Pov Clay

J'étais bouche bée au début en voyant Gaby trôner avec son sceptre et sa couronne en or. Et puis sa question, si arrogante, "Alors les petits gars, vous quémandez mon aide ?" m'a vraiment désarçonné.

Mais je commence à comprendre et à émerger : C'est une blague, un genre de sketch. Alors, des mots finissent par sortir de ma bouche :
— Princesse Gaby ou associée Fielding, je sais plus, c'est plutôt le petit gars que vous faites fouetter dont vous devriez vous soucier !

— Ceci n'est pas ma décision ! s'emporte-t-elle en croisant les bras d'un air fâché.

— Voulez-vous que nous punissions ce gougeât, chère associée ? demande Parmentier en me regardant d'un air moqueur.

— NON ! Et vous savez bien que je ne décide de rien, ici !
Parmentier, Law et Newcombre éclatent de rire.

— C'est pas demain la veille qu'on prendra une fillette comme associée ! s'exclame Law.

— Je ne suis pas une fillette !

Je souris. Gaby fait pivoter son fauteuil et nous tourne le dos. Elle ne doit pas vraiment apprécier l'univers machiste des bikers. Mais cet étrange type en cuir blanc nous fait signe de venir vers lui.

— Un barbecue, ça vous tente ?

Accompagnés de Law, Newcombe et Gaby, nous suivons ses pas. Une odeur de viande grillée emplit l'air tandis que nous approchons du patio où se déroule le repas. La place est animée, des bikers rient et discutent autour d'un grand grill où les morceaux de viande s'entassent. Parmentier, s'appuyant toujours sur sa canne de façon maniérée, nous conduit vers une table vide, déjà chargée de boissons diverses.

— Ouais, Y'a de la Bud ! s'exclame Danny.

Chacun s'installe et se fait servir. L'ambiance est festive, je me sentirais presque à l'aise s'il n'y avait pas ces regards perçants de plusieurs membres des Bloody Fist. Je prends une grande inspiration, essayant de faire abstraction de la tension qui persiste.

Parmentier se tourne vers moi, un léger sourire aux lèvres.
— Votre groupe est mineur. Vous êtes des moustiques en fait, mais des moustiques qui piquent. Vous avez donné du fil à retordre aux Bulls, ces derniers mois. J'aime ça ! J'ai besoin de durs dans mon équipe, des gars qui n'ont pas froid aux yeux. Au fait, vous n'êtes pas au complet !? Où sont les autres ?

J'explique :
— Carter et Lover sont d'accord pour intégrer les Bloody Fist. Cependant, ils arriveront plus tard, ils sont en livraison.

— Ah, en livraison... Comme c'est amusant. Et le catcheur Burt ? Où est-il ?

— Il est le produit à livrer, précisément. À l'heure qu'il est, il a été remis aux Bulls. Je ne sais pas s'il vit encore.

Parmentier me regarde, stupéfait. Puis, son regard devient admiratif, il explose de rire.

— Excellent, excellent ! Voilà comment il faut traiter son personnel quand il ne fait plus l'affaire ! Bravo Clay !

— Au fait, c'est qui ce type que vous fouettez ?

— Hum, vous en prenez des risques ! Je pourrais mal le prendre.

Je me tais et j'attends la réponse. J'aime savoir la vérité.

— Ok ! Cet homme... ou plutôt cette larve n'a pas respecté notre code de l'honneur. Il partira demain, s'il survit à ses blessures.

Danny et moi échangeons un bref regard. Il est de toute façon trop tard pour faire marche arrière. L'homme en cuir blanc, intarissable, reprend :
— Je sais que les Bulls vous poursuivent, Clay. Tout cela me fait bien rire. Je vous propose de bosser tous pour moi, vous intégrerez ma garde personnelle : 5000 dollars par mois pour vous, vous serez sergent d'arme ! Et 3000 dollars pour vos gars.

Gaby, toujours près de nous, se fend d'une remarque directe.
• Et moi ? Je ne compte pas peut-être. Je veux aussi un salaire !

Mais avant qu'elle puisse dire autre chose, Danny lui met la main sur la bouche et l'écarte de la discussion. Il la soulève et l'éloigne de force de la place. Elle se débat comme une lionne, tant et tant que Parmentier, admiratif, éclate à nouveau de rire.

— Mais oui ! Elle a raison ! 3000 dollars pour elle si elle fait le job, dit-il, les yeux pétillants. Je la veux demain à l'entraînement au tir !

— À vrai dire, dis-je, c'est juste une otage, elle ne fait pas partie de ma bande.

— Mais comment !? Bien sûr qu'elle fait partie de votre bande, bien sûr ! Elle remplace Burt !

Il rit encore, lève son verre et hurle à l'attention de toute l'assemblée.

— À nos nouvelles recrues ! Trinquons à l'avenir, un avenir marqué par la violence, le danger et la fortune !

Parmentier se penche vers moi et murmure :
— Ce n'était pas une blague. La petite commence demain l'entraînement, avec vous bien sûr. Voyez avec Texas Bill, le grand là-bas. C'est le chef de ma garde, votre supérieur désormais.

Je hoche la tête. Texas Bill, le biker au chapeau de cow-boy, est justement le type qui me fixe d'un air mauvais depuis mon entrée dans le patio. Ça commence bien ! Je suis conscient qu'à partir de maintenant, chaque jour sera une lutte pour prouver notre valeur face aux redoutables Bloody Fist.