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le goût du café, ou la fuite


Ce réveil là est moins dur que celui de la veille. Le soleil ne transperce pas mes yeux comme une balle de fusil. A la place, il m'embrasse, m'extirpe des bras de Morphée en silence et en douceur. Ah, soleil, si seulement. Le ciel est d'un blanc parfait, comme vide et figé. Je me sens un peu comme lui. Je me tourne, Milan est toujours là, allongé, les yeux clos, probablement encore endormi. Mon corps est engourdi. Ma bouche dans laquelle le goût du sandwich au poulet de la veille a macéré appelle à être rafraichie.

Milan est beau. Je soulève le drap, m'assoie sur le rebord du matelas. Je m'étire, délice de sentir mes articulations tiraillées, mes muscles au bord de la rupture. Mes pieds nus sur le parquet, mes paupières qui se ferment et s'ouvrent, mes poumons qui se gonflent d'air avant de s'affaisser. Je sors de mon sac ma brosse à dent et mon dentifrice, que je me remercie en silence d'avoir emporté. Peut-être, finalement, sont-ils effectivement la base d'une fugue convenable.

L'eau coule, imprègne mes muqueuses, glisse sur mes dents, comme une vague, comme une rivière, simple mouvement, terriblement ample et restreint à la fois, mordant amoureusement ma langue et mon palais restés trop longtemps dans la stagnation. Je regarde mon visage dans le miroir.

Mouais. J'ai le mérite d'exister.

Quand je reviens vers le lit, Milan n'y est plus. Il est debout, devant la fenêtre. Il m'a certainement entendu, mais il ne se tourne pas vers moi. Il remue ses mains, le regard planant quelque part entre la vitre et l'immensité blanche du ciel. Je finis par entamer moi-même la conversation.

-Bonjour.

-Bonjour, répond-il plus doucement.

Silence. Il vibre, respire, son corps existe et vit sous mes yeux. Mais sans partage, vide face au vide, impossible de percevoir ce qui s'écoule dans son esprit, de capter les nuances de sa pensée. J'ai besoin qu'il éjecte tout pour comprendre le monde.

-Il est où, l'endroit où tu retournes ?

-Pas très loin d'ici. Une petite heure de route.

-Je vois.

Il ne dit plus rien. Je réfléchis. Est-ce que l'offre pour venir avec lui tiens toujours ? Est-ce que je veux venir avec lui ? Ça serait pratique, c'est sûr. Mais le pratique importe peu. Tout est relatif. Favoriser une vie facile, c'est ridicule. Mais je suis si seul, perdu au milieu du monde. Homme fragile et grisé qui vogue dans l'infinité, qu'une autre âme accompagne pour le moment. C'est pour le mieux. Discuter et supporter les autres, m'énerve. Être seul, sans personne avec qui partager mes aléas, sans autre créature humaine pour respirer le même air, offrir mes mots, est pire. Insipide. Je suis solitaire, mais je n'aime pas la solitude.

-Tu m'as parlé de venir avec toi hier, je commence. C'est toujours d'actualité ?

Il fronce les sourcils, incompréhensif.

-Tu voudrais ?

-C'est toujours d'actualité alors ?

Son visage se crispe doucement, légèrement, ses lèvres se tordent. Il finit par murmurer :

-Bien sûr. C'est comme tu veux. Je ne veux pas te forcer.

Il a l'air prit au dépourvu.

-T'as dit que tu allais me payer un appart' ou une chambre. Je ne vais pas cracher sur la possibilité d'avoir un logement offert.

-Oh ça, ça ne sera pas grand-chose. Pas une chambre aussi bien que celle-là.

Un petit signe de main en direction de l'immense lit que nous avons partagé. Il m'esquive du regard, probablement encore gêné que je sois torse-nu devant lui. Mais mon corps a si peu d'importance à mes yeux. Dans le seul but de le libérer du poids de la vision de ma peau pâle, je vais fouiller dans mon sac, y trouver un tee-shirt.

-Je... j'aimerais beaucoup que tu viennes avec moi. Mais je ne vais pas dans une grande ville, même pas une petite, juste un village un peu triste du fond de la Bretagne où tout le monde déprime.

-Ouais, ça sera parfait.

Il hoche doucement la tête.

-Ok, on fera comme ça, alors.

Il va chercher dans sa valise de quoi se changer. Il enfile une chemise blanche et un pantalon droit, de quoi faire ressortir l'angle parfait de sa mâchoire, de ses épaules, la forme délicate de ses mains.

-Allons déjeuner, avant de partir.

-Je te suis.

Comme deux amis ou deux amants, âmes égarées dans les couloirs, on se suit l'un et l'autre, jusqu'à une grande salle où sont mis à disposition divers aliments associés au premier repas du jour.

Milan prend une assiette, y entasse du pain, des confitures, des fruits, tout un festin. Je me contente d'un quignon et d'une tasse de café. Le café, c'est âcre, je n'aime pas ça, encore moins sucré. Et pourtant, pourtant je me sens obligé d'y verser un petit sachet de cristaux blancs. Ne serait-ce que pour me rappeler le goût des lèvres de Gaëlle. Assit en face de moi, Milan me dévisage.

-Tu es beau, Clovis.

J'y suis insensible. On me l'a dit quelque fois, certaines personnes ont su trouver quelque part sur mon apparence quelques notions de beauté. Et même s'il m'arrive d'en trouver sur les autres, le fait qu'on me le fasse remarquer me laisse indifférent.

-Peut-être. Je suis, c'est déjà bien.

Je m'échappe dans ma pensée. Je le dévisage à mon tour, me souviens du dessin que je n'ai pas terminé de ce visage si agréable à observer. Je me souviens d'à quel point c'est tentant de caresser ces joues, de compresser ces lèvres contre les miennes.

-Toi Milan, toi tu es beau.

Il sourit avec douceur, un sourire discret et gêné.

-Merci.

Le café dévale ma gorge, brûle mes papilles, me replis de cette sensation chaude et légèrement acidulée des cafés artificiels faits d'eau et de poudre. Les mêmes que ceux que Gaëlle prenait. Gaëlle, Gaëlle, belle rousse qui nous a supporté, mes failles et moi, si longtemps. Je t'ai abandonné comme si tu n'étais rien. Peut-être que tu t'y attendais.

Je suppose que l'on partira peu après. Vers le fond de la Bretagne. Hm, la vie continue. Milan croque dans une tartine, je fais de même dans mon quignon. Dur, sec, aucun plaisir gustatif.

Je me relève, je vais chercher une pomme. Elle est acide. Le café était trop sucré. Je soupire, finis par avaler le reste du quignon. Ma mère m'a toujours répété que j'étais trop maigre, de toute façon. Un squelette sur patte, difformité parmi les difformités, monstruosité parmi les monstres. Les hommes sont ridicules. Je suis ridicule. Pourtant, je ne suis pas toujours sûr d'être un homme. Tant pis, aucune importance. Je suis nourri, alimenté en nutriments, assez pour ne pas crever de faim. Mon corps s'en contentera.

Je débarrasse, signale à Milan que je retourne dans notre chambre. Il me passe la carte magnétique pouvant ouvrir la porte. Je remonte, retourne sur nos pas, âme seule et solitaire, sans ami ni amant. Clovis et seulement Clovis.

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