2. Direction : le bar
-Ria, ramène moi ce sac de farine immédiatement, au lieu de faire mumuse avec un bâton.
Je soupirais. Quelle famille.... Si on ne pouvait même plus s'amuser à jouer au chevalier....
-Salut, Rienn !!!
C'est un groupe de filles du couvent, pas loin. Comment je le savais ? Elles portaient toutes de gros chapeaux blancs et des robes bleues qui leur descendaient jusqu'aux pieds.
-Salut !! Vous devriez mettre des pantalons, un jour, ce serait plus pratique....
Elles partaient en ricanant, comme si j'avais dis quelque chose de stupide.
-RIA !! ICI, MAINTENANT !!!
-Oui... d'accord, papa....
Mon père était le boulanger du vieux village paumé ou nous vivions. Ma mère avait disparut après qu'elle ai trompé papa avec le boucher et mon grand frère n'était pratiquement jamais à la maison.
On m'utilisait comme outil pour les sacs de farine, car apparemment, j'avais une force surhumaine.
-Rapelle toi, Ria. Pour les autre, tu t'appelles Rienn, tu es un petit garçon qui rêve de devenir chevalier. Comme ça, tu pourras continuer à porter les sacs de farine et m'aider a la boulangerie à la place de ton frère, au lieu de partir au couvent avec les autres petites filles de ton âge que tu n'aime pas.
-Oui... papa, je sais, tu me rabâche ça tout les jour.
-Désolé, gamine, mais t'a intérêt à te dépêcher si tu ne veux pas une claque.
-C'est bon, c'est bon.
Je m'affairerais sur les sacs de farine depuis mes 8 ans. À cette période là, j'en avais 10.
-Papa, je peut allé jouer avec Dan ? J'ai fini le pain et les sacs....
-Rapidement, alors. Ce soir, je vais au bar, tu gardes la maison.
-Ok !!
Dan était mon meilleur amis d'enfance, le seul à connaître le fait que je sois une fille. Et il a emporté ce secret dans la mort.
-Salut, Rienn !!!
Mais il continuait a m'appeler comme ça. Comme le village entier. Il refusait d'admettre.
-T'as vu les filles du couvent aujourd'hui !! Elles allaient vendre leurs pâtisseries. C'était trop bon !!
-Bah non, même pas. Celles de mon père sont meilleures.
-J'ai goûté les deux, et franchement, non.
-T'es nul, t'as pas de goûts.
-Ferme la, ok !?
-Tu me cherches ?
Il sautait sur moi, mais j'esquivais en riant et le poussait dans la rivière.
-EEEEEH !! ELLE EST FROIDE !!!
C'était la dernière fois que je le voyais.
-Je rentre. Le dernier arrivé devra nettoyer le crottin de cheval sur la route !!!
-C'est de la triche, t'es partie avant !!!
Juste un petit bruit rapide qui fend l'air. Et Dan s'est effondré. Plus d'espoir, plus de jeux, plus de secret. La mort. Seule et vraie.
-Oh oh, bien visé. En plus, avec un aussi vieil arc....
-Les gamins qui bougent, c'est mon truc, j'en ai eu pas mal ces temps ci....et ceux de l'est sont tout ramollis.
-Pas sûr que tu devrais t'en vanter...
-Aller... c'est que de la vermine de paysan, qu'est ce que ça peut nous faire, à nous ?
Je me cachais rapidement derrière un arbre et observais le corps de mon meilleur amis déchiré par une flèche pointue. Il se vidait lentement de son sang, ses yeux devenaient presque blancs, il agonisait en poussant de petits cris de désespoir.
-Y'en avais pas deux, d'ailleurs ?
-Maintenant que tu le dis....
Je courais en direction du village sans regarder en arrière. Une longue course qui me paraissait interminable, ou j'entendais l'ennemis se rapprocher. Je ne me suis pas arrêtée une seconde, tant pis pour le manque d'air.
-Papa, papa !!!
Je le cherchais des yeux, mais il n'était pas à la maison, et la nuit tombait, on ne distinguait plus rien. Le bar. Mon père était au bar.
-PAPA !!!
Je hurlais, cassais tout sur mon passage et me précipitais vers la cave à vin avec une grande enseigne ronde où il était gravé « La première coulée ».
-PAPA !!!
Il était seul, comme d'habitude, à la table du fond, avec son verre qui débordait déjà.
Je me précipitais pour aller le chercher, mais je me rendais compte qu'il dormait paisiblement, la bave à la bouche.
Je tentais de le porter pour le secourir, mais rien, il était trop lourd. Plus...encombrant, on va dire, même si les sacs de farines restaient plus légers que cet énorme tas.
C'est alors qu'un nouveau client entra. Je le remarquais grâce à la petite clochette accrochée en haut de la lourde porte en bois.
Je paniquais, c'était sûrement les soldats qui avait abattu Dan, mais non, un simple noble. Il était vêtu de fourrure, (malgré le fait que nous étions au printemps) et portait un long haut-de-forme qui lui faisait une tête ovale.
C'était assez comique, il attirait toute l'attention.
Un espèce de mini lui était d'ailleurs accroché à sa jambe, avec la même veste et le même chapeau légendaire. La seule différence était les yeux. Le père -car oui, c'était bien évidemment son paternel- avec les yeux bleus, presque violets et le fils les avaient bruns, simples et plus petits.
Le gentleman vint s'assoir juste à la table où nous nous trouvions, le sourire aux lèvres et déposant son fils sur la chaise trop grande pour lui d'en face.
-Bonjour, mon garçon, qui est cet homme que tu tiens dans tes bras ? Tu m'as l'air très musclé pour un aussi jeune homme....
Je faillis lui préciser que j'étais une fille, mais les souvenirs des conseils de mon père me revenaient en mémoire, m'interrompant dans ma phrase.
Qu'en serait-il advenu de ma vie, si j'avais dis la vérité ?
-Je suis une....euh... c'est mon père. Il a un peu trop bu.... Je crois.
À côté de moi, la copie conforme de l'autre tentait de s'éloigner d'une traînée de bière qui coulait de la bouche de mon père jusqu'à lui. L'idée que les riche puissent être peureux me faisait bien rire.
-Je vois. Pourrais-tu nous indiquer le chemin ? Nous cherchons quelqu'un. Enfin, plutôt quelque chose.
L'homme farfouilla dans son sac et sorti une affiche toute sale et chiffonnée qui montrait un petit logo, une espèce de petite dune de sable où il était gravé quelques centimètres au-dessus : « Ouest »
Cette simple feuille me remémora aussitôt pourquoi j'étais ici, et je m'empressait d'expliquer la situation, mais la clochette m'interrompis.
-Bonjour, nous sommes des soldats du royaume de l'Ouest.
Tout le monde se figea dans le bar. Ici, on craignait les soldats du sable, ils étaient agressifs et dangereux.
Je tournais la tête vers le noble et son fils, mais ils s'étaient volatilisés. Il ne restait plus que la coulée de bière.
Le massacre allait commencer.
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