Chapitre 35 : La Vallée de Tettenhall
D'une forte poigne, Daegan prêtait main forte à Osferth qui peinait à préparer son cheval. Car lorsque les Danois avaient fui, Uhtred avait sommé au départ et ne laissait nul place à la négociation. Pour lui il était hors de question que d'autres embuches viennent entraver leur chemin. Désormais, ils devaient se rendre au plus vite dans la vallée de Tettenhall, là où Aethelflaed espérait livrer bataille à Cnut. De plus, ce dernier, serait sans doute prit d'une folle rage lorsque ses hommes lui rapporteraient l'acte du frère de Ragnar, dont nul ne pouvait soupçonner la ruse.
"Cnut nous pourchassera lorsqu'il saura pour son fils, s'inquiétait Uhtred le jeune."
Ce dernier, à quelques pas de Daegan, tenait le coté de son père et craignait la bataille qui grondait. Hormis Bebbanburg, il n'avait jamais combattu. Et la forteresse de Northumbrie n'était qu'un simple assaut.
"Pourquoi montrer qu'ils sont vivants, on perd l'avantage, appuya Osferth en jetant un œil aux deux garçons qui ne bougeaient guère et patientaient de connaître leur sort.
- Place à la bataille, s'enjoua étrangement Sihtric.
- Je peux presque la sentir, ricana la jeune femme aux boucles ébènes en se juchant sur Iseult.
- Et les garçons? s'enquit Finan.
- Libérons-les, ils n'ont plus d'utilités, ordonna Uhtred.
- Tu ne voulais que provoquer la colère de Cnut, n'est-ce pas? Pour être certain qu'il vienne à la bataille?
- Il y a du vrai dans ce que tu dis Daegan, mais on a surtout pu gagner du temps et sauver nos vies. Le destin veut qu'on défende les Saxons, c'est le destin qui nous a mené ici.
- Je crois au destin, père, mais étrangement, j'ai l'impression que ce n'est pas lui qui a vraiment guidé tes pas.
- Je ne veux pas la guerre, c'est elle qui me veut, mais oui j'ai causé une tempête.
- Cnut nous retrouvera, il faudra se battre.
- Tu as peur l'irlandais? se moqua la jeune femme en s'affalant davantage sur son cheval."
L'homme lui lança un sourire. Il appréciait retrouver la langue trop bavarde de son amie. Elle n'avait pas chevauché avec eux depuis des années, cela avait tout un air réconfortant.
"La bataille avec Cnut est inévitable depuis la capture de ses enfants à Haestan, dit Uhtred."
Les guerriers de ce dernier se heurtèrent de leur regard. Ils avaient connu une bataille rude à Bebbanburg, et ne s'imaginaient guère reprendre les armes si vite. Ils désiraient repos et ale, rien de plus.
"Je comprends ceux qui veulent me quitter, soupira le frère de Ragnar.
- Ils aiment l'aventure et seront fidèle à leur Chef, rassura Finan. Comme toi."
L'irlandais jeta un coup d'œil fort appuyé à Aethelflaed qui se hissait sur sa monture. Uhtred en sourit doucement mais ne prononça guère de parole. Le temps était venu de prendre la route, elle ne serait pas longue mais la peur de la bataille la rendrait pénible. D'un sifflement, Daegan appela son loup à elle, et ainsi, la maigre armée quitta les murs d'Aegelesbure pour la vallée de Tettenhall. C'était un lieu propice au combat, qui avait été suggéré à la Dame de Mercie par sa mère, Aelswith. Car cette dernière était née Mercienne et en connaissait de nombreux recoins, de plus ses années passé au coté de son époux, Alfred, lui avait rendu l'art de la guerre lisible.
Ils chevauchèrent une journée entière, sans même s'arrêter un instant. Les sabots de leurs montures avaient frappés la terre avec ardeur et cela jusqu'au soir. La maigre armée ne fit halte que lorsque les premiers rayons de lune pointèrent leur lumière. Leurs pas s'arrêtèrent dans le calme d'une épaisse foret. L'endroit n'était guère confortable, mais ils pouvaient allumé un feu sans être vu à des lieux à la ronde. Car bien que la chaleur était grande durant la journée, à la nuit tombée une certaine fraicheur s'invitait.
Ainsi, assise près des flammes, Daegan buvait une gorgée d'eau alors qu'elle tenait la compagnie de son jeune frère, ainsi que de Finan, Sihtric, Osferth et Aldhelm. Le silence et le repos, étaient fort agréable, ils l'apprécièrent même plus qu'à l'accoutumé. Bien qu'Uhtred le jeune n'avait de cesse de se tortiller sur le tronc d'un arbre mort sur lequel il était assit.
"Tu as mal au cul? s'enquit le bâtard de Kjartan qui s'était jusqu'alors montré muet.
- On s'y habitue en priant à genoux, répondit le garçon.
- Le cul trempé, c'est pire.
- Surtout en hiver, souligna Daegan."
Ces mots, bien que sans importance, apportèrent une légèreté à l'instant. C'était comme si la bataille ne s'approchait pas. Ils n'entendaient ni leur crainte, ni le sol grondant par l'approche de l'ennemi. Or, Uhtred le jeune décida de briser cette paix, car lui ne la ressentait pas. A chaque minute, sa crainte grandissait.
"Que fera t-on face aux Danois?
- Ton cul sera le cadet de tes soucis, répondit l'irlandais."
La jeune femme donna un coup de pied dans la jambe de celui-ci. Elle savait son frère craintif, aussi encourageait t-elle son ami à faire preuve de parole plus rassurante.
"Nous sommes de bons guerriers, corrigea t-il alors.
- Si on est préparé, dit Osferth d'un ton pensif."
Levant les yeux au ciel, Daegan se demandait par quelle stupidité un homme avait put être crée. Le garçon avait besoin de mots encourageant et non davantage de frayeur.
"Je me bats avec ton père depuis des lustres, on a toujours une bonne surprise de dernière minute, ajouta Finan en lançant un sourire à la jeune femme.
- Père n'est jamais en manque d'idées, souligna t-elle.
- Dame Aethelflaed a des fidèles prêt à risquer leur vie, appuya Aldhelm.
-Uhtred et Aethelflaed élaborent surement à cet instant un plan infaillible, affirma l'irlandais.
- Quoi qu'il en soit petit frère, ne t'éloignes pas de l'un d'entres-nous durant la bataille, et si il te faut fuir pour préserver ta vie, fuis, personne ici ne te blâmera.
- Tu as déjà fuit Daegan? questionna le jeune homme.
- Non, mais parfois j'aurais aimé que certains de mes proches le fassent, ils seraient surement à nos cotés aujourd'hui.
- Ton loup va combattre?
- Oui Sihtric, il a les crocs bien aiguisés pour la chair Danoise. Bien qu'il n'a jamais connu la bataille, je sais que Ragnar ne fuira pas, car il tient son nom du plus grand guerrier que nous avons tous connu ici.
- Oncle Ragnar était t-il aussi craint?
- Ce vaurien de Cnut n'aurait pas envoyé Aethelwold le lâche, si il n'était pas aussi craint. J'aurais beaucoup aimé que tu le rencontres, mon frère. Dès la première fois que je l'ai vu je l'ai trouvé grand et impressionnant, il avait tous les airs d'un géant. Lui et d'autres Danois étaient entrain de s'emparer de Winchester, je n'étais qu'une enfant, il ignorait qu'Uhtred me connaissait et pourtant il m'a laissé vivre. Je m'en souviendrai toujours, tout comme je me souviendrai le soir où il m'a confié ce bracelet d'argent que son père, Ragnar le Valeureux, lui avait donné.
- Tu pourras le confier à ton premier fils lorsqu'il remportera une bataille, dit Sihtric.
- Ou à ma première fille, corrigea t-elle.
- Etes-vous mariez Daegan? questionna Aldehlm qui ne connaissait que très peu la jeune femme.
- Daegan? Se marier? pouffa Finan. La plupart des hommes ont peur qu'elle leur coupe les bourses! A mon grand malheur car j'ai grandement hâte d'être l'oncle des enfants de la petite fille que j'ai rencontré sur cette plage où ma liberté m'a été rendu.
- Peut-être qu'un jour cela arrivera, mais le moment n'est encore pas venu, j'aime trop la bataille pour patienter durant des mois sans y prendre part car je serai grosse d'un enfant."
Les hommes rirent doucement, tandis que Daegan tomba dans ses pensées durant un instant. Elle aimait les enfants, c'était une vérité. Elle inspirait, un jour, à être mère. Or, songer que sa descendance ne serait sans doute pas celle d'Edward lui tordait l'estomac. Et donner naissance constituait aussi une épreuve, car c'était ainsi que sa mère avait perdue la vie. Et il était hors de question pour la jeune femme de mourir ailleurs que sur le champ de bataille.
"Qu'importe, reprit t-elle en se mettant sur ses deux jambes.
- Que fais-tu? s'enquit Uhtred le jeune.
- J'ai à parler à père."
Délaissant ses compagnons derrière elle, Daegan s'enfonça un peu plus loin dans la foret. Là, où Uhtred et Aethelflaed s'étaient retirés un peu plus tôt. Ragnar lui emboitait le pas et laissait pendre joyeusement sa langue alors que ses pattes rebondissaient sur le sol. La jeune femme lui lança un sourire avant de passer le bout de ses doigts dans la fourrure de son animal. Enjambant un rondin de bois, elle commença à distinguer les voix de la Dame de Mercie et de son père.
"Alors tu as donc à cœur le destin de la Mercie et des Saxons, dit la fille d'Alfred.
- Je crois entendre ton père, ricana le guerrier. Il m'utilisait pour arriver à ses fins.
- C'était un homme avisé, j'essaie de suivre son exemple, moi aussi je devrais t'utiliser pour arriver à mes fins."
Cessant sa marche, Daegan n'était plus qu'à quelques petits pas des deux amants. Elle pouvait tout à fait en distinguer les formes et cela malgré la nuit sombre qui tapissait le paysage. Elle les observait sans mot dire, alors qu'ils se laissaient aller à un baiser qui n'avait rien de farouche. Fronçant les sourcils, la jeune femme se rappela de son enfance. Lorsqu'elle et Aethelflaed jouaient dans les Marais alors que les Danois avaient prit Winchester. La princesse n'était qu'une petite fille, et jamais Daegan n'aurait soupçonnée qu'elle vienne prendre la place de sa mère dans le lit de son père. Agacée de cette vue, elle ne manqua guère de faire connaître sa présence en se raclant la gorge. Ce simple son, aussi commun qu'il eut été, sépara les amants en deux comme la foudre séparait l'écorce des arbres.
"Je vais me retirer, dit la Dame de Mercie."
Cette dernière, d'un pas fort vif, passa au coté de la fille d'Uhtred. Elle s'arrêta cependant un instant lorsqu'elle arriva à son hauteur. Mais voyant le regard de son amie d'enfance l'ignorer, elle décida de ne point engager la conversation et de simplement tracer son chemin.
"Tu as quelque chose à me dire? interrogea le guerrier en posant ses poings sur ses hanches.
- J'ai plutôt quelque chose à te faire lire."
Plissant les sourcils, le frère de Ragnar ne semblait guère comprendre. Daegan plongea alors sa main dans la petite bourse qui pendait à son ceinturon et en sortit une lettre, quelque peu froissée.
"Il y a un an, j'ai demandé au Roi Edward une faveur, commença t-elle alors qu'elle se mit à triturer le papier avec nervosité. Je voulais qu'il retrouve mon véritable père. J'étais désireuse de savoir si j'avais des terres quelque part et un nom. Si d'autres partageaient mon sang, ou si j'étais démuni de tout héritage. Cela a mit du temps, mais les espions du Roi ont trouvés. Et je ne peux guère garder cela pour moi, alors que tu es celui qui m'a élevé."
Terminant ses mots, la jeune femme marqua un instant d'hésitation avant de tendre la lettre à Uhtred. Ce dernier, brulant de curiosité et notant le trouble de son enfant, s'empressa de déplier le papier pour s'abreuver de chaque paroles qui s'y trouvaient. Au fur et à mesure de sa lecture, son visage se décomposait, parfois d'incompréhension et d'autres fois de surprise. Un silence, lourd et pesant, s'installa lorsqu'il eut terminé. Repliant la lettre, il l'a garda dans ses mains tout en l'observant, avant de finalement porter son intention sur sa fille.
"Edward est certain de la véracité de ces propos?
- Oui, il s'en est assuré en envoyant des espions différents. Tous, sans exception, ont rapportés ces mots."
Passant une main sur son visage, puis jetant un regard au loin, en direction de ses hommes, le guerrier semblait dépourvu par la situation.
"Est-ce qu'il le sait? Tu le lui as dit? interrogea t-il.
- Tu es le seul à savoir, je n'ai pas encore trouvé les mots pour le lui dire, ou le bon moment. Je sais que la bataille gronde, mais je crois que j'ai besoin de temps.
- Tu es déçue?
- Je l'ignore, mais je savais que peu importe les dires de cette lettre, tu resterais mon père. J'ai simplement été prise au dépourvu, je ne m'attendais pas à ce que son sang coule dans mes veines."
Uhtred hocha la tête, et laissa ses bras envelopper son enfant dans une étreinte. Les héritages, et le sang, était une histoire qu'il connaissait bien. Il savait Daegan soulagée d'apprendre ses racines, mais cela causait un nouveau poids sur les épaules de sa fille.
Les guerriers qui chevauchaient au coté du frère de Ragnar, reprirent leur chemin tôt dans la matinée. La vallée de Tettenhall se présenta à eux alors que midi n'était toujours pas passé. Ils furent toutefois surpris de l'endroit qu'ils venaient atteindre. C'était un bon champ de bataille, car tout n'était qu'une grande plaine verdoyante, entouré de plusieurs forets. Une grande armée avait toutes ses chances en un tel endroit, cependant, ils n'étaient pour l'instant qu'une vingtaine. L'époux d'Aethelflaed ne se tenait guère là avec ses soldats, de même qu'Edward dont elle forçait la main. Ils étaient seuls face à la colère de Cnut.
"Sommes-nous au bon endroit? interrogea Uhtred.
- Oui, affirma la Dame de Mercie craintive par l'absence de troupe.
- Où est l'armée d'Edward? s'enquit Osferth.
- Je ne vois personne, dit Sihtric.
- Parce qu'il n'y a personne, si nous ne sommes que vingt autant entreprendre à creuser nos tombes, enchérit Daegan.
- Il va venir, assura la fille d'Alfred."
Ne contredisant guère ces paroles, la maigre armée se remit à galoper afin d'atteindre le cœur de la vallée. Descendant la colline sur laquelle ils étaient jusqu'alors juchés, ils prirent l'élan nécessaire pour s'élancer au dessus de la fissure qui déchirait Tettenhall. C'était un grand trait dans la terre, qui était assez profond pour laisser un homme mourir de faim et de soif, sans qu'il n'ait la possibilité de remonter. Ainsi, ils décidèrent de se rapprocher du bois pour y laisser leurs chevaux et attendre la venue des armées.
"Les troupes Mercienne devaient se rassembler dans les bois, dit Aethelflaed. Je les préparerai au combat avant l'arrivée de mon frère."
Il y eut bien une armée qui s'extirpa des bois ce jour là, or ce ne fut guère celle de Mercie. Les capes et les amures rouge sang qui étaient juchés sur leurs dos, confirmaient que ces soldats inconnus n'étaient guère des Danois. Or ils n'étaient ni de Mercie, ni du Wessex. Sur leurs gardes, Uhtred et ses quelques guerriers, firent siffler leurs lames hors de leurs fourreaux.
"Ce ne sont pas des Merciens, observa Uhtred.
- Etes-vous Chrétiens? interrogea un homme qui semblait être à la tête de l'armée inconnue. Nous sommes des Gallois, dévoués au Roi Hywell.
- Etes-vous alliés ou ennemis de la Mercie? interrogea Aethelflaed.
- Nous sommes venus combattre Cnut, et écraser les Danois comme nous l'avons fait avec les Saxons si souvent.
- Et mes troupes?
- J'ai nommé le petit prêtre chauve à leur tête."
Du mouvement s'opéra alors parmi les Gallois. Quelques chevaux se décalèrent, alors qu'un grognement sortit de derrière les rangs. S'extirpant de l'armée nouvellement venue, le père Pyrlig se montra.
"Je ne suis pas chauve, et encore moins petit, maugréa ce dernier."
D'un pas plus enjoué, en levant haut les mains dans le ciel, le religieux s'approcha d'Uhtred et d'Aethelflaed, qui semblaient grandement soulagée de sa présence.
"Père Pyrlig! accueillit t-elle. Je ne comprends pas, veuillez m'expliquer.
- Il est venu supplier le Roi Hywell d'envoyer son armée, répondit un Gallois avant que le pauvre prêtre n'ait le loisir d'ouvrir la bouche.
- Edward l'a missionné, je savais qu'il ne m'abandonnerait pas, s'enjoua la Dame de Mercie.
- Non, c'est votre mère qui m'a envoyé, contredit Pyrlig. Je n'ai reçu aucun ordre du Roi."
Daegan fronça les sourcils à ces mots. Elle ne songeait guère qu'Edward délaisserait la Mercie ainsi que sa sœur à une bataille dont l'unique issue était la mort. Il y avait tout un aspect de la royautée que la jeune femme ignorait, car après tout elle n'était que la fille d'un seigneur, or elle ne se s'attendait pas à ce que le souverain du Wessex puisse ainsi tourner le dos à ses voisins.
"Nous devrons nous en contenter, soupira Aethelflaed."
Les Gallois hochèrent la tête et s'en retournèrent à la forêt pour y délaisser leurs chevaux ainsi que leurs vivres. Et tandis que Pyrlig s'enjouait à retrouver des visages familiers, tels que Finan et Sihtric, Daegan, elle, donna un coup de talon à Iseult pour avancer au niveau de son père et de la fille d'Alfred.
"Même avec ces Gallois nous sommes moins nombreux, dit t-elle en arrivant.
- Daegan a raison, approuva Uhtred avant de tourner son attention sur son amante. Tu as provoqué Cnut, mais tu peux encore renoncer la tête haute. On peut abandonner un combat inégal.
- Je ne me bats pas pour l'honneur, mais parce que quelqu'un doit affronter Cnut, même si on me l'a interdit. En tant que sœur j'ai désobéi, mais en tant que fille d'Alfred je ne fais que mon devoir. Même si ils ne m'étaient pas destiné, je suivrai les ordres du Roi.
- Je peux comprendre.
- Mais j'ai peine à croire qu'il me laisse ainsi seule, j'ai cru qu'il suivrait son instinct.
- Il y trop de serpents qui parlent à l'oreille d'Edward, ne le blâme pas, défendit Daegan.
- Je sais que tu as raison, approuva Aethelflaed en se tournant auprès de celle qui était son amie. Acceptes-tu de combattre sous mes ordres?"
La jeune femme arqua un sourcil et pouffa quant à cette demande.
"Je me bats pour moi, et moi seule, mais je veux bien défendre ton royaume pour cette fois.
- Merci, maintenant j'aimerais que tous deux me prêtiez conseil, que dois-je dire aux soldats?
- Que ton frère est en chemin, dit Uhtred.
- Il faut leur laisser de l'espoir, ou aucun n'aura la foi de soulever son épée, ajouta Daegan."
L'instant qui suivit, la fille du guerrier se tenait sur le bord de la petite colline qui surplombait le champ de bataille. Aucun n'avait encore gagné la plaine qui était peut-être l'endroit de leur mort. Tous s'étaient occupés à dissimuler leurs chevaux et leurs vivres, et profitaient des derniers moments de calme. La jeune femme, quant à elle, réfléchissait à comment ruser pour tourner le lieu à leur avantage. Prenant son coté, son loup, Ragnar, était silencieux. Lui aussi ressentait l'angoisse des troupes et la bataille s'approchant. Il sentait déjà le sang frais peindre l'herbe verte.
"On a connu pire, dit une voix dans son dos."
Tournant son visage, Daegan rencontra la silhouette de son père.
"Oui, Cynuit était pire, approuva t-elle. Mais les Danois avaient leurs bateaux comme faiblesse et distraction, et nous nous avions la graisse de porc pour les enflammer. Ici, nous n'avons qu'une vaste plaine.
- Avec plus d'hommes se seraient jouable, lança Finan qui s'approchaient accompagnés de Sihtric, Osferth et Uhtred le jeune."
Balayant quelques boucles ébènes d'un revers de la main, la jeune femme approuva les dires de son ami avant que ses yeux ne scrutent à nouveau l'endroit. L'évidence la frappa. Bien que le lieu était plat et semblait banal, il y résidait cependant un fourbe piège qui pourrait leur être d'une grande utilité. Tettenhall était vaste, mais elle n'en avait pas moins un avantage, la grande et profonde fissure qu'ils avaient traversés par de grands sauts à leur arrivée. Un homme s'y perdant pouvait y mourir, aussi fallait t-il exploiter la chose.
"Père, interpella t-elle en pointant son doigt sur le paysage. La fissure qui divise Tettenhall, nous pourrions l'utiliser. J'ignore de quelle sorte, mais je pense qu'elle peut jouer en notre faveur."
Uhtred suivit la direction que sa fille lui montrait et réfléchit un instant. L'idée était loin d'être mauvaise, et le sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'il sut comment exploiter cette avantage que lui montrait son enfant.
Dissimuler aux yeux des troupes ennemis cette grande fissure, afin que les Danois y tombent et que l'assaut soit plus aisé. Telle était la ruse du guerrier. Sous les ordres de sa vive voix, le frère de Ragnar ordonna à ce que chaque homme se munisse d'une lame ou d'une hache bien tranchante et qu'il se rende en forêt pour arracher feuilles et branches. Ils devaient se hâter car nul ne savait quand Cnut et son armée approcheraient. Libérant une cohésion de groupe, tous s'attelèrent à la tache. Les bouts de bois furent étendu par dessus la longue brèche qui déchirait Tettenhall. Bientôt, il n'en resta plus rien de cette fissure. D'une lointaine vision, et prit par le feu de la bataille, aucun Danois ne pourrait se douter de la supercherie. Un bon nombres d'entres eux plongeraient et sèmeraient le doute afin que les Saxons et les Gallois aient l'avantage.
"Tout est prêt, déclara Uhtred."
L'armée Galloise ainsi que les quelques Merciens s'étaient avancés dans la grande plaine, d'où un silence pesant y régnait. La fissure avait été soigneusement dissimulée aux yeux de l'ennemi. Le temps désormais était à la patience et à la crainte. Cnut et ses hommes seraient plus nombreux, il fallait donc prier pour que la ruse surpasse le nombre.
"Ca va marcher? interrogea Finan.
- Je l'ignore, avoua le guerrier."
L'herbe se mit alors à trembler, mais ce n'était pas le vent qui la faisait plier. Comme un violent tambour résonnant dans la vallée, les pas des Danois se faisaient annoncer. Les cœurs lourd, et l'angoisse naquit davantage. Il y avait peu de volonté à combattre dans les rangs. Malgré qu'Aethelflaed avait cru à son mensonge en annonçant qu'Edward et son armée viendrait, la crainte chez les soldats persistait, et ils n'avaient pas tord.
La moitié des Gallois fut envoyée dans les bois afin de surprendre l'ennemi. Ils voulaient leur faire croire jusqu'au bout qu'ils étaient fort peu. De la sorte, Cnut se jetterait sur eux sans se douter de la supercherie quant à la fissure. Plus à l'arrière, Daegan menait les archers comme l'avait demandé son père. Serrant son arc dans sa main, la jeune femme sentait la peur de la bataille, une vieille amie, s'éprendre d'elle. Elle ne craignait guère la mort, car elle croyait au Valhalla comme au paradis, elle était en paix avec cette idée. Cependant, elle avait combattu seule face à seulement quelques hommes pendant des années. Aussi craignait t-elle avoir perdu la main de la bataille. De plus, la fille d'Uhtred ne pouvait que penser à son frère qui se tenait à quelques pas d'elle. Il était effrayé, elle pouvait le voir comme le ressentir. Il serrait sa hache avec tant d'ardeur que ses phalanges blanchissaient. Daegan aurait voulu qu'il soit partout mais pas ici.
Bientôt, tels de sombres corbeaux fondant sur leurs proies, l'ombre des Danois naquit au sommet d'une grande colline qui entourait Tettenhall. Les sabots de leurs chevaux faisaient tant trembler le sol, que les Saxons le ressentaient dans les semelles de leurs bottes. Ils étaient nombreux, trop nombreux. Malgré la ruse, l'espoir d'Uhtred commençait à s'éteindre.
"Si lors du combat tu es menacée, trouves un homme de confiance qui te tuera sans souffrance, murmura le guerrier à l'oreille d'Aethelflaed.
- Je l'ai déjà choisi, répondit t-elle en tournant son regard sur Aldhelm."
Comme l'eau d'une cascade, les Danois commençaient à descendre la colline à grand galop. Leurs cris de rage résonnaient dans toute la vallée. Les oiseaux et les biches avaient dû quitter depuis longtemps l'endroit en sentant le massacre arriver. Ragnar, le loup, avait planté ses quatre pattes aux cotés de sa maitresse alors qu'il montrait vivement ses crocs tranchants. Le gout du sang tapissait d'ores et déjà son palais d'impatience.
"Aies pitié de moi Seigneur si j'ai peur, j'ai confiance en toi, mon Dieu tout puissant. J'ai foi en Dieu, je n'ai pas peur. Que peut un homme contre moi? Rien. Tu as délivré mon âme de la mort et prévenu mes pieds de la chute afin que je marches devant Dieu, récita Finan en cramponnant son épée."
Uhtred n'écoutait pas ses dires. Il n'y avait autour de lui que le silence et l'appel au sang. Il savait deux de ses enfants étaient sur le champ de bataille, ainsi que son amante et ses fidèles hommes. Il n'avait pas le droit d'abandonner, ou de se montrer faible. Fronçant les sourcils, le guerrier vit Cnut à la tête de sa grande armée. Il plongea son regard dans celui du Danois. L'attisant et se jouant de lui, le provoquant pour qu'il vienne le trouver. L'ennemi ne devait se douter de rien. L'ennemi devait tomber dans la fissure. Cela représenterait une première victoire.
Cnut le prit au défis. Hurlant à plein poumon à la mort des Saxons, il brandit son épée haut et invita à l'attaque. Sans doute lui avait t-on rapporté qu'Uhtred avait tué l'un de ses fils, c'était surement cette pensée qui l'animait. Et c'était là ce que le guerrier avait cherché lorsqu'il avait feinté la décapitation de l'enfant. Il avait dû le provoquer au plus profond de son être afin que le Danois vienne le trouver et que le père de Daegan puisse venger la mort de Ragnar le Jeune.
Dans les pupilles de Cnut, la feu de la fureur brulait, se consumant avec ardeur. Son sang pulsait dans ses veines alors qu'il imaginait déjà brandir la tête d'Uhtred le tueur de Danois, haut dans le ciel. Il se moquait des Saxons en réalité, car il n'y avait que la vengeance auprès du guerrier qui l'animait. Cependant, sa colère fut interrompu lorsque les sabots de son cheval glissèrent. Ils se sentit alors tombé avec violence, comme beaucoup de soldats de son armée.
La ruse avait été bonne, et son efficacité se prouvait à l'instant. Les premiers rangs de l'armée de Cnut tombaient, un à un, dans la fissure. Certains chanceux trouvaient la mort avant que l'un de leurs compagnons ne leurs chutent sur le corps, leurs brisant les os. D'autres, suffoquaient alors qu'ils étaient prisonniers du poids d'un cheval. Tandis que les plus victorieux, n'avaient eut que quelques égratignures et escaladaient leurs amis, mort ou vif, pour se sortir de ce trou dans lequel ils étaient tombés. Or, avant que les premiers Danois ne parviennent à s'extirper de la brèche, Uhtred donna l'assaut afin qu'aucun ne gagne leur partie de Tettenhall. Il leur fallait réduire le nombres de soldats, telle était leur unique chance.
A l'arrière, avec les archers, Daegan fit résonner sa voix pour leur ordonner de bander leurs arcs d'une grande flèche. Dans une parfaite synchronisation, suivant les mouvements de la jeune femme, les hommes s'exécutaient à placer leurs traits. Avant que ceux-ci ne soient tendu vers le ciel, comme si ils demandaient à Dieu lui-même de guider les pointes. Et dans un énième éclat de voix, la fille du guerrier commanda au lancé. Comme une pluie fine et battante d'été, les flèches brisèrent les nuages avant de retomber au contact de l'ennemi. La chair des Danois fut planté par ces pointes hargneuses qui avaient fait leurs chemins jusqu'à leurs cœurs pour en faire gicler le sang.
Cependant, si les premiers rangs de l'armée de Cnut étaient tombés, leur Chef avec eux, les derniers se tenaient encore bien debout. L'amie d'enfance d'Uhtred, Brida, semblait en avoir prit la tête. Elle était parvenu à les arrêter afin que tous ne chutent pas dans la brèche, et afin de donner le second assaut contre les Saxons. Et ce fut lorsque celui-ci fut ordonné, que les Gallois dissimulés dans la forêt, sortirent afin de prendre l'ennemi à revers. Or, le manque de Saxons se fit rapidement ressentir malgré la ruse et la volonté. Certains Danois parvenaient à remonter la fissure, et bien qu'ils étaient accueillit par les épées tranchante d'Uhtred et ses hommes, beaucoup parvenaient à passer pour se faufiler parmi l'ennemi et attaquer les Saxons au cœur même. Prise au dépourvu par l'ascension soudaine des Danois, Daegan dût ordonner aux archers de délaisser leurs arcs pour s'emparer de leurs épées, car la collision avec l'assaillant serait rude. Et elle le fut. Beaucoup de Gallois tombèrent autour de la jeune femme. Certains eurent le crane fracassé par des haches, d'autres furent éventrés, et égorgés. Ils chutaient dans des gargouillis immondes alors que la fille d'Uhtred était tachée du sang de ses allier et dû même, entre deux coups de Dent-De-Loup, essuyer son visage du la substance écarlate. Le souffle court par son endurance diminuante, elle donna un vive coup de tête dans le nez du Danois qui s'attelait à la mettre à terre. Le déstabilisant par cette riposte, elle en profita pour plonger la pointe de sa lame dans le cœur de son ennemi. Celui-ci tomba au sol, alors que Daegan poussa un cri de rage.
A quelques pas d'elle, Uhtred le jeune, s'efforçait à rester en vie. Munit d'une simple hache, et une maigre cotte de maille, il n'avait que pour réelle protection sa croix Chrétienne pendante à son cou, et sa foi. Il était démuni à travers cette grande bataille, et ne savait où donner de la tête. Plus d'une fois il avait manqué de planter son arme dans l'un de ses allier. La peur lui faisait perdre ses moyens et ses repères. Ce fut sans doute cela qui lui provoqua sa soudaine inattention et qui le conduisit à se retrouver au sol, tandis qu'un Danois le surplombait de sa hauteur. Ayant perdu sa hache dans sa chute, le garçon n'eut pour seul recours que l'espoir de la fuite. Dos à terre, et rampant tel un animal blessé, il sut que son heure était arrivée. Aussi son esprit se mit t-il à réciter une dernière prière malgré que ses mains s'agrippaient à l'herbe, et à son dernier espoir de se tirer de cette violente mort. Or, son bourreau fut soudainement projeté à plusieurs pas. Reprenant le souffle qu'il avait jusqu'alors abandonné, Uhtred le jeune, put observer la personne qui l'avait sauvé de peu. C'était là Daegan qui, munit d'un bouclier, avait foncé tel un taureau enragé contre le Danois qui menaçait son frère, tandis que son loup, Ragnar, s'était chargé d'enfoncer ses crocs dans la chair du malheureux qui gémissait de douleur. Lâchant son écu, la jeune femme jeta un bref coup d'œil au garçon et repartit dans l'élan de la bataille. Les jambes tremblante, Uhtred le jeune n'eut guère le temps de se remettre sur ses pieds qu'un ennemi, mort, s'écroula sur lui. Il avait un poids qu'il ne pouvait soulever et une odeur terriblement nauséabonde. Grand bien pour lui, il reçu l'aide du père Pyrlig qui combattait non loin.
"Pas de honte à être sous un Danois, mais j'ai vu plus joli, ironisa le religieux en aidant le jeune homme à se remettre debout."
Profitant de la présence du prêtre pour reprendre son souffle, Uhtred le jeune, jeta un coup d'œil autour de lui pour prendre conscience de l'avancée de la bataille. Et ce fut alors qu'il aperçu, sur le sommet d'une bute, plusieurs ombres se mouvant. Voyant son père combattre à quelques pas de lui, il décida de le lui signaler afin de s'assurer que ce ne soit guère d'autres Danois qui avançaient en leur direction.
"Sur la colline, père! hurla t-il en pointant son doigt sur l'horizon."
Le guerrier acheva son assaillant avant de suivre la direction que lui montrait son fils. Et bien qu'il commençait à peiner à croire à la victoire, ce qu'il vit lui redonna espoir.
"C'est Aethelred! cria t-il avec soulagement.
- Peuvent t-ils nous aider?"
En réponse à la question du jeune Uhtred, l'armée Mercienne se mit à fondre sur la Vallée de Tettenhall. Les sabots de leurs chevaux écrasaient les Danois qui commençaient à fatiguer et apportait une nouvelle aide aux Saxons désespéré. Cette aide inattendue se fit ressentir chez chacun des guerriers, qui le prirent comme une bénédiction.
Courant à grandes enjambées à travers la bataille, donnant de vive coup de Dent-De-Loup, Daegan aperçu au loin Cnut. Elle songeait qu'il était tombée dans la fissure et qu'il en avait perdu la vie, or le voir ainsi lui retira cet espoir. L'occasion de venger son oncle Ragnar se présentait à elle, et elle se devait de la saisir. Cependant, un soudain cri aigu attira son attention. Plongeant son regard dans la direction d'où la voix s'était fait entendre, la jeune femme vit Aethelflaed être désarmée et n'ayant plus qu'Aldhelm comme protecteur alors que les Danois commençaient doucement à les encercler. Prise entre vengeance et raison, Daegan allait devoir faire un choix.
Son épée était tombée au sol. La Dame de Mercie avait été lâchement désarmé par un coup de lame qui lui avait tranché la paume de sa main. Et elle n'avait pas eu le loisir de pouvoir reprendre son fer car déjà l'ennemi l'avait prise au piège dans un cercle presque parfait. Seul son fidèle conseillé, Aldhelm pouvait la défendre, et le malheureux ne ferait pas fière bataille en étant seul.
"Ils sont trop nombreux, haleta t-il.
- Aldhelm, implora t-elle alors."
L'homme eut un moment d'hésitation. Depuis longtemps, maintenant, il s'était éprit de la fille d'Alfred. Et malgré qu'elle ne pouvait être sienne, il lui gardait une amitié et une grande dévotion. Aussi, il n'avait guère l'envie de tuer celle qu'il aimait, même par miséricorde, cependant il posa tout de même la lame de sa dague sur la gorge d'Aethelflaed, car tels étaient ses ordres. Celle-ci retenue sa respiration et attendit qu'Aldhelm ne glisse la pointe de son fer sur sa chair. Tettenhall serait son tombeau, elle en avait désormais la certitude.
"Reculez! Vous ne l'aurez pas! menaça l'homme en ayant espoir que les Danois cèdent et partent.
- Tu n'auras pas la force, se moqua l'un des ennemis.
- Aldhelm, il le faut, appuya la Dame de Mercie.
- Tu es la fille d'Alfred, tu pourras choisir qui te labourera le premier, ricana l'assaillant.
- Pitié Aldhelm.
- Je ne peux pas, murmura t-il avec désespoir.
- Vous, les Saxons..."
Le Danois n'eut aucun loisir à terminer ses mots, une lame venait de lui transpercer la gorge avec sauvagerie. La langue pendante et la bave s'écoulant de sa bouche, l'ennemi tomba face contre terre, dévoilant la silhouette de Daegan qui avait été l'autrice de sa mort. Aethelflaed poussa un soupire de soulagement, alors qu'elle profita de la confusion qu'avait semé la fille d'Uhtred pour se saisir d'une épée qui dormait au sol et se jeter à nouveau dans la bataille. Quant à la jeune femme aux boucles ébènes, elle qui s'apprêtait à achever un énième ennemi, se fit voler ce privilège par une flèche qui siffla dans l'air pour aller se figer dans la chair du Danois. Dans l'incompréhension, elle tourna son regard pour prendre connaissance de l'archer. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle vit les traits d'Edward. Le Roi du Wessex n'avait ni fuit, ni abandonné la bataille.
"Daegan, prenez garde! beugla une grosse voix à la gauche de la fille d'Uhtred."
Celle-ci n'eut guère le temps de comprendre cette mise en garde, qu'elle sentait déjà son corps tomber en avant. Tombant à genoux, interloquée, elle comprit bien vite qu'on l'avait poussé avec force. Tournant le regard, Daegan vit la grande et imposante silhouette de Steapa. Le grand chêne, qui tenait sa large épée à deux mains, était celui qui l'avait écarté du chemin. La jeune femme n'en comprit pas la raison aux premiers instants jusqu'à ce qu'un cheval, galopant à vive allure, ne vienne heurter l'homme. Ce dernier tomba face contre terre, alors que son fer s'était échappé de ses doigts. N'ayant aucunement le temps à la réflexion, ou le loisir de se relever, la fille d'Uhtred ne put qu'être spectatrice de la tragédie de son sauveur. Sonné par sa vive chute, Steapa peinait à retrouver ses esprits alors qu'un Danois s'était approché. L'ennemi avait levé haut sa lourde hache dans le ciel avant de l'abattre, avec sauvagerie, dans le crane du Grand Chêne. La tête de celui-ci, tel un morceau de verre, vola en éclat, allant même jusqu'à tapisser le visage de Daegan de son sang.
Interdite et sous le choque, la jeune femme mit un instant à se remettre sur ses deux pieds. En revanche, il ne lui fallu que peu de temps avant de courir à la suite du Danois responsable de la mort de Steapa et de lui asséner de grands et violents coups de lame. L'ennemi fut tant défiguré qu'il n'aurait guère été reconnu par sa propre mère. Il n'y avait de lui, que des lambeaux de chairs au milieu d'une marre de sang. Terminant son œuvre d'un dernier coup d'épée, Daegan sentit soudainement une main ferme qui lui aggripa ses boucles ébène pour la tirer en arrière. Tombant vivement sur le dos, la fille d'Uhtred ne put guère comprendre les événements même lorsqu'une botte s'écrasa sur son visage. Elle sentit son nez craquer sous l'assaut et le sang s'en écouler alors que sa joue devint douloureuse. Elle riposta d'un coup de pied hasardeux qui ne mena nul part, alors que le bruit autour d'elle se mua dans un brouhaha flou qu'elle ne put distinguer. Ce fut la confusion. Cependant aucun autre coup ne s'abattu sur elle. Tout ce qui la toucha fut deux grande mains qui lui saisirent les épaules afin de l'aider à se remettre sur ses pieds. Ses pupilles rencontrèrent le visage d'un homme inconnu à la chevelure brune. Il était de jeune âge, mais plus vieux qu'elle malgré tout. Ses habits étaient nobles et son expression soucieuse. Daegan ne parvenait à discerner ce qu'il disait, jusqu'à ce que le bruit de la bataille ne revienne vivement frapper ses tympans. L'ouïe lui fut rendu aussi vite qu'il le lui avait été arraché.
"Vous avez prit un vilain coup! Vous allez bien? s'enquit l'homme inconnu."
Sans mot dire, la jeune femme hocha la tête. Un calme semblait s'être éprit de Tettenhall. Les Danois se montraient moins nombreux. Certains fuyaient par la forêt, tandis que d'autres gisaient dans leur sang ou étaient fait prisonniers. Le combat s'estompait peu à peu. La fille d'Uhtred laissa son regard s'étendre sur la vallée. Un endroit emplit de beauté qui avait été souillé par les dérives de la guerre.
The next is coming...
Salutation !
Je propose une pensée pour Steapa! Le pauvre bougre nous manquera!
J'espère que le chapitre vous a plut, que votre semaine a été bonne! Que vous avez pu profiter des beaux jours hihi! Je continue de vous envoyer mon courage si vous avez des examens en approchent ou qui se déroule actuellement!
Comme vous l'avez remarqué, Daegan connaît désormais l'identité de son père, et elle n'a pas l'air joie, de même qu'Uhtred...Je vous laisses faire vos propres théories sur la véritable famille de Daegan héhé!
Je vous salue de la main droite!!
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