Chapitre 4 : Les Marais
Saison 1 - Episode 7
Il y avait nombres de semaines que Daegan n'avait pas vu Leofric. Le guerrier s'en était allé au coté de Uhtred et n'était guère revenu. L'enfant en voulait terriblement à l'homme. Jamais il n'aurait songé qu'il pourrait ainsi envier les Danois et avoir le désir de mener leur vie. Peut être était-ce la faute de Uhtred? Le garçon l'avait vu comme un héros. Et il était vrai que d'un coté, il aimait les Danois, il les trouvait sauvage, ils inspiraient un respect et un interdis, mais pas au point d'en devenir un.
Ce jour-là il y avait un grand soleil, Daegan marchait prudemment sur les poutres qui menaient à sa cachette. Le chemin n'était pas aisé, il lui fallait déplacer deux planches, ramper pour sortir son corps, arpenter de grosse poutres, marcher sur un toit et se laisser glisser dans la rue. Mais le plus ardu était pour rentrer dans son cagibi, car remonter par là où il descendait relevait de l'agilité et de la force.
L'enfant passa une main dans ses boucles ébènes et les secoua, la poussière accumulée durant la nuit se laissa emporter par la vaste brise qui soufflait. Le petit voleur était tombé de fatigue la veille, le soleil n'était pas encore couché lorsque lui s'était déjà envolé dans un rêve. Les bras se balançant au rythme de son corps, le garçon arpentait les rues de Winchester. La ville était forte agréable lorsque la chaleur la berçait. Daegan eut un sourire lorsqu'il aperçu le but de sa promenade matinal. L'étale d'Igor. Les poires qui y étaient exposées semblaient être les plus brillante, les plus verte, et les plus appétissante. L'enfant sentit son ventre vide gargouiller lorsqu'il y posait son regard. A pas feutrés, lui rappelant étrangement son infiltration dans le camp Danois au coté de Uhtred, l'enfant avançait. Igor lui tournait le dos, l'occasion s'avérait parfaite. Daegan enroula ses doigts autour du fruit de sa convoitise lorsqu'il tressaillit. Le marchand lui faisait face.
"Encore toi! Pourquoi le Roi ne t'a t-il pas laissé pourrir dans ses geôles? C'est le sort que l'on réserve aux avortons comme toi, c'est là ce que tu mérites. Alors crois moi cette fois tu ne t'en sortiras pas aussi facilement, je vais te la couper moi même cette main!"
L'enfant n'eut pas même le temps de fuir qu'Igor lui tenait déjà le col. Le petit voleur se débattait avec férocité. Mais le marchand ne semblait pas s'en accommoder, car déjà il empoignait le grand couteau tranchant qui lui servait à couper porcs et poulets. Du sang séché s'y trouvait déjà et du plus frais y brillait. La lame avait servit récemment. Daegan n'osait plus crier, plus bouger. Son estomac se nouait de milles nœuds et sa bouche avait déjà le gout du vomis qu'il s'apprêtait à régurgiter.
" Oh te voilà enfin, j'ai cru que jamais je ne te trouverais, dit une voix."
Igor se tourna vers le fourbe qui l'avait perturbé dans sa besogne, et Daegan tremblant cherchait son sauveur. Il n'était pas difficile de le reconnaître. C'était là le moine d'Alfred, celui qui possédait peu de cheveux et dont les oreilles l'amusaient beaucoup. Père Beocca, si son souvenir s'avérait exact.
"Vous ne vous apprêtiez tout de même pas à trancher la main de mon novice? s'indigna le religieux.
- Je l'ai surpris qui volait dans mes étales, grogna le marchand.
- Voler? Non, il ne volait pas voyons. C'est moi-même qui l'ait envoyé me chercher quelques unes de vos belles poires.
- Vous prenez les mendiants à l'Eglise?
- Tout enfant de Dieu est le bienvenu dans la maison de Dieu. Mais son service est la parole du Roi. Sa punition si vous préférez, il est à mon service pour se laver les mains de ses précédents vols.
- J'ai grand mal à vous croire.
- Vous n'osez croire la parole d'un homme de Dieu? Et vous contredisez le Roi lui-même? Il ne risque pas d'être joyeux en entendant cette histoire.
- Non! Non, bien sûr que je vous crois mon père, et pour tout vous dire je n'allais pas couper la main de cet enfant, je ne suis pas un Danois voyons, je lui montrais comme un porc était ardu à la coupe.
- Je vois, la leçon est t-elle terminé? J'ai le désir de le ramener avec moi.
- Bien sûr, qu'il retourne à sa tâche, et laissez moi vous offrir les poires de votre choix mon père.
- C'est aimable à vous."
Aussitôt la poigne du marchand relâché, le garçon accouru derrière le père Beocca qui prenait les poires promises. Le religieux prit l'enfant par la main et tout deux s'éloignèrent sous l'œil mauvais d'Igor.
"C'est un menteur, pestait Daegan, il l'allait me la couper cette main!
- Je le sais, répondit son sauveur d'un ton calme.
- Comment puis-je vous remercier mon père?
- En arrêtant de t'attirer des ennuis, tu es aussi têtu que Uhtred lorsqu'il était enfant.
- Vous avez connu le seigneur Uhtred enfant?
- Oui, et toi? Tu le connais grâce à Leofric j'imagine.
- Oui, je les admire tout les deux, mais ces derniers temps..
- Je le sais, j'en ai entendu parler. Connais-tu la punition que le Roi a infligé à Uhtred?
- Une punition, le seigneur Uhtred s'est fait prendre?
- Je le crains oui.
- La connaissez-vous? La punition?
- Je n'en suis pas certains, je n'étais pas là, mais j'ai entendis des dires et j'ai vu tout un tas de gens courir jusqu'au château.
- Parlez mon père, je vous en supplie.
- Le combat à mort, cela se déroulera aujourd'hui même."
Daegan fut horrifié.
"C'est un bon guerrier, j'ai confiance en lui, mais contre qui le seigneur Uhtred va t-il se battre?
- Tu es certains de vouloir le savoir?
- Oui mon père.
- Leofric."
Un mauvais frisson parcouru le dos de l'enfant. Il en devint blême et ne trouvait les mots à dire. Aujourd'hui il perdrait l'homme qu'il voyait comme un père ou le guerrier qu'il admirait. Le garçon n'eut guère l'envie d'échanger davantage, il préféra se réfugier dans son cagibi. Là où personne ne le verrait pleurer comme le faible petit mendiant qu'il était. Ainsi, à toutes jambes, il quitta la compagnie du religieux, Beocca, qui le regarda partir sans essayer de le retenir. Il se doutait du chagrin de Daegan.
L'enfant dévala l'une des rues de Winchester. Ses yeux se mouillaient de larmes alors qu'il reniflait avec grand bruit. Malheurs à lui, il bouscula quelqu'un sans en avoir le désir. Il s'excusa brièvement en essuyant ses pleurs d'un revers de la manche. C'était une femme, dont les cheveux étaient attachés. Quelques unes de ses mèches étaient entouré de laine rouge alors que sur ses épaules reposaient un manteau de peau de mouton. Dès la première seconde, elle l'impressionnait. Il y avait un air chez elle qui n'avait rien de saxon. Daegan ne le savait pas encore, mais c'était là une Danoise. Le garçon repartit et avec grande vitesse regagna son logis. Ce dernier n'était pas loin du château, il lui était donc grandement aisé d'entendre les coups de lames qui jaillissaient en tout sens. Or, il n'osait regarder. Durant de longues minutes il resta recroqueviller sur sa couche, les mains sur ses oreilles afin de ne rien entendre de ce qui se déroulait.
"Les Danois! Ils sont entrés dans la ville!"
Ce fut ces mots qui sortirent l'enfant de son chagrin. Il posa son œil pour observer le paysage par le trou de souris. Des chevaux courraient en tout sens, et le sang giclait sur les mur. Des hommes et des femmes vêtu de peau d'animaux prenaient grand plaisir à torturer les saxons. Dans la taverne juste en dessous du garçon, des cries de femmes se faisant violer résonnaient. C'était un véritable cauchemar. Daegan se fit à l'évidence qu'il devait quitter Winchester, rester dans la ville en devenait dangereux et même si dans sa cachette il restait en sécurité, la nourriture et l'eau manquante feraient de plus cruelles ennemies que les Danois. Le petit voleur ne prit aucunement le temps de prendre une besace emplit d'affaires. Il préféra déguerpir. Comme plus tôt dans la mâtinée, il s'extirpa de son cagibi marcha sur les poutres, glissa sur le toit et tomba dans la rue de Winchester. A cet instant même, un assaillant sortit d'un foyer. Il était grand, des cheveux blond, et un tatouage décorait son front. Ils croisèrent leurs regards, le Danois sembla l'épargner, Daegan s'en alla à grande vitesse.
L'enfant passa par une allée, et manqua de se faire blesser par une cavalerie menée par Odda le jeune. Le petit voleur, d'un bond, évita les sabots des chevaux et cracha sur leur passage. Il détestait cet homme. Le cœur apeuré du garçon s'apaisa lorsqu'au loin il aperçu Uhtred, Leofric et une femme au long cheveux noir. Daegan, les larmes montantes aux yeux, accouru jusqu'à eux en appelant le nom de l'homme d'Alfred. Ce dernier, qui avait les traits grave, sembla soudain soulagé de voir son protégé. Le petit mendiant sauta dans les bras de l'homme et ne put que hoqueter des dires incompréhensible. Leofric lui tapota le dos et prit la parole, en observant la cavalerie s'éloigner.
"Inutile de se ruer aux écuries on y trouvera que du crottins.
- Allons par là, suggéra Uhtred."
Daegan retrouva le sol et la main de la femme aux cheveux noir lui emprisonna la sienne. Mieux valait laisser les deux guerriers libre de leur geste. Le petit groupe s'éloigna en prenant soin de se faire discret. Ils pénétrèrent dans une demeure qui n'était pas au grand cœur du combat entre Danois et Saxons.
"On va se cacher là haut et attendre que la nuit tombe, expliqua Uhtred."
Ils s'exécutèrent et montèrent en hâte se réfugier à l'étage supérieur de la maison. Ce n'était pas réellement une pièce mais davantage un rangement. De gros tonneaux dormaient là ainsi que quelques sacs de farine. Daegan accouru dans les bras de Leofric, seul endroit où il se sentait en sécurité. Le calme les gagna et plus personne ne bougea.
Des heures s'écoulèrent, le silence ne s'y invita pas un seul instant. Il y avait dans leurs oreilles les échos de cries et du massacre qui courrait les rues et effrayait les saxons. Daegan se serrait tant contre Leofric qu'il aurait pu s'y fondre. L'homme d'Alfred ne disait rien et se contentait de l'enlacer davantage. Uhtred n'était qu'à quelques pas d'eux, assit et tranquille. Quant à la femme aux cheveux noir, dont le garçon ne connaissait guère le nom, elle s'était isolée bien plus loin et ne semblait pas plus rassurée que l'enfant.
Des hurlements de supplication résonnèrent alors bien plus fort, bien plus tenace et bien plus alarmant. Ces cries ne venaient pas de la rue, mais prenaient place juste en dessous d'eux. Uhtred se releva légèrement et tenta d'y voir plus nettement, mais il était bien trop loin pour cela. La femme aux cheveux noir, elle, se trouvait juste au dessus de l'événement, et avait le malheureux loisir de pouvoir le contempler. Il y avait là, une jeune nonne qui luttait contre le viol qu'elle s'apprêtait à subir. Par courage ou folie, celle dont Daegan ne connaissait pas le nom, se jeta dans le vide, couteau tranchant levé et vint massacrer les Danois. Uhtred et Leofric accoururent à sa suite. L'enfant, lui, se terrait davantage dans l'ombre, effrayé par la chose. Ils mirent peu de temps à massacrer leur ennemi. Les cries cessèrent vite, et bien qu'apeuré, le petit voleur descendit l'échelle et rejoignit le coté de l'homme d'Alfred, serrant entre ses doigts sa cotte de maille comme s'il était effrayé que le guerrier disparaisse. Il put observer la nonne, elle était fort jeune, c'était une novice, et avait les cheveux blond très court.
"Plus question de rester là, on s'en va, déclara Uhtred avant de s'emparer d'un casque Danois. Enfile ce casque, ordonna t-il à Leofric qui s'exécuta. On est des Danois.
- Encore? soupira son ami.
- Vous n'allez pas me laisser? supplia la nonne la voix tremblante de peur.
- Non, soyez sans crainte, rassura la femme.
- Vous êtes nos prisonniers, dit le guerrier Danois en lançant une corde aux femmes et en ordonnant à Daegan de les rejoindre."
Les deux femmes et l'enfant s'attachèrent les mains, avant que Leofric se saisisse d'un bout du lien et que Uhtred ne s'empare de la tête de ce cortège. La supercherie était parfaite. Ils craignaient au départ qu'ils soient aisément repéré mais au bout de quelques mètres dans la rue, à la vue des ennemis, ils furent rassurés. Personne ne semblait se douter de qui ils étaient réellement. Le garçon n'osait regarder autre chose que ses pieds. Winchester était devenu ce qu'il s'était imaginé de l'enfer. Des moines étaient crucifié en tous coins et leurs tripes léchaient le sol. Les dames, les religieuses ou les mendiantes étaient violées sans vergogne. Des têtes et des corps d'hommes étaient usés tels des trophées de guerre. L'air empestait le sang et la charogne. La ville humble, bien que prise de beauté qu'ils avaient connu n'était plus qu'un maigre souvenir. Daegan se mit à songer que son père se trouvait peut être parmi ces assaillants, mais il n'avait pas la moindre idée de son apparence et il n'avait guère l'envie de le croiser. Savait t-il seulement qu'il avait engendré un enfant?
"Uhtred le saxon, appela une voix dans leur dos."
Ils tressaillirent et d'un mouvement commun se retournèrent. Le garçon reconnu avec facilité la personne qui avait interrompu leur ascension. C'était là, la femme aux mèches entouré de laine rouge qu'il avait bousculé plus tôt dans la journée. Il fut surpris qu'elle connaisse le seigneur Uhtred, mais au ton de sa voix, il n'en fut guère rassuré.
" Brida! dit avec joie le guerrier."
Il s'avança jusqu'à elle. Elle, recula d'un pas.
"Quoi? Tu comptes me faire du mal? interrogea t-il.
- Je n'en sais rien pour l'instant.
- Ça fait plaisir de te revoir, lança Leofric.
- Leofric, salua t-elle, comment tu as fait pour faire rentrer ta grosse tête dans un si petit casque.
- Disons que j'ai pas eu le choix.
- Pourquoi es-tu si hostile? demanda Uhtred la voix peinée. Où est Ragnar? Il est là?
- Il s'apprête à partir vers le Nord.
- Pour tuer Kjartan?
- En quoi ça t'intéresses? Les gardes à la grande porte sont ivres, la voie est libre, informa t-elle.
- Brida! Dis à Ragnar que je suis toujours son frère.
- Je lui dirai que je t'ai vu et que tu es partit."
Malgré cette rencontre qui peina le guerrier, le groupe poursuivit son chemin et quitta Winchester sans encombre. Les gardes étaient effectivement ivre, une cavalerie entière aurait pu pénétrer dans l'enceinte de la ville ils n'auraient guère bouger un sourcils. Lorsque la petite troupe fut assez éloigné des murs, ils retirèrent la corde et pressèrent le pas. Malgré sa fatigue, Daegan ne traînait pas les semelles et avançait parfois aussi vite que Uhtred.
Ce ne fut que lorsque la lune fut assez haute, qu'ils décidèrent de s'arrêter à coté d'un petit fleuve. Poussant de gros rondins de bois pour s'y asseoir et allumant un feu pour se réchauffer, c'était là tout ce dont ils avaient besoin comme réconfort après cette rude journée. Daegan s'en était allé avec la nonne au bord de l'eau. Après s'être désaltéré, il regardait la religieuse retirer tout le sang qui ornait ses mains.
"Mon nom est Hild, et toi, comment t'appelles-tu? avait t-elle demandé.
- Daegan.
- Tu es le fils du grand guerrier, Leofric?
- Non, je ne suis qu'un garçon.
- Je vois, quel âges as-tu?
- Huit ans.
- Tu es bien courageux pour un enfant."
Tout deux poursuivirent leur discussion sur des sujets sans grande importance. A quelques pas d'eux, Uhtred, Leofric parlaient alors que la femme aux cheveux noir était pensive. Le garçon avait finalement appris que son nom était Iseult.
"Brida a changé, dit l'homme d'Alfred. Elle a toujours été un peu revêche mais là elle est devenu hargneuse."
Le saxon connaissait la Danoise car celle-ci était arrivée à Winchester en même temps que Uhtred. Mais contrairement à lui, elle, était repartit avec leur peuple au coté de Ragnar. Le frère du jeune nigaud.
"C'est peut être elle qui a changé ou c'est peut être moi, soupira son ami.
- Elle t'a aimé autrefois, plus aujourd'hui, déclara Iseult.
- Ça, c'est de la voyance, je suis impressionné, se moqua Leofric sans animosité."
Hild et Daegan revinrent auprès d'eux. A l'invitation de la nonne, l'enfant prit place sur ses genoux et celle-ci le serra dans ses bras en le berçant avec légèreté.
"La journée a été dur, tu as été courageux petit, dit Leofric en lançant un sourire à son protégé.
- Je déteste la forêt, soupira la nonne avant de se tourner auprès de Uhtred. Où est votre femme? Je sais que vous êtes marié à Dame Mildrith.
- Elle a dû trouver refuge, auprès de l'Eglise, répondit t-il d'un ton irrité.
- Elle venait au couvent parfois, je me joignais à ses prières, j'ai vu un changement s'opérer en elle.
- Pourquoi est-ce qu'une femme se fait nonne? interrogea Leofric.
- Par amour pour Dieu, parce que jamais il ne vous abandonnera.
- Un homme vous a violé aujourd'hui, où est-ce qu'il était Dieu? poursuivit l'homme d'Alfred.
- Il vous envoyez. Croyez-vous que le Roi ait pu être tué?
- Le sort du Roi nous est égal, siffla Uhtred.
- Si le Roi est mort s'en est fini du Wessex, sermonna son ami. "
Iseult se leva soudainement et fit quelques pas au loin du feu, pour trouver l'ombre des arbres.
"Où vas-tu? questionna le Danois.
- Chercher l'obscurité, répondit t-elle sans s'arrêter.
- L'obscurité, pourquoi? demanda Hild.
- Pour voir."
Leofric pouffa à la réponse de son ami. Le silence s'installa de nouveau. Uhtred prit un bout de bois et attisa le feu lorsqu'un petit bruit naquit du calme. Tous les regards se tournèrent auprès de Daegan. L'enfant, la bouche ouverte, ronflait dans les bras de Hild. Les deux hommes furent amusés.
Le lendemain, ils étaient partit tôt, le soleil n'était pas même levé et la rosée n'avait pas quitté ses prisonniers. Le garçon était bien plus en forme que la veille, il était même trop énergique. L'enfant courrait en tout sens, et s'enthousiasma à la moindre chose. Malgré la crainte, il amusait ses compagnons de route. Bien que, lorsque le soleil fut haut et la végétation plus dense, Daegan se trouva fort fatigué et Leofric dû le prendre sur son dos.
"Leofric où sommes-nous? demanda Hild.
- Dans les marais de la Severn, terre marécageuse.
- Je n'avais encore jamais vu une chose pareil, observa Iseult.
- Les herbes sont trop hautes, elles me rentrent dans le nez, grogna Daegan. Je peux descendre Leofric?"
L'homme d'Alfred s'exécuta et laissa l'enfant glisser au sol. Le garçon avança d'un pas plus rapide et finit par dépasser tout le monde. Il ne semblait guère y avoir un quelconque danger aux alentours, alors ses compagnons le laissèrent aller. Daegan s'en faisait une joie. Il découvrait enfin autre chose que les tristes murs de Winchester. Il y avait là des insectes qu'il n'avait jamais vu, tout comme de la végétation, tout était nouveau pour lui. Il gambadait, s'émerveillant de tout lorsque ses pieds gagnèrent un chemin tracé par, sans doute, quelques charrettes et les sabots de chevaux.
"Il y a un sentier, cria t-il à ses compagnons."
L'enfant décida d'arrêter ses pas et d'attendre les autres. Or, les soudains cries l'alarmèrent et il regagna bien vite la broussaille. Il ne mit guère de temps à retrouver Leofric, aussitôt il les prévint. Les deux hommes levèrent le regard et purent y voir des fuyards se diriger auprès de barques.
"Des prêtres, observa le Danois.
- Ils ont peur, remarqua l'homme d'Alfred.
- Des Danois! alerta Hild, Dieu nous garde!
- Ils vont se faire bien recevoir! cracha Leofric en tirant sa lame, bien vite suivit de Uhtred."
Les deux guerriers s'en allèrent à la bataille, alors que les deux femmes et l'enfant partirent prêter main forte à un religieux, qui peinait à mettre sa barque à l'eau. Iseult porta le garçon et le mit dans le petit bateau, le moine qui s'y trouvait le prit dans ses bras auprès de lui. L'homme d'Alfred arriva le premier auprès du batelet et poussa le peu qui restait sur la terre ferme. Uhtred arriva par la suite. La barque gagna finalement les eaux. Les deux hommes prirent de grandes branches et pagayèrent pour s'éloigner de la rive. De peu ils furent en sécurité et les Danois repartirent bredouille.
"Un prêtre aura bien quelques pièces pour remercier ses sauveurs, dit Uhtred un sourire en coin.
- Je dois la vie à des fantômes dirait t-on, répondit t-il en retirant son capuchon."
Daegan écarquilla les yeux, le moine qui l'avait accueillit avec protection dans son étreinte, se trouvait être le Roi, lui-même. L'enfant s'en trouva bien gêné, mais Alfred ne semblait pas s'en accommodé et gardait un bras autour de ses épaules.
"Mon seigneur, salua Leofric. Dieu merci vous êtes indemne.
- On a veillé sur moi.
- Et votre famille?
- Ils vont bien, ils sont dans la barque devant nous. Nous espérons trouver asile dans ces marais.
- Ils ont fondu sur le palais comme si ils étaient apparu de nul part, poursuivit l'ami de Uhtred.
- En effet.
- Ils sont entrés parce qu'on les a laissés entrer, pesta le Danois. Où était vos gardes? Vos espions? A genoux devant un autel sans doute.
- Ayez un peu de respect, sermonna Hild.
- Le Wessex laisse ses guerriers s'affronter entre eux et passe bien trop de temps à genoux! Sans parler de ce qu'ils donnent à l'Eglise.
- Si Guthrum était chrétien et non païen, le conflit trouverait une solution, dit Alfred.
- Mais il se trouve qu'il n'est pas chrétien, rétorqua Uhtred sèchement.
- Vous feriez bien de ne pas oublier que c'est au Roi que vous parlez! Siffla le Seigneur du Wessex.
- Au Roi de quoi? Regardez autour de vous.
- Alfred est notre Roi, clama la nonne.
- Comme tous les autres Royaumes avant lui, le Wessex est tombé. Alfred est simplement Alfred, un homme, Roi de rien du tout."
Daegan se trouva davantage gêné d'avoir été auprès du souverain durant cette conversation plutôt houleuse. Mais au terme de la dernière phrase de Uhtred, l'enfant avait pu voir de la peine dans le regard d'Alfred. Nul doute qu'il s'en voulait de cette perte et qu'il peinait à faire de son mieux pour son peuple. Oubliant chacune des convenances, ainsi que les rangs, le petit voleur se fondit dans les bras du Roi, et ce dernier le renferma dans son étreinte. De plus il ne faisait guère chaud, cette accolade était donc d'autant plus réconfortante. Ils restèrent ainsi durant toute leur traversée, qui fut lente et paisible. Ce ne fut que lorsque la barque arriva proche d'un village, où l'on vit Dame Aelswith et quelques moines attendrent sur un pont, que l'enfant se décolla d'Alfred.
Le village au milieu des Marais, était tout à fait plaisant. Loin de la guerre, loin des massacres. Daegan ne pouvait rêver meilleur endroit. Il passait son temps à aider Iseult ou Hild dans leur besogne ou a jouer avec la fille d'Alfred, Aethelflead. Cette dernière était plus âgée que lui de quelques années mais leurs jeux n'en restaient pas moins divertissant. Bien que la princesse était souvent peinée par la maladie de son frère cadet, Edward. Leofric n'avait jamais vu son protégé aussi heureux, et en fut fort satisfait. Ceux-ci passaient également beaucoup de temps ensemble. Et agissaient davantage tels père et fils, semant parfois le doute sur leur relation. Même Dame Aelswith se montrait plus aimable envers le petit voleur.
Cela faisait quelques jours qu'ils étaient dans ce refuge et chacun prenait son rythme. En cette après-midi ensoleillée, Daegan regardait Iseult écraser des herbes dans un bol. Il l'aimait beaucoup, Iseult. Uhtred était assit non loin d'eux, et comme à son habitude, était perdu dans ses pensées. Hild aussi était là, mais elle se laissait prendre dans ses prières. Quelques pas résonnèrent, le garçon aperçu Alfred arriver, bien que celui-ci fit mine de ne pas les voir. Il était encore honteux du sermon que lui avait offert le Danois.
"Mon seigneur, j'ai préparé un fortifiant, alpagua la femme. Pour vous, pour vos douleurs au ventre, vous faites du sang par le fondement. Ce ne sont rien d'autres que des herbes mon seigneur, buvez."
Iseult y avait mit toute sa bonne volonté et encouragea le Roi d'un sourire amical. Ce dernier accepta finalement la mixture et bu d'une traite avant de tordre les traits de son visage avec dégoût.
"Alors c'est bon? s'en amusa la femme ce qui fit grandement sourire Daegan.
- Non pas du tout, merci.
- Je vous en referai demain."
Alfred s'en alla sans dire mot. Le garçon, en jouant avec l'une de ses boucles ébène, le regardait partir. Il cessa son activité ennuyante lorsqu'il aperçu Leofric arriver. En poussant un cri de joie, l'enfant accouru à lui et lui sauta dans les bras.
"Profites en, tant que tu ne pèses que le poids d'une plume, s'amusa le guerrier avant de s'approcher de Uhtred. Il va se perdre, souffla t-il en faisant toute référence au Roi qui s'en était aller. Je te le garantis."
Daegan retrouva le sol avec mécontentement. Malheureusement, il ne pouvait avoir le loisir de suivre son protecteur sur ce chemin là. En soupirant, l'enfant se laissa tomber sur l'une des couches avec grande plainte sur son ennuie.
"Vas donc jouer avec Aethelflead, proposa Hild.
- Elle ne veut pas, elle pleure son frère malade.
- Alors tu devrais faire une prière pour le prince.
- J'en connais trop peu.
- As-tu déjà lu la bible?
- Je ne sais pas lire, mais je connais mon alphabet! Alfred me l'a apprit l'autre soir.
- Le Roi t'a apprit l'alphabet? demanda Uhtred surpris.
- Je te l'ai dit, le Roi est bon, Uhtred, dit le garçon qui en oubliait depuis longtemps les vouvoiement avec le Danois, celui-ci semblait d'ailleurs préférer cela.
- Parce que tu ne l'as pas encore ennuyé, ria le guerrier."
L'homme s'en alla, l'épée lâchement posé sur son épaule gauche.
"Veux-tu que je poursuive ton apprentissage de la lecture? demanda Hild.
- Je veux bien, mais j'ai à faire avant, il me faut aller au petit coin! Dit Daegan en s'enfuyant en courant.
- Daegan, attends ! appela la nonne. Tu vas encore te perdre!"
La religieuse prit à grande vitesse la suite de l'enfant. Ce dernier s'était déjà perdu deux fois. Deux fois, il avait fallut des heures à Uhtred et Leofric pour le retrouver. Depuis, il lui fallait toujours quelqu'un à son coté, bien qu'il mettait un point d'honneur à être caché, tout comme lorsqu'il se lavait. Il n'avait pas le désir qu'on le voit nu.
Dans la journée, le Roi envoya des prêtres qui disparurent sur le Marais dans une barque. Daegan, fort curieux, avait alors demandé la raison de ceci. Uhtred lui avait répondit que c'était là pour faire savoir aux soldats que Alfred vivait toujours, car une grande bataille allait être menée.
La nuit tombée, l'enfant était au coté de Leofric. Ils regardaient le bois se consumer dans le feu. Ils s'ennuyaient.
"Son enfant va mourir? demanda le Danois à Iseult, tout deux n'étaient guère loin. Tu ne peux pas le sauver?
- Il existe un moyen, mais ce n'est pas un moyen souhaitable.
- Si c'est le seul qui existe, tu dois y recourir."
Le petit voleur, qui avait entendu les propos avec grand intérêt, joignit ses mains et commença une prière que Hild lui avait enseigné. Il désirait plus que tout la guérison du prince.
The next is coming...
Salutation !
Morte-couille, ça fait longtemps! Désolé de cette attente mais j'avais plus trop d'inspiration..Et la flemme d'écrire aussi huhu.
Le chapitre suivant va conclure la saison 1 !
Btw, merci énormément de toutes ces lectures sur ma fanfiction, ça prouve enfin que cette série est davantage reconnu et ça fait du bien ! Parce qu'elle le mérite vraiment!
Je vous invite fortement à écrire sur cette série, c'est TELLEMENT agréable !!
Hein Marine! ÉCRIS UNE FANFICTION TLK OH ! huhu!
Je vous salue énergiquement de la main gauche !
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