Le soir commençait à assombrir les plaines et les cimes des arbres que l'hiver privait de feuilles. Le soleil qui n'avait guère percé les nuages, disparaissait lentement mais surement, laissant sa clarté se retirer avec lui. Ce fut parmi ces instants, que Uhtred et Aethelflaed, qui s'étaient isolés hors du domaine pour parler, revinrent dans la sécurité des murs de la forteresse. Or, bien qu'attendu seuls, ils étaient accompagné d'un homme grand, fin et à la barbe grisonnante. Il n'avait guère les airs d'un Danois. Pourtant, le frère de Ragnar se montrait hostile à son égard, et le pointait de sa lame pour le forcer à marcher et à ne pas se rebeller. Le guerrier annonça qu'il voulait l'interroger car il songeait que c'était un traitre. Ainsi, à la demande de la Dame de Mercie, deux de ses soldats s'emparèrent brusquement des bras de l'inconnu pour le trainer à l'intérieur du foyer, face au feu où Finan faisait chauffer une pince en fer qui servait à remuer les cendres. Bruler la chair était une torture banale qui faisait néanmoins parler plus d'un homme. L'inconnu déglutit bruyamment quant à cela, tandis que Daegan et Osferth observaient la chose avec curiosité. Bien que le jeune homme se montrait fort peu favorable à ce traitement. 

"Je vous dirai tout ce que je sais, déclara l'inconnu en bafouillant."

L'irlandais qui s'était assit à son coté avec, dans la main, la pince rougit par la chaleur, haussa un sourcil.

"Quel courage, dit t-il.

- Le courage est humain, répondit l'homme.

- Tu étais à Dunholm avec Aethelwold, intervint Uhtred.

- C'est vrai.

- Alors tu es un traitre si tu es au coté de ce chien, cracha Daegan."

Son père se tourna vers elle, et d'un simple regard lui intima le silence. La jeune fille fronça ses traits et se retint d'ajouter un quelconque autre mot.

"Quelle est ta mission? poursuivit le guerrier.

- Je devais vous tuer. Heureusement, j'ai échoué.

- Piteusement, souligna Finan.

- Oui, mais j'aimerais revoir ma femme et mes enfants. Est-ce si mal? J'ignorais que nous allions rejoindre les Danois.

- Pourquoi Aethelwold veut t-il faire tuer Uhtred? questionna Aethelflaed.

- Uhtred est le protecteur d'Alfred, je n'avais pas le choix.

- Portes un message aux Danois, et tu auras la vie sauve, déclara Uhtred. Je retiendrai ta famille en otage au cas où tu disparaisses.

- Bien, quel est ce message? 

- Retourne voir Aethelwold, Haesten, Cnut et Cheveux de Sang. Dis leur que Uhtred de Bebbanburg viendra, invisible, durant la nuit et qu'ils mourront comme mon frère. Je les enverrai au Nilfheim. 

- Je vais le faire, je vous le jure! assura l'inconnu.

- J'y compte bien."

Sur ces derniers mots, Uhtred se tourna vers ses hommes fidèles alors que Finan délaissa la pince encore rougit par le feu.

"Peut-être doutez-vous comme Sihtric, déclara le guerrier. Je peux comprendre, moi aussi j'ai traversé des moments de doute. Ce temps est révolu. Je suis un seigneur sans fortune et sans terre. Je ne vous promet ni argent, ni forteresse où engraisser tranquillement. A mes cotés, vous connaitrez la violence. Un vrai guerrier ne recherche qu'une seule chose, la renommée. Suivez-moi et je vous serai fidèle. Que vous soyez Saxon ou Danois, je jure de protéger chacun d'entre-vous. Je sais ce que j'ai à faire, c'est impossible sans vous."

Il y eut un silence. Un calme semant le doute dans l'esprit. Seul le feu crépitant répondait présent, jusqu'à ce qu'un premier homme ne se lève et tende son bock d'ale en direction d'Uhtred. D'autres le suivirent, tandis que certains hésitèrent un instant de plus. Mais tous finirent par se lever et honorer les paroles qui leur avait été déclaré et cette promesse de gloire. Chacun d'eux se savait guerrier pour une chose, l'honneur. Ils se moquaient de l'argent et des domaines. Ce qu'ils voulaient s'étaient un Chef qui les guide et une renommée à quérir. Le frère de Ragnar leur offrait cela, et ils savaient que celui-ci tenait ses mots. Ainsi, Uhtred sut qu'il n'était pas seul. 

Le jour suivant, alors que leur prisonnier s'en était allé depuis longtemps pour porter son message aux Danois, le frère de Ragnar décida que son repos était terminé et que l'heure était venu de reprendre Skade. Aussi, durant la mâtiné où la neige avait enfin cessé de tomber, les chevaux furent seller, les bagages fermées et les hommes parés au départ. Daegan était parmi eux, et se faisait une joie de quitter Droitwich ainsi que la compagnie d'Aethelflaed. Elle ne méprisait pas son amie, mais ne se sentait plus en confiance à son coté. 

"Pourquoi avertir les Danois? Les hommes veulent savoir, je le demande mais ils veulent savoir, dit Finan alors que lui, Uhtred et son enfant traversaient la cour pour se jucher sur leurs montures.

- N'est-ce pas seulement toi qui veux savoir? interrogea Daegan en arquant un sourcil.

- Pour les inquiéter, ils savent que je viens mais pas quand, cela va troubler leur sommeil, répondit Uhtred. S'ils arrivent à dormir, ils rêveront d'un enfer glacial.

- L'enfer est un endroit où l'on brûle, informa une voix qui s'approchait d'eux hâtivement."

C'était là Osferth. Le jeune homme avait définitivement quitté le lit depuis longtemps maintenant et ses blessures s'étaient nettement guérie, bien que quelques uns de ses mouvements restaient douloureux.

"Où penses-tu aller comme ça? questionna l'irlandais en apercevant le bagage du garçon.

- Vous ne pensiez pas partir sans moi? Il n'y a aucune chance! répliqua le neveu de Leofric avec détermination.

- Je n'aurais jamais imaginé mon voyage sans toi, approuva Daegan en passant un bras autour de celui de son ami. Je vais t'aider à accrocher tes affaires à ta monture."

Les deux jeunes gens se sourirent avant de quitter, d'un pas pressé, la compagnie des deux guerriers. 

" Ces deux là sont inséparable, ils vont encore nous causer bien du trouble, soupira Finan en se dirigeant à son tour auprès de son cheval."

Uhtred eut un rictus à cette remarque et alors qu'il s'apprêtait à prendre le même chemin que ses hommes, afin de se jucher sur sa monture, il se permit à jeter un regard en arrière. Ses yeux croisèrent la silhouette d'Aethelflaed. Elle le regardait de loin, et lui lança un chaleureux sourire auquel il répondit vivement. C'était une agréable vision pour un guerrier s'en allant dans l'inconnu que le sourire d'une noble dame. 

Enfourchant leurs chevaux, sans mot ni regret, Uhtred, ses hommes ainsi que sa fille débutèrent une fougueuse chevauché laissant les traces de leurs passages derrière eux. Ils allaient à vive allure, voyant à peine le paysage qu'ils traversaient. La neige l'ayant presque entièrement recouvert, ils ne percevaient que des allées blanchâtre tandis que le froid leur claquait le visage comme le ferait un fouet. Mais ils allaient bon train et n'avaient que pour seul désire, celui de reprendre Skade et de duper les Danois. C'était un sentiment agréable de liberté qui les embaumait comme une brume d'automne. 

Bientôt, alors que la journée s'était bien entamée, que le soir commençait à pointer le bout de son nez, que leurs fessiers étaient douloureux et que la neige avait quitter leur sentier comme si l'hiver n'avait pas existé, ils ralentirent l'allure tandis qu'ils apercevaient un village au loin qui se dressait. Les toits de chaume laissaient échapper la fumée des cheminés. La poudreuse ayant disparu du sol, laissait entrevoir l'herbe, mais le froid s'accrochait atrocement. Leurs dos étaient douloureux par la chevauchée et ils ne rêvaient qu'à se reposer.

"Ce village est différent de ceux que nous avons traversé, nota Finan.

- Il prospère, dit Uhtred.

- En Terre Danoise en plus, remarqua Osferth."

C'était le village de Crowland qui se dressait dans la Mercie, mais sur une partie du royaume que les Danois avaient acquis par le sang. Lorsqu'ils pénétrèrent dans l'enceinte des habitations, l'atmosphère qui s'en dégageait se trouvait être fort étrange. Il n'y avait pas la constante peur de l'ennemi, ou la terrible famine qui frappait tant de villageois. Ceux-ci semblaient hors du monde dans lequel tous vivaient. Sur leurs gardes, les cavaliers mirent pied à terre afin de partir en quête d'une taverne qui leur offrirait de quoi se restaurer et se reposer.

"Ils sont aussi gras qu'un Evêque beurré, observa l'irlandais alors qu'ils avançaient au milieu des passants.

- Un Evêque beurré? interrogea Osferth avec amusement.

- C'est ça, approuva t-il. Ca te pose un problème?"

Une femme à la robe au tissus pauvre mais qui lui allait à merveille s'approcha du puits auprès duquel Uhtred, ses hommes ainsi que Daegan passaient. Les pas de l'irlandais ralentirent soudain et son regard se traina sur cette villageoise qui laissait son seau aller se plonger dans l'eau. La jeune fille suivit le regard de son ami, et lui attrapa l'oreille pour l'intimer à regarder ailleurs.

"Ne va pas nous provoquer une bagarre, dit t-elle en lâchant le lobe de l'irlandais.

- Depuis quand tu es si sauvage, hein? 

- Je l'ai toujours été, c'est juste qu'avant je te frappais les genoux parce que j'étais plus petite, mais maintenant je peux attraper tes oreilles."

Osferth pouffa quant aux chamaillerie de ses deux amis, alors que ce qui s'apparentait à une auberge, à l'entente des bruits et à l'odeur de l'ale, se dressait devant eux. Cependant, tandis qu'Uhtred s'apprêtait à poser sa main sur la porte pour l'ouvrir, une voix l'interpella et l'arrêta dans son élan.

"Vous ! dit t-on."

Tous firent volte-face et rencontrèrent un homme petit et trapus, à la barbe grisonnante et aux joues rougies par l'alcool. Il respirait aussi fort qu'il marchait, et n'inspirait ni la confiance, ni la crainte. 

"Qui êtes-vous? interrogea t-il.

- Et vous-même? questionna en retour le guerrier.

- Guthlac, le seigneur de ces lieux.

- Hmm..Je suis Uhtred de Bebbanburg.

- Je ne connais pas.

- Nous sommes aux services de la Dame de Mercie, comme vous j'imagine, continua le frère de Ragnar.

- Nous sommes Merciens.

- Et bien gras, chuchota Finan. 

- Que voulez-vous? questionna le maitre du village.

- Manger et boire, répondit Uhtred.

- Dormir aussi, nous reposer, ajouta l'irlandais.

- Je ne doute pas que les lits seront plus accueillants que vous, ironisa Daegan."

Guthlac prit un instant pour observer ses visiteurs. Il les détailla de haut en bas et de bas en haut, tout en se grattant la barbe. Il n'était pas bien inspiré par ces inconnus qui avaient traversé ses murs, mais ils avaient tous l'air de farouche guerriers et quelques desseins l'attendaient. 

"Pas d'armes, laissez-les avec vos chevaux, vous êtes les bienvenu, déclara t-il finalement.

- Vous n'aurez pas mon épée, mais ma parole, répliqua Uhtred qui remarqua que tous les villageois portaient la lame. Nous voulons juste boire et manger.

- Fort bien, mais attention je me méfie, répondit Guthlac qui fut fort aisé à persuader.

- Des étrangers armés? questionna Osferth.

- Exactement, déclara le maitre du village avant de s'éloigner en marmonnant."

Uhtred esquissa un sourire avant de se tourner vers ses hommes.

"Il va envoyer un message aux Danois, cela peut nous avantager.

- Ils sauront que tu approches et en perdront le sommeil, comprit Daegan."

La nuit tomba peu après qu'Uhtred, sa fille ainsi que ses hommes, ne soient entrés dans l'auberge. Tout était calme autour d'eux alors qu'ils se sustentaient de pain, de viande et buvaient leurs bocks d'ale. Le peu de personne autour d'eux parlaient souvent à voix basse, leur offrant un presque silence réconfortant, et fort bienvenue après cette journée à chevaucher. La chaleur du feu réchauffait leurs os, et gonflait leur cœur de bien être. Osferth put aisément se plaindre de son mal de dos suite à leur voyage, et Finan profita de cette opportunité pour énoncer quelques amicales moqueries, desquelles Daegan prit part. Uhtred quant à lui, était fort silencieux et jetaient sans cesse des regards autour de lui. Il n'avait pas l'air inquiet, seulement impatient. Et cela ne passa guère inaperçu aux yeux de ses compagnons qui lui en demandèrent la raison. Il expliqua que tôt ou tard, ce peuple parmi lequel ils s'étaient logés ce soir, finirait par tenter de les chasser ou les tuer, car à l'évidence, ils ne prêtaient pas allégeance aux Saxons. Aussi, Uhtred envoya t-il Daegan et Osferth observer la venue de leurs hôtes par l'une des fenêtres.

"L'enterrement de mon père était plus amusant, déclara l'irlandais en observant les villageois qui n'inspiraient qu'à la mollesse et l'ennuie.

- Tu l'as connu? interrogea le guerrier.

- Son poing surtout."

Dans le léger entrebâillement d'une petite fenêtre, qui s'apparentait davantage à une fente dans le bois de l'auberge, l'œil avisé d'Osferth s'y glissait. Daegan était assise sur un tonneau d'ale non loin de lui, et n'avait que pour seule occupation de triturer ses boucles ébène. Le jeune homme ne tarda guère à apercevoir les silhouettes des villageois se dresser devant les portes de l'endroit. Ils étaient munit de hache ainsi que de bouclier et n'effraierait pas le plus peureux des Saxons.

"Ils sont là, informa le neveu de Leofric."

La fille du guerrier, d'un bond, se leva de son tonneau et s'approcha du coté de son ami. Elle le poussa légèrement en quémandant à voir ce qu'il se passait à l'extérieur, or Osferth semblait obstiné à garder un œil sur les événements, aussi se chamaillèrent t-ils comme deux enfants.

"Je vous vois! siffla la voix de Guthlac en pointant le bout de son arme dans leur direction. Dites à Uhtred qu'il est cerné!

- Si tu crois nous effrayer, tu n'est qu'un bout de c...commença à insulter Daegan avant que la main de son ami ne couvre sa bouche pour la faire taire."

La jeune fille le repoussa en grognant alors que le neveu de Leofric quitta son poste d'observation pour s'approcher du frère de Ragnar qui continuait à manger tranquillement. 

"Il y a des hommes armés, certains ont des arcs, informa Osferth.

- Maintenant ils comptent nous bloquer ici, observa Uhtred.

- Dans une auberge? Il y a pire, remarqua Finan en riant. 

- Il est avec les Danois, ils vont venir pour nous tuer, déclara le guerrier à ses hommes.

- C'est bien, il y aura moins d'ennemis dans leurs camps, se moqua l'un d'eux.

- Nous sommes cernés, dit l'irlandais avec un ton pensif."

D'un geste de la main, le frère de Ragnar ordonna à l'un de ses soldats d'aller surveiller la porte afin qu'ils n'attaquent pas par surprise. 

"Je veux vous parler! cria la voix de Guthlac à l'extérieur.

- J'écoute ! beugla Uhtred en retour sans prendre la peine de se lever de son siège. 

- Je ne veux pas me battre.

- Dommage, c'est ce que je préfère après une soirée à l'auberge.

- A part une femme, ajouta Finan.

- Nous sommes nombreux, vous n'avez pas d'échappatoire, rendez-vous, poursuivit le maitre du village. Ainsi vos hommes et la fille auront la vie sauve. Ils ne veulent qu'Uhtred. 

- Vous êtes un traitre, répliqua ce dernier d'un ton moqueur. 

- Et vous vous êtes fini, c'est Uhtred que nous voulons !"

Le guerrier engloutit son dernier morceau de viande, sans trop d'empressement, avant de se lever pour faire face à ses hommes. 

"Vous êtes libres de choisir, vous pouvez rester ou vous pouvez partir, proposa t-il.

- Nous vous suivons, affirma l'un des soldats alors que les autres offrirent la même réponse d'un mouvement de tête."

Le sourire allongeant ses lèvres, le frère de Ragnar se trouva satisfait d'avoir de fidèles hommes tels que ceux-ci. Aussi ordonna t-il à ce que la porte soit bloquée avec qu'importe ce qu'ils trouveraient. Dans un mouvement commun, tous se levèrent et s'activèrent vivement. Il n'y avait nul peur en leur cœur, contrairement au jour de la bataille contre Haesten. 

" Daegan, suis moi, dit Uhtred en faisant un geste de la main à son enfant."

La jeune fille quitta la fente, d'où elle avait continué à observer l'extérieur, et emboita le pas à son père qui la menait à l'étage supérieur où il se trouvait une vue direct sur l'inférieur. En cet endroit quelques chambres, ainsi que les réserves, s'y trouvaient. Elle ne comprenait guère l'intention de son père, et la chose fut d'autant plus confuse lorsqu'il se mit à tenter d'accéder à la toiture de l'endroit.

"Pas par le toit, les archers nous auront, répliqua Osferth depuis le bas."

Buté, le guerrier tenta malgré tout d'ouvrir la petite porte qui menait à un misérable balcon. Deux flèches vinrent immédiatement se loger à quelques pas de lui. Uhtred referma l'issue et se tourna vers le neveu de Leofric qui les observait depuis le bas tandis que Finan attendait, l'épée en main. 

"Jette moi la hache, prononça le frère de Ragnar en tendant sa main."

Le jeune homme fronça les sourcils, avant de se saisir de l'arme et la lancer difficilement à son seigneur qui l'attrapa sans grand mal. 

"Et maintenant, que comptes-tu faire? interrogea Daegan qui talonnait son père qu'importe où il se rendait.

- Faisons un feu.

- Encore? résonna la voix de Finan. 

- Il adorerait l'Enfer, s'amusa Osferth."

Le guerrier se dirigea dans l'une des chambres de l'auberge, là où le toit était assez bas pour pouvoir le toucher à la main, et se mit à lui assener de grand coups de hache. Faisant voler le bois en tout sens, il parvint à créer une petite cavité qui se trouvait incapable à faire passer un homme, mais laissait le passage à quelqu'un de plus fin. 

"Daegan, interpella Uhtred, comment vont tes doigts? 

- Bien, j'ai pu manier la lame, pourquoi donc? 

- Tu vas monter sur la toiture et lancer des torches pour enflammer les toits des habitations.

- Comme nous avions enflammés les bateaux de Ubba?

- Tout à fait."

La jeune fille hocha vivement la tête pour montrer sa compréhension tandis que son père croisa ses doigts pour offrir une marche de fortune à son enfant, afin que celle-ci puisse atteindre le trou. Posant l'un de ses pieds dans les paumes du frère de Ragnar, elle n'eut aucun mal à être hisser, or son passage entre les planches fut plus ardu. Quelques bouts de bois mal coupé, ainsi que quelques échardes lui éraflèrent la peau de ses bras, malgré les vêtements qu'elle portait. Malgré tout, elle parvint à atteindre l'objectif qu'on lui avait confier. Les planches de la toiture étaient un peu glissante, dû au givre sans doute, aussi fit t-elle grandement attention à ne pas tomber. D'un œil vif, Daegan observa les alentours et nota les habitations les plus proche et les plus accessible à son lancé. Car Finan ne tarda pas à se montrer avec deux grandes torches brulante qui diffusaient leur petite fumée dans l'air. Uhtred s'en saisit avant de les passer à sa fille qui les prit à pleine main. S'osant à s'approcher davantage du vide, Daegan affuta tous ses sens, visa et lança sa première torche. Celle-ci vola, traversant le ciel, avant d'atterrir sur un toit de chaume qui se mit à brûler dans la seconde. Elle réitéra avec la seconde, qui déchira la nuit pour à son tour enflammer une habitation. 

"Au feu ! Aidez-moi ! De l'eau, vite ! entendait t-on dans les rues."

Daegan sourit en voyant les villageois se disperser pour sauver leurs toits tandis que Guthlac beuglait pour qu'ils gardent leur position, mais en vain le maitre du village fut bien vite abandonné de ses sujets. 

"Réduit ce village en cendre, dit Uhtred en tendant d'autres torches que Finan lui transmettait."

Quatre autre flambeaux suivirent. Le feu se propageait fort vite car tout n'était que bois et paille. Les chevaux hennissaient en s'enfuyant, le peuple hurlait et se hâtait à tenter de sauver leurs biens et Gutlhac peinait à se faire respecter. Jugeant que cela suffisait, le guerrier appela son enfant à redescendre. La jeune fille obéit et remonta jusqu'à la cavité d'où elle se laissa tomber dans les bras de son père qui la rattrapa sans grand mal. 

"Partons d'ici, dit t-il."

Les affaires furent ramassés, les épées remisent au ceinturon, quelques vivres furent volées et les guerriers, la voie désormais libre, furent libéré de leur emprisonnement. Ainsi, Uhtred suivit de sa fille et de ses hommes fidèles, regagnèrent l'extérieur sans se soucier d'être attaqué. Les villageois se précipitaient pour éteindre les flammes et ne prenaient plus garde à eux. Il ne restait plus que Guthlac munit de son épée ébréchée et de son bouclier au bois vieillit.

"Epargnez-moi, je vous en prie, implora t-il auprès du frère de Ragnar lorsque celui-ci s'approcha de lui."

Sans doute prit par le désespoir, le maitre du village lâcha les armes et se jeta à genoux.

"Les Danois m'ont forcés à le faire, dit t-il.

- N'oubliez jamais que vous servez la Dame de Mercie, et personne d'autre, aboya soudainement Uhtred."

Il avait prononcé ces mots d'un ton si fort, que nombres d'habitants s'étaient arrêté de courir avec leurs seaux d'eau et s'étaient tourné auprès de lui. Puis, devant leurs yeux et sans l'ombre d'un regret, le guerrier attrapa sa dague et égorgea Guthlac qui se mit à pousser des gargouillis hideux tandis que le sang jaillissait pour tapisser le sol terreux. L'instant qui suivit, les proscrits du Wessex quittèrent le village qui brûlait. Au lendemain matin, il n'en resterait sans doute que des cendres. 

Reprenant une grande chevauchée, Daegan ainsi que Uhtred et ses hommes, divaguèrent de la route principale pour arpenter de grandes plaines verdoyante et boueuse qui laissèrent peu à peu à nouveau place à des bosquets de neige. Bien que cette dernière se faisait de plus en plus rare, annonçant ainsi le printemps approchant. Mais malgré l'absence peu à peu de la poudreuse, le froid, lui, restait bien tenace et tranchant. Après une journée de chevauché, ils laissèrent leurs montures dans une clairière et s'approchèrent de l'orée d'un grand bois, où le frère de Ragnar leur indiqua que le camp Danois où Skade était prisonnière se trouvait de l'autre coté de la maigre colline qui leur faisait face. Et qu'ils attendraient ici jusqu'à ce que le nuit tombe pour attaquer et reprendre la sorcière. Cependant, alors qu'ils faisaient encore bien jours, ils durent se dissimuler dans des buissons car un convoi d'ennemis descendaient la petite butte.

"Cnut, c'est tout? remarqua Finan qui aurait désiré que plus de Danois quittent le campement.

- C'est bien assez, ca fait moins d'hommes au camp."

Patiemment ils attendirent que l'ennemi ne passe avant de se permettre de ressortir de leur cachette. L'air fatigué, Osferth laissa son dos s'appuyer contre le tronc d'un arbre, juste à coté de Daegan qui tapotait nerveusement du pied. 

"Qu'est-ce que tu as? Pourquoi es-tu agité? interrogea le jeune homme.

- C'est cette vipère, je sens qu'elle est proche et cela ne me ravit pas. Je peux presque sentir son poison infâme. 

- Ton père la hait autant que toi, elle ne restera pas longtemps en vie, assure le neveu de Leofric.

- Ca, c'est toi qui le dit."

Osferth ne trouva rien à redire à cela, il savait comme beaucoup à quel point l'aura de Skade était maléfique et il ne pouvait guère en vouloir à la jeune fille d'éprouver cette rancœur. 

Les nuages passèrent, le calme persistait, et le ciel se fit plus sombre. Uhtred, dissimuler derrière des branches nues scrutait, depuis leur arrivé, le paysage. Il n'avait pas détourné le regard ou presque dit un mot. Il avait tous les airs d'un hiboux qui attendait, ou d'un animal qui observait sa proie. Quant à ses compagnons, ils étaient gelé et commençaient à ressentir la fatigue. 

"A la nuit tombée, même le meilleur des guerriers s'y perdrait, dit Osferth en observant les alentours.

- As-tu la vue d'un vieillard? se moqua Daegan en ébouriffant les cheveux de son ami."

Finan, qui se trouvait juste derrière les deux jeunes gens, se mit à s'agiter en les tirant en arrière pour les cacher dans les buissons.

"Un visiteur, dit t-il en pointant son doigt sur la gauche."

D'un mouvement commun, les regards se tournèrent à l'endroit indiqué par l'irlandais. Il y avait bien une silhouette inquiétant qui s'approchait. On pouvait distinguer le frottement de sa cape contre le sol et le poids de ses pas sur l'herbe givrée. Cachés comme ils le purent, tous observaient cet inconnu qui s'approchait d'un pas tranquille comme s'il savait déjà qu'ils étaient là.

"Osferth, enlève ton coude, il me rentre dans le ventre, grogna Daegan qui était tassée dans la broussailles à coté de son ami.

- C'est toi qui a ton genou qui m'appuie sur le dos.

- Cesse de mentir, déjà que je suis appuyé sur le fer de ton épée.

- Et toi tes cheveux me rentre dans le nez."

Se chamaillant sans doute un peu trop, et sans grande discrétion, la silhouette prit leur direction et avant même qu'ils ne puissent s'échapper, se trouvèrent découvert par cet inconnu qui écarta les branchages qui les cachaient. Penaud, les deux amis levèrent leurs regards en se songeant déjà capturé par l'ennemi. Cependant, leurs traits se détendirent lorsqu'ils rencontrèrent le visage de la silhouette qui se trouva être fort familier.

"Sihtric! laissa échapper la jeune fille avec soulagement."

D'un mouvement commun, Osferth et Daegan se redressèrent devant les yeux froid du bâtard qui n'avait guère énoncé un mot, ou n'avait porté la main au pommeau de son épée. 

"Tu veux me parler ? interrogea la voix d'Uhtred qui s'était approché avec Finan sur ses talons.

- Oui, répondit simplement Sihtric en se tournant vers lui pour lui faire davantage face."

D'un geste vif au son aigu qui vrilla dans les oreilles, le bâtard tira sa lame hors de son fourreau et la pointa en direction du frère de Ragnar.

"Rends-toi."

Le visage du guerrier perdit de sa splendeur alors qu'il leva les mains en laissant tomber la dague, qu'il avait jusqu'alors dans le creux de sa paume. Osferth fronça les sourcils, fort surpris par ce geste. L'incompréhension gagnait également les traits de Daegan et Finan qui ne comprenaient guère ce qu'il se tramait. Uhtred ne s'était jamais soumis, du moins jamais si facilement. La mâchoire contractée, Sihtric planta alors la pointe de son fer dans la terre et partit enlacer chaleureusement le frère de Ragnar. 

"Vous nous avez eu! s'exclama Osferth. Ils se sont joués de nous ! 

- Mais pourquoi? interrogea Daegan.

- Il fallait que tout le monde y croit, justifia Uhtred.

- Et j'ai parfaitement réussi, se vanta Sihtric.

- Je le savais! dit Finan qui ne voulait guère montrer qu'il avait été berné.

- Menteur, tu l'ignorais. J'ai été bon? 

- Pas si mal, répondit le guerrier."

Trop heureuse de retrouver son ami de longue date, Daegan se mit d'un bond sur ses pieds pour fondre dans les bras du bâtard qui l'accueillit en riant. 

"Je t'en ai presque voulu, dit t-elle.

- Et moi je m'en suis tant voulu de te faire croire cela.

- J'espère que ca en valait la peine, dit Uhtred.

- Oui, assura Sihtric. 

- Nous avons vu Cnut passer, racontes-nous.

- Haesten est resté au camp.

- Cheveux de Sang?

- Mort. Il a affronté Haesten et Skade l'a tué.

- Bon Dieu, soupira Finan.

- C'est un vraie sorcière, affirma le bâtard.

- Sait-elle pour moi? questionna Uhtred.

- Elle sait que tu vas attaquer, les gardes sont nombreux. Mais on la laisse cueillir des herbes sous un arbre pour ses potions.

- Un arbre? 

- Un arbre isolé, à l'autre bout du camp.

- Dis lui que j'y serai ce soir.

- Si elle refuse? Si Haesten l'en empêche? demanda Sihtric en fronçant les traits.

- Elle ne refusera pas, et Haesten ne lui dira pas non, dit le guerrier avec grande assurance. Tu ne m'as jamais laissé tombé, Sihtric, je te remercie et je te verrai ce soir.

- Je lui aurais coupé la queue si il t'avait trahit, prononça Daegan en souriant.

- Si tes menaces sont à la hauteur de ta discrétion, je n'ai aucune frayeur à avoir, se moqua le bâtard."

L'air détendu et sur ces mots, ce dernier s'en retourna au camp, délaissant derrière lui ses compagnons. Quant à ceux-ci, ils décidèrent de retourner dans la clairière pour attendre la nuit. Car sous cette nouvelle lune, Skade serait de nouveau à eux.

The next is coming...

Salutation ! 

J'espère que vous allez bien, que votre semaine s'est bien passé! 

Quelle joie de vous retrouver chaque Dimanche !! 

Et ...LA SAISON 5 EST SORTIE !!! Pour le moment je n'en suis qu'à l'épisode 3 parce que je me délecte très lentement de cette dernière saison. Alors...PAS DE SPOIL PLEASE ! 

Je vous dit à Dimanche prochain, 

et vous salue de la main gauche !