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Chapitre 47 : Le Coeur De La Mercie

"On peut dire que l'on a été chanceux cette fois, dit Osferth."

Du bout de sa botte, il touchait le cadavre d'un Danois dont les yeux s'était révulsé tandis que sa gorge était bleutée. L'homme grimaça de dégout et tourna son regard sur Daegan qui était à ses cotés. Les bras croisés sur sa poitrine, elle semblait pensive.

"Daegan ? Tout va bien ? s'enquit-il avec inquiétude."

Comme bousculée dans ses pensées, la fille d'Uhtred réalisa qu'on venait de lui adresser la parole. Relevant la tête qu'elle avait jusqu'alors baissée en direction du sol, elle porta son attention sur le neveu de Leofric et l'interrogea du regard.

" Je te demandais si tu allais bien ? Tu es fort blême. 

- Je vais bien Osferth, je t'assure, rassura t-elle en posant une main sur son épaule. Je réalise simplement que la bataille ne m'avait pas tant manquée que cela finalement. 

- Alors que petite tu te glissais derrière nous pour combattre, ricana Finan en s'approchant d'eux."

L'irlandais avait les mains accrochées à son ceinturon et ses semelles glissaient dans la boue humide de sang frais. Un air soulagé se lisait sur son visage tandis que quelques traces de lutte y trouvaient leur place.

" Il faut croire que j'ai grandis, soupira Daegan dans un sourire. Ou que j'ai vieillis, l'air de Rumcofa m'a peut-être ramolli, je l'ignore. Qu'importe, pour l'instant j'aimerais que tu me dises ce que tu sais, et ce que je ne sais pas. 

- Que veux-tu dire ? demanda l'époux d'Ingrith en arquant un sourcil. 

- J'ai vu Eadith te parler avant que nous ne partions de Rumcofa, j'ai vu ton visage devenir livide, et j'ai vu tes traits lorsque mon père a dit à Sigtryggr qu'Aethelflaed ne nous avait guère donnée d'hommes pour la bataille. Je suis loin d'être idiote et j'ai passé l'enfance à observer les gens, en étant cachées dans un coin de la taverne. Tu ne peux pas me duper. Qu'est-ce que tu sais ? Aethelflaed est en danger ? En guerre ? Dis moi ! 

- Je te le dirai, le moment venu."

Remuant la langue dans sa bouche, la femme se trouva agacée de ces cachoteries, cependant son attention fut happée par Aethelstan qui approchait à son tour. Le malheureux était blême, taché de sang, et de quelques blessures superflu. Il tira Dent-De-Loup de son fourreau et la rendit à sa propriétaire, cette dernière fit de même avec l'épée sans nom. 

" M'as-tu vu me battre ? demanda le garçon à l'intention de la sœur de Sihtric.

- Oui je t'ai vu, tu sais bien te défendre je dois l'admettre, mais tu as encore beaucoup à apprendre pour attaquer, cela viendra avec les années de bataille. Et donnes donc un nom à ton épée."

S'approchant à son tour, Sihtric se joignit à eux. Passant un bras autour des épaules de sa sœur, il lui embrassa les cheveux et complimenta la bataille rudement menée. Ainsi rassemblés, les fidèles guerriers d'Uhtred se plaisaient à se savoir encore en vie et bien vif malgré leurs années de retraite. Ils goutaient à nouveau ce sentiment si particulier que chaque fin de bataille portait avec elle. Un gout à la fois savoureux et acre. Agréable et rêche. Mais bien présent et bien agréable de tous se retrouver sans déplorer la moindre perte. 

"Finan ! Sihtric ! appela la voix d'Uhtred, rassemblez les hommes de Rumcofa, les festivités attendront."

Le guerrier vint à leur rencontre en quelques pas seulement, et rencontra des visages fatigués ainsi qu'interrogateurs. 

" Pourquoi cela ? demanda Osferth.

- Il faut arrêter Brida. 

- Est-ce vraiment nécessaire de le faire maintenant ? Elle n'a sans doute pas même ensevelie son enfant, répliqua Daegan. 

- Oui, maintenant. Au plus elle s'éloigne, au plus le danger qu'elle représente grandit."

La femme hocha la tête de compréhension et les chemins de chacun se détournèrent. Hormis celui de Finan qui accouru à la suite d'Uhtred, l'implorant de l'écouter sur un sujet visiblement grandement important. La sœur de Sihtric n'avait pas entendu s'éloigner l'irlandais et s'était contentée de marcher en direction des écuries afin de trouver un cheval plus robuste que la bourrique qu'on lui avait confié à Rumcofa. S'approchant d'un endroit clôturé où un cheval unique se trouvait, elle s'arrêta. C'était un miracle que les barrières de bois n'aient point cédées durant la bataille, ou que la monture ne se soit pas enfuit. Daegan fut frappée par la beauté de l'animal. Il était d'un blanc pur (mais sale), ses sabots étaient épais et particulièrement velu. Et elle remarqua aisément l'œil laiteux du cheval, une grande cicatrice le pourfendait. 

" A qui est cette monture ? demanda t-elle à un Danois de Rumcofa qui passait vers elle."

C'était l'un des meilleurs soldats d'Eoferwic et un proche serviteur de Sigtryggr. Il se nommait Wolland et commençait à faire parler de lui pour sa brutalité et se réflexion dans la bataille.

" Personne, ma Dame. 

- Son maitre est mort ? 

- Non, c'est un cheval sauvage que nous avons mit des jours à capturer, mais personne n'est parvenu à le dompter. Tous ceux qui ont voulu poser leur derrière sur son dos, ont fini dans la boue et ont dû courir pour sortir de l'enclos afin de ne pas être piétiné. Sigtryggr le garde pour le lâcher dans la bataille afin de créer la surprise chez l'ennemi. 

- Il n'a donc pas de nom, mais a t-il un prix ? 

- Vous n'allez tout de même pas acheter ce canasson ? Il vous endettera plus qu'autre chose.

- Mon ancienne monture était également une bourrique, mais je n'ai jamais connu meilleure jument. Il me faut un cheval, et je veux celui-ci. Dis à Sigtryggr que je lui paierai la somme qu'il demande, et que nul ne touche plus à cette monture sous peine de se voir couper les bourses. 

- Entendu, ma Dame."

Daegan tapota l'épaule de Wolland et se dirigea finalement vers son cheval de Rumcofa, car elle n'en avait nul autre. Du moins, jusqu'à ce que Sigtryggr ne lui vende cette monture sauvage qui n'avait pas de nom. Mais le marché n'était guère encore conclut. 

La lumière était tamisée. Le soleil avait baissé avec une grande facilité, assombrissant le paysage de la forêt. L'hiver était désormais bien installé, et les jours devenaient plus court et les nuits plus longue. Chevauchant à travers les arbres du bois qui était à l'orée d'Eoferwic, Uhtred, Daegan et Aethelstan, cherchaient Brida. Ils n'avaient pour l'instant trouvés aucune trace et espéraient que les autres groupes aient plus de chances qu'eux. 

"Où est-il donc passé ? grogna la femme en observant les alentours."

Le bâtard d'Edward avait laissé son chemin divaguer de celui de ses compagnons, et ceux-ci l'avaient quelque peu perdu de vue.

" Aethelstan ! tonna Uhtred."

Des petits bruits de sabots s'accrochèrent à leurs oreilles. Comprenant que le garçon était derrière eux et non devant, ils rebroussèrent chemin pour aller le retrouver. Faisant trottiner sa monture, le jeune homme s'empressa de regagner leur coté. Il était quelque peu dissipé et voulait à tout prix voir tous les recoins, y comprit ceux qui n'étaient pas nécessaires. 

"Autant porter une cloche autour du cou, dit le guerrier tandis qu'Aethelstan se remit à leur coté.

- Pardon."

Faisant rouler ses pupilles le frère de Ragnar se mit en tête de cortège. Ils s'éloignèrent du chemin principal pour arpenter les petites butes, et les lieux moins praticable à cheval. Car sans doute était-ce la direction qu'avait choisit la Danoise afin de ne point être suivit. 

" Regardez des cadavres, remarqua Uhtred après quelques foulées. Elle est passée par là."

Une dizaine de morts gisaient au sol. Egorgés, éventrés, les boyaux léchant le sol, ou même les membres coupés. La cruauté qui avait mit fin aux jours de ces pauvres villageois, qui n'étaient autre que ceux d'Eoferwic (du moins ceux qui avaient tentés de s'échapper), hurlait le nom de Brida. Même leurs yeux révulsés offraient le portrait de la Danoise comme dernière vision de ce monde. Au coté de Daegan, Aethelstan observa le cadavre d'une jeune fille qui devait avoir son âge. Elle avait la gorge tranchée, le teint plus que blafard et les yeux laiteux par la mort. 

"Allons chercher les autres, bafouilla le garçon alors qu'il se sentit soudain bien mal."

Dans sa gorge, la saveur aigre de la nausée le prit. Il pouvait en sentir le goût sur sa langue. Son estomac se contracta de spasme, et sa gorge se serra. Malgré lui, se penchant sur son cheval, il dégobilla le vomi qu'il gardait en lui depuis la fin du combat. Le jeune homme avait plus que tout tenté de résister à cette envie, mais sa capacité à la retenir en venait à bout. Il régurgita une bonne quantité de liquide, lui soulageant le ventre. Se redressant sur sa monture, il prit sa gourde de peau et bu une gorgée avant de s'excuser en baissant la tête, prit par la honte. 

" C'est normal, c'est ta première bataille, rassura Daegan en lui offrant un sourire rassurant. J'ai vomis autant que toi lorsque j'ai tué mon premier Danois. 

- Et moi j'avais rendu mes tripes dans le casque de mon frère Ragnar, ricana Uhtred."

Portant une main au poignet où figurait ses deux bracelets d'argent, la femme retira le plus anciens et le plus usé. Elle l'observa un instant avant de le tendre à Aethesltan. 

" Ragnar m'a donné ce bracelet après ma première bataille, à la forteresse de Dunholm, le soir où je suis devenue la fille d'Uhtred. Il l'avait reçu de son père, Ragnar le Valeureux, lorsqu'il a remporté sa première victoire. Il est a toi désormais. 

- Daegan, c'est un précieux objet qui te vient de ta famille, je ne peux pas accepter cela. 

- Aethestlan, je ne suis pas mariée, je n'ai pas, et je n'aurai sans doute jamais d'enfants. Que ce bracelet se perde avec ma mort serait une terrible erreur. Il se passe de guerrier en guerrier. Et je veux qu'il te revienne, pour qu'à ton tour tu le transmette à tes futurs enfants, ou à un autre guerrier. Ne me refuses pas cette volonté."

Hochant la tête, le garçon se saisit du bracelet d'argent et le mit à son poignet avant de le serrer pour qu'il soit à sa taille. Il l'observa un instant, le touchant du bout de ses doigts comme si c'était là la chose la plus précieuse au monde, il était entièrement obnubilé par le bracelet et par sa représentation. Daegan sourit de cette réaction avant de croiser le regard d'Uhtred, qui avait les traits attendrit par ce geste. Lui aussi se souvenait du soir où sa fille avait reçu cet objet des mains de Ragnar. C'était un soir qu'il chérissait depuis des années, car il avait fait de la femme qui lui faisait face, son enfant. 

" Daegan a raison, tu t'es bien débrouillé et deviendras un bon guerrier, même si tu reste encore un jeune nigaud. Allez donc annoncer aux autres que Brida va vers le nord. Je pars devant. 

- Père, ce n'est pas nécessaire. Brida s'est enfuie, mais tu n'y es pour rien, cesses de porter tous les malheurs de ce monde sur tes épaules. 

- Elle ne s'est pas enfuie, je l'ai laissé partir.

- Non, tu as respecté son deuil, sa souffrance parce que tu es un guerrier honorable. Elle venait de perdre son enfant. 

- Si les rôles avaient été inversés, elle n'aurait pas hésiter à me tuer, ou à te tuer toi ou Stiorra. Je dois la retrouver."

Bien que la femme s'apprêtait à répliquer, le guerrier talonna sa monture et s'avança pour s'enfoncer plus au nord. Daegan laissa un long soupire lui échapper, avant de chasser les cheveux qui lui tombaient dans les yeux. 

"Allons prévenir les autres, décréta t-elle."

Lorsque la nuit tomba, il se trouvait inutile de poursuivre les recherches après Brida. Celle-ci s'était déjà éloignée, et aucun des guerriers ou des soldats n'avaient de quoi établir un campement, ou des provisions pour tenir plusieurs jours en forêt. Ce fut bredouille qu'ils s'en retournèrent à Eoferwic. Uhtred avait le cœur lourd, mais n'avait pas dit son dernier mot et était bien décidé à pourchasser son amie d'enfance. Elle avait trop laissé la rancœur et la haine entrer en elle, il était sans doute trop tard pour qu'elle renonce à ses vengeances glaçantes et meurtrières. 

"Allons boire à ta première victoire ! Souvent les femmes nous témoignent leur gratitude, clama Sihtric qui chevauchait au coté d'Aethelstan tandis que les portes de la cité de Sigtryggr se dessinaient devant eux.

- Si Brida en a épargnée, ironisa le frère de Ragnar."

Quelques rires fusèrent avant que tous ne mettent pied à terre et que la plupart se dirigent auprès de la taverne qui grouillait déjà de soulards. Osferth interpella Daegan pour qu'il l'accompagne à la beuverie, mais elle déclina l'invitation en préférant aller trouver Stiorra. Elle n'avait guère eut le temps de lui parler, et cela faisait nombres d'années qu'elles ne s'étaient point vu. 

Une main sur le pommeau de Dent-De-Loup, la femme entra dans le foyer de Sigtryggr. Il y avait un feu qui brulait dans l'âtre, une odeur de cendre agréable rappelant le confort chaleureux des maisons durant l'hiver. De la nourriture était disposée sur la table, ainsi que quelques chopes d'ale, certaines déjà pleines et d'autres vides. Tout était calme. Un silence apaisant après la rude de bataille qui s'était déroulée durant la journée. 

"Daegan ! appela une voix familière."

Se tournant auprès des escaliers, la sœur de Sihtric aperçu Stiorra qui descendait les marches à grand pas avant d'aller se fondre dans une étreinte. Elles restèrent ainsi de longues minutes, et la femme s'aperçu à quel point sa cadette avait grandit et était devenue une jeune femme. Sa ressemblance avec Gisela était plus que frappante désormais. Elle avait les mêmes traits que lorsque leur mère et Uhtred s'étaient connus.

" Je suis contente que tu sois là, dit Stiorra en invitant son ainée à s'asseoir à la table. J'ignorais si tu allais pouvoir venir à cause de la tutelle instaurée par le Roi Saxon. 

- Edward, le Roi Edward, rectifia Daegan. Je suis surprise que tu te souviennes de ce détail.

- Ce n'est pas un détail, ma sœur, la plus grande femme au bouclier enchainée à un homme jusqu'à la fin de sa vie. Tout cela pour s'être rapprochée de son peuple.

- Je ne suis pas la plus grande femme au bouclier, et cette tutelle n'est qu'une maigre conséquence comparée à la sanction que j'aurais initialement put récolter.

- Alors, tu suis donc toujours père, où qu'il aille ? 

- Oui, sauf si il décide de m'envoyer à un endroit, seul lui décide de mon chemin. 

- Est-ce que tu survis à Rumcofa ? Je veux dire, dans ce lieu de pécheurs et de commerçants où rien ne se passe."

La femme pouffa à ces mots, avant de prendre la main de sa sœur dans la sienne.

"Rumcofa est un endroit tranquille, où j'y ai trouvé la paix dont j'avais besoin. Les années m'ont fait prendre conscience de l'importance d'être en retraite, à ne se soucier que de la chasse et de son bock d'ale. Cela me convient. Et puis je suis auprès de notre père, je peux veiller sur lui et j'ai aussi mon frère de sang, Sihtric. 

- Alors tu continues de passer ton temps à te soucier de tous, mais tu ne te soucies guère de toi ? 

- Je me soucies de moi, Stiorra, je te l'ai dit, j'ai trouvé la paix que je cherchais. 

- Je te connais Daegan, tu as toujours été bonne avec les enfants, tu as toujours prit soin d'Uhtred le Jeune et de moi. Je me rappelle lorsque tu étais plus jeune, tu disais ne pas souhaiter être mariée à ce soldat Saxon..

- Steapa ? 

- C'est cela, tu réfutais cette idée, et puis des années plus tard, tu disais regretter ta vie de vagabonde, mais en aimais la liberté plus que tout. Puis je t'ai observé, j'ai remarqué avec quelle envie tu regardais les hommes et les femmes s'aimer, la tendresse dans ton regard lorsque les enfants venaient jouer près de toi. Et je me souviens de toi tenant le bouclier dans la bataille. Tu voulais être épouse, mère et guerrière, et tu aurais aisément put faire les trois en même temps. Or, te voila enchainée à notre père, sans époux, sans enfants, et tout cela à Rumcofa où même la guerre ne se montre pas. Le Roi Saxon ne t'a pas seulement retiré ta liberté, il t'a aussi enlevé tes espoirs et tes envies. 

- Stiorra, nous venons de nous retrouver, sommes nous obligés de parler de cela ? 

- Oui, car je ne parviens à comprendre la personne que tu es devenue, tu n'es pas encore vieille malgré tes cheveux blanc, tu as encore le temps d'avoir des enfants et de...

- Stiorra, coupa plus sèchement Daegan en levant les mains. Je t'en pries, ne prétends pas lire en moi. Tout d'abord, je sais parfaitement que mes cheveux blanc ne sont pas le signe de vieillesse, car notre mère enfantait encore lorsqu'elle avait mon âge. Et Edward ne m'a rien prit du tout. Je suis heureuse d'être auprès de père et de mes amis de longue date, même si cela est dans un village où la guerre ne se montre pas. Ensuite si j'avais eu envie de me marier, je l'aurais fait depuis longtemps, de même que les enfants. Je suis très bien là où la Destinée m'a menée."

C'était avec aisance que Daegan mentait, car c'était un discours qu'elle s'était répétée à elle-même durant de longues années. Car elle ne pouvait pas avouer qu'elle refusait de se marier pour ne point jeter son déshonneur, qu'Ivar lui avait infligé, sur son malheureux époux. De plus un autre secret la hantait, un secret qu'elle n'avait partagé qu'avec Sihtric. Celui-ci était le seul qui savait tout d'elle, elle ne lui avait caché aucune parole. Ainsi, le petit village de Rumcofa était le lieu rêvé pour se retirer de toutes les questions, les souvenirs et les espoirs envolés. 

" Bien, je n'insiste pas dans ce cas, dit Stiorra. 

- Je vais me retirer, j'ai besoin de dormir, la chevauchée et la bataille ont été éprouvantes. Mais je ne regrette guère de t'avoir secouru, je suis contente de revoir Eoferwic. J'ai de bons souvenirs ici, et puis j'ai l'impression de sentir le parfum de notre mère. 

- Moi aussi, il m'arrive d'avoir cette impression.

- Elle nous voit depuis le Valhalla, je peux t'en assurer."

Un sourire aux lèvres, Daegan se leva et déposa un baiser sur le font de sa sœur avant de s'en retirer dans la chambre qu'on lui avait préparé. Or, avant même qu'elle ne monte les escaliers, sa cadette la rappela.

" Wolland m'a parlé de ta requête.

- Ma requête ? 

- Celle pour acheter le cheval sauvage.

- Oh, je vois.

- Nul besoin de le payer, Sigtryggr et moi te le donnons en guise de remerciement, mais aussi car nous ne savons pas réellement quoi en faire. C'est un canasson borgne, au caractère trop imprévisible pour être monté. Mais je suis persuadée que la femme qui marchait avec le loup, saura s'y prendre avec lui. 

- Merci, j'apprécie grandement cette attention, et ces compliments.

- Lui as-tu trouvé un nom ? 

- Non, pas encore." 

Se donnant quelques derniers au revoir, les deux sœurs se séparèrent. Daegan fut bien heureuse de se glisser dans les fourrures d'une couche. C'était un endroit bien plus agréable et enclin au sommeil que la dureté du sol et le froid de l'extérieur qu'elle avait vécue la veille. 

Au petit matin, après avoir brièvement manger un peu de pain, de fromage et de viande, les guerriers et les soldats d'Uhtred s'en revinrent à leurs montures afin de retourner observer les alentours en quête de Brida. Le guerrier était bien décidé à ne point la laisser fuir. 

" Tu n'es pas venu à la taverne hier soir, dit Sihtric en s'approchant de Daegan qui caressait le flanc de sa bourrique de Rumcofa.

- Non, je n'avais pas le cœur à faire la fête, et j'étais fatiguée.  

- Est-ce la mort de l'enfant de Brida qui te met dans un tel état ? 

- Quoi d'autre ? C'est le cadavre d'une petite fille que j'ai recueilli dans mes bras. Tu aurais dû la voir. Elle avait le teint blême, le cou craqué, les pupilles révulsé et le sang roulant de sa bouche. Ce n'était pas une fin pour une enfant, pas aussi jeune."

Offrant un sourire désolé, le bâtard posa une main réconfortante sur l'épaule de sa cadette. Il y avait des choses qu'il savait, et il était aisé de faire le lien entre tous les tourments de sa sœur. Il s'en voulait de ne point lui apporter assez de paix dans son esprit. Fronçant les sourcils, l'homme remarqua que Daegan ne lui prêtait plus une grande attention, mais regardait auprès d'un enclos où un cheval blanc trottinait en faisant des ronds.

"Pourquoi regardes-tu ce cheval ?

- C'est mon cheval, désormais. Mais il me faudra le dompter, et je crains qu'Iseult avait moins fort caractère que lui.

- Tu as dompter Finan dans un duel, tu peux tout dompter ! ricana t-il."

Le pas lent et hésitant, l'irlandais s'approchait des deux bâtards de Kjartan. Il dansait d'un pied sur l'autre, et semblait mal à l'aise. Avec interrogation, le frère et la sœur le regardèrent en haussant les sourcils, l'invitant à parler.

" Daegan, il me faut te parler à toi, ainsi qu'à Uhtred. 

- Pourquoi as-tu les traits si grave ? 

- Viens, dit l'irlandais en lui prenant la main."

La femme jeta un regard surpris à Sihtric, qui se contenta d'hausser les épaules. L'époux d'Ingrith, et Daegan se dirigèrent auprès de la demeure de Sigtryggr, d'où Uhtred sortait. 

"Finan où est Pyrlig ? demanda le guerrier sans même laisser le temps à son ami de dire le premier mot.

- Je l'ai cherché jusqu'au crépuscule, en vain. Il a dût rentrer auprès du Roi. 

- Ca ne lui ressemble pas, et ça ne te ressemble pas de tenir ma fille par la main comme si c'était une fillette."

Remarquant qu'il tenait encore les doigts de son amie, l'irlandais lâcha sa poigne et gonfla le torse pour se donner grand courage. 

"Uhtred, il faut que je vous parle à tous les deux. 

- Nous allons traquer Brida, on aura tout le temps de parler en route.

- C'est à propos de Dame Aethelflaed."

Sentant son cœur battre avec plus d'intensité dans sa poitrine, Daegan sentit une vague chaleur la traverser au même instant que la crainte lui tordait l'estomac. Uhtred accorda quelques minutes à Finan avant qu'ils ne prennent le départ. L'anxiété se généralisa chez le père et la fille, tandis qu'ils pénétraient dans le foyer de Sigtryggr afin d'écouter les mots de leur ami. Ce dernier semblait bien mal en point, son teint blafard et ses hésitations trahissaient l'importance de son message à délivrer.

" Elle, commença t-il avec réticence, elle ne verra pas le printemps."

Comme une pierre s'abattant sur leur crâne et leur cœur, Daegan et Uhtred se prirent la main. Ils s'étaient attendu à une déclaration de guerre, un ennemi pesant sur la Mercie ou toute autre chose, mais pas cela.

" C'est impossible, souffla la femme.

- Elle allait bien à Rumcofa, tu dois te tromper, Finan, nia le guerrier.

- J'aimerais bien, mais elle n'en a plus pour longtemps."

La sœur de Sihtric sentit la poigne de son père se faire plus ferme et plus crispée, tandis qu'elle, avait l'impression de tomber dans une chute sans fond. 

" Pourquoi nous l'avoir cachés ? interrogea Uhtred.

- Eadith m'a fait jurer d'attendre la fin de la bataille. Stiorra occupait vos pensées, je ne voulais pas ajouter à votre peine, je suis désolé. Uhtred, vous vous aimez depuis longtemps, nous l'avons tous vu, même si elle ne peut l'avouer. Je connais ta peine depuis qu'elle fait vœux de chasteté. Elle voudrait surement t'avoir à ses cotés, tous les deux, vous devez allé la voir.

- J'imaginais qu'un jour...On aurait la chance...J'avais tant de choses à lui dire, bafouilla la voix brisée du guerrier."

Se sentant défaillir, Daegan se refusa d'ajouter sa peine à celle de son père. Il lui faudrait être forte pour lui, et pour ses guerriers. Il fallait que l'un d'eux garde la tête haute. Uhtred avait tous les droits de pleurer et d'être brisé, car celle qu'il aimait se mourrait. Aussi, la femme préféra t-elle fuir. Poussant de grand soupire pour calmer les battements de son cœur, elle s'extirpa de la demeure de Sigtryggr. Les mains sur les hanches, elle inspira l'air frais de l'hiver et s'en gonfla les poumons de fraicheur. Il ne fallait pas qu'elle flanche. Osferth s'approcha d'un pas timide. Il connaissait sa meilleure amie depuis assez longtemps pour reconnaître ses signes de faiblesse. 

" Daegan, dit-il en posant une main sur son bras."

Elle ne dit mot, et se contenta de se blottir dans les bras du neveu de Leofric. Elle respira son odeur si particulière et si familière qu'elle aimait tant.

"Serres-moi dans tes bras, je t'en supplies, Osferth, ne me lâches pas, implora t-elle."

Accueillant pleinement la sœur de Sihtric au creux de son étreinte, l'homme ne parla guère et se contenta d'offrir ce que Daegan réclamait plus que tout. A quelques pas d'eux, le bâtard de Kjartan et Aethelstan observaient le trouble de la femme. Le garçon n'avait jamais vu celle-ci flancher, qu'importe la situation, elle était toujours restée droite et sans peine. Et bien qu'elle n'était pas en train de verser des flots de larmes, les traits tirés de son visage montrait sa fragilité.

" Que se passe t-il ? s'enquit le jeune homme.

- Nous le saurons si elle, ou Uhtred, décide de nous en parler, mais nous ne poserons pas de questions."

Mordant sa langue, le bâtard d'Edward regretta sa curiosité. Cependant, leurs interrogations ne vécurent pas longtemps. Bientôt, Finan se présenta et annonça aux guerriers et aux soldats, qu'ils feraient désormais route pour Aeglesbure. Sihtric le devina, cela avait à voir avec Dame Aethelflaed, et il en craignait le pire. 

Ainsi, tous se mirent à dos de cheval. Uhtred prévint Stiorra quant au changement de ses plans, et elle ne le blâma guère. Car elle savait, comme tous, l'amour de son père pour la Dame de Mercie. Daegan n'avait pas parlée sur ce sujet, et s'était contentée d'agir comme si une simple chevauchée les attendait. Le regard droit sur son chemin, elle jeta malgré tout un dernier coup d'œil au cheval borgne. Il était à elle, et elle reviendrait le chercher. Ce fut avec le cœur encore plus lourd, que les envoyés de Rumcofa quittèrent Eoferwic pour se hâter à la capitale de la Mercie.

Saison 5 - Episode 4

Ils foulèrent le sol d'Aeglesbure avant le midi du jour qui suivit. Ils n'avaient cessé de chevaucher, et lorsque les chevaux furent trop fatigués, ils se contentèrent de ralentir mais jamais ne s'arrêtèrent-ils. Le temps était contre eux. De plus, l'ignorance de savoir si Aethelflaed avait déjà quitté cette terre renforçait leur soif d'avancer. Uhtred n'avait cessé d'être en tête de cortège, dépassant parfois de plusieurs pas ses compagnons. Il avait le cœur lourd de peine et de hâte. Jamais, même durant une rude bataille, il avait ressentit ce sentiment de profonde angoisse qui lui taraudait le corps. 

Sautant à bas de sa monture dans la grande allée de la cité Mercienne, le guerrier se précipita à enjamber les marches deux par deux, avant de s'arrêter et de se retourner auprès de Daegan. Elle tenait la bride de son cheval et n'avait pas bougée.

"Tu ne viens pas ? demanda t-il d'une voix enrouée par la tristesse. 

- Non, c'est avec toi qu'elle doit passer ses derniers temps, pas moi, répondit-elle le timbre emplit de sincérité."

Son père lui lança un sourire de remerciement et disparu entre les portes d'entrée de la demeure d'Aethelflaed. La sœur de Sihtric quant à elle, prit une inspiration saccadée de peur et de peine. Bien sûr qu'elle aurait souhaité voir la Dame de Mercie une dernière fois. Lui parler, l'enlacer, revoir son visage emplit de douceur, mais elle ne pouvait priver Uhtred de ces moments si important. 

"Peut-être aurais-tu dû aller lui dire un mot ? dit Osferth en s'approchant d'elle.

- Je ne veux pas leur priver de leur temps ensemble, même si il ne s'agit que de quelques minutes, ils méritent d'être heureux une dernière fois. 

- Nous allons à la taverne, veux-tu te joindre à nous ? s'enquit Finan. 

- Allez-y, je vais mettre mon cheval aux écuries et puis marcher un peu, je vous rejoindrai après.

- Laisses-moi m'occuper de ton cheval, prononça le neveu de Leofric en prenant la bride du canasson."

Elle les lui laissa sans mot dire, et offrit un sourire rassurant à ses compagnons dont les visages étaient fermés d'inquiétude à son égard. La fille d'Uhtred leur assura que tout allait bien, et s'en alla dans les allées d'Aeglesbure. 

La main sur le pommeau de Dent-De-Loup, Daegan se rappela ces rues. Elle se souvint que c'était dans cette cité qu'elle avait défier Uhtred, puis Finan, avant de rejoindre Ivar et les Danois. Cela avait sans doute été la plus grande erreur de sa vie, ou l'une des plus grandes. Nombres de ses tourments n'auraient jamais vu le jour si elle était restée sagement auprès de son père. Or, sa jeunesse avait été faite ainsi, et cela l'avait formée à être la femme qu'elle était aujourd'hui. Mais peut-être qu'elle n'aimait guère cette femme qu'elle était devenue. Les mots qu'avait prononcés Stiorra lui revinrent en mémoire. Etre épouse, mère et femme au bouclier, tout cela en même temps, était-ce réellement possible ? En réalité, la sœur de Sihtric se forçait à torturer son esprit pour ne point penser à Aethelflaed. La savoir mourante, sans moyen de la sauver, la rendait amèrement maussade. La maladie était plus menaçante et meurtrière que la guerre, et tous pouvaient être touchés. Les yeux rivés sur le sol, les pensées submergeant, Daegan ignorait depuis combien de temps elle marchait. Mais elle commençait à apercevoir la fin de l'après-midi approcher. 

Relevant le regard, la femme aperçue son père au coté d'Aethelflaed, ils arpentaient les rues cote à cote. Cruel Destin que de les séparer alors que leur amour était si grand. La sœur de Sihtric s'en voulait d'avoir si longtemps réfutée cette relation, par simple peur qu'Uhtred ne décide de remplacer Gisela. Or, personne ne pouvait remplacer la mère de ses enfants. Les yeux de la Dame de Mercie croisèrent alors ceux de Daegan. Avec une distance de plusieurs pas entre elles, les deux amies d'enfance s'observèrent un court instant avant de s'offrirent un grand et chaleureux sourire. La femme courba légèrement le dos avec respect, et sans quitter son visage qu'elle forçait à être rayonnant, elle tourna le dos et décida de rejoindre ses compagnons à la taverne pour ne point déranger la promenade d'Uhtred et d'Aethelflaed. 

Assit à une table à l'extérieur de l'auberge, car celle-ci était pleine et qu'ils désiraient un peu de silence, les compagnons d'Uhtred ainsi que sa fille ainée patientaient sous le clair de lune. Les coudes appuyés sur le plat du bois, et la tête reposant entre ses mains, Daegan n'avait que peu parlé. Ses amis ne lui avaient guère posé de questions. Ils savaient que si elle désirait s'exprimer, elle le ferait. Sihtric qui était aller chercher quelques bocks d'ale, s'en revint à l'attablée. Il posa l'une des chopes devant sa sœur, mais elle refusa la boisson en hochant la tête. Le bâtard de Kjartan n'insista et repoussa le gobelet, avant de s'asseoir. Osferth était au coté de sa meilleure amie, une main posée sur l'un de ses bras, il se contentait de la caresser d'un simple mouvement du pouce afin de lui apporter un soutien silencieux. Aethelstan, quant à lui, n'avait pas beaucoup parlé lui aussi, car jamais il n'avait vu la fille d'Uhtred dans un tel état. Quant à Finan, il s'en voulait de ne point avoir pu évoquer le sujet de la maladie de la Dame de Mercie plus tôt. Les esprits étaient maussades et anxieux. Nul ne pouvait savoir quand Aethelflaed rendrait son dernier souffle. 

"Qui sont-ils ? demanda alors Sihtric en posant ses yeux sur une cavalerie qui entrait dans Aeglesbure."

Les sourcils froncés, l'irlandais tourna son regard à son tour et reconnu aisément les bannières qui flottaient dans le vent.

"La suite du Roi."

Daegan s'enfonça davantage dans ses mains. Si il y avait bien une personne qu'elle ne souhaitait guère voir en ces instants, c'était Edward. Aethelstan, quant à lui, se redressa vivement et observa son père passer dans les rues. Cela n'échappa guère à Osferth, lui aussi fils rejeté d'un Roi. (Bien qu'Alfred avait préféré le confier à un monastère plutôt qu'à un guerrier.)

" Quand as-tu vu ton père pour la dernière fois ? demanda t-il au garçon.

- Cela fait longtemps."

Malgré elle, la sœur de Sihtric ne put s'empêcher de jeter un bref regard au passage d'Edward. Il n'avait plus le visage d'un jeune homme, mais celui d'un souverain. Une épaisse barbe lui obstruait les traits, tandis que ses cheveux avait poussés et que ses vêtements étaient bien plus semblable à ceux du Roi Alfred. Nul n'aurait put clamer que ce n'était pas là son fils. Elle remarqua également une femme à ses cotés. Elle était brune et belle, et si elle chevauchait à distance égale du Roi, cela signifiait que c'était là sa nouvelle amante. Regrettant sa curiosité, Daegan, dans un grognement, laissa sa tête plonger sur table avant de l'entourer de ses bras.

"Tu dois être plus grand que lui aujourd'hui, dit Finan à l'intention d'Aethelstan.

- Aethelelm est là aussi ? questionna la femme tandis que sa voix était étouffée par son visage enfouie dans les creux de ses coudes.

- Je le crains. 

- Parfais, je ne pouvais pas passer une meilleure journée, ironisa t-elle."

Ce furent là ses dernières paroles légère. Après qu'Edward ait disparu entre les portes d'entrées du foyer de la Dame de Mercie, Daegan avait relevé son visage et s'était finalement emparée du bock d'ale. Celle-ci était froide et terriblement mauvaise. Les Merciens avaient une recette immonde que seuls eux-mêmes pouvaient apprécier. Or, elle le but d'un trait car sa gorge était sèche et serrée d'angoisse. Puis l'attente reprit, dans le calme et le silence. Aucun des compagnons ne parlèrent, d'autres bocks furent apportés, mais nulles paroles ne furent prononcées. Cela dura jusqu'à ce que Finan ne se relève brutalement, alertant ses camarades. 

" Que t'arrives t-il l'irlandais ? grogna la femme avant de suivre la direction que prenait le regard de son ami."

Uhtred pénétrait dans la grande allée d'Aeglesbure. Le pas lent, le visage fermé, il tenait dans ses bras le corps inerte d'Aethelflaed. Même dans la nuit son teint blême ressortait comme un rayon argenté. Maladroitement, Daegan se mit sur ses jambes tandis que son visage se décomposait. Elle regarda son père passé à quelques pas d'elle, ainsi que celle avec qui elle avait, jadis, partagé ses jeux d'enfants. La respiration saccadée et essoufflée, le cœur tambourinant dans sa poitrine, les jambes molles, le front suant, la sœur de Sihtric clignait des yeux à répétition pour ne laisser échapper aucune larme. Se renfrognant, elle enjamba le banc sur lequel elle était assise l'instant d'avant. Les semelles raclant le sol, elle se détourna de ses compagnons et s'éloigna.

" Daegan ! rappela Aethestlan."

Celle-ci leva sa main sans se retourner, afin de lui intimer le silence.

"Laisses la partir, c'est sa façon à elle de faire face au deuil, dit Finan."

Ainsi, le bâtard d'Edward regarda la fille d'Uhtred s'éloigner à l'extérieur d'Aeglesbure. L'ombre de la nuit lui avala sa silhouette tandis qu'elle quittait la cité Mercienne.

Entre ses doigts, elle craqua la brindille qu'elle venait de ramasser sur le sol et la jeta dans son feu. Silencieuse, Daegan observait les flammes danser entre elles. Joyeuses, sans remords ni craintes, les braises se jouaient de la cruelle vie. Bien que la leur prendrait fin lorsque la femme jetterait de la terre sur elles pour les éteindre. Fermant ses paupières, elle profita du craquement des arbres autour d'elle, des sons de la flore et de la faune. Dans la forêt où elle avait trouvée refuge, rien ne semblait pouvoir l'atteindre. Pourtant dans le noir de ses yeux clos, seul le visage d'Aethelflaed se dessinait. Un visage souriant, plein de vie et de vigueur. Un visage qui avait connu la guerre et qui avait mené des batailles. Le visage d'une Reine qui avait tout sacrifié pour le bien de son royaume et de sa fille. La Dame de Mercie ne méritait pas une fin si cruelle. Elle méritait les honneurs des guerrières et des Valkyries. Prenant une inspiration chevrotante, Daegan ouvrit à nouveau les paupières. Or, sa main agrippa brusquement le pommeau de Dent-De-Loup, qu'elle avait posé à coté d'elle. Car dans l'ombre de la forêt, une silhouette juchée sur un cheval s'approchait. Assise sur le sol mais bien sur la défensive, la femme était prête à trancher n'importe quelle gorge. Or, il fallu attendre que l'étranger soit assez proche du feu pour reconnaître là le visage d'Aldhelm. Baissant sa garde, la sœur de Sihtric se demandait la raison de cette venue.

" On m'a dit que vous étiez partit, et où je pourrais éventuellement vous trouver, je voulais simplement m'assurer que vous alliez bien."

La fille d'Uhtred hocha nerveusement la tête avant de passer ses mains sur son visage, et de reporter son attention sur son visiteur tout en laissant un rictus se former sur son visage. 

" N'est-ce pas pour fuir les préparatifs à la succession et l'énonciation de la mort de la Reine ? interrogea t-elle. 

- Vous avez peut-être raison, je ne pensais pas que cela arriverait si...prématurément.

- Venez, ne restez pas juché sur votre cheval. "

Repliant ses jambes contre sa poitrine, Daegan vint enfermer ses genoux entre ses bras tandis qu'Aldhelm attachait son cheval à un arbre. Frottant son habit, l'homme s'approcha du feu et prit place au coté de la femme. Durant quelques instants ils ne parlèrent guère, se contentant d'observer la danse des flammes. 

"J'ai sacrifié tant d'années à ses cotés pour une stupide querelle d'enfant, souffla alors la sœur de Sihtric. Je refusais qu'elle aime mon père, et j'ai perdue du temps pour ça ! Comment ai-je put être aussi stupide ! Je m'en veux tellement.

- Elle parlait souvent de vous, même durant votre querelle. Elle admirait votre courage et votre franchise face aux hommes. Il y avait beaucoup de bienveillance dans son regard lorsqu'elle prononçait votre nom, elle ne vous a jamais détestée.

- Mais moi si, moi je l'ai idiotement détestée car je craignais qu'elle ne prenne la place de ma mère. "

La femme laissa échapper un mauvais rire, et se serait volontiers giflé quant à ses décisions passées. Comment avait-elle put être aussi aveugle et égoïste ? 

" Quand j'étais petite, que je me faisais encore appelé garçon et que Guthrum avait prit Winchester, forçant le Roi Alfred à se retrancher dans des marais, je me souviens qu'elle et moi jouions ensemble, elle était ma première amie et elle nous a quitté. "

Bien qu'elle y avait mit tant d'effort, une larme roula le long de sa joue. Celle-ci fut la première d'un flot de sanglot. Cachant son visage dans ses mains, Daegan ne put retenir sa tristesse et pleura. Avec douceur, Aldhelm enroula son bras autour de ses épaules, et l'attira contre lui. Cela aurait été un geste qu'il n'aurait jamais songé faire auparavant, mais il partageait le chagrin et le deuil de la fille d'Uhtred. Les larmes coulèrent durant quelques minutes, avant que la femme ne se redresse, renifle et essuie brièvement son visage dans sa manche.

"Ne dites pas aux autres que j'ai pleuré, je ne veux pas qu'ils sachent que j'ai été faible, dit-elle en prenant de grandes inspirations pour calmer ses derniers spasmes de pleurs. Mon père sera brisé par le chagrin, il ne faut pas que je le sois aussi.

- Pleurer n'est pas un signe de faiblesse.

- Alors pourquoi refusez-vous de pleurer ? Aldhelm ?"

L'homme remua sa langue dans sa bouche et porta ses yeux sur le feu. Il était vrai qu'il se serait volontiers laissé glisser dans un grand chagrin, mais comme Daegan il se devait de rester digne. Il n'était pas dans ses convenances qu'il pleure. 

" Je dois me montrer fort, comme vous. Dame Aethelflaed était ma souveraine, j'ai beaucoup de peine, mais je n'ai pas à pleurer.

- Vous l'aimiez. 

- Que dites-vous ? 

- Vous aimiez Aethelflaed.

- Je l'aimais comme le peuple aime la Dame de Mercie. Je lui était dévoué, et fidèle.

- Non, vous lui portiez un amour intime, mais qui malheureusement n'était guère réciproque. Il m'a été aisé de le voir, car j'ai moi aussi été amoureuse d'un homme que je ne pouvais m'autoriser à aimer."

Quittant les flammes du regard, Aldhelm lança des yeux interrogateurs à la fille d'Uhtred. Celle-ci eut un rictus et se décida d'avouer. 

" Edward, j'ai aimé Edward. Nous avons eut une brève relation, caché de tous évidemment. Nous nous retrouvions dans l'ancienne bibliothèque d'Alfred. J'étais si amoureuse de lui, bien que la plupart du temps nous nous disputions.

- C'est un miracle que vous n'ayez guère engendré de bâtard."

Fronçant ses traits, Daegan posa sa main sur son ventre et perdu son regard sur un point imprécis. 

" Je me suis refusée de me donner à lui, je ne voulais pas être mère de bâtards royaux. Je savais ce qu'il était arrivé à Osferth lorsqu'Alfred avait découvert sa naissance. Je ne désirais guère que cela arrive à mon enfant.

- Pourquoi avez-vous mit fin à cette relation ? Le temps ?

- Non, les vipères. Le seigneur Aethelelm a sut que le Roi et moi avions une relation, il a menacé de faire du mal à ma famille si je ne brisais pas mes liens avec Edward. Je savais le seigneur Aethelelm puissant, alors j'ai préféré accepter son chantage. J'ai mit fin à ma relation avec Edward après la bataille de Tettenhall. Cela a été un véritable déchirement, et le début de ma perdition. 

- Nous avons donc tout deux connus les malheurs et les dangers du sang royal.

- C'est vrai, mais vous, vous êtes resté digne et fidèle à Aethelflaed. Je vous connais depuis de nombreuses années Aldhelm, lorsque je vous ai vu pour la première fois c'était à Coccham. Vous étiez avec le seigneur Aethelred, et vous étiez quelque peu arrogant. Mais je vous ai vu changer, et devenir un homme bon. La Mercie doit s'estimer chanceuse d'avoir un homme tel que vous dans ses rangs. 

- Mais vous, vous êtes une femme au bouclier, une protectrice des royaumes.

- J'ai cessé de courir après une réputation il y a longtemps, j'ai renoncée à ce que mon nom traverse l'histoire. Je suis acceptée par mon père, et mes amis, c'est tout ce qui compte. 

- Vous n'avez jamais songé à vous marier ? 

- Non, mais je ne plains guère. J'ai eu la chance d'élever Aethelstan, qui est un garçon brillant et une fine lame. Je n'ai pas plus grande fierté que lui. 

- Il a eut beaucoup de chance de vous avoir. 

- Et vous ? N'y a t-il pas une dame que vous aimeriez prendre pour femme ? 

- Je me suis toujours dévoué à la Mercie, ainsi qu'à chacun de ses souverains depuis que je suis en âge de tenir une épée et de conseiller. Le mariage n'a jamais été dans mes préoccupations, et puis je songeais beaucoup à Dame Aethelflaed je dois l'avouer. 

- Je comprends, n'ayez aucune honte pour vos sentiments, du moins pas avec moi. Nous sommes les deux fous qui sont tombés amoureux des sang royaux après tout."

Aldhelm eut un rire silencieux. Les flammes reflétant sur son visage, Daegan observa l'homme avec plus de minutie. Tout deux n'avaient jamais réellement parlé auparavant. Ils n'avaient jamais eut le temps ou l'occasion, mais elle se fit la réflexion que jamais elle n'avait vu le conseillé sourire de la sorte. L'idée de lui avoir quelque peu remonté le moral lui fit du bien. Et avoir parlé avec son visiteur, alors qu'elle s'apprêtait à passer la nuit seule, lui gonfla le cœur de plus de courage. La fille d'Uhtred avait songée que la solitude était sa seule clef pour faire face au deuil, or en réalité, la compagnie était de meilleure solution.

" Je dois malheureusement retourner à Aeglesbure, il y a tant de chose à faire encore, je ne peux m'absenter plus longtemps, dit Aldhelm en se remettant sur ses jambes.

- Allez-vous la guider ? Aelfwynn ? Allez-vous la guider alors qu'elle montera sur le trône de Mercie ? 

- Oui, Dame Aethelflaed me l'a demandé et je comptais le faire même si elle ne m'en avait pas fait la requête. Je suivrai votre exemple avec l'éducation d'Aethelstan, il a plus que porté ses fruits.

- Bonne chance dans ce cas.

- Vous ne revenez pas ? 

- Je reviendrai plus tard, j'aimerais être loin de la ville encore un peu. J'entends déjà l'agitation se préparer et cela ne me convient pas."

D'un hochement de tête l'homme approuva, avant de se jucher sur son cheval et de quitter la lumière du feu. Seule, Daegan s'empara d'une nouvelle brindille qu'elle brisa entre ses doigts avant de la jeter dans les flammes. Son amie d'enfance l'avait quittée, emportant avec elle l'innocence de leurs jeux d'enfants. 

The next is coming...

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Salutations Danois.es et Saxons.nes ! 

Est-ce qu'on est pas en PLS là ? Non, mais parce que le chapitre sur la mort d'Aethelflaed + le film "Seven Kings Must Die", heu...On veut ma mort ou quoi ? Je pense que je peux vendre un stock de bouteilles de mes larmes ! 

Pas de spoilers concernant le film dans les commentaires, s'il vous plait, tout le monde ne l'a peut-être pas encore vu ! 

Sinon, j'espère que le chapitre vous a plût ! On avance doucement mais surement dans cette saison 5 et préparez vos mouchoirs parce que nous ne sommes qu'à la première mort d'une longue liste ! 

Je vous dis à Dimanche prochain !

Et vous salue de la main gauche !

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