Quelques heures après les festivités, Uhtred et ses hommes, accompagné d'Aethelred et de son effectif, étaient partit pour Lundene à la rencontre d'Erik et Sigefrid. Ceux-ci avaient prit la ville, et Alfred était désireux de la reprendre des mains des Danois. Telle était la raison de l'envoie de ces guerriers. Quant à Daegan, il était repartit à Coccham avec sa mère, Gisela. Son père n'avait pas souhaité sa venue, de peur que Sigefrid soit désireux de se venger pour sa main tranchée. 

Aussi, en cette après-midi froide et grisâtre par l'automne approchant, le garçon se décida à aller à la chasse. Le Roi, Odda et leurs religieux ayant engloutit un bon nombre de leurs réserves hivernal, il ne fallait pas que le gibier manque. 

Dans la forêt, sous les arbres épais, un genou à terre et l'arc bandé, le jeune homme ferma un œil pour se concentrer. Il y avait à trois pas de lui, un lièvre qui faisait sa toilette. Une occasion rêvé de prendre aisément l'animal. Cependant, il n'en eut guère l'occasion, car le sol trembla comme si la tempête le frappait alors que le bruit de sabots s'invitaient. Le lièvre partit sans laisser de trace et Daegan, interloqué, se remit sur ses deux pieds. 

Quatre cavaliers arrivèrent à grande vitesse dans la clairière que le garçon occupait. Leurs chevaux de belle race, se mirent à entourer le garçon alors que des rires moqueur prenaient les nouveaux arrivants. Leurs habits parlaient pour eux, ces étrangers étaient de la noblesse. 

"Qu'avons-nous là? lança l'un d'eux, serait-ce un gueux qui fait du braconnage?

- Il serait donc sage de le corriger, clama un autre. 

- Je ne suis pas un braconnier, se défendit le jeune homme, mon nom est Daegan fils d'Uhtred Seigneur de Coccham. 

- Oh, tu es le fils de ce chien de Danois que le Roi utilise à sa volonté."

Le garçon serra les dents et préféra ne pas répondre à cette critique, alors que le premier cavalier à l'avoir insulté descendit de sa monture. 

"Vous êtes sur les terres de ce Danois sur lequel vous venez de cracher, la politesse voudrait que vous vous présentiez. 

- Toutes mes excuses mon seigneur, ironisa l'homme, tu n'as cependant pas besoin de connaître mon nom, je viens de Mercie, je suis un proche Seigneur de Aethelred.

- Permettez-moi d'insister quant à votre nom. 

- Mon ami, tu es bien jeune pour me donner des ordres, je suggère donc que tu ferme ton caquet et que tu te mettes à genoux devant un seigneur. 

- Je ne me mettrai pas à genoux devant vous."

L'étranger eut un mauvais rictus, et leva la main en direction de ses compagnons de route. Ceux-ci mirent à leur tour pied à terre, et deux d'entre eux saisir les bras de Daegan qui, ne l'ayant guère vu venir n'eut aucunement le temps de s'échapper, et se retrouva prisonnier.

"Je n'aime pas me faire insulter, mais je déteste encore plus être insulté par le descendant d'un putois de Danois."

L'étranger avait sifflé ces mots avant de donner un grand coup de pied dans le ventre de Daegan. Ce dernier se courba sous la violence et toussa par son souffle soudainement coupé.

"Lorsque Aethelred sera Roi, il fera tuer ton père et toi avec, vos carcasses pourriront avec les porcs. 

- Cela ne me donne toujours pas votre nom, dit le garçon en toussant une nouvelle fois.

- Mets toi à genoux, et tu ne souffriras plus."

Le jeune homme aux boucles ébène se mit à rire en se moquant de l'étranger de Mercie. Ce dernier, voyant cela comme un affront, frappa par deux fois le visage du fils d'Uhtred. La lèvre fendue, l'arcade sanglante et le dessous de l'œil douloureux, Daegan continuait de rire.

"Pourquoi ris-tu?

- Parce que je m'imagine Aethelred qui est Roi et vous agenouillez, alors que vous n'êtes que des culs bien coiffés.

- Je vais te frapper jusqu'à ce que ton père ne reconnaisse pas même son propre fils, siffla l'homme en approchant son visage à quelques centimètres à peine de celui de sa proie.

- J'en doute, mon seigneur, car vous serez déjà mort."

Sur ces derniers mots, Daegan attrapa la lèvre inférieur de son ennemi entre ses dents et serra ses dernières avant de donner un fort coup de tête. L'étranger hurla de douleur et recula d'un pas. Ses acolytes fort interloqués de cette riposte, n'eurent aucunement le temps de se préparer à l'affront et le garçon en profita pour leur écraser les pieds de ses talons avant de leur donner à chacun un coup de son poing. Les trois hommes de Mercie gémissaient comme des enfants, alors que le quatrième tirait son épée.

"Tues cet animal ! cracha l'étranger qui avait insulté Uhtred."

Le quatrième cavalier n'était pas un soldat, et il avait sans doute très peu soulevé une lame de sa vie. Daegan le vit comme un avantage et se joua de lui, avant de jeter son pied dans les phalanges de son ennemi. Il sentit les doigts craquer sous la violence de son attaque, et dans un cri de souffrance, le quatrième cavalier lâcha son fer pour se tenir la main et geindre. L'un des hommes tenta une dernière offensive à son encontre, or le garçon se laissa tomber en arrière pour rouler sur son dos et attraper son arc au passage. Avec rapidité, il s'arma de deux flèches et menaça les étrangers.

"Partez! Partez et ne remettez jamais un pied sur ces terres ou je jure de vous écorcher comme des porcs! cracha Daegan alors que le sang emplissait sa bouche. J'ai dit partez !"

Ne voyant guère les cavaliers bouger, le jeune homme tira ses traits qui partirent trouver refuge dans la terre à quelques centimètres de l'homme qui avait insulté Uhtred. 

"Tu es fou à t'attaquer à des seigneurs tels que nous, partons mes amis, et laissons ce sale Danois!

- Insultes-moi encore une fois, moi et mon père, et je dis à Thor de te foudroyer! menaça le garçon"

Et sans doute les Dieux l'entendirent ce jour là, car comme un avertissement un éclair déchira le ciel et fit fuir les quatre cavaliers au pas de courses. Remontant sur leurs chevaux, ils décampèrent en frappant le sol avec ardeur. Daegan garda une posture droite et fière jusqu'à ce que les étrangers disparaissent de sa vue et dès qu'ils furent assez loin, le jeune homme se laissa tomber à genoux, la main sur son ventre, en gémissant de douleur.

"Tu as été un inconscient, tu aurais pu mourir! gronda Gisela lorsque Daegan regagna leur demeure."

Le garçon avait peiné à rentrer chez lui ce soir là, et il pleuvait à grosse goutte lorsqu'il avait passé les portes de son foyer chaleureux. 

"Ils m'ont provoqués, et je n'allais pas les laisser me tuer, maugréa le fils d'Uhtred.

- Tu aurais dû fuir.

- Un guerrier ne fuit pas, mère, et puis ils ont insultés père. 

- Peut être, mais tu étais seul, et ils étaient quatre! Cesses donc de bouger comme tu le fais, je ne parviens pas à retirer le sang sur tes lèvres. 

- Comme tu l'as dit, ils étaient quatre et j'étais seul, je les ai fait fuir alors que j'étais seul, père sera fière de moi.

- Fière de toi? Il te traitera de bout de cul pour t'être mit en danger.

- En danger? Je n'ai guère eut le choix, ils sont arrivés et m'ont encerclés, qu'aurais-je pu faire?

- Je te sais assez agile et rapide pour t'enfuir."

Daegan laissa échapper un grognement entre ses dents.

"Tu as toujours mal au ventre ? Montres-moi, dit Gisela en saisissant les pans de la chemise de son fils.

- Non, je n'ai plus mal, siffla le garçon en se retirant des bras de sa mère, laisses moi, les soins sont terminés, je vais me coucher.

- Tu n'as rien mangé Daegan, tu es sûr que tu vas bien?

- Oui mère."

Sur ces derniers mots froid, le jeune homme s'en alla sur sa couche avec la douleur au corps. Il n'aimait pas Aethelred et désormais haïssait les nobles de Mercie. 

Uhtred rentra à Coccham quelques jours plus tard. Le voyage à Lundene n'avait pas été bien bon. Les frères avaient refusés de céder la ville contre de l'argent. Le guerrier et Aethelred l'avaient annoncé à Alfred à leur retour à Winchester, et le Seigneur de Mercie suggéra de lever une armée pour se saisir de Lundene, et ce malgré les paroles d'Uhtred qui annonçait cela comme une mauvaise idée. Cependant, Alfred préféra se ranger derrière l'époux de sa fille et pour cause, il avait apprit que les Danois appelaient Uhtred, Roi. Ainsi, il le congédia à rester à Coccham jusqu'à ce qu'il soit appelé à la bataille. Prit de colère, le guerrier était rentré chez lui et il fut davantage irrité lorsqu'il apprit la mésaventure de son fils, Daegan. Il maudit les hommes de Mercie et félicita le garçon de sa bravoure. 

La semaine qui suivit, alors que l'après-midi touchait le Wessex, tout comme le froid et le vent glacé, Daegan patientait au bord des eaux tout en étant emmitouflé dans une cape. Debout sur le pont, il guettait la venue d'une barque. Une barque qui portait en son bord, Thyra, Beocca, Steapa, ainsi que Aethelflaed, son époux Aethelred, accompagné de son conseillé, Aldhelm. Ceux-ci venaient parler de l'attaque qu'ils mèneraient sur Lundene. 

"Bonjour Steapa, accueillit Daegan alors que le grand chêne posait ses pieds sur le ponton pour accrocher la barque.

- Où se trouve Uhtred? siffla Aethelred.

- Là où il est, mon seigneur, cracha Daegan. 

-  Mon seigneur Aethelred, lança la voix de Finan, bienvenue à Coccham, le joyaux du Wessex, Uhtred vous attend."

Aethelred lança un hostile regard au garçon et s'approcha de l'irlandais qui posait ses pouces sur son ceinturon. 

"Uhtred s'affaire avec les femmes pour préparer le repas, telle est la vie d'un guerrier banni, poursuivit t-il avec ironie."

Daegan remonta son capuchon sur le haut de son crâne alors que Aethelred, Aldhelm et Steapa s'éloignaient vers la demeure de son père, et que Beocca, Thyra et Aethelflaed partaient vers la petite église de Coccham. Le garçon fronça les sourcils alors que son regard suivait la silhouette de la fille d'Alfred. Quelque chose en elle avait changé, il pouvait le jurer. Et cela n'avait rien de bon. Ne se sentant aucunement d'aller auprès des seigneurs qui préparaient la bataille, encore moins auprès d'Aethelred, Daegan préféra rester proche de l'eau, emmitouflé dans sa cape.

Il était resté assit sur le ponton jusqu'à la nuit tombée. Etrangement, en ces derniers jours, le garçon ne se sentait pas en forme. Il avait souvent des frissons, et son humeur était massacrante. Il n'avait envie de rien, comme il avait envie de tout. C'était un sentiment très désagréable et très irritant. Ce ne fut que lorsqu'il eut très froid, qu'il se décida à entrer. Se remettant sur ses deux pieds, et s'étirant, il fut surpris de tomber face à face avec Aethelflaed.

"Daegan, salua t-elle.

- Aethelflaed, je veux dire Dame Aethelflaed.

- Inutile d'être si courtois, nous étions amis autrefois. 

- Oui, autrefois, et puis tu es aller jouer à la princesse, et maintenant tu es mariée, dit t-il en croisant les bras. Mais ce n'est pas de ta faute, après tout, tu es la fille du Roi. Je trouve cela dommage que ton mari soit un porc."

Daegan posa soudainement ses mains sur sa bouche. Ses mots avaient dépassés sa pensée et il venait d'insulter le gendre d'Alfred devant son épouse. Cette dernière, pour seule réponse, poussa un rire franc. 

"Tu as toujours dis ce que tu pensais! dit Aethelflaed en souriant. Est-ce que tu te souviens de nos jeux d'enfants? Dans ces marais puant? 

- Il est difficile d'oublier les pleurs d'Edward ainsi que le fait que tu aies manqué de tomber dans l'eau plus d'une fois. 

- C'est parce que tu courrais trop vite, je n'ai jamais réussi à t'attraper. Tu étais déjà si vif, il était évidemment que tu allais t'engager sur le chemin de la guerre. Qu'est t-il arrivé à ton visage? 

- Rien de bien important. 

- Notre innocence me manque, j'aurais voulu rester une enfant toute ma vie.

- Aethelflaed, puis-je te poser une question?"

La jeune femme hocha la tête vivement.

"Est-ce que ton mariage est heureux? J'ai bien vu comment il te regarde, et comment tu es. Lorsqu'il est proche tu sembles apeurée. Tu as les yeux rougies de pleurs et le teint blême. Je ne suis pas aveugle tu sais. 

- Disons que ce n'est pas le mariage que j'espérais. 

- A t-il levé la main sur toi?"

Aethelflaed ne dit mot et baissa le regard au sol.

"Ton silence est éloquent, je sais que tu n'es pas femme à demander de l'aide, mais sache que je répondrai à ton appel si tu en as le besoin.

- Merci Daegan. 

- Il faut bien que notre amitié soit bénéfique.

- Tu as changé, Daegan, quelque chose chez toi n'est pas comme avant. Ce n'est pas mauvais au contraire, je pense que tu prends le même sentier que le seigneur Uhtred. Qui sait? Peut-être qu'un jour tu serviras Edward lorsqu'il sera Roi.

- Je l'espère, Aethelflaed, que Dieu entende ta voix."

Au lendemain, dès les premières lueurs du jour, la marche pour Lundene commença. Daegan avait été prié par son père de venir avec lui. Non pas pour se jeter dans la bataille, mais pour veiller sur Aethelflaed et Thyra qui se trouveraient toutes les deux au campement. Ce campement où dormait les soldats, étaient souvent tenu par leurs épouses et quelques jeunes guerriers. Le garçon approuva cette demande qu'il trouva assez gratifiante. De plus, cela lui permettait de chevaucher au coté de son père et cela était toujours un grand plaisir. Par ailleurs, la petite armée avait à peine quittée Coccham pour rejoindre les troupes de Winchester et de Mercie, que le père Beocca semblait déjà dormir sur son cheval. Amusés, Uhtred et Daegan s'arrêtèrent à son coté.

"Vous êtes bien taciturne père Beocca, prononça le guerrier.

- Je n'ai pas beaucoup dormi.

- Vous voulez que je sermonne Thyra pour qu'elle vous laisse un peu tranquille?

- Certainement pas voyons, n'évoques pas ces choses là, comprit!

- De quelles choses est-ce que vous parlez mon père? interrogea amusé Finan qui se trouvait un peu à l'arrière et qui n'avait pas manqué la conversation.

- J'en ai assez dit, tout le monde en a assez dit! sermonna le religieux."

Les hommes ne purent s'empêcher de rire face à l'embarras de Beocca.

"De plus il y a un enfant avec nous, c'est obscène pour lui.

- Un enfant? interrogea Uhtred, Daegan n'est plus un enfant, puceau certes et il le restera encore un peu puisqu'il a refusé les avances d'une dame.

- C'était une fille de seigneur, je n'étais pas intéressé, grommela le garçon. Et je n'ai pas besoin de me marier, je veux être un guerrier libre.

- Et puceau, se moqua Finan. 

- Répète cela, l'irlandais, et tu iras embrasser les sabots de Ubba!"

Ils chevauchèrent une journée et une nuit pour arriver à Lundene au petit matin. A un point définit, l'armée se sépara en trois. Les hommes de Mercie se dirigeaient vers le nord de la ville alors que ceux du Wessex iraient par le sud, quant aux autres ils cessèrent leur chevauché afin de monter le campement. Daegan offrit un dernier salut de la main à son père et partit se hâter à apporter son aide. 

L'instant qui suivit, l'armée menée par Uhtred était aux portes de Lundene, prête à donner l'assaut. Seulement, à leur grand étonnement, il ne semblait pas y avoir un unique son dans la grande ville. Celle-ci était aussi calme qu'un mort. Finan et Sihtric furent les premiers à se jeter dans les rues, mais ils n'y virent personne. Pas un habitant, pas un rat, ni même un oiseau. Les grande portes, elles-mêmes, étaient ouverte.

"Tu as vu des gardes? interrogea Uhtred.

- Non, ça sent le piège ça, se méfia l'irlandais."

Le frère de Ragnar haussa un sourcil et se décida à pénétrer dans Lundene. Et il fut devant l'évidence d'un endroit désert. 

"Oui si c'est un piège autant se jeter dedans, maugréa Aethelwold.

- Pas de commentaires! réprimanda Finan."

L'armée arpenta les rues dépourvu de civilisation, et aucun Danois ne se trouvaient à l'horizon. La ville était comme morte. Constamment sur leur garde, épées et boucliers levés, les hommes progressèrent jusqu'à la grande place qui se dressait au centre d'une ancienne fortification romaine. Habituellement endroit vivant de festivité, il n'y avait en ce jour pas même une poussière volante.

"Tu as une idée de ce qu'il se passe? interrogea l'irlandais.

- Aucune, répondit Uhtred."

Ils observèrent les alentours avec minutie, mais toujours aucun Danois ne pointa le bout de son fer. C'était comme si l'endroit n'avait jamais été occupé par ces ennemis.

"Mur de Boucliers! résonna une voix avant que des écus ne soient dressés."

Une autre armée se dressait dans la rue qui leur faisait face. Le frère de Ragnar et ses hommes prirent plus fermement leurs épées et dressèrent davantage leurs boucliers pour se protéger. Et plus un son ne résonna. Un calme complet et un silence pesant. Le guerrier fronça les sourcils en reconnaissant les écus qui leur faisait face. Leurs couleurs ne lui étaient pas étrangère. 

"Aethelred! appela t-il.

-Uhtred? répondit une voix venant des opposants, nous n'avons pas vu un seul guerrier!

- Nous non plus!"

L'époux d'Aethelflaed, peu méfiant, se décrocha de son mur de boucliers alors qu'il retirait son casque de fer. Marchant sur la place déserte, il afficha un sourire fort satisfait avant de clamer victoire, haut et fort. 

"Nous leur avons fait peur, la ville est à nous !

- Non! Dites leurs de rester en formation! lui hurla Uhtred, restez en formation!

- Uhtred, appela Finan avant de pointer une tour qui se mettait à flamber.

- Tenez vous prêt c'est un signal! alerta le frère de Ragnar.

- Pas de doute c'est un signal, ils s'apprêtent à nous tomber dessus, dit l'irlandais.

- Les signaux comme ça sont généralement visible à une lieue."

Ce fut sur ces mots que Uhtred comprit la raison de cette tour enflammée qui répandait son épaisse fumée dans le ciel. Ils avaient été dupé. Les deux frères n'allaient guère les attendre sagement à Lundene, mais prendre le campement pendant que les soldats seraient absent. Prit de rage, le frère de Ragnar fendit les rangs pour accourir auprès de Aethelred qui peinait à tenir ses hommes. 

" Aethelred, le campement! siffla Uhtred en tirant le bras du Seigneur de Mercie, nous devons nous y rendre au plus vite!"

Le guerrier hurla avec fermeté aux soldats de regagner les rues et de se diriger sur la route du campement au plus vite. Et ce fut sans attendre et avec grandes enjambées, que le frère de Ragnar dévala les allées. 

"Mon fils! Mon fils est là-bas! hurlait t-il à ceux qui se mettaient en travers de son chemin avant de les bousculer lourdement."

Daegan, une pomme dans la main, s'approcha de Ubba qui tapa des sabots pour montrer son contentement de voir son maître.

"Je sais que tu aimes les pommes, mais tu n'en auras qu'une moitié ou tu ne parviendras plus à courir, rit le garçon en tapotant l'encolure de sa monture."

Il passa son regard sur le campement et se perdit dans ses pensées. Il songea à Uhtred qui devait être en pleine bataille. Tranchant l'ennemi, faisant gicler le sang sur les murs en entendant les cris d'agonie. Est-ce que Aethelflaed disait vrai? Prenait t-il le même sentier que son père? Il l'espérait de tout son cœur. 

" Réveillez-vous c'est la mort! hurla Thyra en lâchant son panier de légume, réveillez vous ! C'est la mort qui arrive! Debout!"

Alerté, Daegan fronça les sourcils. Et ce fut là qu'il le sentit, ce sol qui tremblait. Le bruit sourd et lourd des sabots des chevaux qui frappaient la terre avec ardeur. Tournant son regard dans son dos, le garçon tressaillit en voyant l'ennemi approcher. Il reconnu avec aisance Erik et Sigefrid à leur tête. Le jeune homme tâta son ceinturon et s'aperçu qu'il n'avait aucune arme à portée de main, pas même son arc. Pivotant sur lui-même, il chercha de ses pupilles une lame, qu'importe comme elle était, il lui fallait quelque chose pour se défendre. A une dizaine de pas de lui, quelques lances s'offrirent à son besoin. Or, les Danois avaient déjà commencé à envahir le campement, et jamais il ne pourrait courir assez vite pour s'en saisir. Aussi, retira t-il la corde de Ubba et se jucha sur son dos, sans la moindre selle pour s'emparer de l'une de ces armes. 

"Fils d'Uhtred! hurla t-on à sa gauche, tu me dois une main!"

Daegan tourna ses yeux pour rencontrer le visage tordu de colère de Sigefrid. Déglutissant difficilement, le garçon talonna sa monture pour qu'elle se hâte jusqu'aux lances. Ubba ne se fit pas difficile et comprenant l'urgence de la situation, débuta une grande course. Le jeune homme tenta par tout moyen de ne pas heurter les Saxons qui fuyaient devant lui, sans perdre de vue son objectif. Or, jamais il ne l'atteint. Une violente secousse frappa son cheval qui se cambra en hennissant bruyamment avant de tomber violement sur le sol. Pour Daegan, la suite ne fut qu'une vague vision. Il sentait son corps douloureux au sol, ainsi que le sang dans sa bouche. Il avait chaud, il avait froid. Ses yeux se troublèrent alors qu'au loin il jura voir la robe de Aethelflaed et la chevelure rousse de Thyra. La confusion le prit. Les sons ne devinrent que de pâles échos avant qu'il ne sombre dans les méandres de l'obscurité.

Saison 2 - Episode 7

Leur galop n'avait jamais été aussi rapide. L'herbe frissonnait sous leur passage. Les bêtes fuyaient. Le vent lui-même ne pouvait rivaliser avec leur hâte. La peur tortillait leurs tripes pour en faire des nœuds solide. Malgré tout, ils avaient un espoir de se tromper, mais le mauvais feu du campement qui se dressait au loin le gâchait. Plus ils se rapprochaient, plus les tâches de sang étaient nombreuses et épaisses. Bientôt, ce fut des cadavres qui croisèrent leur sentier. Inquiet, les jambes s'entre-choquantes, les guerriers mirent pied au sol. Beocca les sourcils tordu par la crainte cherchait du regard Thyra. 

"Mon Dieu, pitié seigneur, faites que ce soit un songe, murmura le religieux avant d'hurler le nom de sa compagne dans l'espoir d'une réponse."

Uhtred, lui aussi, était descendu au bas de sa monture. Ses yeux scrutait chaque cadavre, et s'effrayait à chaque instant de voir le visage blême de son fils. 

"Trouvez-le, trouvez Daegan, souffla t-il à Finan et Sihtric."

Les deux hommes ne se firent pas prier et commencèrent à leur tour à chercher parmi les corps. Bien que le manque entier de vie leur promettait un avenir funeste. Les morts étaient si nombreux qu'aucun vivant ne pouvait s'y trouver. Aethelred et son conseillé, Aldhelm, ne furent pas aveugle à cette évidence et commencèrent à craindre pour la fille d'Alfred. Malgré le fait, que chaque soldats présent étaient à la recherche de cette dernière.

"Ils n'ont pas laissés un seul homme en vie, constata Aldhelm.

- Ni une femme, siffla Uhtred entre ses dents serrées en passant à leur coté.

- C'est la fille du Roi Alfred jamais ils ne la tueraient, répliqua le seigneur de Mercie, jamais ils n'oseraient."

Le frère de Ragnar retournait chaque mort pour le regarder dans les yeux, y comprit ceux qui ne ressemblaient pas à Daegan. Sa peur de perdre son fils le rendait ignorant. Finan et Sihtric se hâtaient, tout comme lui, à la tâche. Ils craignaient eux aussi de trouver le corps sans vie du garçon. Beocca poursuivait ses hurlements, s'époumonant et gardant son espoir, bien qu'il se dissipait peu à peu. Tombant à genoux, le prêtre joignit ses mains afin de prier pour sa femme, espérant de tout son amour. Uhtred, prit de rage, jeta un bout de bois brulé sur sa gauche alors qu'il songeait déjà ne plus jamais revoir son enfant. Le silence pesant du deuil de l'instant fut alors brisé par un hurlement venant de la forêt qui bordait le campement. La silhouette de Thyra en sortit. Boitillant par la frayeur, elle se précipitait proche du religieux. Ce dernier couru à son tour dans sa direction, et lorsqu'ils furent assez proche, se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Profitant de cette étreinte comme si ils venaient juste de se rencontrer.

"Je t'ai cru morte et j'ai voulu mourir, confia Beocca, j'ai cru que tu avais disparu.

- Thyra, interpella le frère de Ragnar en posant une main sur le bras de sa sœur, Thyra, où est Daegan? Où est mon fils?"

Thyra ne put parler, or son silence et son regard furent assez éloquent pour transcrire son ignorance. Les larmes gagnant ses yeux, Uhtred ne s'avoua pas vaincu et entreprit de reprendre ses fouilles.

"Où est Aethelfled ? interrogea Aldhelm.

- Vite répondez! hâta Aethelred.

- Bien sûr qu'elle va répondre, cracha le religieux.

- Je n'en sais rien, avoua Thyra.

- Elle a été enlevé?

- On a couru et Aethelflaed n'était plus là.

- Nous poursuivons les recherches seigneur, prononça Aldhelm.

- Ils l'ont enlevés, c'est obligé sinon pourquoi auraient-ils abandonné la ville et attaqué le campement? cracha au loin Uhtred.

- Elle est la fille du Roi, jamais ils n'oseraient."

Le guerrier se décida à ne plus parler avec le seigneur de Mercie et laissa son regard, embué par la peur, prendre le campement d'assaut. Un gémissement léger et faible lui parvint alors au creux de l'oreille. Il tourna son regard autour de lui, et ses yeux rencontrèrent Ubba, le cheval de Daegan. L'animal était couché au sol, inerte, mais c'était bien de là que le gémissement venait. Prit d'un nouvel espoir, il accouru jusqu'à la monture de son fils. Or, lorsqu'il arriva, il ne vit aucune trace d'un garçon aux boucles ébène.

"Père? murmura faiblement une petite voix."

Le frère de Ragnar se tourna de nouveau et aperçu le jeune homme qu'il cherchait tant, allongé à pas moins d'un pas de là. Dans un soupire de soulagement, il accouru à lui et se laissa tomber à son coté.

"Tu n'as plus rien à craindre, je suis là, assura le guerrier."

Celui-ci se saisit de la tête de son fils pour reposer l'arrière de son crâne sur ses cuisses. Son corps était ensanglanté et son front avait la trace d'un mauvais coup.

"Père, c'est vraiment toi? interrogea Daegan avec peine.

- C'est moi, je n'aurais pas dû te laisser, dit Uhtred. Où as-tu mal? Es-tu blessé?

- Je n'ai mal qu'à la tête."

A grandes enjambées, Finan et Sihtric s'approchèrent à leur tour. Le soulagement put aisément se lire sur leurs visages.

"Tu es couvert de sang, observa le frère de Ragnar.

- Ce n'est pas le miens, je ne sais plus vraiment ce qu'il s'est passé, mais je me souviens avoir rampé et m'être caché sous les cadavres pour feindre ma mort, expliqua difficilement le garçon. Où est Ubba? Où est mon cheval? Je l'ai sentit tombé, je veux Ubba, où est t-il?

- Il est auprès de Odin, il galope dans les plaines avec ses ancêtres, tu n'as plus à t'inquiéter pour lui. 

- Non! Je veux Ubba, il n'a pas eut sa deuxième moitiés de pomme, il la lui faut! Il en a besoin, s'agita Daegan dans quelques pleurs.

- Ne bouges pas trop, nous allons rentrer à Coccham, et tu vas te reposer."

Sans autre mot, Uhtred prit son fils dans ses bras et le hissa sur son cheval. Ensemble ils reviendraient dans leur foyer. 

Ils regagnèrent Coccham le lendemain en soirée. Gisela ne s'était pas cachée de sermonner son époux pour ne pas avoir correctement veillé sur leur fils. Or, les querelles s'évaporèrent vite lorsqu'ils remarquèrent que Daegan n'avait reçu qu'un mauvais coup sur le crâne. Rien de mauvais, juste une bonne frayeur dont il se souviendrait longtemps. Lorsque la nuit s'éprit du pays, le garçon était resté se reposer à l'intérieur de son foyer alors que Gisela et Uhtred, assit sur le ponton qui tendait sa main au fleuve, patientaient qu'un poisson se prenne dans leur filet afin de pouvoir préparer le repas.

"Je peux savoir à quoi tu penses? interrogea le frère de Ragnar en voyant son épouse songeuse.

- Je penses à la peur qu'à dû ressentir Daegan ainsi qu'à Aethelfled, si elle est encore en vie, tu es son seul espoir.

- Daegan est plus en deuil de son cheval que dans la tourmente de sa peur, quant à Aethelflaed, Alfred est son père.

- Et toi son seul espoir, Uhtred de Bebbanburg, ça ne devrait pas être à toi de régler ce problème mais tu le feras, en envoyant Sihtric tu as déjà commencé, prononça la femme en se levant."

Il était vrai qu'au milieu de leur chemin de retour, le frère de Ragnar avait intimé à Sihtric et deux autres hommes, de se rendre à Beamfleot, la forteresse occupée par Sigefrid et Erik, pour récolter des informations quant à la vie d'Aethelflaed.

"Non restes avec moi, protesta l'homme en voulant la retenir par le bras.

- Non j'ai faim, rit Gisela en allant remonter son petit panier de pêche.

- Je vais t'aider.

- Non je veux le faire! Je crois que j'ai une prise! Le dîner enfin!

- Un vrai monstre des mers, s'amusa Uhtred."

La sœur de Guhtred rit à cette remarque avant de perdre sa splendeur en voyant une silhouette inconnue sortir de la pénombre pour s'inviter. Interloqué, le guerrier suivit son regard.

"Seigneur, salua le nouveau venu en triturant ses doigts, vous m'aviez dit de revenir.

- Qui êtes-vous? interrogea Gisela en fronçant les sourcils.

- C'est le bâtard d'Alfred, se moqua l'homme.

- Je m'appelle Osferth ma Dame, je m'appelle simplement Osferth."

Souriant quant aux bonnes manières et à la timidité de leur invité inattendu, Gisela se décida à l'inviter diner à leur coté. 

L'instant qui suivit, Uhtred, Osferth, Daegan et Gisela se trouvaient autour de la grande table de la demeure. Leurs bols furent remplit de soupe et de poisson fumant qui fit grand bien au corps, car le froid était aigre en ce mois.

" Tous les habitants de tous les villages ont reçu l'ordre de prier, dit Osferth en engloutissant son repas, que Aethelflaed soit vivante et en bonne santé.

- Alors elle ne peut être qu'en vie, en bonne santé et libérer sous peu, se moqua Uhtred en prenant un morceau de pain.

- Vous n'êtes pas croyant seigneur? interrogea Osferth quelque peu interloqué.

- Oh bien sûr que je le suis, dit t-il en ébouriffant les boucles ébène de son fils, je crois aux vrais Dieux et au destin.

- Souhaitez vous servir un païen, Osferth? interrogea la sœur de Guhtred en haussant les sourcils.

- Dieu est dans tous les hommes bon, mon oncle Leofric m'a souvent dit que votre mari était un homme bon, un grand homme.

- Il disait cela? questionna le frère de Ragnar.

- Oui seigneur.

- Pourtant cet homme bon qui est là, vous laissera le rejoindre pour une seule et unique raison, pour embarrasser Alfred, informa Gisela."

Osferth fronça les sourcils avec un air tout à fait dubitatif. Il songeait que cela était une plaisanterie.

"C'est la vérité, trancha Uhtred pour mettre fin au doute.

- C'est peut être la raison qui me permettra de vous rejoindre mais je vous en donnerai de me garder.

- C'est le destin qui vous a conduit ici, lança Gisela, si tout ce qu'ils ont à Winchester c'est la prière, ils vont avoir besoin d'un peu plus. Nous irons à Winchester.

- Nous n'irons pas, répliqua le guerrier en grognant.

- C'est ce que tu veux, pourquoi fais-tu l'enfant comme ça?

- Nous irons dés que j'aurai des nouvelles de Beamfleot."

Gisela et Osferth s'échangèrent un sourire amusé, avant que ce dernier ne tourne son regard sur Daegan qui mangeait sa soupe sans mot dire. Le garçon faisait peur à voir, car son visage avait encore les blessures de la méchanceté des hommes de Mercie ainsi que son mauvais coup de l'assaut du campement.

"Tu es Daegan? Je t'ai reconnu grâce à tes cheveux, dit le jeune moine."

Le fils d'Uhtred, surpris qu'on lui adresse la parole, leva un regard quelque peu hostile sur Osferth.

"Mon oncle, Leofric, me parlait aussi beaucoup de toi, et il t'a assez bien décrit, il te nommait fils.

- C'était mon père avant que la mort ne le prenne. Etait t-il fière de moi? 

- Pour sûr il l'était, je suis content de te connaître et de voir que le seigneur Uhtred prend soin de toi. 

- Vous devez avoir le même âge tous les deux, observa Uhtred.

- D'après ce que disait Leofric, Daegan est plus jeune d'environ cinq années. 

- Parles moi encore de lui, parles moi de Leofric, demanda le garçon aux boucles ébène à l'intention du jeune moine."

Ce dernier approuva et les deux jeunes hommes passèrent une grande partie de la nuit à échanger sur le guerrier tombé au combat. 

Le semaine qui suivit, alors que l'un des hommes d'Uhtred envoyé à Beamfleot revenait à Coccham avec quelques nouvelles d'Aethelflaed, Osferth, lui, était aller se perdre dans la forêt. Habitué au monastère, à la prière et la vie religieuse, il peinait à s'habituer à vivre dans la demeure d'un païen. Bien que Uhtred était bon avec lui, quoi que exigeant par instant. Grand bien pour le jeune homme, Gisela lui apportait un grand soutien. Elle était une bonne personne qui le réclamait souvent pour de l'aide afin de le sauver des griffes sèchent du guerrier. Et il l'en remerciait chaque fois vivement. Mais en cet instant, il préféra aller se perdre au centre des troncs d'arbres et des feuilles tombante de l'automne. L'odeur de la mousse humide embaumait ses narines, lui offrant un répit réconfortant. Or, en tournant derrière quelques épais buissons, il tomba face à face à une source d'eau où s'y baignait une femme nue. Elle n'était pas bien grande de taille, alors que son corps était fin, élancé et parsemé de blessures. Elle avait sur la tête des boucles noir qui gouttaient sur ses épaules. Osferth ouvrit la bouche en reconnaissait la silhouette.

"Daegan ! laissa t-il échapper."

The next is coming...

Salutation!

J'espère que ce chapitre (mouvementé) vous a plût! ahah !

Comme vous pouvez le remarquer à la fin, Osferth découvre le secret de Daegan (Vous aussi techniquement ahah). J'emploierai donc le pronom "Elle" lorsque je parlerai de Daegan, même si il n'y a qu'un seul personnage qui a découvert que Daegan était une fille. J'espère donc que vous ne serez pas trop perdu lorsque je dirai "Elle" et qu'après Uhtred l'appellera "Fils" ahah. 

Merci pour vos lectures chaque semaines et vos commentaires! 

Rappel: Les chapitres sortent durant le Weekend, ça peut être Samedi ou Dimanche selon mon avancement! 

Je vous salue de la main droite!