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Le retard

Après quelques minutes qui lui semblèrent interminables, Anatole était arrivé chez lui. Sa mère l'accueillit dans la cuisine avec un grand sourire

— Ça va mon chéri ? Ta journée s'est bien passée ?

Anatole n'attendit pas la fin de sa phrase et ne lui adressa pas un regard. Il fonça dans sa chambre qu'il ferma à clef. Les super-héros ne pleuraient pas, mais encore une fois, Anatole se dit qu'il n'avait rien d'un héros. Cependant, il ne voulait pas se morfondre, il avait encore un minimum de dignité.

Le garçon attrapa un comic, de Marvel cette fois, et s'empressa de le lire. C'était le premier tome de Spider-Man. Voir la transformation de Peter Parker de loser du lycée à super-héros était rassurante. Les larmes débordaient des yeux verts d'Anatole, alors il éloigna son comic pour ne pas le mouiller.

Il allait déjà un peu mieux au bout de quelques minutes ; après-tout, il pouvait encore se faire mordre par une araignée mutante dans une sortie scolaire, il restait un peu d'espoir...

La poignée de sa porte pivota violemment : c'était sans aucun doute Ethan. Ce dernier ne se laissa pas arrêter par une porte close. Anatole admirait la détermination de son frère. Lui, il avait l'étoffe d'un héros. Plus que lui en tout cas.

— Jérémy est là. On est sur le point de regarder un film... Un film d'horreur... Si jamais tu veux venir...

Ethan comprit que la chambre de son frère n'était pas verrouillée pour rien et que son aîné n'avait pas besoin qu'on insiste à le faire sortir de là. Il partit rejoindre Jérémy dans le salon en accordant le quart d'heure académique à son frère.

Anatole avait besoin de se changer les idées et il se dit qu'un film ne pouvait pas lui faire de mal après cette journée catastrophique. S'évader de la réalité, voilà ce dont il avait besoin.

Au bout de dix minutes, il pointa son nez dans le salon. Son frère le regarda avec un sourire et lança le film.

Le titre s'afficha a l'écran "Sleepy Hollow et la Légende du cavalier sans tête". Anatole n'aimait pas particulièrement les films d'horreur, mais là, il appréciait de contempler des pluies de sang. Il appréciait de voir les personnages souffrir, souffrir plus que lui. Eux vivaient de terribles malheurs et ça remonta un peu son moral : il y avait pire que lui. Seulement, le film n'était pas juste gore mais aussi niais. La scène d'ouverture avait beau montrer la découverte d'un cadavre, la suite était remplie de déclarations d'amour.

Anatole commençait à s'ennuyer devant une énième scène cul-cul la praline entre Johnny Depp et Christina Ricci, quand Ethan se jeta au cou de Jérémy pour l'embrasser à pleine bouche.

Anatole était vraiment heureux pour son frère et Jérémy, mais ce baiser le dérangeait. Il n'était pas homophobe, mais ça le dégoûtait. Lui, personne ne l'avait jamais embrassé, lui, il avait toujours été seul, lui, il ne connaissait pas l'amour, lui, il n'avait pas un physique avantageux. Lui, il était trop maigre, trop grand, trop gauche, il avait trop de boutons et des cheveux trop roux et trop bouclés.

Par contre, Ethan n'avait rien de tout ça, Ethan avait tout pour lui, Ethan était parfait. Ethan était en couple, aimé de tout le monde, de taille normale, musclé, sportif, intelligent, beau. Il avait des cheveux châtains, des yeux bleus, et même un nom classe. Ethan Evrard, ça, c'était un nom de super-héros, mais Anatole Evrard ça craint.

Ethan avait tout ce que les gens de sa classe avaient aussi et qui lui manquait. Anatole ne put s'empêcher d'éprouver tout son chagrin, tout son ressentiment, toute sa haine en voyant cet interminable baiser rempli d'amour et de tendresse alors que lui avait passé la pire journée de sa vie et voulait juste hurler. Il hurlait déjà de l'intérieur, mais personne n'entendait.

Cela pouvait encore aller, il retenait ses sanglots, mais ce baiser donna suite à un autre. Anatole avait beau aimer son frère de tout son cœur, c'était plus que ce qu'il pouvait supporter.

— Vous pouvez arrêter ? dit-il en serrant les dents.

— Non, je ne peux pas arrêter ! s'écria Ethan avec un ton faussement angoissé. C'est un sorcier ! dit-il en pointant Jérémy du doigt. Il m'a ensorcelé !

Ethan venait de reprendre la réplique la plus marquante et la plus niaise du film et embrassa son amoureux à nouveau.

Anatole se leva et partit s'enfermer dans sa chambre. Il en avait marre. Marre que tout le monde se soit ligué contre lui depuis ce matin-là. Ethan fut alerté par le mouvement et observa son frère partir, interloqué. Il n'avait jamais vraiment parlé de sa sexualité avec son frère bien qu'il soit ouvertement gay et il ne comprenait pas sa réaction. Il décida de ne pas s'en préoccuper et de se concentrer sur son après-midi avec Jérémy.

Anatole, de son côté, ne sortit pas de sa chambre avant le lendemain matin où il débarqua tout habillé dans la cuisine pour rejoindre sa mère et son frère qui déjeunaient déjà.

Il s'assit à sa place habituelle, en face d'Ethan qui lui lança un regard noir. Anatole ne comprit pas tout de suite avant de se remémorer les événements de la vieille.

Tout était réel et il allait devoir affronter la réalité une nouvelle fois, retourner dans cette horrible école et s'excuser auprès de son frère. Mais pour l'instant, il ne dit rien et but son jus d'orange fraîchement servi. C'est le moment que sa mère choisit pour lui parler:

— Anatole, je n'ai pas aimé ton comportement hier. D'abord, tu m'ignores délibérément, ensuite, tu déranges ton frère.

À ses mots, le poing d'Anatole se serra en pulvérisant le croissant qu'il venait de saisir. Ethan lui jeta un coup d'œil qui demandait des explications, mais ce n'était pas le moment ; la journée de l'adolescent allait déjà être assez difficile pour qu'on lui fasse des reproches dès le matin. Sa mère n'avait pourtant pas fini.

— Il n'y a rien sans raison. Pourquoi tu as fait ça ? Ça ne te ressemble pas. Quelque chose s'est mal passé à l'école ?

En entendant le dernier mot, la gorge d'Anatole se serra et ses yeux rougirent. S'il en parlait, allait-on le prendre au sérieux ? Peut-être que sa mère lui dirait d'essayer de s'intégrer pour un premier temps, que ce n'était pas parce que le premier jour se passait mal que c'était la fin du monde et il passerait juste pour un fragile devant son petit frère qui était si fort, si parfait. Et ensuite ? Ensuite sa mère ferait quoi ? C'était la seule école des environs et un nouveau déménagement n'était pas envisageable. Elle irait voir le directeur pour demander à ce qu'il change de classe ? Dans ce cas, ses anciens camarades iraient lui poser des questions et ce serait encore pire, surtout que sa nouvelle classe ne serait pas forcément plus gentille.

— Non, répondit-il simplement sous le regard insistant de sa mère.

Elle le regarda en secouant la tête, déçue. Ethan se leva et partit sans même lui accorder un regard. Pourquoi l'attendrait-il après ce qu'il s'était passé la veille ?

— On en reparlera plus tard, termina sa mère en se rendant à son travail.

Il se retrouvait seul. Seul et en retard. Mais quelle importance ? Au moins, il n'aurait pas à affronter leur accueil dans la cours. Le jeune garçon marcha tranquillement. Il n'était pas pressé d'arriver, surtout qu'il n'avait jamais été très calé en chimie.

Anatole traversa l'entrée et se fit arrêter par un éducateur qui lui tendit un papier d'absence injustifiée sans même écouter la raison de son retard. Il se rendit ensuite au troisième étage où il avait cours en gravissant lentement les marches, une à une, comme si la mort se trouvait au sommet.

Il frappa. Pas de réponse. Il frappa à nouveau à la porte, plus fort. Toujours rien. Une nouvelle volée de coups. Là, il entendit la voix du professeur.

— Il n'avait qu'à être à l'heure. Maintenant, il restera dehors.

Anatole entendit sa classe se moquer de lui. Il n'allait pas s'avouer vaincu si facilement et rentra en ouvrant la porte en grand pour que tout le monde remarque sa présence et voit qu'il avait eu le courage de revenir. Ensuite, quand tous les regards se convergèrent vers lui, il se sentit stupide d'avoir fait ça et balbutia des excuses inintelligibles avant de se ressaisir.

— Excusez-moi d'être en retard.

— Premièrement, jeune homme, on ne dit pas  "excusez-moi" mais "Je vous prie de bien vouloir m'excuser". Deuxièmement, je ne vous ai pas dit d'entrer. Troisièmement, asseyez-vous au fond et ouvrez votre cours à la page soixante-sept. Et donnez votre papier de retard.

Anatole fit ce que la vieille femme aux cheveux blancs et bouclés lui dit et remarqua que le garçon solitaire du fond aux longs cheveux manquait à l'appel. Il ne s'en préoccupa pas plus que ça et ouvrit son cours. Il avait oublié le numéro de la page. Merde. Il feuilleta son cours en lançant un regard coupable autour de lui.

— Soixante-sept, dit la prof. Sachez que je déteste me répéter.

Anatole trouva enfin le bon chapitre "la quantité de matière". Ça commençait mal, il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être.

— Maintenant que vous avez trouvé la page, vous pouvez peut-être me définir ce qu'est une mole ?

Elle le regarda avec insistance, comme tout le monde.

— Non, madame.

La prof soupira avec exaspération et la main de Penelope Deauville s'agita frénétiquement en faisant virevolter ses bracelets.

— Oui, mademoiselle ?

— La mole est l'unité de mesure internationale de la quantité de la matière. Une mole équivaut à la quantité de matière d'un système contenant autant d'entités élémentaires qu'il y a dans douze grammes de carbone 12. Une mole contient ainsi quelque 6,022 X 10 exposants 23 atomes.

— Parfait ! Je vous accorde un point supplémentaire à votre période. Votre nom, je vous prie ?

— Deauville. Penelope Deauville.

Anatole n'avait pas compris le moindre mot de ce qu'elle venait de dire, mais il la trouvait sacrément intelligente.

La porte s'ouvrit soudainement sur le garçon du fond qui venait d'arriver.

— Je suis en retard, déclara-t-il avec détachement en se dirigeant vers le fond.

— Ce n'est rien, Alessandro, répondit la prof avec un grand sourire.

Anatole sentit la rage bouillonner en lui. Elle le traitait bien différemment du rouquin. Il ne s'était même pas excusé et il avait droit à un traitement de faveur. La prof cessa toute explication et se dirigea sur le banc à côté d'Anatole où Alessandro se trouvait.

— Tu vas bien ? Tu vas travailler cette année ? Je compte sur toi. Sinon tu sais ce qui t'attends et je sais d'avance que l'enseignement spécialisé ne te conviendra pas.

— Oui... Peut-être...

— Peut-être ? répéta-t-elle en riant.

Ils échangèrent ainsi jusqu'à ce que la sonnerie retentisse.

— Bien, reprit la prof. Vous me faites les vingt premiers problèmes pour le prochain cours.

Anatole avait vu les autres travailler pendant que la prof de physique parlait à Alessandro, mais lui n'avait rien compris du tout. Il fit ses affaires et suivit le groupe vers le prochain cours. Il vit Penelope dans le couloir et l'interpella.

— Hé ! Penelope ! Je suis Anatole. Tu te souviens de moi ? T'as l'air super forte en chimie. Alors, je me demandais si tu pouvais me réexpliquer le cours.

Elle le lorgna de la tête aux pieds en s'attardant une fois de plus sur ses lunettes dont le mauvais goût sur le choix de la couleur lui fit froncer le nez.

— Je n'ai rien contre le fait d'aider les élèves en difficultés. Ceux qui le veulent vraiment. Pas ceux qui participent à TOUS les cours et pas ceux qui sèchent la première heure peur dormir juste parce que c'est morale, rétorqua-t-elle avant de partir en lui envoyant sa queue-de-cheval au visage.

Anatole n'avait pas conscience d'avoir séché la première heure. Quand les cours commençaient-ils dans cette maudite école ? Il courut pour rattraper Penelope.

— Attends ! Je ne savais pas que les cours commençaient si tôt...

— Oui, à sept heures trente, dit-elle en s'apprêtant déjà à tourner les talons.

— Est-ce que tu peux au moins m'aider à me remettre en ordre si tu ne veux pas m'expliquer chimie ?

Elle le considéra un instant, pensive.

— Ne t'inquiète pas, on a fait que parler.

— D'accord. Merci !

Mais la fille ne l'écoutait déjà plus.

Finalement, tout ne s'annonçait pas si mal que ça. Penelope daignait enfin lui adresser la parole ce qui était un bon début. Et Anatole la trouvait jolie. Il suivit le rang pour se rendre au cours suivant. Ça ne pouvait pas être pire que celui qu'il venait de subir. Au moins, il n'était pas le seul à avoir séché la première heure, se dit-il en guise de consolation. Il se retourna, mais ne vit pas Alessandro. Il avait disparu. Peut-être était-il resté en physique pour parler avec la prof...

Anatole s'était perdu dans ses pensées, mais fut ramené à la réalité par un violent coup d'épaule qui lui fit lâcher les feuilles de chimie qu'il tenait à la main. Anatole n'eut pas le temps de voir qui l'avait bousculé et, alors qu'il se précipitait pour ramasser ses feuilles, les rires de ses camarades de classe se firent entendre. Les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire et maintenant qu'il avait réussi à se convaincre que demain est un autre jour, il remarquait que rien n'avait réellement changé. C'était une jungle dans laquelle il ne pouvait trouver sa place. L'adolescent était sur le point de se relever, prêt à affronter les moqueries, quand une main se posa sur sa tête pour le renvoyer au sol.

— Bah alors, Anatole face de troll ? On sèche les cours ?

L'épais garçon à la chevelure blonde qui l'avait importuné la veille revenait à la charge pour le tourmenter.

— Je... euh... NON !

— Doucement, Chris. Tu vois pas qu'il est sur le point de se faire dessus ? dit-un des sbires de la brute épaisse.

— Mais non. C'est un grand garçon, pas vrai ? compléta-t-il en se tournant vers le rouquin.

Anatole ne savait pas quoi faire et hocha frénétiquement la tête pour le satisfaire et se débarrasser de lui.

— Tu vois ? repris Chris. Et je suis sûr qu'il est assez grand pour se relever tout seul.

Anatole hocha de nouveau la tête, mais avec appréhension.

— Alors, vas-y ! Relève-toi !

Le rouquin s'appuya sur ses mains pour s'aider au moment où un violent coup de pied dans ses flans le projeta un mètre plus loin, faisant de nouveau voler ses feuilles de chimie qu'il s'empressa de réunir avant qu'elles ne se fassent piétiner par les élèves de passage dans le couloir.

— Bah alors, face de troll ? On n'y arrive pas ?

Anatole fit, l'erreur de répondre à la provocation en se redressant d'un coup. Il était presque sur pied, il s'en serait fallu d'une seconde, mais Chris lui envoya un violent coup de poing dans sa poitrine quand il chancelait encore. L'adolescent ne pouvait plus respirer. Chris et ses sbires le regardèrent reprendre péniblement son souffle, rouge comme la cape de Superman, en rigolant.

— Finalement, c'est peut-être pas un si grand garçon que ça !

En disant ces mots, Chris eut un sourire sournois qu'Anatole ne put percevoir.

— Il va falloir l'aider à se relever, alors.

L'adolescent ressentit un soulagement en pensant que c'était enfin fini quand les mains de Chris empoignèrent son col. Anatole ne comprenait pas ce qu'il se passait et sentit ses pieds décoller du sol, puis son dos heurter violemment le mur dans un gémissement de douleur. Il retomba aussitôt par terre. Chris et ses sbires partirent en ricanant pendant qu'Anatole gisait au sol. Il essayait laborieusement de se mettre debout, mais la brute l'avait tellement affaibli que ses bras s'effondraient sous son poids. Il se sentait aussi impuissant que Batman quand il se faisait briser par Bane. Anatole releva péniblement la tête et observa le cercle d'élèves qui s'était formé autour de lui, les suppliant du regard.

Certains éprouvaient de la compassion pour l'adolescent, d'autres se moquaient de lui mais, aucun ne vint l'aider. Ils regardaient tous l'effroyable spectacle sans bouger le petit doigt, sans même penser qu'ils pouvaient changer quelque chose pour le jeune homme qui se trouvait au sol. Un seul élève, une main tendue aurait suffi à faire la différence.

Mais la sonnerie retentit une deuxième fois et tous les étudiants disparurent dans leurs salles de cours. Anatole resta au milieu du couloir, et maintenant seul, se mit à pleurer.

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