L'humidité. C'était l'humidité qui m'avait le plus dérangé au début, ensuite je m'y étais habituée, comme à toutes les autres choses de ma vie si misérable. Comme à l'absence de celle qui aurait dû assumer le rôle de mère. À celle qui avait commencé à exister à la première seconde de ma vie, celle de mon père, géniteur plus exactement. Un père c'est le mot qui nous vient à l'esprit lorsque l'on rigole avec lui, lorsqu'il nous porte dans ses bras.
Lui, il m'avait juste conçu. 

La pluie tombe toujours plus fort. Toujours plus froide. Mes cheveux dégoulinent de cette eau et infiltrent mes vêtements. Je décide pourtant de rester assise ici. Je suis lasse, alors je décide de rester ici. À réfléchir, mon visage offert aux gouttes qui paraissent une douce caresse après tout ce que j'ai vécu. 

Je suis toujours accroupi, les genoux repliés contre mon ventre lorsque j'entends mon prénom appelé à plusieurs reprises par celui que je pourrais nommer colocataire.
Nous vivons tous deux, ou plutôt nous venons afin d'opérer quelque chose que nous ne pouvons pas contrer, le sommeil. Alors, on vient dans ce hangar désaffecté pour dormir, cet endroit qui ne m'inspire pas confiance, pas comme une maison où l'on s'assoit au coin du feu. Mais ces choses nous ont permis de nous rencontrer et de nous tenir chaud lorsque le froid se fait plus mordant certain jour.
Notre histoire n'est pas similaire mais nous nous comprenons sans avoir besoin de parler la plupart du temps. Nous n'avons pas subi les mêmes blessures mais cela n'empêche pas les sentiments et la rancoeur de l'être au fond de nos prunelles...