Danse de Moteur
Nous sortîmes donc du magasin de meubles où nous avions passé la nuit. Kirioka était toujours près de moi et tremblait encore. Moi non plus, je n'étais pas très serein après cette nuit. Cela ne faisait aucun doute que je n'avais pas fait un simple rêve vu qu'elle avait rêvé la même chose.
Ce n'est qu'en déambulant dans les rues que Kirioka brisa le silence qui n'avait pas été rompue depuis ce matin:
<<Tu y crois, toi?
– Oui, répondis-je en mordant ma lèvre. Et je pense que nous devrions le prendre au sérieux.
– D'accord... Mais comment allons-nous pouvoir nous rendre à Tokyo au juste?
– Comme les transports en commun ne fonctionnent pas et que la marche n'est pas une option, expliquai-je, je suppose que la voiture sera notre seule amie!
– Je suis partante, mais je ne sais pas conduire moi!
– Ne t'inquiète pas, moi si!
– Ah bon? demanda-t-elle simplement. Mais tu as quatorze ans, non?
– Quinze, la corrigeai-je. J'ai redoublé une fois. Mais pour ce qui est de la voiture, j'ai appris pour pouvoir emmener ma tutrice à l'hôpital pour ses contrôles mensuels.
– Je vois...>>
Nous arrivâmes alors sur un boulevard où les voitures, arrachées à leurs pilotes, avaient formé un énorme accident. Je cherchais donc un véhicule fonctionnel avec le moins de bosses possibles. Par chance, après quelques minutes seulement, je distinguai un Van avec la portière ouverte. Par chance, en m'y rendant, je vis que la clé était sur le siège avant. Je démarrai donc la camionnette et la mis sur la route.
Kirioka me rejoignit donc et dit alors:
<< Bravo! Maintenant, il ne nous reste plus qu'à faire deux choses avant de partir!
– Lesquelles? demandai-je en éteignant la camionnette.
– Déjà, il faut que nous achetions des provisions, des choses en tout genre et de quoi nous défendre. Peut-être que quelqu'un sera assez sournois de vouloir nous faire du mal même avant d'arriver à Tokyo! Aussi, j'aimerais pouvoir changer de tenue! Je n'ai vraiment pas envie de combattre en jupe courte!
– D'accord! dis-je en pointant du doigt un bâtiment non-loin. Allons dans ce centre commercial! >>
Nous nous rendîmes donc au supermarché pour aller acheter des encas. En à peine 24 heures, tous les aliments frais avaient commencé à pourrir et une odeur atroce s'était frayé entre les rayons. Nous prîmes avant tout de la nourriture lyophilisée car nous n'avions pas d'électricité pour pouvoir cuisiner d'incroyables plats. Puis nous allâmes dans un magasin plus commun, où nous ajoutâmes des allumettes, une carte routière du Japon, des couteaux de cuisine, quatre couvertures et quelques barbecues jetables à notre inventaire.
Enfin, nous arrivâmes dans une boutique de vêtements. Je me souvins alors du temps que prenait Mariko, ma tutrice âgée de 75 ans, à choisir ses habits et eu peur que ce soit la même chose pour Kirioka. Heureusement, elle mit encore moins de temps que moi à prendre une tenue verte sobre s'accordant parfaitement avec ses grands yeux et une écharpe violette pour se couvrir. Quant à moi, je choisis quelque chose de sombre et simple avec des chaussures de sport. Une fois relookés, nous nous rendîmes au Van, qui n'avait pas bougé, et partîmes de Nagasaki.
***
Le reste de la journée fut un peu encombré. Comme beaucoup de voitures avaient perdu leurs conducteurs à l'heure fatidique, prendre l'autoroute nous était impossible. Nous dûmes donc rouler sur les petites routes de campagne, même si nous fûmes obligés de faire de multiples fois demi-tour à cause de véhicules bloquant le passage. Pendant que je conduisais, Kirioka, elle, traçait des itinéraires sur la carte pour nous permettre d'avancer rapidement. Pendant, ce temps, je lui apprenais comment se servir d'une voiture dans le cas où il m'arrivait quelque chose.
Le soir venu, nous décidâmes de s'arrêter dans un parking public dans la banlieue de Fukuyama. Une fois garés, nous installâmes un barbecue près d'un et y faisâmes cuire le peu de viande non-lyophilisé que nous avions emporté. Le ciel de mi-avril était dégagé mais un vent glacial parcourait la prairie.
Après avoir mangé, nous nous asseyîmes dans l'herbe et contemplâmes les étoiles, plus brillantes que d'habitude. Malgré la couverture, Kirioka tremblait de froid et parlait difficilement. Alors, je me rapprochais d'elle mit une partie de la mienne sur elle. Ses grelottements cessèrent aussitôt et elle souffla:
<< Merci. >>
Après quelques minutes, elle brisa le silence à nouveau:
<< Hé, Satoru. Demain, quand nous serons dans la banlieue d'Osaka, pourras t'on faire un arrêt devant mon ancien chez moi? Il faut vraiment que j'y récupère quelque chose! Ça ne prendra pas beaucoup de temps, je te le promets.
– Si tu veux, répondis-je simplement.
– D'accord, merci! >>
Elle posa alors sa main sur mon épaule et se leva, emportant avec elle sa couette. Elle dit alors doucement:
<< Bon je vais me coucher! À demain!
– Oui! Je te rejoins dans deux minutes! >>
Quand elle fut partie, je remarquai que mon teint était étrangement rouge. Était-ce à cause d'elle? Mais non, n'importe quoi! J'effaçais donc cette pensée et me levai à mon tour pour aller à la camionnette.
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