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une sorte d'introduction, ou la décision


Le parfum amèrement délicat d'une clope se répand dans ma bouche. Mes poumons s'écartent, font pénétrer en silence cette fumée qui les noirci mais qui semble si blanche, si douce, si angélique, dès qu'elle passe la barrière de mes lèvres. À côté de moi, Gaëlle fait défiler en vitesse les storys de gens qu'elle ne connaît sûrement même pas, une cigarette coincée entre ses lippes que j'ai quelque fois embrassées, habilement vêtues d'un rouge à lèvre foncé. Je me sens absent.

-Clovis ?

Elle m'appelle. Sa main joue distraitement avec l'une de ses mèches rousses.

-Je vais chercher un café, continue-t-elle, tu m'accompagnes ? et elle jette le minuscule mégot qui lui reste dans le bac à clopes, après l'avoir écrasé d'un coup de talon, comme elle aurait écrasé un énième cœur éprit de ses sourires.

-J'arrive.

Je me lève et mon mégot se fait broyer par ma semelle. Les mains profondément enfoncées dans mes poches, le la suis à travers la cour du lycée. L'année de terminale s'écoule comme un long fleuve très, très tranquille. Le fait est que je m'ennuie terriblement.

Les gens ne savent pas penser, ils s'attardent et s'amusent de choses ridicules. Certains s'en détachent et se creusent eux-mêmes une vie, au lieu de suivre les jolis avis déjà prêts. C'est, en général le cas des gens dont j'apprécie la compagnie. Mais ils se trouvent des bouts d'existence. Gaëlle a la musique. Albain a Mathias. Hemmil a Charli, et Feng comme Lucien vivent leur vie de leur côté, remplie de morceaux d'adolescence, détachés des âmes des autres. Moi, je n'ai rien. Rien d'autre que la réputation d'être un des gars les plus bizarres de l'établissement, et mon élevage de phasmes. Mes cheveux bruns en bataille, et mes habits farfelus.

Je prends le café brûlant que la rousse me tend, le temps qu'elle cherche un truc dans son sac. J'en prends une gorgée, elle râle et le récupère. Je n'aime pas le goût du café, c'est âcre et ceux de Gaëlle sont trop sucrés.

L'hiver continue de s'étaler sur le mois de mars, on se pèle. Tous les gens que je croise me parlent du bac, du bac, du bac, ils sont pathétiques. Mes résultats scolaires, ma future place dans le monde, c'est ça qui compte à leurs yeux. Et je n'en ai franchement rien à faire. C'est pesant, de voir autour de soi les gens s'agiter pour te convaincre de vite te trouver une place dans cette société pourrie. J'ai tellement envie de m'en aller. Ils pourront dire que je fous ma vie en l'air, que je ne suis qu'un con insolent et inconscient, et ils n'auront sûrement pas tort. Seulement, je ne m'empoisonnerai pas avec leurs avis : je serai déjà parti. Un rictus se dessine sur mes lèvres, encore chaudes du baiser du café.

-Qu'est-ce que tu as, à faire cette tête ?

Gaëlle ne sait rien. Je hausse les épaules.

-Je pensais juste à quel point le prof de math allait être heureux que je sèche son cours.

Elle laisse échapper un éclat de rire ;

-Je vois déjà son visage réjoui de constater que son cher et brillant Clovis manque encore à l'appel.

-Passe-moi une clope et 50 centimes, s'il te plaît. On se retrouve à la sortie.

Elle s'exécute avec un soupire.

-Compte pas sur moi pour récupérer tes copies, par contre.

Mes lèvres se plissent dans un léger sourire.

-Je n'y comptais pas.

Mais finalement, je ne suis pas allé fumer. Je n'ai pas pris de café. Je me suis assis au fond de la salle d'étude, et j'ai ouvert mon carnet. La fille en face de moi et plutôt jolie, alors je laisse ma main tracer son visage avec un stylo bleu, et elle rejoint les pages abîmées par tant de croquis. Je soupire, et écris : « La fille blonde au sac bleu, salle d'étude, un jour de mars »

L'un de ces groupes pathétiques de gars plongés dans des préoccupations sans intérêt et incapables de penser d'eux-mêmes écoute de la musique trop fort, assez pour que je l'entende, et les paroles ridiculement simplistes sur une voix chargée d'auto-tune me font rassembler mes affaires, et je pars. Je suis un de ces gosses sans but, mais assez hypocrite pour juger le but des autres.

Je me donne deux semaines pour partir. Ma mère pleurera sûrement, mon père sûrement pas, et puis peu importe, je n'ai pas besoin d'eux. Ils ne me voient déjà plus. Je me suis assez éloigné du vide caché derrière le plein artificiel de ce monde pour devenir un spectre aux yeux de mes parents. Ceux qui me voient encore ne me verront bientôt plus. Je veux aller là où on voit les fantômes sans les dépouiller de ce qui fait d'eux des fantômes. Ça existe un endroit comme ça ?

L'encre de mon stylo coule sur mes doigts et s'étale dans les plis de ma peau. J'ai ressorti mon carnet, et cette fois je décris en quelques phrases la mouche qui fait des vas-et-viens dans le couloir. J'hésite à parler à Gaëlle de mon projet, celui de lâcher sans remords tout ce qui faisait ma vie depuis maintenant. Mais, non, je ne lui dirai rien. Elle serait bien fichue de me retenir.

J'ai déjà fugué, quand j'étais gosse. Jamais bien longtemps, cependant. Le plus long, ça a été quand j'étais partit chez ma grand-mère sans prévenir personne. J'y était resté une semaine, elle n'avait rien dit à mes parents. J'avais onze ans, je crois. Quand je me suis calmé, je suis rentré, en silence. Mais cette fois-ci, je ne compte pas me calmer, ni rentrer. Avant, je ne cessais de faire des vagues. Maintenant, tout est si plat que les vagues me manquent. L'absence est plus pesante que le plein. Mon téléphone vibre.

« Le cours est tellement ennuyant, t'as bien fait de sécher »

Je souffle du nez. Mon téléphone est bien sûr de trop pour mon départ. Je n'ai besoin que de mes carnets. À quoi ça sert, de garder le contact avec des gens quand on veut s'en débarrasser ? Se débarrasser des autres, si ça n'était que ça. Je sors de mon sac mes écouteurs et les enfonce dans mes oreilles. La musique, j'aime ça. Je prendrai mon vieux mp3, quand je partirai. Je ressors mon carnet, et dévisse l'encre de mon stylo. Les gouttes bleues s'échouent lentement sur le papier, et forment des ronds bleus remplis de nuances. Je dessinerai par-dessus en noir et au blanco, quand ça sera sec. L'heure avance, Gaëlle va bientôt sortir de cours. Alors, en l'attendant, je fixe mon départ. Puisque je n'ai que ça dans la tête, que cette envie déchirante d'aller voir ailleurs, et si possible loin.

Je partirai dans 11 jours. 11, comme l'âge que j'avais quand j'ai fui pour ne pas exploser. Désormais, je décolle pour ne plus palper que du vide. 11 jours, c'est pas mal, ça me laisse le temps de me préparer. Je ferai mon sac au dernier moment, puis je prendrai le vélo de mon paternel pour m'extirper du trou à rat qui me sert de village. Je suppose qu'un coup de batte dans le système d'ouverture du portail les ralentira suffisamment pour que j'arrive au parking des bus. Même si (mes lèvres s'arquent en un rictus), même s'ils n'ont qu'un petit coup de fil à passer auprès de la police pour qu'ils se chargent de me poursuivre à leur place. Ma mère n'y manquera pas, bien sûr, ça serait trop beau.

La sonnerie retentit, le couloir se charge d'un paquet grouillant d'humain. Certains partent, certains viennent, cette valse dénuée de sens, qui n'a de source que l'obéissance, c'est hypnotisant. Comme c'est triste, personne ne réfléchit, personne ne pense, tout le monde avance, parce que c'est plus simple que de faire face à des responsabilités que l'on n'a même pas choisies. Le système scolaire est dégoûtant, comme c'est lâche de cracher dessus parce que je ne sais pas en faire partie.

Ça me fait penser que depuis quelques temps, mon père ne me fait même plus remarquer les absences encours notifiées sur son téléphone. Ça ne m'étonne même pas, honnêtement. Il doit penser que j'ai totalement abandonné les cours, que je ferai mieux de ne plus du tout me rendre dans l'établissement, que ça économiserait sur les trajets en bus, entre mon village et la ville. Pourtant, je viens toujours. Mes dernières accroches sont ici, entre le joli visage de Gaëlle, et les moments passés avec les quelques autres dont je connais le nom. Qu'importe, dans quelques jours tout disparaîtra. Ou plutôt, non, dans 11 jours, c'est moi qui disparaîtrai, j'arracherai mon spectre hypocrite et inutile. Je vais vivre pour moi-même et compléter mes carnets.



_________________________

Hey, wattpad.

Je ne passe plus trop par ici. Je n'accorde plus beaucoup d'importance au fait de partager mes textes sur cette plateforme, j'ai trouvé un exutoire plus adapté. Mais, quand j'ai commencé à écrire ce projet, il y a 2 ans, j'avais pour but de le publier ici.

Alors, maintenant que j'ai terminé la première partie de Clovis (un ensemble de vingt chapitres), je me suis dit que j'allais la publier ici petit à petit, pour me motiver à continuer, et répondre au projet de la moi d'il y a deux ans.

Chronologiquement, l'histoire de Clovis est la dernière du projet constellation. Mais comme c'est celle que j'ai écrite en deuxième, après Under Water qui a fortement besoin d'une réécriture, j'ai une grosse flemme de finir les quatre autres histoires avant de commencer à publier.

Quand les autres arriveront, retenez qu'elles se situent avant, dans le temps. Toutes les autres histoires se sont déjà passées quand celle de Clovis commence. Même si pour le moment, je vous l'accorde, ça n'a pas beaucoup d'importance :')

A venir : énormément de sel, énormément de mépris et de râlements, peu de positivité et de bonne humeur. Mais c'est Clovis bebou et on l'aime comme il est (askip) :)

Bonne vie,

Mélodie~

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