Pov Gaby

Quand quelqu'un se rend compte que sa vie ne vaut rien, soit il se suicide, soit il voyage, d'Edward Dalhberg dans son ouvrage Reasons of the Heart. J'ai décidé de vivre...

Depuis plusieurs jours, je prépare mon départ. J'ai simplement pris un aller sans retour, le temps qu'il faudra à mon esprit pour se relever totalement. Je me sépare de presque tout et le reste est dans un garde-meuble, quand j'aurai le courage de revenir.

Je suis en plein rangement, quand j'entends le vrombissement de moto s'arrêter devant chez moi. Mon cœur se resserre, ma respiration s'accélère, ce bruit me terrifie. Je regarde à travers les rideaux l'identité de ces visiteurs indésirables. C'est Dany et Parmentier, ils sonnent chez moi, je n'ouvre pas, impossible de bouger de ma place.

— Gaby, ouvre-nous !
Je ne réponds pas.

— C'est important. Et on te promet ensuite de disparaître de ta vie.
C'est la phrase magique.

Je me dirige vers la porte, l'ouvre et passe ma tête à travers l'entrebaillement. Parmentier me sourit avec tendresse et Dany est gêné.

— Qu'est-ce que vous me voulez ? Je vous ai fait passer un message, il me semble.

— Oui, reçu 5 sur 5. Répond Dany.

— Non, visiblement.

— Si nous sommes ici, c'est que la situation est grave. M'apprend Parmentier.

— Je ne vous aiderai pas, j'ai assez de boulot avec mes démons.

— Les choses empirent, on ne le reconnait plus.

— Ça sera sans moi cette fois.

— Fais-le pour moi . Me supplie Dany.

— Il faut me laisser tranquille.

— Tu es notre seul espoir.

Je leur demande quelques heures de réflexion, dans lequel cas j'aurais immédiatement refusé. Clay est la cause de mon cauchemar, il ne mérite pas ma compassion, mais mon cœur est traître et l'idée qu'il soit plus bas que terre m'anéantit. Je pensais y trouver de la satisfaction, bien au contraire, ça me détruit. Je déambule dans la maison vide et je dresse dans un premier temps les objections. Puis, les pour prennent le dessus, j'ai toujours aimé aider les personnes qui souffrent, d'où le choix de ma profession. Il ne s'agira que de quelques minutes et je tirerai un trait définitif sur cette histoire. Je rappelle Parmentier et accepte, mais j'insiste pour que les retrouvailles ne s'éternisent pas.

Une voiture klaxonne devant la maison, aussitôt accepté, il m'a envoyé un chauffeur.

Je parcours les kilomètres stressée et le cœur qui palpite. J'essaye de rentrer dans mon rôle de psy en pleine séance de sauvetage. Je me convaincs qu'il est question d'une simple consultation, inutile d'en faire toute une histoire. Des mois se sont écoulés depuis notre dernière rencontre à l'hôpital. De l'eau a coulé sous les ponts, je suis aujourd'hui capable de faire face à mon passé.

Le portail s'ouvre et la voiture s'engage dans l'allée. Parmentier, vêtu de blanc, est devant l'entrée de la maison. Je descends de la voiture et je me dirige vers lui. Il tente de me prendre dans ses bras, mais c'est encore beaucoup trop tôt. Je ne supporte plus le contact physique. Il réagit merveilleusement bien et me serre la main. Il m'invite ensuite à entrer dans le salon, où Dany est avachi sur un des fauteuils . En me voyant, le kid se redresse et me fixe en silence.

— Merci.

— Ne me remercie pas, si j'ai accepté, c'est avant tout pour ma propre guérison.

— D'accord.

Dany se dirige vers la sortie et je m'installe dans le canapé. Parmentier fait servir des petits fours et des boissons chaudes. Je me sers un café, le cœur lourd. L'ambiance est tendue, je n'adresse qu'un léger sourire à Parmentier, qui me le rend aussitôt.

— Ce que tu t'apprêtes à faire, ma chère Gabriella, est digne d'un super héros.

— Je n'en demande pas tant, je veux juste tourner la page.

C'est à ce moment que Dany entre dans la pièce en guidant son frère. Je pose mes yeux sur Clay et c'est un choc. Clay n'est plus que l'ombre de lui-même : amaigri, le regard vide, ses cheveux sont en pagaille. Je ne m'attendais pas à ça, simplement à le voir malheureux, mais son état est préoccupant.

Dany aide son frère à s'asseoir sur le fauteuil d'en face, et les deux hommes nous laissent seuls. Est-il conscient de ma présence ? Il fixe le sol et bouge ses doigts dans tous les sens. Cette vision me brise littéralement.

— Clay.

Il ne réagit pas, la situation est très préoccupante . Il lui faut un électrochoc pour le ramener parmi nous. Mon déclic a été les retrouvailles avec mon frère perdu de vue. Je me lève et je m'approche de lui. Son niveau de stress augmente quand je m'assieds à ses côtés. Je me saisis de ses mains et les empêche de bouger.