Chapitre 13 - Une disparition et un retour
Bon anniversaire aux jumeaux Weasley !
☆☆☆
Mercredi 06 Janvier 1988 :
Je fus brusquement arrachée du souvenir et ma vue se brouilla une seconde fois, tandis que la sensation de vertige me prit de nouveau. Avant que je n'eus le temps de prévoir quoi que ce soit, j'étais de retour dans le bureau du professeur Rogue... et ce dernier se tenait à quelques mètres de moi, furieux. Je pinçai mes lèvres pour ne pas laisser transparaître mon malaise et baissai mes yeux sur mes chaussures, honteuse d'avoir été prise sur le fait. Cette fois-ci, je n'avais pas d'excuse valable : j'avais délibérément fouillé dans la vie privée de Rogue et ceci... pourquoi prouver quoi au juste ? Je ne savais pas vraiment.
Je sentais son regard meurtrier sur moi et cela ne faisait qu'accentuer mon malaise. Prenant sur moi, je brisai la première le silence et réussis à balbutier, n'arrivant pas à maîtriser les tremblements de ma voix :
«-P... professeur Rogue. Je... suis confuse, je ne... voulais pas...
-Qu'est-ce vous fichez ici ? hurla-t-il à mon intention, visiblement pas près de me pardonner de cette intrusion.»
Quand j'osai enfin lever les yeux sur lui, je faillis ne pas le reconnaître : son visage était tordu par une expression de haine pure, une expression démente, on aurait presque dit qu'il avait sombré dans une folie meurtière. Je reculai d'un pas, apeurée et mon dos se plaqua contre une étagère. J'étais prise au piège, il bloquait la sortie. J'aurais voulu rétorquer quelque chose mais j'étais dans l'incapacité de prononcer un mot.
«-Qui vous a envoyé ici ?»
Je lui lançai un regard mi-apeuré, mi-interrogateur, surprise par sa question. Il s'avança d'un pas et je déglutis péniblement, sachant que je ne pourrais passer outre sa colère.
«-Qui vous a envoyé pour m'espionner ? Qui ? Le Ministère ?
-Je... personne, articulai-je difficilement, bataillant pour ne pas que ma peur prenne le dessus sur ma raison.
-Vous m'espionnez et vous me mentez maintenant, Lynch ? Non mais quel culot ! J'exige de savoir la vérité !
-Je... je vous dit que personne ne m'a envoyé ici ! Pourquoi... ?»
Il ne me laissa pas le temps de terminer ma question puisqu'il dégaina sa baguette à une vitesse fulgurante. Par réflexe, je saisis la mienne et la pointai sur lui, même si j'étais loin d'avoir envie de me lancer dans un duel contre lui. Je croisai brièvement son regard et ne sus lire qu'une colère infinie dans ses pupilles. Nul doute qu'il était prêt à me jeter un maléfice d'un moment à l'autre. Il s'avança encore d'un pas, tandis que je n'osai pas bouger d'un millimètre, les mains crispées sur ma baguette.
«-Qu'est-ce que vous attendez pour utiliser votre baguette contre moi, Lynch ? rugit-il, hors de lui. Qu'est-ce que vous attendez ?! Expelliarmus !»
Il leva sa main libre et rattrapa en plein vol ma baguette qui avait décollé de mes propres mains dès que le sortilège avait été lancé. Puis, parcourant les derniers mètres qui me séparaient de lui, il pressa le bout de sa baguette contre ma cou, n'hésitant pas à l'enfoncer dans ma trachée. Je respirai difficilement, suffocant pour essayer de reprendre mon souffle. Allait-il me tuer ou me laisser partir ? Rien n'était moins sûr.
«-S'il... vous... plaît..., croassai-je en luttant pour que l'air entre dans mes poumons, je... ne... voulais... pas...
-Vous ne vouliez pas quoi ? Entrer délibérément dans ma vie privée ? Me voler mes propres souvenirs ? Qu'est-ce que vous ne vouliez pas ? Eh bien ? On a perdu la parole ?
-Je... suis... désolée...
-Vous n'aviez pas le droit !»
Il lâcha brutalement son emprise et s'éloigna de quelques pas, sa baguette toujours pointée sur moi. Je sentais des larmes incontrôlés s'accumuler au coin de mes yeux. Je battis précipitemment des paupières pour les chasser mais l'une d'elles roula sur ma joue et je n'osai pas esquisser un geste pour l'essuyer. Ma gorge me faisait mal et je sentais encore le bout de sa baguette pressant mon cou.
«-Je répète une dernière fois ma question, me menaça Rogue, à voix basse, que faîtes-vous ici à cette heure ?
-Je... , commençai-je d'une voix rauque, je suis venue vous remercier pour... la potion de ce matin... mais... je...
-Vous êtes accidentellement tombée dans la Pensine, n'est-ce pas ? grinça-t-il avec un rictus mauvais aux lèvres, avant d'aboyer : Qu'avez-vous vu ?»
Comme je ne savais que répondre, je préférais me taire et vis les doigts de Severus se raidir sur le bois sombre de sa baguette.
«-Qu'avez-vous vu ? répéta-t-il, plus fort que la première fois.»
J'inspirai longuement, ignorant la douleur occasionnée par l'emprise de Rogue contre mon cou avant de dire, d'une voix faible :
«-Je... Vous... Lily Potter.»
Quand je prononçais le nom de la femme, un voile de tristesse passa pendant une seconde à peine dansses yeux, et je compris que certaines plaies n'étaient pas tout à fait refermées, même sept ans après. La colère reprenant le dessus, le professeur de potions se mit à hurler de rage et il ouvrit la bouche, tout en brandissant sa baguette magique dans ma direction. Je me mis à crier, de désespoir :
«-Nooon ! Je vous en supplie ! Je... vous en supplie...»
Pendant quelques secondes, qui me parurent durer des heures, le professeur sembla tâter le pour et le contre. Devait-il me blesser ? Ou pire, me tuer ? Ou devait-il m'épargner ? Il n'avait pas baissé sa baguette mais semblait plus indécis. Tremblante, je restai immobile contre la bibliothèque, insensible aux tranches des livres qui s'enfonçaient dans mon dos. Je ne pouvais m'empêcher de lancer des regards suppliants en direction du sorcier, sans parvenir à braver plus de deux secondes de suite ses yeux furieux. Si ce matin, il avait eu envers moi un geste sympathique, il n'en avait conservé aucune trace ce soir.
Trop concentrée à ne pas laisser mes larmes se déverser sur mes joues, je n'entendis pas ce que murmura le professeur et ce ne fut que quand il l'eut répété une seconde fois que je compris :
«-Sortez d'ici.»
Choquée, je ne réagis pas tout de suite.
«-SORTEZ !»
Son rugissement me fit définitivement sortir de ma torpeur et je me ruai hors de la sortie, le coeur battant la chamade dans ma poitrine. J'atteignis la porte d'entrée quand la voix de Severus Rogue me fit stopper net :
«-Lynch !»
Je m'immobilisai à quelques mètres de la porte et hésitai l'espace de quelques secondes avant de me résoudre à faire lentement volte-face.
«-Je crois que ceci vous appartient...»
Je baissai les yeux sur son bras et vis qu'il me tendait ma baguette, qu'il avait récupérée après m'avoir désarmée. Prudemment, je m'en emparai et, ne sachant pas quoi dire et quittai les lieux sans prononcer un mot de plus, ayant trop peur que le professeur des cachots ne revienne sur sa décision aussi inattendue qu'inexplicable qu'était celle de m'épargner, alors qu'il y avait à peine deux minutes, il était sur le point de passer à l'acte.
***
Jeudi 07 Janvier 1988 :
Le lendemain matin, ce fut un réveil brutal qui m'arracha d'un sommeil agité, durant lequel j'avais cauchemardé d'une mort violente aux mains d'un Rogue plus menaçant que jamais. Je me levai difficilement, encore tremblotante, ne pouvant pas chasser de mon esprit le regard fou du professeur de potions. Le croiser dans la Grande Salle étant ma dernière envie, je restai dans mes appartements privés le temps du petit-déjeuner et grignotai quelques friandises françaises que mes parents m'avaient faites parvenir dernièrement dans un colis afin de calmer ma faim. Je pris mon temps pour m'habiller et faire une brève toilette puis, j'essayai de me pencher sur la correction de parchemins de deuxième années mais mon travail ne s'avéra pas efficace, tant les souvenirs de la veille était encore omniprésents dans mon esprit.
Finalement, après avoir tué le temps du mieux que je pouvais, je me dirigeai rapidement dans ma salle de cours, les yeux rivés sur mes pieds, de peur de rencontrer une personne inopportune. À vingt minutes de la reprise des cours, les couloirs étaient pour la plupart déserts et j'atteignis celui menant à ma salle sans encombre. Plongée dans mes pensées, je sursautai quand j'entendis quelqu'un crier mon prénom dans le couloir, alors que j'approchai de la porte :
«-Elladora !»
Je fus tentée de faire la sourde et m'enfermer dans la salle de classe mais il ne fallait pas que mon comportement devienne suspect aux yeux de mes collègues, sans quoi ils allaient me demander la raison de mon comportement lunatique. Me forçant à afficher un sourire factice sur mes lèvres, je me retournai et vis Minerva s'approcher de moi.
«-Bonjour, Minerva, la saluai-je en prenant sur moi pour paraître le plus naturel possible et surtout, ne pas avoir l'air de quelqu'un fuyant quelque chose (dans mon cas, quelqu'un).
-Je ne vous ai pas vue au petit-déjeuner ce matin, vous avez eu un empêchement ?»
Aïe. Prise de court par la question, je pris un certain temps à répondre, tentant de rationnaliser toutes les pensées qui émergèrent dans mon esprit et mis un point d'honneur à ne pas balbutier quand je dis simplement :
«-Je me suis levée plus tard et je n'avais pas très faim, j'ai préféré avancer ma correction des parchemins de mes élèves.»
Espérant qu'une professeure assidue comme elle croit à mon mensonge je renforçai mon sourire, priant pour qu'elle ne pose pas plus de questions. Si Minerva ne sembla pas totalement convaincue comme en témoignait son regard interrogé, elle n'insista pas et je lui en fus reconnaissance de changer de sujet :
«-Je voulais juste vous informer que vous pourrez garder deux heures vos élèves de cinquième année cette après-midi, cela vous permettera d'avancer dans le programme de Défense Contre les Forces du Mal en vue des BUSEs de fin d'année.
-Deux heures ? m'étonnai-je, mais... les élèves ne sont pas censés être en cours de potions après mon heure ?
-Et bien... il semblerait que les cours de potions soient annulés pendant deux semaines pour tous les élèves. Dumbledore en a fait l'annonce pendant le déjeuner. Autant vous dire que les élèves étaient ravis d'apprendre la nouvelle ! Un peu moins sans doute quand Albus leur a appris que les heures de potions seraient remplacées par d'autres cours puis qu'au retour du professeur Rogue, ils auront des heures de rattrapage en potions.
-Le retour du professeur Rogue ? ne pus-je m'empêcher de m'exclamer, Rogue... enfin, je veux dire le professeur Rogue... est parti ?»
Minerva haussa les épaules et répondit vaguement, n'en sachant visiblement pas plus que moi :
«-Effectivement. Dans la nuit, il me semble. Je n'en connais pas vraiment les raisons, mais Dumbledore sait ce qu'il fait.»
Le début des cours mit fin à notre discussion et j'entrai dans ma salle, le front plissé par l'inquiétude. Tout cela ne sentait pas bon, pas bon du tout. Ce n'était pas une coïncidence si le réseau de Mangemorts s'étaient reformés et que Rogue disparaissait ponctuellement du château. Et hier... il avait semblé si... dangereux. Néanmoins, si tout semblait désigner Rogue comme le parfait instigateur de tout ce qui se tramait, je ne parvenais pas à m'en convaincre totalement. Quelque chose au fond de moi me soufflait que la vérité était bien plus complexe qu'elle en avait l'air.
La semaine qui suivit fut chargée : je dus sans cesse coupler mes responsabilités de professeur avec celles, nouvelles et temporaires, de directrice de Poufsouffle, ce qui me demanda plus de travail que d'ordinaire mais je ne m'en plaignis pas une seule fois. Rogue était toujours porté disparu et personne ne semblait sans inquiéter. Au contraire, même, son absence mettait plutôt du baume au cœur à la plupart des élèves et j'en sanctionnai plus d'un pour avoir exprimé (un peu trop fort) sa satisfaction à ne plus subir les foudres du Maître des Potions. Pour ma part, sa disparition me rendait nerveuse et je pris sur moi pour ne pas communiquer mon angoisse aux autres.
***
Samedi 09 Janvier 1988 :
Heureusement, un évènement à la fin de la semaine me fit, pour un instant au moins, oublier mes états d'âme.
«-Pomona, tu es enfin là !»
L'exclamation satisfaite de Filius me fit lever les yeux de mon manuel et je vis la silhouette de Pomona Chourave se dessiner dans l'encadrement de la porte de la salle des professeurs. À peine avait-elle passé la porte, que tous s'étaient approchés d'elle, à la fois soulagée de la savoir indemne et inquietés par cette histoire d'intrusion. Le professeur de bonatique m'adressa un sourire complice et ce fut qu'une dizaine de minutes plus tard que je pus enfin lui parler, seule à seule.
«-Les élèves étaient paniqués suite à ton transfert à St Mangouste, lui avouai-je sans préciser que les professeurs l'étaient tout autant. Tout le monde pensait qu'une nouvelle guerre était déclarée ! Heureusement, Dumbledore a su calmer les rangs et... il m'a demandée de prendre soin de ta maison.
-Je sais, il me l'a dit. Et apparemment, tu t'es plutôt bien débrouillée.»
Je rougis face au compliment et un silence s'installa, durant lequel j'essayai de trouver les mots pour engager la conversation. Finalement, ce fut elle qui reprit la discussion, d'une voix grave :
«-Je sais ce que tu vas me demander. Elladora, je t'assure que je ne me souviens de rien.»
Je hochai la tête pour lui faire comprendre que je la comprenais quand elle ajouta, un peu hésitante :
«-Néanmoins... enfin... je ne l'ai dit à personne parce que je ne suis pas sûre d'avoir bien vu, mais...»
Je me penchai vers elle, soucieuse.
«-Qu'as-tu vu, Pomona ?»
Elle prit une longue inspiration avant d'avouer :
«-Quand je suis allée à la volière pour déposer ta lettre, j'ai cru... j'ai cru voir un Mangemort au loin, comme si... Poudlard était surveillé.»
☆☆☆
*PetitKoala*
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