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la froideur du marbre, ou les larmes


Caoutchouc contre asphalte. Sensation d'immobilité alors que le paysage défile par les fenêtres, être biaisé par l'opposition des forces sur ma maigre réalité physique. Une créature de métal et de plastique qui translate avec elle à travers l'espace les corps qui la conduisent, mon corps, vers un endroit que je ne connais pas.

Je ne connaissais pas grand-chose jusqu'à maintenant. Ma maison, où plutôt celle de mes parents. Le quartier résidentiel classique et ennuyant où les gens ne venaient que dormir. Quelques capitales européennes dans lesquelles j'ai voyagé, enfant, avec ma famille. Presque rien, en somme, d'un monde titanesque et grouillant.

Rien qui me permette d'appréhender là où Milan me guide. J'ignore encore si j'ai eu raison ou tort de lui accorder une telle importance, au point de le laisser me proposer une potentielle destination provisoire dans ma quête de liberté et d'imprévu. Je suppose que j'ai été flemmard, et que c'était plus simple que de devoir me trouver moi-même un chemin.

Sans téléphone, sans repère qui calcule et quantifie à ma place le temps qui s'écoule, impossible de déterminer depuis combien de temps nous roulons. Trop à mon goût. Pas assez pour être déjà arrivés.

Milan remue entre ses doigts un morceau de tissu quelconque. Hm. Depuis le départ, il n'a rien dit. Il se tient silencieux à côté de moi, regarde sans un mot à travers la fenêtre. L'air agité à l'intérieur, pensif. De retourner auprès de sa famille ? J'ai cru comprendre qu'il était intentionnellement parti loin. Tch, c'est ridiculement humain, de rejeter ses semblables, justement pour la moindre dissemblance. Est-ce qu'ils le détestent réellement ? Ou est-ce juste une impression de sa part ?

Je vais bientôt le savoir. Le temps de trouver un lieu de vie pour moi, Milan a prévenu ses parents que je vivrai chez eux quelques jours. Une rencontre éclatante à venir. Il m'a promis que ça ne serait pas longtemps. Quelques pas dans sa vie avant de faire marche arrière.

On traverse plusieurs patelins, j'ignore encore où l'on va. Je n'y fais pas attention. Je ne regarde plus les panneaux aux entrées et sorties, y compris le dernier que l'on passe, avant de s'engager sur un chemin de terre en bordure de route. Bordé d'arbres et de gazon, le genre de mise en bouche que mes parents auraient adoré avoir. Quelques parterres fleuris, un portail de fer forgé, et l'on s'engage dans un jardin somptueusement repoussant. Milan, plus crispé que jamais, regarde dans le vide. On finit par s'arrêter dans le grincement des graviers blancs.

Une porte d'entrée aussi grande pour des créatures aussi infimes que les hommes, c'est pathétique. Les marches qui y montent sont en marbre blanc, comme les piliers qui encadrent la porte. Je lève un sourcil, dubitatif. Vraiment ? Il y a donc sur terre des gens qui sont la preuve que le ridicule ne tue pas. Du moins pas assez vite. La porte s'ouvre, sur une femme droite à l'allure serrée s'avance.

Milan prend une grande inspiration, et ouvre la portière, je l'imite. Sans un regard pour la femme qui s'approche, il récupère sa valise, qu'il laisse lourdement tomber sur les graviers.

-Bonjour, Milan. Je vois que tu es rentré. Et voici donc ton ami, je suppose. Avez-vous fait bon voyage ?

-Très bon, merci. (Il se tourne vers moi) Maman, je te présente Clovis. Clovis, voici ma mère.

Je la salue d'un signe de tête. Rien de bien spécial pour le moment, simplement une famille bourgeoise qui pète plus haut que son cul et qui regarde les moins riches comme des inférieurs.

Tendu, Milan me tire vers l'intérieur. Mon sac sur l'épaule, je le suis alors qu'il passe le pas de la porte derrière sa génitrice. Cette dernière nous informe qu'une chambre a été préparée à mon intention, à l'étage. Au moins, je dormirai dans le luxe une nuit de plus.

Le sol est en lisse et propre, tout transpire les moyens financiers et l'étalement des richesses. A côté j'ai l'air d'une tâche humaine tout droit sortie d'une décharge, et ce n'est pas pour me déplaire. Après tout, j'ai l'habitude d'être une tâche. Je suis Milan le long d'un escalier, et il finit par s'arrêter devant une porte de bois sombre :

-Voici ma chambre. La tienne est juste à côté.

-Ok, j'y vais alors.

Je le laisse entrer, continue ma route. Je pousse la porte, pour entrer dans une pièce qui fait la taille du salon de la maison de mes parents. Sans blague, autant de place pour une chambre aussi vide ? Une armoire vide et massive dans un coin, une commode, un lit deux places dans lequel il me tarde de m'étaler avec de la musique.

Je laisse tomber mon sac sur le carrelage. Quelques minutes, et j'entends toquer à la porte. Milan entre.

-Sérieusement, ils ont tout changé pendant que je n'étais pas là. Ils ont vidé mes étagères, tu te rends compte ? Je me sens tellement mal à l'aise, je n'ai pas l'impression d'être dans ma chambre. Enfin, ça a toujours été comme ça. Mais là c'est pire, j'avais réussi à m'approprier un peu cet espace. C'est redevenu froid et vide. Je déteste ça.

Je soupire. J'ai hâte de repartir de cette baraque. Sentiment exacerbé lorsque, quelques heures plus tard, nous nous asseyons autour d'une large table, le temps du souper.

Hm, un relent de certains de mes repas de famille. En nettement plus antipathique et froid, comme si chacun essayait de prendre l'ascendant sur les autres, de dominer pour mieux régner. Une ambiance, donc, de celles que je voulais fuir à tout prix. Je n'aurais jamais dû suivre Milan. Le temps s'accroche à moi comme s'il voulait rendre chaque seconde interminable, comme si une éternité devait se répéter entre chaque plat, entre chaque bouchée. Milan fixe son assiette, je le fixe lui. Sa mère parle dans le vide en s'adressant à son fils :

-Et tes cheveux ? Tu ne vas pas les laisser ainsi, n'est-ce pas ? A quoi essayes-tu de ressembler, un punk à chien ? Je suis sûre que ton « ami » (et elle appuie fortement sur ce mot) pense aussi qu'il est impératif de s'occuper prochainement de toi.

Un soubresaut. Oh, elle veut me prendre à parti ? Là, ça peut devenir marrant. Ah ça ouais, je vais prendre parti. Je vais l'enflammer, je vais la déchiqueter verbalement. J'ouvre la bouche, prêt à rétorquer, mais Milan me coupe avant que le moindre son ne s'échappe de mes cordes vocales.

-Bien sûr. Je... je m'en occuperai.

Puis il m'adresse un regard préoccupé. Le genre de regard qui dit « je ne sais pas ce que tu t'apprêtais à dire mais par pitié ne le dis pas ». Ce qui est quand même un regard très expressif, pour pouvoir en dire autant sans un mot.

-Tu t'occuperas aussi de ta posture, n'est-ce-pas ? Nous avons fait ranger ta chambre, pendant ton absence, tu as remarqué, sûrement. Cela doit te changer, c'est bien différent de la... de l'ambiance étouffante qu'il y avait avant.

Le père ne dit rien, il mange distraitement avec le regard dans le vide. Ce repas est interminable. Sortez-moi d'ici avant que je ne lâche de quoi faire exploser cette famille. Heureusement, Milan semble avoir entendu ma prière, car il se lève et m'invite à me lever avec lui. Le soleil est bas, de l'autre côté des baies vitrées. Il attrape ma main pour monter l'escalier, comme si j'étais un gosse, ou comme s'il voulait être sûr que je ne parte pas. Il s'arrête devant sa porte, je trouve là l'occasion de pouvoir le faire éjecter les méandres de sa pensée.

-Pourquoi tu ne m'as pas laissé parler ?

-Parce que tu aurais probablement répondu avec cynisme et froideur dans l'exacte opposé de son opinion. Et ça l'aurait énervée, et elle t'aurait répondu avec plus de violence, et je ne veux pas savoir comment ça aurait fini.

-Ouais, justement c'est ce que je comptais faire. Et elle l'aurait mérité, si tu veux mon avis.

Il attrape mes épaules et me plaque contre le mur. Hm, il est nettement plus fort que moi. Je devrais retenir ça, au-cas-où je me retrouve dans une situation conflictuelle pouvant tourner à la violence physique avec lui.

-Merde, Clovis. Ma relation avec mes parents est déjà franchement mauvaise. Par pitié, ne l'empire pas.

Il vibre, croulant sous ses émotions. Puérilement humain. Sûrement à deux doigts de fondre en larmes. Son regard cherche à s'échapper, fixe le sol, s'efface sous ses paupières. La tête basse, il laisse les mèches de ses cheveux cacher son visage. Doucement, sa tête se rapproche de mon corps, jusqu'à se poser sur mon épaule. Quelques sanglots, la force de ses bras sur mes épaules se relâche avant de disparaître. Comme celles d'une poupée, ses mains retombent lamentablement le long de son tronc. Des larmes s'écoulent de ses yeux pour venir mouiller ma chemise. Le silence est brouillé par le son de sa voix brisée, sans mots, sans articulations, simple lamentation vibrante qui s'accroche dans l'obscurité.

Ugh, je déteste devoir consoler les gens. En plus, je ne suis pas vraiment du genre réconfortant. Qu'est-ce que je suis censé faire dans cette situation ? Avec un soupir que je veux discret, je viens tapoter le haut de son dos, au niveau de ses omoplates. Ri-di-cule. Qu'est-ce qu'on dit dans cette situation ? Je ne suis pas très développé, un pauvre embryon, en matière de communication entre êtres humains. Tant pis. J'y vais au culot.

-Fais comme moi. Casse-toi. On va s'échapper ensemble, deux orages, deux tempêtes, ne reste pas là où on t'enlise. Envole-toi. Tu m'as dit être un alien, pas vrai ? Alors viens, on monte dans ton vaisseau et on va s'échapper de ce trou noir, on va aller explorer les galaxies. Tu vas voir, les étoiles brillent, Milan. Il n'y a pas que les ténèbres. Soyons un fantôme et un extraterrestre qui fuient le morne et le froid.

J'ai déjà fait pire comme improvisations. Un rire nerveux secoue son enveloppe de chair.

-J-je ne peux pas, Clovis. Je ne peux pas partir comme ça. Je ne suis pas assez courageux.

-Ce n'est pas du courage, c'est de lâcher-prise. Qu'est-ce qui te retiens ?

-Tout ! Mes études, mes connaissances, mes habitudes, tout. Je suis un froussard, j'ai trop peur pour partir. Je suis stupide. Pars sans moi.

Une longue inspiration. Bordel, Milan, ce que tu peux être pénible.

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