le secret de kuroko
Chapitre 1
« Oï Kuroko ! » La forte voix de Kagami résonna dans le gymnase. L'équipe de Seirin n'y prêta pas attention, continuant à essuyer sa transpiration avec les serviettes. L'entraînement d'aujourd'hui avait été particulièrement dur, le match contre Kajou s'approchant.
Un certain bleuté releva la tête dans la masse de joueurs transpirants. « Hai, Kagami-kun ? »
« Je peux venir chez toi aujourd'hui ? » Le rouge se tenait en face de son coéquipier, sa grande taille dominant le plus petit garçon. À la question de Kagami, tous ceux de Seirin tournèrent la tête vers Kuroko.
« Oï, ne me laissez pas de côté » Junpei Hyuuga, le capitaine de Seirin, apparut à côté de Kagami. « Je veux aussi voir la maison de Kuroko. »
Riko, leur coach, apparut également. « Moi aussi ! Je n'ai encore jamais vu ta maison, Kuroko. »
Bientôt, beaucoup de joueurs de l'équipe de basket s'étaient amassés autour du pauvre, petit garçon, demandant s'ils pouvaient également voir sa maison.
« Ano... » commença finalement Kuroko. Tous se turent, l'écoutant parler. « Merci de votre intérêt, mais je suis occupé cette après-midi. Pardon pour le dérangement. » Il se leva du banc et leur fit un petit salut. L'équipe entière s'écarta simplement du passage lorsque Kuroko attrapa son sac bleu et sortit du gymnase sans un mot de plus.
Il y eut un moment de silence avant :
« Putain c'était quoi cette merde ? » Hyuuga
« Que veut-il dire par occupé ? Il a un rendez-vous ? » Izuki
« Q-quoi ? Il ne peut pas avoir de petite amie ! » Kagami
« E~eh ? Pourquoi pas, Kagami ? » Teppei
« Juste parce que ! » Kagami
« Assez ! » Cria la coach du plus fort de ses poumons. Tous se figèrent. Elle attendit que tous les murmures s'éteignent avant de demander « Vous n'avez pas remarqué que Kuroko se comporte différemment ces derniers temps, les gars ? »
« Qu'est-ce que tu veux dire, senpai ? » Demanda Kagami, toujours le plus dense.
« Bakagami » murmura Riko. « Je veux dire que depuis quelques jours, Kuroko a été trop silencieux. Je veux dire, je sais qu'il est toujours silencieux, mais ce genre de silence c'est comme s'il cachait quelque chose. Quelqu'un a remarqué ? »
« Maintenant que tu le dis » dit Hyuuga, « il n'a pas fait ses habituelles bonnes passes, aujourd'hui. On pourrait penser qu'il les travaillerait plus puisque nous avons un match contre Kaijou bientôt... »
« Et il n'est pas venu avec nous après l'entraînement non plus. » ajouta Kagami.
Mitobe se pencha silencieusement et attrapa un objet. Il le remonta pour que tous puisse le voir. C'était le sac de basket de Kuroko. Tous clignèrent des yeux.
« Attends, alors qu'est-ce que - »
« Il manque mon sac ! » cria Kagami. « Merde, Kuroko a dû le prendre par accident ! » Il se stoppa net. Attendez, Kuroko l'avait pris par accident ? Son partenaire n'était jamais distrait comme ça.
Il y eut un long silence entre les joueurs de l'équipe de basket du lycée de Seirin. Chaque joueur pensait à leur passeur. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Se demanda chacun avec inquiétude, sauf Mitobe qui restait silencieux.
~Ellipse~
« Je suis rentré » dit Kuroko doucement, même s'il savait que personne n'était à la maison - ou du moins c'est ce qu'il pensait. Il ferma lentement la porte et enleva ses chaussures de basket bleues.
Posant son sac sans remarquer le nom « Kagami » clairement écrit dessus en lettres noires, il fit quelques pas dans le couloir; mais il n'alla pas loin, une main s'écrasant aussitôt sur son visage et l'envoyant contre un mur.
Son corps irradia de douleur tandis qu'il glissait et tombait au le sol. Avait qu'il n'ait le temps de se reprendre, la même main qui l'avait attaqué tira sur ses cheveux courts, relevant ainsi sa tête. Un cri lui échappa involontairement. Une paire de familiers yeux bleus glacés se rapprochèrent de son visage. « Où étais-tu,Tetsuya-kun ? »
« O-Okaa-san » murmura Kuroko douloureusement. « Je pensais que ton voyage se terminait plus tard. »
Un rictus cruel apparut sur le visage de ce qui était supposé être une jeune femme. Elle avait les même cheveux bleus, sauf qu'ils lui arrivaient aux épaules et la frange était à droite, pas à gauche. Un fin mais puissant corps avec le même genre de peau pâle qu'avait Kuroko. Aussi similaires qu'ils paraissaient, la mère et le fils étaient totalement différents.
« C'est tout ce à quoi j'ai droit, morveux ingrat ? » dit-elle d'une vois sifflante. « Pas de 'bienvenue à la maison' ? Je suis allée à ce congrès pour avoir de l'argent pour toi. Maintenant je sais que c'était du temps gâché. » La pression sur sa tête disparut, heureusement, mais elle fut remplacée par un coup sec au niveau de sa tempe, l'envoyant une nouvelle fois contre le mur. « Eh bien ? ». Une horrible douleur fleurit sur ses côtes après qu'un coup y soit appliqué.
Kuroko cracha du sang. « Bienvenue à la maison, Okaa-san », réussit-il à croasser.
La femme ne sembla pas l'entendre, appliquant un autre coup dans la zone des côtes de Kuroko. Elle releva le frêle adolescent et le jeta à nouveau contre le mur. L'adolescent tenta de se défendre du mieux qu'il le pouvait, en vain. La douleur emplissait son corps, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus la supporter. A l'instant où il allait finalement s'évanouir, il entendit une faible voix :
« Ibuki ! Ibuki, arrêtes ça ! Tu vas tuer notre fils ! »
Otou-san, pensa Kuroko. Les lumières clignotèrent devant lui, avant qu'il ne voie rien d'autre que les ténèbres.
Chapitre 2
« Tetsuya » chuchota une voix. « Tetsuya, réveilles-toi. Tetsu ! » Un cri soudain fit ouvrir les yeux de Kuroko qui s'assit aussitôt en une position défensive. Une subite douleur traversa son corps. « Fais attention ». Une paire de mains appuya gentiment sur ses épaules. Il se recoucha lentement avec un tressaillement. « Tu ne veux pas te blesser à nouveau. Contente-toi de rester allongé. »
Kuroko tourna légèrement la tête, reconnaissant la voix douce qui parlait. Il lui fallut un moment pour éclaircir sa vision embrumée. « Otou-san ? » Essaya-t-il d'articuler, mais avec ses lèvres gercées et sa gorge sèche, ses mots sortirent écorchés et faibles.
L'homme anxieux assis à côté du lit lui fit un mince sourire. Il avait également les cheveux bleus, mais ses yeux étaient d'un marron profond. Bien qu'il possède la frêle stature de son fils, il était décemment grand avec la peau pâle. Cependant, à la place d'un visage froid, impassible, l'homme avait une expression douce et inquiète envers son fils blessé. Des larmes montèrent à ses yeux bruns brillants.
« Dieu merci. » chuchota Haru, le père de Kuroko. « Tu vas bien. » Kuroko regarda son père s'agenouiller doucement sur le sol et le prendre dans une confortable étreinte, faisant attention à ses blessures. Le plus petit homme, ignorant la douleur, entoura lentement le corps fin de son père de ses bras. « Je suis désolé, Tetsu » murmura Haru. Kuroko pouvait sentir des gouttelettes mouillées tomber sur ses cheveux.
« Pourquoi t'excuses-tu, Otou-san ? » Il relâcha son père et regarda droit dans ses yeux, « Ce n'est pas ta faute. »
Haru secoua la tête. « Ça l'est, Tetsuya. J'ai épousé ce monstre et je ne peux rien y faire. Elle aurait ta garde si je divorçais, et je ne peux pas le supporter. » Son père prit une inspiration tremblante et plaça une main sur son visage avec un rire ironique. « Regardez-moi, un homme qui pleure. Je ne devrais pas pleurer. Tu es celui qui souffre. » Haru releva les yeux et leva une main. Il tressaillit quand Kuroko recula instinctivement, mais sa main continua d'avancer jusqu'à ce qu'elle atteigne les cheveux de Kuroko. Il caressa les douces mèches bleues. « Je suis désolé, Tetsuya », murmura une fois de plus Haru.
« S'il te plaît, arrête, Otou-san. » Kuroko prit la main de son père dans les siennes, l'agrippant fermement. « Ce n'est pas ta faute. N'essaies pas de prendre mon fardeau sur tes épaules. » Il hésita avant de demander. « Est-ce qu'Okaa-san est à la maison ? »
Haru secoua la tête. « Elle est partie il y a quelques instants. Ça m'a donné le temps de bander tes blessures. » Son père observa les bandages autour du corps de Kuroko. « Est-ce que ça fait très mal ? ». Vint l'horrible question. Kuroko ne répondit pas, son père le rejoignant sur le lit et appuyant gentiment le petit corps contre son large torse. Le garçon l'en remercia en appuyant sa tête contre la poitrine de son père, attrapant la raide chemise boutonnée qu'il savait que son père ne portait qu'aux réunions d'affaires. « Ne te retiens pas, Tetsu, je sais que ça fait mal. Laisse tout sortir. »
Kuroko enfonça seulement plus son visage dans la chemise de son père et resta immobile.
Père et fils restèrent ainsi pour ce qui semble être des heures, les deux souhaitant désespérément que le temps s'arrête.
~Ellipse~
« Ne bouge pas, d'accord ? » Haru plaça les couvertures sur le corps de Kuroko. « Je reviens bientôt. Je vais fermer ta porte de l'extérieur avec la clé. Si ta mère reviens à la maison, n'ouvrespas la porte. Reste juste silencieux et fais comme si tu n'étais pas là, peu importe ce qu'elle dit. Tu as mon numéro de téléphone, donc appelle-moi s'il y a un problème. Et... » Haru hésita, mais continua « Je me moque du respect que tu penses devoir à ta mère ou de combien tu penses être faible. Si d'une quelconque manière elle rentre dans cette chambre pour te blesser, tu te bats. Tu m'entends, Tetsuya ? Tu te bats. »
« Hai, Otou-san » fut la calme réponse de Kuroko.
Haru hocha la tête, sachant que son si poli fils ne lui désobéirait pas. « J'y vais maintenant. N'hésites pas à m'appeler, Tetsu. Je décrocherai toujours. » Il posa un rapide baiser sur le front de son fils avant de sortir, s'assurant de fermer la porte de la chambre de Kuroko à clé.
Kuroko écouta la porte se fermer avant de se relaxer visiblement contre la tête de lit. En ayant finalement l'occasion, il regarda autour de lui. Il réalisa qu'il était dans sa chambre, son père ayant probablement dû l'y transporter après s'être disputé avec sa mère. Les murs étaient d'un bleu lumineux, s'accordant avec la couleur de la douce moquette. La chambre était simple, comme attendu de Kuroko. Le lit sur lequel il était allongé était dans un coin, à côté d'un bureau et d'une chaise en bois assorti. Une banale poubelle était placée sous le bureau. Son sac de cours était resté près de la porte.
Kuroko soupira de façon inaudible et regarda son téléphone, où tous les jours d'entraînement étaient notés. Il tressaillit quand il vit qu'il y en avait un autre cet après-midi. « Comment pourrais-je leur expliquer ça ? » se demanda silencieusement l'adolescent blessé. Il décida d'appeler Kagami, juste pour les assurer qu'il ne séchait pas l'entraînement. Avec le match contre Kaijou qui approche, ils vont s'énerver, pensa Kuroko maussadement.
« Ouais ? » la forte voix de Kagami retentit dans le combiné. « C'est toi Kuroko ? »
« Hai. » répondit poliment Kuroko. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, Kagami l'interrompit :
« T'es où ? » T'es en retard, et je me suis fait engueulé à cause de toi ! Ne me dis pas que tu sèches. On a un match contre Kaijou, bientôt ! Oï Kuroko, est-ce que tu écoutes ? Ramène ton cul ici, maintenant ! »
« Je suis désolé, Kagami-kun, mais je ne peux pas venir, aujourd'hui. »
« Quoi ? Pourquoi pas ? »
« Je suis désolé, Kagami-kun. Je ne serai pas capable de venir m'entraîner pendant quelques jours. »
Il y eut un silence incrédule. « Tu allais bien, tout à l'heure, Kuroko ! Est-ce que ça a quelque chose à voir avec l'histoire de venir voir ta maison ? Certains d'entre nous plaisantaient juste, tu sais - »
« Non, ça n'a rien à voir avec ça. J'ai juste pris froid. Je suis désolé pour le dérangement. » Kuroko fit un petit salut, bien que personne ne puisse le voir. Kagami restant silencieux un moment, il demanda prudemment « Kagami-kun ? Pourrais-tu, s'il te plaît, prévenir Riko-san de mon état ? »
Kagami laissa échapper un long soupir dans le téléphone. « Ouais. Bien sûr. Dépêches-toi d'aller mieux, okay ? »
« Oui. » dit le poli garçon, qui raccrocha alors avant que quoique ce soit d'autre ne soit dit.
~Ellipse~
« Kuroko ne pourra pas venir,» annonça lourdement Kagami. « Il est malade ».
Le son des balles de basket rebondissant contre le sol du gymnase s'arrêta brusquement. Les têtes se tournèrent. Les expressions devinrent incrédules. Les mouvements se figèrent.
« Kuroko est... malade ? » demanda Hyuuga.
Kagami leva son téléphone et l'agita. « C'est ce qu'il vient juste de dire. »
« Mais il allait bien tout à l'heure ! » protesta Koganei.
« Es-tu sûr que ce n'est pas juste une excuse ? » demanda Teppei.
« Si c'est une excuse, je le frapperai » dit sombrement Riko.
Le rouge grogna. « Il m'a juste dit de passer le message. Rien d'autre. » Il se pencha et ramassa un ballon qui roulait. La balle passa plusieurs fois d'une de ses mains à l'autre avant qu'il ne la jette de toutes ses forces contre le mur. Personne ne fit de commentaire sur le petit creux qu'elle y forma. « Bordel, Kuroko » murmura Kagami, respirant fortement. « Qu'est-ce que tu caches ? »
Chapitre 3
Des bruits sourds d'objets se brisant s'entendaient depuis l'intérieur de la chambre de Kuroko. C'étaient des sons de verre éclatant, de vaisselle chutant et d'autres objets divers jetés contre l'innocente porte. Kuroko recula et s'enterra plus profondément sous ses couvertures. Ibuki était rentrée quelques heures plus tôt, et les chocs contre sa porte avaient depuis été constants.
« Tet~su~ya~kun » chantonna la voix mielleuse, empoisonnée, d'Ibuki juste devant la porte verrouillée.
« Viens saluer ta mère, Tet~su~ya-kun. » Des frissons parcoururent le dos de Kuroko. Il tenta de retenir ses larmes et garder le silence, agissant comme s'il n'était pas là, juste comme son père lui avait dit de faire. « Je sais que tu es là, Tetsu » ronronna séductivement sa mère. « Je ne vais pas te blesser. Ouvre juste cette porte. »
Je dois appeler Otou-san, réalisa vaguement Kuroko, mais son téléphone était sur son bureau, et il était trop paralysé pour enlever les larges couvertures au-dessus de lui et aller le chercher. Il était effrayé de faire un quelconque bruit en réalisant le long mètre entre son lit et son bureau. La voix malade de sa mère et ses coups constant sur sa porte faisaient geler son sang,le laissant figé sur son lit.
« Tet~su~ya ». La voix d'Ibuki devint froide. « Ce n'est pas bien de faire attendre sa mère. Où sont passées tes manières ? Dois-je les battre en toi, une fois encore, Tet~su~ya ? »
Les tremblements débutèrent. Le corps de Kuroko frissonna de peur à ces mots et plusieurs larmes tombèrent de ses yeux rougis. Pars ,supplia t-il silencieusement. Je ne suis pas ici. Je suis invisible. S'il te plaît, pars. Il y avait une raison pour laquelle il était devenu invisible. Il n'était pas né avec la capacité d'être « une ombre ». Il s'était entraîné à en devenir une.
« C'est ta dernière chance, Tetsuya » siffla sa mère. « Je me moque que ce soit fermé. Je vais aller chercher le tournevis et enlever ce verrou. C'est ce que tu veux, Tetsu ? » Son nom semblait répugnant, prononcé par ces lèvres. Lorsqu'il ne répondit pas, les pas d'Ibuki s'éloignèrent de sa chambre. Kuroko attendit ce qui sembla être une éternité, espérant que ce silence était un bon signe. L'espoir devenait plus grand les secondes passant sans incident : jusqu'à ce que le son de métaux s'entrechoquant ne se fasse entendre.
Le cœur de Kuroko rata un battement. Elle le fait vraiment ? Elle va le casser pour entrer dans ma chambre ? Il retint sa respiration, gardant les yeux fermement serrés. A cet unique moment il détestait être si faible, si inutile, si dépendant. Même sur les terrains de basket, il avait besoin de quelqu'un. Sans partenaire, il ne serait rien.
« Je t'ai prévenu, Tetsuya » chantonna sa mère. « Une fois que j'aurai enlevé ce verrou, je vais t'enseigner une leçon de manières.. »
Kuroko réalisa qu'il devait bouger. Qu'il devait s'échapper. L'idée de sa survie le sortit de sa paralysie. Il rejeta ses couvertures. De l'air frais l'atteignit et il put enfin prendre une profonde inspiration après des heures d'oxygène limité sous les draps. Kuroko se releva lentement - pleinement conscient de ses côtes et de ses blessures à la tête - pour poser ses jambes hors du lit. Il atteignit une position assise, mais se replia rapidement sous la subite douleur au niveau de son abdomen. Sa respiration se coupa.
« Tu ferais mieux de ne pas t'enfuir, Kuroko Tetsuya » Avertit Ibuki. « Tu n'en aurais pas la chance, de toute manière. Les deux premières vis sont sorties... »
La déclaration elle-même fit grincer les dents de l'adolescent blessé et il se dirigea en clopinant vers la veste sur un porte-manteau. La posant rapidement sur sa moitié supérieure nue, il glissa maladroitement dans sa seconde paire de chaussures de basket qu'il gardait sous le bureau. La dernière chose qu'il attrapa fut son téléphone.
« Plus qu'une vis, mon désobéissant fils. »
Il déglutit. Kuroko savait qu'il n'avait plus beaucoup de temps. C'était seulement une affaire de secondes avant que sa mère ne vienne et ne l'attrape. Aussi vite qu'il le put, il marcha jusqu'à la fenêtre et l'ouvrit. Une échelle de secours, activée à chaque fois que la fenêtre s'ouvrait, joua son rôle usuel, se dépliant le long du mur. Son père lui avait appris ce truc dès qu'Ibuki était devenue violente.
Ignorant la douleur, Kuroko passa son corps à travers la fenêtre, son pied déjà posé sur la troisième marche de l'échelle. De pâles, tremblantes mains agrippèrent le poussiéreux cadre de fenêtre jusqu'à descendre à la première marche. L'échelle tremblait sous son poids, qui n'était déjà pas tellement important, mais elle tenait. Avec un soin exagéré, Kuroko commença à descendre.
« Tetsuya ! » Un cri strident le stoppa au milieu de sa descente. Il leva la tête et se figea en voyant la tête de sa mère apparaître à la fenêtre toujours ouverte. « Comment oses-tu essayer de t'enfuir, espèce de gamin ingrat ! Alors c'est comme ça que tu t'échappes loin de moi, hm ? Bien, nous allons juste résoudre le problème. » Le visage d'Ibuki se tordit en un horrible sourire sadique. Elle sortit un couteau de poche et le leva en l'air, la lumière faisant briller le solide métal. Le couteau brillait d'un éclat presque démoniaque. « Nous allons voir comment tu survis à la chute, Tet~su~ya-kun » annonça la mère de Kuroko d'une voix traînante.
Les yeux dudit garçon s'écarquillèrent en voyant son bourreau frotter le couteau contre les cordes qui retenaient l'échelle. Elle commença à les trancher doucement. « N-non. S'il te plaît, Okaa-san, ne fais pas - » La plaidoirie de Kuroko fut coupée par un de ses propres cris. L'échelle lâcha soudainement, et le garçon aux cheveux bleus put se sentir tomber vers le sol.
Avant qu'il ne s'en rende compte, la gravité avait prit son dû, et son dos frappa le sol. Dès qu'il le toucha, du sang coula de ses lèvres. Un cri tenta de s'échapper, mais son cerveau n'eut pas même l'occasion de le réaliser. Sa tête était étourdie par un nouveau niveau de douleur. Ça fait mal. Kuroko pouvait sentir du sang couler le long des larges plaies dues à la chute. Il était vaguement conscient du rire de sa mère.
« On dirait que ça fait mal, Tetsu. Dis-moi, est-ce que ça fait mal ? » railla Ibuki depuis la fenêtre. « Est-ce que ça fait mal de bouger ? Oh, mon pauvre petit garçon. Ne bouge pas d'un millimètre, j'arrive tout de suite. »
J'arrive tout de suite. J'arrive tout de suite. J'arrive tout de suite. Bouger. Courir. M'enfuir. Des signaux d'alerte résonnèrent dans son esprit. Je dois bouger. Pensa désespérément Kuroko. Je dois courir. Malgré la cuisante brûlure dans son dos et ses jambes, il réussit à rouler sur le côté et se lever en tremblant. Alors, probablement la plus grosse erreur de sa vie, il se mit à courir.
La douleur était simplement indescriptible. Elle donnait envie à Kuroko de crier, de pleurer, de s'effondrer, d'abandonner. Il courait maladroitement, toujours sur le point de trébucher sur ses propres pieds à chaque foulée. Quelques passants le regardèrentt étrangement. Malheureusement, courir en laissant une traînée de sang derrière vous n'était pas la meilleure façon d'être invisible. Kuroko entendit quelques commentaires :
« Devrions-nous appeler la police ? »
« Le pauvre garçon ! Qu'est-ce qui lui est arrivé ? »
« On devrait pas l'aider ? »
De l'aide, s'il vous plaît, voulait dire Kuroko. Il voulait leur dire pour sa mère, la maltraitance, la douleur. Son cerveau ne lui autorisa pas, cependant. La seule chose que son corps lui autorisait était de courir. La seule raison pour laquelle il ne s'arrêtait et ne s'effondrait pas était parce qu'il pouvait être poursuivi par sa mère.
Un café familier apparut devant lui. Les gens s'écartèrent de lui alors qu'il s'en approchait. Cela avait été un secret - cela l'était encore. La première chose chanceuse qui lui arrivait aujourd'hui. Quand Kuroko était plus jeune, il jouait toujours près de ce café, dans une place secrète que seul le propriétaire connaissait et où il l'avait autorisé à jouer. C'était derrière le bâtiment, où deux grands buissons entourés de mauvaises herbes formaient une « cachette secrète ». C'était complètement solitaire. Et puisque personne n'osait traverser les mauvaises herbes, il était très rare que quelqu'un y vienne.
Kuroko traversa en trébuchant les herbes, la fatigue le rattrapant. Avant qu'il ne puisse atteindre l'espace dégagé, ses jambes cédèrent sous lui.
Un gémissement lui échappa. Du sang coula de ses lèvres gercées, d'avoir mordu sa langue si fort lorsqu'il courait. Quelque chose tomba sur l'arrière de sa tête. Au milieu de sa souffrance, Kuroko eut assez de bon sens pour appeler quelqu'un avec son téléphone, qu'il avait si fermement agrippé durant sa course. Il n'appela pas son père.
La personne qu'il appela décrocha à la première sonnerie : « Oui ? »
« A-Akashi-kun » croassa t-il.
« Tetsuya. Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda immédiatement l'ancien capitaine de l'équipe de basket de Teiko.
Un long moment passa avant que Kuroko ne puisse répondre. « Aide-moi, s'il te plaît. Ça-fait mal. »
« Où es-tu ? »
« Près-du-café » réussit-il à haleter. « Où nous avions l'habitude de jouer. »
Akashi fit claquer sa langue. « Tu as de la chance, je suis près. Reste ici, et ne bouge pas. Je serai bientôt là. »
Il n'eut pas de réponse avant que la ligne ne soit déconnectée.
~Ellipse~
Seijurou Akashi courait à travers les rues, sa destination claire dans son esprit. Il allait incroyablement vite, sa vitesse surpassant sans aucun doute celle de n'importe quel autre membre de la Génération des Miracles. Une paire de ciseaux pointus qui dépassait de sa poche avant fut remarquée par quelques passants.
Il était au fait de la situation de Kuroko. Oh, oui, il savait. Et sison Tetsuya avait encore été blessé par cette femme, il était certain qu'il le lui ferait regretter. Enfin, prévoir un meurtre n'était pas sa plus grande priorité du moment; trouver Kuroko l'était.
S'il a dit le café, alors ça signifie... Ah; ici. Akashi s'approcha du petit bâtiment et tourna à gauche. Il connaissait la cachette secrète où Kuroko allait à chaque fois qu'il voulait être seul. Ça avait été un secret silencieux entre eux depuis. Akashi cria son nom en traversant les mauvaises herbes.
« Aka... shi-kun ? » répondit une faible voix. L'adolescent aux yeux hétérochromes reprit son souffle et s'approcha de la voix.
Finalement, Akashi réussit à rejoindre son ancien coéquipier. Il pouvait voir que le faible garçon combattait l'envie de s'évanouir. Les blessures étaient pires que ce à quoi il s'était attendu, du sang coulant lentement des plaies. La fureur s'empara de lui. Comment osait - comment cette femme osait-elle toucher son Tetsuya ? Sa main se crispa près de ses ciseaux.
« A-ka-shi-kun. » Kuroko pouvait difficilement prononcer son nom. « Tu es venu. »
« Bien sûr que je suis venu » vint la réponse laconique d'Akashi. Il s'agenouilla au-dessus de l'adolescent. « Qu'est-ce qui te fait le plus mal ? »
« Mon dos. » dit doucement Kuroko.
Le petit capitaine soupira et sortit un rouleau de bandes de sa poche. « Je vais bander temporairement tes jambes et les blessures de ta tête. Ne pense même pas à t'évanouir, Tetsuya, tu m'entends ? »
Pour une quelconque raison, la voix impérieuse d'Akashi réconforta Kuroko. « Hai » chuchota t-il.
Il réussit à bander les plaies les plus importantes rapidement et efficacement. Elles n'étaient plus aussi douloureuses, et Kuroko en était extrêmement reconnaissant, mais son dos le faisait maintenant agoniser. « Akashi-kun » dit le plus petit d'une voix écorchée. Abruptement, une calleuse paire de mains chaudes prit soigneusement le petit corps dans une étreinte. Kuroko ne protesta pas et enfouit son visage dans l'épaule de son sauveur.
« Tout ira bien. » déclara une voix autoritaire dans son oreille. Ça ne ressemblait pas à son ancien capitaine de dire ce genre de choses. « Je suis là. »
Du sang teinta la veste d'Akashi, mais il ne s'en préoccupa nullement, son attention concentrée sur les soins à apporter au fragile garçon dans ses bras. « Mon dos... » murmura Kuroko.
Une main passa dans ses mèches bleues désordonnées. « Tu peux dormir, à présent. Ça ne fera plus mal. »
Et Kuroko fit juste ça. Il fit finalement ce dont son corps avait besoin et s'évanouit dans les bras d'Akashi.
~Ellipse~
L'adolescent aux yeux vairons réussit à monter les marches avec un garçon inconscient dans ses bras. Il enfonça la clé en or de son appartement dans la serrure de la porte et l'ouvrit avec facilité. Le corps de Kuroko ne pesait rien, n'entravant pas l'ancien capitaine.
Akashi fronça les sourcils à son poids. Je ferai attention à ce qu'il mange plus.
Précautionneusement, Seijuro posa Kuroko sur le canapé. Le mouvement fit gémir le pâle garçon, mais ne le réveilla pas. Akashi grimaça et fouilla rapidement dans ses poches pour en ressortir son téléphone. Ecrivant plus rapidement que d'habitude, il tapa :
Venez chez moi immédiatement.
C'est un ordre. Tetsuya est blessé.
Satisfait, il envoya le message et jeta son téléphone sans délicatesse, sachant qu'il atterrirait sur la chaise derrière lui.
Il sortit alors la boîte de premiers secours et commença à s'occuper des blessures de Kuroko.
~Ellipse~
« Kurokocchi va bien ? » cria Kise en ouvrant violemment la porte d'Akashi. « Est-il ok ? Il a besoin d'aller à l'hôpital ? Est-ce que je dois dire à Midorima d'accélérer son entraînement pour que nous l'ayons pour soig - »
« Ryouta. » La voix froide stoppa Kise à mi-phrase,le faisant frissonner. « Tu ferais mieux de parler moins fort. »
Le blond cligna des yeux et réalisa finalement qu'Akashi et Kuroko étaient juste en face de lui, assis sur le canapé. Enfin, en vérité le premier était assis dessus. Le second était recroquevillé contre l'effrayant capitaine, ses yeux clos. « P-pardon, Akashicchi. »
Les yeux hétérochromes se plissèrent un instant en le regardant, avant qu'il ne fasse un léger signe de tête au copieur. Kise soupira avant de s'approcher de Kuroko. Il s'agenouilla en face des jambes d'Akashi et regarda les blessures infligées à l'invisible garçon. « Est-ce la personne à laquelle je pense ? »
« Oui. Je suppose. »
Kise jura à voix basse.
Bientôt l'entière Génération des Miracles arriva à l'appartement d'Akashi. Chaque joueur eut la même réaction que Kise, plus ou moins. Aomine jura lourdement, ce qui entraîna une réprimande de l'effrayant adolescent. Midorima secoua silencieusement la tête et pressa ses lèvres en une fine ligne droite. Murasakibara mâcha tristement ses chips et en offrit même quelques uns à Akashi, qui déclina la proposition.
La Génération des Miracles savait quel genre d'Enfer vivait Kuroko lorsque ses parents rentraient à la maison. Ils savaient de quoi était capable sa mère, et combien de douleur elle pouvait causer au garçon, jusqu'à le briser. Chacun d'eux avait assez vu de Kuroko en morceaux, et c'était quelque chose qu'ils avaient tous en horreur.
Midorima soupira et s'assit à côté du garçon endormi, ébouriffant avec hésitation ses cheveux. « Tellement dérangeant » dit-il doucement.
« Kuro-chin ira bien, Aka-chin ? » demanda Murasakibara avec morosité.
« Je ne sais pas, Atsushi. Prends un siège, tu ne peux pas tenir dans mon appartement avec ta taille. »
Le violet marmonna une excuse, qui fut acceptée, et s'assit.
« Evidemment qu'il ira bien ! » protesta Aomine. « Kuroko peut paraître faible, mais il est fort ! Il a survécu toutes ces années - »
« Mais combien pourra t-il encore en supporter ? » fit tristement remarquer le n°1 des shooters. L'as de Teiko ne sut pas quoi répondre à ça.
« Bordel », des larmes vinrent facilement aux yeux de Kise, « Pourquoi est-ce que ça doit toujours être Kurokocchi ? Pourquoi doit-il toujours souffrir ? » Ryouta essuya ses yeux avec le dos de sa main et renifla. « Ce n'est pas juste, il ne mérite pas ça. »
Akashi pinça les lèvres aux commentaires de ses anciens coéquipiers. Il ne pouvait qu'approuver. Tetsuya ne méritait aucunement cette douleur. Il n'avait pas besoin d'une mère ingrate qui ne pouvait pas voir à quel point elle était chanceuse d'avoir Tetsu comme fils. Il n'avait pas besoin de souffrir plus.
Le rouge pressa un doux baiser sur le front moite du garçon avant de s'adresser à la Génération des Miracles, « Je comprends que vous soyez énervés. Tu as raison, Ryouta. Tetsuya ne mérite pas cette souffrance inutile. » Il fit une pause et ajouta, « Personne ne doit savoir à propos de cette situation, pas même Seirin, l'équipe de Tetsuya... Non, spécialementSeirin. Assurez-vous que Seirin ne sache rien à propos de ça, quel qu'en soit le prix. »
Chapitre 4
« Qu'est-ce qu'on va faire ? »
« Nous n'allons rien faire, Daiki. Nous allons simplement attendre que les blessures de Tetsuya soient soignées avant de prendre la moindre décision. »
« Mais - !»
« Daiki. »
Silence. Kuroko tenta de comprendre le sens à la conversation, et l'endroit où il se trouvait. Sa tête était soutenue par quelque chose de chaud, et une main caressait ses cheveux encore et encore. Une douleur sourde irradiait dans son corps, mais ce n'était pas quelque chose de majeur. Il pouvait sentir une fine couverture sur son corps. La main qui passait dans ses cheveux était très agréable, apaisante et il ne voulait pas qu'elle s'arrête.
Malheureusement, elle s'arrêta. La main resta à la base de son cou, le pressant gentiment avec affection. « Tetsuya. »
Kuroko sut qu'il s'était fait prendre. Il ouvrit les yeux avec obéissance, louchant à la soudaine lumière, et regarda le visage pâle de l'adolescent aux cheveux rouges. Un léger rougissement lui vint lorsqu'il réalisa qu'il reposait sur les genoux de son ancien capitaine.
« Le fait que tu rougisses signifie que tu guéris bien » dit Akashi, amusé.
« Kurokocchi ? » interpella une voix intruse.
« Tetsu ! »
« Kuro-chin est vivant ! »
« Bien sûr qu'il est vivant, baka. »
« Eh~h ? Pourquoi est-ce que Mido-chin est si méchant ? »
Kuroko cligna des yeux et regarda les trois colorés joueurs de basket qui se tenaient au-dessus de lui. Le n°1 des shooters s'assit aux pieds de Kuroko. « Tout le monde » réussit-il à croasser. « Vous êtes venus. »
Un soupir ennuyé provint de Midorima. « Eh bien, nous avons été plus ou moins forcés, mais bien sûr que nous sommes venus. » L'ennui se transforma en inquiétude. « Tu es resté évanoui plusieurs heures. Est-ce que tu te sens bien ? »
Chacun attendit anxieusement que le pâle adolescent réponde. « Hai... ça ne fait plus aussi mal. » Soulagement évident dans la chambre. Kuroko tourna son attention vers son 'coussin'. « Ano, Akashi-kun ? »
« Oui ? » répondit avec indifférence le second plus petit de la chambre.
« Comment...suis- je arrivé ici ? » Bien qu'il réalisât qu'il ne se comportait pas comme à son habitude, Kuroko se tourna doucement avec un tressaillement et commença à jouer avec le bas de la chemise d'Akashi.
Ce fut Murasakibara qui répondit, « Aka-chin a transporté Kuro-chin jusqu'à l'appartement d'Aka-chin ! » Le grand adolescent fit une pause, puis ajouta, « Oh, mais ce n'est pas la vraie maison d'Aka-chin. Sa maison est trop loin pour qu'il puisse t'y porter. »
C'était vrai. Si Akashi avait porté le plus petit garçon durant tout le chemin jusqu'à sa maison, il aurait dû faire quatre heures de train, et Kuroko aurit été dans une situation dangereuse. Puisque ses parents pouvaient se le permettre, l'as de Rakuzan avait un studio dans chaque ville qu'il avait l'habitude de visiter.
« Tu m'as porté ? Je m'excuse d'être un tel fardeau », s'excusa le poli adolescent, commençant à essayer de se relever. Dix mains se tendirent pour l'aider. Kuroko combattit l'envie de tressaillir et se rappela à lui-même qu'ils voulaient juste aider. Il réussit à s'asseoir d'une façon droite sans rouvrir ses blessures, Akashi posant sa main sur son épaule pour le stabiliser. Le petit garçon regarda de ses yeux inexpressifs l'ancienne première équipe du club de basketball de Teiko et redirigea ses yeux vers le sol. « Je suis désolé de causer autant de problèmes » murmura t-il.
« Baka ». La main de Midorima frappa légèrement l'arrière de la tête de Kuroko, mais en faisant attention à éviter les zones blessées. « Tu ne causes pas 'autant de problèmes' ! »
« Midorimacchi a raison, Kurokocchi ! » dit Kise d'une voix forte. « Nous voulons être ici ! »
Kuroko regarda avec étonnement les personnes dont les cheveux formaient un arc-en-ciel qui avaient fait des kilomètres juste pour venir le voir. Chacun avait une expression préoccupée; même Murasakibara avait arrêté de manger ses barres de chocolat. « Merci, tout le monde » remercia t-il doucement.
Akashi soupira inaudiblement et se leva du lit, étirant ses jambes et ses muscles raidis. Tous regardaient le rouge en silence, anticipant son mouvement suivant. « As-tu faim, Tetsuya ? »
« Non, je - »
« Tu manges. » déclara fermement l'ancien capitaine. « Je vais te préparer quelque chose, et je m'attends à ce que tu manges tout ce que j'aurai fait. » Kuroko n'eut pas le temps de répliquer qu'Akashi se penchait, ébouriffant gentiment ses cheveux, et partait vers la cuisine.
Pour une quelconque raison, lorsque l'effrayant joueur fut parti, la chambre se réchauffa aussitôt de quelques degrés. Tous, inclus Kuroko, arrêtèrent de suer.
« Uwa-a-h » cria fortement le blond, et il étreignit fortement le bras de la personne la plus proche - qui était, malheureusement pour lui, Aomine -. « Akashicchi est tellement effrayant ! »
« Lâche-moi ! » Aomine tenta d'enlever Kise en le secouant.
« Silence » ordonna Midorima. « Il peut toujours nous entendre. Et je ne pense pas que Kuroko puisse supporter trop de bruit. » Ils se tournèrent tous pour regarder l'adolescent silencieux. « Si ça fait mal, Kuroko, tu dois nous le dire. Ordre d'Akashi aussi. Il serait énervé s'il savait que tu minimises. » D'une main, le vert tenait un stick de colle (qui était probablement son porte-bonheur du jour) et de l'autre remontait ses lunettes de son majeur.
Ledit garçon baissa les yeux. « Je comprends. A quel point mes blessures sont-elles graves? » demanda t-il prudemment.
Midorima soupira. « Heureusement, il n'y a pas d'os brisés. Tes côtes, cependant, sont fortement blessées. Tu as quelques plaies majeures ouvertes sur la tête, mais », il pressa ses lèvres l'une contre l'autre durant un moment. « Ton dos est pire que le reste. » Cela expliquait pourquoi Kuroko ne reposait pas contre le lit pour se supporter.
«A quel point est-ce mauvais ? » Kuroko ne voulait presque pas savoir.
« Il - on dirait qu'il a été frappé par une batte. »
La plupart d'entre eux tressaillit au choix de mots de Midorima. Pour ce qu'ils en savaient, Kuroko pouvait avoir été frappé par une batte. « Je vois. » C'était la seule chose que pouvait dire l'ombre.
Murasakibara s'assit à la place d'Akashi. Il prit une barre de chocolat encore intouchée, en engloutit la moitié, puis se figea en voyant Kuroko. « Tu en veux, Kuro-chin ? » demanda le grand violet avant de tendre la barre mordue.
« No-on ! » Kise plongea sur le bleuté. « C'est un baiser indirect ! Kurokocchi est trop précieux pour ta dégoûtante salive ! »
« Dégoûtante ? » bouda Murasakibara.
Aomine s'approcha et enleva Kise de Kuroko. « Oi, ne touche pas Tetsu ! »
« Eh~h ? Pourquoi pas ? Aominecchi », gémit Kise. Comme l'adolescent bronzé ne relâcha pas Kise, il reçut un regard de chien battu. L'as de Tôô rougit.
« P-parce que tu pourrais blesser Tetsu ! » Aomine ce n'était qu'une partie de la vérité.
« O-oh, Mine-chin est jaloux de Kuro-chin » annonça Murasakibara, dont l'invitation à partager le chocolat avait été poliment déclinée.
« Quoi ? Aominecchi est jaloux ? » Kise fronça les sourcils au visage maintenant entièrement rouge de l'as. « Juste parce que je suis ton petit - »
Aomine plaqua une main bronzée sur le visage de Kise. « La ferme » siffla t-il. « Akashi peut toujours entendre - ack ! »
Une paire de ciseaux vola à travers l'espace presque inexistant entre Kise et Aomine. Ils se plantèrent dans le mur à côté d'eux. Tous sauf Kuroko et Midorima déglutirent fortement.
« Y a-t-il quelque chose que vous me cachez, Ryouta ? Daiki ? » questionna une voix basse. La température chuta.
Kise eut un rire nerveux. « Akashicchi. Nous ne cachons r-rien du tout... »
« Tu oses me mentir ? »
Le blond 'eepa ' et sauta derrière le large corps d'Aomine. « Je suis désolé, Akashicchi » geignit Kise. « C'est entièrement la faute d'Aominecchi ! » Ledit adolescent regarda d'un sale œil Kise et ouvrit la bouche pour protester mais sentit sa gorge se serrer à la vue du visage d'Akashi. Ce n'en était pas un que vous aimeriez voir. Il put littéralement voir sa vie défiler devant ses yeux.
Le rouge s'éclaircit la gorge, probablement sur le point de donner la plus terrifiante des punitions aux deux adolescents tremblants, mais fut interrompu par une calme voix. « Akashi-kun. » Le point-guard de Rakuzan tourna son attention vers le petit garçon. « Mes blessures recommencent à me faire mal, » confessa Kuroko. « Spécialement mon dos. »
Akashi fronça les sourcils. « Je vois. J'ai presque fini de préparer ton repas. Shintaro, applique plus de baume et change les bandages. Ne le blesse pas. Et pour les autres, » il regarda l'adolescent en train de manger, le blond transpirant et l'as suant. « Vous feriez bien de rester calme pour aider Kuroko à guérir. Ryouta, Daiki ». Il s'adressa à eux deux et entendit un double »glup ». « Ne pensez pas que je n'étais pas au courant de votre actuelle relation. Cependant, je dirai à vos capitaines de doubler votre entraînement pour m'avoir menti. » Il s'arrêta. « ça vaut aussi pour toi, Atsushi. Toi et Himuro êtes devenus beaucoup trop affectueux. »
Le plus grand rougit et fit la moue. « Aka-chin, ce n'est pas juste. Je n'aime pas m'entraîner avec mon équipe. »
Le regard d'Akashi s'adoucit légèrement à la vue de Murasakibara. Juste comme pour Tetsuya, il avait un petit faible pour le 'bébé de la famille'. « Raison de plus pour t'entraîner, Atsushi... Mais je dirai à ton capitaine d'augmenter seulement d'un tiers ton entraînement. » Il ignora les bouches béantes de Ryouta et de Daiki et se dirigea vers la cuisine. « Tetsuya. Merci d'avoir été honnête à propos de tes blessures. Nous... parlerons plus tard de ce qui s'est passé. »
N'ayant rien d'autre à dire, il retourna dans la cuisine pour arrêter le bouillonnement aigu qui en provenait. La température du salon augmenta à nouveau.
« Mec » se plaignit immédiatement Aomine. « Il ressemble à une mère dictatrice. »
« Tu es à blâmer » dit franchement Midorima. Il avait sorti le kit de premiers soins et était en train d'en sortir les accessoires nécessaires pour changer les bandages du silencieux garçon. « Si tu n'avais pas menti, ça ne serait jamais arrivé. Kuroko, je vais enlever ta veste. Tiens-toi bien droit, ainsi je ne te blesserai pas. »
« Hai » dit Kuroko.
« Je n'ai pas menti ! C'est la faute de Kise ! » L'as jeta un regard noir à son petit ami.
« Son regard me mettait trop de pression ! » se défendit Kise. « Je ne voulais pas mourir, mais je ne voulais pas qu'Akashicchi nous force à rompre. » Son visage rougit légèrement.
Murasakibara eut une expression maussade. « Aka-chin s'est énervé contre moi et a allongé mon entraînement. » dit-il tristement.
« Au moins il n'a pas été doublé ! » crièrent deux voix.
« Itai » dit soudainement Kuroko, tressaillant au picotement dans son dos.
Le vert remonta ses lunettes et abaissa la boule de coton. « Je suis désolé. Je dois encore nettoyer tes plaies pour qu'elles ne s'infectent pas. Ça va piquer. » Il prit une nouvelle boule de coton, l'aspergea de désinfectant, et toucha lentement la large entaille sur le dos pâle du garçon.
Kuroko glapit de douleur et tenta immédiatement de s'éloigner du dé qui lui perdre l'équilibre, et manquer de tomber au le sol; enfin il y serait tombé s'il n'y avait pas eu les puissantes mains de Murasakibara pour le rattraper. Le shooter et le joueur défensif l'aidèrent à se relever. « P-pardon, Midorima-kun. »
« C'est bon. Je sais que c'est douloureux. »
« Quel était ce bruit ? » demanda Akashi depuis la cuisine, entrant presque aussitôt après dans la pièce avec un plateau de soupe de nouilles fraîches au poulet, salade composée, pain et thé chaud. L'arôme fit saliver les joueurs autour de Kuroko.
« Gomen, Akashi-kun, c'était moi. »
« Hm. » Akashi regarda Midorima, qui était soudainement très occupé à enrouler la poitrine de Kuroko avec de nouveaux bandages. « Après que Shintaro t'aie soigné, tu mangeras. Et je m'attends à ce que tout disparaisse. » Il plissa sévèrement ses yeux en direction du garçon à l'air coupable. « Compris ? »
Kuroko regarda nerveusement le copieux repas. « Tout, Akashi-kun ? »
« Tout. »
« Akshicchi a raison », agréa Kise. « Tu es trop pâle et mince, Kurokocchi ! »
Tout le monde acquiesça au commentaire.
Après que tous ses bandages aient été remplacés, Kuroko commença lentement à manger. La Génération des Miracles le regarda en silence durant quelques minutes, avant que l'ancien capitaine de Teiko ne parle. « Donc, Tetsuya. Voudrais-tu nous dire ce qui s'est passé ? » Ce n'était pas une question. Ils savaient tous que c'était un ordre.
Le garçon mentionné posa sa cuillère d'une main tremblante et regarda le sol. Il tordit ses mains nerveusement. « Un g-gang m'est tombé dessus » mentit doucement Kuroko, n'osant pas regarder les yeux incrédules. Il ne voulait pas qu'ils s'inquiètent plus pour sa vie personnelle. C'était tellement frustrant qu'il continue à se reposer sur les gens. Il voulait devenir plus indépendant, plus utile pour ses amis.
Soudainement, une main apparut et attrapa le menton de Kuroko. Son visage fut abruptement relevé pour venir à quelques centimètres de celui d'Akashi. Ses yeux bleus rencontrèrent les yeux vairons énervés. « Tu ne devrais pas me mentir, Tetsuya. » La commande fut prononcée d'une manière animale, profonde et furieuse. « Tu ne devrais pas mentir, dans ton intérêt ou dans celui des autres. Tu vas nous dire la vérité. Et tu vas m'obéir sans question; comprends-tu mes mots, Tetsuya Kuroko ? » Le capitaine s'arrêta quand il vit des larmes se former dans les habituellement inexpressifs yeux bleus. La déclaration suivante fut dite plus doucement, plus soigneusement, plus gentiment. « C'était ta mère, n'est-ce pas ? »
Un hochement effrayé à vous briser le cœur fut perçu avant que Kuroko ne presse son corps contre Akashi. Comme par instinct, le rouge entoura le plus petit garçon de ses bras, une main sur les mèches de cheveux ébouriffées et l'autre autour de sa taille. Les bras de Kuroko étaient autour du torse du capitaine, son visage enfoui dans l'épaule de son soutien.
De bruyants sanglots échappèrent au fragile garçon. Des chuchotements réconfortants résonnèrent dans son oreille, la main sur sa tête la caressant de haut en bas. Le reste de la Génération des Miracles les entourait, chacun ayant un rôle dans l'action de calmer le garçon en pleurs. Tout le monde avait laissé ses propres soucis de côté et s'était simplement concentré sur Kuroko.
Parce que, malgré ce que Kuroko pensait, le garçon aux cheveux bleus n'était pas une ombre à leurs yeux. Il était leur lumière et l'avait toujours été depuis leur première rencontre. Et maintenant, c'était leur travail d'amener la lumière à briller de nouveau, et de soigner, une fois de plus, un Tetsuya Kuroko brisé.
~Ellipse~
« T'es sûre qu'on devrait faire ça ? » demanda nerveusement Kagami.
« Bien sûr que nous le devons ! » dit Riko. « Nous devons découvrir ce qui se passe avec Kuroko. Et s'il est réellement malade, nous devons le faire aller mieux, bien sûr ! »
« Eh bien, ouais, mais c'était vraiment nécessaire d'entrer par effraction dans le bureau de l'administration pour trouver l'adresse de Kuroko ? »
Riko sourit. « ça ne s'appelle pas entrer par effraction si tu as la clé. »
« Une clé que tu as volée. »
« Empruntée »
« Sans permission. »
La coach de l'équipe de basket de Seirin n'avait rien à répondre à ça. « Oi, nous sommes arrivés » annonça Hyuuga. L'équipe entière stoppa en face d'une petite maison. Ils montèrent sur le perron et hésitèrent devant la porte bleue. « Eh bien ? Ne vas-tu pas frapper, Kagami ? »
« Hah ? » Le grand joueur de basket regarda Hyuuga avec incrédulité. « Pourquoi moi ? »
« Parce que, » Hyuuga lui fit un terrifiant sourire, « Je suis ton sempai, et les premières années doivent respecter leurs sempais. »
Kagami cligna des yeux. Il a seulement un an de plus que moi, pensa t-il avec indignation, mais il frappa avec force à la porte quand même. Aussitôt, la poignée dorée tourna et une grande femme apparut sur le seuil. Elle avait de longs cheveux bleus, raides, avec une mèche vers la gauche et avait la même couleur d'yeux que Kuroko. 'Doit être sa mère, pensa l'as de Seirin.
« Qu'est-ce que vous voulez ? » siffla la femme.
« B-bonjour, madame » Riko s'inclina respectueusement. « Nous sommes des amis de Kuroko-kun, et nous nous demandions si nous pouvions le voir, aujourd'hui ? »
Immédiatement, le visage de la femme, auparavant grincheux, aigre, prit une expression bien trop mielleuse. « Oh ? Vous êtes les amis de Tetsu ? » La manière dont elle le dit fit frissonner Kagami, mais il ne savait pourquoi. « Malheureusement, Tetsu s'est enfui, plus tôt. Je ne peux le trouver nulle part ! Mais, » elle leur fit un sourire, « Peut-être le pouvez-vous. Vous connaissez Tetsu, pas vrai ? Pouvez-vous s'il vous plaît le trouver pour moi et le ramener ? Son père et moi sommes très inquiets. » Il y eut une lueur dans les yeux de la femme. « Tetsu-kun me manquevraiment beaucoup. »
Chapitre 5
Chapitre 5 :
« Certainement pas.» La contestation était sans appel, sifflée avec colère et autorité. Cela fit frissonner de peur Aomine, qui était seul dans la chambre avec les deux qui se disputaient.
Kuroko ne sembla pas dérouté par le ton. Il était assis sur le grand lit King Size, qui était un peu trop grand pour le petit adolescent, son dos soutenu par un large amas d'oreillers. D'épaisses couvertures le recouvraient jusqu'à la taille, mais pas sa partie supérieure, qui était nue. Inexpressifs, les yeux de Kuroko fixèrent les autres hétérochromes avec défi. Le seul indice d'agacement que l'on pouvait remarquer sur l'adolescent inexpressif était la petite ride entre ses deux sourcils bleus.
Pour le capitaine de Rakuzan, c'était une autre histoire, cependant. Son être entier irradiait de fureur contrôlée. Les yeux rouge et jaune regardaient dangereusement le garçon lui faisant face, ce qui était usuellement le signe qu'une folle punition se préparait. La position de son corps, dos contracté, bras fermement croisés sur son torse et les jambes écartées à la même largeur que ses épaules indiquait qu'il n'allait pas laisser Kuroko sortir de la chambre avant longtemps.
Comment Tetsu peut-il ne pas être effrayé ? pensa faiblement Aomine. Ou peut-être qu'il l'est, et qu'il ne peut juste pas le dire.
« Akashi-kun » contesta Kuroko. « Je dois y aller. »
« Que tu doives ou pas, je m'en moque. Tu ne pars pas. »
« Seirin compte sur moi. »
« Ils auront à faire sans pendant un moment, pourtant. Une équipe est faible si elle ne peut pas gagner avec une personne manquante. »
Le petit adolescent montra finalement des signes de colère. Il froissa les draps du lit et jeta un regard noir au capitaine. « Je dois y aller, Akashi-kun ! Ils auront des doutes sinon ! »
« Tu ne vas pas à l'entraînement aujourd'hui, c'est tout. » La voix d'Akashi était tranchante. Même Kuroko savait quand arrêter d'insister avec le rouge. Vaincu, ledit garçon baissa les yeux sur les draps du lit, sa bouche formant une ligne énervée. Un silence tendu prit place durant ce qui sembla être des heures mais n'était en réalité que des minutes. Aomine tenta de se rapprocher de la porte. « Tetsuya. » Akashi soupira et se rapprocha du garçon énervé. « Je comprend ta frustration de ne pas être capable de jouer avec ton équipe, mais tu es blessé. Tu commences à peine à guérir, et bouger, spécialement faire du sport, n'est pas un bon moyen de récupérer. De plus, je veux que tu sois hors des griffes de ta mère un peu plus longtemps. C'est pour ta propre sécurité. »
Une main se posa sur la tête de Kuroko. Il s'appuya contre la caresse, sachant que son ancien partenaire avait raison. Akashi laissa le garçon aux cheveux bleus reposer contre sa main une minute avant de coucher gentiment Kuroko dans une position confortable pour dormir. Il pressa un baiser sur le front pâle. « Tu devrais te reposer, maintenant. Daiki, reste dans la chambre et garde la porte. »
Avec ça, le rouge partit silencieusement, la porte cliquant derrière lui. Aomine soupira. Pourquoi moi ? Pourquoi pas Murasakibara ? Il est un meilleur gardien que moi.
« Aomine-kun ? »
L'adolescent bronzé releva la tête et regarda Kuroko. « Ouais ? » Il attrapa une chaise et s'assit dessus, à côté du lit, à califourchon de manière à pouvoir mieux entendre le calme garçon.
« Est-ce que tu - aimes Kise-kun ? »
L'as de Tôô put sentir son visage s'échauffer. « C'est quoi cette question ? » Il frotta l'arrière de son cou et laissa sortir une profonde expiration. « Ouais, je suppose que je l'aime. »
Kuroko approuva de la tête. « C'st bien. Kise-kun a le béguin pour toi depuis le collège. »
« Hah ? » Les yeux d'Aomine s'élargirent au morceau d'information. « Sérieusement ? Il était toujours autour de toi, pourtant. »
« J'étais le seul qui écoutait ses discours sur toi », confessa le garçon blessé. « Et... Il m'écoutait, aussi. »
Si Aomine avait eu des oreilles de chien, elles se seraient redressées. Un sourire moqueur vint à ses lèvres. « Oh ? Tetsu a-t-il le béguin pour quelqu'un ? »
Tetsuya détourna les yeux, son visage plus inexpressif que jamais. « Je n'ai jamais dit ça, Aomine-kun. » Ses doigts jouaient nerveusement les uns avec les autres. « Je n'ai pas le temps de m'inquiéter de quelque chose d'aussi insignifiant qu'un béguin ». Il se sentait presque infantile d'employer ce mot.
Le joueur bronzé regarda alentour avec hésitation pour s'assurer qu'aucune paire de ciseaux volants ne sortiraient de nulle part. On ne savait jamais quel genre de pièges mortels Akashi pouvait placer dans ses chambres. Une fois, Aomine Daiki s'était plaint à voix haute du comportement du rouge alors qu'Akashi l'avait laissé pour aller récupérer quelque chose. Réagissant d'une quelconque manière à l'insulte, une paire de ciseaux avait soudainement fendu les airs et s'était dirigée droit vers le bout des cheveux d'Aomine. Depuis lors, l'adolescent bronzé savait garder sa bouche fermée, capitaine là ou pas.
Il fit une fois de la plus le tour de la chambre des yeux avant de chuchoter dans l'oreille du patient garçon, « Tu sais, Akashi semble t'aimer. »
Kuroko lança à Aomine le regard que vous lanceriez à un idiot. La victime du regard leva ses mains de manière défensive. « Je te dis seulement ce que je vois. C'est évident qu'il te traite différemment que nous. » L'as réfléchit à ce qu'il voulait dire, et reformula rapidement sa phrase. « Comment dire, il te traite plus affectueusement. Nous te traitons tous différemment. » Avant qu'il ne réalise ce qu'il faisait, sa main passait distraitement dans les cheveux bleus de Kuroko. Le bleuté le repoussa.
« Pourquoi est-ce que tout le monde fait ça ? » dit-il en tentant d'aplatir ses cheveux.
« C'est doux, » répondit immédiatement Aomine. « Et tu ne protestes pas quand Akashi le fait. »
Un léger rougissement vint aux joues de Kuroko. « C'est différent. Je ne peux pas argumenter avec Akashi-kun. » Sa voix sous-entendait qu'il parlait d'autre chose.
« Hey, je dois être d'accord avec lui sur ça, Tetsu, »dit-il. « Je ne pense pas que tu devrais aller à l'entraînement, moi non plus. Tu as été gravement blessé il y a juste un jour et demi. C'est difficilement assez de temps pour guérir. »
Kuroko ne répondit pas. Il ressentait de la colère du fait que son ancien partenaire soit du côté d'Akashi. Oui, son dos lui faisait toujours mal, mais il n'avait pas besoin de tellement bouger pour simplement passer la balle. Il n'était pas très athlétique de toute manière, donc son équipe n'attendait pas de lui qu'il bouge beaucoup. Ils ne comprenaient pas qu'il voulait simplement aider Seirin de n'importe quelle manière possible parce qu'il savait que cela faisait une réelle différence quand il était sur le terrain. Et avec le match d'entraînement contre Kaijou qui arrivait (Kise était déjà parti pour s'entraîner avec son équipe), il savait qu'ils avaient besoin de lui plus que jamais.
« ... Très bien », expira fortement Aomine. Kuroko l'entendit se lever et reposer la chaise à sa place. « Je suppose que tu peux t'endormir. Je serai juste à l'extérieur, juste devant la porte. » C'était plus un avertissement qu'une réconfortante déclaration. Un autre baiser sur la tête. Ce n'était pas le tendre, affectueux rapide baiser qu'Akashi lui donnait habituellement sur le front ou les cheveux. C'était une hésitante, rugueuse pression, à peine sentie sur son cuir chevelu. Kuroko poussa un petit soupir de satisfaction pour montrer son assentiment et s'enterra plus profondément dans les coussins.
Le petit garçon était habitué aux manières de ses anciens coéquipiers pour lui montrer leur affection. Cela avait commencé à Teiko. A chaque fois qu'une fille se confessait nerveusement à lui - ce qui n'arrivait pas souvent puisqu'en général les filles ne le remarquaient pas - le plus proche membre de la Génération des Miracles l'attrapait par les épaules et criait sur la victime. La fille s'enfuyait alors avec un cri. Des rumeurs avaient une fois couru durant une semaine comme quoi toute la Génération des Miracles était tournée vers les garçons. On pourrait penser que ça aurait découragé les fangirls, mais durant cette semaine, tout le monde - spécialement Kise - avait reçu un casier plein de lettres de fans. Seul Kuroko n'avait pas reçu une seule lettre.
Plus tard, il avait découvert une poubelle contenant des lettres de fans lui étant adressées. Ça ne lui prit pas longtemps pour deviner qui avait forcé son casier et les avait jetées.
Un petit sourire apparut sur le visage pâle. Aussi frustrants qu'ils pouvaient être, Kuroko savait qu'en tout cas, il était en sécurité avec eux, sa mère là ou pas.
En tout cas, il croyait savoir.
~Dans le salon~
« Allons-nous enfermer Kuro-chin dans ta chambre toute la journée, Aka-chin ? »
« Non. Nous allons juste le faire rester là jusqu'à ce que les entraînements obligatoires de Seirin soient terminés. » Akashi fronça les sourcils à l'intention du violet en train de grignoter. « Ne devrais-tu pas être à un match d'entraînement aujourd'hui, Atsushi ? Et je me rappelle très bien avoir ordonné à ton capitaine d'augmenter ton entraînement d'un tiers. » Les yeux sévères observèrent le coupable adolescent.
Murasakibara haussa les épaules. « Je ne veux pas y aller » marmonna-t-il.
« Répète ça ? »
« Je ne veux pas y aller » dit plus fort le plus grand.
« Tu y vas. »
Murasakibara soupira lourdement et grogna, comme s'il était un enfant obligé de sortir la poubelle, puis fit la moue en attrapant son sac de basketball. Il jeta un dernier regard suppliant à Akashi qui le regardait, mais commença à se diriger vers la porte quand il réalisa que ça ne changerait rien. « Aka-chin est si méchant », se plaignit-il avant de claquer la porte.
Un sourire apparut sur le visage d'Akashi. Bien qu'il soit incroyablement dangereux sur les terrains et outrageusement grand, le grand adolescent de 208 centimètres n'agissait pas différemment que s'il était un enfant de 5 ans. Juste comme Tetsuya l'avait une fois dit, il était « un enfant avec une case en moins » quand il ne jouait pas au basket.
« Akashi. »
Le susnommé tourna la tête vers la dernière personne présente dans la pièce, Shintaro. Le shooter n°1 était simplement assis sur le canapé, ses mains jouant avec une peluche Hello-kittyqu'Akashi lui avait généreusement achetée aujourd'hui comme porte-bonheur. Ses cheveux verts, usuellement lisses, étaient une jungle sauvage dû au manque de sommeil.
Après qu'ils eurent réussi à calmer l'adolescent en détresse depuis le jour précédent, chacun avait tout à tour nourri Kuroko. Avec l'adolescent pleurant, trop tremblant et traumatisé pour manger par lui-même, il avait été nécessaire de l'aider, tour à tour. Deux fois Kuroko refusa la nourriture, et deux fois Akashi lui ordonna de l'accepter et de manger. Mais finalement, la nourriture avait été avalée, même la salade et la soupe. Le thé avait été seulement à moitié vidé, étant devenu froid durant sa crise.
Tout le monde été allé se coucher juste après. Avec les installations pour dormir déjà préparées, Aomine, Kise et Murasakibara s'étaient endormis dès que leur tête avait touché les coussins. Ils eurent une nuit parfaite, reposante. Ce fut une histoire différente pour Midorima, Akashi et Kuroko, cependant. Etant le second à avoir le sommeil le plus léger après Akashi, le vert s'était retrouvé réveillé toutes les heures ou presque par les pleurs de Kuroko appelant à l'aide. Le fragile adolescent avait eu plus de cauchemars que Midorima pouvait en compter. Chaque fois qu'il se réveillait, il trouvait Kuroko accroché au T-shirt d'Akashi, sa tête enfouie dans le creux de son cou. Les deux joueurs, totalement réveillés, avaient chaque fois réconforté le garçon sanglotant.
A présent, les deux mêmes personnes avec des cernes noires sous les yeux se regardaient à travers la pièce. Même s'il avait semblé qu'ils s'étaient séparés en mauvais termes lors de la rentrée au lycée, ils savaient qu'ils avaient été témoins d'une grande part de la souffrance de Kuroko. Et queni l'un ni l'autre ne pouvait le supporter.
« Oui, Shintaro ? Voudrais-tu prendre la chambre d'amis et te reposer ? Je sais que tu as un entraînement plus tard dans la soirée. »
Midorima soupira. Bien sûr leur ancien capitaine connaissait chacune de leurs dates d'entraînements. Mais il devait parler d'autre chose. « Qu'est-ce que nous allons faire, Akashi ? » demanda-t-il, ignorant la tentante possibilité d'une chambre où se reposer. « Nous devons sortir Kuroko de cette maison. Il ne doit pas souffrir plus longtemps. »
Un petit bouteille d'eau craqua fortement sous la pression de la main d'Akashi. Son 'sous-fifre' tressaillit presque au son. " Je sais parfaitement cela, Shintaro. »
Des petites pointes de colère bouillonnèrent dans la poitrine de Midorima. « Si tu es au courant, alors pourquoi ne fais-tu rien contre ça ? Pourquoi son père ne peut-il pas la dénoncer aux autorités ? Ça date de cinq ans, nous avons assez de preuves et de témoignages ! Je comprends pourquoi Kuroko ne l'a pas dénoncée, mais sa souffrance n'est pas nécessaire. Alors pourquoi - »
Un assourdissant bruit de verre explosant atteint fortement les oreilles de Midorima. Il tressaillit alors que les morceaux de verre s'éparpillaient sur le sol, chaque fragment dangereusement pointu. Du lait éclaboussa le brillant sol en bois et le tapis. Un morceau de verre tomba directement sur le pied du formidable joueur, le griffant et faisant couler du sang. Il n'y eut cependant aucun signe que cela ait affecté la victime.
Akashi avait apparemment frappé ses paumes contre la table trop fortement, envoyant le verre de lait par-dessus le bord et s'écraser contre le sol. De profondes respirations provenaient de l'adolescent énervé, qui était pourtant supposé être celui qui contrôlait le mieux sa rage de toute la Génération des Miracles. Il semblait que les mots de Midorima l'avaient affecté plus que ce dernier ne l'avait voulu. Il déglutit.
« Tu n'as aucune idée de ce dont Kuroko Ibuki est capable, Shintaro » dit calmement Akashi. « Ça ne changerait rien si nous avions une centaine de preuves qu'elle bat Tetsuya. Elle possède trois des plus grandes industries du Japon. Elle a des connections qui sont plus profondes que celles du gouvernement. Elle peut avoir un casier judiciaire effacé par de simples mots. Elle peut avoir les meilleurs avocats contre nous. Si nous faisons une seule erreur, elle divorcera de Kuroko Haru, la seule chose qui garde Tetsuya ici, et la garde de Kuroko sera immédiatement entre ses mains. » Une lueur folle vint à ses yeux rouge et jaune. Quelque chose comme un sourire vicieux apparut sur son visage. « Voilà à quel point elle a de l'influence au Japon. »
Midorima pouvait sentir la chair de poule se formant le long de son dos et de ses bras. Il n'avait jamais rencontré la mère de Kuroko, mais il se sentait pourtant étrangement connecté à elle. Etait-ce parce qu'il savait qu'elle était la femme qui blessait Kuroko ou était-ce parce qu'il avait tellement entendu parler d'elle qu'il avait l'impression de ne pas avoir besoin de la rencontrer pour la connaître ? Seuls Akashi, Kise et Aomine avaient rencontré Kuroko Ibuki, et ç'avait été par accident. D'après ce que Kise lui avait dit, Kuroko avait eu son entraînement doublé à cause de son manque d'efforts à l'entraînement précédent. Il en avait oublié l'heure et Ibuki elle-même était venue au gymnase où elle savait que son fils s'entraînait.
Juste par la réaction de Kuroko à la vue la femme, Akashi avait fait le lien avec les blessures qu'il remarquait croissantes chaque fois que Kuroko venait aux matchs ou aux entraînements. Cependant, sachant combien de pouvoir Ibuki avait, il avait laissé, avec réticence, le bleuté rentrer chez lui.
Le jour suivant, Kuroko était arrivé avec un bras cassé, s'excusant gravement pour le dérangement, explicant qu'il était tombé dans les escaliers. Mais tout le monde s'était douté, lui inclus (ndt : Midorima) de ce qui s'était vraiment passé quand il avait été informé le jour suivant.
« Et ton père ? » demanda Midorima. « Ne possède-t-il pas un grand bureau d'avocats ? »
« Mon père », dit froidement Akashi, « ne peut pas battre les personnes avec qui Ibuki a des connections. »
« Alors, que pouvons-nous faire ? »
Le rouge s'écarta de la table et haussa les épaules. « J'ai un plan pour aider Kuroko. Mais nous aurons besoin de beaucoup de personnes de confiance ». Il regarda la porte. « Avec l'énorme influence d'Ibuki, ce sera dur d'en trouver. » Il y avait cette personne, cependant, et il savait que cette personne haïssait Ibuki au moins autant que la Génération des Miracles. « Shintaro, prépare-toi à partir. Nous allons faire une courte marche. »
« Où allons-nous ? » Midorima pressa sa peluche.
Akashi ne répondit pas. Il s'avança dans le couloir et appela le gardien de Kuroko, « Daiki. »
Aomine leva la tête de son téléphone. Il était sur le sol, juste en face de la porte de la chambre d'Akashi. Il n'avait pas osé aller voir la situation dans le salon lorsqu'il avait entendu les forts bruits et la dispute. « Ouais ? »
« Tetsuya se repose-t-il ? »
« Ouais. Il dort. »
« Bien. Garde le ici. S'il a faim, prépare lui quelque chose. Tu es autorisé à utiliser ma cuisine. Shintaro et moi serons bientôt de retour. »
Aomine bailla. « Ouais, ouais »
Le rouge le regarda avant de se tourner et remonter le couloir. Aomine attendit d'entendre le son de la porte claquant avant de soupirer de soulagement. « Maintenant qu'ils sont partis, je peux peut-être finalement faire une sieste. Ce n'est pas comme si Tetsu allait quelque part. »
Il s'endormit en quelques secondes.
~Dans la chambre~
Kuroko mit péniblement ses chaussures de basket empruntées. Dès qu'Aomine avait refermé la porte derrière lui, il avait mis son plan en action. Il ne savait pas où étaient sa veste et son pantalon, donc il avait regardé dans l'armoire d'Akashi pour trouver quelques vieux T-shirt et short. Une fois qu'il les eut trouvés, il les enfila lentement.
Maintenant, parfaitement préparé avec ses wristbands, les chaussures de basket et les vêtements d'Akashi, Kuroko colla son oreille à la porte. De légers ronflements provenaient de l'autre côté. Le garçon aux cheveux bleus sourit, satisfait d'avoir eu raison en pensant que son ancien partenaire voudrait dormir dès qu'il en aurait l'occasion. Silencieusement, juste comme une ombre, Kuroko ouvrit la porte, glissa et dépassa Aomine, et réussit à sortir par la porte d'entrée.
L'air frais l'atteignit instantanément. C'était bon de sentir cet air froid et rafraîchissant. Il descendit les escaliers, utilisant la rampe sur le côté pour s'aider. Il réussit à faire tout le chemin jusqu'au coin de la rue sans tomber et héla un taxi, puisqu'il ne savait pas où il était.
« Lycée Seirin » dit Kuroko. « S'il vous plaît. »
Le conducteur du taxi fit un signe de tête et commença à faire un demi-tour.
Etrangement, la distance entre l'appartement temporaire d'Akashi et son école n'était pas si grande; Kuroko paya le conducteur avec l'argent qu'il avait 'emprunté' dans un bureau où il avait fouiné (il prit note mentalement de rembourser son ancien capitaine). Ravalant la douleur, le petit garçon boita durant tout le chemin autour de l'école pour atteindre le gymnase. Son dos lui faisait mal à cause de l'effort, et il avait presque trébuché sur lui-même durant la marche.
Le son des ballons de basket frappant contre le sol du gymnase le fit sourire. Riko-san va probablement me crier dessus, nota Kuroko. Avec presque trop d'impatience, l'adolescent ouvrit les doubles portes et tira son corps à l'intérieur.
Son entrée fut tout sauf invisible. Toutes les têtes se tournèrent, les balles arrêtèrent de rebondir, et les bouches s'ouvrirent en grand. Il se tenait maladroitement au bord du Gymnase, bredouillant difficilement face à ce silence « Ano... Je suis de retour ? »
« Kuroko ! » cria une fille. Il tourna la tête, seulement pour se faire presser contre les vêtements d'une personne. Riko Aida serra le plus petit garçon de toute sa force. Kuroko dut combattre un gémissement. Toute la pression sur son dos lui faisait presque monter les larmes aux yeux. « Oh, nous étions si inquiets ! Kagami-kun n'arrêtait pas de t'appeler, et nous avons même demandé au principal si tu allais revenir ! Je veux dire, je ne peux pas croire que tu étais malade ! L'étais-tu ? Finalement, tu es là, j'étais inquiète que tu ne viennes pas ! Et, nous avons aussi amené ta - »
« Tetsu-kun » chantonna une douce, traînante voix. Une grande femme, aux cheveux bleus, apparut dans son champ de vision. « Viens saluer ta mère. »
Chapitre 6
« Tu es sûr qu'il sera là ? »
Les deux joueurs de basket, un grand et un petit, marchaient au milieu des rues encombrées. Ils étaient partis depuis déjà un certain temps et n'avaient, avec talent, encore bousculé personne. Les jambes de Midorima étaient déjà fatiguées de ces rues pentues et des manœuvres constantes qu'il devait réaliser pour éviter les enfants et les adultes qui ne regardaient pas où ils allaient. Apparemment, la définition d'Akashi d'une 'courte marche' était différente de la sienne.
« Oui, il sera là »dit Akashi d'un air absent. « J'ai toujours raison. »
Midorima roula des yeux.
Cinq minutes plus tard, ils s'arrêtèrent en face d'un petit café à l'air ancien. Le bâtiment paraissait pouvoir s'effondrer à tout moment, et seulement quelques personnes y entraient et en sortaient. Quelques tables abîmées étaient placées devant le bâtiment. De grands caractères japonais clignotaient à répétition d'uen agaçante lumière : 四季. Il les traduisit aussitôt en « Shiki » ou « Quatre saisons ».
Akashi vérifia l'heure sur son téléphone. « Nous sommes en retard », annonça-t-il. « Il doit déjà être ici. » Il fit, d'un signe de tête, signe au vert d'entrer. Un mélodieux carillon résonna lorsqu'ils ouvrirent la porte, avertissant ainsi les serveuses de leur présence. Seules deux tables étaient occupées, l'une par un couple et l'autre par un jeune homme. Ce dernier se tourna pour les regarder.
« Est-ce lui ? » murmura Midorima.
« Oui. »
« Une table pour deux ? » demanda une serveuse avec un sourire poli.
« Non. Nous sommes de fait avec cet homme. » Akashi indiqua d'un geste l'adulte qui les observait toujours.
La serveuse regarda dans sa direction et acquiesça. « Bien sûr. Je vous en prie, prenez des sièges. »
Les deux joueurs de basket s'approchèrent de la table, Midorima avec hésitation, Akashi sûr de lui. Un sourire sauvage jouait sur les lèvres du rouge tandis qu'ils s'approchaient de l'homme nerveux. Le shooter n°1 de Teiko le scanna rapidement. Il était évident qu'il était grand, même assis, avec de courts cheveux bleus et des yeux marron. Une chemise bleu-foncé froissée s'accordait avec un pantalon de travail noir. Midorima pouvait voir ses mains jouer nerveusement sur ses genoux.
« Bonjour, Kuroko Haru-san » salua formellement Akashi.
« Ah, tu dois être Akashi-kun, n'est-ce pas ? » Haru se leva tant bien que mal et leur fit un petit salut . Les deux haussèrent un sourcil mais le saluèrent en retour. Kuroko doit tenir ses manières de lui, observa Midorima.
Quand ils furent tous assis, et qu'Akashi eut commandé un café pour le vert et du thé pour lui-même, Haru passa directement au sujet qui les avait réuni ici. « Où est Tetsuya ? Est-il gravement blessé ? » Demanda-t-il, paniqué.
« Il va bien » assura Akashi. « Il est en ce moment chez moi. Ses blessures ont commencées à guérir. »
Un large poids parut quitter les épaules d'Haru. Il s'affaissa de soulagement, l'anxiété qui avait été présente sur son visage disparaissant à l'entente des nouvelles. L'homme aux cheveux bleus passa une main à travers ses cheveux. « Ce-c'est bien » balbutia Haru. « J'étais inquiet en rentrant à la maison de ne pas y trouver Tetsu. Je suis heureux qu'il ait trouvé ses amis. » Il tourna son regard vers Midorima. « Ah, tu es... ? »
« Midorima Shintaro » Répondit-il rapidement.
« Midorima ». Haru fit rouler le nom sur sa langue. Il fronça ses sourcils bleus quelques secondes avant que la compréhension n'apparaisse sur son visage. « Oh ! Tu es Midorima-kun. J'ai beaucoup entendu parler de toi. »
Le shooter haussa un sourcil. Kuroko parlait souvent de lui ?
« Haru-san » Akashi ramena l'attention sur lui. « Nous devons parler. »
Une ombre passa sur le visage du père de Kuroko. « Oui » dit-il simplement. « Je sais que vous voulez parler de... la mère de Tetsuya. »
« Kuroko Ibuki », confirma Akashi. « Haru-san, nous savons tous qu'elle est la cause des constantes blessures de Tetsuya. »
Haru détourna le regard, ses cheveux tombant en mèches devant ses yeux. Ses poings se serrèrent de colère à la pensée des blessures que sa femme avaient infligées à Tetsu. Il déglutit difficilement, luttant contre lui-même. En voyant cela, Midorima ne put s'empêcher de contester les différences entre le mini Kuroko et le Kuroko adulte. « Je vois » chuchota le Kuroko adulte.
L'as de Rakuzan sirotait son thé calmement, mais Midorima pouvait voir un mélange d' émotions faire rage dans les yeux hétérochromes. Il garda le silence et pressa inconsciemment sa peluche Hello-kitty. « Nous allons être clairs sur ce point : Nous ne voulons pas que Tetsuya ait à souffrir plus longtemps. D'une quelconque manière, nous voulons éloigner Tetsuya d'Ibuki. » Akashi reposa sa tasse. De pâles, fins doigts en frappèrent un côté, la faisant résonner. « Cependant, nous aurons besoin de votre coopération. »
Haru releva la tête avec surprise. Ses yeux marron étaient écarquillés, sa bouche s'ouvrant en comprenant ce qui était attendu de lui. Il était évident que l'homme pensait qu'il ne pouvait être d'aucune utilité lorsqu'on en venait à Ibuki. Honnêtement, Midorima ne savait pas non plus comment il pourrait aider. Son ancien capitaine avait refusé de répondre à ses questions sur le père de Kuroko durant leur longue trajet jusqu'ici.
« Moi ? Je, » l'adulte hésita, « Je ne peux rien faire contre Ibuki. Si je l'attaquais en justice, elle aurait la garde de Tetsu. » Il couvrit son visage d'une main. « Ce serait seulement pire que la situation présente. »
« Je suis pleinement conscient du pouvoir d'Ibuki », déclara Akashi. « Shintaro, donne-moi ton sac. »
Le rouge avait fait porter un lourd sac à Midorima dont le contenu lui était inconnu durant leur route jusqu'au café. Il n'avait pas osé demander à Akashi pourquoi il ne le portait pas lui-même.
Le shooter se pencha et attrapa le sac noir avec obéissance, le tendant avec un grognement à Akashi, qui le remercia. « Votre travail pourra être... difficile émotionnellement parlant, mais c'est plutôt simple en terme de capacité. » Le sac fut ouvert et une grande caméra accompagnée de nombreuses cartes mémoires en furent sorties. Il les posa au milieu de la table pour qu'ils puissent tous les voir. « Ce sera dur pour vous, mais je crois que vous pouvez le faire. »
Haru regarda la caméra avec suspicion. « Qu'est-ce que je dois faire ? »
Durant les vingt minutes suivantes, Akashi expliqua le travail du père de Kuroko avec détails, dates, moments et instructions. Le temps passant, Midorima observait le visage d'Haru aborait une expression toujours plus horrifiée, et il était certain qu'il en était de même pour sa propre figure. C'était un travail cruel, inconvenant à demander au père de Kuroko. Cependant, il devait agréer pour cette fois. Seul Haru aurait la capacité de remplir cette tâche, personne d'autre.
Rien de plus ne fut ajouté après que le jeune homme, quoiqu'avec hésitation, ait accepté le travail. Akashi sirotant son thé, Midorima rongeant nerveusement ses ongles (une habitude qu'Akashi avait essayé de lui faire arrêter), et Haru regardant simplement par la fenêtre, un silence en quelque sorte confortable les entoura.
Une forte sonnerie de téléphone fit sursauter tout le monde, sauf Akashi. Ledit adolescent sortit son portable, vérifia l'identité de la personne l'appelant, et répondit ensuite avec un froncement de sourcils, « Daiki. »
« Je ne peux pas trouver Tetsu ! » cria Aomine à travers la ligne. « Il est parti ! J'ai cherché partout. Et il a laissé son téléphone ! »
Les yeux d'Akashi se plissèrent. « Que veux-tu dire par 'il est parti', Daiki ? N'étais-tu pas supposé t'occuper de lui et t'assurer qu'il n'aille nulle part ? »
« I-il dormait, je te jure ! J'ai seulement fait une petite sieste, mais lorsque je me suis réveillé, il était parti ! Tes chaussures de basket ne sont plus là, et - »
« Tu as fait une sieste ? » questionna rageusement Akashi. Les gens dans le café le regardèrent avec inquiétude. Midorima écarquilla les yeux, choqué que leur impassible capitaine puisse véritablement crier de rage. Aomine avait dû foirer un truc important, et il se doutait de ce que c'était.
« Je p-pensais qu'il était in-inoffensif » bégaya l'adolescent bronzé. « D'habitude Tetsu ne fait pas ce genre de trucs tu dois être d'accord avec ça ! Je veux dire, personne ne pouvait penser qu'il se faufilerait dehors ! »
Le petit mais dangereux joueur couvrit son visage d'une main. « Aomine Daiki », menaça t-il calmement. « L'Enfer t'attend. » Puis il raccrocha. « Shintaro, prépare-toi à partir. » Akashi se leva, sa mâchoire se contractant avec irritation. Midorima lui obéit promptement, rangeant la caméra et les cartes mémoires et filant. « Haru-san, si vous vouliez s'il vous plaît nous accompagner. Votre fils a disparu. » Le père de Kuroko arrondit les yeux, « Mais je suis presque certain de savoir où le trouver."
~Ellipse~
Le ballon vola devant lui à une vitesse alarmante et frappa le mur du gymnase inutilement, sa vitesse décroissant considérablement alors qu'il roulait en revenant aux pieds de Kuroko. Il cligna des yeux, se demandant quand est-ce qu'ils lui avaient passé la balle.
« Kuroko ! » se plaignit Izuki. « C'est la neuvième fois ! »
« Oui, qu'est-ce qui se passe, Kuroko ? » Teppei fronça les sourcils. « Tu n'es jamais distrait, habituellement. »
« Concentre-toi sur le jeu ! » s'exclama d'une voix forte Kagami, frappant le dos du petit garçon pour l'encourager. Malheureusement, cela eut l'effet inverse; Kuroko s'écarta avec un gémissement, la douleur brûlante dans son dos se renouvelant. Il tressaillit en entendant un rire haut perché derrière lui.
Kuroko Ibuki regardait depuis le bord du terrain, ses yeux ennuyés posés sur son fils. Quel est son but ? se demanda Kuroko avec désespoir. Pourquoi me regarde t-elle ? Pourquoi n'agit-elle pas ?
C'était la principale raison pour laquelle le garçon aux cheveux bleus était si distrait. Son cerveau continuait à crier de peur, et il pouvait difficilement jouer les matchs d'entraînement sans que de douloureux élancements ne traversent son dos. De plus, ses blessures commençaient à se rouvrir. Juste comme Akashi l'avait dit, ses plaies n'étaient pas prêtes à supporter un exercice vigoureux.
« Soyez plus sérieux ! » ordonna Riko. « Kuroko, fais plus attention ! »
« Hey... Coach ? » Koganei, qui était sur le banc pour le match amical, s'approcha pour chuchoter à l'oreille de Riko. « C'est juste moi, ou Kuroko boîte légèrement ? »
La coach de Seirin regarda le terrain, plus spécialement, le plus petit des garçons. Maintenant qu'il le mentionnait, Kuroko étaiten train de boiter, et il ne courait, ni ne passait aussi vite qu'il le pouvait. Comment avait-elle pu ne pas le remarquer auparavant ? « C'est - »
« Excusez-moi. » Une voix féminine les interrompit. Koganei et Aida se tournèrent pour faire face à la femme aux cheveux bleus. Riko détecta automatiquement le sourire faux, trop mielleux, que la femme arborait. Pour une quelconque raison, la coach était prudente avec elle. Cela semblait trop irréel qu'une mère soit si différente de la personnalité sage de son fils. « Pouvez-vous s'il vous plaît faire une pause dans le match ? »
« Faire une pause ? » Riko haussa un sourcil. « Nous ne pouvons pas faire une pause dans un match. »
« Faites-en une s'il vous plaît », répéta la femme, cette fois avec un avertissement dans la voix.
Aida plissa les yeux d'énervement. Eh bien, on doit écouter les parents, se dit-elle, même si l'idée l'agaçait. « Stop ! » cria t-elle aux joueurs. Tout le monde se figea dans un mouvement inachevé.
« Pourquoi devons nous arrêter, Riko-san ? » demanda calmement Kuroko, mais ses yeux bleus étaient emplis de peur.
Ibuki s'avança sur le terrain avec un sourire. Son fils fit inconsciemment un pas en arrière. « Mes excuses, tout le monde, mais j'aimerais ramener Tetsu à la maison maintenant. »
« Hah ? » protesta Kagami. « Vous ne pouvez pas le ramener maintenant ! L'entraînement n'est même pas encore fini ! » Ibuki lui jeta un regard menaçant. Il se tut. Il y avait quelque chose en elle qui effrayait l'as de Seirin. C'était presque aussi effrayant qu'Akashi, mais d'une manière différente.
« O-Okaa-san ? » dit timidement Kuroko. « J'aimerais rester jusqu'à la fin. » Rester. Ne pas rentrer à la maison. Lui ordonnait son bon sens. Quelqu'un va venir.
Le visage mielleux de sa mère devint aigre. Ses yeux se firent sauvages, et le sourire qui étirait ses lèvres devint en quelque sorte bestial. « Tu oses me désobéir, Tetsuya ? » Elle rejeta la tête en arrière et rit. C'était un rire qui donna envie à tout le monde de courir et s'échapper. « C'est vrai. Tu as raté ta leçon de bonnes manières lorsque tu t'es enfui loin de moi l'autre jour. » Son ton baissa jusqu'à sonner plus humain, mais toujours aussi énervé, « Ne t'inquiète pas, Tetsuya-kun. Je m'assurerai que tu ne rates pas la leçon lorsque je te ramènerai à la maison. »
Kuroko était figé au milieu du terrain. Ses yeux étaient fixés sur le visage de sa mère, écarquillés et irradiants de peur. Le corps du petit adolescent tremblait d'horreur aux mots de sa mère. Des larmes de panique lui piquèrent les yeux. Des flashs des anciennes 'leçons' d'Ibuki emplirent son esprit. Il pouvait entendre les cris, ressentir la douleur, sentir la haine, voir les os brisés, ses cris, les insultes, le désespoir, l'agonie, la torture, les bleus, les larmes, le sang. Il commença à suffoquer, son esprit fixé sur le passé : ses pleurs, son dégoût, ses hurlements, ses cris, sa haine, ses yeux, ses poings, son désappointement, sa colère, son besoin d'aide, aide, aide, aide -
« Kuroko Ibuki » La forte, impérieuse voix, ramena l'adolescent paniqué à la réalité. En fait, cela sembla sortir tout le monde d'une transe. Tous ceux de Seirin et Ibuki tournèrent la tête vers la voix les ayant interrompus. Son cœur sauta à sa gorge lorsqu'il vit Akashi, en compagnie de Midorima et de son père.Ils sont ici. Je suis sauvé, fut la première chose qu'il pensa.
Akashi survola du regard la silencieuse équipe de basket, jeta un coup d'œil à Ibuki, puis tourna son regard vers Kuroko. Il semblait sur le point de faire une crise de panique. Akashi remarqua qu'il se tenait dans une étrange position, s'appuyant plus sur la jambe gauche que sur la droite, et son dos courbé pour soulager la douleur qui avait recommencé depuis qu'il s'était mis à s'entraîner. Il secoua la tête avec désapprobation.
« Et tu es ? » Ibuki était énervée du fait qu'un garçon de l'âge de son fils s'adresse à elle par son prénom.
« Cette information n'est pas nécessaire » répliqua indifféremment Akashi. « Tetsuya. Va avec Shintaro. Maintenant. »
Kuroko réagit à la commande. Il boita derrière Akashi jusqu'au shooter qui attendait. Midorima l'attrapa immédiatement par les épaules pour le soutenir lorsqu'il commença à se balancer. « J'ai le kit de première aide. Laisse-moi bander à nouveau tes blessures », dit-il doucement à l'oreille de Kuroko. Il reçut un signe de tête de confirmation. Puisqu'il ne semblait pas que le garçon pouvait encore marcher, Midorima se pencha et souleva Kuroko comme s'il ne pesait rien (ce qui était presque vrai. Son poids n'était rien pour son âge). Lui et le passeur blessé revinrent au banc, loin de la mère haïe.
« Haru, quelle est la signification de ceci ? » demanda Ibuki. « Dis-leur de ramener Tetsuya. Nous le ramenons à la maison. »
« Ibuki » dit calmement Haru. « Je sais que tu es fâchée mais - »
« Tetsuya va rester chez moi », annonça Akashi. « Nous devons travailler sur un projet. Ce serait bien plus pratique s'il restait. » Le mensonge sortit si onctueux, si convainquant qu'il était dur de ne pas le croire. Ça ne les aurait même pas fait douter si l'équipe de basket de Seirin n'avait pas su qu'Akashi n'appartenait pas à la même école qu'eux.
La mère de Kuroko lança un regard noir à l'adolescent la défiant. « Tetsuya ne m'a pas informée de cela. Il n'a jamais reçu de permission. »
« Non... Mais il me l'a dit », bluffa tout aussi bien Haru. « Je lui ai donné la permission. »
« Alors je retire cette permission ! » Ibuki haussa la voix hystériquement. « Je fais les règles. Tetsuya doit rentrer à la maison. »
Akashi inclina la tête. « Et pourquoi doit-il rentrer ? »
« Il doit être avec sa famille ! »
Le visage du rouge s'assombrit. Sa voix changea. « Si vous dites le mot 'famille' de nouveau », murmura t-il, et un sourire glacial apparut sur son visage, « Je n'hésiterai pas à vous blesser. »
L'aura qu'émettait Akashi avait fait reculer tout le monde durant une seconde, même Ibuki. Mais elle se rappela ensuite à elle-même qu'il était seulement un adolescent, et qu'elle, qui était une adulte et avait le plus d'influence au Japon, était au-dessus de lui. « Rendez-moi Tetsuya. »
L'as de Rakuzan fit semblant d'y réfléchir. « Non. »
« Assez de cela, Ibuki ! » dit fermement Haru. « L'éducation de Tetsuya est plus importante que tout le reste. S'il a un projet à faire, il a le droit de le faire. »
Hyuuga, dont les suspicions à propos de la folie de la femme avaient été confirmées, s'approcha et dit : « Ouais. Le projet est pratiquement la moitié de notre année. Laissez Kuroko le faire. »
« Où est le problème à laisser Kuroko rester chez lui ? » demanda Kagami, regardant d'un œil noir la femme.
La mère de Kuroko lança des regards assassins à chaque personne dans le gymnase. « Vous allez tous le regretter. » siffla t-elle. Elle ramassa son sac à main et sortit du bâtiment, la porte du gymnase claquant dramatiquement derrière elle
Haru laissa sortir un léger soupir de soulagement.
L'équipe de basket de Seirin était réellement confuse mais heureuse que la femme hystérique soit partie.
Akashi, cependant, ne sentit pas le moindre soulagement alors qu'il se retournait et commençait à rejoindre le garçon blessé en train d'être bandé par Midorima. Son haut avait été enlevé, révélant les blessures et les plaies infectées de son dos qui s'étaient rouvertes sous l'effort qu'il avait fait aujourd'hui. Le capitaine se dressa au-dessus du garçon gémissant, regardant l'adolescent combattre la cuisante douleur, d'autant plus forte que Midorima venait d'appliquer du désinfectant.
« A-Akashi-kun » réussit à balbutier Kuroko.
Ledit adolescent s'agenouilla pour faire face au n°1 des passeurs. « Tu m'as désobéi, Tetsuya. »
Kuroko baissa les yeux, frustré d'avoir pris une décision aussi stupide. « Je suis désolé » murmura t-il.
« Il vaudrait mieux que ça ne se reproduise pas » avertit Akashi. Il attrapa le menton du pâle garçon et le releva. « Maintenant tu sais pourquoi je ne t'avais pas laissé partir. Non seulement ta mère t'a trouvé, mais tes blessures sont maintenant rouvertes et infectées. Tu es le seul à blâmer. »
Les larmes qu'il avait combattues débordèrent et coulèrent le long de ses joues. Il tenta de les essuyer, mais les gouttes continuaient à rouler. « Je suis désolé » tenta de dire Kuroko. « Je compenserai d'une manière ou d'une autre chaque problème que j'ai causé à Akashi-kun et Midorima-kun. »
Akashi s'assit sur le banc. Avec un soupir, il prit gentiment le plus petit garçon dans une étreinte, prenant soin de ne pas interrompre les soins de Midorima. Kuroko ne fit pas de mouvement pour s'agripper au plus âgé, mais il accepta le corps chaud, posant sa tête contre le torse musclé.
Un fort cri provint de derrière eux. Riko Aida regardait les blessures de Kuroko avec une main sur la bouche. Les joueurs de basket les regardèrent avec des yeux écarquillés. « Oh mon dieu ! » cria t-elle. « Qu'est-ce qui lui est arrivé ? »
Les bras d'Akashi se resserrèrent autour d'un Kuroko raidi. Le rouge savait qu'il ne voulait pas que plus de gens soient avertis de ses problèmes de famille. Il trouva immédiatement un mensonge, « C'est le résultat d'une manœuvre d'intimidation. Un lâche s'est attaqué à Tetsuya l'autre jour. » Il les transperça du regard de son œil rouge. « Je m'en suis occupé. » Seirin frissonna de peur.
« Tout ça à cause d'une seule personne ? » demanda Aida avec incrédulité. « C'est terrible ! Qu'est-ce que Kuroko a bien pu lui faire ? »
« Plus besoin de se demander pourquoi il agissait bizarrement aujourd'hui », s'écria Kagami, énervé de ne pas avoir remarqué que son propre partenaire était blessé. « Et il boitait. Bordel, j'aurais dû le remarquer plus tôt ! »
« Evidemment, vous auriez dû », dit Akashi « En tant que coéquipiers, vous devriez savoir quand l'un d'entre vous est blessé. Si les liens entre les joueurs sont aussi faibles à Seirin, vous ne deviendrez jamais forts. »
Teppei protesta. « Hey ! Nous étions tous concentrés sur l'entraînement pour le match contre Kaijou. Kuroko nous l'a bien caché. »
Midorima enroula le dernier bandage autour de la jambe de Kuroko. Les bandages de sa tête n'avaient pas besoin d'être changés, mais la jambe droite de Kuroko ne guérissait pas aussi bien qu'il avait pensé. « Ça ne change rien qu'il le cache ou non », dit le vert. « Vous devriez au moins avoir remarqué à quel point cette femme l'affectait. »
Akashi déplaça le bleuté dans une position plus confortable. Il s'était endormi en pleurant et dormait maintenant avec un visage plus paisible. « Mais, n'était-ce pas la mère de Kuroko ? » demanda Koganei, confus. « Pourquoi serait-il effrayé par sa mère ? »
« Ça ne vous regarde pas. »
« Hey ! » Kagami regarda l'ancien capitaine de Teiko. « Kuroko est dans notre équipe, ce qui veut dire qu'il est nôtre. Nous avons le droit de savoir ! »
« Tu as tort » dirent ensemble Akashi et Midorima. « Il n'est pas vôtre. Il est nôtre. »
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