aidiez à marcher jusqu'à ma tente, je crois qu'il me faut m'allonger et je doute d'avoir la force de marcher seule jusqu'à là-bas. Mais vous devez me promettre de n'en parler à personne, et surtout pas à Aldhelm, il a bien trop de préoccupation en ces instants. Il ne doit pas être dérangé.

- Nous ne dirons mot, assura Aethelstan."

Chacun des garçons prirent un bras de Daegan pour le passer autour de leurs épaules. La souffrance était telle, que la femme ne pouvait marcher le dos droit et se devait de le courber. Elle espérait que le temps et le repos lui soient bénéfique. Sans être brusque, Aethelstan et Cynlaef pénétrèrent sous la tente que la fille d'Uhtred partageait avec son époux. Ils l'installèrent sur le lit de fortune, et s'assurèrent qui ne lui manquait ni eau, ni nourriture, en cas de besoin. Puis ils partirent en prononçant des mots que Daegan ne comprit pas car son esprit divaguait déjà. Sa vision était floue, son front suant, et le temps semblait ralentir. Bien des souvenirs lui revinrent  en mémoire à cet instant là. Le jour où le Roi Alfred lui avait apprit l'alphabet. Celui où Leofric et elle avaient dormit ensemble sur le domaine Saxon d'Uhtred, alors que ce dernier venait de découvrir la mort de son premier fils. Lorsque Finan était venu la trouver auprès de la tombe d'Halig, et qu'ils avaient fait bien plus connaissance. Lorsque sa lame avait vengé la mort de Ragnar et Thyra. La femme ne sût combien de temps son esprit s'était enfouie dans le passé, mais ses yeux étaient resté bien ouvert. Et ce ne fut qu'au contact d'une main sur son front qu'elle reprit ses pensées et revint dans l'instant présent.

" Ton front est brûlant, tu es si blême, pourquoi ne m'as-tu donc pas fait appeler ? 

- Aldhelm ? bafouilla t-elle.

- Que s'est-il passé ? Tu allais bien ce matin encore, est-ce le départ de ton père qui te met dans un tel état ? 

- C'est un présage des Dieux, ils veulent me faire comprendre quelque chose mais j'ignore quoi.

- Qu'importe le message de tes Dieux, il faut que tu vois dame Eadith. Elle connaît la médecine."

Sans laisser le loisir à la protestation de son épouse, l'homme glissa ses bras sous son corps et la souleva avec aisance. Puis, le pas hâtif, il s'empressa de traverser le campement. Quelques regards se jetèrent dans sa direction. Même Edward regarda le Général Mercien accourir au centre des tentes. Cela rappela au Roi lorsqu'il avait sortit Daegan des cellules du palais de son père. Il se souvenait encore le corps gelé de celle qui était encore jeune fille, tandis que lui était encore jeune homme. Il avait tant crains sa mort cette nuit là. 


Eadith malaxait des feuilles dans un mortier pour les rendre dans une texture plus molle. Elle les mélangeait avec de la boue afin que cela devienne un efficace pansement contre les blessures. Dame Aelswith lui tenait compagnie et n'avait de cesse de parler de ses souvenirs auprès du Roi Alfred. C'était un temps qui lui était nostalgique bien qu'elle n'appréciait guère la personne qu'elle avait put être en ces temps là. Or, le veuve s'interrompit brusquement lorsqu'elle aperçu Aldhelm s'approcher avec le corps de Daegan dans les bras. D'un bond, elle se mit debout, interloquant Eadith qui était trop occupée par sa mixture.

" Au nom de notre Dieu tout puissant, que se passe t-il ? 

- Je l'ignore, je l'ai trouvé ainsi dans notre lit, j'ai la sensation qu'elle divague. Elle n'a de cesse de répéter que c'est un présage des Dieux Païens. 

- Elle doit être fiévreuse, allongez là donc sur ce lit, je vais prendre soin d'elle, s'empressa d'assurer Eadith qui s'était levée de son tabouret pour abandonner sa préparation."

L'homme s'exécuta. La tente était trop petite pour accueillir autant de personne. Le Général Mercien resta à l'extérieur, après avoir déposé son épouse et grand bien pour lui les pans ouvert lui donnait le loisir de regarder ce qu'il se passait à l'intérieur. La femme aux cheveux roux posait ses mains partout sur le corps de la fille d'Uhtred. Elle lui observa les yeux, les doigts, et même l'intérieur de sa bouche. 

" Il me faut d'abord faire baisser la fièvre, dit-elle. Dame Aelswith, aidez moi à lui retirer son pourpoint et sa chemise."

Aldhelm fut désireux de se rendre utile, car trop angoissé de voir ainsi sa femme souffrante. Or, il fut soudain appelé par l'un des soldats qui lui informa que des éclaireurs étaient revenu avec des nouvelles des Ecossais. Grognant de frustration, l'homme dû quitter son épouse mais il reçu l'assurance d'Eadith qu'elle s'occuperait d'elle et lui offrirait de bons soins. Sur ces derniers mots, la femme aux cheveux roux referma les pans de la tente pour offrir plus d'intimité à Daegan qu'il fallait dénuder. 

*  *  *

" Buvez encore quelques gorgées, cela vous fera du bien.

- Votre breuvage est immonde Eadith. 

- Mais il a fait baisser votre fièvre, Daegan, et plus vite que je ne l'avais espéré. Comment vous sentez-vous ? 

- Bien mieux, j'ignore ce qu'il a bien put se passer, sans doute le choc du départ subite de mes proches sans même savoir si je les reverrai. 

- Votre père était le meilleur guerrier de mon époux, il l'est également pour mon fils, il survivra à cela, j'en suis persuadée, rassura dame Aelswith."

Le soleil déclinait à l'horizon. L'ombre du soir s'invitait sur le campement, et avec lui une brise fraiche mais qui faisait grand bien. Les pans de la tente d'Eadith avaient été à nouveau tirés pour avoir vu sur l'extérieur, tandis que Daegan avait retrouvée sa chemise et son pantalon. Les trois femmes profitaient du calme qui s'était installé dans le camp. Lorsque deux silhouettes s'approchèrent. Daegan y reconnu son époux, et se leva un court instant de son siège (où elle avait prit place lorsqu'elle s'était sentit moins fiévreuse) pour se fondre dans les bras d'Aldhelm. Celui-ci l'accueillit comme une bénédiction et lui embrassa plusieurs fois le front et sa chevelure ébène. Il avait passé l'après-midi occupé mais bien craintif quant au sort de sa femme. 

" Je suis heureux de te revoir ainsi, soupira t-il en serrant la fille d'Uhtred contre lui. J'ai eu si peur de te perdre. 

- Ce n'était qu'un peu de fièvre, rassura Eadith. 

- L'on m'a raconté ce qu'il t'était arrivé, dit la seconde silhouette qui n'était autre que Uhtred le Jeune. J'ai prié pour toi autant que j'ai pu pour que la maladie soit chassée de ton corps.

- Alors c'est sans doute pour cela que je me sens mieux mon frère, sourit Daegan avec bienveillance."

Dame Aelswith qui n'avait pas été aveugle aux airs graves des deux silhouettes lorsqu'elles s'étaient approchées de la tente, décida de poser la question qui lui brûlait les lèvres, mais qu'elle avait retenue le temps que la sœur de Sihtric ne finisse ses retrouvailles.

" Quel est l'objet de ces discussions ? J'entends en être informé, dit-elle car elle avait beaucoup observée le campement lorsque Eadith apportait ses soins à Daegan et elle avait vu les nombreux mouvements qui s'y étaient opérés. Que me dissimule t-on ? 

- Je crains qu'il n'ordonne l'attaque, déclara Aldhelm. 

- Et qu'en est-il de mon père ? Il est partit depuis si peu de temps, s'enquit la femme. 

- Il semble qu'il lui soit égal que notre père vive ou meurt, dit Uhtred le Jeune. 

- Invoquer la pauvre Aelfwynn reste sans effet, soupira le Général Mercien. Quand au seigneur Aelfweard, il n'en a cure.

- Edward, mon fils, est désorienté. Ce peut-il que sa rage contre Aethelelm le porte à risquer de voir mourir son fils en l'assiégeant.

- Un feu nouveau brûle en lui, comme si la bénédiction divine lui était acquise.

- Restes auprès de lui, et continue à tenter de le dissuader à attaquer, dit Daegan. Je te rejoindrai plus tard, lorsque j'aurai bu cet immonde breuvage qu'Eadith se force à me faire avaler. 

- Maintenant que je te vois en meilleure forme, je repars le cœur léger."

Les époux s'échangèrent un baiser avant que les deux hommes ne tournent le dos pour s'en retourner auprès du Roi. Quant à la fille d'Uhtred, elle se tordu en deux et laissa échapper un râle de douleur en portant la main sur sa poitrine. Eadith se précipita à son coté, de même que dame Aelswith. 

" Qu'avez-vous ? s'enquit le guérisseuse. 

- Une terrible douleur à la poitrine, comme si je portais le poids d'une armure.

- Retournons à l'intérieur."

A nouveau, les pans furent fermer, une bougie allumée, tandis qu'Eadith retira la chemise de la sœur de Sihtric. Avec la permission de cette dernière, la femme aux cheveux roux, vint toucher les seins de la souffrante du bout de ses doigts. L'épouse d'Aldhelm émit un bref sursaut quant à la douleur. 

" Est-ce tel un poids que vous portez dans votre poitrine ? 

- C'est cela, Eadith, à quoi songez-vous ?"

Voyant le regard décomposé de la femme aux cheveux roux, Daegan perdit de sa splendeur et son visage se décomposa. Elle se rappela qu'une fois, Aethelflaed lui avait parlé d'une douleur à la poitrine, qui la prenait de temps à autre. C'était à partir de cet instant que la Dame de Mercie avait commencé à montrer signe de fatigue et de mal-être. La fille d'Uhtred comprit alors.

"C'est cela n'est-ce pas ? J'ai le mal d'Aethelflaed. 

- Je ne suis pas encore sûr, dit Eadith d'une voix plus inaudible.

- Vous n'êtes pas sûr, mais vos doutes me le confirme. Je vais mourir de la maladie. Si c'est ainsi, c'est au combat qu'il me faut tomber, je refuse de me laisser périr en attendant la mort.

- Daegan, c'est de repos dont vous avez besoin.

- Non, si la bataille de Bebbanburg doit être ma dernière, qu'il en soit ainsi ! Si je tombe, alors l'on me transpercera et je serai accueillit au Valhalla.

- Ecoutez Eadith, Daegan, n'essayez pas de combattre comme ma fille la fait. Perdre une amie de la maladie de mon enfant, serait une terrible souffrance. Je peux prendre soin de vous si vous le souhaitez.

- Non, ma décision est prise, ma vie entière a été une bataille, que celle de Bebbanburg soit ma dernière. Je l'affronterai fièrement. Je dois bien cela à mon père qui m'a recueillit lorsque j'étais enfant. Il mérite mon sacrifice plus qu'aucun autre. Mais je vous prierai de ne rien dire à Aldhelm, je ne veux pas que mon époux sache une telle nouvelle avant la bataille. Cela le briserait sans doute. 

- Si tel est votre choix, je n'irai pas contre, cela dit je vous prie d'accepter la protection de mon Dieu, dit Aelswith en retirant la croix d'argent incrustée de pierreries qu'elle portait autour du cou pour le passer autour de celui de Daegan. J'ignore votre religion, mais ceci est mon cadeau pour vous protéger. Je l'aurais légué à Aethelflaed avant ma mort, mais je n'en ai guère eu l'occasion, alors c'est à vous que je veux le transmettre.

- C'est un présent qui compte beaucoup à mes yeux, mais il compte moins que l'amitié que j'ai pour vous dame Aelswith. Je dois avouer que par instant, il vous est arrivé de prendre la place d'une mère pour moi ces dernières années. Et cela a été plus que réconfortant, je puis vous l'assurer. Que le Dieu Chrétien me protège et que les Dieux Danois guident ma lame."

Daegan avait trouvé époux, famille, amis, et avait eut une Destinée plus qu'épique pour la petite voleuse des rues qu'elle était lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Or, malgré ses nombreuses chevauchées à travers la future Angleterre, la maladie l'avait rattrapée, mais lorsqu'elle songeait que sa dernière bataille serait celle pour reprendre l'héritage de son père, Uhtred, cela lui gonfla le cœur de courage. La Destinée est tout, et cela était la sienne. 

The next is coming...

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Salutations Danois.es et Saxon.nes !

J'espère que vos vacances se passent bien, félicitation à toutes les personnes qui ont passées des épreuves de fin d'année et qui ont obtenu de bons résultats ou non ! Qu'importe, vous serez toujours les bienvenus ici ahah. 

Si vous n'êtes pas en vacances, je vous souhaites bon courage ! 

Hormis cela, j'espère grandement que le chapitre vous a plût, que vous avez apprécié retrouver Daegan après ces deux semaines sans elle. J'ai reçue de très beaux messages concernant cette fanfiction et je vous en remercie énormément ! 

Sur ces beaux mots, pleins d'amour, je vous donnes rendez-vous pour la prise Bebbanburg (et donc le dernier chapitre qui sera bien long), le dimanche 23 juillet

Je vous salue des deux mains !! 

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