Chapitre 8 - Le Roi Sasune
Ingus jeta un bref regard à la jeune fille dont il tenait la main. Elle semblait gênée par la situation, et ne devait pas être habituée à ce genre de coutume. Mais cela n'avait rien d'étonnant venant de la part de la fille d'un forgeron. Malgré tout, le jeune homme n'avait pas pu s'empêcher de lui faire la cours, tant il la trouvait ravissante. Il n'avait que quelque fois visité les villages du royaume de Sasune, dont celui de la jeune inconnue, mais jamais il n'avait croisé d'aussi belle jeune fille de sa vie. Et même parmi les nobles, aucune ne lui arrivait à la cheville, à l'exception peut être de la Princesse, et encore ... Mais il se demandait ce qu'une jeune fille comme elle faisait avec deux vagabonds. Autant le premier lui semblait sympathique et intelligent, mais le second avait une désagréable façon de le toiser depuis tout à l'heure et cela commençait à sérieusement l'agacer. Afin de se changer les idées, il demanda alors à la jolie jeune fille :
- Comment-vous appelez-vous ?
Elle ne répondit d'abord pas, et il répéta sa question, un sourire en coin. Elle n'était décidemment pas habituée à la politesse des nobles et soldats. Il reposa alors sa question avec douceur et elle répondit en bégayant :
- Re ... refia, et v... vous ?
Il se retint de rire, par courtoisie, et lui adressa un sourire réconfortant :
- Refia ? C'est un fort joli nom ! Tout autant que vous.
Son compagnon, celui avec les étranges cheveux gris poussa un grognement, tandis que les joues de la rouquine s'empourprèrent bien vite. Le jeune homme fut satisfait de lui.
- Je me nomme Ingus.
Et elle hocha timidement la tête et ils continuèrent leur chemin en silence. Ils arrivèrent alors dans la salle du trône et Ingus se prépara au pire. En effet, la totalité des soldats s'étaient regroupés ici, ne pouvant rien faire avec leurs corps translucides. Au fond de la salle, était un assis un fantôme d'un âge avancé, il s'agissait de son Roi. Le jeune soldat lâcha la main de la jeune fille, s'inclina poliment devant elle, avant d'aller s'agenouiller face à son souverain. Celui-ci se lamentait, tandis que les étrangers approchaient lentement, scrutant les fantômes avec pitié :
- La malédiction du Djinn s'est abattue sur nous tous ... gémissait le monarque. Et je ne fais pas exception ...
Et il poussa un profond soupire. Ingus se releva et lui présenta alors tour à tour les nouveaux venus. Le Roi Sasune hocha vaguement la tête, ne montrant pas réellement d'intérêt pour ces voyageurs. Ingus lui apprit alors les raisons de leur venu :
- Sir, dit-il avec toute la politesse dont il était capable. Ces jeunots sont venus chercher l'anneau de mithril pour contrer le sort.
Le Roi releva brusquement la tête, soudain plus intéressé. Son regard alla se poser sur Luneth, le jeune homme aux cheveux grisonnant. Puis, il poussa un soupire interminable :
- L'anneau de mithril ... commença-t-il en se frottant le menton. Vous voulez utiliser ses pouvoirs pour bannir de nouveau de Djinn.
Les trois compagnons hochèrent la tête. Le Djinn était un démon, qui autrefois avait lancé une malédiction similaire sur le royaume de Sasune. La légende racontait qu'un forgeron de mithril était alors subitement apparut et l'avait banni. Ingus connaissait par cœur ces légendes. Il s'était avéré que le monstre avait refait surface juste après le tremblement de terre, il y avait peu de temps. Le Roi se leva de son trône et vint se poster face aux étrangers, qui inclinèrent tous la tête, même celui au regard méprisant. Une lueur de crainte baignait dans les prunelles de la rouquine, apeurée sans doute par l'apparence fantomatique du monarque.
- J'aimerai pouvoir vous aider ... leur apprit le Roi. Seulement, ma fille détient cet anneau, et elle a disparu avant que la malédiction ne s'abatte sur nous.
Et Ingus eut l'impression qu'une mâchoire de glace venait de se refermer sur lui. Son sang se figea dans ses veines et un frisson de peur lui parcourut l'échine. Si la Princesse avait disparut avant la malédiction et qu'elle possédait l'anneau, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose ! Il s'écria alors à voix haute, sans retenu :
- Le Djinn peut l'avoir enlevé !
Le Roi baissa alors la tête et il jura apercevoir une larme au coin de son œil. Il regretta aussitôt ses paroles. Il se faisait déjà assez de soucis pour sa fille pour qu'il n'en rajoute une couche. Il allait s'excuser quand son souverain reprit la parole :
- Si c'est le cas ... J'ai du souci à me faire pour Sara. Le Djinn à dû l'emmener dans sa grotte au nord.
Et il poussa un autre soupire. Le soldat détestait le voir dans un état pareil, lui qui était d'ordinaire si fort, mais il ne trouva rien à dire. A sa grande surprise, ce fut Luneth qui trouva les mots justes :
- Ne vous en faites pas, Sir, nous la ramènerons, déclara-t-il d'une voix déterminée.
Et Ingus se surprit à approuver ses paroles. Il se rabroua lui-même et se promit que s'était la première fois et la dernière qu'il serait du même avis que ce vaurien. Il affirma à son tour, complétant les paroles de l'étranger :
- Sir. Permettez-moi de vous quittez pour accompagner ces êtres courageux vers la grotte secrète et libérer Dame Sara.
Il s'agenouilla alors au sol, en inclinant la tête bien bas. Il était près à tout pour retrouver la Princesse et de plus, ces étrangers l'intriguaient au plus haut point. Il aimerait bien faire plus ample connaissance avec eux, à l'exception de celui qui était arrogant. Le Roi hocha alors plusieurs fois la tête :
- Vous avez mon accord, Ingus.
Il se tourna vers les trois camarades de route.
- A moins qu'il n'y ait des objections ? leur demanda-t-il.
Le soldat se tourna alors vers les voyageurs, en croisant les doigts pour qu'ils acceptent. Le brun, Arc, haussa les épaules et ne sembla être contre. Celui à la queue de cheval semblait moins coopérant et toisa le jeune blond du regard, qui lui rendit la pareille. Soudain, Refia déclara :
- Bien sûr que non ! Son épée seule vaut deux fois plus que les leurs réunies ! déclara-t-elle.
Puis elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire et baissa la tête, sincèrement désolée. Son compliment alla droit au cœur du jeune homme, qui la gratifia d'un hochement de tête poli. Luneth se tourna alors vers, légèrement agacé :
- C'est pas juste ! s'écria-t-il.
Mais il se ravisa et déclara d'un ton plus posé, moitié parlant, moitié marmonnant :
- Mais je vous accorde qu'avoir un homme du Roi auprès de nous ne peut que nous aider ...
Et il finit par hocher la tête, vaincu. La rouquine sembla sincèrement heureuse et salua son nouveau compagnon d'un signe de main, qui ne lui rendit pas la pareille, bien qu'il l'aurait souhaité, ne pouvant pas se permettre de telles familiarités en présence du Roi. Celui-ci ordonna alors à ses hommes de les conduire jusqu'à la chambre d'Ingus, afin qu'ils y passent la journée et la nuit, et peut être faire de plus ample connaissance et de se reposer. Arc voulut aussitôt aller visiter la bibliothèque du château et il força son frère, d'après ce que le soldat avait compris, à le suivre. Ce dernier quitta la chambre d'un air maussade, avant de lancer un regard appuyé au jeune blond, le laissant seul avec la rouquine. Celle-ci était assise sur le lit de l'immense chambre et observait les moindres recoins de la pièce avec émerveillement.
- C'est votre chambre à coucher ? lui demanda-t-elle. En tout cas, c'est magnifique !
Il hocha la tête et rigola légèrement, avec la retenue qui était recommandé en présence d'une demoiselle. Il l'étudia du regard un instant, subjugué par ses longs cheveux couleur de feux. A la lumière des torches, on avait l'impression qu'ils s'embrasaient. C'était magnifique. Il remarqua ce qu'il était entrain de faire et détourna le regard, gêné par une attitude aussi incorrecte. Cependant, la jeune fille ne semblait avoir rien remarqué.
- Merci pour ce que vous avez dit tout à l'heure, lâcha-t-il soudain.
Les mots lui avaient échappés et avaient franchis ses lèvres de leur propre initiative. Il voulut s'excuser mais elle lui offrit un sourire si radieux qu'il n'en n'eut pas le courage. Il se détendit alors, et essaya d'engager la conversation :
- Que faites-vous avec des jeunes hommes comme ces deux autres ? demanda-t-il, plein de curiosité. Sont-ils assez courtois avec vous ?
Elle rigola doucement, en rejetant ses cheveux en arrière.
- Nous avons tous le même but, sauver les victimes de cette malédiction, déclara-t-elle simplement. Et, ils n'en ont pas l'air comme cela, mais ils sont assez gentils.
Il hocha lentement la tête pour montrer qu'il comprenait. Mais il doutait toujours des bonnes manières des deux autres hommes. Il se demanda alors si une jeune fille comme elle savait se battre, étant donné qu'elle se lançait dans un voyage périlleux.
- Savez-vous magner les armes ?
Elle secoua la tête.
- Un tout petit peu, mais je n'ai qu'un simple poignard.
Elle lui montra sa petite lame, en effet bien frêle comparé à l'épée longue du soldat. Elle était effritée par endroit et ne semblait pas en très bon état. Pris de pitié et de compassion pour la jeune demoiselle, Ingus eut alors une idée. Il se leva alors et s'accroupit auprès de son lit. Il se mit alors à tâter le sol à la recherche de quelque chose, sous le regard curieux de Refia. Soudain, il empoigna une épée, et la sortie de sa cachette. Il l'étudia alors avec soin.
Elle n'avait pas changé, toujours aussi belle, sa couleur rouge brillant de mille feux. Il souffla dessus afin d'y enlever la poussière, avant de la tendre à la rouquine qui se retenait de lui poser des questions.
- Tenez, fit-il. Le Roi me l'avait offerte autrefois, mais elle ne m'a jamais servit. C'est l'épée fantôme, le fléau de tous les morts vivants. Je vous en fais cadeau.
Elle écarquilla les yeux, surprise d'une telle attention de sa part. Lui-même ne savait pas trop pourquoi il lui offrait une telle confiance, surtout qu'il ne la connaissait pas. Elle déclara d'un ton désolé :
- Je ne peux pas accepter ...
Il se mit alors à genou devant elle.
- Je vous en pris, acceptez ce présent afin de soulager ma conscience, déclara-t-il d'une voix suppliante. Je ne veux pas vous laisser prendre part à ce voyage périlleux sans que vous n'ayez d'arme.
Il lui tendit un peu plus l'épée, et elle en empoigna la garde. Elle la brandit au dessus de sa tête et laissa glisser ses doigts fins et délicats sur la lame tranchante.
- Merci beaucoup, Ingus, murmura-t-elle.
Et le soldat nota que pour la première fois, elle avait osé l'appeler par son prénom. Cette attention lui réchauffa le cœur dans ses heures si sombres.
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Bientôt, la nuit arriva bien vite et ses camarades rentrèrent de la bibliothèque, armés de livre. Ils se répartirent donc la chambre, afin de dormir confortablement. Ingus offrit son lit à la jeune fille, en parfait homme de court, tandis que lui et les deux autres dormaient sur des matelas de plumes rajouter au sol pour l'occasion. Tous s'endormirent sans traîner, prenant des forces pour ce qui allait les attendre au réveil. Mais ils étaient loin de se douter de la tournure que les évènements allaient prendre.
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Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Que pensez-vous d'Ingus ? De la malédiction ?
Que pensez-vous qu'il va se passer ?
Bref, j'attend vos avis ^-^
En média, le château Sasune (et la couverture de ce livre :a:)
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