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Chapitre 52 : L'Honneur Du Déshonneur

Traversant les épaisses portes de la cité d'Eoferwic, Uhtred et Daegan s'en revenaient. Les sabots de leurs chevaux s'écrasaient dans la boue fraiche du passage fréquent des habitants de l'endroit, alors que la voix de Rognvaldr beuglait pour qu'on lui apporte un bock d'ale. Edward avait fait de lui le Roi de ces lieux, et sans doute le regretterait t-il rapidement. Ce changement de seigneur était sans doute la raison pour laquelle les rues d'Eoferwic étaient plus vide qu'à l'habitude. Beaucoup avaient dû suivre Stiorra, ou bien s'étaient échappées dans les villages aux alentours pour ne point soutenir le jeune frère de Sigtryggr. Peu admiratif de ce qu'était devenu cette cité autrefois florissante, père et fille en froncèrent les sourcils avant de mettre pied à terre et de confier leurs chevaux à un homme des écuries seigneurial. 

" Donnes leurs à boire, ils sont exténués, nous avons abusez de leur bonne nature, ordonna le guerrier avant de se tourner vers le destrier blanc de l'ainée de ses enfants."

Il n'avait guère réellement prêté attention à la nouvelle monture de Daegan. Mais il fut époustouflé par la robustesse et les épais sabots velus que celui-ci arborait. C'était le cheval d'une Reine. 

" C'est le cheval que tu voulais acheter à Sigtryggr ? demanda t-il.

- Il me l'a offert, beaucoup le croyait fou, mais c'était seulement parce qu'il n'avait pas trouver la bonne cavalière. Moi. Je suis la seule à pouvoir le dompter et le monter. Il n'obéit qu'à moi. 

- Comment l'as-tu nommé celui-ci ? Cheveux de Sang ? Cnut ? Ou Aethelwold peut-être ? ironisa le frère de Ragnar.

- Rien de tout cela, pouffa la femme. Je n'ai pas eu besoin de le nommé, il portait déjà son nom, seulement personne ne le connaissait. 

- Alors comment l'as-tu sût ? 

- Parce qu'il est né pour moi, il n'est pas un cadeau des Dieux comme Iseult, mais le retour d'un être qui m'était cher, une personne dont j'avais cruellement besoin. 

- Voila que tu m'intrigues, alors quel est son nom ?

- C'est lui, père, c'est Leofric qui est revenu à moi. Il a une cicatrice à l'encolure, l'endroit exact où Leofric à reçu le coup qui l'a tué. 

- Le Dieu Chrétien t'a donc béni de son retour, puisse t-il te protéger lorsque je ne le pourrai plus."

Abîmés par le maniement de l'épée, Uhtred passa ses doigts sur la cicatrice indiquée par sa fille. Elle avait raison. L'endroit était le même. Et il éprouvait un grand respect, autant qu'une grande confiance en ce cheval. Il ne pouvait réellement expliquer ce sentiment par la parole, mais il le ressentait lui aussi. Il ressentait la présence de Leofric. 

" Uhtred ! Daegan ! interpella t-on."

Tous deux se retournèrent. A plusieurs pas, appuyé sur le bras d'Uhtred le Jeune, Pyrlig marchait. Ses jambes étaient encore lourde, et sa blessure douloureuse, il peinait à se maintenir droit, mais il était en vie et sur ses deux pieds. Le sourire gagnant leurs lèvres, père et fille s'approchèrent du religieux et le prirent chacun, à tour de rôle, dans le creux de leurs bras. Le prêtre avait bien meilleur mine et cela était plus qu'une bonne nouvelle.

" Quelle joie de vous voir debout Pyrlig ! clama le guerrier. 

- Alors, tu l'as trouvé ? s'enquit Uhtred le Jeune en portant le thème de la conversation sur Brida.

- Oui, je savais où elle était. 

- Et maintenant ? Où est-elle ? 

- Elle a rejoint les Dieux.

- Tu as décidé de la tuer, Daegan tu aurais dû l'en empêcher lorsque tu es partit à sa suite, dit le jeune homme avec froideur.

- Non, je ne l'ai pas tué, tu avais raison. Mais...Je te raconterai. Pour l'heure j'aimerais que tu ailles voir ta sœur, elle est partit s'isoler dans la forêt. Je voudrais que tu la trouves, que tu lui parles et qu'elle nous suive, Daegan et moi, à Rumcofa. 

- Pourquoi est-elle partit dans la forêt ? 

- Elle pense qu'elle n'a plus sa place nul part, elle a tord. 

- Elle a beaucoup souffert Uhtred, intervint Pyrlig qui s'accrochait désormais au bras de Daegan. Peut-être vaudrait-il mieux la laisser en paix, plutôt que d'essayer de la commander.

- Je ne l'abandonnerai pas une fois encore, je ferai en sorte qu'elle ait sa place à Rumcofa. Et je jouerai enfin mon rôle de père. Sans laisser le mal atteindre un autre de mes enfants. 

- Ecoutes, reprit Uhtred le Jeune, tes intentions sont nobles mais il y a encore peu elle était Reine. Tu la crois prête à épouser un négociant de Rumcofa ? Et puis après ce qu'il s'est passé, ça ne peut plus être un refuge là-bas. 

- Quoi qu'il en soit, c'est tout ce qu'il me reste."

Le jeune frère tourna son regard que sa sœur ainée qui ne répondit que par un visage emplit de désolation. Elle aussi avait tenté de persuader son père de reprendre Bebbanburg, et non plus de se terrer à Rumcofa. Mais Uhtred restait persuadé que ce serait à elle de mener cette bataille, alors qu'elle savait que les Dieux avaient d'autres desseins. Pyrlig abandonna le bras de la femme pour reprendre celui d'Uhtred le Jeune, Daegan se retrouva tout à fait libre de ses mouvements. Voyant son père se détourner d'eux pour prendre la direction de la taverne, elle décida de prendre la même trajectoire, tout en glissant à son cadet qu'elle retenterait de parler à leur père. 

Rabattant ses longues boucles en arrière, la fille du guerrier pénétra dans l'auberge à la suite d'Uhtred. Tous deux furent vivement accueillit par Finan, Sihtric ainsi qu'Aethelstan. Les trois compagnons s'étaient assit à une table plus au fond de l'endroit et quelques chopes d'ale dormaient devant eux. 

" Ah ! Vous êtes tous deux vivants ! clama l'irlandais. 

- Eh oui ! ricana le guerrier en donnant une forte accolade à son ami."

Quant à Daegan ce fut dans les bras de Sihtric qu'elle vint se blottir un instant, jusqu'à ce qu'il dépose un baiser sur son front tandis qu'ils se séparaient. Elle en profita pour aller enlacer le bâtard d'Edward dont le soulagement peignait les traits. Avant de se fondre dans une embrassade amicale avec Finan. Ce dernier la souleva du sol en riant, comme si elle ne pesait que le poids d'une plume. Puis il hurla à ce que l'on serve à boire aux deux nouveaux arrivants tandis que Sihtric s'en était allé chercher deux tabourets pour eux. Chacun prit place autour de la table dans des expressions de joie.

" Et Brida ? questionna alors le bâtard de Kjartan.

- Non, répondit Uhtred alors qu'un voile de tristesse passa sur son visage comme un nuage traversant le ciel.

- Je sais que tu as fait ce que tu pouvais, au moins c'est terminé, rassura Finan. 

- Tu as suivit la voie que tu devais suivre Uhtred, appuya Aethelstan. 

- Maintenant il faut te reposer, il faut vous reposer tous les deux, rester au calme.

- Oh que oui, Finan, justement ! Je me disais que...Qu'il était temps que l'on aille retrouver la paix de Rumcofa, j'ai promis à vos familles que je vous ramènerai. Le danger est écarté, on peut oublier le Wessex, se renflouer gentiment grâce à la taxe sur la rivière. Rosser les pilleurs, retrouver notre vie d'avant. 

- Père, commença Daegan en reposant sa chope d'ale qu'elle buvait goulument. Je ne retournerai pas à Rumcofa. J'ai pris ma décision.

- Nos familles se sont réfugiers au Wessex, elles sont installées et nous attendent là-bas, ajouta Sihtric.

- Ce que l'on avait à Rumcofa n'existe plus. On doit laisser les morts, là où ils sont, appuya Finan."

L'irlandais et la femme croisèrent leurs regards. Tous deux savaient qu'ils n'auraient guère la force de retourner sur les lieux de la mort d'Osferth. La blessure commençait à se refermer pour chacun d'eux, mais elle restait encore virulente dans les mémoires et les cœurs.

" Cela reste un lieu où l'on peut vivre, et bien vivre. Tous le monde, nous, nos familles. Aethelstan, tu t'y plaisais ! 

- C'est vrai oui, et je souhaites que l'on reste ensemble naturellement.

- Oui, je veux que tu viennes.

- Mais, je souhaites aussi servir mon père. Il compte sur ma loyauté et je dois dire...

- Je comprends, dans ce cas, tu nous rendras visite. 

- Non, écoutes, Uhtred, on est des frères et c'est pour la vie quelque soit les épreuves, nous on te suivra jusqu'à la mort, tu le sais, insista Finan.

- Seulement là, seigneur, tu ne fais pas le bon choix, souligna Sihtric. C'est fini pour nous Rumcofa, là-bas, il y a trop de souvenir qui nous rappelle ce que l'on a perdu. Je ne veux pas imposer à ma sœur de vivre dans un lieu où son ami le plus cher a trouvé la mort.

- Mais on ne peut pas errer éternellement! Nos enfants ont besoins d'être chez eux, quelque part, avoir leur havre à eux ! 

- Uhtred, pourquoi tu t'acharnes ? 

- Stiorra me tournes le dos, Finan, je dois lui offrir cet espoir. Venez avec moi."

Il y eut un silence. Quelques regardes s'échangèrent, et la décision, malgré des refus sans mot, se décida à être annoncée. Ce, malgré le douloureux contrecœur.

" Bon, si tu l'ordonnes, on te suivra mais est-ce que tu es sûr qu'il n'y a rien d'autre à envisager ? 

- Bebbanburg, lança Daegan.

- Ne dis pas cela.

- C'est la vérité, père ! Tu dis que ma Destinée serait de reprendre Bebbanburg et moi je dis que non. Cette forteresse t'a été volée à toi ! Pas à moi. Cesses de te cacher derrière le souvenir de la mort de Beocca. C'était il y a longtemps, désormais nous savons que nous devrons être plus préparé, et nous le serons.

- Ne dis pas de sottises ! 

- Quoi qu'il arrive, je n'irai pas à Rumcofa.

- Tu es sous ma tutelle, tu n'as guère le choix et je décide que nous y retournerons. Je suis persuadé que nous y trouverons une paix insoupçonnée."

Au lendemain matin, après avoir passé une nuit plus reposante dans sa couche que sur la terre dur, Daegan arpentait Eoferwic et constatait à quel point les habitants avaient fuit. Personne ne voulait être sous la coupe de Rognvaldr. Ce qu'elle comprenait aisément. Le temps était plus chaud que la veille, aussi avait-elle opté pour une chemise plus légère qu'elle avait glissé sous son pourpoint de cuir. Nulle épée au ceinturon, elle profitait simplement d'une promenade matinale. Ce qui était des plus agréable. Or, elle se retrouva soudain vivement bousculée par un enfant aux boucles blonde. Elle lui lança un étrange regard qui fit déglutir le petit avec grand bruit. Une épée de bois entre les mains, et une cape au capuchon sur les épaules, la femme se voyait à travers lui. Elle se voyait encore toute jeune, courant dans les couloirs du palais du Roi Alfred pour se jeter dans les bras de Leofric car Igor le marchand désirait lui trancher un doigt. L'insouciance de ces jours lui manquait. D'autres enfants s'approchèrent alors d'elle, tous des garçons hormis une fillette qui, elle aussi, tenait une épée de bois. Posant une main sur son ventre, la fille d'Uhtred inspira pour reprendre contenance et leur sourit avant de faire un pas pour poursuivre son chemin.

" Est-ce vous ? questionna la voix de la fillette."

Daegan fit volte-face et planta ses yeux bleu dans les pupilles verte de l'enfant.

" Moi ? 

- La Femme Au Bouclier, celle qui combat pour le Roi, est-ce vous ? 

- Je combats pour mon père, pas pour le Roi.

- Mais vous êtes dans les murs de boucliers et frappez l'ennemi de votre lame.

- Oui.

- Pourrai-je être comme vous lorsque je serai plus âgée, pourrai-je être une Skjaldmö ?"

Un frisson parcouru le corps de la femme. Jamais l'on avait employé ce terme, plus qu'honorifique, pour la décrire. C'était un terme qui désignait les Femmes Aux Boucliers, celles dont les exploits étaient fêtés par les Valkyries. S'accroupissant devant la fillette, Daegan lui porta toute son attention.

"Quel est ton nom ? 

- Freydis Eriksdottir. 

- Tu pourras être tout ce que tu souhaites, Freydis Eriksdottir, et si tes pas te mènent sur le champ de bataille, j'espère que nous combattrons ensemble."

Toutes deux se sourirent avant qu'elles ne quittent leur propre compagnie et que chacune s'en aille à sa voie. Le sourire ne quittant ses lèvres, la fille d'Uhtred peinait à croire qu'elle était devenu un symbole pour cette fillette. Or, son sourire se perdit lorsqu'elle entendit une voix appeler son nom avec insistance. Tournant les talons, elle aperçu la silhouette de Dame Aelswith qui accourait auprès d'elle. La veuve d'Alfred, sans honte, enlaça la femme contre elle. Et commença à lui conter ses dernières aventures. Elle lui raconta qu'elle avait arrangé un mariage entre Aelfwynn et le jeune Danois, Cynlaef, mais qu'Aelfwynn avait été dupée et enlevée par des hommes d'Aethelelm, de même qu'elle et Eadith. Toutes trois avaient cru leurs dernières heures arriver, lorsqu'elles avaient mit au point un plan d'évasion. Aelswith raconta avec quelle bravoure elle avait plongée une dague dans le cou de l'un de ses ravisseurs, en faisant vivement gicler le sang.

" Je ne portais pas de gants, vous rendez-vous compte ? 

- Mais où sont donc Aelfwynn et Eadith ? s'enquit Daegan.

- Eadith est ici avec moi, mais ma pauvre Aelfwynn a été prise malgré tout et emmenée je ne sais où. Mon fils se refuse à lui porter de l'aide.

- Je dois dire que je ne comprends plus votre fils depuis bien longtemps, mais pourquoi donc avez-vous tant accouru auprès de moi.

- Et bien, pour recourir à l'aide qu'Edward ne désire pas m'offrir afin de retrouver la trace de ma petite-fille. Vous êtes douée pour cela, vous avez été le meilleur assassin que je n'ai jamais employé. 

- En avez-vous employez beaucoup ? 

- Non, je dois l'avouer, vous avez été la seule mais j'ai besoin de votre aide, Daegan. J'ai besoin de vous. 

- Il y a bien longtemps que j'ai arrêté cela.

- Mais je vous sais discrète et fouineuse, je sais que vous pourrez m'aider. Vous êtes mon dernier espoir. Aethelflaed était l'une de vos amies, n'abandonnez pas sa fille. Je vous le demande, en tant que, moi-même, amie. 

- Amie ? Vous et moi ? 

- J'ai beaucoup d'estime pour vous, Daegan. Les années m'ont appris à vous connaître. Je vous apprécie, et je ne dis guère cela par désespoir pour que vous m'aidiez dans mes recherches. Je le dis avec sincérité. De même que je commence à avoir de la sympathie pour votre père. Mon époux, Alfred, a vu quelque chose en vous deux. Des choses que je vois désormais. Et je dois avouer que vous me rappelez Aethelflaed, alors veuillez accepter mon amitié.

- Je l'accepte, Dame Aelswith, et je vais voir ce que je peux faire pour vous.

- Peu importe en quels Dieux vous croyez, qu'ils vous bénissent tous, s'enthousiasma la veuve d'Alfred en baisant les mains de Daegan."

*  *  *

Auprès des écuries d'Eoferwic, tirant avec force, Uhtred s'attelait à seller son cheval. Ses bagages avaient été rassemblées, ses hommes étaient presque prêts, et Daegan ne tarderait sans doute guère, bien qu'elle se refusait de le suivre. Peu désireuse de vivre là où Osferth avait trouvé la mort. Mais elle restait sous sa tutelle, ainsi ce serait ensemble qu'ils rentreraient à Rumcofa et y couleraient de nouveau de paisibles jours. Ils festoieraient sans se soucier du lendemain, leurs lames ne serviraient qu'à la chasse et l'ivresse aurait toute joie d'être fêté. Une vie simple, calme, c'était là ce qu'il fallait à tous. 

"Uhtred, interpella t-on."

Tournant son regard, le guerrier observa la silhouette du seigneur Aldhelm s'approcher de lui. Il semblait que, malgré lui, l'homme soit devenu le conseillé d'Edward. Alors que quelques mois plus tôt, il clamait à la liberté. 

" Vous n'avez qu'à dire ce qu'il vous faut, la Mercie pourvoira, assura celui-ci.

- Je ne pars pas à la recherche d'Aelfwynn, asséna le frère de Ragnar.

- Vous devez y aller, Edward a refusé.

- Navré, je ne peux rien pour la Mercie, s'excusa Uhtred alors que des soldats hurlaient à ce que les portes soient ouverte pour un visiteur. Le Roi finira bien par cessé de s'entêter, je vous prie de croire que j'ai mes raisons.

- Je le conçois, mais je vous en conjure tentez au moins de le convaincre. Je n'ai pas pu le faire plier et vous, quoi qu'il en dise, il vous écoute. 

- Cela dépend de l'humeur du Roi, je ne parierai pas sur le fait qu'il écoute mon père, intervint Daegan."

Les doigts accrocher à son ceinturon où reposait Dent-De-Loup, la femme s'approchait d'un pas trainant. Ses longs cheveux bouclés lui tombaient le long du buste, venant le recouvrir comme une couverture. Jamais l'on avait vu pareille chevelure auparavant. Perdant ses mots, Aldhelm devint muet et se plia à la contemplation de la fille d'Uhtred. Elle était belle, bien trop belle. Elle dépassait la beauté qu'avait pu arborer le Dame de Mercie, du moins aux yeux du conseillé du Roi. Il en sentit ses mains devenir moites, et son cœur battre plus fort. Il avait beaucoup réfléchis, et aimait plus que tout la compagnie de Daegan. Il se sentait à son aise avec elle, et ne pouvait en décoller le regard lorsqu'elle était trop proche. La cherchant sans cesse dans la foule pour avoir la chance d'apercevoir, ne serait-ce, un morceau de sa silhouette. C'était une étrange évidence qui le frappait depuis que tous s'étaient installés à Eoferwic. Depuis que la femme et lui, avaient passé la nuit des funérailles de Sigtryggr cote à cote. Il avait confié des choses qu'il n'avait dit à nul autre, des souvenirs passés qu'il ne songeait guère ressasser. 

" Seigneur Aldhelm ? interrogea Daegan en fronçant les sourcils d'interrogation en voyant l'homme la détailler sans mot dire."

Uhtred, le rictus en coin, s'était reculé d'un pas. Il avait assez connu l'amour pour le comprendre. Il connaissait les regards et les signes. Et il les avait décelé depuis bien longtemps parmi les deux individus qui se faisaient face.

"Mariez-vous avec moi, dit Aldhelm d'un traite et la voix chevrotante d'angoisse.

- Je vous demande pardon ? s'enquit Daegan tandis que son visage se décomposait de surprise."

En venant rejoindre son père, après avoir promis à Dame Aelswith de se renseigner quant à l'enlèvement d'Aelfwynn, elle ne s'attendait nullement être ainsi demandée en mariage. Pourtant, elle dût cacher ses mains qui commençaient à trembler d'émotion. Une vague chaleur lui prit le corps et lui monta au visage. Elle peinait à dissimuler son trouble. C'était une demande des plus inattendue, 

"Mariez-vous avec moi, répéta l'homme. Je veux dire, si le seigneur Uhtred m'autorise à demander la main de l'ainée de ses filles. Je ne voudrais guère vous offusquer, Uhtred.

- Je n'ai pas le moindre mot à dire sur cela, je sais que vous êtes un homme bon et honnête, vous avez ma bénédiction quoi qu'il arrive, mais c'est à Daegan de déclarer son choix. 

- Pourquoi voulez-vous me prendre pour épouse ? interrogea la femme trop perturbée d'être ainsi désirée."

Avançant d'un pas, Aldhelm engloutit la distance qui le séparait de la sœur de Sihtric, Prenant plus que son courage, son audace, il empoigna les mains de Daegan dans les siennes et tous deux plantèrent leurs regards dans les pupilles de l'autre. Levant la tête pour pouvoir observer le visage de son prétendant, la fille d'Uhtred sentit ses cheveux lui caresser le bas de ses cuisses tandis que le vent en faisait voler quelques boucles. C'était une brise fraiche, mais elle n'en sentit guère sa froideur en ce jour.

" Parce que vous me gardez en vie depuis la mort de dame Aethelflaed, et lorsque vous êtes loin je n'ai de cesse de m'inquiéter même si je sais que vous êtes l'une des meilleures lames du royaume. J'ai confiance en vous, j'aime votre compagnie, votre présence à mes cotés me rend fière et parfois fougueux, j'aime vous voir sourire, rire. Vos mots sont une mélodie que j'aimerais écouter chaque seconde. Le plus grand honneur pour moi serait de mourir pour vous sur le champ de bataille. J'ai peiné à le voir et à le comprendre, il m'a fallu grand temps mais je le sais désormais, je vous aimes Daegan."

Il y eut un silence. La bouche entre-ouverte, la femme ne savait que répondre à de tels mots. Jamais on ne lui avait fait pareille déclaration, et encore moins une aussi sincère. Elle avait pu observer l'éclat brillant des yeux d'Aldhelm lorsqu'il s'était prononcé, elle avait vu ses joues se teinter d'un rose qu'elle ne lui connaissait guère. Elle avait sentit la moiteur de ses doigts, se mélanger à la sienne. Le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, Daegan brulait de prononcer son accord. Mais le glaçant poignard vint s'enfoncer dans ses entrailles. Son léger sourire disparu, ses traits se décomposèrent dans une expression de malaise. Aldhelm était un homme trop bon et trop dévoué, elle ne méritait pas un tel amour. Bien qu'elle le partageait. Mais le déshonneur la suivait comme une ombre, et ce malgré les mots de son père et de son frère. Rien ne pouvait déjouer l'humiliation, la honte et la malédiction qui la suivait. Sa pureté avait été volée, c'était un grand péché, un sacrilège et une infamie. Aldhelm ne méritait guère de vivre avec une femme dont la virginité n'était plus. Il méritait une femme à la grande vertu, au cœur pure et non consumé de chagrin. Il méritait un infini bonheur au coté d'une épouse respectable.

"A moins que vous ne trouviez que je sois trop vieux pour vous, dit l'homme en voyant le visage décomposé de Daegan.

- Non, bien sûr que non, je..."

Le fille d'Uhtred ne savait comment le dire sans mettre au grand jour son agression. Il lui faudrait trouver les mots exact pour ne point se lier à Aldhelm, car elle ne pouvait lui imposer les épreuves de sa vie. Il cherchait un bonheur qu'elle ne pourrait lui offrir. 

" Seigneur Aldhelm ! interpella t-on.

- Pas aujourd'hui, grogna l'homme dans un souffle sec."

Lâchant les mains de Daegan, il se détourna d'elle afin de faire face à celui qui l'avait interrompu dans la plus grande demande de sa vie. C'était là le père Bénédict qui s'y trouvait. Le visage en sueur et la respiration courte, le religieux semblait avoir fait grand voyage.

" Pourriez-vous m'introduire auprès du Roi ? demanda ce dernier. 

- Je vous ferai appeler au moment opportun, congédia Aldhelm désireux d'en finir au plus vite avec cette conversation.

- C'est une question urgente, insista le prêtre. Le seigneur Aethelelm fomente une rébellion.

- Oui, nous le savons, nous briserons ses plans. 

- Ca je n'en suis pas certain. Sachez qu'il a l'armée Ecossaise avec lui. Il a conclut une alliance avec Constantin et lui a offert la main de Dame Aelfwynn. 

- C'est logique, souffla le conseillé du Roi en voyant les pièces du puzzle se mettre en ordre. Oui, elle doit servir de monnaie d'échange. 

- Comment le savez-vous ? intervint Uhtred. 

- Je l'ai entendu de la bouche d'Aethelelm lui-même. J'ai escorté le seigneur Aelfweard jusqu'à son grand-père, avoua Bénédict d'un air coupable.

- Cela fait de vous un ennemi du Roi, dit Aldhelm avec dureté.

- Je le sais, je subirai de bonne grâce le châtiment qu'il convient. Mais face à une menace de cet ordre, je ne pouvais fermer les yeux. Aethelelm veut la guerre et les Ecossais le suivent, si les royaumes Chrétiens venaient à s'affronter alors tout espoir serait perdu, je le crains.

- Bien, partez, allez vous mettre à l'abri. Je vais transmettre votre message, déclara le conseiller du Roi en graciant ainsi le religieux d'un châtiment."

D'un pas songeur, Uhtred s'en était retourné auprès de son cheval afin de terminer de le préparer au départ. Daegan était sur ses pas. Si le guerrier se tâtait à rester pour soutenir le Wessex, la femme, elle, était absorbée par des questionnements. Elle partageait l'amour d'Aldhelm. Elle se sentait bien à ses cotés, était troublée par sa présence, et le savait respectueux, digne et loyal. Il aurait été l'époux parfait. L'homme qu'elle avait vu en Edward puis en Ivar au départ. Si ces relations s'étaient grandement mal terminées, la sœur de Sihtric sentait que Aldhelm était différent. Il avait aimé Aethelflaed durant des années et il l'accompagnait pourtant voir son père lorsque tout deux partageaient leur couche. Il les avait toujours protégé pour que la Dame de Mercie ne subisse aucune conséquence. Il n'y avait pas plus respectable que lui. Tout son contraire à elle.

" Est-ce que je mérite d'être aimée ? interrogea subitement Daegan à l'intention de son père."

Haussant un sourcil, le guerrier se retourna pleinement auprès de sa fille, abandonnant son activité. 

" Evidemment, répondit-il sans détour, tu as toujours prit soin des autres, il est temps que tu penses à toi. Je veux te revoir sourire comme avant. 

- Mais, il faudra bien que je lui avoue mon déshonneur, cela me salit et me ternit aux yeux de n'importe quel homme. Je ne peux lui infliger un tel fardeau. 

- Dans le regard du seigneur Aldhelm je n'y ai vu qu'amour et bienveillance, il comprendra ton épreuve, et il t'aidera à surmonter ce déshonneur qui te hante depuis trop longtemps. Tu ne peux pas passer ta vie à te priver du bonheur à cause d'Ivar Le Jeune. Tu es Daegan fille d'Uhtred, et sœur de Sihtric, son sang coule dans tes veines. Tu es digne d'être aimée, et de jouir d'une vie paisible. Tu es une guerrière qui combat ce viol depuis des années, il est temps de lui trancher la gorge et de l'envoyer dans le Niflheim avec Ivar. Humilie ce Danois en acceptant de vivre comme tu le souhaites. Ce combat est sans doute le plus dur que tu aies eu à mener, mais je sais que tu vaincras. Et qu'importe ta décision, je serai là pour te soutenir, te défendre ou te regarder t'unir à l'homme qui te plait.

- Merci père, soupira Daegan dans un sourire tout en prenant la main du guerrier."

Or, les projets de mariage risquaient grandement d'être remit à plus tard. Car la Destinée rattrapait Uhtred plus vite qu'il ne l'aurait songé. Tandis que père et fille avaient échangés, Aldhelm et Bénédict en avaient fait de même. Et seules quelques phrases firent basculer la décision du frère de Ragnar concernant son retour à Rumcofa. 

"Et Aethelelm, où se trouve t-il ? demanda le conseillé du Roi.

- Dans une forteresse du nord, qui a pour nom Bebbanburg. Il est l'invité du seigneur Wihtgar."

Uhtred et Daegan croisèrent leurs regards sous la surprise d'une telle révélation. Tous deux savaient qu'ils ne quitteraient pas Eoferwic en ce jour. Bebanburg tendait les bras. L'heure de reprendre l'héritage du guerrier approchait. Les Dieux avaient planifiés cela depuis bien longtemps. La vengeance pour le Père Beocca sonnait comme une épaisse et lourde cloche. Sans doute était-il temps d'accomplir le serment qu'Uhtred avait fait, devant les grandes portes de Bebbanburg, lorsqu'il était encore jeune homme.

*   *   *

Une jambe relevée sur le banc de bois sur lequel elle prenait place au coté de son père, Daegan regardait ce dernier se torturer l'esprit. Uhtred ne savait que faire. Il ignorait si il devait tenter, à nouveau, de reprendre son héritage ou bien de choisir une sécurité et de rentrer à Rumcofa. Bien que les Dieux semblaient tous le tourner vers sa forteresse où il avait vu le jour. Il ne savait si l'on se jouait de lui, ou si on lui offrait un dernier espoir.

" Qu'est-ce que cela veut dire, qu'est-ce que vous voulez ? marmonna le guerrier en se massant les tempes. 

- Vous parlez tout seul, Uhtred ? A moins que vous ne priez, car je n'ai pas l'impression que votre fille soit grandement à votre écoute."

La femme laissa un rictus lui échapper tandis que son père et elle se levaient de leur banc pour aller à la rencontre de leur interlocuteur qui s'approchait à pas lent. C'était là le père Pyrlig. Voir son visage offrait plusieurs souvenirs du père Beocca, et cela réchauffait le cœur. Et ses paroles n'étaient guère hasardeuse, car Daegan n'écoutait guère réellement les ruminations d'Uhtred. Pour elle, l'affaire était déjà pensée. Il fallait reprendre Bebbanburg. En revanche, ce qui lui torturait ses pensées à elle, c'était bien la demande en mariage d'Aldhelm. Elle n'avait put formuler de réponse, positive ou négative, les obligations avaient prit le pas sur celle-ci. C'était un tourbillon de pensées qui l'assaillaient. Et le guerrier devait sans doute être dans le même cas, or leurs sujets de tourment étaient différents.

" Je dois être maudit, soupira Uhtred.

- Moi je pourfend les malédictions, ricana Pyrlig en tapotant les épaules du père et de la fille. C'est une idée de vieux prêtre ou quelque chose vous perturbe ? interrogea t-il en prenant place sur le banc car se tenir debout le faisait encore souffrir par sa blessure. 

- Aethelelm s'est allié avec les Ecossais pour prendre la Northumbrie, et il lancera sa rébellion depuis Bebbanburg."

Sortant de sa gorge, le religieux émit un rire franc et presque moqueur. Cependant, Uhtred ne prit guère cela comme une offense, il en sourit même.

" Ca alors, oui, cela est un étrange coup du sort ! 

- Cela n'a rien d'étrange. Les Dieux s'amusent et se rient de moi. Ils tentent de me détourner de ma famille. 

- Moi je pense que tout au contraire, cela rassemblerait notre famille. C'est en reprenant un héritage que l'on rétablie l'ordre, intervint Daegan en prenant place à coté de Pyrlig. 

- Je suis d'accord avec les sages paroles de Daegan, et puis pourquoi feraient-ils cela ? Ont-ils des raisons de vous en vouloir ? 

- J'avoue que je ne l'ai jamais comprit ! déclara le guerrier en levant les bras au ciel. Tout ce que je sais c'est que j'ai passé le plus clair de ma vie à me battre pour le Wessex et c'est ce qui m'a coupé de ma famille. Stiorra affirme que c'était mon choix, mais je n'en suis pas si sûr. Parfois je me dis que mon Destin est d'errer sans avoir aucun but. 

- Vous avez magnifiquement servit la maison de Wessex.

- J'ai travaillé dur pour l'ambition d'Alfred, oui, de cela les miens n'en ont tirés que des souffrances.

- Vous avez connu Aethelflaed, et votre chemin vous a mené à croiser celui de Daegan, vous y avez gagné une fille. Une enfant fidèle, qui rendrait fière plus d'un père.

- Puis on m'a enlevé Aethelflaed, et ma loyale fille a connue bien trop de souffrance et de peine sans que je puisse la protéger, soupira Uhtred en prenant assise avant de passer un bras autour des épaules de son enfant. Les Dieux sont cruels. Et voila ce qu'ils m'envoient.

- Certes la vie est une grande épreuve, mais mon Dieu ne souhaites pas votre échec. Peut-être faut-il voir dans tout cela la trame d'un projet bienveillant. Peut-être qu'au fond, vous n'avez pas à choisir, entre votre Destinée et l'ambition d'Alfred. Entre vos enfants et les siens. Et si il s'agissait de servir les uns et les autres ? 

- Je ne peux pas servir deux maitres ! grogna le frère de Ragnar. 

- Non, dites-vous qu'il n'y a qu'un seul maitre, un Dieu unique, une Destinée. Plusieurs branches, un seul arbre, dit Pyrlig en mimant ses mots avec l'une de ses mains.

- Cette croyance là n'est pas la mienne. 

- Alors croyez en moi car j'insiste. Réfléchissez-y ! Vous reprenez Bebbanburg et empêchez que la Northumbrie ne tombe aux mains des Ecossais. Et enfin vos enfants pourront jouir du domaine qui est le leur. 

- Donc, ce que vous dites, c'est que ma Destinée est de faire l'Angleterre pour le Roi ? Que Bebbanburg se refusait à moi pour une raison précise ?

- Qui sait ? 

- Votre Dieu a le sens de l'humour. 

- On dirait bien oui. Avez-vous envie de répondre à cet appel ?"

Daegan fronça les sourcils en voyant son père tourner sa langue dans bouche. Elle avait été plus spectatrice qu'autre chose durant cet échange, mais certains mots de Pyrlig résonnèrent pour elle aussi.

" Je suis prête à aller me battre pour Bebbanburg, tu n'as qu'à donner ton accord et je me jucherai sur Leofric pour partir vers la Northumbrie. Alors ? As-tu envie de chevaucher aussi ? questionna t-elle malicieusement.

- Mais oui j'en ai envie, évidemment ! clama Uhtred. Mais est-ce la voix de la Destinée ou celle de l'arrogance ? Et si les Dieux me tentaient pour me faire chuter ? Si ils tissaient les fils du filet qui me prendra ? C'est peut-être juste un jeu pour eux. Et si la fois où j'ai échoué représentait un signe que j'aurais tord d'ignorer. Quand le père Beocca m'a...

- Ca c'était un signe que Beocca croyait en votre mission, coupa Pyrlig. Mais vous ? Y étiez-vous prêt ?

- Je me sentais aussi prêt à l'heure qu'aujourd'hui. Et si j'échouais encore ? 

- Et si on y arrivait ? questionna la femme avec aplomb. 

- Si jamais vous échouez ? Si vous vous faites tuer, qu'est-ce qu'il se passe ? poursuivit le religieux.

- Je perds ma réputation, les miens se retrouvent sans but, ni protection. La honte me poursuit jusqu'au Valhalla. 

- Il n'y a pas de honte au Paradis, Uhtred. C'est ça qui est beau. Alors voici mon conseil, acceptez de voir que Dieu est de votre coté et que vous n'êtes pas seul sur le chemin.

- Je n'y crois pas à ce Dieu, je crois aux Dieux Danois, dit le guerrier dans un rictus. Merci pour votre gentillesse Pyrlig, je veux vous donner raison. Disons que les Dieux sont de mon cotés.

- Alors on s'en va reprendre Bebbanburg ? s'exclama Daegan en se mettant debout d'un bond. 

- J'en ai bien l'impression."

Tirant Dent-De-Loup de son ceinturon, le femme poussa un hurlement de guerrière avant de frapper sa poitrine du pommeau de sa lame. En cet instant, Uhtred revit Daegan enfant. Il se rappela son enthousiasme constant à guerroyer, alors même qu'elle n'en était pas à sa dixième années sur terre. Voir qu'elle n'avait guère perdue son âme d'enfant guerrier, le frère de Ragnar y vit le signe que cela était le réel bon moment pour reprendre sa forteresse. Il avait la possibilité d'offrir un héritage et un lieu de vie à sa famille. Peut-être que même si il y trouvait la mort, la honte ne le poursuivrait guère au Valhalla. 

*  *  *

Appuyés sur le bord d'un abreuvoir pour les chevaux, Uhtred et Daegan attendaient le passage du Roi. Ce dernier s'attelait à quitter Eoferwic et se donnait à plusieurs préparations. D'où la raison pour laquelle on ne pouvait le trouver siégeant sur son trône, ou a un quelconque endroit. Or, Edward était sortit un instant pour faire le tour de la cour de la cité et s'assurer que plusieurs malles aient été mises en chariot ainsi que d'autres préparatifs au départ pour Winchester. Pour le père et la fille, ce serait sans doute leur unique chance d'avoir l'attention du souverain du Wessex. 

" Alors tout devrait être prêt pour demain matin, dit le Roi à Aldhelm tandis que tous deux s'en retournaient sous le toit de l'ancienne demeure de Sigtryggr.

- Sire ! interpella Uhtred et Daegan d'une même voix.

- J'ai été informé de ce qu'il se trame au nord, dit Edward sans même ralentir le pas."

Peu décidé à lâcher l'affaire, et bien lancé pour annoncer le plan de leur futur, le guerrier et sa fille emboitèrent le pas au souverain. La femme dut se concentrer pour ne point croiser le regard de celui qui lui avait demandé sa main. Rien ne devait la détourner de son chemin, d'autant plus que sa décision quant à ce mariage était prise. Plus rien ne pouvait la repousser en arrière, et l'angoisse lui tordait déjà les tripes. 

" Oui, mais pas de mon plan, dit Uhtred. Je sais comment reprendre Aelfwynn et capturer Aethelelm.

- Ainsi que je l'ai dit à ma mère, j'entends prendre du recule, nous rentrons au Wessex.

- Ecoutez mon père, sire, asséna Daegan."

Le Roi cessa le pas et daigna se tourner auprès d'eux.

" Je vous proposes une solution, prononça le guerrier.

- Il n'y a à tout cela aucune solution satisfaisantes. Aethelelm attend que j'accours pour le combattre, c'est très certainement un piège.

- Je sais, mais nous avons l'avantage. Le père Bénédict nous a dit ce qu'il manigançait. On a l'occasion de les frapper par surprise. Ce serait idiot de ne pas la saisir.

- Soyez assuré que je ne suis pas idiot. Mais je ne me laisses pas dicter mes actions par mes ennemis, dit Edward le ton sec avant de reprendre le rythme de ses pas.

- Divisez-les vos ennemis, en se hâtant on peut couper la route à Constantin avant qu'il n'atteigne Bebbanburg ! prononça Daegan.

- Si j'arrive à l'intercepter, si l'incursion n'a pas lieu alors...

- Aethelelm se retrouve sans allier à Bebbanburg, coupa Aldhelm en poursuivant les mots d'Uhtred et en comprenant son plan. Il contrôle peut-être la garde là-bas, mais ce n'est rien face  à l'armée de Mercie."

Tous les quatre entraient dans l'ombre de l'ancien foyer de Sigtryggr, Edward étant bien décidé à retrouver son trône. Sans qu'ils ne s'en aperçoivent réellement, Finan, Sihtric ainsi que Aethelstan, qui se trouvaient non loin, leurs avaient emboités le pas. 

" Vous pourriez entrer dans la forteresse ? questionna Aldhelm à l'intention du guerrier.

- Ce sera difficile, mais possible si on est en nombre. Je diriges les hommes du Wessex et on refoule les Ecossais vers la frontière.

- Alors Aethelelm sera obligé de se rendre et de restituer Aelfwynn.

- A l'avenir, qu'est-ce qui empêchera les incursions de Constantin ? questionna Edward en coupant court à l'enthousiasme. 

- Faites fortifier les terres au nord de Bebbanburg, et faites de mon père son gardien, répondit Daegan en croisant les bras sur sa poitrine."

Le Roi qui avançait jusqu'à son trône cessa soudain ses pas, et se retourna lentement auprès du petit groupe qui avait commencé à se former. Parmi celui-ci, Uhtred, sa fille ainsi que leurs compagnons, Aldhelm et dame Aelswith accompagnée d'Eadith qui s'étaient jointes dans un but bien précis. 

" Uhtred de Bebbanburg, le vieux rêve en somme. Vous les garderiez seul ? 

- Il ne sera pas seul, intervint Finan. On dirait qu'il n'est plus question de Rumcofa en fin de compte Uhtred ! 

- Dame Aelswith nous a prévenu que tu aurais certainement besoin de notre aide, après que ma sœur lui ait transmit un message annonçant tes plans, compléta Sihtric."

Uhtred, qui n'avait guère notifié la présence de ses amis jusqu'alors, leur fit face et leur tapota l'épaule avec grande amitié. Il n'y avait pas plus fidèle qu'eux en tant que guerriers et frères d'armes.

" Et voila la femme et les hommes vers qui je me suis tournée pour sauver Aelfwynn quand vous avez refusé de le faire, siffla Aelswith.

- Oui, merci pour cette initiative, dit Edward sans montrer signe de sympathie avant de reporter son attention sur Uhtred. Après votre décès, qui portera la garde là-haut ? Votre fils privé de semence, ou un enfant de Stiorra la Danoise ? Je ne parlerai guère de dame Daegan qui n'est pas de votre lignée et qui est également de sang Danois.

- Je ne peux parler pour ma fille cadette, en revanche, Daegan est de ma lignée même si le sang ne nous lie pas. 

- Non en effet vous ne pouvez parler pour Stiorra, et sans lien de sang, je ne peux considérer un éventuel enfant de Daegan comme un possible héritier. Bien si le plan d'Uhtred n'est pas sans attrait, je maintiens la marche à suivre, déclara Edward en allant prendre place sur son trône.

- Vous ne comptez donc pas empêcher ce mariage ? Edward ! tonna la veuve d'Alfred. 

- Je vais faire à Constantin une offre en échange de la tête d'Aethelelm. C'est l'Ecosse qui est pour nous la grande menace. La Northumbrie fait l'objet d'une âpre dispute entre deux royaumes. Sans accord sur cette question, il n'y aura pas de paix. Et ceux qui en souffriront ne seront pas les gens ici présent, mais les fermiers, les pêcheurs, leurs familles et tous mes sujets méritent mon attention. Elle n'est pas pour un seul. Et même si j'ai une dette envers un homme, son ambition passera toujours après la sécurité de mon peuple. Constantin à la réputation d'un homme qui s'attache à quoi qu'il puisse couter à la protection de l'Ecosse, dés lors, j'entends lui proposer un marché. Il s'unit bel et bien à Aelfwynn, se désolidarise d'Aethelelm et nous divisons la Northumbrie en deux. Puis créons une forme de fortification à la frontière Ecossaise. 

- Diviser la Northumbrie ? s'emporta Uhtred. Ces terres mes ancêtres se sont fait tuer pour elle, elles sont Saxonnes ! 

- Tiens, vous voila Saxon à présent. 

- Là-bas les gens parlent votre langue, sire ! insista Daegan.

- Mais il y a déjà eut deux royaumes Northumbriens. Les terres autour de Bebbanburg deviendront Ecossaises et Aethelelm cessera de nuire. 

- Quant à Aelfwynn elle doit être sacrifiée sans état d'âme ? disputa Aelswith. 

- C'est un choix déplaisant, mais raisonnable. 

- Si la Northumbrie est divisée, jamais vous ne parviendrez à bâtir le royaume idéal dont rêvait votre père. 

- Soit, Uhtred, mais en retour j'apporte la paix à un territoire à la fois plus unifier et plus étendu qu'au temps d'Alfred. Grace à moi, cesseront enfin les vagues sanglante que le peuple a tant à craindre. J'offres la protection d'un Roi qui ne prend pas la mort de ses sujets à la légère. 

- Je ne vois pas l'honneur dans un choix pareil, cracha Daegan.

- L'honneur ? Quand je me prive d'une occasion de m'approprier des terres pour la sauvegarde de mon peuple. Quand je mets de coté le rêve de mon père, le rêve de ma famille afin d'assurer notre prospérité ?

- Ce n'est pas de l'honneur, vous jouez les martyres ! tonna Uhtred. 

- Si les gens veulent me remercier en prière et bien libre à eux. L'ambition de mon père ne les a pas épargné, je corrige ce tord. 

- Il ne s'agissait pas d'ambition, mais bien de vision, clama la veuve d'Alfred. 

- Les visions sont des chimères que seuls les fous poursuivent."

Une main sur le cœur, Aelswith se cru défaillir en entendant de telles paroles de la bouche de son propre fils. Il insultait l'œuvre d'Alfred, l'œuvre d'une vie entière. 

" Je crois, moi, que vous avez peur de la guerre, de la mort, dit Uhtred. Vous avez peur !

- Seuls les fous ignorent la peur. Or, votre Roi n'est pas fou.

- Non ! Mon seigneur c'est injuste, se rebella Aldhelm. Vis à vis d'Aelfwynn et de tous les Saxons de Northumbrie, la Mercie leur doit sa loyauté. 

- L'intérêt de la Mercie est que la sécurité règne au sud. 

- Pas si cela doit être au détriment du nord. Aethelflaed, en cette heure, écouterait Uhtred. C'est ce que nous devons faire. J'ajoute que j'ai juré à votre sœur, que je protégerais Aelfwynn, je refuse qu'elle soit ainsi sacrifiée. Et l'armée de Mercie le refuse."

Sur ces mots, Aldhelm tourna le dos à Edward et fit quelques pas pour engloutir la distance qui le séparait d'Uhtred et ses compagnons. Gardant le regard droit, Daegan se refusait à croiser ses yeux, malgré qu'elle sentit un bref coup d'œil dans sa direction.

" Je me ranges au coté d'Uhtred, déclara celui-ci.

- A ce que je vois, seigneur Aldhelm, il n'y a pas que Aethelelm à se dresser contre moi. 

- Sauf votre respect, sire, résonna la voix de Pyrlig qui entrait à son tour dans le foyer appuyé sur le bras d'Uhtred le Jeune. Le seigneur Aldhelm n'est pas le seul à penser que vous avez tord. Il y a de braves gens en Northumbrie, c'est votre peuple. Ils ont droit à votre protection. Nous sommes avec Uhtred.

- Ce n'est pas tant que vous ayez tord mon fils, non, votre choix est simplement inadéquat en l'occurrence ! Et si vos arguments ont été entendu. Je vous engages à suivre le conseil du seigneur Uhtred. Votre père se fiait à son jugement, faites-en autant, déclara dame Aelswith."

Uhtred ne put réprimer un sourire en voyant la veuve d'Alfred, avec qui il avait eu tant de querelles et de médisances, se ranger de son coté. Et cela face à son propre fils. A l'inverse de ce dernier dont les traits du visage devinrent de marbre tandis que sa main, crispée, tapotait l'accoudoir de son trône. Ses bagues résonnaient dans le silence de l'instant. L'atmosphère se fit lourde, pesante et étouffante. Tous attendaient les mots d'Edward. D'aucun ne se risquait à parler, à plaider davantage ou à supplier. Les anneaux du souverain cessèrent de résonner contre le bois du trône. Les yeux froid, il se leva, sans quitter du regard l'attroupement qui s'était formé face à lui, et qui le défiait. 

" Aethelstan, mon fils, quel est votre avis ? dit Edward en se tournant auprès de ce dernier. Devons-nous attaquer les Ecossais et risquer des décennies de conflits, ou trouver un accord qui profite aux deux camps mais ne rend pas son domaine à Uhtred. 

- Rien ne t'obliges à répondre, Aethelstan, assura Daegan. 

- Si ! Il le faut ! Aelfweard s'étant montré déloyal, c'est Aethelstan qui pourrait être le Roi aux prises avec l'Ecosse. Je redemande votre avis, Aethelstan."

Le jeune homme déglutit sans bruit. Il n'était guère à l'aise, serait-ce lui qui ferait pencher la décision du Roi Saxon ? C'était une responsabilité qu'il n'aurait jamais songé avoir à Rumcofa, de même que la possibilité d'hériter du royaume de son père. Posant ses yeux sur Daegan, afin de chercher du réconfort, il aperçu la femme pointer son cœur et lui soumettre sans mot de parler avec ses souhaits. Et non avec les attentes d'Edward. Prenant une ultime inspiration, Aethelstan se lança à ses mots.

" La foi nous enseigne qu'il faut dire la vérité, qu'il faut rechercher la paix et l'unité de tous les Chrétiens. Abandonner certains des vôtres, diviser leur terre, c'est le contraire de l'unité. Je me ranges aux cotés d'Uhtred."

Sur ces derniers mots, le garçon rejoignit l'attroupement. Il se glissa entre Uhtred et Daegan. Cette dernière lui prit la main avec bienveillance, et sourit à celui qu'elle avait, jadis, élevé. Celui-ci lui rendit son sourire, avec plus que de sincérité. 

"On dirait que vous allez devoir changer d'idée sire, lança Finan d'un ton moqueur.

- Je vous l'avais dit, Uhtred, que vous n'étiez pas seuls."

Sihtric et l'irlandais échangèrent quelques rires en se tapotant le dos. Ils étaient parvenus à faire plier le Roi, et même Dame Aelswith (qui avait toujours rebutée leurs idées). Or, leurs hilarités prirent violemment fin lorsqu'un soldat Saxon attrapa Finan pour le jeter à terre et lui glisser une lame sur la gorge, tandis que le frère ainé de Daegan se trouva menacé de deux épées tranchantes. Sur la défensive, la fille d'Uhtred mit la main sur la garde de Dent-De-Loup, or son père lui intima de ne point dégainer afin de ne pas envenimer la situation. Bien que peu comprenait ce qui avait provoqué cette soudaine bagarre.

" Je ne tolérerai plus aucune provocation, déclara Edward qui n'avait point sourcillé montrant ainsi qu'il avait été l'instigateur des soldats Saxons. Je suis un Roi juste, mais j'écrases les fortes têtes. Songez aux sages de Mercie, songez à Sigtryggr. Les portes de la ville seront fermées pour tous. Nul ne pourra sortir sous peine d'exécution.

- Traitre et peureux, vous ignorez qui vous provoquez là, nous sortirons qu'importe vos ordres, siffla Daegan avant de cracher au sol. 

- La garde de Mercie de Mercie abattra les portes, appuya Aldhelm.

- Si vous voulez nous en empêcher, nous n'hésiterons pas à vous combattre. Nous retenir, c'est nous ôter notre avantage. Alors soit vous en êtes, soit vous restez croupir ici, mais à l'aube nous partons pour le nord, faites votre choix, tonna Uhtred."

Sur ces dernières paroles, tous tournèrent les talons, laissant Edward seul dans ce qui était le foyer de Sigtryggr autrefois. Daegan ne regrettait guère de se lever contre son amant de jadis. Leurs disputes constantes, leurs désaccords, tout avait été orchestré pour qu'ils en arrivent à cet instant. Dressés l'un contre l'autre, elle n'hésiterait guère à fendre son armée de sa lame, ou à défier Edward. Elle ne le craignait pas. Jetant un dernier regard empoisonné au souverain, la femme sortit à son tour, et la dernière, du toit qui abritait nombres de Danois quelques mois plus tôt. 

Debout sur le haut des escaliers de pierre qui menait à la demeure habitée par Edward, Daegan observait ses proches descendre les marches pour rejoindre la terre et se préparer à donner les nouvelles directives. Jetant un regard sur les remparts, elle constata que les Saxons avaient déjà prit leur disposition en fermant les portes, et montant la garde. Ils étaient plus armés que lors d'une bataille contre les Danois. Ainsi, la fille d'Uhtred se rappela quelques mots que Pyrlig avait employé plus tôt dans la journée. "Il n'y a pas de honte au Paradis" "Certes la vie est une grande épreuve, mais mon Dieu ne souhaites pas votre échec." "Acceptez de voir que Dieu est de votre coté et que vous n'êtes pas seul sur le chemin."  Chrétienne ou Païenne, Daegan peinait toujours à se définir. Cependant, elle croyait en la parole de Pyrlig, c'était ce qui avait fait basculer la balance dans son choix. Le cœur battant d'angoisse, la gorge aussi sèche qu'une terre aride, le teint blême et l'envie de dégobiller qui lui chatouillait la gorge, la femme ne pouvait bouger. Portant sa main à l'anneau de Leofric qui pendait à son cou, elle décida d'utiliser sa voix plutôt que son corps. Des choses devaient être dites, révélées même si cela lui ramollissait les jambes et l'effrayait plus que de se retrouver dans un mur de boucliers. C'était une épreuve plus dur encore. Mais il n'y avait pas honte au Paradis. 

" Aldhelm ! appela t-elle d'une forte voix tremblante."

L'homme se retourna, de même que Uhtred qui marchait à ses cotés. Il n'était pas dans les habitudes de Daegan d'interpeller d'un ton si fort au milieu de la cour d'une cité. Là où il y avait nombre de personnes, de soldats. Et là où ses proches se trouvaient. 

" Daegan, répondit celui-ci en montrant qu'elle avait toute son attention.

- Il y a plusieurs années, lors du siège de Winchester, j'ai aimé un Danois, Ivar le Jeune. Je le croyais bon, dévoué et loyal. Car c'était ainsi qu'il se montrait. Mais il était tout le contraire. Je ne peux guère vous épouser Aldhelm."

Le Mercien se raidit par ces mots. Il avait tant de sentiments inexplicable pour la fille d'Uhtred, et les songeait réciproque, qu'il n'avait pas douté de sa demande. Une demande qui lui avait prit un grand courage.

" Ivar m'a violé, déclara Daegan."

Ses proches amis, Finan (qui fronça les sourcils) et Pyrlig se retournèrent auprès d'elle tandis qu'ils avaient continués leurs chemins. De même pour Aethelstan et Sihtric. Ce dernier s'apprêtait à tout instant à défendre l'honneur de sa soeur si cela était nécessaire. Car cette déclaration avait été faite d'une voix si forte, que tous l'avaient entendu. Elle ne s'adressait plus seulement à Aldhelm, mais à tout un peuple. Or, c'était là ce qu'elle désirait. Car elle voulait se débarasser de cette ombre qui la suivait depuis trop longtemps.

 "Il a prit ma vertue, mon innocence, une part de mon âme. Il m'a volé la plus précieuse des choses que je pouvais offrir lors d'un mariage."

La douleur tordait le visage de la femme qui revivait, à chacune de ses paroles, ces moments aussi violents que maudits. Posant une main sur son ventre, elle ravala ses larmes et poursuivit.

" J'ai porté l'enfant d'Ivar le Jeune suite à ce viol. Mais je l'ai perdu peu après dans le sang. Seul mon frère, Sihtric, connaissait la vérité depuis le début. Il a fait sortir cet enfant mort de mon corps, à même le sol d'une forêt. Personne ne devait savoir, et Sihtric n'a rien dit. Mais j'attendais l'enfant d'un homme monstrueux certes, mais il était mon enfant et on me l'a enlevé. C'est la raison pour laquelle j'ai mit tant d'ardeur à élever Aethelstan et Cynlaef comme mes fils, car l'on m'avait privé du mon enfant."

La mâchoire de Finan se contractait tandis qu'il apprenait quel sorte d'horribles instants son amie qu'il avait connu lorsqu'elle était une enfant, celle qu'il protégerait jusqu'à la mort, avait subit. Il comprit également la raison pour laquelle la femme avait refusée tous les hommes qui s'approchaient d'elle.

" Je ne peux pas vous épouser Aldhelm, dit Daegan alors que les larmes qu'elle peinait tant à retenir s'écoulèrent malgré elle, car je suis poursuivit par la honte et le déshonneur. Vous êtes un homme bon, vous méritez une épouse digne, une épouse honorable, je ne suis pas cette femme. J'aurais pu l'être durant un temps, mais désormais c'est un vague souvenir. Pardonnez-moi de ne pouvoir vous offrir ce que vous désirez. Mais c'est mon fardeau, et je ne veux guère qu'il entache votre digne réputation."

Un silence s'installa, même auprès du peuple d'Eoferwic et de ses soldats. Jamais une femme n'avait ainsi avoué le déshonneur qu'elle avait subit. C'était un blasphème, une humiliation ! Elle se battait de son propre bâton. D'un mouvement commun, Sihtric et Uhtred s'apprêtaient à rejoindre Daegan. Cette dernière gardait la tête haute malgré ses yeux rougis de larmes et la main posé sur le ventre qui avait porté un enfant Danois, un bâtard mort dans le sang. Or, Aldhelm fut plus rapide à rejoindre la fille du guerrier. En bas des escaliers, tandis qu'elle se tenait en haut, leurs regards plongèrent l'un dans l'autre. 

" Que ce fardeau entache ma réputation, car votre déshonneur n'est rien que mon honneur. Un homme sans remord vous a volé une chose précieuse, il vous a marqué au fer chaud d'une honte que je ne vois guère en vous, mais en lui. Vous êtes une femme respectable, Daegan, vous êtes la femme que j'aime et je serai honoré de panser vos blessures, de vous aider à porter votre douleur qui vous accompagne depuis tant d'année. De restituer cette part perdue de votre âme. Pour moi vous êtes une femme qui a encore toute sa vertue, car vous ne l'avez pas donnée, elle est encore là, même si Ivar a tenté de vous l'arracher, il n'a guère triomphé. Votre enfant perdu dans le sang sera l'ainé et ne sera point oublié, mais j'espère, si vous me le permettez, vous offrir d'autres enfants. Et même si nous n'en avons pas, votre simple présence me suffit. Je le demande une fois encore, hormis si votre père Uhtred ou votre frère Sihtric m'en empêchent en me plantant une lame dans le dos car je ne peux vivre sans vous une journée de plus, alors voulez-vous être mon épouse ? "

Daegan, dont le visage baignait dans les larmes par les mots si doux et respectueux d'Aldhelm, tourna durant un instant son regard auprès de son frère et de son père. Tout deux souriant, ils ne s'opposeraient guère. Puis elle croisa le sourire barbu de Finan qui avait croisé les bras sur son torse, pour enfin laisser ses pupilles voler sur le jeune visage d'Aethelstan. La malheureux avait découvert une facette de la femme qu'il n'aurait jamais soupçonné mais il désirait qu'elle épouse le seigneur Mercien. Plus que tout, elle méritait le bonheur. Reportant son attention sur Aldhelm, elle lui sourit avant de se prononcer.

" Je ne rêve que d'être à vos cotés, je veux être votre femme Aldhelm, aussi longtemps que je respirerai sur cette terre, je le souhaites plus que tout, souffla Daegan."

Tombant dans les bras de l'homme qui devenait son fiancé dés l'instant, elle se serra contre lui comme si il était un mirage. Pyrlig avait raison, il n'y avait pas de honte au Paradis. Aldhelm était ce Paradis qu'elle avait perdue depuis longtemps. La lumière d'un soleil derrière les nuages, et la pierre brillante dans une rivière. Les Dieux lui avaient infligés un cruel Destin pour que tout arrive à cet instant précis. 

" Nous allons nous battre demain, nous ignorons l'issue de la bataille, mais je suis fière de combattre à vos cotés en sachant que je porte votre amour, dit l'homme en déposant un baiser sur le font de sa promise.

- Si l'on doit mourir demain, je veux mourir en tant que votre épouse, je veux être lié à vous dés à présent et pour toujours."

*  *  *

 Si le Roi Edward avait clos les grandes portes d'Eoferwic, cela n'avait guère été le cas de l'ancien sanctuaire des Dieux Païens que les Saxons avaient convertit en église Chrétienne. Une croix de bois siégeait fièrement sur l'autel, tandis que les représentations des Dieux Danois peinaient à être dissimulées derrière. Nul doute qu'avec le temps, le souverain du Wessex ferait en sorte d'en faire disparaître toutes traces afin qu'il n'y ait que la représentation de son Dieu. Les mains liés devant cet autel à la fois Chrétien et Païen, Daegan et Aldhelm se dévoraient du regard. Uhtred et Pyrlig les uniraient sous les regards de leurs proches. Finan l'irlandais, qui avait été amené par la mer. Sihtric le bâtard, qui n'avait été qu'un jeune Danois sot. Eadith dont la rencontre s'était faite grâce à Aethelflaed. Uhtred le Jeune, enfanté par Gisela. Aethelstan, l'enfant qui n'était personne. Et Aelswith dont la présence était sans doute l'œuvre de l'un des nombreux Dieux. Même par sa mort, Daegan sentait qu'Osferth était là aussi. Elle pouvait presque sentir son odeur, sa chaleur et son regard. Il ne manquait que Stiorra. Certes la femme aurait souhaité la présence de sa cadette, mais suite à leur récent différent, cela ne la peina guère plus que ça.

D'une forte voix, Uhtred qui ne cachait guère son sourire, prononçait les premiers mots qui liaient les fiancés. Jamais le guerrier n'aurait imaginé que l'ancien conseillé d'Aethelred ne vienne un jour à marier sa fille. Lorsqu'il avait foulé le sol de Coccham, il s'était montré hautain, amère et sa langue de vipère n'était guère loin. En ces moments là, Daegan portait encore l'habit d'un garçon et le statut. Elle était jeune, trop fougueuse et maladroite, trop rebelle. Mais la vie l'avait fait grandir pour être une Femme Au Bouclier. Uhtred verrait toujours en elle le petit voleur qui l'avait bousculé dans les couloirs du palais d'Alfred. Ce petit voleur que Leofric avait attrapé par la capuche. Ce petit voleur qui n'avait fait que voler une pomme. Son enfant, son ainée, lié non pas par le sang mais bien par les Dieux. 

Pyrlig se joint à son tour devant l'autel pour prononcer une prière Chrétienne car c'était là la religion d'Aldhelm. Ce dernier et Daegan ne s'étaient guère quittés du regard durant tout le cérémonial. La femme ne parvenait à croire qu'elle avait trouvé cet amour qu'elle cherchait tant. Un amour qui avait été là, proche d'elle, depuis son enfance. Un homme loyal, juste et respectueux. Edward et Ivar n'existaient plus. Seul Aldhelm comptait. Elle n'était plus une femme déshonorée. Elle était Daegan de Bebbanburg, fille d'Uhtred de Bebbanburg, et femme du seigneur Aldhelm, général des armées Merciennes. Elle songea qu'elle avait fait grand chemin depuis son étroit cagibi au dessus de la taverne à Winchester. 

"Amen, déclara Pyrlig en se signant."

Leur lien était fondé, devant les Dieux Païens et le Dieu Chrétien, tous avait été témoins de cette union. Collant leurs fronts l'un contre l'autre, ils se sourirent de soulagement et de joie avant de lier leurs lèvres pour la première fois. Epoux et épouse, qu'importe ce qu'il adviendrait dans la future bataille, ils mourraient unis par la mariage. De ce baiser s'ensuit des échos de réjouissances et de félicitations venant de ceux qui avaient assisté à l'union. Ils rirent, se donnèrent des accolades, et honoraient les mariés comme il se devait. Oubliant, l'espace de quelques minutes, leur rébellion du lendemain.

Le cœur gonflé d'aise et de bonheur Uhtred s'avança auprès de Daegan, que Finan enlaçait comme si il était un frère. L'irlandais s'éloigna tandis que le guerrier posa ses deux mains sur les épaules de son enfant.

" Ta mère, Gisela, aurait été heureuse que tu te maries sur les terres de sa naissance, dit-il en peinant à retenir son émotion.

- Elle l'est, je le sens. Je sais qu'elle nous regarde. 

- Je t'aime ma fille, soupira Uhtred en posant son front sur celui-ci de Daegan.

- Je t'aime père, merci d'avoir fait de moi la femme que je suis aujourd'hui."

*   *   *

Seul sur son trône, dans le silence, Edward ignorait ce qu'il se passait dans le lieu qu'il avait fait chapelle. Il ne pensait qu'aux traitres qu'il combattrait demain, sans savoir que ceux-ci se réjouissait d'un mariage. 

The next is coming...

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Salutations Saxons.nes et Danois.es ! 

Quinze jours se sont écoulés et voilà, comme promis, le chapitre ! Un chapitre qui marque un grand tournant dans la vie de notre petite Daegan qui s'est mariée !! Je n'arrive pas à croire de tout son chemin parcouru. Quand je vois que nous sommes au chapitre 52, ça me colle une étrange sensation. Mais je suis tellement fière de Daegan, comme si c'était mon enfant. Même si ce sont mes mots qui décident de son histoire, de son Destin, j'ai l'impression qu'elle est une toute autre part entière de moi. Grace à elle je peux aborder des sujets plus sérieux qui sont encore d'actualité aujourd'hui. J'espère que son chemin donne un petit espoir, une paix à quelques lecteurs.ices. 

Je ne vous remercierez jamais assez de lire cette histoire à laquelle je tiens particulièrement. Plus de trois années d'écriture (avec beaucoup de pauses oups). Plus de trois années avec Daegan. Et peut-être plus de trois années avec certains lecteurs.ices qui sont encore présent malgré le temps écoulé. Si c'est le cas, je suis plus qu'honorée de vous savoir encore présent. 

Malgré toutes ces aventures, la fin se rapproche malgré tout. Et je commence déjà à m'y préparer. Ce sera plus qu'étrange de ne plus écrire sur Daegan. 

MAIS, je vous rassure, il reste encore quelques événements avant le fin ! Nous n'y sommes pas encore !!

Je tenais simplement à vous remercier !  

Et je vous donnes rendez-vous le 9 juillet. En espérant que ce sera la dernière fois que je devrai laisser un lapse de temps de deux semaines entre la publication d'un nouveau chapitre.

Je vous salue de la main droite ! 

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