Prologue
Alors que je m'apprêtais à rentrer dans l'épave qui nous servait de voiture afin de me rendre au lycée, je remarquai que le journal déposé sur le pas de la porte n'avait toujours pas été récupéré. Je me précipitai donc de sortir de la voiture, aller le ramasser et d'y retourner rapidement. Nous étions ce jour-ci le 14 avril et comme tous les 14 du mois, nous avions le droit au même titre de première page :
« Le gang le plus connu des banlieues de Londres a encore frappé, la liste s'allonge... »
Je m'empressai d'ouvrir la page correspondante à la suite de l'enquête. La onzième se prénommait Ana-Beth McKinney. Je ne la connaissais pas personnellement mais il m'arrivait de la croiser de temps à autre dans les couloirs du seul lycée d'Hackney. Elle avait seulement 17 ans et ne sera désormais plus appelée par son prénom. Elle venait d'être renommée : « la onzième ».
Au moment où mes yeux se dirigeaient vers la page de droite, avec la suite de l'enquête, je sentis le journal filer entre mes doigts, me laissant des petits picotements. Ma mère venait de m'arracher le bulletin d'informations des mains. Je levai ces dernières pour les apercevoir : tout le côté proche de mon pouce était égratigné, sur les deux mains. Je serrai les dents.
- Abigail Harrington, je t'ai déjà dit de ne pas lire ce genre de chose ! Ordonna ma mère, tout en appuyant sur le dernier mot.
- Mais... Essaya ma petite sœur, Daisy.
- Il n'y a pas de « mais » qui tienne ! Vous obéissez un point, c'est tout ! Cria ma mère, d'un ton autoritaire et lui permettant d'avoir le dernier mot.
Cinq à dix minutes plus tard, nous arrivâmes devant le lycée. Ma mère me déposa, me fit un grand sourire, m'envoya un baiser et repartit immédiatement afin d'emmener ma petite sœur au collège qui se situait à quelques pâtés de maisons du lycée. Je n'eus même pas le temps de m'excuser de mon comportement qu'elle était déjà partie. J'étouffai un rire et rentrai dans mon lycée.
Après avoir passée le dispositif de sécurité à l'entrée du lycée, je sentis quelqu'un me sauter dessus. Je sursautai, poussant un petit cri de surprise. Je savais très bien qui était cette personne : ma meilleure amie.
- Lily, combien de fois t'ai-je dit d'arrêter ? Lui murmurai-je, sentant tous les regards posés sur nous deux.
- Mais Abby, c'est mon anniversaire ! Cria-t-elle dans la cour de récréation, sautant de joie.
- Je sais et je t'ai même trouvé un petit quelque chose mais une fille du lycée est morte hier soir alors arrête de sauter de joie comme ça. Tu devrais être triste.
- Ma mère ne cesse de me répéter qu'il faut être content, que nous avons été épargnées ! Dit Lily, limite en criant.
Je levai les yeux au ciel. La mère de Lily a toujours été une femme très optimiste mais, dans ces moments-là, je trouve que son optimisme est excessif. Nous ne devrions pas être content de la disparition de quelqu'un, même d'une personne que nous ne connaissions que de vue.
- Bon alors, tu me l'offres ce cadeau d'anniversaire ? Dit-elle, les bras croisés, attendant impatiemment, me faisant lever encore une fois les yeux au ciel.
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Je m'apprêtai à sortir de chez moi. Je détestai ce moment de la journée où il fallait aller voir le courrier. Je soufflai alors, plusieurs fois. Cette petite sortie pouvait être très dangereuse pour moi. C'était quitte ou double. Je mis la clé dans la porte et l'ouvris. Dans un premier temps, je fus aveuglé par la lumière. Je n'en avais pas l'habitude. Je sortais uniquement la nuit.
J'étais enfin arrivé à la boîte aux lettres. J'avais inspecté toute la rue ainsi que les petits coins et les fenêtres à la recherche d'une personne susceptible de me voir. Je me dépêchai donc d'attraper le contenu et de rentrer chez moi, limite en courant.
Le premier courrier fut de la publicité pour une marque de produits de beauté. Le deuxième fut une petite carte de la part de mes voisins d'en face venant, apparemment, d'emménager. Je ne connaissais pas mes voisins et ne les connaîtrais certainement jamais, excepté en cas de réel besoin. Je pris donc les deux morceaux de papier et les balançai dans la poubelle située près de moi.
Le dernier restant, encore sur la table en train de m'attendre, était le plus important. Nous étions le 14 du mois et j'allai enfin savoir si, au bout de la onzième personne, ils avaient enfin arrêté. J'attrapai donc le tas de feuilles, les mains tremblantes et le retournai afin de voir la première de couverture.
Ma première réaction fut de relire le titre. Je sentis ensuite un tel niveau de rage monté en moi que je fis virevolter le papier dans les airs. Les feuilles dispersées un peu partout par terre, je shootai dedans, les mains sur les hanches, mon cerveau bouillonnant. Mais comment avaient-ils encore su ?!
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