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une soirée sans solitude, ou nocturne


Milan est allé au SPA de l'hôtel. Avant qu'il ne parte, je lui ai demandé de quoi passer le temps. Il m'a laissé son ordinateur portable, avec lequel il se promène dans sa valise. J'ai fouillé dedans, aucun fichier compromettant, à croire que ce gars est impeccable. Son historique de recherche contient principalement des trucs relatifs aux études et des vidéos gênantes de Youtubeurs connus. Rien de spécial. Des photos, de vacances, de paysages, triées par date et par contexte, à croire qu'il n'a que ça à faire.

Je créée un dossier, que j'appelle « le fantôme de l'ordinateur ». Peut-être suis-je un peu obsédé par cette idée de fantôme, c'est vrai, mais je m'y retrouve si bien. Pour une fois qu'une image qui me colle à la peau ne me répulse pas. Je cache le dossier au milieu des autres, perdu dans la marée informatique.

Dedans, j'ouvre un document, sans nom. J'y écris : « hey. ça va, toi ? il y a des jours avec, des jours sans. l'important, c'est de continuer. ouais, c'est stupide comme raisonnement, franchement j'y crois pas. certaines personnes ont une vie pourrie et c'est comme ça, ça ne change pas. »

« tu m'as demandé qui j'étais, je te retourne la question. pourquoi tu m'accompagnes ? pourquoi tu t'es mit en tête de ne pas me lâcher ? franchement, je suis détestable. ton attitude me donne encore plus envie de l'être et en même temps j'en suis incapable. qui es-tu, merde ? »

« mars, mars, les mois défilaient sans que je puisse les palper et enfin je sais où on en est. il y a onze jours, j'ai décidé de partir, et me voilà. à deux heures du matin, montant dans un bus aléatoire dans lequel t'étais aussi. coup de veine ? je sais pas trop. j'attends de voir. »

« un fantôme, c'est moi Clovis. je ne sais pas si je veux changer ou pas. si j'ai envie d'être meilleur ou de rester morne, hypocrite, cynique. ça a du bon, de se faire détester. on me fout la paix, c'est tout ce que je demande. la paix, le silence, la solitude, mes carnets. espérons que tu ne tomberas jamais sur ce document. »

Je ferme la page, après une sauvegarde automatique. Je suis stupide et puéril. C'est quel genre de communication, laisser un texte perdu dans un pc, camouflé au milieu des autres dossiers ? Hm, peu importe. Je l'effacerai la prochaine fois que j'aurai cet ordinateur entre les mains. Ou même, il n'a pas de code, je me débrouillerai. Parler, discuter, c'est tellement pénible. Il faut réussir à formuler sans réfléchir, éjecter des mots, progéniture de cordes vocales articulées par une bouche. Ecouter, comprendre, alors que tant de de formes de pensée, d'idées, de pulsions, de tensions, sont indicibles et impalpable, incapables de passer dans vibrations et de nuances, et passent à la trappe.

Je préfère l'écrit. L'écrit, tranquille, posé, morceau d'âme sur le papier. Avec, plus de malentendus, je suis seul face à moi-même, inaudible, figé dans le temps. Les dessins accompagnent les lettres, je module l'espace et deviens unique créature, et créateur. Les formes qui jaillissent de mon stylo rendent les feuilles plus belles, imprégnées de mon passage, de ma profondeur.

Je suis stupide.

Il est tard, maintenant. Le ciel est de plus en plus sombre, et la pièce se fait engloutir par les ombres, mais je n'allume pas la lumière. J'aime être englouti. Ainsi, mon âme apaisée n'est plus assaillie d'images et de motifs, de photons qui transpercent la rétine. Je ne suis plus qu'un corps ramolli et allongé, ne faisant plus qu'un avec le matelas. Je ne suis plus qu'un humain malléable et ordinaire. C'est reposant, de ne plus se sentir Clovis.

Mais un abruti allume la lumière. Je siffle et me retourne, enfouissant mes yeux agressés dans le tissu.

-O-oh, désolé, j'éteins (la torture lumineuse cesse, mais le mal est déjà fait). Ça va ?

Je ne réponds pas à Milan qui, penaud, s'assoit sur le rebord du lit.

-Tu dormais ? Je ne pensais pas, excuses-moi, continue-t-il dans le vide.

Il pose sa main sur mon épaule. Le contact de sa paume sur mon sweat ne laisse pas mes capteurs sensoriels indifférents.

-Clovis ?

Détestable. Je me redresse, me lève, m'éloigne. Cette nuit va être un enfer. Finalement, le pont était peut-être préférable. Je jette quelques mots pour mettre fin à ses excuses horripilantes.

-Je ne dormais pas.

-Oh. Désolé quand même.

Heureusement qu'il a laissé les ombres revenir m'enlacer, où j'aurais cédé à la pulsion tentatrice qui me demande de dégager en laissant tout en plan. Insipide.

-Pour demain, commence-t-il alors que sa silhouette n'est qu'une tâche dans la chambre, je vais rentrer dans ma ville. Je pensais te payer une chambre dans une cité universitaire ou un truc du genre, si tu veux, le temps que tu puisses... je ne sais pas, faire ce que tu comptes faire.

-Partir, par exemple ?

-Par exemple. Est-ce que tu voudrais sortir manger ? Il y a des restaurants à proximité. Je te paye le repas.

Ce gosse est obsédé par le fait de me payer le monde ? Pas question, rien que l'idée de manger en face à face avec lui me répulse. Je préfère crever de faim.

-Non merci. Vas-y, toi.

Il hoche la tête.

-D'accord. J'y vais, alors.

Il empoche quelques papiers et déglutis. Je le vois hésiter à parler.

-Ça va ?

-Ouais.

-Bonne soirée, Clovis.

-De même, Milan.

Et il sort, en fermant la porte. Je sors en silence le sandwich restant de ce midi de mon sac, déchire le plastique qui le protégeait. Le pain est ramolli et la sauce a dégouliné dans le paquet. Je remplis mon estomac lamentablement, à mon image.

Je retire mon sweat, simple peau bouffée par l'air, bouffée par le monde. Je me glisse sous les draps, mes écouteurs envoient la musique dans mes oreilles, mon cœur recommence à battre. Bon sang, que respirer est dur. Mon crâne hurle son désir pulsionnel de se laisser mourir.

J'attends, le temps s'accroche à mes lèvres, enlace et étouffe mon cou, enfonce mes bras, mes mains, mes doigts, déchire mon visage et mes paupières. Quelques larmes éphémères et dénuées d'émotion s'en échappent, rapidement absorbées par les draps. Je me sens faible. Le monde est faible. Suis-je le monde ? Je ne suis même pas mon propre monde. Ais-je un monde ? Est-ce que j'existe ? Certainement. Impossible d'être détestable si l'on n'existe pas. Même les spectres existent. Je me sens vide. Je n'aime plus rien, ne déteste plus rien. Les notes continuent de me maintenir en vie.

Un peu de lumière qui entre dans la chambre. Des bruits de pas, des bruissements, des respirations. Une légère pression sur le matelas, les draps qui se fait un peu tirer. Je baisse doucement le son de ma musique. Un murmure.

-Tu dors, Clovis ?

Je ne réponds pas. Je ne sais pas, si je dors ou pas. A partir de quel moment est-ce dormir ?

-Tu m'entends ?

Je préférerais ne pas t'entendre. Mais en même temps, je suis incapable de remonter le son dans mes écouteurs. Heureusement, je lui tourne le dos.

-Dis, Clovis...

Non, je ne dirai rien.

-Est-ce que ce que je fais est bien ? Je veux dire, on ne se connait pas, et j'ai l'impression que tu me déteste. Est-ce que tu me déteste ? Je suis vraiment nul en relations humaines, tu sais. Mes parents me détestent, mes potes me détestent, et toi, t'avais tellement l'air... perdu ? Rêveur ? Comme une âme vagabonde. Je voulais t'aider, je voulais tellement aider et me sentir utile, j'ai été stupide. Je suis désolé.

Je soupire. Répondre ? Ne pas répondre ?

-Franchement, arrête de t'excuser.

Je le sens tressaillir.

-Tu ne fais ni mal ni bien. J'ai besoin d'argent, tu en as, c'est toi qu'as voulu m'aider. Fais ce qui te chante, c'est tout. Même si je déteste être dépendant de quelqu'un d'autre, ça changera, en attendant je suis dans un lit. C'est mieux qu'un trottoir. Maintenant, tais-toi et dors. A demain.

Quelques secondes de silence. Je sens son souffle sur la peau de ma nuque. Il finit par demander, la voix tremblante :

-Est-ce que tu me déteste ?

Je roule des yeux. Bien sûr que je le déteste. Juste moins que les autres êtres humains.

-Non, je ne te déteste pas, Milan.

Je sens ses doigts effleurer mon dos, hésiter en sentant que ma peau est nue. Son front se pose au niveau de mes omoplates. Quelques gouttes salées tombent sur mon épiderme.

-Merci, murmure-t-il.

Puis il s'éloigne, se retourne.

-A demain, Clovis. Encore désolé.

S'il s'excuse ne serait-ce qu'une fois de plus, je vais finir par l'étrangler.

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