Chapitre 35
Pov Gaby
Recroquevillée dans un coin, je ne ressens plus rien, je suis vidée de toute émotion. Je suis spectatrice de ces traitements qu'on m'inflige, plus rien ne m'atteint. Je ne crie plus, je ne supplie plus, je ne pleure plus. Je subis en silence, j'ai perdu la notion du temps, de la vie. Une seule phrase tourne en boucle dans ma tête :
« Nikoly ne zdavaysya » (tout ira bien)
Ce sont les derniers mots de ma mère. Je m'y accroche pour ne pas sombrer et basculer dans la folie. Un comble pour une psychiatre. J'entends le bruit de ses pas lourds, qui annoncent sa venue. Je ne prends plus la peine de la regarder.
« Nikoly ne zdavaysya »
Elle s'approche telle une prédatrice prête à anéantir sa proie, je continue de m'accrocher à cette phrase.
— J'espère que tu es bien traitée, salope !
Salope : vient de l'étymologie sale et de hoppe: dialecte de huppe, un oiseau réputé pour être sale.
J'éclate de rire, prise d'un fou rire inexpliqué, ce qui a le don d'agacer mon bourreau.
—Ça te fait rire, pétasse.
Elle m'inflige des coups de pied au ventre, je me tords de douleur, mais mon rire ne s'arrête pas. Cette fois, elle m'attrape par les cheveux et me tire jusqu'au centre de la pièce.
— Tu sais ce qui jouissif ? C'est que j'ai déjà creusé ta tombe.
Les rires se transforment en pleurs et en cris d'agonie. Cette fois, c'est elle qui rit. Elle me donne un coup de pied à l'estomac, la douleur me remue les tripes, je vomis de la bille.
— Pétasse, tu m'as sali mes boots!
Plus tard, la porte s'ouvre de nouveau sur Kass en compagnie de Burt. Je me conditionne pour ses agressions à venir. Elle va encore filmer en souriant.
— Elle pue, imbaisable cette garce.
Je souffle de soulagement.
La diablesse s'éclipse de la pièce pendant qu'il me tourne autour en s'échauffant comme un sportif avant une compétition. Sauf qu'il n'y a pas de prix à gagner et que j'ai perdu d'avance. Kass réapparaît avec un seau dans la main et s'avance jusqu'à mon corps meurtri. Je recule avec le peu de force qu'il me reste. Elle verse le contenu, de l'eau glacée, je subis un terrible choc thermique, mes dents claquent, je tremble de tout mon corps. Les deux rient de leur exploit.
« Nikoly ne zdavaysya »
— Maintenant, elle est assez propre pour toi ?
Il semble réfléchir et hoche négativement la tête.
— Et si on l'emmenait prendre un bain ? Elle l'a mérité ?
Elle m'attrape les cheveux et me tire jusqu'à la sortie de la chambre, puis on traverse un long couloir, rouge sang. Des bikers me regardent sans lever le petit doigt. Elle s'arrête devant la porte, l'ouvre et jette mon corps à l'intérieur. C'est une salle de bain, mais je ne me fais pas d'illusion : derrière chacune de ces idées, il y a du sadisme. Elle remplit d'eau jusqu'au ¾ de la baignoire, m'attrape par le cou et me plonge dans le bain glacé. Le choc est violent, ma tête tape le bord et je prie pour perdre connaissance. Mais ça n'arrive pas et les six fois suivantes n'ont plus. Elle me plonge jusqu'à la limite de l'inconscience et m'en ressort. Épuisée par cette torture, je divague. J'imagine ma mère qui me donne un bain, ça me réchauffe le cœur, j'affiche un sourire rayonnant.
— Elle sourit, la salope!
Salope : vient de l'étymologie sale et de hoppe: dialecte de huppe, un oiseau réputé pour être sale.
De nouveau, ce fou rire incontrôlable. Un sans cesse recommencement. Elle me sort de l'eau et me traîne en dehors de la pièce. En passant dans le couloir, je suis interpellée par un visage que je reconnais, un de mes anciens patients. Le monde est si petit... Combien de ces êtres ignobles ai-je aidé ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro