Chapitre 3
Pov Gaby
La séance est finie depuis une bonne dizaine de minutes, mais je suis incapable de reprendre mes esprits. Il ne cesse de jouer avec mes émotions, ce sont les montagnes russes. Sa proposition que j'ai balayée d'un revers de la main est une invitation à la luxure. J'aimerais me perdre dans ses bras sans penser aux conséquences. Je revois sans cesse sa silhouette musclée à souhait, un corps à se damner. J'imagine la sensation de mes mains sur son torse et de la chaleur de sa peau sur la mienne.
Rester professionnel est une douce illusion et il l'a compris. Avant de vouloir l'aider, il faut que je me soigne. Quelque chose a mal tourné depuis qu'il s'est présenté à moi. Je tente de faire bonne figure avec mes patients de la journée, d'écouter les problèmes des autres et tout sauf ce dont je rêvais. Je voulais vivre des sensations fortes, ressentir des émotions puissantes, ne pas me soucier du lendemain. Ce métier est de loin la pire erreur de ma vie. J'espérais mieux pour mon futur.
Je finis de taper le compte rendu de la journée, très vite, je finis par me focaliser sur lui, sur cet indomptable homme en cuir. Que cache-t-il ? Pourquoi se construire ce personnage imbuvable ? Des dizaines de questions me taraudent l'esprit.
Quand je franchis le seuil de ma résidence, je suis de nouveau face à ma solitude. Je n'ai quasiment aucune amie ou un quelconque petit ami. Je me sens vide et ma vie est sans saveur. Étonnement, je n'ai pas arrêté de rêver d'évasion, d'inattendu, c'est ce qui me maintient encore debout. Je mange un morceau en écoutant les derniers messages de mes patients. Je n'ai plus que ça. Ma vie est centrée sur mon travail et il n'y a rien d'autre.
Je finis par arrêter la messagerie vocale en entendant un bruit que je commence à connaître. Je m'avance jusqu'à la fenêtre, comme ces vieilles mégères qui surveillent le moindre fait et geste. Il y a une moto stationnée devant chez moi, mais je ne vois personne.
Je m'éloigne de la fenêtre hébétée, ma paranoïa refait de nouveau surface. J'imagine que mon doux cauchemar est en train de m'observer et j'aime ça. Imaginer qu'il fantasme sur moi me consume à petit feu. J'arrange ma tenue, en espérant ne pas me tromper, auquel cas, je devrais consulter un confrère pour un délire paranoïde.
J'amène mon verre de vin sensuellement à mes lèvres et je me déhanche comme je ne l'avais jamais fait. Ce Clay réussit à m'amener vers un terrain qui m'est totalement inconnu. L'atmosphère se charge en électricité, je me mords la lèvre inférieure. Toute cette tension disparaît quand j'entends des fracas assourdissants sur ma porte. Je pose le verre à la hâte et je me dirige vers la porte.
J'ouvre sur Clay, il m'observait. Je n'étais pas une illuminée en pleine crise paranoïaque. Je croise les mains sur ma poitrine pour reprendre contenance, mais je ne convaincs personne. Mes yeux se posent sur son t-shirt blanc maculé de sang, j'ai un mouvement de recul. Il est blessé, je continue de reculer pendant qu'il rentre chez moi.
— J'ai besoin de vous, doc !
— Vous êtes blessé ? Je vais appeler une ambulance.
— Non ! Surtout pas. Et je ne suis pas blessé.
Il pose ses mains sur sa tête et me tourne le dos.
Son assurance légendaire au cabinet est bien loin.
— À qui appartient ce sang ?
— Je ne suis pas là pour jouer à la dinette version adulte. Vous allez m'aider, oui ou non ?
— Je ne veux pas être mêlé à vos affaires criminelles.
— Bordel ! Boucle-la !
La porte s'ouvre brusquement, je sursaute, c'est sa petite amie habillée en cuir. L'ambiance est de plus en plus tendue, je n'ai décidément pas confiance en elle. Elle me reluque et hoche la tête en désapprobation.
— Alors elle vient ou pas, cette coincée !
— C'est de moi qu'elle parle, la groupie ?
Clay ne réagit pas à notre altercation, il semble préoccupé, c'est bien plus grave que je ne le pensais.
— Appelez les secours ! Sortez de chez moi !
Je les entends chuchoter des mots intangibles. Je les invite avec les mains à sortir de mon logement. Plus je me tiens éloigné des problèmes, mieux je me porte. Ils finissent par rejoindre la porte, puis s'arrêtent de nouveau. Il murmure quelque chose à sa groupie. Elle finit par sortir et rejoindre une moto. Il pose la main vers une poche intérieure de son blouson et en sort une arme. Je suis horrifiée, les choses vont beaucoup trop loin. Je recule effrayée jusqu'à percuter un meuble de mon salon.
— Si tu coopères, doc, rien ne t'arrivera.
— Vous violez les termes de votre liberté conditionnelle. Ranger cette arme !
— Écoute, poupée, ici, c'est moi qui dicte les règles. On y va !
L'intonation est ferme.
Il s'approche de moi, je suis prise au piège. Il m'attrape par le bras, mon cœur bat la chamade, mes mains sont moites. Je ne sais pas si ces sensations sont dues à sa main sur mon bras ou à l'arme qu'il braque sur moi. Il me traîne jusqu'à l'entrée de la maison. Je tente de me soustraire, mais il est plus fort et imposant que ma petite silhouette.
— Je vais alerter les voisins.
— Un souffle de toi et tu auras un trou entre tes deux yeux.
Dans son regard, je peux y lire la détermination. Il semble n'avoir rien à perdre, contrairement à moi. Il m'entraîne à l'extérieur, je me laisse conduire jusqu'à sa moto. Il sort un casque et me le tend. Puis, il me somme de monter à l'arrière. Dans un premier temps, je pose mes mains sur mes cuisses. Quand il retire la béquille, je suis secouée violemment, mes mains entourent naturellement sa taille, il pose brièvement les yeux sur celle-ci et démarre.
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