Lames Séparées
Je me levai, la vision brouillée par l'obscurité. Kenji était près de moi, le visage crispé de haine. Nous étions de retour dans la salle sombre de Satan!
Celui-ci était assis, les jambes croisées sur son trône de la dernière fois et examinait le liquide contenu dans son habituel verre à pied. Physiquement, il était très grand et portait, sous sa cape noir, un élégant costume rouge. Quand le reste des "participants" furent silencieux, il but le vin d'une traite et se mit à rire:
– Ah, mes amis! Comment allez-vous?
Personne ne répondit.
– Oh! D'accord... Au moins, sachez que les 72h que je vous ai laissé à disposition pour rejoindre Tokyo sont écoulés. Sur les quatorze participants, venant des sept plus grandes villes du Japon, quatre sont morts avant même la fin de la première épreuve. Eh bien, on dirait que vous ne perdez pas de temps!
La salle se remplie de chuchotement nerveux entre les jeunes. Je jetais moi-même un regard à mon ami, aussi bien stoïc que pensif. Nous avions connu trois des victimes de la première partie du jeu; nous étions même responsables de la mort de deux d'entre eux.
Quand tout le monde fut un peu près revenu au silence, Satan reprit:
– Malheureusement, une petite partie d'entre vous n'est pas encore arrivée à Tokyo, je me trompe? Et sachez quelque chose, s'il y a bien une chose que je déteste, c'est quand on me fait attendre! Donc, il y aura une punition pour les retardataires...
– Quoi comme punition? demanda un des garçons à côté de moi.
– Eh bien...la mort!
Aussitôt, des participants se mirent à hurler et à le supplier de ne pas le faire. Moi, je me recroquevillai un peu sur moi-même, impuissante face au destin de mes ennemis, bien que ce soit en fait seulement des ados et pour certain, encore des enfants. Dans le mélange de cris et de pleurs, Satan dit, d'un voix plus douce:
– Désolé pour vous, mais les règles sont les règles!
Je me réveillai alors en sursaut dans le lit. J'en sorti tout de suite et couru vers la sortie, prenant, au passage, mon katana près du canapé. Kenji, se levant juste après moi, me cria:
– Haru, qu'est ce que tu fais?
– Nous devons aller aider ceux au-delà de la frontière! Ce sont des innocents et en partie plus jeunes que nous! Peut-être y a-t-il un moyen de les faire passer de notre côté.
Mon ami répliqua quelque chose mais je fus déjà trop loin pour pouvoir l'entendre.
Je descendis les six étages en vitesse et courus à travers les rues sous le soleil levant. En cinq minutes, j'arrivai à la barrière, qui avait changé de couleur pour devenir une espèce de rouge-orangé. En ralentissant un peu le pas, je me mis à longer la frontière en quête de survivants.
En touchant prudemment la masse translucide, je remarquai que la main passait à travers, comme si elle n'existait pas. Pourtant, au bout de quelques secondes, le membre que j'avais passé de l'autre côté se mit à brûler intérieurement, me faisant sursauter à cause de la douleur atroce. Je reculai et serrai mes doigts dans mon autre main.
Soudain, j'entendis des pleurs non loin de là où je me trouvais et y couru. J'arrivai alors sur une large route, coupé par la barrière. De l'autre côté, à une vingtaine de mètres de moi, une fille que mon âge rampait sur le sol en gémissant de douleur. Je restai donc immobile et la fixai, impuissante. D'une part, je voulais l'aider, mais de l'autre, je ne voulais pas me brûler à nouveau.
À un moment, elle tomba brutalement sur le flanc et ne se releva pas. Ses pleurs arrêtèrent aussi. Non... ce n'était pas possible! Sans réfléchir, je traversai la barrière sans aller l'aider. Je ne voulais plus voir des gens mourir devant mes yeux!
Alors, tout mon corps commença à brûler, me faisant crier à mon tour. Des cloques se formèrent sur ma peau, j'avais du mal à respirer et mes yeux étaient aveuglés. Marcher était insupportable et je ne pouvais pas revenir. Allais-je moi aussi mourir ici?
Soudain, des bras puissants me tirèrent en arrière. Malgré que je me débattais péniblement, je sentais que j'étais en train de reculer. Puis, je tombais à terre. Peu à peu, ma vision revint et la douleur disparut.
Quand j'eus enfin la force de tourner la tête, je vis que j'étais sur le béton de la route, seule. Alors, j'entendis des pas pressés venant d'une des rues et Kenji apparut, visiblement inquiet. Quand il me vit, il se rua dans ma direction et s'agenouilla devant moi.
– Haru! Que s'est-il passé? Tu vas bien?
Surprise, je le fixai dans l'incompréhension totale.
– Ce n'est pas toi qui m'a sorti de la barrière?
– N-non... Et pourquoi tu es allée au-delà de la frontière? Ça va pas?
Il prit alors mes épaules et me fixa d'un air à la fois sérieux et désespéré.
– Arrête de foncer tête baissé pour tout! Tu vas finir par te tuer.
– Mais Kenji, il y avait cette fille et...
– Je m'en fous, Haru, me souffla-il en se rapprochant de moi, les yeux brillant de tristesse. Tout ce qui compte pour moi maintenant, c'est qu'il ne t'arrive rien! On est une équipe, d'accord? Alors moi aussi j'ai mon mot à dire dans ce genre de situation.
Je voulu lui répondre mais une voix, plutôt masculine mais assez aigüe, retentit tout près de nous:
– Ho! Cette déclaration est genre trop mignonne. Et plus, tu es super beau! Comme je t'envie! Moi, personne ne voudrait me prendre dans les bras, même si leur vie en dépendait... Mais tu devais être super populaire dans ton collège, genre t'avais deux copines en même temps! Oups, peut-être que je ne devrais pas le dire devant elle, parce que c'est genre ta petite-amie. Ha Ha, tu profites de la situation, hein? Je vois le genre!
Nous nous levâmes alors prudemment et allâmes vers la ruelle où était le garçon. Mais avant d'y arriver, il ajouta:
– Aussi, la miss, n'oublie jamais que tu as une dette envers moi et que je peux la réclamer à n'importe quel moment! Sur ceux, au plaisir de se revoir... Kenji!
Je couru alors dans la petite pour le rattraper mais il semblait avoir disparu, comme s'il s'était évaporé...
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Hello! Merci d'avoir lu ce chapitre ^^
Désolé de n'avoir posté pendant les vacances :) À partir de maintenant je PROMET de posté un chapitre par semaine, souvent le vendredi ou le dimanche.
Le prochain chapitre sera un peu plus long mais essentielle à l'histoire ;)
Au revoir!!!
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