≋ 𝕮hapter 𝕿hirty 𝕹ine ≋
𝔚𝔥𝔢𝔯𝔢𝔳𝔢𝔯 ℑ 𝔚𝔞𝔫𝔡𝔢𝔯 - 𝔅𝔬𝔫𝔫𝔦𝔢 𝔊𝔯𝔞𝔠𝔢
Cela faisait maintenant deux semaines que San et son équipage avaient repris la mer en direction de l'archipel où se reposait tranquillement le Cromer.
Depuis quelques jours, la météo n'avait pas été la plus favorable pour leur course en plein océan. La pluie ne s'était presque pas arrêtée en trois jours. Mais après-tout, ils étaient des marins, ils y étaient habitués.
Ça tombait à pic pour Wooyoung qui, pendant les quatre derniers jours, était chargé de s'occuper du ménage de la cale et des couchettes au-dessus. Une tâche qui lui prenait pas mal de temps mais qui lui permettait au moins de ne pas avoir à rester accroupi toutes ses journées sous une pluie battante.
Yeosang l'avait rejoint pour lui filer un coup de main dans la matinée. Après avoir soigné un des gabiers qui était tombé de plusieurs mètres de haut – il fallait dire que les mâts étaient particulièrement glissants par temps de pluie – la sirène s'était donc rendue jusqu'aux cales où il avait retrouvé Wooyoung, en plein dans la salle des armes.
- Trois chutes en deux jours ! S'exclama Yeosang en s'accroupissant près de son ami.
- Il faut dire que la pluie est plutôt forte ces derniers jours. Ils n'ont rien de cassé ?
- Non, ils avaient tout au plus une fracture, mais je les ai soignés et ils remarchent désormais sur leurs pattes comme s'il n'était rien arrivé.
La sirène trempa les mains dans le seau en bois rempli d'eau et de savon, puis prit l'autre torchon qui restait. Pendant quelques secondes, seuls les bruits de l'eau et du frottement des morceaux de tissus contre le plancher rugueux se firent entendre. Ce n'est qu'après que la voix de Wooyoung s'éleva dans la pièce.
- C'est quand même impressionnant... Tes pouvoirs, je veux dire. Tu peux soigner même la plus grave des blessures.
- Je ne peux soigner que celles où n'intervient aucune magie. Même mes pouvoirs ont des limites, expliqua Yeosang.
Le platine bougea légèrement un des tonneaux de poudre présents dans la pièce qui obstruait son nettoyage, le recula et nettoya l'endroit avant de le remettre ensuite.
- Et les blessures les plus profondes mettent plus de temps à être soignées que des simples coupures. Ça va me prendre plus de temps et plus d'énergie de soigner un poumon perforé qu'un os fracturé.
- Un poumon perforé ? S'exclama Wooyoung. Ça t'est déjà arrivé d'en soigner ?
- Non Woo, ce n'était qu'un exemple.
Le médecin du navire ria sous la crédulité de son ami. Le ménage avait peut-être l'air d'être une tâche horrible et désagréable, mais Yeosang y prenait beaucoup de plaisir. C'est dans ces moments où son amitié avec Wooyoung grandissait le plus.
Il adorait ce garçon. Il avait ramené de la joie sur le navire, du soleil dans les cœurs de beaucoup des membres de l'équipage, notamment grâce à sa cuisine particulièrement délicieuse – plus que les soupes au rhum de Jongho en tout cas. Il avait réussi à faire ce que même lui n'avait pas réussi à faire avec ses pouvoirs : soigner les blessures du passé de San.
En parlant du capitaine, un nouveau sujet de discussion lui monta à l'esprit.
- Au fait, Wooyoung.
- Oui ?
- San, tu ne trouves pas qu'il est... je ne sais pas... Différent depuis plusieurs jours ? Il s'est passé quelque chose entre vous ? Il t'a parlé de quelque chose ?
La question de Yeosang n'étonna guère Wooyoung. Il est vrai que depuis près de deux semaines, San était plus froid. Plus... Distant.
- Durant les repas, c'est comme s'il était avec nous sans l'être. Il ne dit presque plus rien... Ajouta la sirène.
- Ce n'est pas que pendant les dîners. Quand je suis avec lui, il est très succinct quand il me parle. Il n'instaure plus les discussions lui-même, je... J'ai aucune idée de ce qu'il se passe, et quand je lui demande il refuse de m'en parler.
- Je pense que ça provient du Cromer. Tu sais, ça fait deux ans qu'il ne vit plus que pour ça. Il n'a d'yeux que pour cette relique, enfin, plus maintenant vu qu'il t'a toi. Mais tu vois ce que je veux dire.
- Hmm.
- Il est enfin près du but, alors c'est peut-être le stress, la pression. Et puis avec ses plans qu'il a perdus...
Wooyoung ne lui répondit pas directement, ne faisant que hocher la tête. Il était d'accord avec Yeosang. C'était la réponse la plus logique à son soudain changement de comportement.
Il y a quelques jours, Wooyoung avait commencé à croire que le Cromer avait directement un lien avec ça, ou que San avait découvert quelque chose. Pendant quelques minutes, il s'était même senti parano en allant vérifier que son pendentif n'était pas réapparu comme par magie et qu'il avait bien disparu au fond de l'océan. Alors il avait vérifié sous son tas de linge, et fut soulagé lorsqu'il ne vit aucun collier rempli de sable brillant. Il était toujours perdu au fond de l'océan entre Mabelrock et Yiara.
- Laissons-lui du temps, répondit Wooyoung. Lorsqu'on arrivera, il sera soulagé.
Ils finirent l'armurerie une dizaine de minutes plus tard. Ils passèrent donc tous les deux à la cage d'escalier, se réfugiant du même côté afin de laisser passer les matelots qui faisaient des allé et venus en permanence.
De là où ils étaient, ils pouvaient même entendre le léger son de la pluie qui s'abattait sur le Blue Bird quelques étages plus haut.
- La pluie... Parfois ça me manque, prononça Yeosang.
Wooyoung le regarda d'un regard interrogateur.
- Mais... Tu es une sirène, tu as vécu dans l'océan, non ?
- Oui, mais ce n'est pas la sentir qui me manque. C'est de la voir.
Voyant que Wooyoung avait l'air toujours aussi perdu, la sirène s'expliqua.
- Quand j'étais plus jeune, j'adorais monter jusqu'à quelques centimètres de la surface et m'allonger, le regard vers le ciel sous l'eau. Je pouvais rester des heures à admirer les gouttes d'eau tomber et s'échouer sur la surface, créer des ondes et des mouvements. C'était un spectacle absolument fabuleux.
Wooyoung appréciait grandement la compagnie de Yeosang pour ses récits et ses souvenirs, aussi. L'entendre lui parler de sa jeunesse, de la liberté qu'il avait, ça lui permettait d'avoir la sensation de la vivre, lui aussi. Il aurait aimé qu'il soit avec lui, sur le Wonderland, qu'il lui raconte toutes ces histoires au fond de l'océan alors qu'il était presque enfermé dans sa cale, ne parlant à personne.
L'après-midi continua de s'écouler, et lorsque l'heure fut venue, Wooyoung alla cuisiner. Yeosang le rejoint même là-bas, l'aidant à préparer le dîner tout en papotant durant de longues minutes.
Ils mangèrent, comme à leur habitude, sur un coin au bout pont supérieur. Par chance, la pluie s'était calmée. Le ciel restait chargé de nuages sombres qui bloquaient un bout de la luminosité, mais au moins ils pouvaient manger paisiblement à l'air libre.
San était là, lui aussi, mais il n'avait pas prononcé un mot. Il n'avait pas plus parlé que la veille, l'avant-veille, ni que la semaine dernière.
La situation peinait Wooyoung. Il voulait savoir ce qui n'allait pas, l'aider à ce qu'il se sente mieux, mais il avait beau lui jouer ses chansons préférées au piano, lui demander ce qui n'allait pas, lui dire qu'il était là pour lui, rien n'y faisait.
Lorsque Wooyoung entra dans la cabine de San après avoir mangé et fait la vaisselle, il le trouva, comme d'habitude, à son bureau. Cette fois-ci, cependant, il n'alla pas se poser directement au piano. Il marcha jusque lui en contournant le bureau, puis une fois à sa hauteur, il posa une main sur son épaule.
- Alors, comment tu avances ? Tu as réussi à finir l'un des plans ?
Wooyoung voulait qu'il parle de lui, qu'il lui raconte comment ça avançait. Il voulait qu'il comprenne qu'il s'intéresse à lui, qu'il est là pour l'écouter. Malheureusement il eut le même genre de réponse que d'habitude.
- Presque.
Un mot, c'était souvent la longueur maximale de ses réponses. Parfois, ce n'était même qu'un seul son qui sortait de sa bouche.
- San... Je... Est-ce que tu pourrais arrêter rien que quelques minutes s'il te plaît, j'aimerais te dire quelque chose.
Le capitaine déposa sa plume près d'un coin de sa carte. Il recula légèrement sa chaise mais resta assis, pour Wooyoung c'était suffisant. Il n'était pas dans son état, il ne pouvait pas non plus lui en demander trop.
- Écoute San, je voudrais te remercier. Pour tout.
Le plus jeune s'accroupi afin de se rapprocher de la hauteur à laquelle San était. Il prit l'une de ses mains dans la sienne, non sans sentir un léger tressaillement, mais n'y prêta pas attention.
- Grâce à toi, j'ai pu découvrir la liberté, découvrir comment on naviguait, car même si j'ai vécu vingt et un ans de ma vie sur un navire, les seuls êtres vivants que je côtoyais étaient les rats. Tu m'as appris ce qu'était l'amour, tu m'as accueilli auprès de toi, sur ton navire, dans ton cœur. Alors je t'en suis très reconnaissant. Je... Je voulais que tu le saches, que tu saches que je suis là, s'il le faut, que tu peux me parler, que tu peux pleurer près de moi si tu le veux.
Wooyoung se releva légèrement. San ne lut avait rien répondu en retour, mais il s'y était attendu. Il se rapprocha de lui et le serra dans ses bras. Il cala sa tête dans le creux de son cou, inspira profondément, puis rajouta :
- Je t'aime, San.
San mit quelques secondes à réciproquer l'étreinte. Ce ne fut que près de six secondes plus tard qu'il posa une de ses mains autour de son dos, l'autre restant pendue dans le vide.
Il aurait tant aimé que ses mots soient vrais...
Il avait cru qu'il était la personne qui lui manquait dans sa vie, celle qui pouvait lui servir à avancer... Il y avait cru dur comme fer.
Mais désormais, il savait.
Il savait que tout ça n'était que mensonge.
𝕿𝖔 𝕭𝖊 𝕮𝖔𝖓𝖙𝖎𝖓𝖚𝖊𝖉
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Comment vous sentez la suite ? Un peu compliqué pour le moment... Je crois.
Je tenais à vous remercier de toujours être là pour lire cette histoire (et mes autres histoires en général). Ça me fait très chaud au coeur à chaque fois que je reçois une notification de vote, de commentaire, que je vois les vues monter. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas dit, alors enore merci de m'offrir tout ça <3 !
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