« Privée d' ""R"", la mort meurt d'asphyxie dans le mot. »

~Soupir...

L'envie me prend de vous raconter une histoire.

Non, elle ne relate pas sans cesse les aventures d'un héros sans failles ;

Il ne s'agit pas non plus d'une pathétique épopée au sens brouillé de superflu.

En fait, je me demande dans quelle case cette histoire prendrait sens. Peut-être la tragédie ?

Les traits sont encore trop fluets pour me laisser discerner correctement ce caractère.

En outre, cela va faire tout juste trois ans que je suis champion d'arène à Jadielle.

Comprenez l'exaltation que cela produit au moment où la nouvelle tombe, puis cet instant où toute l'excitation s'estompe. J'ai appris à mes dépens que la vie n'était pas qu'une partie de plaisirs.

Pourtant, être champion d'arène est une activité respectable, je dirais même le nec plus ultra de la vie de dresseur.

Mais attendre cloitré entre quatre murs, combattre, gagner, patienter à nouveau, guerroyer et encore triompher, ainsi de suite... Si cela ne tenait en effet qu'à moi, il y a bien longtemps que j'aurais abandonné à son triste sort cette harassante routine !

Seulement... Il y a ce mot qui coure dans mes veines comme du vif-argent . Un espion qui me guette à toutes heures de la journée, attendant le moment propice pour s'étaler et me fondre dessus... J'appelle ceci, sous son non moins terrifiant nom, les Obligations.

Que cela soit par amour propre ou par intégrité, même pour sa famille, il se doit des fois de prendre sur soi et attendre. De temps en temps, essayer d'écourter cette roue inébranlable, sans pour autant en arriver à un résultat pertinent...

En silence, le souffle court, j'encaisse.

Soit, j'essaye de "le cacher", contre mon gré... Ce profond mal-être. Cependant, au plus profond de mon esprit, je ne peux m'empêcher de penser qu'il ne s'agit-là que d'une laconique mascarade, un masque que j'enfile dès mon levé à l'aurore.

Je n'en peux plus de porter ce déguisement !

Ah, si seulement je pouvais l'attraper à deux mains afin de le réduire à l'état de pluie de confettis ! Si seulement j'en étais apte ! Si seulement je l'avais fait il y a bien longtemps !

Malheureusement, oui... Il y a une sécurité que je ne peux pas briser ! Je le sais, si je me débarrassais de ce fardeau, je mettrai beaucoup trop de personnes en péril... !

Mais quelle est véritablement cette menace ?

~Inspiration pour reprendre son souffle suivit d'un faible rire argentin...

Green ?

Qui est Green ?

Je ne l'ai point connu.

Ou il s'agit d'une lointaine personnalité que j'ai également fini par oublier.

Mais en m'y attardant, j'ai une vive perception de ce qu'avait pu être cette personne.

À qui le dites-vous ? Il m'arrive fréquemment de m'emporter ! Hormis le fait, que cette colère n'est pas tournée vers les bonnes personnes. Cette hargne, que je vais ici appeler comme mon ennemie, est une force incontrôlable beaucoup plus puissante que moi-même. Alors que toutes les cellules de mon corps me prient de me calmer, cette chaleur étouffante me brule les poumon et la gorge, et je vomis ces phrases en épieux... Ma grande sœur, mon grand-père, de pauvres dresseurs candides, Leaf et même mes collègues les champions d'arène ont souvent eu le droit de subir mes pertes dégradantes de maturité, mes crises, ou mes algarades. Le plus étonnant est qu'aucun d'eux n'ose riposter ou même d'essayer de me calmer... Peut-être est-ce parce que je suis vraiment intimidant au beau milieu de mes excès, ou simplement ils ont juste pitié de moi, c'est aussi probable...

~Nouveau soupir, lent et prolongé comme un pneu qui se dégonfle.

La seule personne qui me tenait durement tête jusqu'à ce jour était la légende vivante, Red. Cependant...

Celui-ci a disparu des radars il y a... Trois ans, exactement à l'interstice de mon entrée en tant que champion à Jadielle.

J'ai la gorge qui pique comme la peau d'un cactus en articulant ceci...

Depuis, celui-ci n'a plus donné aucune nouvelle.

Il vit dans sa propre ombre.

La presse locale a même décidé de divulguer une information aux traits erronés, cette "new" traitant le fait que celui-ci serait décédé quelque part, nulle part, ici, là, à Kanto, dans un lieu où son cadavre resterait à jamais introuvable.

Je suis persuadé que ce ne sont que des foutaises ! Oui... J'ai vraiment du mal à avaler ça. Ce mollard me reste en travers de la gorge à chaque fois que le gobe.

Red est un dresseur d'exception. Il ne peut pas mourir d'une façon aussi ridicule !

J'aime penser ça, me faire à cette idée... Car je voudrais apercevoir, ne serait-ce une dernière fois, Red. Peut-être pour prendre ma revanche, ou lui partager ma logorrhée amère.

Dans tous les cas, il finira bien par resurgir un jour ou l'autre, je ne m'inquiète pas trop pour ça.

~Sanglot.

Nina et moi sommes orphelins. Cela sonne terriblement cliché ainsi... Mais je n'ai pas vécu cette expérience avec euphorie. Je ne l'ai jamais digérée en fin de compte. Peut-être aussi parce que mon grand-père n'y a jamais mis du sien.

C'est le prof Chen qui s'est occupé de nous une partielle partie de notre enfance. Puis comme notre papi se devait d'être plus dévoué à ses recherches, mon ainée à reprit le flambeau. Nous livrant à nous-même une seconde fois.

Là, cette mélancolie s'est changée en colère.

Je me sentais faible, abandonné, seul... Il fallait que je me protège...

C'est à ce moment que j'ai commencé à devenir indifférent au monde qui m'entourait.

J'ai commencé à mépriser les autres.

Même ceux que je reconnaissais comme plus forts que moi.

J'étais en quête d'attention...

Mais je ne l'ai jamais trouvée.

~Reniflement discret, le souffle court.

Aux yeux des personnes extérieurs j'étais devenu un garçon vantard et rebelle. Mais je crois qu'au fond de moi, je restais un Green timide et renfermé, avec un terrible trouble de l'attachement.

Je m'en souviens comme si c'était hier... Red avait emménagé à la porte voisine.

Je ne savais plus sur quel pied danser ; je voulais m'en faire un ami. Mais je ne sais pas ce qu'il m'a pris. La situation à voulu que je me sente mal à l'aise, et je l'ai frappé, en plus de le mordre à la main. Puis j'avais été rongé toute la nuit par cette crainte. Je ne voulais pas être puni, ni que mon grand-père me cri dessus. En fait, il a commencé à m'ignorer. ET c'est comme ça qu'il a décidé de m'éduquer. Lorsque je faisais une connerie, il ne m'adressait plus la parole, que des regards hautains.... Enfin, c'est devenu une habitude.

~Expiration...

Néanmoins, en revoyant avec recule mes actes d'antan...

J'ai belle et bien omis ce détail...

Un tout pitit détail superflut...

Il y a de grande chance que je sois le garde personnel de Giovanni, leader même de la Team Rocket à Kanto.

Maintenant, j'arrive à percevoir plus clairement cette erreur monumentale.

Une chute sans fin...

Une descente corrosive dans les boyaux des enfers...

Je me demande ce qui a bien pu se passer dans la tête de Green ce jour-là.

~Souffle saccadé.

On m'avait proposé, et j'avais accepté. Cela allait de soi.

Mais avant, je ne me rendais pas forcément compte du danger qu'elle représentait. Oui... Il ne s'agissait pour moi que d'une bande de bras cassés et de bons à rien...

Étais-je aussi crédule à l'époque ?

J'avais accepté ce travail avec tant de détermination, de contentement, étant donné ma seule obsession. Peut-être que je voulais écraser mes adversaires par tous les moyens possibles, peut-être que je n'ai pas changé avec le temps ? Alors l'aide d'une organisation n'allait pas me faire de mal, me permettant de me mettre facilement en poche les badges, le conseil quatre et... Mon rival Red contre un peu de don de soi. Peut-on parler de don de soi ?

Enfin bon, à quoi rime tout ça ? Il faut tourner la page...

Sauf lorsque constamment, ta vie est en danger... !

Argh...

~Respiration bruyante, expiration et inspiration par la bouche.

Après avoir rejoint la Team Rocket et être monté graduellement parmi les plus forts, la défaite cuisante que m'avait fait subir Red me donna un claque cuisante. Mon âme saignait, et j'entamais cette longue pérégrination intérieure pour la panser.

Seul le nouveau maître était au courant de cette liaison que j'entretenais avec ces malfrats, et à mon plus grand bonheur n'avait divulgué cette information à personne ! Ni même à ma sœur... Ni même à mon grand-père...

La honte me rongeait, mon esprit et mon corps se mangeaient mutuellement.

Je n'en pouvais plus... Il me fallait quitter la Team Rocket !

Mais comment dire ça à un mafieux ?

Si Giovanni l'apprenait, il me ferait taire immédiatement ! S'en prendrait à ma famille, dans le pire des cas.

Je connaissais beaucoup trop d'informations compromettantes sur la Team Rocket !

~Souffle gras, épaissi par la peur, et trouble.

Cet homme est juste beaucoup trop dangereux ! Je ne tiens absolument pas à m'fritter avec lui, je tiens beaucoup trop à ma vie ! Mais, aussi... Je risquerai de mettre en danger Nina et papi !

Sur le coup, je serais prêt à faire n'importe quoi pour leur vie... Ce sont les deux seuls membres de ma famille balafrée.

Apparemment, tout le monde peut ressentir de la peur...

~Dégonflement.

Comment vais-je me sortir de cette merde... ?

« Entre le mot et le mort, juste un "r" de différence, celui qu'il me faut pour respirer. »

Écrire pourquoi ? Argol, 2005, p.13. - Thierry Beinstingel