Chapitre 3
Chapitre 3
- Pepper, je ne peux tout simplement pas, d'accord ? grogna Tony dans son téléphone, n'ayant absolument aucune patience pour les absurdités liées à Stark Industries après avoir passé toute la nuit à s'inquiéter pour Peter.
Ce n'était pas comme si Pepper ne pouvait pas se débrouiller sans lui. Il avait fait d'elle la PDG pour une bonne raison.
- Parce que je ne peux pas !
Tony se remplit un autre mug de café. Son quatrième depuis qu'il s'était réveillé à quatre heures du matin à cause du cauchemar de Peter et qu'il avait tout simplement décidé de commencer sa journée tôt.
- Je ne te cache rien ! J'ai juste – il faut que je reste au Complexe pendant quelques semaines.
Le reste des Avengers, assis à table près de lui, se turent à l'entente de cet argument.
- Oui, je sais. Je sais !
Tony roula des yeux. Elle pouvait être si dramatique, parfois.
- Bon, et bien pourquoi tu n'y vas pas, toi, au Japon ?
Tony tapota ses doigts en rythme contre le comptoir, irrité, en l'écoutant lui dire les raisons pour lesquelles elle ne pouvait pas y aller, et pourquoi c'était à lui d'y aller.
- Je sais que tu es occupée. Je sais. Je sais que tu as une entreprise à faire tourner. C'est mon entreprise, maugréa Tony. Non ! Ok, très bien. Quelle est la date limite à laquelle je pourrais y aller ? Et c'est à moi de le faire ? Pourquoi tu ne pourrais pas envoyer quelqu'un d'autre ?
Tony prit le bagel qui sortit du grille-pain et y étala du fromage frais.
- Mmhmm, acquiesça-t-il en mâchant. Ok, ok. J'ai dit que j'irai ! Quand ? Non, c'est trop tôt. Pepper ! Pepper, si tu veux que j'y aille personnellement, il faut que tu y mettes du tien.
Il finit de mâcher en l'écoutant l'engueuler.
- Et pourquoi pas la semaine d'après ? suggéra-t-il en prenant une nouvelle gorgée de café, ignorant délibérément ses coéquipiers qui le regardaient. D'accord. Dans six semaines. Oui, je vais le noter. Je sais pas pourquoi il faut que je le note. Je suis sûr que tu vas me le rappeler vingt fois. Non, je me fous pas de toi. Oui, je sais. Je sais. J'apprécie vraiment tout ce que tu fais pour moi.
Tony soupira et passa une main sur ses yeux. Mon Dieu, il ne pouvait pas gérer ça aujourd'hui.
- Oui. Oui. Merci. Toi aussi. Bye.
Il raccrocha et pendant un moment, personne ne dit rien, puis Barton ne tint plus. Évidemment.
- Wow, Stark, elle te tient vraiment par les couilles.
- Ferme-là, Katniss, dit Tony sans réelle animosité alors qu'il s'asseyait enfin à table avec son bagel entamé et son café, où Steve, Sam, Clint et Natasha se trouvaient déjà.
- Ouch, ça fait mal, rétorqua Clint d'un ton pince-sans-rire avant de manger son dernier morceau de bacon.
- Alors Pepper veut que tu ailles au Japon ? demanda poliment Steve, assis sur le siège juste à côté de Tony.
Tony soupira. Voilà pourquoi il essayait de n'avoir aucune conversation à propos de ses affaires devant les Avengers. Ils voulaient toujours fourrer leurs nez partout.
- Oui.
- Mais tu ne veux pas y aller ?
Tony lui lança un regard exaspéré.
- Pourquoi ?
Tony haussa les épaules.
- Je pense savoir pourquoi, suggéra Natasha et Tony la regarda. Il ne veut pas quitter le gamin.
- Ah, dit Steve, semblant tout comprendre, d'un coup.
Tony continua simplement à manger en silence, tout en regardant ses e-mails sur son téléphone.
- Où est le gamin, d'ailleurs ? demanda Sam.
- Il dort, répondit Tony et il cliqua sur un nouvel email que Pepper lui avait transféré, en provenance du département de la Recherche et du Développement. La plupart des adolescents ne se réveillent pas avant huit heures, pendant les vacances, tu sais.
- Comment tu pourrais le savoir ? rigola Clint.
- Hum, parce que j'en ai été un, rétorqua simplement Tony.
- Alors tu vas juste le laisser dormir aussi longtemps qu'il le souhaite ? demanda Sam.
- Non, répondit Tony. Il a jusqu'à 9h30 et ensuite j'irai le réveiller.
Étrangement, cela fit rire tous les Avengers attablés.
- Bon, non pas que le gamin ne soit pas cool, et tout, mais pourquoi il est là ? demanda Clint ?
Tony regarda Steve en fronçant les sourcils.
- Tu ne leur as rien dit ?
- Je ne savais pas si je pouvais, répondit Steve en fronçant aussi les sourcils.
- Ok, en fait avant ça j'en avais pas forcément quelque chose à faire, mais là je suis intéressé, continua Clint.
- Il va rejoindre les Avengers ? essaya de deviner Natasha.
- Non, répliqua Tony.
Mon Dieu, à quoi avait-il pensé quand il avait officiellement invité Peter à les rejoindre, avant ça ? Il était juste un enfant. Un enfant effrayé, triste et seul.
- Il est trop jeune, acquiesça Steve. Quel âge il a, Tony ?
- Quinze ans. Presque seize.
Sam siffla doucement.
- Tu sais qu'ils sont jeunes quand tu dis « presque ».
- Bordel, Stark, c'est un bébé, dit Clint.
- Donc il ne rejoint pas les Avengers. Alors pourquoi il est là ? demanda Natasha en essayant de les faire revenir dans le sujet.
Tony se râcla la gorge.
- Sa tante est décédée dans un accident de voiture, la semaine dernière, et il n'a nulle part où aller, alors je l'ai ramené ici.
Le silence suivit sa réponse. Tout le monde semblait choqué. Enfin, tout le monde sauf Steve, qui savait déjà tout ça.
- Whoa, whoa, whoa. Attends, dit Sam en levant les mains en l'air devant lui. Donc tu es genre son tuteur, maintenant ?
- Ben, techniquement, je suppose. Il y avait de la paperasserie à remplir, se défendit Tony. Quoi ? j'allais pas le laisser aller dans un foyer d'accueil. C'est un gosse bien.
- Merde alors, s'exclama Barton.
- Wow. C'est... wow, marmonna Natasha.
- Tu sais que les gamins ne sont pas comme des petits robots, pas vrai ? Même s'il a quinze ans, dit Sam. Tu peux pas juste le nourrir et lui donner un endroit où dormir et penser que ça suffira. Surtout après le traumatisme qu'il vient de vivre.
Cela réveilla la colère de Tony. Bien sûr qu'il savait ça.
- Tu es sûr que c'est une bonne idée ? lui demanda Clint. Je veux dire, t'es pas un petit peu trop occupé pour pouvoir t'occuper d'un gosse ? Il n'est ton problème que depuis une semaine et il a déjà causé des soucis avec ton entreprise.
- Il n'est pas un problème ! claqua Tony.
Les Avengers se turent à son emportement.
- Ok, tout le monde, on se calme avec les critiques, intervint Steve, jouant les médiateurs. Ce que fait Tony est une chose admirable et on va tous le soutenir. D'accord ?
Tout le monde hocha la tête et la colère de Tony s'évanouit lentement.
- Et si tu as besoin d'aide, dis-le-nous. On est une équipe pour une bonne raison, dit Steve à Tony.
- Ouais, c'est vrai. On peut surveiller le gamin si tu dois aller au Japon. Ou à des meetings. Ou... s'il y a d'autres choses que tu dois faire, proposa Clint.
Tony se sentit étrangement touché, mais l'idée de ne pas être aux alentours si Peter avait besoin de lui le rendit bizarrement nerveux.
- Hey, pourquoi on prendrait pas le petit avec nous pour la journée ? Je suis sûr que t'as pas mal de choses à faire aujourd'hui, suggéra Sam.
Tony hésita. Est-ce que Peter serait d'accord avec ça ? Il avait eu l'air heureux avec tout le monde, la veille, et la distraction lui avait fait du bien, mais la nuit dernière avait été dure et peut-être que c'était trop tôt pour ça.
- On va travailler le corps à corps, cette après-midi, insista Natasha. Je suis sûre que Peter adorerait apprendre quelques mouvements avec Captain America, s'il ne bave pas trop à la vue de Steve, comme hier.
Tony rit à cette remarque. C'était vrai.
- Ouais, il aimerait probablement. Et il y a quelques trucs que je dois faire à l'atelier, aujourd'hui...
- Bien, sourit Steve. Ramène-le ici pour le déjeuner et on l'occupera pour le reste de la journée.
- Ok. Merci, accepta Tony en finissant son bagel et son café. A plus tard, alors.
Ils lui dirent au revoir et Tony remonta jusque dans sa suite. Avec un peu de chance, il pourrait au moins répondre à quelques e-mails avant de devoir réveiller Peter dans une heure et demi.
*
Peter soupira en roulant sur le côté pour attraper son téléphone qui vibrait, ses muscles douloureux. Apparemment, le combat au corps à corps avec Captain America repoussait même les limites de ses pouvoirs, mais ça avait été amusant et presque surréel. Même s'il était allé se coucher deux heures plus tôt, son cerveau l'avait tenu éveillé, ressassant les évènements de la journée, en commençant par Tony lui-même qui l'avait réveillé après qu'il ait fondu en larmes dans ses bras la nuit d'avant.
Tony ne l'avait pas mentionné, cela dit. Il était arrivé tranquillement dans la chambre, déjà habillé pour la journée, un café dans une main, et il l'avait secoué gentiment pour le réveiller.
- C'est l'heure de se lever, court sur pattes.
- J'suis pas beaucoup plus petit que toi, avait grogné Peter dans son oreiller.
Tony avait simplement ri.
- Tu as cinq minutes pour te lever avant que je dise à Friday d'activer les arroseurs automatiques.
- Tu le ferais pas.
Peter avait tourné la tête vers lui en plissant les yeux.
- Oh si, je le ferais, l'avait menacé Tony avec un sourire, avant de partir.
Le truc c'était que Peter n'était pas confiant à cent pourcent qu'il gagnerait avec ce bluff. Ce fut la première fois qu'il sortit du lit aussi rapidement.
Le petit-déjeuner avait été sympa. Gaufres aux fraises. Parmi les préférées de Peter. Et ensuite il s'était habillé et Tony lui avait fait faire une « courte » visite du complexe qui avait duré deux heures. Le temps était passé vite, en fait. Passer du temps avec Tony demandait étrangement peu d'efforts et Peter avait vraiment apprécié chaque petite attention que le Millionnaire lui avait donné. Il savait que le temps de l'homme était précieux.
Avant qu'il s'en rende compte, il était de retour dans le salon des Avengers pour le déjeuner, et Tony lui avait dit de bien s'amuser et qu'il serait de retour après avoir réglé quelques affaires.
Il avait passé le reste de l'après-midi à apprendre des mouvements de combat avec Captain America. Penser à ça, encore maintenant, le rendait un peu étourdi. Natasha et Clint lui avaient montré quelques trucs et après plusieurs heures, ils étaient tous remontés pour le dîner. Après leur repas composé d'une salade César et de spaghettis, ils s'étaient installés pour regarder un film. Ils avaient même laissé Peter le choisir et il avait nerveusement proposé le dernier Star Wars, mais ç'avait apparemment été un bon choix. Clint, Sam, et Scott s'étaient réjouis et Natasha avait même souri. Enfin, c'est ce que Peter avait cru voir. Maintenant, il se demandait s'il ne l'avait pas simplement imaginé.
Le film était presque terminé quand Tony revint, semblant confus, et il s'était excusé d'être parti aussi longtemps. Peter l'avait rapidement rassuré en lui disant que ça allait, et que le timing était parfait parce que le film était pratiquement fini.
Au lieu de partir, Tony avait pris une assiette de spaghettis froids, et s'était assis entre lui et Steve même s'il n'y avait pas vraiment de place entre eux. Il avait regardé le reste du film, grommelant quelques fois qu'ils avaient besoin de plus de canapés.
Une fois que le film fut fini, tout le monde était resté assis et avait commencé à parler les uns avec les autres pendant environ une heure, avant que Tony déclare finalement que c'était l'heure de dormir et tout le monde partit. De retour dans leur suite, Tony avait demandé à Peter de lui raconter sa journée et ils avaient parlé pendant presque une heure, avant que Tony ne se rende compte qu'il se faisait tard et il avait envoyé Peter au lit. Mais il n'avait pas encore réussi à s'endormir. Il tourna son attention vers son téléphone et cliqua sur les derniers messages qu'il avait reçus, et qui venaient de Ned.
Hey, tu veux venir manger à la maison, ce soir ?
Est-ce que t'as eu des nouvelles de Liz depuis qu'elle a déménagé ?
Je viens d'avoir un nouveau jeu génial pour PC, il faut que tu viennes l'essayer. T'es libre aujourd'hui ?
Est-ce que tu fais toujours tes patrouilles ?
Hey, tu veux venir à la maison ce week-end ? On pourrait regarder le dernier film de La Planète des Singes.
Est-ce que ton téléphone est cassé ?
Ou tu l'as perdu quelque part dans une benne à ordures ? ça me surprendrait pas, vu le nombre de sac à dos que t'as déjà perdus.
Je peux pas croire que tu m'ignores sérieusement depuis une semaine. Pas cool. Voilà comment tu traites ton geek dans le fauteuil. Réponds-moi.
Est-ce que j'ai fait quelque chose qui t'a énervé ?
Peter ?
Tu vas bien ?
Le dernier message avait été envoyé il y a cinq minutes.
Peter soupira et relut tous les messages qu'il avait reçus de Ned depuis que sa Tante était décédée. Il savait qu'il agissait comme un horrible ami et que le silence radio avait été long, mais il ne savait juste pas quoi dire. En plus, il savait que Ned allait paniquer. Mais c'en était assez. Ned ne méritait pas ça. Il fallait juste qu'il passe au-dessus. C'était comme arracher un pansement.
Désolé. Ça a juste été une très mauvaise semaine, écrivit finalement Peter, et il l'envoya sans trop y réfléchir.
Mauvaise comment ? Tu vas bien ? répondit instantanément Ned.
Non. Tante May est morte. L'écran se brouilla devant lui à cause des larmes qui remplissaient ses yeux.
Oh mon Dieu, Peter. Je suis vraiment désolé. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Qu'est-ce que je peux faire ? Est-ce que tu veux que je vienne ?
Je ne suis pas dans le Queens.
T'es où ?
Dans le Nord de l'Etat.
Tu es avec qui ?
Tony.
Oh putain. Impossible.
Tu peux le dire à personne.
Bien sûr que non. Est-ce que c'est un truc temporaire ?
Peter prit une brève inspiration. La question le bouleversa. Est-ce que c'était quelque chose de temporaire ? Il n'avait pas vraiment pensé à ça. Bien sûr, Tony avait été génial et n'avait montré aucun signe comme quoi il allait jeter Peter dehors dans quelques temps, mais il ne l'avait pas non plus invité à rester ici pour toujours. Mais si Tony commençait à en avoir marre de Peter, où était-il censé aller ? L'idée d'avoir affaire à l'assistante sociale à nouveau et d'être placé avec des étrangers qui ne le comprenaient pas, fit battre son cœur plus vite.
Je sais pas.
Comment ça, tu sais pas ? C'est pas quelque chose que tu devrais savoir ?
On n'a pas vraiment parlé de ça.
Bon, alors que tu rejoins les Avengers, du coup ?
Je sais pas.
Et si c'était pour ça que Tony l'avait ramené ici ? Peut-être qu'il faisait du babysitting avec lui pour qu'il se reprenne afin de rejoindre ensuite officiellement les Avengers et ne plus être un problème pour Tony. Après ils ne seraient plus que coéquipiers. Peut-être que c'était pour ça qu'il avait rencontré l'équipe, hier, et passé toute la journée avec eux, aujourd'hui. Peut-être que l'entraînement de Steve n'avait pas été pour s'amuser. Est-ce qu'il avait évalué Peter ? Pour voir s'il était assez digne de rejoindre les Avengers ? Il se demanda un instant s'il y avait une case spéciale à cocher sur les papiers d'émancipation, pour superhéros secret, en guise de métier.
Peter, t'es sûr que ça va ? Le message de Ned interrompit ses pensées au bord de l'hystérie.
J'ai jamais dit que ça allait.
Qu'est-ce que je peux faire ?
Est-ce que je peux t'appeler demain ?
Bien sûr. Je m'inquiète pour toi.
Je te parlerai demain.
Ok. Bonne nuit, Peter.
Bonne nuit.
Peter reposa son téléphone sur la table de nuit et contempla le plafond alors que ses pensées tournaient à mille à l'heure. Ned avait inconsciemment rendu les choses encore pires. Peter s'avoua que c'était peut-être pour ça qu'il avait été réticent à contacter Ned, parce qu'il avait su, subconsciemment, que les choses n'étaient pas forcément aussi claires qu'il l'aurait voulu. S'il y avait quelqu'un pour vous faire remarquer ça, c'était Ned. C'était une des raisons pour lesquelles ils s'étaient rapprochés, et pourquoi ils étaient devenus si proches au fil des années. Mais parfois, c'était horrible. Comme en ce moment. Parce que Ned avait raison. Pourquoi Tony Stark, parmi tous les autres, garderait Peter avec lui ? Pourquoi le génie Millionnaire, à la tête de Stark Industries, Iron Man lui-même, laisserait un gamin qu'il connaissait à peine rester avec lui pour les deux prochaines années ? Parce que ce seraient des années, oui. Peter avait presque seize ans, mais il lui restait deux ans avant d'être légalement adulte, deux années de lycée. Pouvait-il vraiment attendre de Tony Stark qu'il soit responsable de lui pendant deux ans ? Il était impossible que cette situation soit permanente, malgré ce que ça avait semblé être au début. Quand l'été se terminerait, dans deux mois, comment allait-il pouvoir aller à l'école, depuis le Complexe, au Nord de l'État ? Peter avait vécu dans une fantastique petite bulle, et maintenant qu'elle éclatait, il se sentait malade.
Il n'était pas comme Annie, la petite orpheline destinée à être adoptée par un homme riche. Il était plus comme Harry Potter. L'orphelin qui avait eu plusieurs figures parentales dans sa vie qui avaient eu l'air de tenir à lui, mais dont aucun ne tenait assez à lui pour se rendre responsable de lui. Est-ce que ça faisait de Tony Molly Weasley ? Non. Peut-être Sirius Black ? Ils étaient tous les deux excentriques, mais Tony était définitivement plus intelligent. Tony ne se serait jamais laissé tuer aussi facilement que Sirius. Bien qu'ils soient aussi impulsifs l'un que l'autre. Peter grogna et passa une main sur son visage. Mon Dieu, il était en train de perdre la tête. Maintenant il n'arrêtait pas de penser à d'autres orphelins dans l'histoire de la littérature et les comparait à lui pour savoir à qui il ressemblait le plus.
Bon, il y avait une chose dont il était sûr, en tout cas. S'il devait choisir entre rejoindre les Avengers ou être envoyé dans une quelconque famille avec qui vivre pendant les deux prochaines années de sa vie, il rejoindrait définitivement les Avengers, même s'il ne se sentait pas du tout prêt pour ça. Et s'il n'avait toujours pas réussi à passer au-dessus de sa mésaventure avec le Vautour ? Il devrait faire avec. Il préférait avoir des cauchemars toutes les nuits pour le reste de sa vie si ça voulait dire qu'il resterait ici et qu'on ne l'enverrait pas vivre avec des gens qui ne le connaissaient pas. Il se mettrait à genoux et les supplierait de le laisser les rejoindre si ça voulait dire qu'il pourrait rester ici. Même s'il devait arrêter l'école pour ça. Spider-Man n'en avait pas besoin, de toute façon. Qu'est-ce qu'il racontait ? Il était bien au-dessus du lycée. Et si Peter Parker avait voulu aller au MIT ou à Harvard ou à Stanford ? ça n'avait plus d'importance, désormais. Ce Peter Parker était mort la nuit où la voiture de May avait eu un accident. Ça allait être horrible de ne plus voir Ned tous les jours à l'école, et de ne plus jamais participer aux compétitions de l'équipe du Décathlon, et de ne plus savoir répondre à une question à laquelle personne d'autre n'arrivait à répondre.
Peter se mordit l'intérieur de la joue, son corps se sentant soudainement aussi agité que ses pensées. Il n'y avait aucune chance pour qu'il arrive à dormir, maintenant. Tant pis. Il sortit du lit et se rendit discrètement dans la cuisine, prenant une canette de soda allégé dans le frigo avant de s'asseoir dans le canapé et d'allumer la télé. Il baissa le volume à un niveau à peine audible et commença à zapper. Finalement, il s'arrêta sur Discovery Channel et essaya de passer outre ses pensées agitées en regardant un documentaire sur requins, qui parlait de combien le Requin Blanc était incompris. Cela ne fonctionna qu'à moitié. Son cerveau n'était plus aussi agité qu'avant, mais il n'arrivait toujours pas à dormir.
Il regardait le deuxième documentaire qui parlait de la façon dont les requins chassaient, quand une voix endormie l'interrompit.
- Peter ?
Peter se retourna pour voir Tony qui se dirigeait vers le canapé.
- Désolé, je t'ai réveillé ? Est-ce que la télé est trop forte ? demanda Peter en baissant immédiatement le son.
Tony secoua la tête et Peter ne savait pas trop si c'était un moyen pour lui de se réveiller ou une réponse à ses questions.
- Pourquoi es-tu debout à regarder la télé, au beau milieu de la nuit ?
- J'arrivais pas à dormir, répondit simplement Peter en reportant son attention sur la télé.
Sauf que cela ne fonctionna pas car Tony se plaça debout juste devant lui, lui bloquant la vue.
- Cauchemar ?
- Non, j'arrivais juste pas à dormir.
Tony fronça les sourcils et croisa les bras.
- Tu n'as pas dormi du tout ?
Peter haussa les épaules.
- Friday ?
- Hey, c'est pas juste ! gémit Peter.
- Mr. Parker n'a pas encore dormi cette nuit, patron, le dénonça immédiatement Friday.
- Écoute, je suis désolé de t'avoir réveillé, mais –
- Tu ne m'as réveillé, le coupa Tony.
- Quoi ?
- Tu ne m'as pas réveillé.
Peter observa l'homme.
- Alors pourquoi tu es ici ?
- Friday m'a réveillé.
- Pourquoi ?
- Parce que tu étais ici en train de regarder la télé à trois heures du matin, au lieu de dormir.
Peter fronça les sourcils.
- Donc je t'ai réveillé.
Une seconde passa, puis une autre, avant qu'il parle de nouveau.
- Attends. Tu utilises Friday pour m'espionner ? C'est vraiment pas cool. C'est quoi ? 1984 ? Est-ce que je devrais l'appeler Big Brother ?
Tony soupira et roula des yeux.
- T'en fais pas tout un drame, là ? Allez, maintenant. C'est l'heure d'aller au lit.
Il se pencha pour agripper le bras de Peter et le tira légèrement mais Peter se dégagea vivement.
- Je ne veux pas aller au lit. Je te l'ai dit. J'arrive pas à dormir. Laisse-moi tranquille, dit sèchement Peter.
Les sourcils de Tony se haussèrent à cette soudaine colère qui était dirigée vers lui. Au lieu de partir comme Peter le lui avait demandé, Tony s'assit à côté de lui sur le canapé.
- Pourquoi tu n'arrives pas à dormir ?
Peter tripota un fil qui dépassait de son t-shirt.
- J'y arrive juste... pas. J'arrête pas de réfléchir.
- A quoi ? le poussa Tony.
- A des... trucs.
- Quel genre de trucs ?
Quand vas-tu en avoir marre de moi et me jeter dehors ? Pourquoi tu m'as amené ici, en premier lieu ? Faudra-t-il que je rejoigne les Avengers plus tôt que je ne le veux vraiment pour avoir un endroit où dormir ? Il ne pouvait pas demander ce genre de choses à Tony. Sa langue se colla à son palais et il haussa les épaules.
- Ta tante ? demanda doucement Tony.
Peter haussa de nouveau les épaules.
Tony soupira lourdement.
- Je ne veux pas en parler, dit Peter, sur la défensive. Retourne simplement dormir.
Tony eut un air pincé que Peter ne se rappelait pas avoir déjà vu auparavant.
- Tu ne vas vraiment pas essayer de retourner dormir ? demanda Tony.
- Non.
Les yeux de Peter brillèrent, mettant Tony au défi d'argumenter à ce propos.
- Ok, très bien, abandonna Tony. Bon, laisse-moi au moins faire quelques popcorns.
- Q-quoi ?
La réponse le surprit complètement. Il s'était attendu à ce que Tony soit simplement frustré et s'en aille. Pas qu'il irait faire... du popcorn ?
- Du popcorn ? Tu aimes ça, non ?
- Ouais, mais –
- Très bien, continua Tony en se levant.
Quelques minutes plus tard, Peter entendit des petits pop en provenance de la cuisine et l'odeur du popcorn envahit l'appartement. Tony revint, portant un grand saladier plein de popcorn et reprit sa place à côté de Peter.
- Écoute, Tony, tu –
- Yes ! le coupa Tony et il tendit le saladier en direction de Peter. C'est la première fois que tu m'appelles Tony. Prends du popcorn. Renforcement positif.
Ce fut impossible pour Peter de retenir un sourire quand il prit une poignée de popcorn et la mit dans sa bouche. C'était délicieux. Meilleur que dans n'importe quel cinéma. Évidemment. C'était probablement fait avec le meilleur équipement qui existe. C'était Tony Stark, après tout.
- Hum, mais sérieusement, tu n'es pas obligé de, euh, rester debout avec moi. Je vais bien.
- Non, tu ne vas pas bien, dit Tony en mangeant son popcorn et en posant ses pieds sur la table basse.
Peter ne répondit pas. Il se retourna pour regarder Tony et l'autre homme croisa immédiatement son regard.
- Tu ne vas pas bien, gamin, répéta sombrement Tony en allongeant son bras sur le dossier du canapé, juste derrière Peter. Mais ça finira par aller mieux.
Peter déglutit difficilement et regarda ailleurs avant d'exploser de nouveau en sanglots. Il essaya de se focaliser sur la télévision pendant que lui et Tony dévoraient du popcorn.
Étrangement, être assis à côté de Tony fit que toutes ses précédentes angoisses s'évaporèrent. Il était difficile de penser que Tony allait le jeter dehors ou le forcer à rejoindre les Avengers quand l'homme sacrifiait son propre sommeil pour s'asseoir avec lui, au milieu de la nuit, pour manger du popcorn et regarder des documentaires sur les requins. Peut-être que Peter s'était trompé. Peut-être qu'il devrait essayer de ne plus être un problème comme cette nuit, et comme ça Tony n'en aurait pas marre de lui. Et peut-être qu'ensuite il pourrait rester. Peut-être.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro