Chapitre 22
XXII. FAIRE UN PEU DE BIEN
Harry
Le Prince se réveilla en plein milieu de la nuit. Il tendit la main vers la montre à gousset, un cadeau de son père, et regarda l'heure. Une heure et demie du matin. Il s'assit, frotta ses paupières et se rappela comment il s'était endormi dans le lit et non le canapé quelques heures auparavant, à l'encontre de ce que voulait Lena.
Sa tête lui faisait mal, lui faisait automatiquement regretter d'avoir autant bu la veille. Il se leva du lit, le corps en feu. Il essaya de ne pas faire de bruit et se rendit dans la salle de bain de Lena, décidant de lui épargner la tâche d'emmener sa chemise tachée à la blanchisserie.
C'était le temps de repos des servants, mais elles prirent avec plaisir la chemise d'Harry, comme elles se le devaient. Il savait qu'il s'agissait de leur obligation, mais il apprécia tout de même tout leur dur travail. Elles lui offrirent même une nouvelle chemise propre, puisqu'il était toujours torse nu.
Il se balada à travers les couloirs du château qui étaient à peine éclairés par la lumière du soleil levant. Il commença à marcher vers la Chambre des Cartes, mais s'arrêta en plein chemin, lorsqu'il vit un homme en uniforme devant la porte.
"Excusez-moi ?" demanda Harry à l'homme qui était dos à lui. Il portait un chapeau de Général et se tenait de manière plutôt prestigieuse.
L'homme se retourna. "Je n'ai pas pu changer autant, si ?" sourit-il.
Harry se mit à rire, heureux. Il lança ses bras autour de l'épaule de l'homme et lui tapota le dos avec force. "Fitz, mon ami ! Que fais-tu ici ?!"
"Je voulais juste voir comment toi et le Royaume allaient. Je suis surpris que tu n'aies pas brûler cet endroit en mon absence." plaisanta-t-il, donnant un coup dans l'épaule d'Harry d'une manière amicale.
Benedict Fitzgerald, Ben pour la plupart, mais Fitz pour Harry, était le conseiller du Roi Robert et Général d'Armée. Il était bien plus jeune que le Roi, presque un apprenti lorsque le Roi était monté au pouvoir du Royaume. Et il avait raison ; sans lui, le Royaume aurait brûlé jusqu'aux cendres.
Harry guida Fitz jusque dans la Chambre des Cartes. Cette pièce était le repaire d'Harry. Là où il s'enfermait pour penser, chaque fois qu'il avait besoin d'un peu de temps pour lui tout seul, et il s'agissait de sa pièce préférée du château. Une carte immense du Royaume d'Adwick et de ses alentours était accrochée sur le mur derrière le bureau du Roi.
"Tout va bien, monsieur le chef ?" demanda Fitz, laissant derrière lui tous les protocoles à propos de montrer du respect aux royaux. Il avait gagné la confiance du Roi Robert, ainsi que celle d'Harry, ce qui lui permettait de faire fi des protocoles, avec modération bien évidemment.
Harry soupira, se laissant tomber dans le fauteuil en velours derrière le bureau de son père. L'expression joueuse fut balayé de son visage, se faisant remplacer par un regard sévère. Il racla sa gorge, regardant droit dans les yeux de Fitz.
"Benedict," commença-t-il, l'appelant par son prénom, quelque chose qu'il ne faisait jamais, "je dois prendre une décision."
Fitz se redressa, le regardant sérieusement, attendant que le royal continue.
"Je vais faire construire une école publique pour la ville. Ouverte aux filles."
Fitz était sérieux, la lumière fut balayée de ses yeux. "Je pensais que tu n'aimais pas les enfants."
"Si, je les adore. C'est juste que- Je ne sais pas comment me comporter avec eux, mais je les respecte. Et c'est juste que nous-"
"Harry, tu sais très bien que j'ai beaucoup de respect et d'admiration pour toi, mais tu as perdu l'esprit ?" répliqua rapidement le Général. "C'est en des temps comme celui-ci que j'aimerais que le Roi Robert soit avec nous."
"Mon père aurait voulu ça." fit Harry, levant la voix, se défendant ainsi que ses idées. "J'ai même prévu de donner des livres de ma bibliothèque privée, peut-être même d'en ouvrir une publique. J'ai un château de plus, nous pourrions-"
"Ton père aurait voulu que les Nobles restent du côté de la Couronne. Leur plus grande fierté est que leurs enfants ont le privilège d'avoir accès à une éducation, et maintenant tu inventes cette ineptie ?"
"Quel est l'intérêt de ne pas avoir un peuple éduqué ? Ce dont Adwick a besoin est d'un changement drastique, et le seul moyen d'y arriver est en préparant les générations futures, les enfants sont le seul espoir pour ce Royaume, ils sont nos futurs avocats, docteurs, armée,-" Le Prince ce qui interrompre une nouvelle fois.
"Ce dont Adwick a vraiment besoin est du grain, du bétail et une armée. Et le seul moyen d'y arriver et en gardant les nobles heureux-"
"Tout ce que mon père voulait était qu'Adwick soit entendu. Il voulait que nous soyons reconnus comme étant les plus grands Rois, que nous nous fassions un nom parmi les plus puissants. C'est le moyen de faire ça. Je t'en pris, Fitz. Il n'y a rien que l'on puisse faire pour la population actuelle, mais il y a tellement de choses pour l'Adwick du futur. Ces enfants meurent de faim, ils ne vont pas à l'école parce qu'ils-"
"Ils ne vont pas à l'école justement à cause de ça, Harry !" s'exclama Fitz, essayant de raisonner le Prince pour une fois. "Ces enfants travaillent, ils aident leur famille à survivre, ils aident à mettre de la nourriture sur la table."
"Et c'est exactement ce qu'ils ne devraient pas faire !" répliqua Harry, devenant de plus en plus en colère avec les secondes. Il tapa son poing sur la table et se leva de son siège. "Les enfants devraient jouer dans une cour de récréation, se faire des amis, apprendre les maths et la géographie, peindre des soleils dans le coin des feuilles. Ils ne devraient pas travailler dans les usines. Ça n'est pas juste que cela soit autorisé."
"Cette fille t'es vraiment rentré dans la tête, n'est-ce pas ?" s'étouffa Fitz. "Tu aurais dû continuer avec les filles de nobles. Tu n'aurais jamais dû l'emmener voir sa famille. Cette famille n'est pas de ta responsabilité. Tu as d'autres choses plus importantes à faire. Ton père m'a laissé en charge de toi, alors s'il te plait, laisse-moi faire mon travail."
"Écou-"
"Non, toi, écoutes, Harry. Tu ne peux pas prendre des décisions aussi stupides sans avoir l'aval du Conseil Royal, et pendant qu'il n'y a pas de Roi, ça ne sert à rien de t'embêter avec ces idées. Ton père a toujours dit que tu ferais un bon dirigeant, et il n'avait pas tord ; mais ce n'est pas la bonne façon de le faire. Cette conversation est terminée. Je vais maintenant m'excuser et aller déballer mes affaires." annonça Fitz, tapant dans ses mains avant de les mettre dans son dos, baissant sa tête pour saluer le Prince.
Aussitôt qu'il eut quitté la pièce, Harry se tourna vers la table où était disposé un magnifique plateau d'échec. Avec un fort cri de rage qui fit irruption dans la gorge du Prince, les pièces en marbre noir et blanc tombèrent sur le sol, les faisant se briser en plusieurs petits morceaux.
Il plaça fermement ses mains sur le grand bureau, sa tête penchée vers le bas. Un léger ronronnement se fit entendre sous sa respiration rapide. Il regarda vers le haut, et vit une boule de poils blancs entrer gracieusement dans la pièce.
"Hey, Perce." s'adoucit Harry, caressant la douce fourrure de l'animal. "Qu'est-ce que tu fais ici, mon beau ? Est-ce que quelqu'un t'as réveillé ? Allons-y. Je t'emmène dans ma chambre."
Il porta l'animal dans ses bras, soupirant en fermant la porte de la Chambre des Cartes et ferma ses yeux dans le but de se calmer.
"Hey, tu aimes ça ?" demanda-t-il, frottant l'oreille du chat, ce qui le fit mordre. "D'accord, tu n'aimes pas du tout ça."
Alors qu'il marchait vers sa chambre, il s'arrêta devant deux grandes portes blanches. Il leva sa main pour toquer sur l'une des portes, mais s'interrompit, pensant que la jeune fille devait encore être en train de dormir, ne voulant pas la déranger à cette heure si matinale, puisqu'il était plutôt pour lui.
Il secoua sa tête et donna un petit baiser au sommet de la tête de Percy, un geste que son ami velu apprécia. Harry posa Percy sur le sol, et le laissa aller où il voulait. Il se tourna vers la porte en face de celle de Lena et toqua très fort dessus, cette fois ne s'embêtant pas de savoir s'il allait réveiller quelqu'un ou non.
La porte fut ouverte par son propriétaire à moitié endormi. "Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Harry ? Il est six heures du mat, qu'est-ce que tu veux ?"
"Habilles-toi, Niall. Toi, Crawford et moi, on va chasser aujourd'hui."
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