Chapitre 1 - Une nouvelle disparition
Dimanche 25 Juin 1995 :
«-Attends, répète un peu ça ? m'exclamai-je en me tournant vers Remus Lupin, qui arborait un large sourire illuminant son visage marqué par le temps et les épreuves.»
Le sorcier recommença donc son récit, sous mon propre regard amusé :
«-On était la veille de la St Valentin et Sirius désespérait de trouver une petite amie. Il avait des vues sur une fille de Serdaigle mais il avait bien trop de fierté pour se risquer d'aller la voir. Comment s'appelait-elle déjà ? Mmmh... pas moyen de m'en souvenir ! Bref, James a alors proposé que l'on fabrique un Philtre d'Amour, évidemment Sirius a été tout de suite emballé par le projet, tandis que je me suis montré bien moins enthousiaste à l'idée d'aller voler les ingrédients dans la réserve du professeur Slughorn. Les deux prévoyaient déjà des plans rocambolesques pour arriver à leur fin... dont la séquestration de Rogue pour qu'il fasse lui-même cette potion, si tu veux tout savoir.»
Remus grimaça, mais je ne relevai pas, trop absorbée par la magnifique lueur qui animait le regard de Remus, au souvenir de cet évènement passé, alors il poursuivit :
«-Enfin, au final, je me suis laissé convaincre, comme toujours. Nous sommes sortis en pleine nuit, pour dévaliser le bureau de Slughorn... quelle frayeur nous avons eu en croisant le Baron Sanglant sur notre chemin, qui a aussitôt menacé de nous dénoncer au professeur de Potions ! Sirius a alors eu la brillante idée que l'on se dissimule à l'intérieur des armures qui étaient exposés le long des murs, en pensant que nous pourrions discrètement retourner dans la Salle Commune une fois le remue-ménage passé. Manque de chance, Rusard décida de patrouiller la nuit entière dans le couloir, furieux que nous lui ayons échappé encore une fois. Nous avons passé le nuit dans ces armures et ce fut un miracle que personne ne nous prit, entre Peter qui menaçait de piquer du nez toutes les cinq minutes, Sirius qui s'amusait à botter les fesses de Miss Teigne dès que Rusard avait le dos tourné et James qui pouffaient en voyant Rusard faire les cent pas devant nous en maugréant des paroles incompréhensibles. Tu n'imagines pas nos états le lendemain !»
J'explosai de rire, l'image des quatre congénères enfermés dans ces armures une nuit entière suffisant à créer l'hilarité chez moi. Remus se laissa aller à un petit rire - plus discret que le mien, en revanche.
Nous reprîmes notre sérieux lorsque Remus me fit stopper d'un signe de la main.
«-Nous y voilà, murmura-t-il, en désignant du doigts un large immeuble, se dressant parmi les rues chaudes et suffocantes de Londres.»
Je levai les yeux sur le bâtiment, qui semblait dater de la période d'avant-guerre, tant il paraissait usé et d'un style ancien, des années trente, tout au plus. Je me tournai vers Remus.
«-C'est là que nous sommes censés trouver ce fameux Merwyn Connoly ? demandai-je, dubitative face à l'état du présent bâtiment - dans lequel nous étions supposés faire la rencontre d'un grand magnat de la finance sorcière.»
Rien qu'à l'évocation des titres du Monsieur, je m'attendais au moins à ce qu'il héberge dans l'un des prestigieux quartiers de la ville anglaise, parmi les autres personnalités influentes - sorciers ou non. Apparemment, M. Connoly préférait loger dans un lieu bien plus... archaïque et cela m'intrigua fortement. Remus semblait lui aussi interpellé mais il confirma, après avoir vérifié l'adresse sur un morceau de parchemin qu'il gardait dans la poche de son manteau élimé :
«-96, Hambury Street, nous sommes pourtant à la bonne adresse. Essayons d'entrer.»
Je m'avançai vers la façade de l'immeuble, à la suite de Remus qui rangea le parchemin dans sa veste avant de passer la porte d'entrée. Je manquai de m'étrangler en voyant l'intérieur de la bâtisse : si l'extérieur était sale et laissait clairement à désirer, le hall d'entrée, lui, contrastait en tout point par sa richesse, sa splendeur, son volume... Je laissai échapper un sifflement d'admiration, tandis que Remus souffla, aussi interloqué que moi :
«-Et bien, je suppose que nous avons atterri au bon endroit...
-Je peux vous aider ? retentit soudain une voix féminine, qui me fit tourner la tête vers la droite.»
Je découvris une femme, vêtue d'une élégante tenue, en accord avec la noblesse que dégageait les lieux. Cette dernière s'approcha de nous, l'air inquisiteur :
«-Je suis Lady Ketteridge, propriétaire des lieux et vous êtes... ?
-Remus Lupin, se présenta poliment mon coéquipier, et voici Elladora Lynch. Monsieur Connoly nous a appelé dans la matinée, prétextant qu'il avait reçu des menaces de mort par de potentiels mages noirs. Vous pourriez me dire où le trouver ?»
Au visage inquiet de la femme, je pus me douter qu'elle était au courant de l'affaire.
«-Oui, Merwyn m'en a parlé, quelle affaire terrible ! Enfin, je suppose que vous êtes les bonnes personnes pour l'aider. Dire que j'ai spécialement ensorcelé ce bâtiment afin d'en faire une cachette pour les gens comme lui...
-C'est vous qui avez fait tout ça ? m'étonnai-je, en désignant d'un geste circulaire l'ensemble des lieux grandioses qui nous entouraient. Pourquoi se cacher ? Que redoutez-vous ?
-Les rumeurs courent, vous savez, avoua Lady Ketteridge à voix basse, comme si elle craignait d'être écoutée. Certains pensent que... qu'Il est de retour...»
Remus m'adressa un regard lourd de sens et je dis, d'une voix ferme :
«-Rien n'est moins sûr pour le moment, Madame. Je vous assure que Vous-Savez-Qui n'est pas revenu et que vous ne risquez rien. Pourrions-nous parler à Monsieur Connoly ?»
La femme hocha vigoureusement de la tête et nous indiqua brièvement le chemin menant à l'appartement du concerné, avant de s'éclipser, prétextant une affaire urgente. Je me retrouvai donc à gravir un immense escalier en marbre verni, en compagnie d'un Remus en pleine réflexion :
«-Les gens commencent à avoir peur, murmura-t-il - et je ne sus s'il s'adressait à moi ou s'il se parlait à lui-même. Ça n'annonce rien de bon...»
Je restai silencieuse, ressentant moi aussi la tension régnant parmi les dorures et les pierres précieuses qui ne manquaient pas en ce lieu. Ainsi, la riche population de la société sorcière se cachait en plein coeur de Londres, au milieu d'un quartier moldu et dépravé. Je priai secrètement pour que les "menaces" à l'encontre Monsieur Connoly n'étaient en fait que le fruit de sa paranoïa et rien de plus.
Depuis la disparition de ce réseau de Mages Noirs en 1988, nous avions évité les scandales ; le monde semblait reprendre son souffle, mais la menace du retour du Seigneur des Ténèbres grandissaient de jour en jour et la peur avec. L'Union, que Dumbledore avait souhaité conservé depuis les sombres évènements qui avaient marqué les années 1987 et 1988, avait connu une période de calme, durant laquelle Alastor et Kingsley, entre autres, avaient repris leur poste d'Auror à plein temps. En fait, seuls Remus et moi-même étions restés membres permanents, sauf l'année dernière où je m'étais retrouvée seule à la charge de l'organisation, Remus étant allé - à son tour - enseigner à Poudlard. Cependant, depuis quelques mois, ou devrais-je dire, depuis le sanglant épisode de la Coupe du Monde de Quidditch, les requêtes avaient repris, en nombre, et Remus et moi-même peinions à répondre à toutes les demandes. Ce matin-là, je pensais vivre une journée plutôt tranquille - en ayant terminé avec la précédente enquête qui s'était avérée un regrettable accident et non pas un "acte volontaire de Magie Noire", comme le prétendait la victime - mais c'était sans compter le hibou paniqué de Monsieur Connoly qui nous était parvenu alors que nous émergions difficilement du sommeil.
Nous arrivâmes devant une porte en bois luxueuse, ornée d'un numéro 42 gravé dans une plaque faite en matériau précieuse dont je ne connaissais la véritable nature. Je me tournai vers Remus qui hocha brièvement la tête, avant de toquer.
«-Monsieur Connoly ? Nous sommes ici pour parler des menaces que vous avez reçu ce matin, voudriez-vous nous ouvrir ?»
Nous attendîmes quelques secondes, puis quelques minutes, sans qu'aucun signe de vie ne se fasse entendre de l'autre côté de la porte. L'inquiétude commençait à croître en moi quand Remus appelait le bonhomme pour la troisième fois consécutive :
«-Monsieur Connoly ?»
Je sortis ma baguette, le corps tendu, avant de murmurer à mon coéquipier :
«-On ferait mieux d'entrer là-dedans pour voir. Je passe devant, couvre-moi.»
J'essayai d'ouvrir la poignée mais celle-ci ne céda pas.
«-Alohomora, prononçai-je en pointant ma baguette en direction de la serrure.»
Aucun cliquetis ne se fit entendre. Remus souffla, d'une voix grave :
«-Quelqu'un a dû utiliser un sortilège d'Emprisonnement, laisse-moi faire.»
Tandis que je reculai d'un pas, le sorcier s'avança et d'un geste de baguette fit exploser les gonds de la porte, qui tomba sur le sol dans un claquement sec. Puis, il se tourna vers moi et me fit signe de passer :
«-Après toi.»
Je le gratifiai d'un sourire crispé et pénétrai dans l'appartement, la baguette brandie, juste au cas où le besoin s'en ferait sentir. Le salon dans lequel j'étais entrée ressemblait en tout point au reste de l'immeuble : riche, chic et spacieux. Tout semblait intact, pas un tapis de travers, pas une moquette tâchée, pas un vase à terre.
«-Monsieur Connoly ? répéta Remus derrière mon dos, en commençant à fouiller l'appartement, la baguette également en main.»
Nous retournâmes donc la maison avant de nous rendre à l'évidence : il n'y avait aucune trace de Merwyn Connoly dans ces lieux et rien ne laissait suggérer qu'il y avait habité. En effet, nous n'avions trouvé aucune affaire personnelle, simplement des meubles rangés et quelques bibelots de décoration qui rendaient l'appartement digne d'un catalogue moldu.
«-C'est bizarre, dit Remus, c'est comme si Monsieur Connoly n'était jamais venu ici... Pourtant, Lady Ketteridge nous a assuré le contraire.
-Ça me fait penser à l'affaire Brandstone, avouai-je à mi-voix. Nous n'avons jamais remis la main sur la pauvre femme...»
Remus acquiesça sans ajouter un mot, avant de se pencher pour ramasser quelque chose sous le canapé.
«-Regarde ça...»
Il tenait dans sa main un morceau de parchemin, qu'il se mit à lire à voix haute :
«-Très cher Merwyn Connoly, vous feriez mieux de me communiquer ces fameux codes, sans quoi je me verrais dans l'obligation d'agir en conséquence. Vous êtes prévenus. Signé : S.B. Apparemment, l'homme ne rigolait pas, il a bel et bien été menacé.»
Je fronçai des sourcils.
«-S.B. ? répétai-je. Comme... Sirius Black ? Tu penses que c'est lui qui l'a menacé ? Depuis l'année dernière, il est porté disparu, après avoir échappé de peu au Baiser des Détraqueurs... qui sait ce qu'il fabrique maintenant...»
Trop concentrée dans ma propre réflexion, je ne vis pas Remus blêmir à l'évocation de Black. Ce ne fut que lorsque je relevai la tête dans sa direction, intriguée par son silence, que je vis son malaise.
«-Remus ? m'inquiétai-je. Est-ce que ça va ?
-Ce n'est pas lui, affirma soudain le sorcier, ignorant ouvertement ma question.»
D'un geste tremblant, il passa en revue le parchemin une seconde fois, ses yeux bougeant à mesure qu'il lisait et relisait les quelques mots laissés sur le papier. Sachant que Sirius Black était une corde sensible chez lui, je restai un moment silencieuse avant de risquer :
«-Remus... ça me semble parfaitement coller à la situation actuelle...
-Je te dis que ce n'est pas lui, c'est impossible ! répéta le sorcier, d'une voix sèche que je ne lui connaissais pas.
-Comment peux-tu en être aussi sûr ?
-Je le sais, c'est tout. Sirius n'est pas l'auteur de ces mots.
-Tu parles de lui comme s'il était innocent, Remus ! Écoute, je sais que c'est difficile pour toi, mais Black n'est pas...
-CE N'EST PAS LUI ! cria Remus, me stoppant brusquement dans ma phrase.»
Je le dévisageai, les yeux ronds, ne l'ayant vu jusque là que très rarement s'énerver de cette façon. Il parut percevoir mon inquiétude, car il ajouta aussitôt, ses joues prenant une faible teinte rouge :
«-Je... excuse-moi.
-Ça ne fait rien.»
Je voulus ajouter quelque chose, soupçonnant le sorcier de me cacher une information, mais n'en fis rien, sachant pertinnement qu'il ne me dirait rien pour l'instant. Je tâchai donc d'éloigner la conversation du sujet qui fâchait :
«-Le mot parle de "codes", tu sais de quoi il s'agit ?»
Pour toute réponse, l'homme secoua la tête de droite à gauche, les yeux rivés sur le parchemin. Comme le sorcier ne semblait pas se décider à agir, je pris les choses en main :
«-On n'a qu'à interroger les habitants de l'immeuble, pour savoir s'ils savent quelque chose. Tâchons cependant de ne pas dévoiler la disparition de ce Monsieur Connoly, ils sont suffisamment paranoïaques comme cela !»
***
Une heure plus tard, nous sortîmes du somptueux immeuble, bredouille. Personne n'avait été en mesure de nous éclairer et nous étions sortis discrètement, évitant ainsi tout interrogatoire de Lady Ketteridge, qui se serait inquiétée de la disparition de Connoly. Remus était resté très évasif depuis la découverte du parchemin, j'avais donc mené les interrogatoires, prenant soin de ne pas faire paniquer les habitants. Mais personne ne semblait avoir vu quelque chose de suspect et nous nous étions éclipsés à chaque fois avant que des questions ne commencent à émerger dans l'esprit des interrogés.
Nous marchâmes un long moment dans les rues de Londres et Remus ne semblant pas disposer à la discussion, je restai de mon côté cloîtrée dans mes pensées, passant en revue le moindre indice qui aurait pu nous échapper concernant la nouvelle affaire de disparition qui se profilait. Malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de la rapprocher de celle concernant Brandstone, que nous n'avions jamais retrouvée. Quel terrible évènement... Je me souvenais comme si c'était hier du jour où nous avions trouvé la maison sens dessus-dessous, avec aucune trace de la sorcière - nous, Severus et moi-même. Mes pensées divaguèrent contre mon gré sur le sorcier, que je n'avais pas vu depuis maintenant presqu'un mois. Mon coeur se serra, tandis qu'un immense sentiment de manque s'empara de moi.
Depuis les années, nous avions tacitement instauré entre nous une relation pour la moins unique : lui étant occupé par son poste à Poudlard et moi par mes responsabilités au sein de l'Union, nous n'avions guère l'occasion de passer beaucoup de temps ensemble et nous nous étions faits - plus ou moins - à cet inconvénient. Nous nous retrouvions parfois le week-end, ou pendant les vacances, profitant au mieux du temps qui nous était permis. Au fond, cette distance n'était pas plus mal, dans le sens où nous étions tout deux des personnes de nature indépendante et solitaire mais je devais avouer qu'elle me pesait souvent et que je venais très régulièrement à manquer du sorcier, comme aujourd'hui. La plupart du temps, j'essayais de ne pas trop y penser, me concentrant sur les tâches qui m'avaient été confiée. Remus était d'une grande aide pour m'occuper l'esprit, même si, cette année, il n'avait pas cessé de disparaître - des jours entiers, qui ne correspondaient pas aux soirs de pleine lune - sans me dire où il allait. J'avais simplement l'esprit trop rempli pour lui en demander les raisons.
Soudain, Remus laissa échapper une petite exclamation à mes côtés, qui me tira brutalement de mes pensées. Je tournai la tête dans sa direction mais il fixait un point en face de nous, le visage blême. Je suivis des yeux la direction prise par son regard... et vis une forme noire nous barrer la route. C'était un robuste chien noir, au regard si lucide qu'il en était menaçant - presqu'humain.
☆☆☆
Hello everyone !
Pour commencer, j'aimerai souhaiter à tous ceux qui passent par ici de très joyeuses fêtes et de bonnes vacances ! Profitez de votre famille, de vos amis, amusez-vous et reposez-vous surtout !
Ensuite, qu'avez-vous pensé de ce nouveau chapitre ? Qu'attendez-vous pour la suite ? Qui est ce mystérieux chien noir (easy ^^) ? J'espère que vous avez apprécié cette partie, la suite vous attend dimanche prochain !
Concernant le concours d'écriture (encore lui) je pense fixer le délai au 31 décembre, ceci vous convient-il ? Merci de répondre afin que je puisse m'organiser :)
Pour la FAQ, elle est encore ouverte, n'oubliez pas de poser vos questions !!
Merci pour tout vous êtes les meilleurs ♡
*PetitKoala*
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